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Chaque jeudi à 21h, rendez-vous sur le framapad de traduction, le travail collaboratif sera ensuite publié ici même.
Traduction Framalang :
Mon projet m’a appris à grandir
Runa Bhattacharjee
Depuis 10 ans, Runa Bhattacharjee a traduit et travaillé à la localisation(1) de nombreux projets open source — des interfaces de bureau aux outils de systèmes d’exploitation en passant par beaucoup de choses entre les deux. Elle croit fermement que les dépôts de codes en amont sont les meilleurs endroits pour soumettre toutes les modifications possibles. Elle gère également un portefeuille professionnel spécialisé dans la localisation chez RedHat. Runa traduit et maintient des traductions en Bengali (version indienne) mais est toujours heureuse d’aider quiconque débute dans la localisation.
Introduction
Carburer tard dans la nuit est l’une des formes de rébellion préférée des jeunes partout dans le monde. Que ce soit pour lire un livre avec une lampe de poche sous les couvertures, regarder les rediffusions TV ou (entre autres choses) traîner sur un canal IRC et s’acharner sur un problème agaçant dans son projet open source favori.
Comment tout a commencé
Voici comment tout a commencé pour moi. Permettez-moi d’abord d’écrire quelques lignes sur ma personne. Lorsque j’ai été présentée au groupe d’utilisateurs de Linux de ma ville, je partageais ma vie entre des emplois et mes études de master. Très vite, j’étais devenue contributrice sur quelques projets de localisation et j’avais commencé à traduire des interfaces de bureau (principalement). Nous utilisions des éditeurs de texte personnalisés avec des systèmes intégrés pour l’écriture et les polices. Les moteurs de rendu n’étaient pas assez matures pour afficher le scénario sans erreur sur les interfaces. Mais, malgré tout, nous continuions à traduire. Je me concentrais sur la méthode de travail que j’avais créée pour mon usage. Je récupérais le contenu à traduire des personnes qui savaient comment les choses fonctionnaient, je le traduisais du mieux que je pouvais, j’ajoutais des commentaires pour aider les réviseurs à comprendre comment j’avais appréhendé le texte, je renseignais les informations requises pour les copyrights et les crédits, puis je renvoyais tout ça aux coordinateurs.
Comment je faisais
C’était avant tout une manière simple de faire les choses. Mais, surtout, c’était ma manière à moi de les faire. Je prenais le temps de planifier mon travail sur les traductions. Celles-ci étaient ensuite révisées avant de m’être retournées pour modification. De nouveau, je planifiais quand je pourrais les reprendre en fonction de mon temps libre disponible entre les études et le travail. Lorsque je me mettais finalement au boulot, je m’asseyais pour neuf à dix heures d’un coup, en général jusqu’à l’heure où blanchit la campagne, ressentant alors un grand sentiment d’accomplissement, jusqu’à la fois suivante.
Ce qui comptait
Ce que je ne savais pas, c’est que je jouais un rôle crucial sur un plan plus global. À savoir, la planification des releases(2). Donc, quand j’achevais mes modestes contributions et les envoyais aux autres, je ne prenais pas en compte leur possible inutilité du fait qu’elles arrivaient trop tard pour la version en cours et trop tôt pour la suivante (qui inclurait forcément de nombreux changements qui obligeraient à se remettre au travail). Au-delà de ça, je n’avais aucune idée de l’importance que ça prenait dans le processus de release : intégration, création de paquetages, tests de l’interface, suivi et résolution des bogues.
Comment cela m’a fait grandir
Tout cela a changé radicalement quand je me suis tournée vers un rôle plus professionnel. Subitement, je faisais la même chose mais d’une manière plus structurée. J’ai appris que faire cavalier seul comme j’en avais pris l’habitude n’était pas adapté quand on devait jongler avec deux ou trois versions planifiées. Il fallait être méticuleusement synchronisé avec les feuilles de route des projets. En travaillant sur une traduction d’interface de bureau, je devais aussi vérifier que le calendrier de traduction concordait avec celui du projet principal.
Les travaux devaient idéalement commencer immédiatement après le gel de tous les messages d’origine de l’interface. Les traducteurs pouvaient alors travailler librement jusqu’à l’échéance de la période de traduction, après quoi ils pouvaient marquer la traduction comme stable dans le dépôt principal et, finalement, les paquetages pouvaient être générés. De plus, quelques distributions de systèmes d’exploitation se synchronisaient sur ce calendrier. Les traducteurs avaient donc la responsabilité supplémentaire de s’assurer que les pré-versions des systèmes d’exploitation embarquant ce bureau seraient un minimum testées afin de s’assurer que les traductions de l’interface avaient du sens et ne contenaient pas d’erreur.
Ce que j’aurais dû savoir
La transition ne fut pas aisée. Je fus soudain inondée par un flot d’informations que je devais gérer et par des tâches supplémentaires que je devais réaliser. Ce qui était au départ un passe-temps et plus important encore un anti-stress est devenu tout à coup une affaire sérieuse. En y repensant, je peux dire que cela m’a probablement aidée à comprendre le processus dans son intégralité étant donné que j’ai dû tout apprendre depuis le début. Ainsi armée de cette connaissance, je peux analyser des situations avec une meilleure compréhension de toutes leurs dimensions. Au moment où j’ai commencé à travailler sur les projets open source qui m’intéressaient, il y avait beaucoup moins de professionnels qui travaillaient à plein temps dans ce domaine. La plupart des contributeurs bénévoles travaillaient ailleurs la journée et voyaient ces projets comme un moyen d’alimenter les idées créatives qui s’étiolaient dans leurs tâches quotidiennes. Donc, beaucoup de nouveaux arrivants n’étaient jamais guidés vers une manière plus professionnelle d’organiser leurs projets. Ils ont grandi pour devenir merveilleusement doués dans ce qu’ils faisaient et ont finalement compris comment ils aimeraient équilibrer leur travail avec le reste de leurs activités.
Conclusion
Aujourd’hui, j’encadre les nouveaux arrivants et l’une des premières choses que je leur fais comprendre est comment et dans quelle partie du projet leur travail aura un impact. Élaborer un modèle de travail personnel est essentiel car cela permet de se construire un environnement où il est agréable de travailler. Cependant, avoir conscience de la structure qui est affectée par le travail inculque la discipline nécessaire pour pouvoir tenir bon face aux caprices.
(1) La localisation englobe tout le processus d’adaptation d’un produit logiciel ou documentaire à une région donnée. Cela comprend la traduction dans la langue de la région mais aussi l’adaptation aux normes, à la culture et aux besoins spécifiques de cette région du monde.
(2) Il s’agit de la publication d’un logiciel, sa mise à la disposition du public.
lecteur
Bonjour, voici quelques remarques en lisant.
Dans le paragraphe « Comment tout a commencé », l’utilisation de « mastère » me semble peu appropriée. Je mettrai plus naturellement « master » ou « maîtrise » selon l’époque et le niveau exact. En français, il me semble (en fait c’est en lisant la page Wikipédia [1]) qu’il n’existe de « mastère » qu’avec l’adjectif « spécialisé » et que c’est un diplôme bien spécifique. Dans le texte original, il me semble (encore) qu’il est plus fait allusion à un master comme un grade universitaire général.
Dans le paragraphe « Ce que j’aurais dû savoir » :
– je changerai la phrase suivante ainsi : « Ainsi armée de cette connaissance, je peux analyser des situations avec une meilleure compréhension de toutes [leurs] dimensions. » Cependant j’avoue avoir un doute sur l’objet auquel renvoie ses ou leurs ;
– « Donc, beaucoup de nouveaux arrivants n’étaient jamais [été (à enlever)] guidés vers une manière plus professionnelle d’organiser leurs projets. »
Pour la note 2 : « Il s’agit de la publication d’un logiciel, sa mise à disposition [auprès] du public. »
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3…
PS : Pour répondre à la demande de goofy sur un commentaire précédent. Le pseudonyme de « lecteur » me va parce que je ne me vois pas comme un correcteur. Si au fil de la lecture je remarque des améliorations à apporter, j’en fais part, c’est tout. Je suis juste un lecteur. J’ai seulement ici la chance de pouvoir m’adresser directement à l’éditeur, aux traducteurs, aux auteurs, ce qui n’est pas le cas pour la majorité des livres (ici nous sommes invités à faire ces remarques). Je ne râle ainsi pas tout seul dans mon coin quand je vois des fautes de frappe… et c’est constructif.
De plus, me considérant comme un simple lecteur, je ne demande pas forcément à être crédité. Je ne fais pas le plus gros du travail et je n’y suis pas plus obligé.
Goofy
merci 🙂 j’ai effectué les modifications. Il est dommage que tu n’aies pas envie ou pas le temps de nous rejoindre en amont de la traduction, mais n’hésite pas à continuer ainsi.
François
A propos de la trad, mastère n’est pas forcément la traduction de master.
En français, il existe les masters et les mastères. Les premiers ont universitaire, les seconds proviennent des écoles qui font dans la tromperie.
Voir https://en.wikipedia.org/wiki/Mast%… qui appuie mon propos.
Master est donc plus approprié amha.
lerouge
Concernant « master », je crois que « lecteur » a bien présenté le problème et goofy déjà intégré la correction.
À ma connaissance
– « master » est une appellation européenne pour un niveau bac+5. Il correspond / est équivalent au « master » US. Je ne sais pas pour le « master » indien,
– « mastère spécialisé » est, plus ou moins, une spécificité française (qui doit répondre à un certain nombre de contraintes). Il n’est pas l’équivalent du « PhD » (ou « doctorat » en fr_FR je crois) mais est plus qu’un « master » puisqu’il s’agit d’une année d’étude supplémentaire après un « master ». D’après mes recherche, il est généralement traduit « specialized / advanced master » en en_US.
Je pense donc aussi, que la meilleure localisation de ce « master » est… « master ».
Runa
Thanks for translating! I hope it was helpful.