Détestons Facebook, mais pour de bonnes raisons…

Même si Facebook Meta s’est efforcé de démentir rapidement, la nouvelle a eu le temps de recueillir un beau succès : ne serait-ce qu’envisager de priver l’Europe de Facebook et Instagram a semblé une si plaisante perspective que beaucoup sur les rézosocios ont crié « chiche ! » ou » bon débarras » en assortissant les messages ironiques d’une quantité de mèmes.
C’est l’occasion pour Aral Balkan, qui se réjouit d’un tel rejet implicite de facebook, d’examiner les bonnes raisons de renoncer non seulement à Facebook, mais aussi à toutes sortes de services qui nous asservissent. Tous jouent la même partition, celle du capitalisme de surveillance prédateur de nos données.
Dans ce bref article traduit par Framalang, il invite aussi à adopter des solutions alternatives plus respectueuses de l’humain et de la démocratie.

Article original : Everyone Hates Facebook (but this is more than just about Facebook)
Traduction Framalang : Bromind, Claire, Fabrice, goofy, Julien, mo, Sysy

Tout le monde déteste Facebook (mais le problème n’est pas seulement Facebook)

par Aral Balkan

— Mark Zuckerberg et son équipe envisagent de fermer Facebook et Instagram en Europe si Meta ne peut pas traiter les données des Européens sur des serveurs américains.

(source)

« C’est alors que mon fil Twitter a pris feu avec une rare unanimité, la gauche et la droite, les riches et les pauvres, les bien portants et les malades, tous d’accord et acquiesçant pour répondre oui, mais oui, allez-y, faites-le. »

Adam Dalliance, sur Twitter

Bon, c’est désormais officiel, tout le monde déteste Facebook.
Mais les raisons de cette détestation ont leur importance. Il en va de même pour ce que nous voulons en faire.



D’autres bonnes raisons de détester Facebook et les éleveurs d’humains, dans ma conférence : The Camera Panopticon

De bonnes raisons pour détester Facebook :

De mauvaises raisons pour détester Facebook :

  • Parce qu’il ne censure pas ce que votre gouvernement souhaite qu’il censure ;
  • Parce qu’il a censuré votre néonazi préféré ;
  • Parce que vous souhaitez créer le prochain Facebook en étant aussi malveillant qu’eux, mais qu’ils sont en travers de votre chemin (on parle bien de vous, les investisseurs en capital risque et les startups, on vous a vus).

Nous sommes donc toutes et tous d’accord pour dire que Facebook est un problème.
Certains pour de bonnes raisons, d’autres pour de mauvaises raisons…
Mais il ne s’agit pas que de Facebook : cela concerne toute société qui utilise le même modèle économique que Facebook.
Ce modèle économique que j’appelle « un élevage d’humains ».
Il s’agit donc également de Google. Et de Snapchat. Et de TikTok. Et aussi de… et de… ad nauseam. Car tel est le modèle économique utilisé aujourd’hui par les technologies grand public.

Nous avons donc un plus gros problème, systémique, sur les bras (youpi !). Et tout le monde semble avoir une idée ou une autre sur la façon dont nous devrions agir différemment à l’avenir.

D’autres mauvaises raisons encore

  • Recréer Facebook, mais en Europe ;
  • Recréer Facebook, mais avec ce pu*in de web3 ;
  • Obliger Facebook à partager ses données avec d’autres éleveurs d’humains afin que davantage d’éleveurs d’humains puissent partager vos données (essayez de répéter ça cinq fois, pour voir)

Eh oui, c’est exactement l’actuelle stratégie de canard sans tête de la Commission européenne, vu que ses membres sont incapables de voir au-delà des marchés et de l’antitrust.

D’autres bonnes raisons encore


Regardez mon intervention au Parlement européen dans laquelle je résume le problème et propose une solution.

  • Soutenir les actuelles alternatives fédérées non commerciales (le « fediverse »), dans lesquelles existent déjà des alternatives viables à Twitter, YouTube et Instagram  ;
  • Soutenir les actuelles alternatives individuelles et non commerciales pour les personnes, comme Owncast pour la diffusion de vidéos en ligne ;
  • Soutenir la recherche et le développement du Small web — un Web non commercial, à échelle humaine, fait d’espaces d’espaces détenus et contrôlés par des individus, et non par des entreprises.

Regardez les enregistrements de Small is Beautiful, l’émission mensuelle de la Small Technology Foundation, pour en savoir plus à propos de mes travaux sur le Small Web.
Détester Facebook, c’est très bien, mais surtout n’oublions pas qu’il n’est pas seulement question de Facebook. Il s’agit plus largement d’élevage d’humains.

Si Facebook disparaît demain mais qu’un autre Facebook le remplace, nous n’aurons rien gagné au change.
Alors, je vous en prie, assurons-nous de bien comprendre les différences entre les diverses alternatives et choisissons celles qui aboutiront à un progrès significatif dans la protection de l’identité individuelle et de la démocratie.
(Un indice ? Regardez l’intention qui est derrière l’organisation. Est-ce que son but, c’est de gagner des milliards de dollars ou de protéger les droits humains et la démocratie ? Et oui, peu importe ce que les capitalistes vous diront, les deux buts sont diamétralement opposés et mutuellement exclusifs.)


Si vous avez aimé cet article, vous pouvez soutenir la fondation de son auteur, Small Technology, qui est petite, indépendante, et à but non-lucratif.

Le but de cette fondation de 2 personnes est de protéger les personnes et la démocratie à l’ère numérique.