S’y retrouver dans le framabazar, nous parler, nous soutenir : édition 2020

Vous ne l’avez peut-être pas remarqué car on ne s’en est pas vanté, mais certains de nos sites web ont connu de notables améliorations ces derniers mois.

Ainsi, notre page de contact et notre page de dons ont vu leur design (structuration des contenus, ergonomie, valorisation graphique, etc. ) évoluer et l’ensemble de nos sites sont désormais dotés d’un nouveau menu.

Avec cet article, nous voulons non seulement vous informer de ces mises à jour, mais aussi vous accompagner dans leur prise en main. Par ailleurs, l’ensemble de ces améliorations s’inscrit dans une démarche que nous avons envie de décrire, afin qu’elle puisse être ouverte à la critique ou, pourquoi pas, recevoir les hommages de la copie.

Un million de personnes à accompagner autonomiser

En général, quand on décide de mettre à jour un site web, c’est parce qu’on a constaté que des améliorations pouvaient y être apportées. Notre motivation première derrière ces améliorations est de permettre aux internautes utilisant nos services d’être davantage autonomes dans leurs usages. Après avoir présenté, notamment lors de la campagne Degooglisons Internet, les possibilités offertes par les logiciels libres, Framasoft souhaite offrir un accès plus simple et plus rapide à la galaxie des services, projets et ressources qu’elle met à disposition de toutes et tous.

Cette infographie présente Framasoft en janvier 2020… Donc dans le monde d’avant.

Accueillant chaque mois plus d’un million de visiteur⋅ses sur nos sites web, nous faisons le constat que nous ne pouvons accompagner humainement chacun⋅e dans la découverte de notre univers. Et parce que cet univers est foisonnant, nous sommes conscient⋅es que c’est souvent frustrant pour vous de ne pas bénéficier de cet accompagnement. Mais, contrairement aux géants du web qui appliquent un design de l’autorité sur leurs plateformes, vous mettant dans une position infantilisante d’hyper-consommateur⋅ices, chez Framasoft, nous vous considérons comme des contributeur⋅ices. Et c’est à ce titre qu’il est pour nous essentiel de repenser nos interfaces afin que vous puissiez, en toute autonomie, davantage vous y retrouver.

En parallèle, nous avons aussi constaté que nous recevons énormément de questions via notre formulaire de contact dont les réponses sont déjà publiées dans notre foire aux questions, dans les guides d’utilisation des outils que nous proposons ou bien sur notre forum d’entraide Framacolibri. Répondre à ces demandes (en renvoyant vers ces ressources) est une tâche répétitive assez peu valorisante pour les personnes en charge du support. En nous lançant dans cette refonte, nous avions donc aussi en tête la nécessité de cesser l’augmentation de ces demandes.

illustration : David Revoy (CC-By)

Cependant, simplifier l’accès à un ensemble de contenus nous a beaucoup questionné. Comment mettre cela en œuvre ? Comment ne pas tomber dans le piège du dédale de clics ? Comment autonomiser nos utilisateur⋅ices sans que cela créé avec elleux une relation froide et distante ? En gardant en tête que sur un site web, l’internaute doit identifier rapidement où il est (est-ce la page que je souhaitais voir ?), où il peut aller (vais-je pouvoir trouver facilement ce que je cherche sur ce site ?) et d’où il vient (quel chemin m’a amené à cette page ?), nous avons décidé de repenser totalement le menu de nos sites web et l’expérience d’utilisation de notre page de contact tout en améliorant la structuration des contenus et l’ergonomie de notre page de dons.

Une page de contact actualisée

Cette nouvelle page de contact vous informe dès votre arrivée de qui nous sommes et des moyens que nous mettons à votre disposition pour vous aider lorsque vous rencontrez des difficultés. L’accès au formulaire de contact n’est plus aussi immédiat qu’auparavant car nous espérons que vous n’aurez au final plus besoin de vous en servir, ayant trouvé l’information que vous recherchiez. C’est d’ailleurs en cherchant comment résoudre au mieux vos problèmes que nous avons trouvé comment résoudre le nôtre (l’augmentation de l’activité du support).

Notre page de contact, avant refonte

Vous l’aurez sûrement remarqué, nous avons revu totalement le design de cette page. Pour vous accueillir, la magnifique illustration de David Revoy se veut douce et rassurante. Car même si nous ne sommes pas en mesure d’accompagner humainement chacun⋅e d’entre vous, cette page de contact ne vous laisse pas seul⋅e face à votre question. C’est d’ailleurs en étant à l’écoute de vos besoins que nous avons reformulé les intitulés des six catégories de contact. En attribuant une couleur spécifique à chacune de ces catégories, vous pouvez vérifier à chaque moment de votre navigation que vous êtes sur le bon chemin.

Structuré en 4 étapes (pré-requis, service concerné, FAQ, formulaire), ce nouveau parcours est pensé pour que vous puissiez prendre connaissance des questions auxquelles nous avons préalablement répondu dans notre foire aux questions (FAQ) avant de nous contacter. Nous vous incitons aussi très fortement à consulter nos guides et astuces d’utilisation lorsque vous avez des questions sur un service en particulier. Nous avons d’ailleurs revu et enrichi les contenus de ces deux ressources pour qu’elles soient plus faciles à comprendre.

Notre page de contact, après refonte.

Si vous ne trouvez réponse à votre question ni dans la FAQ, ni dans nos guides d’utilisation, peut-être votre question vaut-elle la peine d’être publiée sur notre forum. Framacolibri est un espace d’entraide où de nombreuses personnes pourront vous aider à comprendre pourquoi vous n’arrivez pas à utiliser telle fonctionnalité de tel service. D’ailleurs, dans l’article Ce que Framasoft a fait durant le (premier) confinement que nous avons publié il y a quelques jours, nous rappelions que pendant cette période si particulière, une communauté d’aidant⋅es numériques avaient spontanément proposé leur aide sur le forum (merci à elleux !). Cette dynamique d’entraide collective ne s’est pas essoufflée et nous vous invitons à en faire l’expérience.

La catégorie « entraide » de notre forum des contributions.

Ce nouveau dispositif d’aiguillage (catégorie, faq, guides, forum) nous permet d’identifier au plus vite votre besoin afin d’y répondre au mieux en mettant en avant des ressources adaptées pour que vous puissiez vous les approprier. Mais il peut arriver que nos ressources ne répondent pas à votre besoin. Dans ce cas, ou si votre question doit rester confidentielle, qu’elle implique de devoir divulguer des informations personnelles et privées, alors nous vous invitons à utiliser notre formulaire de contact.

Un menu enrichi pour mieux vous orienter

Avant, tous nos sites web étaient dotés d’un menu situé, de manière très classique, en haut de toutes les pages. Ce menu vous permettait d’accéder à notre galaxie de sites web. Mais comme on est plutôt prolixe en la matière, ce menu avait grossi avec le temps et la multiplication de nos projets, ce qui ne le rendait plus vraiment utilisable facilement. C’était particulièrement le cas si vous vous rendiez sur nos sites web à partir d’un appareil mobile, doté d’un écran plus petit : certaines rubriques du menu étaient si longues qu’elles ne pouvaient s’afficher en entier. De plus, sur certains de nos services, cette barre de menu pouvait être perturbante car elle se superposait au menu de l’outil lui-même, pouvant troubler certain·es internautes.

La « framanav », le menu avant, lorsqu’il était une barre en haut de nos sites.

On a donc repensé totalement la façon dont vous pouvez accéder à nos contenus dans ce nouveau menu désormais accessible via un bouton situé en haut à droite de chacun de nos sites web. Placé ainsi, il ne perturbe plus l’affichage des menus des outils que nous proposons et il s’adapte de façon automatique à la taille de votre écran. Reproduit sur l’ensemble de nos sites web, ce nouveau menu vous permet de savoir d’un seul coup d’œil que vous êtes sur l’un des sites de la galaxie Framasoft. Une fois que vous avez cliqué sur ce bouton, une barre latérale s’affiche à droite, en surimpression du site sur lequel vous êtes.

Par défaut, ce menu vous est proposé selon une vue par catégories (4 en l’occurrence) pour favoriser la découvrabilité des actions de Framasoft. Vous avez la possibilité de modifier cet affichage en sélectionnant la vue sous forme de grille pour trouver plus aisément un service ou un outil spécifique (puisqu’ils sont classés par ordre alphabétique). Nous avons aussi ajouté un bloc de recherche où vous pouvez directement indiquer ce que vous cherchez. Lorsque vous utilisez la recherche directe, il vous est proposé d’étendre votre recherche sur le web ou à l’ensemble des sites de Framasoft, au Framablog, au forum Framacolibri, à l’annuaire Framalibre ou à notre instance PeerTube de diffusion de vidéos, Framatube.

Conceptualisée en 2012, la structuration du menu n’était plus pertinente au regard de l’évolution de nos projets. Nous nous sommes donc questionné⋅es sur la meilleure façon de vous mener vers nos différents outils. Pour cela, nous avons pris en compte des remarques qui nous ont été faites. Nous avons, par exemple, décidé d’archiver certains de nos projets, certes pertinents au moment de leur création, mais n’ayant pas été mis à jour depuis plusieurs années. De plus, nous avons souhaité que ce menu vous donne accès directement à davantage d’informations. Ainsi, vous n’avez plus besoin de vous rendre sur la page d’un outil ou d’un projet pour savoir exactement de quoi il s’agit.

En plus d’un accès totalement remanié à nos contenus, ce nouveau menu s’enrichit d’un bloc intitulé Entraide qui vous donne immédiatement accès à plusieurs ressources. Notez que les contenus qui apparaissent lorsque vous cliquez sur la rubrique « Obtenir des réponses » sont adaptés au service (ou projet) que vous êtes en train de consulter. Nous vous affichons l’information la plus adaptée à votre usage pour que vous puissiez y accéder en seulement 2 clics. Notez aussi que nous utilisons le même habillage graphique pour ces ressources.

Une nouvelle peau pour notre page de dons

Alors que ça faisait un moment qu’on y pensait (quasiment 2 ans), alors qu’il s’agit du fameux « nerf de la guerre » (Framasoft ne vit que grâce à vos dons), notre page de dons a finalement fait peau neuve, elle aussi. Nous avons repensé l’organisation des contenus afin de vous apporter plus facilement des réponses, mais sans vous surcharger d’informations.

Cette page se compose désormais de 4 blocs horizontaux :

On a cherché des jeux de couleurs chaleureux, sereins, et loin des bleu glacés de la french tech disruptive du digital ;)

Vous aurez peut-être remarqué que le design du formulaire de dons change désormais de couleur en fonction du type de dons (entourage jaune pour les dons mensuels et entourage bleu pour les dons ponctuels). Nous recevions de temps en temps un message de certain⋅es donateur⋅ices qui croyaient avoir complété leurs informations pour un don ponctuel alors qu’iels avaient réalisé un don mensuel. Nous nous sommes donc dit que cette différence n’était pas assez explicite sur le formulaire et que nous devions penser un nouveau design pour que cette situation ne se reproduise pas. C’est aussi suite à plusieurs de vos retours que nous avons ajouté à ce formulaire une case (cochée par défaut) « Je souhaite recevoir un reçu fiscal » qui automatise l’envoi de votre reçu fiscal chaque année.

En mettant à jour les textes explicitant à quoi servent vos dons, nous avons souhaité mieux expliquer comment nous fonctionnons, quelles sont nos principales actions et quelles valeurs nous portons. Ces textes sont moins longs, plus synthétiques, car nous voulons aller à l’essentiel. Nous avons repensé le bloc Framasoft en quelques chiffres pour ne faire apparaître que quelques chiffres-clés. Nous n’étions plus très à l’aise avec cet effet un peu racoleur de « performance » qui arrive lorsqu’on met en valeur certains chiffres. Nous avons choisi un affichage qui, nous l’espérons, rend sobrement compte de nos actions, sans se pavaner, et sans fausse modestie.

voir la page « Soutenir Framasoft »

Vos retours font leur chemin !

Ce n’est pas facile de réfléchir aux interfaces qui nous permettent de vous mettre en relation avec nos actions : voilà donc une bonne chose de faite ! On espère que vous partagez notre enthousiasme pour cette refonte.

Prenez le temps de vous approprier la nouvelle version de ces outils et n’hésitez pas, ensuite, à nous dire ce que vous en pensez sur le forum : ça nous permettra de réfléchir à de futures améliorations. Mais, ne vous emballez pas trop tout de même, on ne vous promet pas une nouvelle refonte tous les ans !

Un grand merci à l’équipe salarié⋅es pour le travail réalisé, et un grand merci à vous de continuer à nous soutenir.




Ce que Framasoft a fait durant le (premier) confinement

Entre mars et mai 2020, les membres de Framasoft ont mouillé la chemise pour partager des savoirs, des outils et des actions en espérant qu’elles fassent sens alors qu’une pandémie bouleversait nos repères.

Retour sur une période pas comme les autres, ainsi que sur les outils et les leçons qu’on en tire aujourd’hui.

À noter : lorsque nous avons commencé l’écriture de cette… disons « longue synthèse », nous ignorions qu’il faudrait préciser dans le titre qu’il s’agit du premier confinement.

Endiguer le flot

Nous l’avions un peu vu venir. Une semaine avant l’annonce du #RestezChezVous français, l’Italie et l’Espagne étaient déjà confinées. C’est alors que Framatalk (visioconférence) et Framapad (écriture collaborative) ont vu leurs nombres de visites multipliés par 8, et que nos serveurs ont montré des signes de surcharge. Nous avons alors compris que des familles, des écoles et des entreprises de nos voisines européennes venaient utiliser nos services pour continuer de communiquer ensemble.

Un jour, les admin-sys domineront le monde.
Mais pas demain : demain, y’a mise à jour.

Nous avons aussi un peu pressenti qu’on allait en prendre pour notre grade lorsque le gouvernement français décida enfin un confinement qui semblait inéluctable. Et cela n’a pas manqué. Ça a pris exactement un week-end. Lorsque le PDG de la startup nation est passé de « Nous ne renoncerons à rien » à « Nous sommes en guerre ! » c’est un tsunami d’impréparation numérique qui est venu se réfugier sur nos serveurs.

Nous l’avons —sérieusement— senti passer. Pratiquant déjà le télétravail pour des activités qui se font principalement en ligne, il n’y eut aucun moment d’inactivité. Nous, les membres de Framasoft, avons trimé comme jamais pour accompagner (à notre petite échelle d’association loi 1901 financée par les dons) des centaines de milliers de confiné·es qui avaient besoin d’outils numériques pour maintenir leurs liens avec les autres.

Il est fort probable que nombre de ces actions, souvent expérimentales, parfois improvisées, soient passées inaperçues. D’où notre besoin de faire le point aujourd’hui sur le travail effectué.

Illustration CC-By David Revoy.

Informer / éduquer / accompagner

Le mémo sur le télétravail n’est pas simplement une liste de logiciels et services libres, c’est surtout un ensemble d’astuces, de réflexes pour réhumaniser les relations lorsqu’on travaille à distance. C’est enfin le partage de plus de 10 ans d’expérience de télétravail que Pyg a eue au sein de Framasoft.

Le dossier StopCovid est un ensemble d’articles que nous avons écrits, traduits ou repris pour les publier sur le Framablog. L’objectif, double, était à la fois d’informer sur ce que peuvent impliquer les choix technologiques et sociétaux de créer une telle application ; et aussi d’alerter, en tant que passionnées du numérique, sur la toxicité du solutionnisme technologique effréné.

Non, ça ne marche pas comme ça.

Plus que jamais, le Framablog s’est fait le relais d’informations et de savoirs partagés. Qu’il s’agisse de publier l’appel d’un collectif pour la continuité pédagogique, de lancer les librecours sur la culture libre, de publier un témoignage de directeur d’école primaire en temps de pandémie… Nous avons fait de notre mieux pour accompagner voire favoriser la publication de nombreux articles.

Afficher, en pages d’accueils de Framapad ou de Framatalk, notre refus d’être le « service informatique de secours » des Ministères de l’Éducation Nationale et de celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche fut un réel crève-cœur. Car cela signifiait refuser nos services aux profs, au personnel encadrant et aux étudiant·es. Même si nous avons pris nos distances, Framasoft vient de l’Éducation Nationale. Et pourtant, notre petite association n’a pas à compenser l’incurie et l’impréparation numérique de ces ministères, dont dépendent des centaines de milliers d’employé·es et des millions d’élèves.

Nous remercions les profs et leurs élèves qui ont joué le jeu de la restriction volontaire pour laisser l’usage de nos services aux collectifs, familles, associations etc. qui n’ont pas les moyens de l’État à leur disposition. Nous espérons que notre refus a au moins eu l’effet d’un coup de pied dans la fourmilière pour favoriser l’émancipation numérique de nos académies par des initiatives libres et auto-hébergées telles que apps.education.fr

 

Grâce au travail de notre petite équipe technique, cette limitation n’a été nécessaire que pendant 12 jours, du 14 au 26 mars 2020

Tenir régulièrement les journaux de confinement de Framasoft fut un travail supplémentaire, certes, mais dont nous croyons aujourd’hui encore qu’il était essentiel. D’une part, cela nous a permis de mettre des mots sur les moments d’adrénaline comme sur les coups de fatigue ou les coups de colère. D’autre part, ces journaux montrent combien Framasoft, c’est avant tout des personnes qui œuvrent sur des outils numériques pour favoriser une société de contribution. À l’heure où nombre de personnes découvraient Framasoft par la petite lorgnette des services en ligne, nous trouvions essentiel de rappeler que derrière les machines, il y a des humain·es.

Enfin, et dans un second temps, nous avons aussi pris le soin de répondre aux médias qui sont venus nous interroger sur notre position et nos actions durant ce confinement. De Reporterre à l’Âge de Faire en passant par Le Monde et Politis, la liste est longue mais nous essayons de la tenir à jour sur cette page de notre wiki.

 

Maintenir /proposer

Le confinement de la France a mécaniquement induit une violente augmentation des outils numériques pour communiquer et collaborer à distance. Cependant, la ruée sur des services libres et éthiques indique qu’une grande partie du public recherche activement des alternatives aux outils prédateurs des entreprises du capitalisme de surveillance.

C’est Framatalk, notre outil de visioconférence, qui a été submergé en premier. Très vite, les Framapad (rédaction collaborative) ou un service comme Framadrop (partage de gros fichiers par un simple lien) ont aussi été pris d’assaut. Nous avons donc commencé par migrer les logiciels sur des serveurs plus puissants (que nous avions réservés la semaine précédant le confinement français), quitte à ventiler la charge d’un seul service sur plusieurs serveurs (pour Framatalk, par exemple).

En même temps, nos salariés techniciens se sont plongés dans la documentation des logiciels libres derrière ces services (Jitsi Meet pour Framatalk, Etherpad pour Framapad, etc.), afin de trouver toutes les astuces qui permettraient d’optimiser leur installation et de réduire la charge. En gros, nos techniciens ont finement ajusté de nombreux paramètres sur les ordinateurs-serveurs qui font tourner ces logiciels, pour que les processeurs travaillent moins et donc travaillent mieux.

Dès la deuxième semaine de confinement, nous avons mis en place de nouveaux services. Lorsqu’on voit qu’il y a un moyen simple de faire de l’audio-conférence avec Mumble (sans installation logicielle pour les participant·es, sauf pour qui organise la réunion), et qu’un serveur bien paramétré peut accueillir 1200 personnes en même temps, nous n’hésitons pas.

Lorsque des personnels soignants nous demandent un outil provisoire pour la prise de rendez-vous médicaux en ligne… Nous n’hésitons que le temps de nous renseigner sur l’encadrement légal (qui fut allégé provisoirement et exceptionnellement). C’est ainsi que nous avons installé l’application Rendez-vous sur un NextCloud pour leur fournir rdv-medecins.org. L’outil est passé hors ligne depuis la fin du confinement, mais il a inspiré d’autres usages (par exemple en bibliothèques).

Car même si l’on parle de (et agit pour) Déframasoftiser Internet, nous avions simplement la volonté d’être utiles là où on peut et on sait le faire. Lorsque nous installons un service, nous faisons de notre mieux pour donner un maximum d’autonomie aux personnes qui vont l’utiliser. Cela signifie un travail technique d’installation et d’administration, mais aussi une production de tutoriels, guides et astuces (ici pour les audio-conférences et là pour les prises de rendez-vous en ligne), ainsi qu’un accompagnement sur notre support (dont on reparle plus bas).

Enfin, maintenir des services (encore plus de trente à ce jour) implique d’en assurer un entretien régulier. Durant les quelques semaines de confinement, nos équipes techniques ont donc procédé à des résolutions de bug sur Framacalc, une mise à jour majeure de Framavox, et même à de gros développements sur Framaforms qui ont mené à sa première version majeure au début de l’été.

Faire jouer la contribution

Le monde du Libre, encore une fois, nous a prouvé que solidarité et organisation collective sont bien plus efficaces que la simple puissance brute. Alors que nous migrions Framapad, Framatalk et Framadrop sur des machines plus puissantes (voire sur un lot de machines pour Framatalk) tout en affinant leurs paramétrages, de nombreuxses ami·es de la communauté ont proposé de l’aide pour accueillir les besoins numériques des confiné·es.

Si seul on va plus vite, ensemble on va carrément plus loin. Mais moins vite. Il a fallu prendre le temps de rassembler les bonnes volontés et de discuter ensemble pour trouver la marche à suivre. Mais au bout de quelques jours, nous avons pu faire en sorte que la création d’un nouveau pad (ou d’un nouveau talk) sur les pages d’accueil de nos services puisse être redirigée, sans accrocs, vers l’un des serveurs des libristes se portant volontaires pour porter la charge ensemble.

La majeure partie de ces bonnes volontés qui ont mis leurs serveurs et leurs services dans le pot commun sont des membres du Collectif des Hébergeurs Alternatifs CHATONS (avec un « S » comme « Solidaires »). Leur présence et leur entraide était déjà un magnifique cadeau en soit (et encore merci à vous, les ami·es !), cela aurait pu s’arrêter là. Sauf que comme nous avions développé l’outil permettant de rediriger la demande de création d’un pad (par exemple) vers un des sites de pads disponibles, les CHATONS y ont vu une belle opportunité !

Site https://entraide.chatons.org

C’est ainsi qu’est né le site entraide.chatons.org. Une adresse, 9 services essentiels, éthiques et sans inscription (tableau de post-it, visioconf, écriture collaborative, hébergement d’images, etc.). Mais en plus de cela, ce site va rediriger votre usage vers un des membres du collectif CHATONS qui peut et veut l’accueillir. Concrètement, pour vous ça ne change rien. Mais pour vos données, ça change tout : elles ne sont pas hébergées au même endroit… Elles sont, au contraire, décentralisées. Une bonne manière de ne pas mettre toutes ses données dans le même panier (non parce qu’après ça crée des Google et des Facebook, et le monde n’a pas besoin de nouveaux géants du web !)

De nombreuses personnes, pas forcément spécialisées en hébergements de services, nous ont spontanément proposé de l’aide. C’est ainsi que nous avons pu demander à ce que les demandes de support pour nos services passent en priorité sur le forum, où des bénévoles ont contribué à répondre dans une entraide communautaire. D’autres ont rejoint le groupe de traductions Framalang, qui n’a pas chômé durant cette période et a notamment produit des traductions nourrissant notre dossier StopCOVID.

Un petit message léger et subtil est apparu sur notre page de Contact.

Enfin, le groupe des Contribateliers a expérimenté une formule en ligne, le Confinatelier. Grâce au logiciel BigBlueButton, près de 80 personnes se sont retrouvées le 6 juin 2020 sur plus de 11 salons visio pour contribuer au Libre sans forcément faire du code. Merci au groupe d’avoir publié leur retour d’expérience et d’avoir continué à faire des confinateliers encore récemment.

Le monde d’après ne ressemblera pas au monde d’avant

Bien entendu, la pandémie a grandement influé le fonctionnement interne de l’association Framasoft. Le « Framacamp 2020 » (un temps estival de convivialité et de travail collectif des membres) a finalement eu lieu sous forme d’ateliers en visioconf tout au long d’un week-end. Nous craignions vraiment que le fait de ne pas pouvoir se faire des câlins et trinquer ne vide ce Framacamp de son intérêt, et finalement, même si ce n’est pas pareil, ce fut un moment de retrouvailles agréable, productif et essentiel à la vie de l’association.

Il nous a aussi fallu repenser le reste de notre année. D’une part, nous avons annoncé un retard d’un trimestre pour la sortie de Mobilizon. D’autre part, nous avons complètement repensé la collecte que nous avions commencé à imaginer pour financer la v3 de PeerTube. Exit les mécaniques du crowdfunding ou « si vous ne payez pas, alors on ne fait pas » ! Nous avons choisi d’annoncer que nous développerions cette version, que l’on reçoive les 60 000 € de dons nécessaires ou non.

Framasoft, dans le monde d’avant.
D’après une infographie de Geoffrey Dorne, CC-By-SA.

C’est une chose que nous nous n’avons réalisée qu’après coup : vous avez été très généreuxses dans votre soutien à Framasoft durant ce premier confinement. C’était important : nos actions sont financées (à plus de 95 %) par vos dons. Si nous avons pu tout mettre en pause, prendre des libertés, expérimenter des contributions et retarder, voire modifier des projets, c’est parce que les seules personnes à qui nous avons des comptes à rendre, c’est vous. Vous nous avez offert cette liberté, merci.

Pour qui le peut, nous rappelons que Framasoft est une association reconnue d’intérêt général, et qu’à ce titre elle donne droit à des réductions fiscales pour les contribuables français·es. Concrètement, un don de 100 € à Framasoft revient, après déduction des impôts sur le revenu, à 34 €. Si vous le pouvez et le voulez, merci de contribuer à nos actions.

Soutenir Framasoft

Et le reste de 2020…?

Nous raconterons, dans un prochain article, ce que nous avons fait hors de cette parenthèse étrange et intense. Entre le 17 mars et le 11 mai, il y a eu moins de deux mois : nous avons eu l’impression que cela a duré un an !

L’avantage, si l’on peut dire, c’est que ce premier confinement nous a préparé⋅es au suivant. Aujourd’hui nos services ont beaucoup mieux encaissé la sérieuse montée en charge due au reconfinement. Du coup, nous, nous avons pu nous détendre, et faire des frama-prouts !




[Photo Novel] Guided tour of Mobilizon

« OK, so, what is Mobilizon? How can this free and federated tool help me to progressively do without Facebook for my groups, pages and events? And where do I go to get started, where do I sign up? »

Let’s answer these questions with a lot of pictures, and (relatively) few words.

This is Rȯse, the mascot of Mȯbilizon

Conceived and designed by David Revoy (the author-illustrator of Pepper and Carott, who has just self published albums of his webcomic), Rȯse represents the people for whom we designed Mobilizon.

Meet Rȯse, Mobilizon’s mascot.
illustration : David Revoy (CC-By)

A fennec whose wicks recall the star of a compass rose, Rȯse is autonomous, voluntary and lives in a beautiful but arid, sometimes hostile landscape. Rȯse needs to get together with her fellow fennecs beings to organize and mobilize themselves around actions that can change her world, one grain of sand at a time.

If you don’t recognize yourself in Rȯse, don’t panic: Mobilizon might still work for you! However, this service might surprise and confuse. You won’t find any ads, influencers, or the hobby where we watch the lives of our loved ones staged like a reality TV show.

To better understand our intentions and the choices behind Mobilizon, you can visit joinmobilizon.org (short version), or read our lengthy introductory article on the Framablog (detailed version).

illustration : David Revoy (CC-By)

Our photo novel: Rȯse Mobilize

Rȯse discovers an event on Mobilizon

Rȯse feels that the hyper-consumerist society in which we live is destroying the planet. One day, on one of her usual social media platform, Rȯse comes across a link to an event called « More trees, less ads! « The title amuses and challenges her, so she clicks.

She arrives on a website she has never seen before which seems to be called « Mobilizon ». She is invited to go and hide an advertising videoscreen by standing in front of it with an umbrella. She learns that those screens are not only polluting our public spaces with images that capture our attention, but they are also equipped with cameras and sensors that analyze the number of passers-by, their reactions, etc.

She would like to participate in the event presented but doesn’t want to create a new account on yet another site. Rȯse decides to participate « anonymously » in the event.

You do not need an account to participate in an event published on Mobilizon: the site simply asks Rȯse to confirm her participation by email. That’s OK, she already has a « trash » email address that she uses for her online shopping, and unfamiliar sites that may resell her contact information.

#gallery-1 { margin: auto; } #gallery-1 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 50%; } #gallery-1 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-1 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */

A few days later, Rȯse goes to the event site and meets the group of ContribUtopists. They invite her to exchange a quarter of an hour of her time, blocking the advertising screen with an umbrella, for a tree cutting that she could plant at home. Rȯse loves the idea and spends the morning sympathizing with the ContribUtopists.

Rȯse registers on Mobilizon

Benedict, the group’s organiser, explains to Rȯse that these screens work like Facebook: they impose advertising in our lives while capturing our behaviors and data. He advises Rȯse to go to mobilizon.org to find out for herself about the alternative that the ContribUtopists have chosen.

Rȯse is convinced, she wants to try Mobilizon. She understands she needs to find an instance, i.e. a Mobilizon website that will host her account and data. She tells herself that if she has to entrust her data, she wants to find a trusted host. So she goes to the « about » page of several Mobilizon instances to see how these hosts present themselves and what their rules are.

Rȯse has found her instance, and off she goes. She suspects that she is not going to leave Facebook overnight, but thinks that she can start by registering on Mobilizon, even if it means having to publish the links to the Mobilizon events and groups she wants to promote on Facebook.

 

Rȯse wants to join a group

Once her account is confirmed and her profile complete (finally a site that doesn’t require acres profile information!) Rȯse goes to the ContribUtopists page to join the group.

Unfortunately, the « join the group » button does not work and is grayed out. Obviously, you can’t ask to join a group, you have to be invited. When Rȯse looks into the matter, she realizes that it’s just a matter of time before this feature is added to the site.

She looks for ways to get invited to the ContribUtopists group and sees that there is a post « Join the ContribUtopists! » on the group’s page. These posts look a bit like a blog.

She follows the instructions and goes to the page of the event she attended and adds a comment reminding everyone who she is and asking to be invited to the group.

The surprise birthday of Rȯse’s mother

Rȯse’s mother’s birthday is coming up. Narcisse Boréal, her dad, asks her daughter how to organize a surprise party without using Facebook, so as not to blow the whistle. Rȯse, the family geek, explains to her dad how to create an account on Mobilizon.

Narcisse creates an event to invite family and friends to his partner’s surprise birthday party. It’s a fairly short form, and the options are self-explanatory.

Rȯse goes to her Mobilizon instance, but does not see the event created by her father. She realizes that he has registered on another Mobilizon website, another instance. Fortunately, these instances are federated: using the search bar of her instance, Rȯse can find the event that her father has created on his instance.

Rȯse compartmentalizes family and activism

Rȯse hesitates to register for her father’s event. She doesn’t want her family to see that she used this account for her activism within the ContribUtopists! So she decides to go to her account settings to create a new profile.

Rȯse registers for her dad’s event with this new profile, which she will use only for family events.

She takes the opportunity to share the event with a few family members and then exports the event to add the date to her online calendar.

Rȯse mobilizes for the ContribUtopists

In her notifications, Rȯse notices that the ContribUtopists have read her message and invited her to join the group. She goes back to her activist profile to accept the invitation.

In the group, she sees a new discussion about the lessons learned from the previous event and the group’s next initiative.

After a few weeks, Rȯse’s involvement and commitment did not go unnoticed. Benedict, the administrator of the ContribUtopists group on Mobilizon, decides to promote Rȯse as moderator of the group.

Rȯse makes collective intelligence work!

Becoming a moderator will allow Rȯse to organize the next ContribUtopists event. She creates a draft of the event « Another Collage on the Wall » to discuss it with the group.

However, Rȯse does not know how to best describe the event. She decides to make collective intelligence work for her and create a collaborative writing pad. On Mobilizon, this is done in two clicks, from the group’s Resources space.

The group worked well, the text is great. Rȯse just has to put it in the Another Collage on the Wall event description and publish it!

Prologue: Fennecs don’t fall far from the burrow

A few days later, Rȯse goes to the event. What a joy to see so many people registered! Suddenly, as she was reading the comments of the event, Rȯse utters a little cry of surprise:

Several members of her family registered for the Another Collage on the Wall event, without knowing that it was Rȯse who had organized it! There’s even her father asking to join the ContribUtopists.

With a smile, Rȯse thinks that she will have to show them how to create several profiles on Mobilizon, if they are interested.

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon.org, our gateway to Mobilizon

Not everyone is like Rȯse and everyone will have their own way of approaching Mobilizon: some will want to sign up right away, others will want to understand the political concepts behind the digital tool, and yet others will want to know how it works.

That’s why we created Mobilizon.org: it’s THE site to remember and share, which will direct you to

illustration : David Revoy (CC-By)

It took time and hard work to create all these tools. Our small association (35 members, 10 employees) is financed almost exclusively by donations. If you would like to support this work and encourage us to continue, you can do so by making a donation, which is tax deductible for French taxpayers.

Support Framasoft

Another way to support our actions is to take them over, use them and make them known. From now on, it is up to you to get together, organize and mobilize… with Mobilizon!

Get started on Mobilizon.org




[Roman Photo] Visite guidée de Mobilizon

« Concrètement, c’est quoi Mobilizon ? Comment cet outil libre et fédéré peut-il m’aider à progressivement me passer de Facebook pour mes groupes, pages et événements ? Et où je vais pour m’y retrouver, pour m’inscrire ? »

Répondons à ces questions avec beaucoup d’images, et (relativement) peu de mots.

Voici Rȯse, la mascotte de Mȯbilizon

Conçue et dessinée par David Revoy (l’auteur-illustrateur de Pepper and Carott, qui vient d’auto-publier des albums de son webcomic), Rȯse représente les personnes pour qui nous avons conçu Mobilizon.

Voici Rȯse, la mascotte de Mobilizon.
illustration : David Revoy (CC-By)

Fennec dont les mèches rappellent l’étoile d’une rose des vents, Rȯse est autonome, volontaire et vit dans un paysage beau mais aride, parfois hostile. Rȯse a besoin de se rassembler avec ses semblables et de s’organiser ensemble pour se mobilizer autour d’actions qui peuvent changer son monde, ne serait-ce qu’un grain de sable à la fois.

Si vous ne vous reconnaissez pas en Rȯse, pas de panique : vous restez libres d’utiliser Mobilizon ! Seulement, ce service risque de vous désarçonner et vous surprendre : vous n’y trouverez ni pubs, ni influenceurs, ni un passe-temps où on regarde la vie de nos proches mise en scène comme une émission de TV-réalité.

Pour mieux comprendre nos intentions et choix derrière Mobilizon, vous pouvez consulter le site joinmobilizon.org (version courte), ou lire notre long article de présentation sur le Framablog (version détaillée).

illustration : David Revoy (CC-By)

Notre photoroman : Rȯse Mobilize

Rȯse découvre un événement sur Mobilizon

Rȯse sent bien que la société d’hyper-consommation dans laquelle nous vivons est en train de détruire la planète. Un jour, sur un de ses médias sociaux habituels, Rȯse tombe sur un lien vers un événement « Plus d’arbres, moins de Pub ! » Le titre l’amuse et l’interpelle, alors elle clique.

Elle arrive sur un site qu’elle n’a jamais vu et qui semble s’appeler « Mobilizon ». On lui propose de venir cacher un écran de publicité vidéo en se tenant devant avec un parapluie. Elle apprend qu’en plus de polluer nos espaces publics avec des images qui captent notre attention, ces écrans sont munis de caméras et de capteurs qui analysent le nombre de passant·es, leurs réactions, etc.

Elle voudrait bien participer à l’événement présenté mais elle n’a pas envie de se créer un nouveau compte sur un énième site. Rȯse décide de participer « anonymement » à l’événement.

 

Pour participer anonymement à un événement, pas besoin de compte sur Mobilizon : le site demande juste à Rȯse de confirmer sa participation par email. Ça tombe bien, elle a créé une adresse email « poubelle » qui lui sert pour son shopping en ligne, et tous les sites qu’elle ne connaît pas et qui pourraient revendre ses coordonnées.

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Quelques jours plus tard, Rȯse se rend sur les lieux de l’événement et rencontre le groupe des ContribUtopistes. Iels lui proposent d’échanger un quart d’heure de son temps, à bloquer l’écran de pub avec un parapluie, contre une bouture d’arbre qu’elle pourra planter chez elle. Rȯse adore l’idée et passe la matinée à sympathiser avec les ContribUtopistes.

Rȯse s’inscrit sur Mobilizon

Bénédicte, la référente du groupe, explique à Rȯse que ces écrans fonctionnent comme Facebook : ils imposent de la pub dans notre vie tout en captant nos comportements et nos données. Bénédicte conseille à Rȯse d’aller sur mobilizon.org pour se renseigner par elle-même sur l’alternative que les ContribUtopistes ont choisie.

Rȯse est convaincue, elle a envie d’essayer Mobilizon. Elle comprend qu’elle doit se trouver une instance, c’est à dire un site web Mobilizon qui va héberger son compte et ses données. Elle se dit que si elle doit confier ses données, elle veut trouver un hébergeur de confiance. Elle va donc voir la page « à propos » de plusieurs instances Mobilizon pour voir comment ces hébergeurs se présentent et quelles sont leurs règles.

Rȯse a trouvé son instance, elle se lance. Elle se doute bien qu’elle ne va pas quitter Facebook du jour au lendemain, mais elle se dit qu’elle peut commencer par s’inscrire sur Mobilizon, quitte à devoir publier sur Facebook les liens vers les événements et groupes qu’elle veut promouvoir.

 

Rȯse veut rejoindre un groupe

Une fois son compte confirmé et son profil rempli (enfin un site qui ne demande pas beaucoup d’informations de profil !) Rȯse va sur la page des ContribUtopistes pour rejoindre le groupe.

Malheureusement, le bouton « rejoindre le groupe » ne marche pas, il est grisé. Visiblement, on ne peut pas demander à rejoindre un groupe, il faut y être invité. Lorsqu’elle se penche sur la question, Rȯse se rend compte que c’est juste une question de temps avant que cette fonctionnalité ne soit ajoutée au site.

Elle cherche comment faire pour se faire inviter au groupe des ContribUtopistes et voit qu’il y a un article « Devenez Contributopistes ! » sur la page du groupe. En fait, ces articles, c’est un peu comme un blog, se dit-elle.

Elle suit les instructions et va sur la page de l’événement auquel elle a participé et ajoute un commentaire rappelant qui elle est et demandant à être invitée au groupe.

L’anniversaire surprise de la maman de Rȯse

C’est bientôt l’anniversaire de la maman de Rȯse. Narcisse Boréal, son papa, demande à sa fille comment organiser une fête surprise sans passer par Facebook, pour ne pas vendre la mèche. Rȯse, la geek de la famille, explique à son papa comment se créer un compte sur Mobilizon.

Tout à son enthousiasme, Narcisse crée aussi l’événement pour inviter famille et ami·es à l’anniversaire surprise de sa compagne. C’est un formulaire assez court, et les options sont explicites :

Rȯse va sur son instance Mobilizon, mais n’y voit pas l’événement créé par son père. Elle se rend compte qu’il s’est inscrit sur un autre site web Mobilizon, une autre instance. Heureusement, ces instances sont fédérées : depuis la barre de recherche de son instance à elle, Rȯse peut trouver l’événement que son père a créé sur son instance à lui.

Rȯse cloisonne ses activités familiales et militantes

Rȯse hésite à s’inscrire sur l’événement de son père… Elle n’a pas envie que sa famille voie qu’elle a utilisé ce compte pour aller militer avec les ContribUtopistes ! Elle décide donc d’aller dans les paramètres de son compte pour se créer un nouveau profil.

Rȯse s’inscrit donc à l’événement de son papa avec ce nouveau profil, qu’elle utilisera uniquement pour les événements familiaux.

Elle en profite pour partager l’événement auprès de quelques membres de la famille, puis elle exporte l’événement pour ajouter la date dans son agenda en ligne.

Rȯse se mobilize pour les ContribUtopistes

Dans ses notifications, Rȯse s’aperçoit que les ContribUtopistes ont lu son message et l’ont invitée à rejoindre le groupe. Elle repasse sur son profil militant pour accepter l’invitation.

Dans le groupe, elle aperçoit une nouvelle discussion sur les leçons de l’événement précédent et la prochaine initiative du groupe

Au bout de quelques semaines, l’implication et la volonté de Rȯse ne passent pas inaperçus. Bénédicte, l’administratrice du groupe Les Contributopistes sur Mobilizon, décide de promouvoir Rȯse en tant que modératrice du groupe.

Rȯse fait fonctionner l’intelligence collective !

Devenir modératrice va permettre à Rȯse de prendre en charge l’organisation du prochain événement des ContribUtopistes. Elle crée un brouillon de l’événement « Collages pas sages » pour en discuter avec le groupe.

Cependant, Rȯse ne parvient pas à décrire l’événement toute seule. Elle décide de faire marcher l’intelligence collective et de créer un pad d’écriture collaborative. Sur Mobilizon, cela se fait en deux clics depuis l’espace Ressources du groupe.

Le groupe a bien travaillé, le texte est top. Rȯse n’a plus qu’à le mettre en page dans la description de l’événement des Collages Pas Sages et à le publier !

Prologue : les fennecs ne font pas des lapins

Quelques jours plus tard, Rȯse se rend sur l’événement. Quelle joie de voir que de nombreuses personnes s’y sont inscrites ! Soudain, alors qu’elle lisait les commentaires de l’événement, Rȯse pousse un petit cri de suprise :

Plusieurs membres de sa famille se sont inscrits à l’événement des collages pas sages, sans savoir que c’était Rȯse qui l’avait organisé ! Il y a même son père qui demande à rejoindre les ContribUtopistes.

Dans un sourire, Rȯse se dit qu’il faudra qu’elle leur montre comment se créer plusieurs profils sur Mobilizon, si jamais ça les intéresse.

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon.org, la porte d’entrée vers Mobilizon

Tout le monde n’est pas comme Rȯse. En vérité, chaque personne va avoir sa manière d’aborder Mobilizon : certaines vont vouloir s’inscrire tout de suite, d’autres vont chercher à comprendre les concepts politiques derrière l’outil numérique, alors que les derniers vont vouloir savoir comment cela fonctionne.

C’est pour cela que nous avons créé Mobilizon.org : c’est LE site à retenir et partager, qui vous aiguillera vers

illustration : David Revoy (CC-By)

Tous ces outils nous ont demandé du temps et du travail. Notre petite association (35 membres, 10 salarié·es) est financée quasi-exclusivement par les dons des particuliers. Si vous voulez soutenir ce travail et nous encourager à poursuivre, vous pouvez le faire par un don, déductible des impôts pour les contribuables français.

Soutenir Framasoft

Une autre manière de soutenir nos actions, c’est de vous en emparer, les utiliser et les faire connaître. Désormais, c’est à vous de vous rassembler, vous organiser et vous mobilizer… grâce à Mobilizon !

Premiers pas avec Mobilizon.org




Mobilizon. Your events. Your groups. Your data.

Mobilizon is our free-libre and federated tool to free events and groups from the clutches of Facebook. After two years of work, today we are releasing the first version of this software, along with a whole series of tools so that you can quickly get started.

Delayed because of pandemic

Announced almost two years ago on the Framablog (FR), Mobilizon was born  of our need to offer a solid alternative to Facebook to friends who organize climate walks, LGBT+ association organisations and new educational workshops with that platform’s limited options.

The success of our fundraising campaign (spring 2019) reinforced our belief that there was great demand for such an alternative. To this end, we worked with designers to understand the expectations of activists who use Facebook to gather and organize.

illustration: David Revoy (CC-By)

We planned to launch the first version (the « v1 ») of Mobilizon this summer. Life, however, has other plans. A global pandemic and a French quarantine induced a rush on the online collaboration services our small association offers. Our entire team, including the developer who carries the Mobilizon project on his shoulders, put their activities on hold to contribute to the collective effort.

However, the stakes behind Mobilizon are high. In our opinion, to be successful, Mobilizon must be :

  • Emancipatory. It is a software that we want to be free, federated and separate from the attention economy.
  • Practical. Mobilizon is above all a tool for managing your events, your profiles and your groups.
  • Welcoming. We have created and incorporated tools explaining how to use its features, to find your Mobilizon instance or even hos to install it yourself.

illustration : David Revoy (CC-By)

Building the freedoms that Facebook denies us

Federate to foster diversity

There is not one but several Mobilizons. By going to Mobilizon.org you will find a selection of instances: websites created by those who have installed Mobilizon software on their server. Each of these instances offers you the same service, but from a different host.

Multiplying Mobilizon instances is healthier for the Internet as it avoids the formation of web giants. Decentralizing usage over multiple Mobilizon instances prevents the creation of huge datasets that could be exploited for surveillance or mass manipulation.

It is also healthier for you: it allows you to find your host, the one whose management, terms of use, business model, moderation charter, etc. match your values.

Each of these Mobilizon instances can federate with others, as well as interacting with them. For example, if the « UniMobilized » and « MobilizedSports » instances are federated, UniMobilized user Camille will be able to register for the karate course her teacher has created on the MobilizedSports instance.

An event on Mobilizon

A software that respects your freedoms

Mobilizon is a free-libre software, so it respects your freedoms. This means for example, that its source code, the « recipe » that allows one to concoct Mobilizon, is made public for transparency’s sake. People who know how to code are free to browse the source code as they wish, to see for themselves whether there are hidden features (spoiler alert: there aren’t!).

Moreover, the culture of free-libre software is a community-driven culture of contribution. Mobilizon should therefore be seen as a digital commons, that everyone can use and to which everyone can contribute. Your remarks, feedback, skills (in translation, tests, explanations, code, etc.) will be considered as contributions to the common project.

Finally, if the direction given to the Mobilizon code does not suit you, you are completely free to create your own team and « fork » the software. Thus, several governances and directions can be given to the same initial project, which is a strong defence against any monopolization.

illustration : David Revoy (CC-By)

Saving your attention from the economy

The truth is, Mobilizon may feel confusing. Where most platforms gamble on your user experience and flatter your ego to better capture your attention and data, Mobilizon is a tool. It is not a hobby where you can scroll endlessly, simply a service to organize your events and groups.

Mobilizon is designed to not monopolize your attention: no infinite scrolling, no running to check likes and new friends.

Mobilizon makes it futile to inflate the number of participants in your event or the number of members in your group. When each account can create an infinite number of profiles, the numbers displayed by the membership counters are no longer an influencer’s badge.

Mobilizon is designed so that you can follow the news of a group, but not of an individual: it is impossible to follow a single profile. In Mobilizon, profiles have no « wall », « thread » or « story »: only groups can publish posts. The goal is to get rid of the self-promotional reflexes where we stage our lives to be the person at the center of our followers. With Mobilizon, it is not the ego but the collective that counts.

Finally, if there is no ability to like a comment or a message in a group discussion, it keeps the exchanges informative. This prevents the common exchange from turning into a dialogue-duel where you have to keep and save face.

In fact… we have to stop comparing Mobilizon to a free-libre Facebook clone. If user engagement is the new oil the giants of the web drill for, Mobilizon is an attempt, at our small level, of a tool designed for attentional sobriety.

« Do I have a Facebook face? »
— Mobilizon, freeing itself from the comparison

A service for your events, your profiles, your groups.

Mobilizon allows you to register for events

On Mobilizon instances you can find many events published by organizers: date, location (geographical or online), description… The event form gives you quick access to essential information, as well as the ability to register, add the event to your calendar or share it.

The search bar will give you results that match your keywords, your location or a specific time. This search is done within the events on the Mobilizon website you are browsing, but also across all events on other Mobilizon websites to which yours is linked, or « federated ».

When the organizers allow it, you can participate anonymously in an event: no need to log in a Mobilizon account, only a confirmation email will be required!

illustration : David Revoy (CC-By)

One account, one instance, several profiles

If you wish to participate more actively in events and groups (or even organize them yourself), you will need to create an account on one of the existing Mobilizon instances.

Before signing up, remember to find out about the instance you are interested in (starting with its « about » page). By looking at who administers this instance, their content moderation policy, their business model, who they choose to federate with or not, etc., you will know if the governance they apply to their Mobilizon website is right for you.

A single account will allow you to create as many profiles as you want. Note that multiple profiles are not a cyber security measure (which should be provided by other tools and practices). It is a social partitioning tool, allowing you to display different facets of yourself depending on the social groups you are involved with.

This will allow you, for example, to reserve one profile to register for family birthdays and another for work-related conferences, or to distinguish between groups related to your hobbies and those where you organize your activist activities.

In the left column you can see that this is Rȯse’s second profile.

Groups to discuss and organize

Currently, you must wait until you have been invited into a Mobilizon group before selecting one of your profiles to join. You can also create and organize your own group to invite whoever you want and define roles (and therefore permissions) of the new members of the group you administer.

In Mobilizon, groups have a public page where you can display a short presentation of the group, upcoming events and the latest posts published.

In the group members’ area, members can (depending on their permission level) start and participate in discussions, create new events and public messages or add new resources (link to a collaborative writing pad, online survey, etc.) in the group resources page.

A group page as seen by one of the members of this group

Mobilizon.org, the site to share

To help you find your way around and choose your instance, we designed Mobilizon.org. It’s a site that will guide you on your first steps, whether you want to get some info, test Mobilizon, find your instance, learn more, or contribute to Mobilizon’s future.

There you will find links to our facilitation tools, in French and English, such as :

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon, a common contributor

Meet Rȯse, Mobilizon’s mascott.
illustration : David Revoy (CC-By)

From the very start, Mobilizon has been a collective adventure. Framasoft would first of all like to thank and congratulate the developer, an employee of the association, who has devoted nearly two years of his professional life to making this tool a reality.

Of course our thanks also go to all the members, volunteers and employees, who contributed to the project, as well as to Marie-Cécile Godwin (conception, UX design), Geoffrey Dorne (graphic & UI design) and David Revoy (illustrations).

Finally, we would like to thank all the people who believed in this project and supported it through their sharing, their attention and their money, especially during the fundraising that helped finance this first version.

In the coming months, Framasoft is eager to see the creation of a community that will take over the Mobilizon code and, in the long term, take charge of its maintenance. This will be done according to good will and over time, but we hope that this new chick will one day be strong enough from your contributions to leave the nest of our association.

In the meantime, we are going to be very attentive to your feedback, your corrections and your desires on the evolutions to be brought to this tool. We also have a few ideas on our side and we have no doubt that Mobilizon will grow in the coming months.

Support Framasoft

This work can be acheived thanks to the support and donations that finance our association. Donations represent 95% of our income and give us our freedom of action. As Framasoft is recognized as being in the public interest, a donation of 100 € from a French taxpayer will, after deduction, be reduced to 34 €.

In the meantime, it is now up to you to mobilize to make Mobilizon known!

Get started on Mobilizon.org




Mobilizon. Vos événements. Vos groupes. Vos données.

Mobilizon, c’est notre outil libre et fédéré pour libérer nos événements et nos groupes des griffes de Facebook. Après deux ans de travail, nous publions aujourd’hui la première version de ce logiciel, accompagnée de toute une série d’outils pour que vous puissiez rapidement le prendre en main.

Retardé pour cause de pandémie

Décrit pour la première fois il y a près de deux ans sur le Framablog, Mobilizon est né de notre besoin de proposer une alternative solide à Facebook à nos ami·es qui y organisent des marches pour le climat, des permanences d’associations LGBT+ et des ateliers d’éducation nouvelle.

Le succès de la collecte lancée au printemps 2019 pour financer ce développement nous a conforté.e.s dans le fait qu’un tel outil était attendu et désiré. Nous avons donc travaillé avec des designers pour comprendre les attentes et les usages des militant·es qui utilisent Facebook pour se rassembler.

illustration : David Revoy (CC-By)

Si nous pensions finaliser et publier la première version (la « v1 ») de Mobilizon cet été, c’était sans compter sur une pandémie mondiale et un confinement français qui a induit une ruée sur les services de collaboration en ligne que notre petite association propose. L’ensemble de notre équipe, dont le développeur qui porte le projet Mobilizon sur ses épaules, a dû mettre entre parenthèses ses activités pour contribuer à l’effort collectif.

Pourtant, les enjeux derrière Mobilizon sont grands. À nos yeux, pour être réussi, Mobilizon doit être :

  • Émancipateur. C’est un logiciel que nous voulons libre, fédéré et hors de l’économie de l’attention.
  • Pratique. C’est avant tout un outil pour gérer vos événements, vos profils et vos groupes.
  • Accueillant. Donc accompagné d’outils expliquant comment l’utiliser, trouver votre hébergement Mobilizon ou l’installer vous-même.

Illustration : David Revoy (CC-By)

S’offrir les libertés que Facebook nous refuse

Fédérer pour favoriser la diversité

Il n’y a pas un mais des Mobilizon. En allant sur Mobilizon.org, vous trouverez une sélection d’instances, donc de sites web créés par des personnes qui ont installé le logiciel Mobilizon sur leur serveur. Chacune de ces instances vous propose le même service, mais chez un hébergeur différent.

Multiplier les instances Mobilizon est plus sain pour Internet : cela permet d’éviter la formation de géants du web. Décentraliser les usages sur de multiples instances Mobilizon empêche la création d’énormes jeux de données qui pourraient être exploités pour de la surveillance ou de la manipulation des masses.

C’est aussi plus sain pour vous : cela vous permet de trouver votre hébergeur, celui dont la gestion, les conditions d’utilisation, le modèle économique, la charte de modération, etc. correspondent à vos valeurs.

Chacune de ces instances Mobilizon peut se fédérer aux autres, et ouvrir les interactions. Par exemple, si les instances « MobilizTaFac » et « SportMobilizé » sont fédérées, Camille qui a un compte d’étudiante sur MobilizTaFac pourra s’inscrire au stage de karaté, alors que son prof l’a créé sur l’instance SportMobilizé.

Présentation d’un événement sur Mobilizon

Un logiciel qui respecte vos libertés

Mobilizon est un logiciel libre, donc qui respecte vos libertés. Cela signifie par exemple que son code source, la « recette de cuisine » qui permet de concocter Mobilizon, est rendu public, dans un souci de transparence. Les personnes qui savent coder, par exemple, sont libres d’aller y jeter un œil et de dire s’il y a des fonctionnalités cachées (divulgâchis : il n’y en a pas !)

Par ailleurs, la culture du logiciel libre est une culture communautaire de la contribution. Il faut donc considérer Mobilizon comme un commun numérique, dont chacun peut s’emparer et auquel chacune peut contribuer. Vos remarques, retours, participations (en traduction, tests, explications, code, etc.) seront considérées comme autant d’apports au projet commun.

Enfin, si la direction donnée au code de Mobilizon ne vous convient pas, vous êtes tout à fait libre de créer votre propre équipe et de « fourcher » le logiciel. Ainsi, plusieurs gouvernances et plusieurs directions peuvent être données à un même projet initial, ce qui est un rempart fort contre toute volonté de monopolisation.

Illustration : David Revoy (CC-By)

Vous laisser en maîtrise de votre attention

À vrai dire, Mobilizon risque de vous bousculer dans vos habitudes. Là où la plupart des plateformes gamifient votre expérience d’utilisation et flattent votre ego pour mieux capter votre attention et vos données, Mobilizon est un outil. Pas un passe-temps où l’on peut scroller à l’infini, juste un service pour organiser vos événements et vos groupes.

Mobilizon est conçu pour ne pas capter votre attention : pas de scroll infinis, de course aux likes et aux amis.

Mobilizon rend futile toute envie de gonfler le nombre de participant·es à votre événement ou de membres dans votre groupe. Lorsque chaque compte peut se créer une infinité de profils, alors les nombres affichés par compteurs d’inscrit·es ne sont plus un signe extérieur d’influence.

Mobilizon est conçu pour que vous puissiez y suivre les actualités d’un groupe, mais pas d’une personne : il est impossible de suivre les actualités d’un profil. Car dans Mobilizon, les profils n’ont pas de « mur », de « fil » ni de « story » : seuls les groupes peuvent publier des billets. L’objectif est de se défaire des réflexes d’auto-promotion où l’on se met en scène pour être la personne au centre de ses followers. Avec Mobilizon, ce n’est pas l’ego mais la construction du collectif qui compte.

Enfin, s’il n’y a pas la possibilité de liker un commentaire ou un message dans une discussion de groupe, c’est pour garder les échanges informatifs. Cela évite que l’échange en commun ne tourne au dialogue-duel où il faut faire bonne figure.

En fait… il faut qu’on arrête de comparer Mobilizon à un clone libre de Facebook. Si votre attention est le nouveau pétrole que s’arrachent les géants du web, Mobilizon est une tentative, à notre petit niveau, d’un outil conçu pour la sobriété attentionnelle.

« Est-ce que j’ai une gueule de Facebook ? »
— Mobilizon, qui s’émancipe de la comparaison.

Un outil pratique pour vos événements, vos profils, vos groupes.

Mobilizon permet de s’inscrire à des événements

Sur les instances de Mobilizon, vous pouvez trouver de nombreux événements publiés par des organisateur·ices : date, lieu (géographique ou en ligne), description… La fiche d’un événement vous donne accès au plus vite aux informations essentielles, ainsi que la possibilité de vous inscrire, d’ajouter l’événement à votre agenda ou de le partager.

La barre de recherche vous donnera des résultats qui correspondent à vos mots-clés, à votre localisation ou à un moment précis. Cette recherche se fait dans les événements du site web Mobilizon où vous naviguez, mais aussi parmi tous les événements des autres sites web Mobilizon auquel le vôtre s’est relié, ou « fédéré ».

Lorsque les organisateur·ices le permettent, vous pouvez participer anonymement à un événement : pas besoin de se créer un compte Mobilizon, seul un email de confirmation sera nécessaire !

Illustration : David Revoy (CC-By)

Un compte, un hébergement, mais plusieurs profils

Si vous désirez participer plus activement à des événements et des groupes (voire les organiser vous-même), il faudra vous créer un compte sur une des instances Mobilizon existantes.

Avant de vous inscrire, pensez à vous renseigner sur l’instance qui vous intéresse (en commençant par sa page « à propos »). C’est en regardant qui sont les personnes qui administrent cette instance, leur politique de modération des contenus, leur modèle économique, avec qui iels choisissent de se fédérer ou non, etc. que vous saurez si la gouvernance qu’iels appliquent à leur site web Mobilizon vous correspond.

Un seul et unique compte vous permettra de créer autant de profils que vous voudrez. Notez que ces profils multiples ne sont pas une mesure de cyber-sécurité (qui doit être assurée par d’autres outils et pratiques). Il s’agit d’un outil de cloisonnement social, permettant d’afficher différentes facettes de votre personne suivant les groupes sociaux où vous agissez.

Cela vous permettra, par exemple, de réserver un profil pour vous inscrire aux anniversaires familiaux et un autre pour des conférences liées au travail, ou encore de distinguer les groupes liés à vos loisirs de ceux vous permettant d’organiser vos activités militantes.

Sur la colonne de gauche, on voit que c’est le deuxième profil de Rȯse.

Des groupes pour discuter et s’organiser ensemble

Pour l’instant, il vous faut attendre d’avoir été invité·e dans un groupe Mobilizon avant de sélectionner un de vos profils pour rejoindre ce groupe. Vous pouvez aussi créer et organiser votre propre groupe pour y inviter qui bon vous semble et définir les rôles (et donc les autorisations) des nouveaux membres du groupe que vous administrez.

Dans Mobilizon, ce sont les groupes qui disposent d’une page publique où vous pouvez exposer une courte présentation du groupe, les événements à venir et les derniers billets publiés par le groupe.

Dans l’espace réservé aux personnes inscrites au groupe, les membres peuvent (suivant leur niveau d’autorisation) ouvrir et participer aux discussions, créer de nouveaux événements et billets ou ajouter de nouvelles ressources externes (lien vers un pad d’écriture collaborative, un sondage en ligne, etc.) dans la page des ressources du groupe.

La page d’un groupe vue par une des membres de ce groupe

Mobilizon.org, le site à partager

Pour vous aider à vous y retrouver et à choisir votre instance, nous avons conçu Mobilizon.org. C’est un site qui vous aiguillera selon vos besoins, que vous vouliez en savoir plus, tester, trouver votre instance, approfondir vos connaissances ou contribuer au futur de Mobilizon.

Vous y trouverez des liens vers nos outils de facilitation, en français et en anglais, tels que :

Illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon, un commun contributif

Voici Rȯse, la mascotte de Mobilizon.
illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon est, depuis le début, une aventure collective. Framasoft tient avant tout à remercier et féliciter le développeur, salarié de l’association, qui a consacré près de deux ans de sa vie professionnelle à concrétiser cet outil.

Bien entendu nos remerciements vont aussi à l’ensemble des membres, bénévoles et salarié·es, qui ont contribué au projet, ainsi qu’à Marie-Cécile Godwin (conception, UX design), Geoffrey Dorne (graphisme, design UI), David Revoy (illustrations).

Enfin, nous voulons remercier toutes les personnes qui ont cru à ce projet et l’ont soutenu par leurs partages, leur attention et leur argent, notamment lors de la collecte qui a permis de financer cette v1.

Dans les prochains mois, Framasoft souhaite vivement que se crée une communauté qui s’empare du code de Mobilizon et, à terme, prenne en charge son maintien. Cela se fera en fonction des bonnes volontés et sur la durée, mais nous espérons que ce nouvel oisillon sera un jour assez fort de vos contributions pour quitter le nid de notre association.

En attendant, nous allons être très attentives et attentifs, dans les prochaines semaines, à vos retours, vos correctifs et vos envies sur les évolutions à apporter à cet outil. Nous avons aussi quelques idées de notre côté et nous ne doutons pas que Mobilizon va s’étoffer dans les mois à venir.

Soutenir Framasoft

Ce travail ne se fera que grâce aux soutiens et aux dons qui financent les actions de notre association. En effet, les dons des personnes qui nous soutiennent représentent 95 % de nos revenus et nous offrent notre liberté d’action. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

En attendant, c’est désormais à vous de vous mobilizer pour faire connaître Mobilizon !

Premiers pas avec Mobilizon.org




QueerMotion, un collectif de créateur⋅ices sur PeerTube

Iels ont lancé leur instance PeerTube il y a quelques mois, alors on s’est dit que c’était l’occasion de vous les présenter : le collectif QueerMotion. Et pour cela on vous a concocté une chouette interview, que nous avons égayée de quelques créations vidéo des talentueu⋅ses vidéastes publiant sur cette instance.

Bonjour le collectif QueerMotion ! Est-ce que vous pourriez vous présenter au lectorat du Framablog ?

Bonjour cher·es lecteur·ices du Framablog ! Nous sommes un collectif de personnes queers créant du contenu vidéo ou audio en ligne que nous essayons de réunir sur notre instance PeerTube : https://queermotion.org. À l’heure où nous écrivons, nous sommes tous·tes issu·es de diverses associations LGBTQIAP+ et autres collectifs trans, non-binaires, et handis. Du fait de nos origines militantes et de nos identités multiples, nous portons des valeurs féministes et intersectionnelles et souhaitons construire un groupe ouvert à toute personne queer créant de l’audiovisuel. =)

  • Charlie Doe, podcasteur sur la chaîne Le DoeCast, abordant la santé mentale, le handicap et le militantisme. Dans une démarche politique, iel partage sa thérapie concernant ses diagnostics récents : trouble du déficit de l’attention (TDAH – neuroatypie), trouble borderline et trouble bipolaire de type 2 (psychoatypie).
  • Avril Dystopie, Nathanaël et Adélaïde, du Cercle des conteureuses disparues, un collectif de mises en voix libre et intersectionnel. Iels proposent l’enregistrement d’œuvres littéraires (romans, théâtre, poèmes…), animées, illustrées, ou musicales, avec une approche militante.
  • JuneasinJuly, étudiant en théâtre, iel est acteur au conservatoire, modèle, musicien et fondateur du cercle des conteureuses disparues.
  • Orso, initiateur de Queernest Radio, la radio collective de podcast et de soin par et pour des personnes trans & queer. Il propose notamment la mise en voix de textes militants ou artistiques.
  • Elora Bertrand, cinéaste, réalisateur du célèbre court métrage « PRONOMS », déjà viral sur YouTube, ainsi que du manifeste « Corps en Construction », sélectionné au Pink Screen festival de Bruxelles en novembre 2020. Iel propose des projets autour de la communauté queer et trans, avec des équipes composées majoritairement de personnes concernées.

L’instance PeerTube QueerMotion

  • JacqueerMD, cinéaste, il est aussi auteur d’un magnifique court métrage viral sur YouTube : « Lettres à X ». Il propose sur QueerMotion ses courts métrages traitant de thématiques LGBTI+.
  • Em B. Green, auteur·e-compositeur·ice-interprète confirmé·e, deux E.P à son actif ainsi que de nombreuses collaborations (Aurélia Barraud Trio, Tokyo/Overtones, les Sis Jones, Pretty Poet…). Il est aussi membre de la Compagnie La Bande Magnétique, théâtre, conte et clown d’impro. Un clip est en cours de production, sa sortie est prévue pour 2021.
  • Solen et Nathan, graphistes-motion designers, modérateurs et même lords officiels de QueerMotion. =)
    Iel et il ont notamment créé l’identité visuelle de QueerMotion : logo, couleurs, bannières…
  • Lane Guenard, (ça se prononce comme Lois Lane, Wisteria Lane, etc.), co-fondataire de QueerMotion, scénariste-réalisataire amataire. Ul travaille sur un projet de web-série et propose un vlog portant sur l’écriture scénaristique, la réalisation, et les difficultés liées à sa/ses neuroatypie(s), et à ses problèmes de santé.
  • Kimsible (prononcez Kim-ssi-beul), co-fondatrice de QueerMotion, contributrice PeerTube, admin de l’instance et pianiste amateure, elle propose des interprétations d’arrangements ou reprises de thèmes de jeux-vidéos et films d’animation.

 

QueerMotion est une instance PeerTube qui propose d’héberger des contenus créés par des personnes Queer… Mais qu’est-ce que ça veut dire, être « Queer » ?

Nous définissons le mot « Queer » comme un terme générique qui englobe à la fois toutes les identités de genre, intersexuations, orientations sexuelles, romantiques et relationnelles qui diffèrent de la norme hétéro, cisgenre et dyadique, ainsi que le refus de toute forme de politique d’assimilation culturelle. À l’origine c’est une insulte, que la communauté LGBTI+ s’est réappropriée. En effet, nous réapproprier un terme insultant nous permet de rééquilibrer les choses en enlevant aux personnes qui nous insultent la possibilité de nous blesser avec ce terme. Maintenant, on le porte fièrement comme terme générique pour désigner les personnes LGBTQIA+, en tout cas, celles qui souhaitent se désigner par ce terme. 🙂

Si les mots « intersexe », « cisgenre » et « dyadique » ne vous sont pas familier, n’hésitez pas à consulter le glossaire de La vie En Queer ou la vidéo C’est quoi Intersexe ? de Mischa.

 

Et du coup, QueerMotion est une instance réservée aux contenus liés aux cultures Queer ou bien aux personnes s’identifiant comme Queer ? Pourquoi ce choix ? Pourquoi avoir entrepris l’effort de créer une plateforme d’hébergement vidéo gérée par et pour des personnes Queer ?

Nous sommes en non-mixité queer, c’est-à-dire qu’il faut être une personne queer pour pouvoir être membre du collectif et donc poster du contenu vidéo et audio sur l’instance. Les contenus ne sont pas obligatoirement liés aux cultures Queer, mais la démarche est militante dans tous les cas, car elle vise à mettre en valeur les créateur·ices queers : auteur·ices, acteur·ices…

Ce choix est assumé par la volonté de se créer notre propre espace dédié pour 3 raisons essentielles :

  • se protéger des violences et discriminations relevant d’une oppression dont nous sommes, pour une ou plusieurs raisons, déjà victimes au quotidien : cissexisme/transphobie, biphobie, racisme, sexisme/misogynie, validisme, psychophobie… ;
  • s’assurer d’avoir une voix audible qui ne soit pas noyée dans la masse ;
  • s’assurer que nos existences et nos luttes soient affirmées et qu’aucune personne non-concernée ne les remette en question.

Autrement dit, cet espace nous permet de nous soutenir, de nous conseiller et de nous sentir plus en sécurité entre personnes concernées. On appelle ça de l’empouvoirement queer (mot français pour « empowerment »). Enfin, l’accès, la possibilité de commenter et le partage de nos créations sont évidemment publiques et pour tous·tes, le but final étant aussi d’éduquer d’autres personnes que nous.

Lettres à X, court métrage mettant en scène l’évolution d’une relation amoureuse entre deux jeunes hommes

 

Lors d’un Confinatelier, David Revoy nous a appris que Sepia, mascotte poulpe de PeerTube, n’a pas de genre… Vous auriez des astuces pour nous aider à parler de… ellui ? de iel ?
Voici la définition de la non-binarité portée par le Collectif Non-Binaire :

La non-binarité est définie comme le fait de ne s’identifier ni exclusivement homme, ni exclusivement femme – et ce, sur la base de l’auto-détermination. Cela comprend le fait de s’identifier en partie homme, en partie femme, les deux à la fois, entre les deux, ni l’un ni l’autre, etc. Nous différencions la non-binarité, qui est une identité de genre, et l’expression de genre qui elle, concerne l’apparence.

L’absence de genre est désignée par le terme « agenre », représentée par la couleur noire sur le drapeau non-binaire. Une personne non-binaire peut utiliser les pronoms « elle », « il », ou « iel » voire un ou plusieurs néo-pronoms « al », « ol », « ul », « ille » … ainsi que les accords féminins, masculins, inclusifs ou neutres. Il y a deux façons d’employer le neutre : en utilisant des tournures épicènes ou une grammaire neutre. Le neutre grammatical sert à désigner exclusivement une personne non-binaire. Les deux sources francophones les plus couramment utilisées sont les genres neutres proposés par Alpheratz et La Vie En Queer.

Dans les espaces militants, l’échange de prénoms, pronoms et accords durant un tour de table sont devenus systématiques. Dans la vie courante, nous attachons une importance à laisser la personne se genrer elle-même, éventuellement lui demander à l’oreille en gardant la plus grande discrétion, car même si nous connaissons son/ses prénom(s), pronoms et accords, il se peut qu’elle ne soit pas « out » publiquement ou dans un cercle social particulier (professionnel, familial ou amical). Par exemple : Al est heureuxe (Al + accords neutres), Il est contente (Il + accords féminins), Iel est content (Iel + accords masculins), Aël est content·e (Aël + inclusif). Dans le collectif QueerMotion, nous proposons aux membres de se présenter avec leur pronoms et accords dès leur intégration.

Pour revenir à Sepia, il faut se baser sur son auto-détermination, en supposant que Sepia ait la capacité de communiquer pour nous l’exprimer. Mais tant qu’on ne sait pas, l’utilisation du neutre par les tournures épicènes est la manière la plus respectueuse de parler de Sepia. =) Se penche et chuchote à l’oreille de Sepia : « Quels sont tes pronoms et accords, si ce n’est pas indiscret ? ^o^ »

Pronoms, un court-métrage sur le parcours d’un·e adolescent·e, découvrant les possibilités qui s’offrent à iel en termes de genre et d’identité

 

Du coup, si je m’identifie comme Queer et que je veux publier mes créations vidéos sur une instance PeerTube, pourquoi est-ce que j’irais sur QueerMotion.org ?
L’instance QueerMotion.org possède plusieurs avantages :

  • Le point commun des vidéos postées sur l’instance est que leurs auteur·ices sont queer. Nous n’imposons pas de sujet particulier : à partir du moment où l’auteur·ice queer est mis·e en avant et respecte les valeurs du collectif, iel peut donc poster n’importe quel type de vidéos ou d’audios (contenu militant, culturel LGBTQIAAPP+, culturel non-LGBTQIAAPP+, courts métrages, chansons, mises en voix, etc.) ;
  • Faire partie d’un collectif portant des valeurs féministes ;
  • Évoluer dans un espace relativement « safe » en non-mixité queer. Cela permet aux utilisateur·ices de bénéficier d’un sentiment d’appartenance à cette communauté ;
  • Faire partie d’un collectif, prendre des décisions au sein de ce collectif et participer à sa gestion en toute horizontalité ;
  • Accéder à un réseau de compétences et pouvoir les partager (graphisme, motion design, prise d’image, prise son, montage, mixage sonore, étalonnage, etc.) ;
  • Se familiariser si on le souhaite avec le logiciel libre dans ses aspects techniques et éthiques (administration d’un serveur, contribution au code source…) ;
  • Rencontrer des gens très chouettes avec qui on partage des valeurs communes ! 🙂
Les Preuses Chevalières, une fiction queer audio

 

(Attention : sarcasme !) « Mais pourtant, Google est notre ami à toustes, non ? En Juin, on voit souvent un rainbowflag sur le logo de YouTube… » Plus sérieusement : vous pensez qu’il y a un problème sur le traitement des créatrices et créateurs Queer par les plateformes vidéos actuelles ?

Nous le pensons et alertons depuis quelque temps, en tant que Queer et créateur·ices aussi sur YouTube pour certain·es d’entre nous. Les contenus référencés avec des mots-clés LGBTQIA+ sont automatiquement démonétisés et classés dans le contenu restreint de YouTube, les chaînes Queers sont peu ou pas mises en avant, très probablement à cause d’entreprises-annonceurs refusant d’être associés à ce type de contenu. De plus, une différence de traitement est également constatée dès qu’une attaque est ciblée contre notre communauté, les signalements de ces vidéos/vidéastes n’aboutissent que rarement ou pas du tout.

Plusieurs vidéastes Queers influents sur YouTube en parlent dans un article de Têtu. Les excuses ou le marketing visuel aux couleurs du drapeau LGBT+ peuvent sembler être une bonne initiative, mais il s’agit selon nous uniquement de moyens de se donner une image progressiste ou engagée pour la communauté queer, afin de masquer l’inaction de l’entreprise sur ces sujets, la priorité restant avant tout de satisfaire les annonceurs et de préserver le modèle économique existant. Ici, nous tombons pile poil dans une manœuvre de « Pinkwashing » de la part de Google.

 

Et qu’est-ce qui ne va pas pour vous avec une chaîne youTube classique ? ça n’existe pas déjà des chaînes YT « queer » ? allez tiens par exemple cette vidéo ou celle-ci (oui j’ose donner des liens vers YT pour vous troller un peu)

Nous respectons le choix d’être sur YouTube ou sur une instance PeerTube plus généraliste. La plupart d’entre nous balancent entre YouTube et l’instance QueerMotion car il n’est pas aisé de faire le pas vers du 100% PeerTube. Toucher des personnes non-concernées est plus facile sur YouTube, malgré les sacrifices éthiques et d’auto-censure que nous sommes amené·es à mettre en place pour y avoir une place.

Pour rendre visibles des contenus sur les réseaux sociaux, des codes bien précis ont été établis par les GAFAMs, et notamment à outrance pour une chaîne YouTube classique :

  • Durée de contenu courte ;
  • Référencement par mots-clés ;
  • Flatter l’algorithme de YouTube afin de gagner en visibilité sur le site : incitation à mettre un pouce bleu, commenter, et s’abonner.

PeerTube respecte ces codes, car il est devenu difficile de s’en détacher. Cependant, ces éléments n’y ont pas autant d’importance que sur YouTube ou un autre réseau social classique. Néanmoins, une instance PeerTube a toujours la liberté de ne pas utiliser ces fonctionnalités. À noter que QueerMotion a pour le moment décidé de les conserver afin de ne pas trop dépayser ses membres, tout en se donnant la possibilité de s’en affranchir plus tard.

Rappelons que YouTube collecte les données personnelles des utilisateur·ices, et impose même la publicité sur des contenus sous licence Creative Commons. Ce ne sera jamais le cas sur QueerMotion.org, car ce ne sont pas des valeurs portées par le collectif. Enfin, sur YouTube, nous sommes plus exposé·es. Avoir une instance qui nous est dédiée est aussi un moyen de nous reposer et de prendre soin de nous dans un espace plus « safe ».

Les antidépresseurs, 1er épisode d’une série de podcasts sur les médocs

 

Comment envisagez-vous les opérations de modération, vos choix de fédérer ou non, etc. ? Vous avez établi collectivement une stratégie en amont, un code de conduite ou bien c’est prévu pour bientôt ?

Nous savons que la modération demande des moyens humains non négligeables et notre priorité est avant tout de se concentrer sur la création de contenus. Plusieurs choix ont donc été réfléchis en amont concernant les inscriptions et la fédération :

  • L’inscription donne accès à un compte limité : commenter, créer des listes de lecture ou chaînes ;
  • Autoriser l’envoi de vidéos ou audios uniquement pour les comptes des membres du collectif ;
  • Approuver manuellement le suivi par de nouvelles instances ;
  • Ne pas suivre automatiquement les instances.

Tous les contenus postés, commentaires compris, doivent respecter les valeurs de notre manifeste et du code de conduite.

 

Vous êtes un collectif, donc c’est une décision collective de permettre à un⋅e vidéaste de diffuser sur votre instance ? Comment ça va se passer au juste, il y a un délai pour une décision collégiale ?

Les personnes qui souhaitent participer à la validation des demandes s’occuperont du suivi des nouvelles·aux membres, dès la création ou mise à jour du compte PeerTube, les quelques premières vidéos seront vérifiées et ensuite nous lèverons cette vérification. Il n’y a pas de délai particulier mais nous essayons d’aller au plus vite en fonction du temps que nous pouvons donner bénévolement.

 

C’est quoi la limite ? Par exemple, du porno, vous prenez ? Il y aura des chaînes « adultes » d’accès réservé avec avertissement « plus de 18 ans » etc. ? Comment avez-vous choisi de gérer les contenus potentiellement choquants chez certaines personnes ?

Pour le moment, nous ne prévoyons pas de contenus ou de chaînes strictement « adultes, » étant donné que l’âge minimum pour entrer dans le collectif est de 16 ans. La question du porno a été plusieurs fois abordée et nous avons jugé nécessaire de n’accepter que des contenus en rapport avec le « porno » ayant une dimension éducative, féministe et limités aux plus de 16 ans, dans le cadre autorisé par la loi pour la télévision ou les jeux vidéo, c’est-à-dire, pas de scènes de sexe explicites. Nous floutons les miniatures et alertons avant visionnage des vidéos et audios potentiellement choquants. Autrement dit, ces contenus sont classés Not Safe For Work (NSFW). Nous avons également mis en place un système de Trigger Warning (avertissement aux spectateur⋅ices) à placer dans la description si une partie du contenu peut être sensible ou interférer avec le message de l’œuvre dans sa globalité.

Corps en Construction, manifeste filmé d’Elora Bertrand sur les corps trans

 

Et sur le plan pratique ? Comment je fais pour vous rejoindre et me créer un compte sur QueerMotion ? Je dois obligatoirement parler de cultures Queer ? Je pourrai monétiser mes vidéos ? Bref… hyper concrètement : c’est quoi, vos conditions ?

Sur le plan pratique, pour nous rejoindre, il suffit simplement d’être Queer et de proposer du contenu audiovisuel qui soit en accord avec nos valeurs, quel que soit le sujet ou le thème. Le contenu n’est pas à proprement parler militant, mais la démarche l’est dans tous les cas. =) Avoir déjà une présence numérique publique (Blog, YouTube, Mastodon, vidéos ou audios déjà enregistrés, etc.) aide très fortement à nous faire une idée. Pour chaque demande, nous transmettons un formulaire d’adhésion avec des questions ciblées pour en savoir plus sur la personne, ce qu’elle souhaite proposer comme contenu, partager comme compétence(s) au sein du collectif, où elle se situe dans sa compréhension des espaces non-mixtes… Parmi les conditions, nous imposons évidemment la non-monétisation des vidéos sur l’instance, le choix d’une licence Creative Commons, et avoir un projet concret ou déjà du contenu à proposer.

 

Sur la page de votre collectif, vous affirmez être concerné·es par les identités LQBTQIAAP+, ainsi que par les questions de racisme, celles de handicap et de validisme… Juste en dessous, vous conditionnez l’hébergement de contenus vidéos à une publication sous une licence Creative Commons (ce qui induit que ces œuvres seront libres ou de libre diffusion). Vous voyez un point commun à toutes ces valeurs fortes ?

Nous pensons que la mise en commun de notre travail par la libre diffusion est importante. Beaucoup de questions ou mouvements nous concernant et apportant une analyse intersectionnelle, comme les « Disability Studies », Études des handicaps dans leurs contextes sociaux, culturels et politiques, ou encore les « Queer Studies » ou la décolonisation, sont peu explorés ou volontairement ignorés dans le monde francophone. Certains de ces termes n’ont pas de traduction évidente en français et sont surtout des sujets de recherche anglo-saxons, ou soi-disant uniquement en lien avec l’histoire de ces pays.

Un choix qui est évidemment politique : visionner, apprendre, partager, copier, etc., gratuitement et librement, permet de casser les normes élitistes visant à rendre exclusives des connaissances, des cultures, à une poignée de personnes ayant les moyens d’avoir une éducation, et très souvent d’en exclure les personnes concernées.

Dans les réponses précédentes, nous avons affirmé vouloir échapper à la censure, à l’utilisation de nos données personnelles et à un modèle publicitaire normalisant. La démarche libératrice, est selon nous, le point commun à toutes ces valeurs fortes.

Rassure-moi, un texte personnel avec fond musical à écouter dans les mauvais moments

 

Quelles sont les améliorations que vous aimeriez voir dans PeerTube (c’est le moment d’être critique !)

Nous voyons trois axes importants d’amélioration dans PeerTube :

1. La modération
En effet, le manque d’outils de modération implique que la majorité des instances sont aujourd’hui à inscriptions limitées ou simplement fermées (comme QueerMotion.org lors des premiers mois de sa création). D’un autre côté, quand on ferme les inscriptions, on aimerait avoir la possibilité d’envoyer des liens d’invitation par e-mail redirigeant sur le formulaire d’inscription afin de fluidifier la création de compte. Les commentaires ont aussi besoin de plus d’outils de modération, comme la suppression définitive et multiple de commentaires ou la validation avant publication, localement et sur les instances suiveuses. Les récentes versions de PeerTube apportent leur lot d’améliorations plus que bienvenues et sont un très bon début pour aller dans ce sens. Dans notre cas, ces fonctionnalités seraient très importantes pour se prémunir d’attaques ciblées régulières contre notre communauté. Pour les contenus « Adultes, » un profil de vidéos « contenu adulte +18 ans à caractère sexuellement explicite » séparé du contenu sensible NSFW, qui n’est pas toujours exclusivement du contenu adulte, serait bienvenu. Pouvoir ajouter des « Trigger warning » dans le message d’alerte de contenu sensible serait aussi une amélioration notable.

2. L’UX et UI du lecteur de vidéo
L’envoi explicite d’audios sur PeerTube est une fonctionnalité non négligeable. Une instance n’ayant que très rarement la possibilité de grossir autant qu’un YouTube ou un Dailymotion, pour des raisons évidentes de coût et de modération, le format et la fréquence des contenus changent. Sur QueerMotion.org nous voyons plus de podcasteur⋅euses, musicien⋅nes… Apporter une amélioration nette à l’interface du lecteur, comme le fait SoundCloud notamment, avec une barre constamment présente en bas de page pourrait être un vrai plus par rapport à YouTube. Cette fonctionnalité est, selon nous, bien plus importante que le « live. »

3. Installation et administration du serveur d’une instance
Les installations « bare-metal », Yunohost, ou docker ne sont pas accessibles à tout le monde. Elles demandent un minimum de connaissances en administration système, notamment pour la surveillance (sauvegardes, migrations…) du serveur, comme la plupart des logiciels auto-hébergés. Ces lacunes tendent à disparaître. La communauté PeerTube étant grandissante, à l’avenir, nous espérons voir des services « éthiques » permettant d’automatiser le déploiement et la surveillance système d’une instance sur un hébergeur/serveur.

Voici une liste des autres fonctionnalités très demandées dans notre collectif :

  • Modification de l’identifiant :
    Permettre de modifier les identifiants de compte et de chaîne ;
    Très problématique sur YouTube pour les personnes utilisant leur prénom et concernées par un changement d’état civil suite à une transition de genre.
  • Co-créateur·ices sur les chaînes/changement de propriétaire de chaîne
    Permettre d’ajouter des comptes co-créateur·ices sur une chaîne, pouvant aussi envoyer des vidéos ;
    Changer le propriétaire d’une chaîne.
  • Connecter un compte PeerTube à Liberapay.com
    Permettre de répartir une campagne de dons commune à tous·tes les créateur·ices.
Reprise de Space Oddity, de David Bowie

 

Et enfin, comme toujours sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin…

QueerMotion est encore tout jeune, mais l’avenir s’offre à nous ! On vous remercie de nous avoir permis de nous présenter et de présenter notre collectif. Nous espérons que cela vous donnera envie de nous soutenir et de venir regarder ce que nous faisons !

 

Pour aller plus loin :
Le Site du collectif
Les Vidéos du collectif
Le Manifeste
Rejoindre le collectif
Soutenir le collectif
Contacter le collectif




Annuaire des acteurs et actrices de l’accompagnement au numérique libre

En octobre 2019, nous avons publié un article signalant notre besoin d’identifier les acteurs et actrices de l’accompagnement au libre dans lequel nous proposions à toutes celles et ceux qui exercent une activité de médiation numérique (bénévole et/ou professionnelle) autour des logiciels libres de répondre à un questionnaire en ligne.

L’objectif : recenser les personnes, structures et organisations réalisant des accompagnements au numérique libre et publier leurs coordonnées dans un annuaire pour celles qui le désirent. Nous souhaitions d’une part pouvoir estimer la taille de l’écosystème dans lequel nous nous inscrivons, d’autre part pouvoir réorienter les demandes que nous recevons vers d’autres acteur·ices, plus disponibles, plus localisé·es ou plus spécialisé·es que nous.

Une publication retardée pour cause de pandémie mondiale

Nous avons confié ce travail à La dérivation, un collectif d’éducation populaire composé de Mélissa et Lunar, deux camarades de longue date de Framasoft. Nous avons reçu 402 réponses à ce questionnaire. Et après avoir supprimé les réponses vides, les doublons et celles hors du périmètre de l’enquête, nous avons retenu 371 réponses, dont 293 ont choisi de figurer dans l’annuaire.

Nous avions prévu de publier cet annuaire au printemps, mais la diffusion d’un tel recensement au beau milieu d’une pandémie et d’un confinement général ne nous a pas semblé pertinente. Merci pour votre patience concernant ce délai entre l’enquête et la publication des résultats. La « photo » prise par ces documents est de fait déjà un peu datée au moment de sa sortie. Nous espérons cependant qu’elle permettra à celles et ceux qui recherchent un accompagnement dans ce domaine de trouver des contacts adéquats vers lesquels se tourner.

Nous avons fait le choix de ne pas faire figurer dans cet annuaire les structures proposant des accompagnements dédiés à un logiciel ou à une solution technique précise. Notre raisonnement étant que les personnes cherchant un accompagnement sur un outil bien spécifique seront mieux renseignées par une requête type « formations Dolibarr » dans un moteur de recherche.

L’annuaire des acteurs et actrices de l’accompagnement au numérique libre

L’annuaire des accompagnements présente plusieurs moyens de découvrir les données récoltées par ce questionnaire. L’annuaire alphabétique diffuse les informations de chaque répondant⋅e et plusieurs index (type de public, domaine d’intervention, format d’intervention, zone géographique) permettent d’y référer. Diffusé au format .pdf, cet annuaire est à considérer comme un instantané : les informations qui y sont indiquées ne sont peut-être plus à jour et méritent donc d’être vérifiées.

Framasoft menant de front de nombreux projets, nous ne nous lancerons pas dans la mise à jour régulière des données qui composent cet annuaire. Mais en publiant les données brutes, nous permettons à la communauté d’en prendre connaissance pour proposer des modalités de recherche différentes et/ou la création de nouvelles interfaces y donnant accès, et potentiellement permettant de les mettre à jour.

Ces données brutes sont disponibles sous 2 formats. Le fichier Accompagner_au_numérique_donnees_brutes.csv contient les données brutes (séparateur : points virgules ; séparateur de chaînes de caractères : guillemets doubles). Le fichier Accompagner_au_numérique_donnees_brutes.ods est un fichier LibreOffice Calc reprenant ces mêmes données brutes, accompagnées d’un onglet « Glossaire », qui détaille les différentes réponses des questions à choix multiples (séparées par des virgules). Nous avons rédigé un document annexe à destination des personnes souhaitant exploiter les données brutes du questionnaire dans lequel nous avons précisé quelques aspects concernant leur utilisation.

La synthèse des réponses à l’enquête

Les résultats de l’enquête sont présentés dans une synthèse explicative des réponses. Ce sont les grandes tendances que nous avons saisies concernant le statut des intervenant·es, les publics touchés, ainsi que les domaines, formats et zones géographiques des interventions.

Les personnes ayant répondu à ce questionnaire sont pour  39% des bénévoles, pour 33% des professionnels et 27% pratiquent les deux formes d’intervention. Les accompagnements recensés s’adressent plutôt aux néophytes et aux utilisateur·ices quotidien·nes. Les domaines d’intervention les plus souvent cités font écho aux axes principaux d’actions de Framasoft : les alternatives aux GAFAM, les logiciels libres sur ordinateur personnel (plutôt que sur plateformes mobiles) et les outils collaboratifs. Les ateliers pratiques et les accompagnements personnalisés sont les formats d’intervention les plus recensés. Et nous savons désormais que 39% des répondant⋅es ont indiqué proposer des accompagnements en ligne, ce qui, dans le contexte actuel, est une information très utile.

Framasoft tient à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont participé à cette enquête. Nous vous incitons vivement à faire connaître ce document en le partageant au sein de vos communautés. Et nous serions ravi⋅es que d’autres s’emparent à leur tour de cette question et envisagent, en utilisant les données brutes, de proposer des interfaces qui permettraient de mettre à jour facilement cet outil qui répond à une demande forte.