La licence la plus fermée du monde (version 1) #PasSerieux

Un gus nous propose sa version de « la licence la plus fermée du monde » sur un site légitimant les robots tueurs (ben, oui, on y viendra aussi).

C’est satirique mais ça n’est pas loin de certaines situations malheureusement bien véridiques.

Schoschie - CC by-sa

The Most Closed-Source License Evar, version 1

Rudolf Winestock – décembre 2013 – Site Satirique
(Traduction : mlah, nicosomb, Mooshka, mokas01, Penguin)

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La licence La-plus-fermée-de-tous-les-temps version 1

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Crédit photo : Schoschie (Creative Commons By-Sa)




Le logiciel libre expliqué (en ch’ti) à Cafougnette

Notre ami Jean-François Cauche, alias Kaneda aka Tetsuoka, nous a fait parvenir cet article léger spécial été en pente douce.

Enfin léger, façon de parler, car il sera question de succulentes gaufres tout du long !

Jean-François précise : « C’est à force de comparer le logiciel libre et les 4 libertés à une recette de cuisine que m’est venu en tête cette petite histoire. Cafougnette est un personnage du folklore patoisant du Nord, un personnage récurrent des histoires amusantes, des blagues que l’on se raconte entre amis. Il a vécu plein d’aventures en compagnie de son ami, Zeff, et vous trouverez nombre de sites où l’on raconte des cafougnettes. »

PS : Vous avez la traduction « française » juste après mais c’est plus rigolo de parcourir l’original avant pour s’apercevoir (ou pas) qu’on comprend le ch’ti 😉

JavaSquid - CC by

Le logiciel libre expliqué à Cafougnette

Em grand-mère ale faijot des gauffes qu’cétot à s’in pourléker les babines. A ch’teure, em mère ale in fait, em seur aussi, mi j’in mange et et’femme ale pourrot in faire auchi. Te vos pas du que j’veux in v’nir ? Te verras. Ch’é simpe. In mange des gauffes à ch’t’heure pasqu’em grand-mère ale a mis s’recette sous licence libe sin l’savoir. Ale aurot pu la warder et in entendrot pus parler d’cha ach’teure mais ale avot d’l’idée em’grand-mère.

Ch’est comme el bio. In faijot comme cha autrefos et pis in a oblié et in recomminche à ch’teure. Min grand-père quétot cinsier i faijot du bio. 

Ravises bin ches gauffes. Te n’en verras pon d’parelles. Mi j’les ai fort quere minger. J’pourros in minger gramint. Te sais bin qu’ichi ch’est l’usache. Dins chaque famille, in a eune recette ed’gauffes.

Sus ches markés ou al’ducasse, te vos ches gins qui n’in vintent. Mi j’dis qu’ch’est nin bon et qu’ch’est kèr et pis qu’y a qu’les gauffes d’em grand-mère. In les appele les gauffes ed’Mémé. In d’a pon d’autes. Ch’est les meilleures. Les seules qu’j’avos trouvé pas mauvaises, ch’est les gauffes ed’chez Meert[1]. Te connos Meert ? Ch’est une patisserie, un marchand d’chuques ed’Lille. Je n’d’ai jamais acaté mais durant tous ches salons et ches colloques, y’a toudis quéqu’in qui n’en acate et in en donne à ches gins à la fin avec el’champane.

Alors el’gauffe d’em grand-mère, ch’est l’gauffe libe, el’gauffe défreumée. El’gauffe ed’chez Meert, ch’est l’gauffe propriétaire. Te vos ? J’vas t’dire. Te s’ras déberloqué.

Em’gauffe quand em’mère ale in fait, j’peux in minger à m’convenance. Mi j’l’aime bin minger caute el’soir quand ale sort de l’gauffrier. Et pis j’in mange el’lendemain : al pikète du jour, à nonne, à l’ermontée, à l’brunnète et même par nuit. Ch’est min dessert, em’friandisse. Cha n’m’aide pas à perdre des kilos. Mais ch’est rin…

Te vas m’dire : el’gauffe ed’chez Meert, j’peux l’minger comme ej’veux. T’as qu’a in acater in tiot peu. Te porras les faire recauffer, in minger frod. Te fais ch’que te veux avec. Cha ch’est bin vrai.

Mais…

Mais si ches gins d’chez Meert, i n’in font plus qu’pour tous ches salons et ches colloques et qu’te peux pus in acater, ch’est fini. Ch’est cha el liberté 0. Te vos c’que j’veux dire ? Minger l’gauffe comme te veux. Te peux même in vinte su ch’marké si te veux.

Min bio-frère il aime bin avec pus que d’castonade ou d’chuque roux qu’d’beurre ed’barratte. Pus qu’y a d’chuque, mieux qu’ch’est. I rajoutot de l’castonade din l’beurre pour la farce. Em seur ale n’aime pas l’chuque. Ale aime bin chez gauffes sans rin, comme cha. Alors ale mettot rin d’ssus. Avec el’gauffe ed’chez Meert, te peux pas. Te peux toudis écrire pour bertonner mais cha m’étonnerot qui zin fassent autrement rin qu’pour ti. I vont t’arconter des carabistouilles, alors qu’ti, j’te l’avos bin dit, te peux faire che qu’te veux. Ch’est cha el liberté 1.

Et pis, te vos, si cha n’avot pas été sous licence libe, in n’in parlerot pus. In jour min grand-père i a écrit l’recette pour em mère. Ale l’a collé dins sin cahier et pis ale in fait souvent. Em grand-mère et min grand-père i n’sont pus mais in pense toudis à eux quand in in mange. I z’étot pas riches. I z’étot cinsiers mais i zavot chel’recette et i pouvot in faire cadeau aux amisses.

Em mère ale a donné à m’seur. Em seur ale donnera à ches zinfants et à ter tous del famille. Ch’est l’liberté 2. Te donnes à cheux qu’te veux.

Ch’est pas comme el’fricadelle[2]. Tout l’monde i sait, mais personne i l’dit. Alors que l’gauffe ed’Mémé. Te peux savoir commint qu’chest fait et même canger. Te peux faire à t’mote si ça t’amus….

Mi j’les aime avec del chuque roux. Inda i font cha avec del’chicorée. I z’y mettent du rhum ou aute cose. Am maison, in respecte l’usache et in n’cange rin. El’castonade ch’est sacré. T’as bin vu ch’t’homme et tal’heure su ch’marké. I vindot des gauffes. I n’avot d’tous les parfums. Avec el’gauffe ed’Mémé, te peux faire parel. Te peux canger l’chuque roux, par aute cose, mette de l’crem al’plache comme si te faijos de l’tarte à gros bords. Ch’est pas l’respect de l’usache, mais y’a mie personne qui f’ra s’caboche. Et te peux même in faire profiter el zautes sins qu’in dis rin. Avec el’gauffe ed’chez Meert, te peux pas. Ch’est l’liberté 3 cha.

Allez, prends une gauffe, in’da. Te vos, si te preferes chelle la, te préféreras l’logiciel libe. T’in fais ch’que te veux, te l’donnes à qui qu’te veux. Ch’est ti pas bio, cha ?

Traduction « française »

Ça perd de son charme mais pour ceux « qui n’comprenn’te rin »…

Ma grand-mère elle faisait des gaufres que c’était à s’en pourlécher les babines. Aujourd’hui ma mère elle en fait, ma sœur aussi. Moi j’en mange et ta femme, elle pourrait en faire aussi. Tu ne vois pas où je veux en venir ? Tu verras. C’est simple. On mange des gaufres aujourd’hui parce que ma grand-mère elle a mis sa recette sous licence libre sans le savoir. Elle aurait pu la garder et on n’en entendrait plus parler maintenant mais elle avait de l’idée ma grand-mère.

C’est comme le bio. On faisait comme ça autrefois et puis on a oublié et aujourd’hui on recommence. Mon grand-père, qui était fermier, faisait du bio.

Regarde bien ces gaufres. Tu n’en verras pas de pareilles. Moi, j’adore en manger. Je pourrais en manger beaucoup. Tu sais bien qu’ici c’est la tradition. Dans chaque famille, on a une recette de gaufres.

Sur les marchés ou à la ducasse, tu vois tous ces gens qui en vendent. Moi, je dis que ce n’est pas bon, que c’est cher et que les seules ce sont les gaufres de ma grand-mère. On les appelle les Gaufres de Mémé. Il y en a pas d’autres. C’est les meilleures. Les seules que j’avais trouvées pas mauvaises, ce sont les gaufres de chez Meert. Tu connais Meert ? C’est une patisserie, un marchand de bonbons et de chocolats de Lille. Je n’en ai jamais acheté mais, dans les réceptions et les colloques, il y en a toujours quelqu’un qui en achète et en offre aux gens avec le champagne.

Alors la gaufre de ma grand-mère, c’est la gaufre libre. La gaufre de chez Meert, c’est la gaufre propriétaire. Tu vois ? Je vais te dire. Tu seras étonné.

Ma gaufre, quand ma mère elle en fait, je peux en manger comme je veux. Moi, j’aime bien la manger chaude le soir quand elle sort du gaufrier. Et puis j’en mange le lendemain le matin, le midi, l’après-midi, le soir et même la nuit. C’est mon dessert, ma friandise. Ca ne m’aide pas à perdre des kilos. Mais c’est rien…

Tu vas me dire : la gaufre de chez Meert, je peux la manger comme je veux. Tu peux en acheter un peu. Tu pourras les faire réchauffer, en manger froides. Tu fais ce que tu veux avec. Ça, c’est vrai.

Mais…

Mais si ces gens de chez Meert, ils n’en fabriquent plus que pour les réceptions et les colloques et que tu ne peux plus en acheter, c’est fini. C’est ça la liberté 0. Tu vois ce que je veux dire ? Manger la gaufre comme tu veux. Tu peux même en vendre sur le marché si tu veux.

Mon beau-frère, il aime bien avec plus de cassonade ou de sucre roux que de beurre. Plus il y a de sucre, mieux c’est. Il rajoutait de la cassonade dans le beurre pour la farce. Ma sœur, elle n’aime pas le sucre. Elle aime bien les gaufres sans rien, comme ça. Alors elle ne mettait rien dessus. Avec la gaufre de chez Meert, tu ne peux pas. Tu peux toujours écrire pour râler mais ça m’étonnerait qu’ils en fassent autrement rien que pour toi. Ils vont te raconter des histoires, alors que toi, je te l’avais bien dit, tu peux faire ce que tu veux. C’est ça la liberté 1.

Et puis, tu vois, si ça n’avait pas été sous licence libre, on n’en parlerait plus. Un jour mon grand-père il a écrit la recette pour ma mère. Elle l’a collé dans son cahier et puis elle en fait souvent. Ma grand-mère et mon grand-père, ils ne sont plus mais on pense toujours à eux quand on en mange. Ils n’étaient pas riches, ils étaient fermiers mais ils avaient cette recette et ils pouvaient en faire cadeau aux amis.

Ma mère, elle l’a donné à ma sœur. Ma sœur, elle la donnera à ses enfants et à toute la famille. C’est la liberté 2. Tu la donnes à ceux que tu veux.

C’est pas comme la fricadelle. Tout le monde sait mais personne ne le dit. Alors que la gaufre de Mémé, tu peux savoir comment c’est fait et même changer. Tu peux faire à ta convenance si ça t’amuse…

Moi je les aime avec du sucre roux. Il y en a qui font ça avec de la chicorée. Ils y mettent du rhum ou autre chose. À la maison, on respecte la tradition et on ne change rien. La cassonade, c’est sacré. Tu as bien vu cet homme tout à l’heure sur le marché. Il vendait des gaufres. Il en avait de tous les parfums. Avec la gaufre de Mémé, tu peux faire pareil. Tu peux changer le sucre roux par autre chose, mettre de la crème à la place comme si tu faisais un flan. C’est pas le respect de la tradition, mais personne ne t’embêtera. Et tu peux même en faire profiter les autres sans qu’on ne te dise rien. Avec la gaufre de chez Meert, tu ne peux pas. C’est la liberté 3 ça.

Allez, prends des gaufres. Il y en a. Tu vois, si tu préfères celle là, tu préféreras le logiciel libre. Tu en fais ce que tu veux, tu le donnes à qui tu veux. C’est pas beau ça ?

Crédit photo : JavaSquid (Creative Commons By)

Notes

[1] Toutes mes excuses à Meert. Leurs gaufres sont vraiment excellentes mais je ne pourrais jamais dire qu’elles valent celles de ma grand-mère. Quoi qu’il en soit, c’est un peu une manière de leur rendre hommage, la confiserie faisant partie du patrimoine lillois. Un endroit à découvrir absolument tant pour son cadre magnifique que pour l’excellence de ses pâtisseries et de ses chocolats.

[2] Petit emprunt ou clin d’oeil à Dany Boon pour la fricadelle. C’était tentant…




Geektionnerd : #mot-dièse #fail

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa-2013-01-25-16h

Simon Gee Giraudot - CC by-sa-

Source : Il ne faut plus dire ”hashtag” mais « mot-dièse » (Numerama)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Framasoft et le Père Gnuël vous souhaitent de joyeuses fêtes !

Avec ce sourire, nous en profitons pour vous remercier chaleureusement de votre soutien cette année, qu’il s’agisse d’un don[1], d’une participation ou tout simplement en diffusant la bonne parole du Libre autour de vous.

Rendez-vous en 2013, parce qu’il reste encore plein de sales gosses à convertir 😉

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] Pour rappel : C’est le dernier moment pour faire un don 2012 défiscalisable à 66% (si vous êtes soumis à l’impôt sur le revenu).




Quand Linus Torvalds se lâche sur Linux et Git

Vous prenez tranquillement un café à Portland, dans l’Oregon, lorsque tout d’un coup vous vous apercevez que c’est Linus Torvalds en personne qui se trouve à la table d’à côté.

Comme vous êtes 1. développeur et 2. pas timide, vous l’accostez gentiment et lui demandez s’il accepterait de répondre à quelques questions.

Et l’on découvre alors un Torvalds toujours aussi franc dans ses réponses mais un peu désabusé voire aigri…

Murray Wayper - CC by-nc-nd

Linus Torvalds se lâche sur Linux et Git

Linus Torvalds goes off on Linux and Git

Greg Jorgensen – 25 septembre 2012 – Typical Programmer
(Traduction : lgnap, Cyrille L., greygjhart, Gatitac, @adericbourg, lgodard, Penguin, Diwann, Florck + Anonymes)

J’étais dans un café à Portland dans l’Oregon quand j’ai remarqué Linus Torvalds assis seul à une table. J’ai demandé au créateur du noyau Linux et logiciel de gestion de versions Git si je pouvais me joindre à lui. Pendant 15 minutes, nous avons parlé de programmation et de programmeurs.

Typical Programmer Linux a été publié pour la première fois il y a maintenant 20 ans. C’est maintenant l’un des systèmes d’exploitation les plus répandus. Quel effet cela vous fait-il ?

Linus Torvalds Franchement, je suis très étonné. J’ai lancé ce projet comme un hobby et je n’en attendais pas grand chose. Au fur et à mesure que l’intérêt pour Linux croissait, j’ai observé qu’il était utilisé principalement par les développeurs purs et durs et les geeks pour se différencier de la foule. Il y a beaucoup de personnes dans l’industrie logicielle qui aiment montrer qu’ils utilisent le logiciel ou le langage de programmation le plus récent. C’est une question de statut, un peu comme les personnes qui parlent de groupes de musique indépendants ou de films étrangers. Que ce soit Linux, Haskell, MongoDB ou n’importe quoi d’autre, tout groupe comporte au moins une personne qui passe son temps à parler de fermetures ou à expliquer comment il est en train de migrer son blog vers Node.js pour qui’il puisse supporter une augmentation de la charge.

TP Linux est maintenant grand public. Est-ce devenu trop facile ?

Linus Je ne pense pas que ce soit plus facile, mais il y a beaucoup plus de ressources maintenant. Dans la plupart des cas, Linux est plus difficile à comprendre et à utiliser que Windows ou MacOS. Les personnes qui l’utilisent pour les serveurs avaient déjà l’habitude d’Unix, le changement n’était donc pas très important pour eux. Ils connaissaient les conflits de mises à jour et de dépendances et le cauchemar des bibliothèques partagées. Sur les postes de travail, je pense que les gens s’en sont désintéressés après quelques années.

TP Une perte d’intérêt ? de motivation ?

Linus Personne ne s’emballe plus pour les terminaux à fenêtre transparente , pour les palettes de couleur de Kate ou pour être le premier à expliquer sur Slashdot comment faire marcher telle mystérieuse carte son. Ça, c’était ce qui faisait passer les précurseurs de Windows à Linux. Maintenant Linux ressemble à Windows. Je peux installer Ubuntu sur le portable de ma grand-mère et elle ne voit même pas la différence tant que l’icône Facebook est sur son écran.

TP Et au sujet du nombre de distributions ? On dirait qu’il y a plus de distributions que d’utilisateurs finaux sous Linux.

Linus Il y a plus de distributions Linux sur un seul disque Linux Format que toutes les versions Windows réunies. Mais elles sont toutes à peu près similaires. Ce sont toutes à peu près la même chose réchauffée. Seuls des noms plus ou moins ingénieux ou drôles les distinguent les unes des autres. À partir du moment où un livre Linux pour les nuls a été publié, j’ai commencé à m’en désintéresser.

TP Vous avez publié le système de gestion de versions Git il y a moins de dix ans. Git est rapidement devenu à la mode et semble être majoritaire parmi les systèmes de gestion de versions, ou au moins celui que les gens recommandent le plus sur Reddit et HackerNews.

Linus Git a repris le relais parce que Linux commençait à ne plus trop séparer les gourous des ignorants. Je ne m’attendais pas vraiment à ce que quiconque l’utilise parce que c’est tellement dur à utiliser, mais finalement cela s’est révélé être son principal attrait. Aucune technologie ne saura jamais être trop compliquée ou trop obscure pour les barbus à t-shirt noirs.

TP Je trouvais déjà que Subversion était difficile d’accès. Je ne me suis pas encore cassé la tête avec Git.

Linus Vous allez passer beaucoup de temps à essayer de vous familiariser avec, tout en étant ridiculisé par les experts sur GitHub et ailleurs. J’ai appris qu’aucune toolchain n’est jamais trop compliquée car le besoin de prestige et la sécurité de l’emploi sont trop forts. Au bout du compte, vous allez vous aussi découvrir l’Easter egg dans Git : toutes les opérations significatives peuvent être exprimées à l’aide la commande rebase.

TP Que pensez-vous de GitHub du coup ?

Linus Ça a commencé comme un cocon, un sorte de cimetière pour projets non maintenus ou inutiles, et c’est toujours la majorité de ce qui y est hébergé. Mais c’est devenu aujourd’hui une sorte de grand World of Warcraft pour développeurs, où ils sont notés en fonction de leurs contributions et des projets sur lesquels ils ont les privilèges trunk. J’ai entendu dire que des boîtes informatiques recrutaient désormais à partir de votre réputation GitHub, alors j’imagine que si vous ne committez rien vous n’obtiendrez plus de boulot dans les start-ups les plus cools. Le bon vieux temps où l’on faisait passer le test du FizzBuzz et où on demandait comment faire pour déplacer le mont Fuji pendant les entretiens d’embauche est révolu.

TP Vous semblez un peu aigri au sujet de Git.

Linus Vous verrez, les premiers livres Git pour les nuls et Git Visual Quickstart vont paraître dans quelques mois et, en ce qui me concerne, ce sera le début de la fin. Ces livres marquent la fin d’une certaine expertise sur Git et de la réputation sur GitHub comme indicateurs fiables de la qualité du geek. Une fois qu’une technologie est adoptée par la masse, les geeks les plus geeks la délaissent au profit de quelque chose de plus ésotérique encore. Regardez ce qui est arrivé à Ruby on Rails. Les gens qui se forment à partir de tutoriels, de « todo lists » Rails, n’ont même jamais entendu parler de DHH.

TP Et pour la suite ?

Linus Je ne suis pas sûr. Difficile de prédire la prochaine mode technologique. J’ai travaillé sur un éditeur de texte que j’utilise moi-même, si compliqué qu’il ferait passer Vim pour Notepad, peut-être que je le publierai un de ces quatre.

Linus a terminé son café et a dû partir. J’ai apprécié le temps qu’il m’a consacré et de m’avoir fait voir Linux et Git sous un jour nouveau.

Crédit photo : Murray Wayper (Creative Commons By-Nc-Nd)

NdT : Oups, j’oubliais, Greg Jorgensen a publié son billet sous le tag « satire ». Je dis ça, je dis rien… Ça vous apprendra à ne pas lire jusqu’au bout 😛




Les amants aiment l’open source

George Eastman House - Public DomainOuverture, transparence, confiance, passion, audace, collaboration… font partie du champ lexical du logiciel libre.

Mais en ce jour de Saint-Valentin[1], ces mots peuvent également évoquer tout autre chose 😉

C’est ce parallèle osé (hasardeux ?) que nous propose Mary Ann en nous invitant à compléter ou amender la liste.

L’open source, c’est pour les amoureux

Open source is for lovers

Mary Ann (Red Hat) – 14 février 2011 – OpenSource.com
(Traduction Framalang : Penguin, Baptiste et Goofy)

C’est vrai. Si vous réflechissez aux caractéristiques de l’open source et aux qualités d’une relation intime réussie, vous trouverez beaucoup de points communs.

Ouverture : Vous devez être ouvert et flexible pour que la relation fonctionne. Revenons à l’une de mes comparaisons préférées sur la différence entre les logiciels libres et les logiciels propriétaires : un logiciel propriétaire, c’est comme acheter une voiture avec le capot soudé. « Oh, vous devez changer l’huile ? Dommage. Achetez une nouvelle voiture. » Si nous ne sommes pas flexibles et ouverts aux changements, si nos capots sont soudés, cela devient très compliqué pour la voiture de garder le cap amoureux.

Transparence : Les secrets sont la ruine des relations. Dois-je en dire plus ?

Confiance : Sans confiance dans une relation, vous allez vous rendre d-i-n-g-u-e-s, vous et votre partenaire. Vous allez toujours penser que l’autre est en train de préparer un sale coup et envisager les pires scénarios.

Passion : Bien entendu, la démarche open source attire les gens passionnés, elle attire ceux qui veulent participer aux changements. Si vous n’êtes pas engagés passionnément dans une relation, vous cesserez vite de vous y investir et, à partir de là, les choses se dénouent très facilement.

Audace : L’open source, c’est pour ceux qui se bougent. Vous voulez changer les choses ? À vous de jouer. Si une personne vous intéresse, ne vous contentez pas d’y penser, agissez sinon c’est fichu.

Collaboration : Une communauté open source ne réussit que par le travail d’équipe et la collaboration. Il en va de même pour une relation enrichissante : on donne et on reçoit.

Release early, release often (NdT : Difficilement traduisible, « sortir tôt, sortir souvent » ou « communiquer tôt, communiquer souvent ») : Dans nos relations amoureuses, tout n’est pas toujours idyllique à chaque fois, mais nous ne pouvons nous empêcher de recommencer. C’est également vrai pour le modèle open source. Avec l’espoir que demain la relation sera meilleure et plus solide.

À vous de compléter (je pense que la liste peut s’allonger encore un peu). Joyeuse Saint-Valentin d’un amoureux de l’open source à un autre !

Notes

[1] Crédit photo : George Eastman House + OpenSource.com (Domaine Public)




Création du hashtag qui me rendit célèbre : #lmi pour Long Mais Intéressant

LMI

Aujourd’hui c’est vendredi et j’ai décidé de passer à la postérité du Web.

Comment ? C’est très simple : je viens d’inventer un acronyme doublé d’un hashtag Twitter qui, à n’en pas douter, fera bientôt le tour du Net francophone (oui, il ne faut douter de rien dans ces cas-là, c’est même à ça qu’on les reconnaît).

Ne vous faisons plus attendre et levons le voile sur ces trois lettre d’or qui me rendront célèbre à défaut d’être riche :

LMI ou #lmi pour Long Mais Intéressant.

Allez-y, vous pouvez d’ores et déjà l’utiliser partout où il vous semble bon. Il va sans dire que c’est placé sous licence libre (celle que vous voulez). Et ne me remerciez pas, c’est pas la peine, c’est cadeau.

J’en profite pour présenter d’emblée mes plus plates excuses au Laboratoire des Matériaux Inorganiques, au Luthier Mercantile International, au Linux Mark Institute, sans oublier Le Monde Informatique, parce que, soyons lucide, mon LMI va nécessairement leur faire de l’ombre…

Oups, désolé, mais j’ai un petit SMS à envoyer à Monique… tap, tap, tap : « Alors t’as trouvé ça comment hier soir ? », clic, envoyer. Voilà, je reviens vers vous.

Comment m’est venue cette idée de génie ?

Tout simplement à force de lire et d’entendre un peu partout que les articles du Framablog « c’est long mais intéressant ».

Et pour le dernier en date, ça n’a effectivement pas loupé comme on peut le constater sur l’illustration ci-dessus.

Notez que c’est mieux qu’un « c’est long et chiant ». Mais à ce moment-là la logique veut qu’on n’en parle pas.

Notez également, et c’est plus subtil. que c’est toujours mieux qu’un « c’est intéressant mais long ». A priori on peut penser que c’est équivalent, mais entre un « c’était pénible mais ça valait le coup » et un « ça valait le coup mais c’était pénible », mon cœur ne balance pas.

Toujours est-il que dans une petite semaine (pas plus), ce sera la gloire absolue : un article Wikipédia dédié à ma création ! Oui, oui, Comme TINA ou MDR !

Il y aura bien, au début, une petite guerre d’édition entre wikipédiens de la première heure peu rompus aux joies du microblogging et ceux qui ont édité l’article. Mais les premiers céderont bien vite devant les seconds quand ils verront mon hashtag caracoler en tête des trending topics. D’autant que l’article sera sourcé puisqu’il suffira de faire un lien vers ce billet !

Le « long » n’est pas une constante du Net. Bien au contraire il varie constamment, mais toujours dans le même sens. Plus le Web avance, plus le long devient court. Aujourd’hui la limite est fixée à 140 caractères, après ça peut éventuellement être intéressant mais c’est déjà trop long.

Qu’en sera-t-il demain ?

Oh, mais Monique vient de répondre à mon SMS… Je regarde : « LMI » !




Geektionnerd : i comme iCar

On notera qu’à contrario certains projets de voitures libres commencent à émerger, comme par exemple celui mentionné dans ce billet du Framablog.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)