Temps de lecture 3 min
Tout libriste digne de ce nom connaît le classique débat entre le logiciel libre et le logiciel Open Source (cf ce lien qui marque notre préférence : Pourquoi l’expression « logiciel libre » est meilleure qu’« open source »)[1].
Va-t-on assister à la même foire d’empoigne pour le secteur en plein développement actuellement du matériel libre ? ou ouvert, ou les deux à la fois, enfin c’est vous qui voyez…
Du matériel ouvert ou du matériel libre ?
Open hardware, or open source hardware ?
Andrew Katz – 22 août 2011 – Commons Law (ComputerWorld.uk)
(Traduction Framalang : Lamessen, Loïc, Penguin, kabaka, Antoine)
Allons nous assister à une réédition des débats sémantiques qui traversent le monde logiciel ?
Bruce Perens (co-fondateur de l’Open Source Initiative) s’est récemment interrogé lors d’une conférence sur les différences qu’il pouvait y avoir entre le matériel libre (Open Source Hardware) et le matériel ouvert (Open Hardware). De nombreuses personnes ont comparé ce débat à la classique nuance (ou opposition, c’est selon) entre le logiciel libre (free software) et le logiciel Open Source, en s’inquiétant qu’il puisse diviser tout autant. Je n’en suis pas si sûr. Je pense que les deux sont différents et qu’ils peuvent co-exister pacifiquement.
Selon mon point de vue, un matériel libre est un matériel fourni avec les schémas pour qu’on puisse le reproduire nous-même, alors qu’un matériel ouvert est un matériel qui est fourni avec des spécifications complètes de manière à ce que vous puissiez interagir avec lui sans mauvaises surprises mais sans nécessairement savoir ce qui se passe à l’intérieur.
Le matériel libre est meilleur (du point de vue de l’utilisateur), mais le matériel ouvert est sans aucun doute une avancée dans la bonne direction.
Le matériel libre dépend la plupart du temps inévitablement de matériel ouvert : par exemple, vous pouvez avoir toutes les spécifications d’un circuit intégré simple comme un NE555, sans avoir besoin de toutes les informations nécessaires à sa construction.
Pour du matériel plus complexe, les spécifications d’un boulon (pas de vis, diamètre, longueur, type de tête, résistance à la traction, résistance générale à la corrosion…) peuvent être disponibles, mais il est peu probable que la composition exacte de l’alliage utilisé pour le fabriquer, sa trempe, etc… le soient. La plupart des composants électroniques simples seront donc du matériel ouvert.
Le seul point sur lequel il faut être un peu plus prudent quand on parle de matériel libre est que, contrairement au logiciel, il est plus difficile de tracer la frontière entre la source et l’objet. Par exemple, je dirais qu’une voiture est libre si la documentation complète sur sa conception est disponible tant que les spécifications des moteurs sont suffisantes pour l’utilisation qu’on souhaite en faire et qu’elles font ce qu’elles sont censées faire sans mauvaises surprises, quand bien même certaines pièces soient individuellement propriétaires ou non sourcées.
Si vous suivez une approche maximaliste, et que vous voulez les instructions nécessaires et suffisantes à la fabrication complète d’une voiture à partir d’un amas d’atomes, alors vous serez malheureusement déçus la plupart du temps. Heureusement, je n’ai rencontré personne d’aussi extrêmiste dans le monde du logiciel Open Source, oups, pardon, dans celui du logiciel libre :)
Shimegi
Je pense que s’arrêter pour du matériel à l’aspect technique pour dire si il est libre ou non est une erreur. La nuance entre le libre est l’open source n’est pas dans la définition technique mais dans la philosophie d’ouverture, d’échange, dans l’impact social, l’égalité qui en découle.
qwerty
Pour me rappeler la différence entre l’Open source et le libre j’ai une citation de Trosvald (de tête en parlant du code de Linux) : « ce n’est que du code ! ». Alors que Stallman va plus parler de la philosophie. Donc Open Source, c’est la technique pur et le libre dans l’esprit de partage, avec les licences qui vont autour. L’open source serai donc un produit libre sans la licence (je sais pas si c’est clair, mais je comprend comme ça).
Lewis G.
@ Shimegi
Il ne s’agissait que d’une illustration de l’auteur, qui comme toute illustration ne peut etre que reductrice… Meme si votre point est interessant a rappeler.
ThibowM
L’open source est le fait d’avoir accès au code. Libre ou pas libre, un logiciel est open source si on a accès au code d’une manière légale. Un logiciel open source peut être encadré par une licence libre ou non. Si la licence est libre, alors on parle de logiciel libre. Un logiciel sous licence libre permet toujours d’avoir accès au code source : un logiciel libre est donc toujours open source.
@qwerty : c’était juste pour préciser ta phrase « Donc Open Source, c’est la technique pur et le libre dans l’esprit de partage, avec les licences qui vont autour ».
Du coup je n’ai pas vraiment tout compris sur le point de vue d’Andrew Katz qui dit que :
un matériel libre est un matériel auquel on à accès au schéma technique,
un matériel open source est un matériel auquel on à accès à des spécifications (permettant de le faire fonctionner).
Si on veut une analogie au software, je proposerai plutôt :
un matériel libre est un matériel dont il est permis de le reconstruire (copier), modifier les schémas, redistribuer, etc. On pourrais imaginer une tv libre, qu’on à le droit de construire soit même, et même de faire commerce avec les exemplaires produits, etc.
un matériel open source est donc juste un matériel pour lequel on a accès aux schémas. Dans ce cas la pour la tv open source, on pourrais juste se servir des schémas pour comprendre le fonctionnement ou faire des modifs mais pour soit perso.
tuxmouraille
Bonjour,
@ThibowM: L’utilisation d’une licence libre ne suffit pas pour qualifier un logiciel de libre. Un logiciel développer avec un langage de programmation fermé, même si il est sous licence libre ne peut être considéré comme libre. Son développement dépend de l’outil développement.
Quand Andrew Katz parle de matériel ouvert, il parle de matériel dont on sait comment le faire fonctionner, sans pour autant savoir comment il fonctionne. C’est le cas des cartes graphiques ATI et Intel: on sait comment les faire fonctionner, on peut donc écrire des pilotes libre pour ça, mais on ne sait pas comment elles fonctionnent: on n’a pas accès aux schémas de conception.