Frama, c’est aussi des humain·es qui s’associent

Si Framasoft est connue pour ses Framapad, Framaforms, Framadate, etc. « Frama », c’est – avant tout – une association loi de 1901. Nous sommes donc un collectif d’humain·es, avec nos fragilités, envies, colères, rêves et relations… Tout cela joue forcément sur les actions que nous menons.

« Frama, c’est pas que… »

Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

Au cœur de l’éducation populaire, des enjeux du numérique ou de la culture des communs, il y a des personnes. Derrière les actions de Framasoft, il y a une association loi de 1901, avec ses 37 membres dont 10 salarié·es. Ces personnes dédient une partie de leur vie et de leur énergie à se retrouver et à contribuer au projet associatif.

C’est quelque chose qu’on n’évoque que trop peu dans nos milieux, mais faire collectif pour faire ensemble, cela demande du temps, du soin, de l’écoute… et donc tout un travail en coulisses que nous voulions, pour une fois, mettre en avant au travers de quelques exemples concrets.

je de cartes Framasoft "des humains qui s'associent"

Vie interne & pandémie

La pandémie que nous vivons actuellement a été très rude pour le milieu associatif et militant, spécialement durant le premier confinement. En effet, le moteur principal des personnes qui font vivre des structures comme Framasoft, c’est la convivialité. C’est le plaisir, la force que l’on ressent à se retrouver pour faire ensemble.

Mais comment se retrouver lorsqu’on ne peut plus sortir de chez soi ? Comment prendre des décisions collégiales dans une période où l’on perd tous ses repères et où la charge mentale est élevée ?

Carte "Vie Interne et Pandémie" avec le texte "Comment faire collectif en confinement, prendre des décisions collégiales à distance sans laisser personne sur le carreau ? Cela demande beaucoup de travail et d'écoute, comme lors de notre assemblée générale auto-gérée de 15 ateliers visio sur 3 mois !"

Par défaut, les membres de Framasoft travaillent à distance : quand 37 membres vivent dans 30 villes différentes, il vaut mieux ! Nous savons d’autant plus l’importance des retrouvailles physiques, et d’habitude nous en organisons deux par an : une assemblée générale (AG) en début d’année, et un « Framacamp » en début d’été.

Ces derniers temps, nous avons organisé un Framacamp en ligne (partagé entre la frustration de ne pas trinquer ensemble et le plaisir de nous retrouver), et une AG découpée en 15 ateliers-visios (pas obligatoires, hein : y’avait des prises de notes et des replays, on n’est pas des bêtes !).

Ces dispositifs représentent un travail important, un coût en temps et en énergies non négligeable, bien plus que s’il s’agissait d’organiser des rencontres physiques. Et pourtant, c’est grâce à cet effort que l’association a pu poursuivre et approfondir de nombreuses actions.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Campagnes de dons

Les campagnes de dons, que nous menons chaque fin d’année, sont un temps fort dans la vie associative de Framasoft. Depuis quelques années, notre message est sensiblement le même :

« Voici ce que nous avons fait, voici ce que nous comptons faire, si cela vous plaît et que vous le pouvez, merci de donner. »

Carte "Campagnes de dons" avec le texte "Créer une campagne de dons pour Framasoft est un moment qui mobilise tout le collectif, et pas seulement parce que vos dons font vivre notre association ! Ces campagnes sont, pour nous, l'occasion de faire le bilan de nos actions et intentions, afin de mieux vous les présenter."

Par conséquent, ces campagnes sont pour nous l’occasion de nous mobiliser pour parler de tout ce que nous faisons. C’est commun : il est bien plus agréable de faire, que de raconter ce que l’on a fait. Mais partager l’expérience qui a été récemment vécue, c’est un effort de transparence et de documentation qui est cher à notre cœur.

Ceci étant dit, financer le budget de l’année à venir par une campagne de don, ça n’en reste pas moins un gros travail. Il faut solliciter tout le monde en interne, rassembler les informations à partager, trouver comment on va les présenter… Puis il faut orchestrer toutes les petites mains qui vont réaliser cette présentation, des dessins aux sites web en passant par la rédaction d’un article tel que celui-ci !

illustration CC-By David Revoy (sources)

Équipe salariée

En octobre 2014, lorsque Framasoft lance, pour trois ans, la campagne « Dégooglisons Internet », l’association employait 2 salariés. Fin 2017, c’est une équipe de 7 personnes qui faisait tourner une association métamorphosée.

En effet, cette croissance soudaine a bouleversé tous les équilibres : comment une bénévole peut-elle suivre le travail de 7 personnes embauchées à temps plein alors qu’elle n’a que deux heures de temps libre par semaine à consacrer à l’association ? Quelle est la place des bénévoles quand les salarié·es réalisent beaucoup de travail ? Comment les membres d’un conseil d’administration associatif peuvent-ils apprendre les obligations de leur rôle d’employeur ?

carte "équipe salariée" avec le texte "Grâce à vous, Framasoft emploie une équipe de dix salarié·es. C'est une chance (maintien des serveurs, gestion des projets…), mais aussi une énorme responsabilité. Outre l'administratif, il faut construire une équipe épanouie où il fait bon travailler."

De l’étude de la convention collective aux discussions sur l’application de nos valeurs (humanisme, auto-gestion, non-domination…) : les membres de l’association ont dû beaucoup apprendre ces dernières années.

Aujourd’hui, Framasoft a la chance d’assurer les emplois d’une équipe salariée de dix personnes, avec un fonctionnement proche de l’auto-gouvernance. C’est parce que nous avons enfin réussi à atteindre un certain équilibre que nous faisons le choix – radical – de rester « à taille humaine » et de ne pas ouvrir d’autres postes salariés.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Déconne

C’est une constante dans les valeurs partagées par les membres de Framasoft : savoir ne pas (trop) se prendre au sérieux. C’est d’ailleurs amusant lorsque, sur des médias sociaux, des chafouins nous interpellent d’un air pincé : « Je vous pensais un peu plus sérieux que ça, Framasoft ! ». Car, immanquablement, notre réponse est : « Ah mais c’est juste parce que vous ne nous connaissez pas, en fait :p ! »

Carte "Déconne" avec le texte "Lorsqu'on nous prend un peu trop au sérieux (ou que l'un·e d'entre nous a les chevilles qui gonflent), on se rappelle que Framasoft, c'est aussi le service Framaprout (révolte gastro-dadaïste), et des articles du 1er avril ponctués de bêtises."

 

Bonjour, nous c’est Framasoft, l’équipe de gens bizarres qui a pondu le service Framaprout pour tirer la langue à une ambiance politique nauséabonde.

C’est nous qui avons une team consacrée aux mèmes. C’est nous qui publions des articles de blog absurdes, goguenards ou idiots chaque premier avril.

Car à trop se prendre au sérieux, non seulement nous risquerions de voir nos chevilles gonfler, mais surtout nous risquerions d’oublier que nous sommes juste des humain·es face à d’autres humain·es. Or, si nous défendons des valeurs fortes, il n’en reste pas moins vrai qu’au bout du compte, tout le monde fait prout.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Découvrez tout ce qu’est Frama !

Voilà qui conclut le focus de cette semaine. Vous pourrez retrouver tous les articles de cette série, publiée entre octobre et décembre 2021, en cliquant sur ce lien.

Sur la page Soutenir Framasoft, vous pourrez découvrir un magnifique jeu de cartes représentant tout ce que Framasoft a fait ces derniers mois. Vous pourrez ainsi donner des couleurs à l’ensemble des activités que vous financez lorsque vous nous faites un don. Nous espérons que ces beaux visuels (merci à David Revoy !) vous donneront envie de partager la page Soutenir Framasoft tout autour de vous !

En effet, le budget de Framasoft est financé quasi-intégralement par vos dons (pour rappel, un don à Framasoft de 100 € ne vous coûtera que 34 € après défiscalisation). Comme chaque année, si ce que nous faisons vous plaît et si vous le pouvez, merci de soutenir Framasoft.

Frama, c'est pas que Framindmap ! C'est avant tout une association, donc des personnes qui font collectif pour pouvoir mieux faire ensemble. Nos actions sont financées par vos dons, alors **découvrez l'ensemble du travail de Framasoft sur Soutenir Framasoft
Cliquez pour découvrir toutes les cartes et soutenir Framasoft.

Pour aller plus loin :




Grise Bouille, tome 2 : lisez des BD moches !

Simon Giraudot nous les brise menu. Quand on a son talent, on arrête de faire le modeste, de prétendre à l’autodérision, de se faire tout petit face aux grands maîtres qu’on a adulés depuis tout petit (« Ahhh Gotlib, quel génie ! », etc.).

Mais c’est plus fort que lui : cette année encore le voilà qui récidive avec son pourtant génial Grise Bouille. Tiens, rien qu’avec un nom pareil, le gars se tire une roquette dans le pied. Passons. Et en plus c’est le même titre que le premier, juste « Grise Bouille 2 », même pas un effort pour le vendre, genre : « Grise Bouille revient, il va vous en coller plein la tronche », « Grise Bouille, l’alarme absolue contre la connerie » ou quelque autre slogan un peu chatouilleur.

Et les textes.

Vous vous rendez compte des textes ? Ce mec écrit avec une acuité et une verve dont nous sommes tous jaloux et il insère ça un peu au hasard dans des bulles et des sortes d’éditoriaux entre les dessins au lieu de chroniquer l’actu dans Fakir ou Rue89. Franchement, Simon, faut que t’arrêtes de pas te la péter.

Bon mais à quoi ça sert qu’on lui dise ça ? il est trop buté l’animal, nous on n’y arrive plus.

À moins que vous peut-être…

Vous qui allez télécharger et/ou acheter ce nouveau volume depuis sa page Framabook, vous, qui suivez ses petits chefs-d’œuvres depuis des années et vous qui peut-être allez au contraire les découvrir (tous ses albums sont disponibles chez Framabook), vous avez un rôle à jouer : lisez, diffusez, détournez ses albums, faites-les connaître et apprécier, inondez ses comptes twitter, mastodon et framasphère de compliments dithyrambiques, érigez à sa gloire un monument d’éloges, bref traitez-le comme il le mérite !

Nous, on sait plus quoi lui dire à part lui poser des questions…

Hello Gee !

Tu présentes le tome 2 de ton blog, qui rassemble les articles de l’année 2016… alors ce 2016, c’est un bon cru ?

Le tome 2, c’est moins d’articles mais plus de pages que le tome 1 : des articles souvent plus longs, plus étayés, qui prennent leur temps pour poser les choses. Je pense que c’est aussi une BD qui « se cherche » moins que pendant la première année. Il y a un côté plus affirmé, plus assuré. Quant à savoir si c’est un bon cru… c’est au lecteur de juger, non ?

À chaque bilan/rétrospective d’une année, on a envie de se dire « ouais, ça peut pas être pire, l’an prochain ça ira mieux… » Ce coup-là aussi ?

C’est plus compliqué que ça. D’un côté, faut pas se leurrer, c’est la merde intégrale, entre l’urgence sociale et environnementale que personne ne semble prendre en compte sérieusement (t’as qu’à voir les résultats du 1er tour de la présidentielle) et cet espèce de fatalisme qui s’insinue chez tout le monde. Et en même temps, il reste ce mouvement de fond, diffus, de gens qui s’informent et qui en s’informant se font de moins en moins avoir ; de gens qui essaient de construire, de faire des choses différemment ; de gens qui essaient d’insuffler un peu d’espoir dans cette société et, au passage, d’en retrouver pour eux-mêmes.

Et perso, le cynisme de convenance, j’ai donné, merci. Je préfère me concentrer sur ce qu’on va pouvoir faire, nous les gens, ensemble, ça me permet au moins de me lever le matin sans avoir envie de me recoucher immédiatement. Ça ne m’empêchera pas de gueuler sur les politiciens, hein, mais c’est pas mon mètre-étalon de ce qui est important dans notre société (sinon, t’imagines dans quelle merde on serait). Bref, pendant que les dominants encouragent un monde qui court à sa perte, nous on continue d’essayer autre chose. Et le pire, c’est que si ça trouve, on va y arriver.

Mais bon, Grise Bouille ne parle pas que d’actualité, c’est même une petite part de ton blog… D’ailleurs qu’est-ce que tu préfères préparer : un article de vulgarisation informatique ou un article fun et fan sur Star Wars ou Harry Potter ?

Je vais te dire, ce que je préfère, ce sont les articles complètement débiles comme « Le grand cerf et le lapin » ou encore « Dragon & fine aigrette ». Parce qu’en fait, quand je commence à écrire un truc comme ça, y’a une espèce de liberté, je sais que je peux partir dans les délires les plus idiots et pousser le concept à fond. Peu importe, l’idée c’est qu’on se marre un peu plus à chaque case. Et c’est vachement jouissif d’écrire des trucs comme ça : c’est typiquement le genre d’article où je me marre moi-même en relisant (ouais je sais, faut pas dire ça normalement, ça fait mec content de lui, mais j’assume).

Le revers de la médaille, c’est que trouver un sujet qui me permette de partir dans des délires du genre, c’est pas si simple, du coup il y a assez peu d’articles comme ça. En général je fais comme Gotlib, je prends une histoire de la culture populaire / traditionnelle et je la triture dans tous les sens.

Note que ce sont aussi des articles qui sont en général moyennement lus / partagés (beaucoup moins que les articles politiques et scientifiques), donc peut-être que ça ne fait marrer que moi.

Euh l’autre ! Pourquoi tu fais des efforts pour qu’on te prenne pas au sérieux alors que tu dis des choses importantes ? Tu veux nous faire croire que tu fais seulement des petits mickeys ?

Attends, Mickey c’était un gros rebelle, au début !

Enfin bon, j’ai jamais bien compris cette espèce de loi que certains voudraient mettre en place et qui dit qu’un dessin enfantin ne peut porter qu’un discours enfantin. Vous avez déjà regardé South Park ? Le dessin, sur mes blogs, ça a toujours été un support pour porter un discours : les deux traits tracés à l’arrache sur une tablette graphique minuscule, ça veut juste dire que je suis pressé de dire ce que j’ai à dire. Je pense que si je n’avais pas su dessiner du tout, j’aurais juste fait un blog avec du texte. D’ailleurs ça m’arrive de me passer des dessins.

Les dessins, l’avantage, c’est que ça apporte aussi une distance : Grise Bouille, c’est pas un type qui a la science infuse qui vous déverse la vérité absolue, ce sont des petits personnages qui taillent le bout de gras et à vous de voir ce que vous voulez en retirer. Oui je sais, ça sonne un peu comme « amis lecteurs, démerdez-vous », mais après tout c’est libre, ni repris ni échangé, et sans garantie.

Y’a une vraie évolution dans ton blog, on sent que tu as une envie de plus en plus appuyée que ton lectorat se détende ET réfléchisse… L’un va avec l’autre ?

Je pense que c’est dans la continuité du précédent. L’un ne va pas nécessairement avec l’autre, mais ça peut aider : tu retiens toujours mieux les paroles d’une chanson que tu aimes bien que les intégrales et dérivées usuelles… alors si ta chanson peut parler de maths, quelque part, ça peut t’aider à les retenir. Après, dans le blog, l’un va parfois sans l’autre aussi : les articles politiques de cette année sont parfois assez peu humoristiques tellement ils témoignent d’un sentiment d’écœurement ; à l’opposé, certains articles purement humoristiques n’ont pas franchement de valeur de réflexion (encore que 😉 ).

Cliquez-y la face si vous voulez atterrir sur son blog !

Dis donc, tu te fous de la gueule de tout le monde, finalement ! Tu serais pas un peu anarchisse ?

Ah parce que l’anarchisme, tu résumes à ça à se foutre de la gueule de tout le monde ? C’est vachement réducteur, non ? Disons que l’humour me semble avoir plus de sens et de poids lorsqu’il est dirigé contre les dominants et les puissants. De ce point de vue, il y a effectivement un aspect de refus de l’autorité (ou des autorités, voire même des figures d’autorité). Je vais pas jouer au chevalier blanc, moi aussi j’me suis marré devant les Deschiens et les Bidochons, mais j’ai de plus en plus de mal avec ça : y’a un vrai côté mépris de classe dans la moquerie du plus pauvre, du moins cultivé, du plus beauf, du plus prolo (rayez les mentions inutiles) qui, à mon sens, joue dans le sens du système qui a tout intérêt à monter les gens les uns contre les autres en bas de l’échelle.

Alors que c’est tellement plus amusant de se foutre de la gueule de la tripotée de branquignols qui ont les clefs du dit système, les Macron, les Hollande, les Sarko, les Arnault, les Bettencourt, etc. Se moquer d’un con, c’est bien, se moquer d’un con qui a du pouvoir, c’est mieux. Après, on va pas péter plus haut que nos culs (de peur d’avoir du caca derrière les oreilles), c’est pas avec mes gribouillages et mes jeux de mots pourris qu’on va faire la révolution, m’enfin si ça peut en donner l’ambiance (festive, cela va de soi), c’est déjà ça.

Non franchement, il est bien ton bouquin, là… mais c’est un peu mal dessiné, quand même, hein ? Genre bâclé, quoi.

J’suis bien d’accord, heureusement que la version numérique est gratos, sinon t’imagines le scandale ? D’ailleurs heureusement que Pouhiou a fait la préface, c’est ma caution intellectuelle pour arriver à vendre cette connerie. (Note de Pouhiou : « Eh ben on a pas le cul sorti des ronces. Pourtant mon cul… »)

Bon, après, même le titre dissimule à peine le fait que ce sont des gribouillages, alors faites pas comme si vous étiez pas prévenus. Pis au moins, vous souffrirez pas du syndrome d’infériorité en lisant mes bouquins, y’a un côté « dédramatisons le dessin ». Moi par exemple, j’ai arrêté de regarder les BD de David Revoy, attends, c’était trop joli, ça me déprimait en me renvoyant à ma propre médiocrité.

Bref, soyez décomplexé⋅e⋅s, lisez des BD moches !

Pour aller plus loin :