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C’est depuis les années 1970-1971 que le gouvernement français élabore et met en œuvre des plans informatiques (« numériques » dit-on aujourd’hui) pour l’Éducation Nationale. L’année la plus marquante, qui a fini par introduire vraiment des ordinateurs entre les murs de nos écoles, ce fut 1985 avec le lancement du plan Informatique Pour Tous (IPT) par L. Fabius.
La firme Microsoft a petit à petit avancé ses pions au cœur de l’Éducation nationale et, depuis lors, nous assistons à des accords réguliers entre le ministère et Microsoft, chiffrant l’usage de ses produits à plusieurs millions d’euros à chaque fois… avec un succès pour le moins mitigé. À tel point que les citoyens se sont récemment mobilisés autour de cette question en plébiscitant l’usage de logiciels libres dans les services publics lors de la consultation numérique initiée par la ministre Axelle Lemaire.
Et pourtant, comme un pied de nez à cette consultation, la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a signé pas plus tard qu’hier un énième accord avec Microsoft. 13 millions d’euros pour s’assurer que les collégiens et collégiennes utilisent quotidiennement des logiciels et comptes Microsoft (quitte à fournir les tablettes). Cet argent servira donc à épier le comportement des élèves (pour leur fournir un « service personnalisé ») ainsi qu’à la formation de leurs enseignant-e-s à ces logiciels privateurs.
En somme, un pas supplémentaire est donc effectué par Microsoft dans le monopole de l’informatique à l’école, jusqu’à saturer les élèves et les enseignants de solutions exclusives, centralisant et analysant les données des élèves selon des algorithmes dont le ministère n’a pas réclamé les clés (pas d’engagement à l’interopérabilité, ni à l’ouverture du code source).
Or, les enseignants ne manquent pas pour expérimenter et mettre en œuvre des solutions basées sur des logiciels libres. Des solutions plus ouvertes, plus malléables, et plus efficaces pour atteindre les objectifs d’un réel apprentissage de l’informatique par les élèves et une appropriation des outils dans leurs diversités et leurs logiques. Par exemple, les tablettes Tabulédu sont une solution pensée pour les classes de primaire dans le respect des données et des libertés des élèves.
Pour le collège, c’est en Espagne qu’on peut trouver de l’inspiration. En Mai 2014, le Framablog publiait Fin du support XP, un collège espagnol migre vers Ubuntu. Ce samedi 24 novembre 2015, Fernando Lanero, l’enseignant à l’origine de cette migration était invité à l’Ubuntu party parisienne pour y donner une conférence, interprétée dans sa version Francophone par Framasoft en la personne de Genma.
Dans son discours, Fernando nous montre que la migration n’est pas une question technique (une personne ayant les compétences et le temps peut le faire), mais bel et bien un enjeu d’éducation. Quel modèle d’éducation voulons-nous pour les enfants ? Quelles valeurs souhaitons nous leurs transmettre ? Les valeurs du logiciel propriétaire et privateur, pour lequel copier c’est voler, comprendre c’est tricher ? Ou bien celles du logiciel libre, celle du partage et de l’appropriation des connaissances ?
Le texte ci-dessous est une synthèse de son discours, reprenant les principales idées.
Ubuntu pour libérer les écoles – Linux pour l’éducation
Utiliser Ubuntu au sein d’une école augmente grandement les ressources éducatives et emmène les élèves au sein d’une nouvelle dimension éducative.
Pourquoi choisir le logiciel libre ?
Le logiciel libre, c’est non seulement une question technique ; mais il s’agit avant tout d’une question d’éthique, sociale, et politique. Ces aspects-là sont beaucoup plus importants que l’aspect technique.
Pour des raisons techniques :
- auditable : toute personne qui en a les connaissances peut lire le code source du logiciel libre ;
- résistant aux malwares : en optant pour Linux, les virus informatiques, la dégradation du système et de nombreux problèmes techniques divers ont disparu instantanément ;
- sain et sécurisé : parfait pour un usage par des enfants ;
- il permet de réutiliser du matériel. Ubuntu est en général bien plus performant que Windows sur du vieux matériel, nous n’avons pas de nécessité à être constamment en train d’acheter du nouveau matériel ;
- un grand support via sa communauté.
Ce changement permet également à l’école économiser de l’argent. Ne pas avoir à acheter des licences pour les systèmes d’exploitation propriétaires, les suites bureautiques et des outils anti-virus a déjà permis à l’école d’économiser environ 35 000 euros dans l’année 2014-2015.
« Évidemment, il est beaucoup plus intéressant d’investir cet argent dans l’éducation. »
Pour des raisons non-techniques :
- augmentation de la dimension éducative de l’Informatique ;
- la liberté du logiciel joue un rôle fondamental dans l’éducation ; le logiciel libre diffuse la connaissance humaine ;
- le logiciel libre soutient l’éducation, le logiciel propriétaire au contraire l’interdit ;
- il y a transmission d’un esprit de collaboration et de coopération ;
- le code source et les méthodes du logiciel libre font partie de la connaissance humaine. Au contraire, le logiciel propriétaire est secret, la connaissance restreinte, ce qui est à l’opposé de la mission des établissements d’enseignement ;
- pour plus de cohérence avec les valeurs de l’école. Le choix du logiciel libre est non seulement une question technique ; il est également une question d’éthique, sociale et politique.
« La liberté et la coopération sont des valeurs essentielles du logiciel libre. Le système GNU implémente la valeur du partage ; le partage étant bon et bénéfique au progrès humain. »
Avec quoi ?
- les logiciels libres permettent de comprendre notre environnement technique quotidien ;
- les logiciels libres sont une forme d’éducation en eux-mêmes, d’une certaine façon ;
- Ubuntu offre une large gamme de logiciels éducatifs et de matériels certifiés ;
- Ubuntu fournit un accès sécurisé et accessible aux étudiants, enseignants et administrateurs scolaires.
Quand changer ?
Maintenant.
- Windows XP est un système propriétaire et obsolète ;
- la majorité des problèmes rencontrés avant la migration étaient liées à la transmission des virus via les clefs USB utilisées pour les documents.
« Pourquoi amener Ubuntu à l’école ? Parce que les enfants sont l’avenir d’une société. S’ils savent ce qu’est Ubuntu, ils seront plus « ouverts » et plus « libres » quand ils deviendront adultes. »
Pour qui ?
- pour les élèves les enfants sont naturellement curieux, ils ne sont pas du tout réticents au changement car ils cherchent la nouveauté et le changement ;
- pour les enseignants et professeurs
« Quand un professeur enseigne avec une application propriétaire, il est face à un véritable choix. Il oblige les élèves à acheter des logiciels ou à les copier illégalement. Avec les logiciels libres, les professeurs ont le contrôle de la situation et ils peuvent alors se concentrer sur l’éducation. »
Comment migrer ?
- impliquer au sein du projet les personnes qui croient dans ce modèle d’éducation globale ;
- solliciter la communauté du logiciel libre ;
- utiliser toutes les ressources disponibles.
Quelles étapes ?
- prendre une grande inspiration : une migration ce n’est pas facile et vous trouverez face à beaucoup plus de problèmes que vous n’imaginiez au début ;
- évaluer les besoins, les coûts, les économies ;
- commencer les migrations doucement, très doucement. Commencer en remplaçant programmes propriétaires sur Windows par du logiciel libre. Le changement pour Ubuntu se fera de façon naturelle ;
- former les enseignants à l’utilisation d’Ubuntu et des nouvelles applications ;
- faire de la pub (beaucoup) Vous devez expliquer ce que vous faites et pourquoi c’est une bonne chose.
Construire ?
Choisir la bonne option pour les besoins de votre école n’est pas facile, mais la mettre en œuvre est encore plus difficile :
- évaluer les machines que vous allez migrer et la prise en charge du matériel ;
- choisir la bonne version d’Ubuntu (envisager par exemple l’usage de la version dédiée à l’éducation, Edubuntu) ;
- utiliser la même interface graphique sur chaque ordinateur ; l’interface utilisateur doit être homogène ;
- il faut adapter la distribution aux besoins scolaires et toujours garder à l’esprit les besoins de l’école. Le plus important est l’expérience de l’utilisateur final ;
- il faut toujours garder en tête que les utilisateurs finaux, ce sont les élèves. Ce qui compte vraiment, c’est leur éducation. Les changements doivent donc se concentrer sur eux. Le passage au logiciel libre doit permettre d’améliorer leur éducation.
Rappelez-vous, nous ne nous battons pas contre Microsoft. Nous nous battons contre une mauvaise expérience éducative. Notre mission est de diffuser la connaissance humaine et de préparer les élèves à être de bons membres de leur communauté.
Résultats de cette migration
Ce sont :
- plus de 120 ordinateurs migrés durant 2014-2015 ;
- plus de 1 200 étudiants ayant un contact avec Ubuntu par an ;
- autour de 35 000€ qui ont pu être investis dans l’éducation, et non plus dans des licences Microsoft ;
- des ordinateurs plus fiables et donc cela laisse plus de temps pour faire de l’éducatif.
« L’open source est une puissante alternative aux logiciels propriétaires. La preuve en est que de nombreuses municipalités, de gouvernements et d’entreprises sont en train d’adopter les solutions open source. Il est donc temps que les écoles et les universités fassent de même. »
Merci à Fernando Loreno pour son partage d’expérience,
Et à Genma pour la traduction.
Chère Éducation nationale…
Via son fil Twitter, le ministère incite le monde du Libre à proposer des solutions… en feignant d’oublier que cela fait des années que les acteurs du Libre s’échinent à se faire entendre des décideurs politiques.
Cher ministère… mais surtout chères académies, rectorats, enseignant-e-s et personnel encadrant : ces solutions existent déjà et vous êtes à l’origine de nombre d’entre elles. Nous nous permettrons simplement d’en énumérer quelques unes avec ces liens :
- lire l’intégralité de la conférence de Fernando Lanero (la présentation est ici) ;
- s’intéresser à des logiciels adaptés à l’éducation tels que Tabulédu, tablettes aux solutions Libres intégrant la suite logicielle Abulédu, ou Open Sankoré ;
- trouver une Société de Services en Logiciel Libre près de chez soi pour implémenter du Libre dans son établissement ;
- contacter un Groupement d’Utilisateur de Linux près de chez soi pour sensibiliser personnel et élèves au Libre ;
- utiliser les ressources pédagogiques Libres ;
- utiliser des manuels de mathématiques Libres ;
- rejoindre le groupe « Logiciel libre et éducation » de l’APRIL ;
- rejoindre le groupe de travail sur l’éducation de l’AFUL ;
- promouvoir la production, diffusion et réutilisation des ressources éducatives libres (UNESCO).
Cette liste est loin d’être exhaustive.
Il faut changer de paradigme
« Il faut changer de logiciel », dirait-on dans la novlangue actuelle. Au-delà de la question – importante – de l’usage des logiciels libres à l’école, et des coûts de migration, l’Éducation Nationale doit se poser la question de son rôle : former de futurs citoyens éclairés libres de leurs opinions et de leurs choix, ou de futurs travailleurs-consommateurs ? Sous-traiter à Microsoft (ou Apple, ou Google) le champ du numérique éducatif, c’est refuser aux élèves la capacité d’être acteurs du numérique de demain, en leur proposant uniquement une place de figurants.
L’enjeu central se porte aujourd’hui sur les valeurs que l’école souhaite porter : le Ministère de l’Éducation Nationale est il prêt à encourager réellement le développement des ressources libres à l’école ? En accompagnant les enseignants à publier sous licence Creative Commons, en travaillant avec les communautés pour améliorer les logiciels existants ou en créer de nouveaux, en se positionnant clairement du côté du bien commun et du partage de la connaissance, etc.
Ou préfère-t-elle laisser la place à des acteurs – spécialistes de « l’optimisation fiscale » – dont l’objectif n’est pas l’émancipation des élèves et enseignants, mais au contraire leur enfermement dans des usages et des formats leur permettant de faire perdurer une économie de la rente ?
ENNACHAT
Bonjour,
Je me suis mis aux Logiciels Libres depuis 2005, Ubuntu et Framasoft m’ont permis de comprendre qu’un autre monde est possible, et j’avoue que je suis toujours aussi agréablement surpris par ce que vous faîtes !! Bravo pour ce super travail que vous accomplissez et surtout pour l’éthique humaniste que vous défendez !!!
Ce qui est dingue c’est que vous êtes beaucoup plus intègres que le Gouvernement associé à ces multinationales qui nous « empoisonnent ».
GnunuX
J’aime beaucoup le paradoxe de l’article. Pourquoi proposer une tablette sous windows 7 (abuledu) pour remplacer une tablette sous windows 10 ?
Est-ce vraiment souhaitable ? Il n’est pas possible de faire une tablette avec un OS libre ?
pyg
L’éditeur de la tablette en question pourra sans doute mieux répondre que nous.
Est-ce que c’est possible ? Oui.
Si l’éditeur avait le choix, préfèrerait-il une tablette sous GNU/Linux ? Oui, j’en suis convaincu.
Pourquoi n’est-ce pas fait ? Peut-être parce que les coûts (temps et argent) sont non-négligeables. Et que la société n’a pas la taille suffisante pour investir dans la R&D d’une telle tablette.
Et on en revient donc à : le Ministère de l’Education Nationale aurait tout intérêt à contribuer.
En mutualisant avec d’autres ministères, le coût serait somme toute assez faible pour offrir indépendance et liberté aux personnels et étudiants/élèves.
moi le rebel
si j’étais taquin, je dirais que j’avais compris que les logiciels étaient gratuits…
John
On m’a dit qu’ils utilisaient Windows car il est considéré comme une condition sine qua non pour être utilisé par l’éducation nationale ; étant sur un processeur Atom (x86), installer un OS libre ne serait vraiment pas un problème technique.
Il est cependant certain qu’ils sont Linuxien dans l’âme : ils installent mingw sur tout les ordinateurs !
abcpc
Aux dernières nouvelles, abuledu est issu du partenariat de l’association abul de bordeaux, des logiciels du terrier et de la société ryxéo qui gère les produits matériels.
Rien a voir avec windows7, la base de travail des solutions abuledu est debian.
obrowny
Salut,
Dans l’école primaire de mon quartier, la « classe mobile » est composée de netbook 10″ acer propulsés par linux mint. De plus j’ai pris rendez vous avec le directeur et lui ai présenté l’ensemble des services framasoft ainsi que scratch et il en a été très reconnaissant.
Un autre parent d’élève va la semaine prochaine faire faire du scratch à tous les CM (soit 4 classes).
Comme quoi si on se déplace dans les écoles, on est bien accueillis par des directeurs sous formés. A nous d’investir les écoles face à la connerie du gouvernement.
Marc Tapages
Il faut aussi prendre une grande inspiration quand on se lance dans une migration dans l’écosystème Microsoft :
passer de XP à Windows 7 (ce que je fais à longueur de journée) n’est pas neutre, non seulement d’un point de vue technique qu’au niveau de « l’expérience utilisateur » comme on dit dans les livres.
De même avec la suite Office !
A mon humble avis, le commun des utilisateurs (qui utilise des fonctions basiques) passeront plus facilement d’Office 2003 à Libreoffice qu’à Office 2010/2013/2016.
Golfy
1) Peut-être que le libre, avec de (trop) nombreuses solutions à chaque problème, devient également un problème en terme de réponse (chaque école, université, collège, lycée préférant telle ou telle distribution, environnement, etc.) ne facilitant pas la maintenance d’un ensemble aussi hétérogène ?
2) Peut-être que pour des déploiements sur 500 postes et plus, les entreprises préfèrent Microsoft : faut-il alors former les élèves à d’autres produits pour qu’ils arrivent sur le marché du travail, incapable de gérer un serveur ou une politique de déploiement quelconque ?
3) Peut-être qu’enseigner un OS Linux reste rebutant par le nombre de chose à se rappeler par coeur (les interfaces réseaux sous CentOS 5.x … c’est du grand art) : l’informatique ne se résumant pas à un seul élément, on doit former aux outils de supervision comme GLPI, EoN, etc. qui sont des aglomérats de solutions d’origine multiple… et deviennent complexes (on finit forcément avec un éditeur de texte pour éditer les paramètres dans des fichiers plus long les uns que les autres)
4) Peut-être parce que Microsoft a réussi à imposer un standard aux constructeurs de périphériques et composants pour les pilotes (comme l’insertion d’une clé USB sans devoir installer un ‘driver’ avant).
Bref, je ne crois qu’il faille cracher sur cet accord mais le libre doit en proposer également et le gouvernement doit pouvoir multiplier les origines pour ne pas être dépendant. A noter : les accords avec Cisco ont posé moins de problème… la faute à la « non-existence » de commutateur open-source à monter soi-même ???
J’utilise beaucoup de logiciels libres (notamment LibreOffice, pour lequel je suis contributeur sur les bugs et tests) mais il faut parfois reconnaître l’intérêt de logiciels propriétaires (Microsoft Visio reste loin devant « Dia » ou « LO Draw »…)
jfa
1°) On peut aussi éditer un livre blanc en préconisant les solutions à utiliser suivant les cas… J’ai du mal à voir comment le choix peut-être un problème… en tout plus que l’absence de choix…
2°) mouais, j’avoue que les déploiements/maintenances je préfère très largement unix et le déploiement de poste windows est, ama, une conséquence historique. Gérer un serveur… tu es au courant que l’immense majorité des serveurs du monde entier tourne sous linux quand même ? Ceci dit, je ne pense pas que le but des PC dans les collèges/lycée soit d’apprendre à être sysadmin…
3°) Je ne vois pas ce qu’il te pose problème avec les interfaces réseaux sous red-hat, c’est le eth remplacé par le em1000 ? La belle affaire, quand je vois le bordel que c’est pour les liaisons séries ou les support de masse sous windows… Ceci dit, je ne vois encore pas comment on peut reprocher aux UNIX et à LINUX d’avoir des configurations accessibles par l’intermédiaire de fichiers textes (et franchement, une fois que tu connais red-hat / debian, qui sont très proches, la foultitude en est issu), et une foultitude d’outils graphiques plus ou moins aboutis pour transformer une interface austère textuelle en cliquo-drôme. Parce-que la base de registre de windows c’est mieux et plus compréhensible ? Bref si les outils de configuration graphique qu’on te propose ne te conviennent pas, libre à toi de taper direct dans les fichiers de configurations…
4°) A bon, Microsoft a réussi à imposer un standard ? C’est une vision assez drôle de l’histoire… Je dirais que grâce à IBM, microsoft / intel c’est imposé sur le segment « ordinateur personnel » au détriment des standards qui existaient déjà… Et la blague du pilote de périphérique de la clef USB me fait particulièrement rigoler… Sur un windows depuis XP, l’OS va installer le pilote de périphérique automatiquement à la première utilisation, puis lorsque tu vas brancher la même clef mais sur un autre port USB, il va réinstaller le pilote… A l’époque de windows 2000, il fallait installer les pilotes de clef USB manuellement… c’était d’ailleurs une de mes moqueries favorites puisqu’à l’époque, linux le gratos gérait tout supports de masse USB automatiquement avec le même pilote installé de base…
Bref, sans être un ayatollah du libre à tout prix, on peut quand même objectivement y voir un intérêt technique à utiliser des solutions libres. Et lorsqu’il y a les sous de nos impôts, on devrait également y ajouter une dimension « éthique », je préfère que mes impôts parte dans des prestataires de services locaux qui vont mettre en place des solutions libre dans les écoles, avec éventuellement contributions à des projets libres en retour, plutôt qu’à une multinationale qui pratique l’évasion fiscale et qui a eu des politiques commerciales plus que douteuses (mais j’ai l’impression que c’est dernières années microsoft s’améliore…)
Golfy
Je suis favorable à plusieurs systèmes et personnellement je recommande régulièrement des solutions libres (Firefox, Thunderbird, Libre Office, etc.).
Permet-moi cette caricature :
Je viens d’installer LinuxMind 17 sur mon portable car j’aime avoir la possibilité de basculer de l’un à l’autre (bon… dommage, Mint ne reconnaît pas la puce Bluetooth de mon portable HP4740 mais ce n’est pas grave, je n’ai pas besoin de me servir de ma souris Microsoft, elle aurait dû s’appeler Thorvald). Après GIMP est une véritable usine à gaz par rapport à mon petit Photofiltre, mais une fois que j’aurais appris Latex, je n’aurais plus besoin de dessiner).
De toute façon, rien ne vaut le shell pour faire travailler mes petits doigts boudinés et VI reste mon éditeur favori depuis que j’ai appris Unix sur de vrais terminaux VT100. Et évidemment, la base des registres et l’UAC de Microsoft sont une véritable cochonnerie : rien ne vaut le fichier de configuration d’Apache ou la mise en oeuvre d’un service par init.rc !
Nautilus est largement plus puissant que l’explorateur de Windows bien sûr… Finalement tu as raison, le libre doit éradiquer Microsoft ! Mais après… ???
Fin de ma parenthèse humoristique (à lire avec un vrai second degré);
Par contre, si les services comme DNS, FTP, web, mail (SMTP) sont majoritairement sous Linux, les annuaires d’entreprises restent sous Active Directory.
Je vais juste redire que je préfère avoir le choix d’utiliser Microsoft ou Linux plutôt qu’une situation de monopole !
jcfrog
Dans mon école aussi l’accueil est bon, l’ancien parc hétéroclite avait des linux et des windows, mais on a perdu la bataille lors du dernier renouvèlement de matériel tant attendu: 100% portables équipés Windows8. Exit linux.
Aucune mauvaise intention de personne, mais les acteurs décisionnaires étant multiples, le monopole fait son office.
Dans nos structures si effroyablement verticales, tant qu’il n’y a pas d’engagement en haut, les luttes en bas de la pyramide restent anecdotiques. Le route est longue…
mortimer
Gérant l’informatique dans 4 écoles primaires, j’ai passé plus de 80 pcs sous debian ( wheezy et jessie ) ces dernières années ( dont 36 clients légers sous ltsp, des portables, des serveurs ).
Seul les tableaux numériques sont sous windows 7.
Les instituteurs s’adaptent plutôt facilement aux nouvelles technologies, et comprennent l’intérêt du libre, mais il faut être très attentif à leurs demandes et à la formation.
Les plus grosse difficultés rencontrées :
Les imprimantes / copieurs non compatibles
Le migration des documents publisher vers libre office
La maintenance des serveurs ltsp avec un très vieux parc de clients lègers
Rien d’insurmontable, mais il faut beaucoup communiquer au moindre problème.
Hilaire
>> la migration n’est pas une question technique
J’ai des doutes ! Pour arriver à un excellent confort d’utilisation de postes libres (on peut pas prétendre à moins), de façon pérenne, il y a toute une série de points techniques qu’il faut gérer en amont, pendant la migration et tout au long de la durée de vie du projet. Que cela soit géré en interne par les établissements, l’administration ou un prestataire externe :
– mise au point de/des distribution-s (avec le recensement des périphériques utilisés, pour les pilotes)
– mise au point des profils d’utilisation
– recensement des logiciels à utiliser, utilisation d’émulation wine parfois
– installation sur les postes
– gestion des mises à jour de sécurité
– remonté des problèmes rencontrés (infra. de remonter d’incidents et suivis)
– formation des personnes ressources dans les établissements
– mise à jour des distributions
– mise à jour des installations
– offre de formation aux logiciels
C’est tout à fait possible. En Europe, plusieurs états/régions l’ont fait avec succès, mais il faut s’en donner les moyens. En France, vue l’émiettement administratif et la dilution des moyens, cela semble plus difficile.
L’accord ace Microsoft semble plutôt un moyen d’avoir de l’aide à peu de frais (formation, service en ligne dont l’Etat n’a pas à assurer la maintenance, matériel ?), et là le libre n’offre pas d’alternative gratuite équivalente.
Cyril Roiron
Bonjour,
Il est possible d’utiliser Linux, mais il faut effectivement s’en donner les moyens, pour sortir du sillon creusé par l’habitude (entre autres facteurs).
Pour mémoire, l’informatique pédagogique des écoles primaires du canton de Genève (Suisse) est passé en mode libre (cf http://edu.ge.ch/ecolenumerique/actualites/linformatique-pedagogique-des-ecoles-primaires-passe-en-mode-libre).
Les 2’000+ PC de l’école primaire genevoise fonctionnent avec Ubuntu; idem pour les 1’100+ PC de l’école secondaire I (cycle d’orientation)….
Il me semble que les enjeux se sont progressivement déplacés, voir p.ex. cet intéressant article http://www.numerama.com/business/133166-logiciels-libres-le-ministere-de-leducation-nationale-invite-a-proposer.html : « le libre n’est pas qu’une technologie, mais qu’il est aussi et surtout une philosophie et une spécificité juridique et pratique qui offre des avantages extra-technologiques » … « peut-être que les enjeux du XXIe siècle étaient moins dans les logiciels eux-mêmes que dans les données et leur exploitation. »
Librement,
Cyril
Winael
@Hilaire
> L’accord ace Microsoft semble plutôt un moyen d’avoir de l’aide à peu de frais (formation, service en ligne dont l’Etat n’a pas à assurer la maintenance, matériel ?), et là le libre n’offre pas d’alternative gratuite équivalente.
Pas d’alternative gratuite, mais lorsque tu choisis un intégrateur pour t’accompagner dans la migration vers du logiciel FLOSS, en règle général, tu fais appel à un prestataire local qui va aussi assurer la formation et le support (c’est d’ailleurs sur ce type de service que se porte la marge du prestataire).
C’est donc de l’argent destinée à des entreprises locales et non à une multinationale pratiquant l’évasion fiscale
Jérôme HAnoteau
Une pétition en ligne a-t-elle été créée pour s’insurger contre cet accord?
Fréédéric Urbain
Les assos du Libre ont officiellement protesté : https://www.april.org/un-partenariat-indigne-des-valeurs-affichees-par-leducation-nationale
Jerome
Dans mon université, celle de Lille-3, l’équipe technique a déployer Linux Mint sur l’ensemble des salles informatiques, et tout le monde s’en porte mieux : pas de fichiers qui plantent des graines malsaines, des fenêtres intempestives qui laissent de véritables courants d’air d’efficacité, ni d’ubiquité des « géants » de l’informatique.. mais que de libertés retrouvées.
temps
Bonjour,
Il semblerait qu’il y ait une volonté de suppression de l’Education à la Française.
Je pense qu’il faudrait plutôt chercher les causes dans une normalisation européenne, plutôt que dans des politiques qui ne sont plus acteurs, il ne sont plus que des exécutants.
Regardons la consultation sur la loi du numérique, tout ce qui allait dans le sens des préconisations de l’Europe a été retenue, tout ce qui allait dans le libre pour une Education à la Française a été rejeté. En conclusion, nous ou nos politique ne dirigeons plus rien, il n’y a plus d’Etat de droit.
Cordialement
Questionneur
(…) Microsoft (…) optimisation fiscale : n’y a t-il pas d’obligation légale pour une entreprise qui contractualise avec l’Etat français d’être en règle fiscalement et socialement avec l’Etat ?
De mémoire, Microsoft est actuellement encore pris dans un recours en justice contre l’Etat français pour un énième redressement fiscale datant de 2010…
Si l’obligation légale est avérée, alors peut être qu’un recours par voie de droit pour faire annuler le deal… enfin, c’est une question ?
cemoi
et bis repetita>> http://framablog.org/2009/01/11/ent-espace-numerique-de-travail-microsoft-education/
Pour info dans le gard les colléges vont passer sur de l’environnement linux (clients et serveurs) avec de l’edubuntu. Bien sur aucune formation, ne sera donné pour la migration (utilisateurs et administrateurs compris)…
L’ENT pour le premier degré dans l’académie de Montpellier est sur du code ouvert.
Bref si non j’attends toujours des formations sur unix/linux concernant l’administration systéme… ça fit 10ans que ça dur!
Jean-Christophe
Tout cela est très bien, mais par pitié, et par esprit de liberté, cesser de vouloir faire confondre Ubuntu et GNU/Linux.
Ubuntu est élaboré par une entreprise à la comptabilité obscure installée à dessein sur l’ile de Man, paradi fiscal pour mafieux de tous genre.
ubuntu a cherché à éliminer les autres distributions linux.
pas forcément le meilleur exemple.
Golfy
Je viens de lire cet article, qui me semble utile à décortiquer car Mark Russinovich est probablement un des meilleurs ingénieurs Microsoft (célèbre pour ces logiciels de la suite SysInternals) :
http://www.zdnet.com/article/mark-russinovich-the-microsoft-azure-cloud-and-open-source/
Bonne lecture (désolé, c’est en anglais mais cela ne devrait pas rebuter les adeptes de l’open-source… sinon, il reste l’Espéranto ???)
Chewbacca
Comme vous j’était du coté lumineux de la force a mes débuts, mais forcer de reconnaitre que le coté obscure de la force n’est pas si obscure que cela et est bien souvent plus brillant d’inovation.
Vous parler de migration xp vers win7 en 2015, mais dans quel age vivez-vous ?
J’en suis a pensez la migration de 7 vers 10 pour profiter des avancer technologique de notre temps et de la gratuité de la licence proposer par microsoft
L’ironie dans l’histoire, c’est la personne qui a mis de l’ubuntu dans une ecole en espagne utilise un compte gmail pour communiqué, ceux-même qui ont donné toutes les mails de l’avocat de snowden au gouvernement americain.
Personnellement, j’ai tenté le libre à plusieurs reprise et cela reviens généralement à plus cher que du proprietaire. Pour illustrer cet exemple je prendrer zimbra vs exchange, le prix d’une boite utilisateur hebergé avec la maintenance reviens a plus cher que l’équivalent en exchange.
Après on vius justifira le surcout par une histoire de philosophie…
angelino
On oubli le plus important dans l’histoire, c’est à dire les élèves. Le passage au tout microsoft ne peux qu’être sclérosant. Un systéme educatif se doit d’ouvrir au monde, linux permet tout de même de mieux se rendre compte de la complexité réelle d’un système informatique ce qui permet aux passionnés d’approfondir leurs compétences et aux autres de bénéficier d’outils performants.
Il ne faut non plus raconter d’aneries, Les solutions linux et open source ne coûtent pas plus chers que les systèmes propriétaires, déjà si l’on achète des ordinateurs sans l’OS de microsoft ont gagne de l’argent, l’installation d’autres logiciels libres permet aussi de belles économies. Ensuite, n’importe quel administrateur réseau digne de ce nom est tout a fait capable de gérer un réseau de PC sous linux. Quant aux enseignants et aux élèves, il n’y a aucunes raisons qu’ils ne s’adaptent pas a un noivel OS, plur un utilisateur, le fonctionnement est sensiblement le mème.
ll peut il y avoir quelques problèmes avec les logiciels libres et certains périphériques, il convient donc de s’abstenir d’acheter chez des fabriquants qui ne proposent pas de pilotes pour linux et avec les économies réalisés ont peut tout a fait faire appel a des spécialsites locaux, ce qui permet la création d’emploi. Il faut rajouter qu’un PC sous linux peut être utilisé jusqu’a la fin de sa vie et non pas parcequ’un nouvel os ou de nouveaux logiciels vont le ralentir jusqu’à le rendre inutilisable.
En définitive, il n’y a pas photo il n’y aucun intérêt à faire tourner tout l’informatique publique du pays avec des logiciels fermés, et nois pourrions aussi parler de la sécurité des données des élèves qui pourraient bien finir par être monayé et en tant que parents il faut aussi mesurer cet aspect.