Olympe a besoin d’un coup de main

Temps de lecture 9 min

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Olympe, hébergeur gratuit, libriste et sans pub (un parfait exemple de CHATONS, quoi) a lancé un financement participatif pour faire face à ses difficultés.

Comment en est-il arrivé là ?

 

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Olympe, hébergeur gratuit depuis 2006

Vous hébergez des sites gratuitement, avec des outils libres, sans publicité. Depuis combien de temps ?

Olympe c’est une initiative qui a commencé il y a maintenant 10 ans, avec trois amis, trois passionnés de technologies. Fin 2006, l’idée naît d’une association, elle sera créée et immatriculée dans le courant de l’année 2007.

Dès la toute première version, l’objectif est clair : hébergement gratuit et sans publicités. Cette volonté est partie d’un constat simple : le Net est un domaine en plein essor, qui explosera davantage encore dans les années à venir, et pourtant aujourd’hui, pour publier il faut soit de l’argent, soit subir des pubs.

À l’époque l’hébergement n’était pas une chose aussi courante qu’aujourd’hui. C’est devenu beaucoup plus vital de nos jours pour n’importe quelle entreprise, association, activité quelconque, fût-elle locale, d’avoir un site web, et pourtant ce clivage est encore plus vrai qu’avant. Soit vous avez de quoi payer un hébergement, soit vous mangez des pubs à longueur de journée, et de plus en plus.

Vous étiez soutenus par une entreprise-mécène, c’est ce qui vous avait motivés à faire du gratuit ? Ou il y avait une autre raison ?

Ce n’est pas le soutien de l’entreprise en question qui a motivé le gratuit, puisqu’elle est arrivée bien après. Mais Olympe il y a encore quelques années était une structure bien plus modeste, qui n’affichait pas les 90 000 utilisateurs qu’elle compte aujourd’hui. C’était essentiellement les membres de l’équipe qui contribuaient à ce qu’Olympe vive, et les coûts étaient évidemment bien moindres.

Aujourd’hui, cette structure a évolué, s’est sécurisée, a appris de ses faiblesses pour s’améliorer, et s’est stabilisée. La philosophie du gratuit a pu subsister grâce à cette entreprise-mécène, et nous pouvons l’en remercier, effectivement, mais à l’origine il y avait surtout une pensée tournée vers le libre et le partage.

Ce mécène n’est plus en mesure de vous financer, c’est bien ça ?

En effet, elle a financé durant plusieurs années l’infrastructure en grande partie, et a fini par être rachetée fin 2015 par un investisseur beaucoup moins philanthrope que ses prédécesseurs. Dès lors, la fin du mécénat nous a été notifiée et nous avons dû réfléchir en quelques semaines aux possibilités qui s’offraient à nous.

Dans un premier temps, la réaction a été celle de l’urgence : à cette période il a fallu renouveler les serveurs, ce que le président de l’association a fait intégralement à sa charge. De fait, on a dû couper dans les dépenses, et il a fallu réduire le nombre de services proposés pour nous en tenir au minimum vital. Tous les services jugés accessoires (génération de statistiques, certains monitorings…) ont été écartés.

Puis vint la seconde étape : OK, les serveurs sont renouvelés, mais pour combien de temps ? Que fait-on à l’échéance ? Clairement, Olympe n’était plus viable à long terme.

Du coup, vous avez lancé un financement participatif…

On a exploré un tas d’hypothèses. On a bien tenté de remémorer à nos utilisateurs l’existence de notre page Tipeee, appelée à recevoir quelques dons régulièrement. Mais pour vous donner un ordre d’idée, en 9 mois d’existence, cette page a recueillie 240 euros. Soit un quart des frais incompressibles mensuels nécessaires pour faire tourner Olympe.

L’idée de faire du payant nous a traversé la tête un instant, mais ça équivalait à renier toutes ces années de gratuité proposer ce que nous dénoncions dès le début. Je n’évoque même pas l’insertion de publicités sur les sites…

Il ne restait alors qu’une solution : lancer un crowdfunding (ou une campagne de financement participatif, pour les adeptes de la langue française). L’idée est connue : un mois pour réunir une certaine somme, en l’occurrence 40 000 euros. Jusqu’au 4 mai, on espère donc collecter cette somme et pouvoir mettre en œuvre un projet solide et détaillé sur la page de la campagne d’hébergement, d’innovation, et de communauté. L’idée est que cette base nous permette d’atteindre d’ici trois ans un équilibre, grâce au fonctionnement mis en place.

Vous avez besoin de 40 000 €. Que se passera-t-il si ça ne réussit pas ?
C’est effectivement une somme conséquente, et on peut légitimement se demande pourquoi autant. En réalité, la lecture du projet mis en œuvre par l’équipe répond assez bien à cette problématique, car 40 000 euros c’est trois ans d’hébergement assurés.

La campagne est lancée à objectif fixe : soit Olympe reçoit 40 000 euros d’ici le 4 mai, et l’aventure se poursuivra, soit nous ne réunissons pas la somme, et Olympe devra fermer ses portes définitivement. Ce seront alors des milliers d’utilisateurs qui verront leur site inaccessibles, et des milliers d’autres qui devront se rabattre en urgence sur d’autres hébergements, pour la plupart nécessitant de sortir une carte bleue.

C’est beaucoup d’argent, mais vous revendiquez 90 000 utilisateur-ices. Si chacun-e donne 0,50 €, c’est réglé, où est le problème ? C’est peut-être un poil plus compliqué que ça…

On a évité de retenir la base « 90 000 x 1 euro = 90 000 €, nous sommes sauvés ! », pour la simple et bonne raison que ça serait se mentir. Tout d’abord, il s’agit d’une statistique : il existe sans nul doute des utilisateurs qui n’utilisent plus leur site, d’autres qui n’en ont jamais mis en ligne, d’autres qui ont supprimé leur site et conservé leur compte au cas où… si bien que tous ces utilisateurs ne sont pas directement touchés par une fermeture imminente. C’est un peu comme si je vous disais que la boulangerie au pied de chez vous allait fermer, alors que vous ne mangez plus de pain (bon, je sais qu’attaquer le pain en étant Français c’est dangereux mais vous voyez l’idée) !

De fait, en admettant que l’on ait un utilisateur actif sur deux, et que chacun donne 1 € on arrive tout juste à la somme escomptée. Et c’est effectivement illusoire que de s’attendre à ce que tout le monde donne, pour deux raisons.

Premièrement, Olympe est associé légitimement dans l’esprit commun à la gratuité. Or, le gratuit qui demande de payer, psychologiquement c’est un cap difficile à passer pour beaucoup d’utilisateurs. Ce n’est pas la somme qui est bloquante mais l’acte du paiement : pour preuve, ceux qui ont donné ont très largement dépassé les 1, 2 ou 5 euros. Le don moyen varie entre 10 et 20 euros.

Deuxièmement, donner n’est pas à la portée de toutes les bourses, et c’est là-aussi l’intérêt d’un crowdfunding : ceux qui peuvent et qui partagent nos valeurs participent pour ce qu’ils en retirent, mais également pour en faire profiter d’autres, moins avantagés. Donner 10 euros quand on est cadre sup’ et donner 10 euros quand on est au chômage, vous en conviendrez, ce n’est pas la même chose.


Quel est le portrait-robot de vos « clients » ?

Difficile de dresser un portrait-robot d’autant d’individus. Les utilisations d’Olympe sont variées : des sites de petites entreprises locales, d’artistes, de jeunes développeurs en herbe qui se font les dents, d’enseignants qui partagent avec leurs élèves, de « youtubeurs » qui fédèrent leurs communautés, de gamers, tout un tas d’associations locales (anciens combattants, amicales de retraités, amicale de la gendarmerie…), les sites de partage d’événement, notamment des mariages, des sites institutionnels…

C’est difficile de dresser un profil commun à tous. S’il y a une variable commune c’est que nous avons un public globalement cohérent par rapport à l’offre gratuite. Ce sont énormément de personnes qui n’ont pas de quoi s’héberger chez un professionnel.

Pensez-vous qu’il/elles seraient d’accord pour payer une cotisation ? Leur avez-vous posé la question ? Avez-vous d’autres idées pour fonctionner ?

L’idée d’une cotisation a été évoquée lors de notre phase de réflexion, évidemment. Mais sans rentrer dans les détails, ça revient encore une fois à retomber sur de l’hébergement payant : soit vous payez votre cotisation et vous êtes hébergés, soit vous ne payez pas et vous supportez les pubs.

Qu’une cotisation soit proposée aux utilisateurs qui souhaitent acquérir un statut de membre à part entière, c’est effectivement un souhait que nous avons de longue date mais qui n’a pas été mis en œuvre pour l’instant. Que cette cotisation subordonne l’accès aux services, c’est inconcevable au regard des valeurs que nous voulons véhiculer depuis tout ce temps.

Les autres idées nous les avons, et nous adorerions pouvoir les mettre en œuvre, mais nous agissons dans l’urgence : aujourd’hui on ne réunit pas 40 000 euros pour être tranquilles pendant 3 ans, on les réunit pour mettre en place pendant ces trois ans un projet sérieux, structuré, réfléchi pour aboutir à une stabilité financière à l’horizon 2018.

Est-ce que ça signifie que le gratuit, ça ne peut pas marcher ?

Nous n’avons — fort heureusement — pas pris ce postulat, sans quoi nous n’aurions jamais lancé la campagne qui suit son cours actuellement. Le gratuit peut marcher et doit marcher à une époque où le Net est avalé par des géants qui monétisent au maximum un service se voulant, à l’origine, libéré de tout cela.

Nous y croyons, et c’est bien pour cela que nous nous battons depuis 8 ans sur Olympe et pour Olympe. En huit ans, on a participé régulièrement aux RMLL, on a organisé des activités de formation en Afrique, on a connu une augmentation constante de nos utilisateurs : il y a forcément une place pour le gratuit.

Nous y croyons, et nous continuerons d’y croire.

On est encore loin du but… Si vous souhaitez aider Olympe, c’est le moment.

https://www.olympe.in/

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14 Responses

    • Pierre

      c’est vrai ils auraient quand même pu utiliser Hexapay.

  1. Frédéric Urbain

    Contacte Olympe, il doit y avoir moyen de faire un virement. Mais ça ne sera peut-être pas comptabilisé dans le financement participatif, et ça peut manquer pour valider l’objectif.

  2. Olympe

    Bonjour,

    Effectivement on peut vous proposer de faire un virement en vous transmettant le RIB de l’association. On réinjecte les sommes reçus par ce biais dans la campagne, pour éviter que la participation soit transparente.

  3. Philippe-cS

    Bonjour,
    Je veux bien participer (je suis inscrit sans jamais avoir hébergé quoi que ce soit) mais j’ai deux questions un peu naïves: Si vous parvenez à réunir la somme qui vous permettra de continuer, dans quelle mesure faudra t-il réitérer cette opération si vous n’avez plus de mécène et si vous restez sur votre ligne de gratuit? D’autre part, je participe, mais quid des sommes perçues si le plancher n’est pas atteint? Mes respects, et mes amitiés.

  4. Olympe

    Bonsoir Philippe,

    1° Sur la page de la campagne nous expliquons comment cette somme doit nous permettre de mettre sur pied un projet qui, à terme, sera autofinancé. Tout y est détaillé, avec le maintien d’un hébergement gratuit et des services plus poussés payants. Donc nous n’aurions pas à recourir de nouveau à une telle campagne si celle-ci aboutissait.

    2° La campagne a un objectif fixe : nous ne percevrons l’argent qu’une fois que la somme sera atteinte, et si ça devait ne pas être le cas, l’argent retournerait aux donateurs.

    J’espère vous avoir éclairé.

  5. Moa des bois

    Vous avez remarqué, beaucoup de gens aimant le libre ne veulent pas payés en Paypal ne souhaitant pas ou ne pouvant pas disposé(e)s d’une carte bleue , ne pas trop financé les banques (Banquesters) non plus…
    Oui mais aucun autres moyens de paiements et apparemment cela ne rentre pas dans les financements participatifs ???

  6. Moa des bois

    Vous avez remarqué, beaucoup de gens aimant le libre ne veulent pas payés en Paypal ne souhaitant pas ou ne pouvant pas disposé(e)s d’une carte bleue , ne pas trop financé les banques (Banquesters) non plus…
    Oui mais aucun autres moyens de paiements et apparemment cela ne rentre pas dans les financements participatifs ???

    La planète changera aussi par la révolution de la consommation…

    • Pouhiou

      @Moa des Bois : tu as raison, c’est d’ailleurs le premier commentaire à cet article, auquel Olympe a répondu (il y a possibilité de les contacter pour avoir leur RIB et faire un virement qui sera inclus dans le financement participatif).

    • Olympe

      Bonjour,

      En effet, on a déjà eu le cas et le plus simple reste de vous transmettre le RIB de l’asso par mail. Et l’argent reçu est réinjecté dans la campagne pour que cela compte. 😉

  7. lancson

    je trouve à la fois intéressant cette historique et révélateur d’une idéologie un peu déconnectée du monde. Il faut bien de l’argent pour financer ses ressources, on dirait qu’il en ont honte ! Je suis content de voir qu’ils sont en train de sortir de la dépendance un peu infantile à des mécènes et que des solutions de collecte d’argent soient lancées, pour devenir autonomes. J’aime bien répéter, à l’instar de framasoft, que « si c’est gratuit, c’est TOI le produit »
    Bon courage et bonne chance.

    • Olympe

      Merci pour vos encouragements ! La doctrine « si c’est gratuit, c’est toi le produit » fait justement partie des choses contre lesquelles nous luttons. On a jamais traqué nos utilisateurs ou cédé leurs données à quiconque, pas même à nos mécènes, fort heureusement…

  8. NumOpen

    Bonjour,

    Je donne des serveurs DELL d’occasion, à venir chercher à Metz, je ne sais pas si ça pourrait intéresser Olympe. Nettoyés, pile BIOS neuve, BIOS et firmware à jour, matériel testé. SANS disques durs ni tiroirs.

    1 serveur DELL PowerEdge R200, 2 alimentations, 1 microprocesseur Intel Xeon X3210, 4 Go RAM extensible à 8 Go, 2 emplacements pour disques durs SATA, 3 ports SATA (sans disques durs), 2 ports éthernet 1 GBits/s, 2 ports VGA, 4 ports USB, 1 port série.

    1 serveur DELL PowerEdge 1950, 2 alimentations, 1 microprocesseur Intel Xeon 5110 1,60 GHz (extensible à 2 processeurs), RAID, 8 Go RAM extensible à 32 Go, 2 emplacements pour disques durs SAS ou SATA (sans tiroirs ni disques durs), 1 lecteur DVD, 2 ports éthernet 1 GBits/s, 2 ports VGA, 4 ports USB, 1 port série.

    1 serveur DELL PowerEdge 2950, 2 alimentations, 2 microprocesseur Intel Xeon 5130 2,00 GHz, 4 Go RAM extensible à 32 Go, 6 emplacements pour disques durs SAS ou SATA (sans tiroirs ni disques durs), RAID, 1 lecteur DVD, 2 ports éthernet 1 GBits/s, 2 ports VGA, 4 ports USB, 1 port série.

    1 serveur DELL PowerEdge 2950, 2 alimentations, 2 microprocesseur Intel Xeon 5110 1,60 GHz, 4 Go RAM extensible à 32 Go, 6 emplacements pour disques durs SAS ou SATA (sans tiroirs ni disques durs), RAID, 1 lecteur DVD, 2 ports éthernet 1 GBits/s, 2 ports VGA, 4 ports USB, 1 port série.

    1 baie de stockage DELL PowerVault MD1000

    Tél. : +33 7 83 99 12 08 – contact@numopen.fr