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Petite traduction issue du projet Framalang initié justement sur ce blog (grand merci à Coeurgan et GaeliX). En ces temps de débats politiques en France, voilà qui ne devrait pas laisser indifférent :-)
Précisons, pour la grille de lecture, que l’auteur de l’article original est américain. Précisons également qu’il fait directement référence à une citation de Bill Gates assimilant certains partisans du logiciel libre (et de la culture libre en général) à un genre de néo-communistes.
L’article, sous licence Creative Commons BY-SA, est de Terry Hancock et est issu du Free Software Magazine [1].
Le logiciel libre est-il communiste ? Peut-être bien…
Quelques personnes en vue ont qualifié le logiciel libre de "communiste" dans l’intention de raviver contre ce mouvement les fantasmes de la Guerre Froide – Une sorte d’arme secrète du FUD. Je me souviens personnellement de la paranoïa qui régnait pendant la Guerre Froide et je pensais à l’époque (je le pense toujours) que c’était "simplement stupide".
Plutôt que de réagir par un épidermique "C’est pas vrai", je propose d’accepter l’appellation et de voir où ce point de vue nous mène. Peut-être y a-t-il quelque chose de communiste dans le logiciel libre ? Je pense que nous allons voir d’ailleurs que l’idée sous-jacente du logiciel libre est bien plus radicale : Pas moins "communiste" que "capitaliste", mais pas plus pour autant.
La rhétorique éculée de la Guerre Froide
Le 6 août est connu comme étant "le jour de la paix". C’est assez ironique pour le jour qui commémore celui de 1945 où les États-Unis sont devenus le seul pays à utiliser une arme nucléaire sur des êtres humains vivants. On peut dire que cette dernière offensive de la Seconde Guerre mondiale était aussi la première offensive de la Guerre Froide. Nous avions coopéré difficilement avec les Soviétiques pour gagner la guerre, et quand ce fut terminé, notre machine politicienne débuta le "Nouveau Siècle Américain", avec le contrôle américain des armes nucléaires qui faisait office de bâton pour régir la marche du monde.
Quelques années plus tard, les soviétiques ont dépassé ce handicap ; ce fut le début de la "menace rouge", la chasse aux sorcières anticommunistes du sénateur McCarthy commença, et le mot "communiste" devint plus qu’une classification académique d’une philosophie socio-économique particulière. Il devint une insulte, synonyme de "traître" ; et si Bill Gates peut encore l’utiliser comme une raillerie pour décrire le mouvement du logiciel libre, c’est que nous ne sommes apparemment pas encore quittes avec cette paranoïa.
Mais finalement, c’est seulement un mot, une idée qui, bonne ou mauvaise, s’est appliquée à attirer des millions d’êtres humains pendant des décennies. Je crois que l’on peut progresser en introspection en considérant le logiciel libre d’un point de vue "communiste". Peut-être que sur certains points importants, le logiciel libre mérite le nom "communiste". Pas l’insulte, pas l’épouvantail de la menace totalitaire du parti communiste, mais le concept derrière le mot, le communisme qui a convaincu des millions de gens que cela pourrait être une bonne idée.
Travailler ensemble est une bonne chose, n’est-ce pas ? L’idéal d’un objectif commun est très important dans l’expression des objectifs communistes. Mais peut-être que la seule chose que nous devrions craindre dans cette image est l’arme, le spectre de la contrainte d’État pour atteindre cette unité. Si les hommes travaillent librement ensemble, c’est tout à fait autre chose. (Affiche de propagande issue de Wikipedia Commons et tombée dans le domaine public).
Le communisme était une philosophie politique qui tentait de résoudre certains types de problèmes sociaux de l’occident capitaliste qui étaient (et sont toujours) très franchement de vrais problèmes : pauvreté, division en classes, et injustice sociale. Qu’appliqué à une échelle nationale au vingtième siècle, cela n’ait pas semblé résoudre ces problèmes représente un échec humain, mais pas vraiment l’incarnation du diable. Et vous n’avez pas encore donné à une idée une écoute équitable avant de l’avoir étudiée du point de vue de ses supporters. Les communistes eux-mêmes ne voient pas le contrôle de l’économie par l’État centralisé comme un objectif du communisme mais seulement comme un moyen. Marx soutenait même que l’idée était amenée "se faner".
Non, l’objectif du communisme, comme les communistes le voient, est de donner corps à l’idéal communiste.
Chacun donne selon ses capacités, chacun reçoit selon ses besoins.
De ce point de vue particulier, le logiciel libre correspond en effet. Car il n’y a souvent aucune rémunération matérielle directe et exclusive pour le travail réalisé. Les principales raisons pour créer des logiciels dans des communautés libres sont les capacités et les désirs des développeurs. Nous avons une "intérêt-ocratie", comme certains l’ont décrit, ceux qui s’intéressent assez au projet pour faire le travail déterminent la manière de le faire.
De la même manière, la nature immatérielle du logiciel et le coût de réplication du travail résultant proche de zéro mène naturellement à un fonctionnement dans lequel il n’y a aucune raison de ne pas prendre ce qui correspond à nos besoins.
Cette connexion essentielle et immuable entre le "don" de la production et "l’appropriation" de la consommation est cassée naturellement par la nature même du logiciel. Craignant les conséquences économiques de cette réalité dans une société qui se base sur la conservation de la masse et de la quantité (propriété naturelle de la matière, mais pas de l’information ), nos sociétés capitalistes ont construit des systèmes élaborés de contrôle du marché pour forcer le marché de l’information à imiter, contre sa nature, les propriétés du marché matériel.
Nous appelons ces contrôles, collectivement, le "régime de la propriété intellectuelle". Et ce qui a été un jour une mise en oeuvre simple, limitée à la fois en temps et en portée, est devenu énorme. Quand des enfants de douze ans et des citoyens âgés sont menacés de poursuites judiciaires et d’amendes d’un montant correspondant à ce qu’ils pourraient gagner dans les dix prochaines années pour le crime horrible d’écouter de la musique et la partager avec leurs amis ; quand de grandes entreprises utilisent des armées d’avocats pour prendre le contrôle d’idées triviales à travers les brevets logiciels ; quand des traités internationaux dépendent de l’application de contrôles de plus en plus stricts sur la dissémination de l’information ; quand le simple acte d’écrire un logiciel capable de briser ces cadenas sur la liberté intellectuelle est considéré comme un crime, pouvons-nous réellement prétendre que les lois sur la propriété intellectuelle sont moins répressives que l’"économie contrôlée" des communistes ?
Le logiciel libre élimine ces contrôles artificiels, libérant le marché, et restituant aux produits immatériels leur comportement naturel. Un comportement qui embrasse curieusement les idéaux de la société communiste.
Libre échange communiste
En vérité, la stratégie des licences libres et tout le concept de production communautaire court-circuitent ce spectre politique, détruisant les frontières traditionnelles, car il met en œuvre les idéaux communistes sans les restrictions que les capitalistes leur opposent.
En temps que contrat social, les licences libres comme la GPL dessinent des frontières très différentes de la propriété personnelle sur le plan intellectuel, que celles dessinées par le capitalisme ou le communisme dans le monde matériel. On accorde beaucoup plus d’importance à la paternité qui est le carburant du "jeu des réputations" et qui laisse les excellents créateurs en position de créer. Mais la possibilité de contrôler l’usage et la reproduction du travail est refusée. En effet, grâce au copyleft, ce contrôle artificiel du marché est interdit à quiconque, assurant que le travail est libre pour être utilisé, réutilisé, amélioré et que ce travail amélioré soit partagé. Ce travail est possédé dans ce sens, non par un individu, mais par "la communauté".
Ainsi on peut le qualifier à la fois de communiste et de "libre échange", au moins d’un certain point de vue. Nous, occidentaux, avons été conditionnés pour croire que le libre-échange conduit toujours à la compétition, mais dans le cas du logiciel libre, le libre échange conduit à la coopération, ou pour parler plus crûment, au communisme (c’est-à-dire qu’il encourage les gens à agir en communauté et à garder la propriété en commun). On peut participer au logiciel libre avec peu ou pas de capital, donc il n’y a pas de raison de chercher de gros investissements de capital et partant il n’y a aucun besoin du "capitalisme" en tant que tel (contrairement au logiciel propriétaire, vous n’avez pas besoin d’une entreprise pour lancer un projet de logiciel libre).
C’est, bien sûr, l’élément qui ébranle les fondements de l’argumentaire capitaliste quant à l’importance des contrôles sur la propriété intellectuelle pour maintenir la production. Ils prennent pour conclusion certaine que la production est impossible sans investissement de capital et que les droits d’auteur sont le seul moyen d’avoir un retour sur cet investissement. Malgré cela, il est démontré que la production de logiciel libre est si efficace et réduit tant les coûts que l’investissement de capital devient presque sans objet pour tous les projets logiciels sauf une petite minorité. De ce fait, des moyens moins restrictifs de collecter des revenus, comme des contrats de service, des commissions reçues préalablement, et des investissements basés sur la valeur de l’usage personnel, se sont montrés utiles pour subvenir aux modestes besoins de fonds des projets de logiciel libre.
Contrairement aux a priori de notre société, "libre échange" ne veut pas forcément dire "capitalisme". Le "capitalisme" fait référence à une pratique spécifique d’accumulation de capitaux pour créer des entreprises. Dans le cas du marché matériel, le libre échange semble conduire invariablement au capitalisme, mais on ne peut pas vraiment affirmer qu’il en sera ainsi dans le monde de l’immatériel.
Dans le marché libre de la production basée sur la communauté (CBPP[2]), le travail est spontanément donné pour l’accomplissement du but pour le simple plaisir (ou égoïsme éclairé si vous préférez, ce qui est généralement mon cas ) de participer à l’effort communautaire, basé sur les compétences des contributeurs. Ceci arrive sans aucune intervention de l’État ni contrôle de marché. "Chacun donne selon ses capacités, chacun reçoit selon ses besoins." arrive sans contrainte d’État d’aucune sorte (c’est-à-dire dans un marché de libre-échange). On peut donc dire que le "CBPP" ou le développement de logiciels libres est un vrai cas de "marché de libre échange communiste" qui fonctionne.
Nous savons déjà que ce système fonctionne. Il a créé GNU. Il a créé Linux. Il a créé X. Il a créé Wikipedia. Ce système a accompli, avec très peu ou pas de capital, des choses qui coûtent à des entreprises des milliards de dollars de capital (comparé à Microsoft Windows, le système d’exploitation d’Apple (avant Darwin/OS X) et l’Encyclopedia Britannica). Et loin d’être des copies inférieures comme notre éducation capitaliste occidentale dit qu’ils doivent être, il semble qu’ils soient au moins aussi bons sinon meilleurs que leurs équivalents propriétaires. Dans certains cas (comme Internet lui-même), il n’y a pas d’équivalent propriétaire.
Une nouvelle révolution
Ce marché libre, cette économie de bazar ne ressemble pas vraiment aux vraies sociétés communistes du vingtième siècle. Mais il pourrait ressembler à la vision que Marx avait en tête d’une société communiste qui fonctionne, qui ne nécessite pas de contrôle du marché ou de répression pour fonctionner. Et ce n’est pas quelque chose que nous devrions être désireux de condamner, n’est-ce pas ?
Je pense que la seule raison pour laquelle les gens ne disent pas cela est qu’ils ont peur d’être étiquetés "communistes" à cause de la paranoïa historique. Mais je ne pense pas que nous devrions réagir de manière aussi superficielle. Nous devrions nous élever au dessus de cela, et réaliser que c’est exactement ce que nous sommes en train de faire avec le mouvement du logiciel libre et avec le bazar. Nous nous élevons au dessus de la conception dépassée qu’avait le vingtième siècle du "communisme" et du "capitalisme". Nous avons remplacé les deux de la manière dont tout vieux système devrait espérer être remplacé : en construisant quelque chose qui fonctionne encore mieux.
Longue vie à la révolution !
Terry Hancock
Thesa
Une différence notable demeure cependant entre le logiciel libre et le communisme : contrairement à ce dernier, le logiciel libre peut coexister avec le capitalisme, devenant simplement un concurrent supplémentaire. C’est pour moi quelque chose de très intéressant : on remplace la révolution par une évolution, et je pense que c’est beaucoup plus durable et irréversible…
p4bl0
Le logiciel libre est-il communiste ?
La traduction d’un article très intéressant a été publié sur Framablog. Cet article est une réflexion sur le logiciel libre à propos de sa connotation "communiste". Ce qui est particulièrement intéressant c’est que pour une fois l’auteur de……
p4bl0
Ce texte et GÉ-NI-AL !
Enfin je vois quelque part où les gens n’ont pas hontes du termes "communistes", (je me rappel du post qui annonçait la présence la Framasoft à la fête de l’Huma…).
De plus je pense que la "peur historique" du communisme s’efface peu à peu, notamment auprès des jeunes (je suis en terminale) qui se sentent désormais loin de ce qu’il voit dans leur livre d’histoire, surtout que certains prof précise que les parties d’extrême gauche en France ne sont pas en faveur d’une dictature, mais que les dictatures qui se sont appelées communistes ne sont que des dégénérescences.
En plus avec les mouvements anti-CPE de l’an dernier les jeunes ont rencontrés des partis et des rassemblement unitaires de gauche et extrême gauche et ont du coup vu ce que c’est réellement.
Donc je pense vraiment qu’aujourd’hui il ne faut plus avoir peur d’affirmer que le logiciel libre a des traits (et même pas mal de traits) en commun avec le modèle communistes (celui de Marx, et aussi de Trotsky en partie) pas le Stalinisme ou une de ces autres conneries qu’on appelle (et qui s’appelaient elle même) communisme alors quelles n’en étaient pas si on s’en réfère à ce que disait Marx.
🙂
Bogoris
C’est marrant, j’ai un peu réfléchit sur le sujet hier alors que je n’avais pas vu ce billet 🙂
"L’idéal d’un objectif commun est très important dans l’expression des objectifs communistes. "
–> Et même dans l’objectif de toute Nation. Il y a deux conceptions de la nations : les conceptions objective et sujective. La conception objective c’est genre tu as les yeux verts, les cheveux roses et tu aimes la choucroute, j’ai les yeux rouges, les cheveux blancs et je préfères les cookies, on est pas de la même nation. C’est assez pratique, sauf si une personne se teint les cheveux, mets des lentils de couleurs et ments sur ses goûts culinaires ^^. Bref, même si c’est pratique, je trouve ça moyen-pas terrible comme conception de la nation. La conception subjective repose sur le partage d’un idéal, d’un projet politique commun. Or, le travail, la répartition du travail est au coeur de l’organisation de la société, donc du politique (et pas de la politique), car le politique vise à réduire les antagonismes de la sociétés, et, je pense, tente parfois de l’organiser (un peu quand même). Donc, si le travail est au coeur du politique, et le politique au coeur de la Nation, alors la manière de travailler devrait un minimum coller à la Nation. Or ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce qu’on a une conception objective de la Nation ou à cause de la barrière des langues et de la culture (qui sert à prévoir les comportement rappelons-le) ? Sais pas. Dans l’idéal, il y aurait un pays pour les pro-libre et un pays pour les pro-propriétaires. Enfin ce serait un peu plus compliqué que ça si on prend en compte d’autres paramètres du travail et du politique.
"Nous, occidentaux, avons été conditionnés pour croire que le libre-échange conduit toujours à la compétition, mais dans le cas du logiciel libre, le libre échange conduit à la coopération"
–> Que libéralisme rime avec coopération ? Un rêve, mieux : un but à atteindre (et sans monopole formel svp).
« Ainsi on peut le qualifier à la fois de communiste et de "libre échange" Dans le cas du marché matériel, le libre échange semble conduire invariablement au capitalisme, mais on ne peut pas vraiment affirmer qu’il en sera ainsi dans le monde de l’immatériel. »
–> Et si nous montions des associations qui petit à petit se transformeraient en communautés (genre la communauté du Pinnacle des Rastafaris) ? Ex : on pourrait s’acheter en commun des machines pour usiner des pièces et créer des objets électroniques marrants. Se mettre à 10 personnes pour s’acheter un tracteur et cultiver notre terre à tour de rôle. Y’a un truc qui existe déjà actuellement et que je trouve sympa : les entreprises dans lesquelles les employés sont actionnaires de leur propre entreprise. Du coup, les actionnaires ne sont jamais contre les travailleurs. Et ça, c’est génial. Il faudrait peut-être créer un nouveau type d’entreprise dédiée à ça: EAE (Entreprises à Associés Employés), ou un truc du genre.
Reste un problème : comment l’organiser de manière étatique ? Parce que l’anarchisme euh… c’est aussi faillible que Windows.
Enjeux du logiciel libre, standards ouverts et
Programme de Marie Georges BUFFET – Candidate du Parti
Le Communisme est-il logiciel libre ? Quelques éléments de réponse dans le programme de Marie Georges BUFFET , candidate du Parti Communiste Français : ce que nous proposons sur les logiciels et les contenus libres….
Makno
quel beau fil !
cela me remonte le morale de lire cela
J’ai Juste une petite remarque concernant l’anarchisme. On ne sait pas vraiment si cela marche, car a chaque fois que cela ete tenter a grande echelle tout le monde leurs est tomber dessus. demandé aux espagnols et aux ukrainiens.
Concernant le type d’entreprise, ca tient dans une cooperative classique.
Pour le reste, il ne manque plus qu’une chose :
Que les moutons comprennent qu’ils n’ont pas besoin de berger !
Lisael
Bogoris ->"les entreprises dans lesquelles les employés sont actionnaires de leur propre entreprise. Du coup, les actionnaires ne sont jamais contre les travailleurs. Et ça, c’est génial"
En théorie, certes, mais l’expérience a été tenté à grande échelle par exemple dans la Yougoslavie de Tito, et rapidement le villain capitaliste a courte vue qui someillait dans chaque travailleur a repris le dessus et les entreprises ont cessé d’embaucher et d’investir pour ne pas rogner sur les dividendes des actionnaires/travailleurs… Ceci dit, je connais des SCOOP (c’est le nom de ce type des sociétés) qui fonctionnent bien, mais cela implique un engagement réfléchi et militant de chaque associé/employé impossible à obtenir dans les grosses structures.
Reste que cet article est admirable en tout points, et j’aime particluièrement l’idée d’accepter avec un sourire de remerciement et de reprendre à son compte les noms d’oiseaux que les contradicteurs lancent à la légère.
Jérôme
Je suis le délégué TIC du PCF. Je trouve ce texte formidable et souhaitais apporter deux remarques.
Le lien est effectivement très fort entre le Libre (ce que Gates appelle le "communisme informationnel) et le communisme (au sens non pas d’une société à établir, mais d’un mouvement de résistance et de construction visant à dépasser l’ordre actuel des financiers). En tous cas suffisamment fort pour que le Parti communiste français soutienne sans ambiguïté et depuis plus de dix ans l’utilisation et le développement des logiciels libres. L’engagement du PCF sur les logiciels libres (http://pcf.fr/spip.php?rubrique75) est en effet de longue date (http://pcf.fr/spip.php?article116) et il est accompagné de faits. C’est sur proposition des élus communistes que Paris a développé le CMS Libre Lutece (http://fr.lutece.paris.fr/fr/jsp/si…) et que la Région Ile de France va distribuer 175.000 clés USB entièrement à base de logiciels libres (http://eluscacridf.org/communiquesd…). Le PCF est également le seul parti à avoir eu une position cohérente sur la Loi DADVSI (http://pcf.fr/spip.php?article479 ) en s’y opposant unanimement aux deux chambres parlementaires, là ou cette loi était voté avec les voix de l’UMP, l’abstention de l’UDF et la division du PS. Le PCF est le premier parti et le seul à avoir déployé l’intégralité de son schéma directeur avec une part prépondérante donné aux logiciels libres (180 ordinateurs au siège du PCF, utilisation systématique de SPIP, de DotClear, OpenOffice, Firefox, Thunderbird, mise à disposition de l’ensemble des contenus sous licence créative commons… voir http://pcf.fr/spip.php?article1048). Enfin, nous organisons le Village du Logiciel Libre à la fête de l’Huma (http://www.humanite.fr/fete-rubriqu…) et faisons du libre un des enjeux de la campagne présidentielle (http://www.mariegeorge2007.org/spip…).
Au delà du modèle de production et du modèle économique du libre, nous défendons son modèle d’organisation sociale. L’approche du Libre est transférable à toutes les ressources informationnelles, dans le domaine de l’édition scolaire ou celui de la publication scientifique, mais également au domaine de l’art et de la création (licence art-libre, expérience d’in-libro veritas, etc…). Elle présente des convergences avec la logique des médicaments génériques et la non brevetabilité du vivant. Dépassant son statut de modèle économique, le Libre s’est peu à peu imposé comme un mode original et performant de production et d’échange. Dans des économies et des sociétés où la connaissance occupe une place sans cesse croissante, il contribue à poser les questions de modèles économiques et de propriété intellectuelle à venir, permettant de dépasser les seules réponses en vigueur aujourd’hui : privatisation, concurrence et marché, incapables de mettre en oeuvre le partage et l’universalisation.
Ma seconde remarque concerne la pseudo compatibilité entre le mouvement des logiciels et des contenus libres et le capitalisme. Comme tous les mouvements de fonds qui portent le germe du dépassement du capitalisme, le mouvement du libre se déploie dans une société capitaliste, comme par exemple la sécurité sociale, les comités d’entreprises ou les congés payés. Ces mouvements, lorsqu’ils sont trop antagonistes, font réagir les tenants de l’ordre financier. Pour qui en douterait, il suffit de feuilleter l’agenda législatif : la guerre est déclarée, et "le marché" a sorti la grosse artillerie. Directives européennes, "brevetabilité logicielle" et "IP enforcment", loi "confiance dans l’économie numérique", transposition du paquet télécoms en droit français, offensive technologique TCPA et directive "EUCD" et DADVSI…. tous les coups sont permis pour faire la peau de l’Internet libre et des systèmes participatifs et interopérables. Cette hostilité montre s’il le fallait que le libre préfigure une logique coopérative d’échange volontaire des savoirs, vécue comme menaçant la hiérarchie des pouvoirs du monde marchand (pourtant acceptée par ceux qui découvrent aujourd’hui le logiciel libre et prétendent le soutenir). Notre bonne droite français ne fait pas exception. La responsabilité UMP-UDF dans les lois anti-logiciels libres et liberticides qui ont émaillées la mandature est écrasante : DADVSI, LSI, LCEN, complaisance avec les brevets logiciels au Parlement européen, RGI peu contraignant dont les décrets ne sont toujours pas publié pour ne pas gêner le lancement du nouveau produit de l’éditeur hégémonique… Les quelques propos vagues et lénifiants de François Bayrou sur le logiciel libre, ni précis ni concrets, peuvent-ils d’ailleurs faire oublier l’abstention complice de l’UDF sur DADVSI, ou le récent revirement de son candidat à propos des brevets logiciels ? ("C’est une question difficile […] il y a des avantages des deux côtés […] j’ai suspendu mon jugement sur cette affaire.").
Ne croyons donc pas que le capitalisme dépense une telle énergie contre le libre s’il pensait que les deux modes de production étaient "compatible". Les communautés en ligne et l’expression non marchandes des compétences citoyennes constituent une institution informelle mais fondamentale de la société de la connaissance. Elle peuvent préfigurer une autre organisation sociale, fondée sur le communisme informationnel et la gestion démocratique des moyens de productions. Avec l’échange des fichiers sur les réseaux de pair à pair, avec le mode de développement des logiciels libres, avec l’apparition de contenus partagés et enrichis en permanence par des citoyens acteurs, le réseau révèle au plus profond du corps social l’envie de partage et le goût du don, anesthésiés par l’économisme obsessionnel de la sphère marchande. Le libre est bien un exemple concret et performant de communisme informationnel.
Lisael
"Ne croyons donc pas que le capitalisme dépense une telle énergie contre le libre s’il pensait que les deux modes de production étaient "compatible". "
Même si, sans m’étendre sur le sujet je me considère "de gauche", je ne peut que remarquer que certaines grosses sociétés capitalistes aident, soutiennent et investissent dans des projets libre. Les deux exemples les plus connus sont bien sûr Sun microsystem/ Open Office.org et Apple/OS X mais il y en a bien d’autres ( citons France Télécom, HP, certains fabricants de hardware qui fournissent des drivers open source…). Le capitalisme trouve aussi son intéret, qu’on le veuille ou non, dans le logiciel libre. J’ajoutrais que je connais bon nombre d’anars qui me prouvent par a+b que le logicel libres est bien entendu anar. Et pareil pour les libertariens ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Libert…). Ces points de vue sont tous défendables a priori, si ce n’est qu’il ne faut pas perdre de vue ce qu’est le logiciel libre.
Le "libre" n’a pas pour objet de promouvoir telle ou telle idéologie politique, mais simplement la seule façon rationnelle et à long terme efficace de produire et diffuser des logiciels. M’est avis que si la seule organisation susceptible d’arriver à ce but était le facho-pol-potisme, le libre serrait, dans son infinit pragmatisme, facho-pol-potiste.
Ce qui a motivé Stallman amha pour créer les licences GNU, c’est moins un doux idéal politique utopique vaguement gauchisant, qu’un profond énervement dû à des applications et drivers défectueux et irréparables car distribués sous licence fermée ( au debut de l’informatique le partage des sources allait de soi ).
Il faut voir dans cet article un simple droit de réponse finement amené et teinté d’une pointe d’humour, et se garder de de tomber dans un troll géant sur le thème "pour qui votent les manchots".
arsenic
le logiciel LIBRE ne peut en aucune façon etre communiste,car le mot LIBRE ne veut pas dire planification d’état.Par contre ,microsoft par son MONOPOLE se rapproche du communisme.Le capitalisme tel qu’il est aujourd’hui est une insulte au veritable libéralisme, car seul le financier a droit de cité.Je pense que le logiciel LIBRE est un des éléments du libre arbitre de tout un chacun. Les ideologies sont les CANCERS de la LIBERTEE.
Jérôme
Simplement une remarque à Lisael sur l’utilisation du libre par les grandes firmes capitalistes. Je disais précisément : "Comme tous les mouvements de fonds qui portent le germe du dépassement du capitalisme, le mouvement du libre se déploie dans une société capitaliste".
Justement, le capitalisme, système idéologique de la rente protégeant les intérêts d’une infime minorité au détriment de l’humanité, réagit de deux manières différentes au Libre. D’une part il tente de supprimer ou de subvertir ce qui dans ce mouvement constitue une remise en cause pratique de son fonctionnement. Mais dans le même temps il tâche de profiter de la productivité et de l’avantage compétifi de ce système pour son avantage à plus court terme. Exactement comme il profite de la sécurité sociale sans y être pour rien et tout en essayant de la supprimer.
C’est cette contestation au coeur de la logique capitaliste qui fait du libre un mouvement en dépassement (c’est à dire à la fois issu de et capable de faire autrement) du capitalisme. Ce mouvement réel qui peut abolir l’état actuel du développement économique et social, si il devient un rapport de force, c’est la définition même du communisme.
"Découvrir" que SUN et HP investissent le libre ne gomme en rien l’antagonisme premier rappelé par cet article : "nos sociétés capitalistes ont construit des systèmes élaborés de contrôle du marché pour forcer le marché de l’information à imiter, contre sa nature, les propriétés du marché matériel. Nous appelons ces contrôles, […] le "régime de la propriété intellectuelle". […] Le logiciel libre élimine ces contrôles artificiels."
Qand à l’assimiliation du communisme à une planification d’état, elle montre simplement que la personne qui dit cela n’a jamais rien lu sur le sujet -pas même l’article principal de cette page.
monsieur-robert
Je trouve le texte initial plutôt ronflant et qui oblige, pour éviter la poudre aux yeux, à réfléchir au sens de chaque phrase avant d’en valider le sens.
Et surtout je crois qu’il est basé sur une erreur fondamentale qui est l’opposition entre logiciel libre et capitalisme.
Pour l’erreur fondamentale, il me fait penser à une comparaison que j’avais voulu faire, à l’occasion d’élections il y a quelques années, entre les textes de
la LCR ou LO et celui du FN. Je pensais que le discours de l’un ferait un bon discours de l’autre en remplaçant simplement immigrés par patrons, PS-social-
traître par UMP-national-traître, riches par riches, juifs par juifs, etc… Mais le texte d’extrême-gauche couvrait 2 pages, écrit serré, quand le texte
d’extrême-droite tenait sur 2 demi-pages, écrit gros.
La différence était bien dans la forme, mais pas où je la cherchais.
Ici, l’erreur fondamentale serait de croire qu’on peut créer ou utiliser du logiciel libre sans ordinateur, qu’on pourrait fabriquer des processeurs, des
mémoires, des disques, des écrans plats dans son garage, sa cave ou sa cuisine.
Ces discours, très sexy, de rejet du capitalisme, d’échange d’égal à égal entre êtres humains responsables et respectueux font oublier qu’il y a un moment où il faut se nourrir, s’habiller, se chauffer.
Adieu ordinateur, ADSL, téléphone portable, CD, automobile, congélateur, four à micro-ondes, canettes en aluminium.
Bonjour huile de coudes et vélos en bois.
Si le capitalisme est l’exploitation de l’homme par l’homme et le communisme son contraire ;), il ne faut pas perdre de vue qu’il faut souvent mobiliser des
moyens adaptés à la production, que ce soit pour fabriquer une unité ou pour des millions d’unités.
Regardez autour de vous et enlevez ce qui n’existerait plus sans moyens industriels lourds.
Ce sont d’abord nos petits égoïsmes de consommateurs qui font les gros profits des multinationales.
Discours très sexy aussi contre l’argent-roi mais il y a un moment où il faut convenir de ce qu’on doit échanger contre un kilo de blé (tu t’démerdes pour en
faire de la semoule ou de la farine), un kilo de pommes de terre, un litre de lait, un poulet, un service quelconque, etc… Le problème du litre de carburant ne se pose plus.
On ne peut pas faire une révolution sans que tout change.
Discours trés sexy encore des apologies de l’énergie solaire, mais si elle est plutôt justifiée en ce qui concerne le chauffage par panneaux, avez-vous
trouvé une indication de l’énergie nécessaire pour produire un cellule photovoltaïque et de l’énergie que cette cellule pourra produire en 20 ou 50 ans ?
Est-ce que la seconde sera supérieure à la première ?
Discours très sexy enfin sur les énergies alternatives et renouvelables. Si on passe à côté d’une maison où on se chauffe au bois, l’odeur est sympathique.
Mais si nous nous chauffions tous au bois, qu’adviendrait-il des gaz de combustion ? nos forêts produiraient-elles assez de bois pour couvrir les besoins ?
Y avait-il déjà des problèmes de pollution automobile à Paris au début du 20ème siècle ?
Ce qui est bon pour 1, est-il encore bon pour 65 millions ?
Si tout le monde répète la même bêtise, est-ce que ça devient une vérité ?
Un proverbe chinois dit que quand je montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.
Quand on vous montre la lune (paradis des travailleurs, des croyants ou autres), demandez-vous si ce n’est pas plutôt le doigt qu’il faut regarder (le moyen
d’y parvenir).
Il est plus facile d’écrire ou d’utiliser du logiciel libre quand on est par ailleurs salarié, logé, nourri, blanchi que quand c’est de ça qu’on doit tirer
ses revenus. Un pays d’économie libérale est bien plus confortable pour chanter les louanges du communisme.
Une blague dit que si le régime communiste était adopté par tous les pays, il faudrait conserver au moins un pays capitaliste pour (nourrir, subventionner)
les premiers.
Peut-être parce que le communisme nie plus la reconnaissance et la responsabilité individuelle et perd donc en efficacité.
Quand je fais la queue devant la (petite) boulangerie, un peu plus loin que celle près de chez moi, et que des personnes souvent agées remarquent que c’est
comme en 1940, je leur rappelle qu’au moins il y a du pain et qu’il est bon. Si la boulangerie était plus grande ou si c’était une boulangerie d’Etat, nous
serions au chaud et nous ferions moins (?) la queue, mais le pain serait-il aussi bon … ?
Dans une émission de cette fin de semaine, un interlocuteur faisait remarquer que la France est un des derniers pays où l’on discute encore largement du modèle économique. Est-ce le mythe de la révolution française malgré ses 80 ans de quasi-instabilité politique, de la révolution russe malgré ses 70 ans
de quasi-stabilité politique ?
Je passe sur le discours récurrent sur la communauté d’esprits éclairés et qui portent un message fort autant que nouveau, etc… menacée de toutes parts et
qui doit rester repliée sur elle-même ou être protégée par … car les "autres" la menacent.
Dernière petite réflexion philosophique sur notre responsabilité de consommateurs, de Voltaire : On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir
de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres…
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Je suis de la génération de ceux qui ont travaillé sur DEC PDP-11, puis VAX et Alpha, qui, pour faire tourner leur PDP-11 ont compilé les sources de l’OS
RX11-M signées Dave Cutler (qui a travaillé ensuite sur VMS puis WNT). Je comprend l’énervement de Stallman…
Je crois qu’IBM a fait non pas 1 mais 2 erreurs (fautes ?) à la base : choisir MS/DOS et choisir les processeurs Intel.
J’ai utilisé Netscape avant Firefox et Thunderbird, Sprint, Ami Pro ou WordPerfect et Quattro Pro avant MS Office.
Je sais, la honte, mais j’utilise OpenOffice pour réparer les fichiers foireux issus de Word ou Excel et j’ai réussi à convaincre un de mes clients de l’utiliser dans
les salles de formation. Pourtant mon intérêt aurait été de lui vendre MS Office, puisqu’il me le demandait.
Je suis en train de mettre en place GLPI et OCS Inventory avec XAMPP.
Je crains qu’il y ait dans le libre un combat d’egos et de communautés qui font que, sorti des suites bureautiques ou des bases de données qui ont entre 2 et 6 choix environ, on tombe rapidement dans la pléthore de petits logiciels qui rendent de petits services et qui se différencient du voisin qui…
Alors pour monter une station de travail correcte… Il faut au moins avoir du temps et des revenus annexes.
Je crains que les petites luttes fraticides ne fassent les beaux jours de certains.
michel
tres bien cet article !
toufou13
Que Mr Bill GATES super commercial se permette de traiter le logiciel libre de communiste me semble parfaitement correspondre a son état d’esprit, en effet cela fait des années qu’il revend la même soupe corrigée en nous faisant croire a de la nouvauté.
Les logiciels libres proposent d’ameliorer l’existant par un travail collectif et intelectuel et par la même gratuit comme devrait l’etre tout produit de l’intellect.
Seule une prestation (service rendu, concert, materiel utilisé) devrait ètre remunéré, tout le reste decoule de notre éducation, du vécu des gens qui vous entoure et fait donc partie de notre civilisation.
monsieur-robert
Je veux bien accorder que B.G. fait passer des nouveautés d’apparence pour des nouveautés technologiques et heureusement que depuis bientôt 30 ans les ordinateurs, hors PC Wintel, savaient réorganiser l’ordre de lecture sur les disques pour servir le plus d’utilisateurs en un minimum de temps, ce qui revient aujourd’hui avec le NCQ sur les disques SATA. Essayez de copier un fichier de quelques giga et de lancer une autre application pendant ce temps…
"Les logiciels libres proposent d’ameliorer l’existant par un travail collectif et intelectuel et par la même gratuit comme devrait l’etre tout produit de l’intellect.". Sexy, mais les logiciels commerciaux aussi proposent d’améliorer l’existant, de rendre un service.
"Collectif et intellectuel, donc gratuit", c’est un peu court, jeune homme, j’ai l’impression que l’hypothèse sert de conclusion.
Peux-tu être plus concret ? Qu’est-ce qu’un produit de l’intellect qui ne rend pas de service ? Educatif ? Artistique ?
Ardeche en lutte
CommuNtics : le »general intellect » contre le marché
[ Par Frank le mardi 27 février 2007, 08:43 – Ntics – Lien permanent ->le lien ici | http://frank.gauchepopulaire.fr/index.php/post/2007/02/27/CommuNtics-%3A-le-general-intellect-contre-le-marche ] un excellent article sur le logiciel libre et le…
VERROUST Gérard
Cet article m’a ravi. Depuis plus de 10 ans dans mon cours à Paris VIII, j’explique à partir d’une analyse poussée que la Révolution Scientifique et Technique contemporaine crée les bases matérielles non pas du socialisme mais bel et bien du Communisme. Économie de la gratuité à coût fixe, le profit ne se réalisant plus que dans la rente, les taxes, les péage, toutes activités parasitaires On rappelle qu’en Économie politique l’information n’est pas une marchandise, même si Bill Gates la vend comme telle, ce qui constitue un vol gigantesque, l’amortissement du coût initial ayant été réalisé depuis longtemps. J’ai fait là-dessus un séminaire dans un groupe de travail interuniversitaire d’Économie politique. Et un exposé encore récemment sur le Droit d’Auteur.
Nous sommes au cœur de la grande contradiction historique dans laquelle se débat le capitalisme qui se trouve confronté à une base matérielle radicalement nouvelle mettant en cause ses règles fondamentales. C’est ce qu’on appelle en Histoire une situation révolutionnaire qui n’est pas sans rappeler le XVIIIème siècle. Voir les remarques de Condorcet.
L’auteur a-t-il une adresse Internet ? Et comment envoyer un fichier HTML à framablog.org. Merci.
Gérard Verroust (Université Paris VIII)
Youkeo
C’est scandaleux de lire des choses pareilles.
Pour vivre dans un ex pays communiste, pour connaître des familles dont des membres sont morts où ont été torturés ou déportés au nom de l’idéologie communiste, pour avoir des amis proches dont le père, la mère, le frère ou la soeur sont disparues sans laisser de trace, après avoir été emmenées par la police communiste, je me sens mal en lisant un article de cette teneur sur Framablog.
J’utilise Linux, je suis même un fervent défenseur des logiciels libres. Mais cet article me fait retirer Framablog de mon aggrégateur, et me décide à ne plus jamais ni le conseiller, ni le citer où que ce soit, alors que jusqu’à maintenant, je le considérais comme un site de référence.
Vraiment, j’ai besoin de plusieurs jours pour m’en remettre, je n’aurai jamais cru une chose pareille possible, lorsqu’on voit l’esprit modéré dont les rédacteurs font preuve d’habitude sur ce site.
Aurevoir donc, et pensez aux familles brisées par l’idéologie que vous assimilez au libre, mais qui n’a vraiment rien à voir, mais alors vraiment rien, avec Linux ou le libre, et surtout pas avec la liberté.
Youkeo
J’ajoute à mon précédent commentaire pour parer aux réponses éventuelles, que le communisme est violent par nature, et la dissociation "dérives de l’histoire"/"réalité actuelle du communisme" est fausse,
il suffit de lire Marx pour s’en convaincre, lui qui prêche la révolution et la guerre entre classes, qui justifie la violence à des fins idéologiques.
Dans plusieurs pays d’Europe, le parti communiste est d’ailleurs interdit, c’est le cas ici.
Et les familles que je connais, qui ont été déchirées par cette idéologie, dont certains membres sont toujours disparus des années après un simple passage de la police pour "contrôle", ou même ceux de mes amis interdits d’études supérieures à l’époque pour "milieu familial suspect" (comprendre non-ouvrier), tout celà, ce n’est pas une dérive, c’est dans les textes fondateurs du communisme.
Je ne reviendrai plus par ici, donc. Dommage quand même d’en arriver là.
totomatisme
@Youkeo, vous dites : "C’est scandaleux de lire des choses pareilles.".
Quitte à prétendre lire, peut-être vaudrait-il mieux lire un peu plus loin que le titre (comprenez : "l’article entier"). Ça vous éviterait sans doute d’être complètement ‘à côté de la plaque’ ;-).
Bogoris
Lisael > J’ai pas compris tout ce que tu as dit XD
Lisael a dit :
«Ce qui a motivé Stallman amha pour créer les licences GNU, c’est moins un doux idéal politique utopique vaguement gauchisant, qu’un profond énervement dû à des applications et drivers défectueux et irréparables car distribués sous licence fermée (au début de l’informatique le partage des sources allait de soi ).»
-> Donc j’invite ceux qui le souhaitent à lire cet article de NoJhan intitulé "Le Libre est-il politique ?" : http://nojhan.free.fr/article.php3?…
Enfin, je vous invite à aller sur ce site : http://freecycle.org/ et vous signale que Happy Cache, zone du Poulfan, à Vannes (Morbihan), vend du PC Linux d’occasion (et ils sont très sympa les gens qui tiennent cette boutique 🙂 ).
À mon avis, la seule chose qu’on puisse contredire, c’est sa définition du politique (et non pas de la politique, qui est plus la guerre entre les partis que l’amélioration de la société).
Sinon j’ai découvert un truc sympa, moi qui voulais m’acheter Le manifeste du Parti communiste de Karl Marx car je déplorait de ne pas savoir quelles étaient réellemnent ses idées, je vais peut-être pouvoir faire une petite économie : http://fr.wikisource.org/wiki/Karl_…
Si on peut sur ce blog se lancer dans un débat politique, je voudrait dire que moi je trouve juste dommage que les entreprises se fassent concurrence alors que si elles travaillaient ensemble, elles pourraient faire de jolies choses. Je rajouterai qu’un jour, peut-être, beaucoup plus de choses seront automatisées, donc beaucoup moins besoin de travail (même s’il faut des gens pour créer les machines et d’autres pour éduquer les créateurs de machines, etc…), et que donc, le système actuel est à mon avis faillible (eh oui, j’aime pas ça les failles, et c’est pour ça que je tourne pas sous Windows). Concernant les entreprises, c’est encore une fois dommage qu’elles doivent faire des trucs comme HP (reste à savoir si c’est vraiment vrai, mais ça ne m’étonnerait pas) : faire en sorte que les imprimantes ne fonctionnent que pour un nombre de feuilles déterminé à l’avance (la HP de mon père a claqué y’a pas longtemps…). Cela, ils le font pour relancer la consommation, et ça mène à la consummation, gâchage d’énergies (travailleurs) et de matière premières (dans un secteur où on sait que les objets ne sont pas encore recyclés, enfin vraiment très peu). Et enfin ça mène petit à petit à la destruction de la planète, et donc, à la fin du monde 🙂 Mais ça, c’est peut-être pas plus mal me direz-vous, ça permettra de faire disparaître cette sale bête qu’est l’homme (dommage que ça se fasse au détriment des pingouins et manchots, qui eux, n’ont rien demandé [j’aime les manchots 🙂 ])
Bogoris
Oups y’a une inversion de paragraphes lol
GABUZO
tout a fait d’accord avec yukeo et arsenic dans la mesure ou assimiler la "mise en commun" d’un code source avec le Communisme (Ideologie qui arrive ex-aequo avec le nazisme quant à son mepris absolu de la vie humaine) correspond à une grossière déformation.
@totomatisme: J’ai lu l’article jusqu’à la dernier ligne,il
est ENTIEREMENT orienté vers une récupération idéologique marxiste du libre.
Je comparerais plutôt le GNU à du Bénévolat: (dans la mesure où l’on retrouve la même idée de consacrer une partie de son temps libre à une entreprise qui ne vous rapporte rien mais bénéficie à tous ) et je suis persuadé que le Logiciel Libre peut cohabiter avec le secteur privé de la même manière que ,par ex. des pompiers ou des secouristes bénévoles et professionnels.
Ps:Microsoft, en détenant 95% du "marché" des systèmes d’expoitation est en position de monopole,
et le monopole a toujours été admiré par le marxisme et détesté par le libéralisme (cf les mécanismes d’autorégulation du marché décrits au moins depuis Adam Smith…
cf Adam Smith-Wiki pour changer du vieux Karl!)
LeBlogaFrank
CommuNtics : le »general intellect » contre le marché
Avez-vous déjà entendu glousser les libéraux libertaires devant cet archaïsme monumental, devant l’incongruité d’un communisme encore présent dans cette France "moderne", incongruité pas tout à fait compensée par le côté folklorique…
Bogoris
Gabuzo a dit "J’ajoute à mon précédent commentaire pour parer aux réponses éventuelles, que le communisme est violent par nature" -> Je ne pense pas, la violence est un moyen, non une fin. Donc on peut pas être "violent par nature", même si c’est vrai que le coup d’État, je trouve ça moyen niveau démocratie, mais bon, quand vous regardez de près la manière dont sont élus, par exemple, le président de la république française, vous vous rendrez compte qu’il n’est pas non plus élu démocratiquement. Je parle ici du fait de voter utile et du fait de ne pas voter utile, qui, paradoxalement, sont tous deux ennemis de la démocratie.
Youkeo a dit "Ideologie qui arrive ex-aequo avec le nazisme quant à son mepris absolu de la vie humaine" -> Euh… faut pas exagérer non plus. C’est pas l’idéologie qui méprise la vie humaine mais plus les applications qui ont été menées jusqu’à aujoud’hui. Le totalitarisme n’existe que lorsqu’une idéologie est poussée à son extrême. Ça, ça peut arriver n’importe où. Imaginez que vous soyez sûr que le pastis c’est mieux que le vin et que tout le monde devrait boire du pastis et pas du vin, et que vous pensez que le fait que les personnes qui boivent du vin fait qu’il sont ennemis du pastis, alors vous serez prêt à les attaquer, frapper, etc… donc le totalitarisme n’est pas plus dans le communisme que dans le pastis. Surtout que le communisme partait d’une idée généreuse, le fashisme, non.
Gabuzo a dit "Ps:Microsoft, en détenant 95% du "marché" des systèmes d’expoitation est en position de monopole, et le monopole a toujours été admiré par le marxisme et détesté par le libéralisme" -> C’est vrai que les libéraux sont les premiers, en principe, à dénoncer les monopoles. Après je sais pas si le communisme aime spécialement les monopoles mais en tous cas les régimes totalitaires sont complètement contre le libéralisme (tout simplement parce que libéralisme implique liberté).
Et puis ce qui m’énerve c’est la fille qu’on a vu dans "J’ai une question à vous poser" (une vrai blonde brune) comparer Arlette Laguillier, la Corée du Nord et Cuba. Sérieux, cette fille croit vraiment que la LCR veut créer un régime totalitaire ?
Pour conclure, je dirais que je pense que l’égalité, c’est le mal, mais l’égalité des chances, c’est indispensable, et que concrètement, il faudrait supprimer l’héritage et donner à chaque jeune (à 18 ans par exemple), une bourse de départ. Ainsi, pas de fils à Papa (oui, moi mon ennemi c’est pas le bourgeois mais le fils à Papa ^^), et pas d’inégalités sur 20 générations parce que l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père a fait fortune. Bill Gates refusais qu’on baisse l’impôt sur l’héritage aux États-Unis, et ce pour favoriser la méritocratie, et ça, je trouve ça génial (c’est la seule chose avec Age of Empires que je trouve génial venant de Bill Gates :p). De plus, sa fortune est estimée à 51 G$, et il ne va laisser que 10 M$ à chacun de ses 3 enfants. La méritocratie, c’est ça ma religion.
monsieur-robert
Intéressant de rapprocher :
"Je ne pense pas, la violence est un moyen, non une fin" et "alors vous serez prêt à les attaquer, frapper, etc…".
Cela me rappelle un certain "NON à la guerre entre les peuples (israeliens-palestiniens), OUI à la guerre entre les classes" lu sur une affiche il y quelques mois.
Discours qui ne remet pas en cause la violence en général, mais qui justifie sa propre violence en dénonçant la violence des autres.
Il y aurait de bons "peers" et de mauvais "peers".
Un bon régime en Corée du Nord ou à Cuba et de mauvais totalitarismes ailleurs.
Intéressant de voir certains mouvements politiques s’accrocher à ce qui est nouveau, moderne, "jeune".
On comprend qu’ils s’intéressent à ceux qui ont le moins de "culture" (d’expérience de la vie), de capacité à créer des liens entre le passé (TOUT le passé) et le présent pour focaliser leur attention sur tel ou tel "scandale" ou "progrès pour l’humanité".
Intéressant toujours qu’on parle de "capitalisme" et pas d’économie de marché (équilibre producteurs-consommateurs), de "communisme" et pas d’économie dirigée (je ne vous fais pas de dessin sur la liberté des producteurs ou des consommateurs….).
Le discours vantant ici le communisme me fait penser à un paquebot, ou plutôt une galère, pour la qualité et la motivation de ses rameurs, qui maudirait l’océan, prétendant pouvoir avancer plus vite que lui.
Que serait le logiciel libre sans ordinateurs, y’aurait-il des ordinateurs sans capital, même d’état ?
J’associerai, hélas, plus souvent le logiciel libre à du communautarisme (chacun veut faire son petit truc, même si ça n’intéresse personne).
Et je vous pose aussi la question du succès du logiciel libre s’il n’y avait pas eu de leader pour initier Linux, puis chez Red Hat, Suse, Mandriva, MySQL, ou pour Apache, PHP, etc…
J’en reviens à la participation initiale de Thesa :
– le logiciel libre ne peut que coexister avec le capitalisme du hardware, et vice-versa si l’on considère les marchés émergents,
– l’évolution vaut mieux que la révolution.
Pour ce dernier point, ceux qui ont fait de l’électronique doivent savoir que dans un amplificateur s’il y a trop de feed-back le signal n’est pas suffisamment amplifié et s’il n’y en a pas assez le signal est déformé. A fortiori dans le cas de signaux "carrés", c’est à dire le passage brusque d’un état à un autre.
Phaenix
Je vous remercie pour cet article extrêmement intéressant, et surtout profond et juste ! Je n’ai malheureusement pas encore eu le temps de le lire en entier, mais je trouve votre conclusion tout à fait juste, et j’apprécie surtout que pour une fois on parle de l’idéologie communiste sans préjugé, et non de la politique qui a fait couler tant de sang…
Bonne continuation !
la fp
"Le communisme était une philosophie politique"
EST une philosophie, sociologie et psychologie politique 🙂