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Savez-vous ce qu’est un « FUD » ? C’est l’acronyme de Fear, Uncertainty and Doubt et Wikipédia nous dit que c’est une technique rhétorique consistant « à tenter d’influencer la perception de son audience en disséminant des informations négatives, souvent vagues et inspirant la peur ».
J’ai comme l’impression que le responsable Microsoft de l’Amérique Latine est un orfèvre en la matière, à en juger par les cinglantes déclarations ci-dessous[1].
Elles sont rapportées par un envoyé spécial brésilien dont on apprend en fin d’article qu’il a voyagé sur invitation de Microsoft.
Microsoft critique la position du gouvernement brésilien concernant le logiciel libre
Microsoft critica posição do governo brasileiro sobre o software livre
Bruno Romani – 14 septembre 2010 – Folha.com
(Traduction Framalang : Thibz)
Le president de Microsoft Amérique Latine, Hernán Rincón, a envoyé un message au gouvernement brésilien : l’innovation des logiciels ne se trouve pas dans le secteur public mais dans le secteur privé.
La déclaration a été faite après qu’il fut interrogé sur la position du gouvernement brésilien et son soutien aux logiciels libres en général et à Linux en particulier.
Lors d’une rencontre entre journalistes d’Amérique Latine à Bellevue, dans l’État de Washington, il a affirmé : « Les gouvernements doivent s’interroger : leur rôle est-il de servir les citoyens ou de développer des logiciels ? L’innovation est dans le secteur privé. ».
Selon Rincón, les logiciels libres demandent plus de travail et d’investissement de la part d’un gouvernement pour les maintenir en bon fonctionnement et à jour, ce qui ne serait pas le cas lorsque les entreprises se chargent de le faire à la place des gouvernements.
Mais Rincón pense que les deux modèles, logiciels libres et propriétaires, continueront à coexister.
Concurrence
Rincón a aussi épinglé la concurrence qui parie sur les standards ouverts et gratuits, comme Google. Il a ainsi affirmé : « Quand on ne peut pas rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence. ».
Et Rincón d’ajouter : « Au moment opportun, les entreprises se déclarent ouvertes. Elles l’utilisent pour leur propre bénéfice. ».
Chiffres
Rincón a aussi présenté des chiffres optimistes sur la région.
Selon lui, lors de ces 7 dernières années, la région a eu de la croissance économique (sauf en 2008). Et le secteur technologique y a fortement contribué puisqu’en Amérique Latine, il a été, en moyenne, 2 à 3 % supérieur à la croissance de la région. L’année dernière par exemple, la croissance du PIB regional a été de 5 % alors que celle de la technologie de l’information a augmenté de 7 % à 8 %.
Le Brésil, dit Rincón, a eu un rôle de premier plan dans ce processus.
Et Microsoft Amérique Latine a accompagné cette croissance. Rincón dit que sa division est celle qui croît le plus parmi toutes les divisions régionales. Le chiffre d’affaires actuel serait ainsi 3 fois supérieur à ce qu’il était il y a 7 ans.
Selon lui, 95 % des ordinateurs d’Amérique Latine seraient sous Windows, 1,3 % sous Apple et entre 2 % et 3 % sous Linux.
Le journaliste a voyagé sur invitation de Microsoft.
Kalenx
"Les gouvernements doivent s’interroger : leur rôle est-il de servir les citoyens ou de développer des logiciels ?"
Cette phrase est un excellent exemple d’un Faux dilemne (http://fr.wikipedia.org/wiki/Faux_d…), un procédé rhétorique joliment utilisé ici.
Autrement dit, si un gouvernement emploie des programmeurs, alors il ne peut plus servir les citoyens. C’est bien ça?
Et si je répondais les deux? Si en développant des logiciels et des ressources pour une meilleure gestion, sans être tenu à ce que une grande entreprise veut bien nous vendre, on pouvait mieux servir les citoyens?
Et ça continue de plus belle :
"Selon Rincón, les logiciels libres demandent plus de travail et d’investissement de la part d’un gouvernement pour les maintenir en bon fonctionnement et à jour, ce qui ne serait pas le cas lorsque les entreprises se chargent de le faire à la place des gouvernements."
Non, vraiment? Quand je fais un travail moi-même au lieu de demander à quelqu’un d’autre de le faire, alors ça me demande plus de travail.
D’après moi, la traduction française de Rincon est "La Palice"…
Ensuite, le journaliste ajoute un aparté sans vraiment de lien, histoire d’avoir l’air objectif :
"Mais Rincón pense que les deux modèles, logiciels libre et propriétaire, continueront à coexister."
Bref, je ne débattrai pas des chiffres, mais je pense que comme dit dans l’introduction, cet article pourrait être un des meilleurs exemples de FUD que j’ai vu ces derniers mois (depuis l’histoire des brevets de Microsoft violés par GNU/Linux en fait). Du grand art.
K.
Au final : tout absolument tout peut être fait par des machines.
Mesdames et messieurs, le monde dans lequel vous avez vécu est un spectacle
Tout est faux, cela fait des décennie qu’on entretient des faux travail : alors que la production est là, car la machine est là
et la machine sera de plus en plus là.
Le plus grand problème de la société c’est notre vision de l’économie
Bouska
Pour reprendre un autre lien à propos de cette "interview" que notre cher traducteur lusophone (ThibZ) a laissé sur la liste : http://idgnow.uol.com.br/mercado/20… ; c’est rempli de pépites de FUD :
– À propos du cloud computing/services dans les nuages :
"Os concorrentes falam muito sobre isso, mas a Microsoft já oferece cloud há
16 anos, com o Hotmail" […] "Só o Live Messenger possui 400 milhões de usuários na região"
Traduction (par ThibZ) : « Les concurrents parlent beaucoup de ce sujet, mais Microsoft offre
déjà du cloud depuis 16 ans, comme avec Hotmail » « Live Messenger possède à lui seul 400 millions d’utilisateurs dans la région (NdT : Amérique Latine) »
Si vous voulez du FUD/connerie/mensonge concentré en boîte, vous êtes servis ! Pour la première affirmation, de un, MS ne propose pas de service en cloud depuis 16 ans (MSN n’a que 15 ans !), encore moins Hotmail (acheté en 1997), et de deux, on peut difficilement qualifier Hotmail de cloud (le webmail, c’est les prémices du cloud ; rien à voir avec le cloud d’aujourd’hui). Deuxième affirmation, là, c’est aussi du très très lourd : Microsoft doit créer des comptes/utilisateurs fantômes à la pelle puisque malheureusement pour le monsieur, même en assemblant les internautes de l’Amérique latine, de l’Amérique centrale et des Caraïbes, on atteint péniblement les 200 millions d’internautes ! (http://www.internetworldstats.com/s…) (même en ajoutant tout les internautes se connectant grâce à des cyber-cafés, c’est beaucoup trop exagéré)
– À propos de Google :
"Eles sõ falam de cloud porque só têm isso. Nós podemos oferecer todos os modelos – do software puramente pago e controlado até o modelo por assinatura (SaS)"
Traduction (bibi) : « Ils ne parlent que du cloud parce qu’ils n’ont que ça. Nous pouvons fournir tous les modèles (NdT : économiques) – du logiciel clairement acheté et contrôlé jusqu’au modèle de logiciel en tant que service »
Là, vous pouvez le voir : c’est aussi du gros. On passera sur la supposition que Google ne fait que du cloud, car limité par ses compétences, mais le coup du « logiciel clairement acheté et contrôlé », ça me fait rire sachant qu’on n’achète qu’une licence d’utilisation et qu’on ne peut que contrôler une boite noire (même s’il est vrai qu’on a un peu plus de contrôle sur les données).
Desidia
"Et Rincón d’ajouter : « Quand, au moment opportun, les entreprises se déclarent ouvertes. Elles le font pour leur propre bénéfice. »."
Sur ce point-là au moins, il dit – il rappelle! – une vérité que nous avons tendance à oublier. Une entreprise n’a pas de morale, elle ne fait que servir des intérêts; quand elle adhère au modèle du libre, ce n’est pas par éthique, c’est parce que dans les circonstances en cours ça permet aux actionnaires de maximiser leurs profits à bref délai.
Cela dit par rapport à Apple dont les utilisateurs de Mac avancent de temps en temps qu’elle «participe» au libre au prétexte de la base BSD de son dernier OS.
Pour le reste, l’introduction centrée sur la notion de «FUD» ne me semble pas ici très appropriée, parce que le FUD est plutôt utilisé en annonçant mensongèrement l’arrivée prochaine d’un produit qui annihilera le bénéfice d’un produit concurrent. Ou en brandissant des menaces relatives aux conséquences du choix d’un produit adverse.
Par exemple, quand Steve Jobs répand le bruit qu’il y a peut-être des brevets détenus sur le codec vidéo que le libre voudrait voir implémenté en html5.
Ce serait le cas ici si MS avançait que des fonctionnalités majeures de ses futurs produits ne seront pas disponibles pour les autres plates-formes sans paiement de redevance.
Mais ici, ils jouent plutôt sur des inconvénients plus ou moins discutables qui ne seront pas le fait de Microsoft.
ratonsurfeur
Je suis dégoûté par cette phrase: "quand on ne peut rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence". Comment peut-on écrire cela?
segasaturn
microsoft est leader et il le restera probablement,mais sa ne le suffit pas,il veut que ses produits soient nécessaire et incontournable pour les quelques 7milliards et poussière que ns sommes??????????????????????????????
peut être qu’il prendra la place de dieu un jour
Hl2612
"quand on ne peut rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence", je suis également dégouté par cette phrase. C’est clairement une insulte, comment peut-on écrire cela?
Fred
@ratonsurfer
"Je suis dégoûté par cette phrase: "quand on ne peut rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence". Comment peut-on écrire cela?"
Allons, ne pleure pas : comment peut-on écrire cela ? Avec une mauvaise fois crasse. Surtout que le gars se réfère à Google, une boîte qui nous démontre son incompétence dans le domaine tous les jours 😉
C’est savoureux venant d’un mec qui est là pour la promotion de MS, boîte qui a foiré (et pas qu’un peu) la transition du monde informatique vers Internet !
thibsert
"quand on ne peut rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence"
Le train de ses insultes roule sur le rail de mon indifférence.
En dehors de cette mal-aimable déclaration, je m’interroge surtout sur celle-ci :
"les logiciels libres demandent plus de travail et d’investissement de la part d’un gouvernement pour les maintenir en bon fonctionnement et à jour"
J’ai du mal à comprendre sur quels faits et sur quel raisonnement il s’appuie. Veut-il dire qu’à volume égal, la maintenance est facturée plus cher dans le cas des logiciels libres que dans celui des logiciels propriétaires ? Il est envisageable que ce soit exact, mais quelques chiffres ne seraient pas superflus pour étayer une telle affirmation…
Adrien
La définition de Wikipédia me fait penser à inception….
jaythrotule
Petite boulette orthographique, ou plutôt grammaticale:
"son soutien aux logiciels libre en général"
"que les deux modèles, logiciels libre et propriétaire"
Il manque quelques ‘s’ (à "libre" et à "propriétaire").
Salutations : )
Ritzy Rat
Quand on ne peut rivaliser, on déclare que son adversaire s’ouvre pour masquer son incompétence.
psion
@all
« Je suis dégoûté par cette phrase: « quand on ne peut rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence ». Comment peut-on écrire cela? »
Moi je suis pas dégouté, je suis mort de rire.
Plus le mensonge est gros (ou faux), plus il passe : Look@this :
http://www.microsoft.com/interop/
Délire non ?
😉
R3vLibre
Idem, mort de rire 🙂