Des milliers de morts, des millions privés de libertés civiles ? Stallman (2001)

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À l’heure où les USA sont empêtrés dans une sombre histoire d’espionnage généralisé à grande échelle, il nous a paru intéressant de déterrer et traduire un article de Richard Stallman rédigé en 2001 juste après le 11 septembre.

Force est de reconnaître qu’une fois de plus il avait pressenti les conséquences néfastes que nous subissons aujourd’hui.

Sigg3net - CC by

Des milliers de morts, des millions privés de libertés civiles  ?

Thousands dead, millions deprived of civil liberties ?

Richard Stallman – 2001 – Site personnel
(Traduction  : Lamessen, Slystone, Sky, Amine Brikci-N, Asta)

Dans de nombreux cas, les dommages les plus sévères que cause une lésion nerveuse sont secondaires  ; ils se produisent dans les heures qui suivent le traumatisme initial, car la réaction du corps à ces dommages tue davantage de cellules nerveuses. Les chercheurs commencent à découvrir des façons de prévenir ces lésions secondaires et réduire les dommages ultimes.

Si nous ne faisons pas attention, les attaques meurtrières sur New York et Washington vont conduire à des effets secondaires bien pire encore, si le congrès étasunien adopte des «  mesures préventives  » qui écartent la liberté que l’Amérique représente.

Je ne parle pas de fouilles dans les aéroports ici. Les fouilles de personnes ou de bagages, tant qu’ils ne cherchent pas autre chose que des armes et ne gardent pas de traces de ces fouilles, est juste un désagrément  : elles ne mettent pas en danger vos libertés civiles. C’est la surveillance massive de tous les aspects de nos vies qui m’inquiète  : de nos appels téléphoniques, nos courriels et nos déplacements physiques.

Ces mesures sont susceptibles d’être recommandées indépendamment du fait qu’elles seraient efficaces pour leur objectif déclaré. Un dirigeant d’une entreprise développant un logiciel de reconnaissance faciale est dit avoir annoncé à des journalistes que le déploiement massif de caméras embarquant un système de reconnaissance faciale aurait empêché les attaques. Le New York Times du 15 septembre cite un congressiste prônant cette «  solution  ». Étant donné que la reconnaissance humaine du visage effectuée par les agents d’accueil n’a pas permis de stopper les pirates, il n’y a pas de raison de penser que les caméras à reconnaissance faciale informatisée aurait été d’une quelconque aide. Mais cela n’arrête pas les agences qui ont toujours voulu mettre en place plus de surveillance de pousser ce plan aujourd’hui, ainsi que beaucoup d’autres plans similaires. Il faudra l’opposition du public pour les stopper.

Encore plus inquiétant, une proposition visant à exiger des portes dérobées gouvernementales dans les logiciels de chiffrement a déjà fait son apparition.

Pendant ce temps, le Congrès s’est empressé de voter une résolution donnant à Bush les pleins pouvoirs d’utilisation de la force militaire en représailles des attaques. Les représailles peuvent être justifiées, si les auteurs des attaques peuvent être identifiés et ciblés avec soin, mais le Congrès a le devoir d’examiner les mesures spécifiques lorsqu’elles sont proposées. Donner carte blanche au président dans un moment de colère est exactement l’erreur qui a conduit les États-Unis dans la guerre du Vietnam.

S’il vous plait, laissez vos représentants élus et votre président non élu savoir que vous ne voulez pas que vos libertés civiles deviennent les prochaines victimes du terrorisme. N’attendez pas, Les lois sont déjà en cours d’écriture.

Crédit photo  : Sigg3net (Creative Commons By)

  1. vvillenave

    La situation est même un tantinet pire que l’on aurait pu le craindre il y a douze ans. En effet, tant que l’on pouvait mettre sur le compte de l’infâme George Bush fils les aberrations sécuritaristes, impérialistes et militaristes des Etats-Unis d’Amérique, il était alors encore possible d’entrevoir l’espoir d’une éclaircie future. L’arrivée au pouvoir de Barack Obama, l’immense espoir qu’elle représentait pour une partie du peuple américain et pour le reste de la planète, et l’illusion d’alternance qu’elle a pu procurer, n’a finalement rendu la déconvenue que plus rude.

    (Toute ressemblance avec un autre pays censément « démocratique » dans lequel une alternance de pacotille voit se succéder des politiques rigoureusement semblables, ne saurait malheureusement rien avoir de fortuit.)