Installez-vous confortablement, nous allons vous conter l’histoire de Framapad, un service alternatif à Google Docs. Et nous en profiterons pour interviewer l’équipe de la société coopérative Bearstech, qui nous a bien sauvé la mise il y a quelques années…
Cette histoire commence en 2011 lorsque Framasoft décide de proposer un service d’hébergement libre et gratuit de « pads », qui sont des documents permettant une rédaction collaborative en temps réel. En clair, une page web sur laquelle vous pouvez faire de la prise de notes à plusieurs personne en même temps (très utile pour rédiger des compte-rendus, faire des traductions collaborative, etc).
La première version de Framapad était basé sur un logiciel utilisant des technologies « lourdes » (Java/scala), et comportait de nombreuses limitations (notamment l’impossibilité d’être plus de 16 rédacteurs simultanés).
A peine 7 mois après sa mise en place, nous lancions un appel à l’aide pour nous aider à co-héberger ce service.
Nous avions alors choisi la société Bearstech (où plutôt, c’est elle qui nous a choisi), pour sortir le service Framapad des ennuis techniques dans lesquels il était englué. Et cela, gracieusement.
Pendant un an, tout allait pour le mieux, sauf que nous voyions le nombre de pads augmenter, et augmenter encore. Et si l’équipe Bearstech était bien sympathique, elle ne s’était pas non plus engagée à héberger de multiples serveurs indéfiniment pour nos beaux yeux (ni pour vos beaux pads).
Problème, ce logiciel ne gérait pas de « comptes privés », c’est à dire qu’il était impossible de rendre « privé » un pad, ni même de le supprimer. Ainsi, si par exemple un enseignant voulait travailler avec une classe sur un sujet d’histoire, il était impossible d’en empêcher l’accès à qui en connaissait l’adresse, ou de le supprimer en cas de séance de tchat qui « dérape » (sauf à faire appel à notre gentille équipe technique, qui devait faire le ménage à la main).
La première version du logiciel, celle hébergée par Bearstech (vous suivez ?) disposait, elle, de cette fonctionnalité. Conséquence : beaucoup de gens continuaient à utiliser l’ancienne version, dont le code source n’était plus maintenu :-/
En juin 2014, Framasoft a donc pris le taureau par les codes, en lançant une campagne de financement participatif qui permettrait de payer le développement par un professionnel d’un plugin de comptes privés sur la nouvelle version du logiciel.
Une vingtaine de jours plus tard, la campagne était un succès, et la somme collectée. Après quelques péripéties, le développement du plugin s’est étalé sur le premier semestre 2015 (lire ici nos comptes rendus réguliers).
En septembre 2015, nous faisions les premiers tests de ce plugin (nommé, MyPads). Et le 6 octobre dernier, Framasoft envoyait (enfin !) le faire part de naissance de ce plugin.
Donc, nous pouvons, après 4 ans et demi et bons et loyaux services, fermer l’ancien serveur Framapad. Nous avons envoyé un email début septembre à tous les possesseurs de comptes privés leur demandant de migrer vers MyPads (la procédure est bien évidemment disponible). Nous ne proposons pas de migration automatique, car l’essentiel de ces pads ne sert tout simplement plus à personne, et une migration massive de ces 50 000 pads surchargerait nos serveurs. La procédure est donc manuelle, et décrite ici.
Nous souhaitions donc profiter de cette occasion pour remercier et interviewer l’équipe de la société Bearstech, qui nous aura permis de faire cette (longue) transition dans de bonnes conditions.
NB : fidèles à ses principes, l’équipe a répondu en mode collectif, au nom de Bearstech dans son ensemble, et bien évidemment sur… un pad géré par MyPads ! :-)
Alors, c’est quoi Bearstech ? Ou plutôt c’est qui ?
C’est un peu dur à résumer simplement alors on peut lancer pour commencer une phrase un peu formelle mais synthétique, Bearstech est une société coopérative d’ingénieurs, société de service en logiciels libres spécialisée dans les services à haute valeur ajoutée autour de l’hébergement et l’infogérance.
Présenté comme ça ce n’est pas forcément très parlant, nous proposons de l’hébergement, mais chez nous ce n’est que le socle de notre métier. Nous avons résolu depuis longtemps le gros des problèmes d’infrastructure (nous sommes un « cloud » depuis 2008) et nous nous concentrons sur tout ce qui tourne autour des problématiques de production : qualité des services, architecture, expertises, performance, scalabilité, déploiement et sécurité. En langage vernaculaire, on vient nous voir pour nous confier le bon fonctionnement d’une plateforme, pour que « ça juste marche » quels que soient les problèmes et leurs dimensions (sur les stack LAMP, Python, Ruby, Go, Erlang, etc. on s’occupe aussi des bases de données SQL+noSQL et de la maintenance de tout un tas de briques très utiles :)
Nous avons mélangé les talents d’administrateur système et développeur depuis le début, ce qui a été récemment popularisé par le mouvement DevOps, mais c’est notre esprit depuis le début (en 2004). Par contre on peut se défendre d’une large culture Ops que la majorité des Devs n’ont pas, ce pour quoi ils font souvent appels à nous (« menfin ça marche chez moi ? »).
En quoi Bearstech est différente de pas mal de sociétés de services en logiciels/infrastructures libres ?
Déjà c’est une SCOP, il n’y en a pas des tonnes. Nous sommes un groupe soudé avec très peu de turnover (à ce jour : 16 personnes cumulant 110 années chez Bearstech) assurant la co-gestion de notre société. C’est moins original, mais il n’y a pas de hiérarchie. Il y a des rôles avec plus ou moins de responsabilités, mais chacun est autonome.
On peut rajouter à nos spécificités le télétravail : même si quelques irréductibles se rendent au bureau, les 2/3 sont en télétravail et qui plus est répartis dans la France entière (dont un nomade). On organise un grand raout chaque année pour se retrouver, mais on peut aussi se faire de temps en temps petits regroupements régionaux où se retrouver à Paris à l’occasion.
Du point de vue d’une entreprise, comment qualifierais-tu le secteur de l’informatique libre, aujourd’hui ?
Au niveau entreprise l’informatique libre a été clairement mis à la marge par le terme devenu quasi vide de sens « d’Open Source ». Beaucoup de sociétés utilisent des logiciels libres sans rien donner en retour. Nous essayons autant que possible de reverser notre travail à la communauté et de respecter les principes d’entraide et de partage de la connaissance même dans le cadre de nos missions en tant que prestataire. Au niveau des projets publiés vous pouvez consulter https://github.com/bearstech, nous avons récemment ouvert Bokor, un projet de grand ampleur qui a servi de base à l’un de nos projets client (http://bokor.io/).
Pourquoi avoir décidé de soutenir Framasoft lors de notre appel à l’aide ?
Nous essayons de soutenir dès que nous le pouvons, les projets qui défendent les valeurs du libre. En particulier quand c’est dans nos cordes, comme par exemple assurer le bon fonctionnement de services emblématiques pour le Libre : SHR, OpenDoc Society, OpenStreetMap, Freenode, Gna !, Framapad, etc. Lorsque Framasoft a émis le besoin de trouver un soutien pour mettre à disposition de tous Etherpad, c’est tout naturellement que nous avons répondu présent. Ce que vous faites est inestimable !
Comment vois-tu le rapport entre les sociétés de services et les communautés (souvent sous forme associatives) ?
Nous avons mis en place un système interne de sponsoring pour la participation aux événements communautaires, chaque ours dispose ainsi de jours de travail qu’il peut décider de consacrer à des événements, jusqu’à 15 jours. Cela permet aux ours de se rendre à des événements communautaires soit pour y faire des présentations soit simplement pour y être présent. C’est grâce à cela que vous nous croiserez entre autre aux RMLL, à OSDCFr, à PyconFr ou encore au prochain Open Source Summit pour voir comment tout cela évolue.
Encore 54 729 remerciements aux ours (un par pad hébergé) ! Si tu as une question qu’on aurait aimé qu’on te pose ou quelque chose à ajouter, n’hésite pas !
« Quel est le prochain projet que vous allez soutenir ? » (On ne sait pas …)
Encore un immense merci à Bearstech pour son soutien efficace et discret pendant ces 4 dernières années ! Sans eux, Framapad n’aurait sans doute pas été le succès qu’il est aujourd’hui.
Pierre-Yves Gosset est le délégué général de l'association depuis 2008. Tel un contrôleur aérien, il coordonne les différents projets de l'association en s'assurant que les avions décollent et atterrissent (à peu près) à l'heure.
Le problème est que l’ancien framapad que j’avais créé est inaccessible (scared!) :
‘The page you are looking for is temporarily unavailable.
Please try again later.’
pyg
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@Yoannjap : un pad sur l’ancien serveur ? il faut bien suivre la procédure suivante : http://framacloud.org/news/migration-des-pads/ et remplacer « framapad.org » par « framapad.bearstech.com ».
Question, c’est moi ou bien c’est en Markdown ? trop bien ?!
emmanuel richard
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bon c’est sur c’et très technique et çane concerne que les pads que vous avez créés mais le discour et la forme sont interressants et j’adhère totalement à votre « philosophie » le libre et l’autoévolution des utilisateurs de l’informatique est un noble projet. Bravo continuez on vous suit même de loin mais on vous suit.
Une question : est-ce qu’une image MyPads pour Docker est envisageable ?
Ça m’intéresserait, parce que dans mon asso on commence à utiliser MyPads sur framapad.org, mais notre connexion internet est exécrable (vive le plateau de Millevaches et son « hyper-ruralité »), ce qui rend l’utilisation laborieuse.
Alors sur notre NAS Synology avec Docker, ce serait sensationnel. Il y a foison d’images Etherpad Lite, alors je me suis dit qu’il n’y a peut-être qu’un pas pour faire une image MyPads.
Vous en dites quoi ? Ce serait facile ?
Franck.
JosephK
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MyPads est un plugin d’Etherpad. Il vous faut juste utiliser une image Docker d’Etherpad et activer le plugin depuis l’interface admin d’Etherpad. Pas besoin de faire une image Docker juste pour ça.
Yoannjap
Bonjour et merci infiniment pour ce boulot.
Le problème est que l’ancien framapad que j’avais créé est inaccessible (scared!) :
‘The page you are looking for is temporarily unavailable.
Please try again later.’
pyg
@Yoannjap : un pad sur l’ancien serveur ? il faut bien suivre la procédure suivante : http://framacloud.org/news/migration-des-pads/ et remplacer « framapad.org » par « framapad.bearstech.com ».
sinon, une seule adresse : https://contact.framasoft.org
cm-t
Merci !
Question, c’est moi ou bien c’est en Markdown ? trop bien ?!
emmanuel richard
bon c’est sur c’et très technique et çane concerne que les pads que vous avez créés mais le discour et la forme sont interressants et j’adhère totalement à votre « philosophie » le libre et l’autoévolution des utilisateurs de l’informatique est un noble projet. Bravo continuez on vous suit même de loin mais on vous suit.
Franck TMV
Une question : est-ce qu’une image MyPads pour Docker est envisageable ?
Ça m’intéresserait, parce que dans mon asso on commence à utiliser MyPads sur framapad.org, mais notre connexion internet est exécrable (vive le plateau de Millevaches et son « hyper-ruralité »), ce qui rend l’utilisation laborieuse.
Alors sur notre NAS Synology avec Docker, ce serait sensationnel. Il y a foison d’images Etherpad Lite, alors je me suis dit qu’il n’y a peut-être qu’un pas pour faire une image MyPads.
Vous en dites quoi ? Ce serait facile ?
Franck.
JosephK
MyPads est un plugin d’Etherpad. Il vous faut juste utiliser une image Docker d’Etherpad et activer le plugin depuis l’interface admin d’Etherpad. Pas besoin de faire une image Docker juste pour ça.