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« On souhaite que les élèves soient initiés à Internet le plus tôt possible pour apprendre la maîtrise de ses risques et de ses dérives (…) Ce travail de sensibilisation est absolument indispensable. »
C’est, d’après l’AFP, ce qu’a déclaré le ministre Xavier Darcos, le 24 mars dernier, en visite au collège Françoise-Giroud de Vincennes lors du lancement officiel du jeu « ChercheNet », destiné aux collégiens français.
Et si les « risques » et les « dérives » se cachaient jusqu’à l’intérieur même de cette initiative censée « apprendre à les maitriser » ?
C’est la question que pose ce billet d’un blog qui critique assez souvent la forte influence de Microsoft à l’Éducation Nationale pour ne pas s’émouvoir ce qui vient de se produire ici avec l’un de ses principaux concurrents, à savoir Google.
Une louable intention
Voici comment le jeu « ChercheNet » est présenté sur le site du ministère :
Afin d’aider les élèves à maîtriser Internet et les outils de communication numérique en toute sécurité, le ministère de l’Éducation nationale soutient le jeu « ChercheNet » initié par Google et mis en œuvre par Calysto, spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire. « ChercheNet » est un concours pédagogique proposé aux collégiens de sixième et de cinquième dont le terrain de jeu est l’internet. Tout en résolvant des énigmes autour du thème de l’écologie et du développement durable, les collégiens apprendront les bons usages des outils du web 2.0.
Retenons déjà, la nuance a son importance, que c’est le ministère qui « soutient ce jeu initié par Google » et non l’inverse.
Toujours est-il que l’intention est louable, surtout si l’on s’en réfère au communiqué de presse commun à Google et Calysto :
La recherche d’information et la communication avec les réseaux sociaux sont les deux usages les plus répandus sur Internet. Le développement du « web 2.0 » a permis aux internautes, y compris les plus jeunes, de devenir eux-mêmes des créateurs de contenu. L’usage d’Internet est aujourd’hui généralisé à tous les publics, ce qui implique que nous soyons mieux formés à ses usages.
C’est dans ce but précis que le jeu pédagogique ChercheNet a été conçu : développer par le jeu une vigilance collective (professeurs, parents, élèves) sur tous les usages d’internet pour un développement durable d’Internet.Le jeu fonctionne sur le principe d’un jeu-concours. Les élèves devront répondre à une série d’énigmes sur le développement durable (biodiversité, eau, énergie, déchets, etc.)
Les différentes étapes du jeu amènent les élèves à développer un comportement « web-citoyen » pour rédiger un blog collectif :
— Préparer un travail, une recherche sur Internet, en respectant les droits de propriété intellectuelle
— Rechercher efficacement en vérifiant les sources d’information
— Apprendre à protéger sa vie privée et celle des autres sur les réseaux sociaux ou les blogs
— Apprendre à s’appliquer, à rédiger, « même sur Internet » et mettre de côté le « langage SMS »
Difficile de ne pas agréer à la démarche. On notera que l’on entrechoque le développement durable en tant que tel avec un « développement durable d’Internet » qui reste à définir.
Sur le jeu proprement dit, je n’ai aucune information à vous apporter puisqu’il faut s’inscrire et que les premières énigmes arriveront courant avril. Il en va autrement pour le « Kit pédagogique » accompagnant ce jeu, mis initialement à disposition sur le site de l’opération par Calysto et… retiré aussitôt après dans la foulée !
Un très éphémère « Kit pédagogique » !
Pas plus tard qu’il y a deux jours, lorsque vous vous rendiez sur le page « Pour vous aider » du site « Cherchenet », vous aviez la possibilité de télécharger un « Kit pédagogique » ainsi défini (voir la copie d’écran que nous avons conservé en cliquant sur l’image ci-contre) : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. »
Aujourd’hui sur la même page, il n’y a plus rien à télécharger directement. Le « Kit pédagogique » a fait place à un « Kit pratique d’outils numériques » et sa formulation est elle aussi sensiblement différente : « Véritable mode d’emploi d’outils du numérique (recherche, géolocalisation,…), vous pourrez l’utiliser afin que vos élèves apprennent quelques astuces pour mieux se servir d’outils du web et pour mieux respecter les règles et usages liés à l’Internet. Le kit pratique est disponible et vous sera envoyé par courriel par simple demande adressée à… »
Il n’est plus question de mise à disposition d’un Kit qui a perdu son qualificatif « pédagogique ». Les élèves n’en ont d’ailleurs plus « besoin », tout au plus son remplaçant pourra leur faire apprendre « quelques astuces »… Une posture plus modeste est soudainement adoptée.
Mais que contenait donc ce « Kit pédagogique » pour mériter une si courte apparition publique ?
« Kit pédagogique » ou « Google everywhere » ?
Nous avons juste eu le temps de conserver une copie du fameux document. Et nous vous invitons à en parcourir sa dizaine de pages pour… tout de suite comprendre où le bât blesse !
Le sommaire nous avait prévenu (image ci-contre cliquable), mais moteur de recherche (simple ou avancé), moteur d’images, Google Maps, Google Earth, Picasa, Google Traduction, Google Document, Google Agenda, Blogger… n’en jetez plus. C’est pas compliqué, il n’y en a que pour Google dont quasiment toute la panoplie est passée en revue !
À la trappe les réseaux sociaux web 2.0 de type Facebook, les blogs a la sauce Skyblog, les outils de travail en ligne comme tels ceux de Windows Live, sans oublier ce drôle de site souvent utile en situation de recherche qu’est Wikipédia. Et pour l’anecdote, toutes les copies d’écran ont été réalisées sous Mac OS X.
Il y a bien sûr de pertinents et bienvenus conseils qui parsèment le Kit (avec mention, page 7, des licences Creative Commons et Art Libre) mais impossible de se décoller de l’impression générale tenace d’avoir à faire à une sorte de publi-information de Google.
Et mis à part le moteur de recherche, que faut-il faire pour bénéficier de tous ces merveilleux services ? Je vous le donne en mille, il faut posséder un compte Google, ce qui est bien spécifié en page 8 du kit :
Google ce n’est pas seulement un moteur de recherche, tu peux accéder aussi à pleins de services gratuits : tu peux localiser un lieu sur une carte, retoucher des photos, envoyer des mails, gérer ton emploi du temps… Si tu veux utiliser ces outils, c’est gratuit, simple et rapide ! Un seul compte te permettra d’accéder à tous les outils Google. Tu dois remplir le formulaire en suivant les instructions et cliquer sur le bouton « j’accepte créer un compte ».
Un mail te sera envoyé à l’adresse spécifiée lors de la création de ton compte. Pour valider ton inscription, tu devras cliquer sur le lien présent dans ce mail.
Rappelons-nous le libellé initial du Kit sur le site ChercheNet : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. » Je me demande si il n’aurait pas été plus sincère de dire « Véritable mode d’emploi des outils Google, vos élèves auront besoin d’un compte Google pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. ». C’eut été plus sincère mais plus problématique et surtout moins… pédagogique !
Et le problème c’est que l’emprise de Google sur le réseau est telle que l’entreprise est parfois surnommée le « Big Brother d’Internet », en référence au fait qu’elle possède de très nombreuses informations personnelles sur nos comportements numériques, informations décuplées à partir du moment où vous prenez un compte chez eux justement.
Du coup il y a un léger paradoxe à vouloir sensibiliser nos jeunes à « développer une vigilance collective » et « apprendre à protéger sa vie privée » (via un jeu « web-citoyen » soutenu par le ministère), tout en incitant plus que fortement à se créer un compte chez Google !
Google s’en défend ainsi dans les colonnes du Monde : « C’est le constat d’une réalité : nos outils sont les plus utilisés. Nous prenons nos responsabilités pour que leur usage soit sans risque et responsable. Si nous ne faisions rien à ce propos, on nous critiquerait. » Ce n’est pas autrement que s’exprimerait un Thierry de Vulpillières pour justifier de l‘activisme de Microsoft à l’école.
Et pour ce qui concerne Calysto, dans les mêmes colonnes : « Les outils sont libres, Google n’est qu’un simple sponsor. » Ben dites-moi… curieux de savoir ce que cela aurait bien pu donner si Google avait été plus qu’un « simple sponsor » ! On dirait le Café Pédagogique nous expliquant d’aplomb que Microsoft n’est qu’un simple sponsor de leur Forum des enseignants innovants.
Quant aux outils qui seraient « libres », c’est justement l’objet du prochain paragraphe.
Et le logiciel libre dans tout ça ?
Je ne sais pas très bien ce que Calysto entend par « outils libres » mais je n’ai pas été tout à fait honnête lorsque j’ai pu dire plus haut qu’il n’y en avait que pour Google.
En effet, on trouve trace du logiciel libre dans le « Kit pédagogique ». Mais réelle volonté de le promouvoir au sein de l’Éducation Nationale ou alibi pratique pour faire passer la pilule ? Les deux mon Capitaine. Un peu comme, chose curieuse, la politique globale et générale de Google vis-à-vis de « l’Open Source »…
Les premières (et sibyllines) références arrivent page 12/13 et 18/19. La page 12/13 est complètement dédiée au logiciel de retouche d’image Picasa. Mais tout en bas, on peut lire (avec la loupe qui nous accompagne dans tout le Kit) la chose suivante : « Logiciels libres : Gimb, Artweaver ». Et… c’est tout ! Aucune explication, aucun lien cliquable, bref cela arrive comme un cheveu sur la soupe. Et puis, pour votre gouverne, on ne dit pas « Gimb » mais GIMP, tandis que Artweaver est sûrement un bon logiciel mais il n’est tout simplement pas libre.
Rebelote en page 18/19 entièrement consacrée au moteur de blog Blogger, avec un « Logiciels libres : Dot clear, WordPress… ». C’est mieux cette fois-ci mais on n’arrive toujours pas à atteindre la perfection puisqu’on écrit Dotclear et non « Dot clear » ;-)
Dans le même style minimaliste, on aurait pu s’attendre à ce que la suite bureautique libre OpenOffice.org soit évoquée en bas de l’article sur Google Document (page 15/16). Une autre fois sans doute.
Mais il y a surtout la totalité de la page 20 titrée « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? ». Il s’agit certes de la dernière page du Kit mais il y a de quoi se réjouir a priori. Sauf que la teneur de l’exposé m’a laissé parfois un peu perplexe, quand bien même nous connaissons tous la difficulté à vulgariser la notion de logiciel libre.
Pour comprendre ce qu’est un logiciel libre, il te faut avant tout connaître la signification du terme logiciel ; il s’agit d’un ensemble de programmes qui permet d’effectuer une tache particulière (par exemple le traitement de texte, la retouche de photo, …). Les logiciels sont soumis à des licences d’utilisation, qu’il faut très souvent acheter.
L’expression « logiciel libre », traduite de l’anglais free software, fait référence à la « liberté d’expression » et non pas au prix. C’est pourquoi ils sont souvent téléchargeables gratuitement sur l’Internet et peuvent être copiés légalement par tous.
Le logiciel libre s’oppose au logiciel dit propriétaire, qui ne fournit pas les éléments pour le modiier et ne permet pas de le partager. En revanche, le logiciel libre garantit un certain nombre de libertés à ses utilisateurs : la liberté de l’utiliser pour quelque usage que ce soit, celle d’en redistribuer des copies et enfin la liberté de le modifier et de rendre publiques les modifications.
Soit. C’est un peu emberlificoté tout ça (et c’est plutôt dommage de passer sous silence l’aspect mouvement social du logiciel libre, cher à Richard Stallman) mais ça se termine plutôt bien. Quant à la suite, attention, c’est un beau nid de trolls :
Quels sont les autres avantages d’un logiciel libre ?
Il est plus fiable car moins vulnérable aux virus et aux failles de sécurité. En effet, comme beaucoup de monde a accès à ce type de logiciel, les erreurs sont corrigées plus vite ! De plus ils produisent des fichiers dans des formats dits ouverts, utilisables plus longtemps qu’avec des formats fermés, et sont moins gourmands en énergie et en ressources pour ton ordinateur que leurs équivalents propriétaires.
Je suis bien entendu plutôt d’accord mais comme dirait Wikipédia : « référence demandées ». C’est un peu brutal et péremptoire de présenter les choses ainsi. Les défenseurs du logiciel propriétaire apprécieront !
Et puis, si ces logiciels libres ont tant de vertus, pourquoi Google ne s’est-il pas donné la peine de « libérer » Picasa et Blogger au moment de leur rachat ?
On notera que ce texte porte en quelque sorte la « caution » de Frédéric Couchet de l’April puisqu’on le remercie personnellement en bas de page (je l’attends dans les commentaires !). On notera enfin que Framasoft est également cité, avec là encore une URL explicite mais non cliquable.
Où les trouver ?
Tu peux télécharger de nombreux logiciels libres sur www.framasoft.net, un des annuaires les plus complets de logiciels compatibles avec les PC. Mais tu peux aussi les acheter dans certains grands magasins !
Vous nous voyez fiers et honorés, mais j’ai un peu de mal à m’imaginer un élève de sixième cinquième se rendre sur Framasoft à la suite de la lecture de ce Kit. Tout comme j’ai du mal à m’imaginer ce que l’élève et son professeur pourront bien retenir du logiciel libre au sortir du Kit.
Et plus généralement j’ai un peu de mal à faire la corrélation directe entre le contenu du Kit et sa présentation (que je rappelle une dernière fois) : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. »
Quelles que soient les qualités des services de la société américaine (j’en consomme abondamment), c’est bien plus d’un « Kit Google » que d’un « Kit pédagogique » dont il s’agit ici.
Voilà une étonnante maladresse de la part d’un Calysto (qui se targue d’être un « spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire ») mais surtout d’un Google qui nous avait habitué à un marketing moins trivial. Ont-ils vraiment pensé que ce Kit allait tranquillement passer comme une lettre à la poste ? Bien que ce ne fut heureusement pas le cas ici, cela en dit long sur l’état actuel de notre passivité vis-à-vis de la marchandisation de l’école.
Un ministère embarrassé (mais réactif)
On comprendra alors fort bien que lorsque le ministère s’est penché sur ce Kit (aidé en cela par les premiers articles parus dans la presse comme celui du Monde) il ait vraisemblablement un peu « tiqué », quand bien même au départ il affirmait serein que « s’il était obligatoire d’utiliser Google, il n’aurait pas autorisé l’opération » (même source). Soutien à un projet pour « apprendre à maîtriser Internet et les outils du numérique », oui. Soutien aux services Google aboutissant à la création de comptes Google en masse chez les 11/12 ans, non. D’autant plus que Xavier Darcos en personne s’est déplacé pour inaugurer le projet !
Premier petit aparté.
Il faut dire aussi que si le ministère avait été réellement capable de nous offrir des ENT cohérents et mutualisés dignes de ce nom, les élèves auraient certainement moins « besoin » d’utiliser les services Google (à commencer par le très riche Google Apps Education).
Fin du premier petit aparté.
Second petit aparté.
Et si le ministère faisait confiance aux enseignants pour produire ce genre de supports plutôt que confier cela à une société commerciale « spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire » ? On mesure ici le haut degré de confiance accordé à son personnel dont c’est pourtant le métier !
Fin du second petit aparté.
Toujours est-il que Calysto et Google France ont dû se faire gentiment tirer les oreilles, avec pour conséquence la réactualisation de notre article du Monde :
Le mardi 23 mars, le ministère de l’Éducation a demandé à son partenaire de retirer le kit pédagogique du jeu ChercheNet. Le ministère a expliqué "ne pas souhaiter que Google soit aussi fortement mis en avant sur ce document destiné aux professeurs et aux élèves". Un nouveau livret sera mis en ligne prochainement.
Prière de revoir sa copie donc, ce qui apparaît être une sage décision.
Nous attendons avec impatience la deuxième version revue et corrigée, et Framasoft se tient à l’entière disposition de Calysto et Google France si jamais ils souhaitent nous impliquer dans cette nouvelle mouture (pourquoi pas, après tout, puisque nous y sommes nous aussi dans ce premier Kit).
Money, money, money !
Sage décision donc, mais qui ne doit pas occulter le rôle et la responsabilité du ministère dans toute cette petite affaire (source ReadWriteWeb) :
Éduquer au plus vite au « réflexe » Google, c’est pouvoir être sûr de garder 70 % de part de marché mondiales et donc continuer à faire tourner à fond la machine AdWords et AdSense. Tout cela parait de bonne guerre, mais pose question quand à la présente aussi forte d’une marque dans un programme pédagogique soutenu par l’Éducation Nationale.
Et surtout, interroge quant à la capacité de cette dernière à fournir des programmes sensibilisant aux nouvelles technologies en adéquation avec les besoins et savoirs des élèves. La vénérable institution serait-elle aussi dépassée sur ce point, quitte à devoir se raccrocher officiellement à une initiative extérieure ?
Un ministère qu’on aimerait voir faire preuve de la même promptitude vis-à-vis de l’entrisme de Microsoft à l’école (abondamment développé sur ce blog). Parce que c’est exactement la même logique qui opère lorsque sous couvert « d’accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2i », on propose, sur un site du service public, des vidéos qui sont à la limite de la publicité déguisée pour la suite bureautique MS Office de Microsoft.
Hier Microsoft, aujourd’hui Google avec ce vrai faux « Kit pédagogique »… nous n’avons décidément pas fini de relater les relations complexes entre l’école et ces multinationales qui ne souhaitent que le bien de nos enfants (quand bien même il y ait étrangement à chaque fois des effets collatéraux bénéficiant au généreux sponsor).
Quant au logiciel libre, il n’est que trop rarement convié à la fête. Il faut dire que tant que l’époque privilégiera les fêtes privées et payantes, et ce jusqu’à l’intérieur même du sanctuaire scolaire, la situation n’aura guère de chance d’évoluer…
Thib
Premier ! xptdr !
Plus sérieusement, je me demande comment les politiciens peuvent s’imaginer qu’une entreprise organiserait de tels trucs par bonté d’âme. Elles n’ont pas d’âmes, et ce qui les intéresse (enfin, ce qui intéresse leurs patrons, pour être plus précis), c’est de faire des bénéfices.
Ca fait quand même froid dans le dos, ces magouilles. Ca doit être difficile de se faire entendre face à ces riches géants.
Sebastien
C’est «gentil» de supposer ainsi que la seule motivation du ministère serait d’essayer de limiter la «forte mise en avant» des produits Google dans ce document… Pour ma part, je crains surtout que ce ne soit le résultat d’une tout autre démarche: il me semble légèrement plus probable que les réticences viennent des interlocuteurs Microsoft de l’EN qui auront étudié le «kit éducatif», et je suis prêt à parier que la prochaine mouture laissera une place à Facebook tout comme à MSN, à des screenshots pris avec autre chose qu’un système MacOS (il y a même un logo Apple page 12 du livret)… La dimension logiciel libre ne pourra qu’y être largement diluée.
D’autre part, quel est le véritable problème? que ce «kit» soit un document promotionnel de produits Google? qu’il ne réponde pas à l’objectif de départ (vous vous souvenez, la soupe du début «apprendre la maîtrise de ses risques et de ses dérives»…) ? que les logiciels concernés ne soient pas des logiciels libres?… Imaginons que google décide dans un futur relativement proche de libérer ces logiciels, le kit deviendrait-il alors acceptable?
Pour ne pas finir sur cette question quelque peu polémique, j’aimerais clarifier ma position: tout ceci ressemble davantage à un ramassis de sujets «à la mode»: dangers et dérives d’internet, développement durable, comportement «web» citoyen (Hadopi), recherche de l’information, mis là les uns à côté des autres sans véritable lien, si ce n’est de fournir l’occasion de présenter les logiciels Google tout en se parant d’une dimension éducative (vérification de l’information, refus de l’écriture SMS… de quoi satisfaire les profs, sans doute) et d’une bonne dose de «bons sentiments» (développement durable, écologie, économie d’énergie et des ressources), histoire de se protéger d’éventuelles critiques, ou de critiques trop sévères, car grâce à ces sujets on trouvera toujours quelqu’un pour dire qu’il ne faut pas tout jeter et qu’il y a «du bon dans tout ça, malgré tout». Pour ma part, le résultat est tellement éloigné de l’objectif fixé que je doute déjà qu’une version 2 ou 15 puisse s’en approcher. Je suis même dégoûté après avoir parcouru le «kit version 1» car il ne s’agit ni plus ni moins qu’un «coup» de pure communication, avec utilisation de prétextes à la mode pour infilter les établissements scolaires. Alors NON à la marchandisation de l’école, quelle qu’en soit l’origine.
Janov Pelorat
Il faut continuer les billets sur ce sujet capital : y-a-til d’autres endroits que Framasoft où ces problématiques soient abordées (relations Educ-Nat/Géants privés de l’informatique) ?
L’absence d’OpenOffice.org dans ce kit est proprement ahurissante.
Comment ne pas s’inquiéter et ne pas imaginer le pire – incompétence et/ou lobbying – quand on cherche à se représenter après lecture les conditions d’élaboration d’un tel document ?
Ces billets, donc, sont autant de vecteurs de sensibilisation dans le milieu enseignant, et je trouve les liens-rappels insérés, qui ramènent vers des billets-phares antérieurs, très pertinents.
(Comprendre : je suis devenu le spammeur n°1 d’une bonne amie prof de français syndiquée – pardon Ilona ! 😉
Janov Pelorat
La page "presse" et les deux derniers documents proposés au téléchargement valent leur pesant de cacahuètes en matière de promotion de produits Google (YouTube est là ; mais où et donc DailyMotion ? Etc.)
Quant au document Darcos (le premier proposé au tyéléchargement, lisez juste l’en-tête qui s’affiche dans la barre de titre de votre lecteur pdf 😉
http://cherchenet.fr/presse.php
aKa
Je viens de tomber sur cet article d’affordance.info qui annoncait mon billet dans un article fort intéressant titré "Nous sommes tous des américains (fauchés) et notre ministère est un Ponce Pilate numérique"
http://affordance.typepad.com/mon_w…
Extrait : "C’est parfois dans les "petites" opérations de communication que se donnent le mieux à lire les grands desseins ministériels … Car soyons clair, ce n’est en l’occurence pas Google (ni Calysto) que je blâme (quoi que pour Calysto …). A tout prendre, j’aime autant que ce soit eux qui se chargent du boulot plutôt que la DUI et ses experts nommés. Ce qui me fout dans une rogne noire c’est de constater l’incurie des "pouvoirs publics" à l’échelon national à capitaliser sur les réseaux de compétence e-x-i-s-t-a-n-t-s, leur refus castrateur de leur octroyer quelques maigres subsides pour permettre à ces mêmes réseaux de compétence d’opérer un passage à l’échelle, pour leur permettre de démultiplier leur offre de formation, bref pour leur permettre de faire ce que s’apprête à faire Google, mais en le faisant mieux (et probablement pour moins cher)."
Conclusion personnelle : soupir…
afulien
Mais que vient faire l’April dans cett galère ?
😉
Rolland78Bastien
Très bon article, merci de nous ouvrir ainsi les yeux.
Je dois avouer que globalement j’aime bien Google (aide à Firefox, Google Summer of Code, etc.) mais là je suis plus que déçu par la démarche.
La faute à Google Inc. ou à Google France ?
Iralde
Ouais bin il n’empêche que tout ce que propose Google est gratuit, d’excellente qualité et disponible partout où il y a une connexion. C’est vrai qu’éthiquement parlant y’a un chti pbm mais, désolé, au niveau pratique, je trouve cela intelligent de former les gosses à ces incontournables produits.
Quel enseignant ne se réjouirait pas de voir ses élèves mieux manipuler le moteur de recherche Google en mode avancé ???
maclag
Iralde:
Le même enseignant qui se réjouirait beaucoup moins si ses élèves sortent convaincus qu’une recherche ne peut se faire QUE sur google, pensent que leurs données personnelles sont bien protégées pour la vie parce que sur les serveurs google, pensent que c’est google qui gère internet!
Même si j’acquiesce que les produits google sont bons, je peux tenir le même argument ailleurs:
Quel enseignant ne se réjouirait pas de voir ses élèves utiliser les fonctions avancées de MS Word? taper sans faire de faute comme des virtuoses en messagerie instantanée à condition que ce soit du MSN et rien d’autre? etc.
Que les élèves apprennent à se servir des outils Google (ou autre d’ailleurs), c’est bien.
Qu’ils le fassent sans aucun recul, sans avoir de regard critique par la suite, c’est mal!
michel
Un article très pertinent.
Je n’utilise plus Google depuis plusieurs années (depuis qu’ils collaborent étroitement avec des dictatures pour verrouiller internet).
Son fonctionnement en interne comme à l’extérieur est celui d’une secte (voir, par exemple, le docu télévisuel "Google, la machine à penser").
Mais le plus condamnable dans cette histoire est, à mon avis, le Ministère de l’Education (de l’Endoctrinement ?) . Apprendre à maîtriser les risques et dérives d’internet ? Fort bien, quoique il serait judicieux d’avoir la même approche vis à vis des autres médias et même de l’information d’où qu’elle vienne.
Ce serait un apprentissage de l’esprit critique, qui devrait faire partie des fondamentaux de l’éducation.
On en est très loin, on est même à peu près à l’opposé, puisqu’on conditionne l’enfant à utiliser ce qu’il connaît très probablement déjà (on voit même le terme "googliser" un peu partout).
Va-t’on lui montrer comment Google enregistre tout un tas d’informations personnelles, en jurant bien sûr ne les utiliser que de façon agrégée ? Va-t’on lui montrer en quoi un logiciel libre offre plus de garantie pour le respect de la vie privée qu’un logiciel propriétaire ? Va-t’on lui montrer qu’un moteur de recherche, par ses mécanismes, favorise les idées dominantes ? Va-t’on lui expliquer que les entreprises et groupes de pression achètent des mots à un moteur de recherche ? Va-t’on lui montrer que la recherche sur internet n’est qu’un élément de la recherche d’information, et rarement le plus riche.
J’en doute. Pourtant, ce serait tout à fait judicieux par rapport à l’objectif officiel.
Comme d’habitude "si c’est privé c’est forcément mieux que si c’est public", même si la réalité a très largement démontré l’inverse dans bon nombre de domaines (à commencer par internet, d’ailleurs). On continue quand même, comme on le fait par exemple en confiant à des boîtes privées des missions de la défunte ANPE … qui depuis des années n’ont pas obtenu de meilleurs résultats pour 6 fois plus cher.
Mais quand on aime, on ne compte pas … surtout si c’est l’argent du contribuable et qu’on veut le refiler à des copains.
Sissone
Comme toujours je déplore que l’état n’utilise pas les outils existants en matière d’éducation aux TIC et se laisse démarcher par le secteur privé, avec tout ce que cela induit comme dérive, choses que vous mettez bien en avant, que ce soit google ou microsoft.
Aujourd’hui, alors que le public sollicite de plus en plus les espaces publiques numériques, les partenariats avec le secteur éducatif est à peine valorisé par l’état et surtout n’a de dimension que locale. En ce qui me concerne (je suis animatrice en EPN), c’est même à moi de proposer mes services aux structures scolaires et de "montrer patte blanche" pour avoir une légitimité pédagogique auprès du gros mammouth de l’educ nat.
Pourtant, c’est bien les acteurs TIC du service public qui, il me semble, sont les mieux placés pour aider l’école à remplir ce rôle pédagogique auprès des élèves, avec le recul suffisant pour apprendre et découvrir Internet, ce qui souvent à leur âge, est déjà fait, mais surtout expliquer sans conflit d’intérêts les enjeux du numérique et developper leur esprit critique: n’est-ce pas le but de l’école?
Bien sûr ils utilisent déjà google à la maison, pas la peine d’en rajouter une couche, par contre c’est intéressant de leur apprendre à lire la page de réponse quel que soit le moteur, de repérer les liens commerciaux "pièges" distillés par google un peu partout sur la toile, etc.
Il connaissent déjà MSN par coeur, pas la peine d’en rajouter une couche, pareil pour skyblog. Mais qui leur explique le mieux comment ils ont attrappé un ver msn, comment filtrer les commentaires non désirés sur le blog, sécuriser certains articles, dénoncer un commentaire abusif auprès des responsables du site? Sûrement pas Google, Microsoft, Skyrock et j’en passe.
L’école est-elle en mal de référents et d’acteurs extra-scolaires pour l’aider à remplir cette mission de sensibilisation? Qu’elle regarde par la fenêtre, les structures de service public se développent, mais souffrent du manque d’une vraie mise en avant de leur rôle au niveau national, et même, d’une coordination.
EsthyA 23
Je n’aime pas Microsoft et je suis scandalisé quand Microsoft tente de pénétrer avec ses gros sabots le milieu scolaire.
J’aime bien Google mais je suis tout autant scandalisé.
Donc merci au Framablog de nous montrer que les risques et dangers sont un problème général non lié à une firme en particulier.
Le fond du problème c’est que nous sommes gouvernés par une génération plutôt vieille qui n’y comprend rien aux nouvelles technologies, que cette génération soit au gouvernement et à l’assemblée (cf Hadopi) ou au ministère de l’Education Nationale.
Michel
Brillante démonstration, et édifiante tentative d’infiltration. On aurait effectivement grand tort de se focaliser sur Microsoft dans cette histoire. Maintenant il faut voir ce que donnera concrètement le jeu pour les enfants. Peut-être qu’il n’y a que ce Kit qui pose problème et que l’ensemble du jeu est neutre et bien conçu (quand bien même j’ai quelques doutes désormais).
ongola boy
Je trouve dommage qu’on veuille éduquer les enfants en ne présentant qu’une seule facon de voir le monde des réseaux des réseaux. Je reconnais qu’une entité qui compte de nombreux utilisateurs de ses produits doit prendre très au sérieux la manière dont ses ‘consommateurs’ (actuels et futurs) s’en servent. Cependant concernant Google, elle devrait proner l’ouverture de manière plus explicite.
Ceci m’amène à dire qu’en termes d’éducation il ne faudrait pas lier une activité à un logiciel, une marque; les apprenants (dans une grande majorité) vont penser qu’on ne peut résoudre un probleme que d’une seule manière.
Le projet de l’OLPC avec ses *activités* était (est ?) une bonne initiative. D’autres initiatives existent également mais paraissent souvent isolées ou l’oeuvre de quelques personnes. Car il faut aussi le reconnaitre, tout cela demande des moyens (financier, matériel, etc) et ceux qui oeuvrent pour une éducation plus libre n’en disposent pas toujours.
Ces entreprises qui ont plus de moyens participent à l’éducation des plus petits mais avec des intérets on ne peut plus mercantiles à long terme. Dommage mais peut etre est-ce notre monde et son systeme de profit, d’accumulation qui veut ca…
P.S: que dire des petits enfants anglais qui vont utiliser très prochainement Twitter et wikipedia pour certains cours?
http://www.guardian.co.uk/education…
Fred
Alexis dit « On notera que ce texte porte en quelque sorte la « caution » de Frédéric Couchet de l’April puisqu’on le remercie personnellement en bas de page (je l’attends dans les commentaires !) ».
L’équipe de Calysto m’a demandé mon avis sur leur guide, je leur ai
fait quelques remarques. J’ai notamment demandé l’ajout des licences
Creative Commons, Art Libre, exception copie privée et droit de
citation, fait quelques modifications sur la partie logiciel libre, indiqué l’absence d’OpenOffice.org … Mais je n’ai pas rédigé le texte et ne cautionne pas ce document.
Pour rappel du contexte Calysto était à l’origine avec la DUI de la
campagne de propagande « Tour de France des Collèges ». Nous avions
dénoncé l’opération et suite à ça Calysto nous avait contacté pour
relire leurs guides. Le nouveau guide (diffusé en janvier dans
Science et Vie Junior) est de bien meilleure qualité.
Voir
http://www.april.org/fr/groupes/edu…
J’avais précisé à Calysto que je trouvais l’opération cherchenet avec Google du même tonneau que les précédentes opérations de propagande.
Frédéric Couchet
Thierry P
@Frédéric Couchet : Si j’étais toi, vu qu’ils sont en train de réécrire le Kit, je demanderais soit de ne plus apparaître dans la prochaine version, soit d’avoir un droit de relecture. Parce que en l’état ça laisse vraiment à penser qu’il y a la bénédiction de l’April.
Olivier
Personne n’a souligné l’utilisation un peu fallacieuse du "développement durable" qui a bon dos dans cette affaire. Comme d’autres je n’arrive pas à comprendre pourquoi on ne confie pas ces choses-là aux enseignants eux-mêmes. Ils sont trop nuls en TICE ou quoi ?
Heureusement qu’il nous reste Internet et la copie de document qu’on retire honteusement 🙂
(un truc que j’arrive pas à comprendre : est-ce que les enseignants sont au courant de tout ça ou est-ce qu’ils s’en foutent ? ou les deux ? dit autrement est-ce qu’il y a des profs qui passent de temps en temps sur ce blog ?)
Philippe-Charles Nestel (Charlie)
@Iralde
"Quel enseignant ne se réjouirait pas de voir ses élèves mieux manipuler le moteur de recherche Google en mode avancé ???"
Pardonne-moi, mais sur le plan strictement pédagogique, ce document véhicule des concepts qui sont faux. Ils ne permettent donc pas aux enfants de mieux manipuler un moteur de recherche de type Google basé sur de l’indexation plein texte.
Je cite : "Il y a plusieurs milliards de pages sur le Net ! Pour trouver une information,
les moteurs de recherche font le tri grâce aux mots-clés", ce qui n’était VRAI que de Yahoo à l’époque pionnière du web où des êtres humains indexaient les pages sur des mots clés.
Je cite encore : "Pour cela, tu peux non seulement t’aider de mots-clés, mais aussi utiliser la recherche. Effectuer une recherche avancée, ou encore la recherche d’image.".
Cela fait des années que je me bats contre le langage de sens commun inculqué aux élèves qui leur fait croire que les moteurs de recherche basés sur de l’indexation plein texte relèvent d’une procédure de requêtes par thèmes traités, par logique classificatoire caractérisant le contenu d’un document, et/ou permettant d’effectuer des recherches documentaires.
Et ce document ne fait que reprendre cette approche obscurantiste.
Les gens de Google ne devraient pas, eux-mêmes, s’ils ont la moindre honnêteté intellectuelle, cautionner ce mensonge.
Les répercussions en termes d’e-illettrisme sont fondamentales.
J’apprends à mes élèves que les technologies influent le mode d’accès et la représentation des connaissances. L’idée n’est pas nouvelle, elle était déjà exprimée par Mac Luhan : the medium is the message.
Ca veut dire quoi ?
Ca veut dire qu’à l’époque où le livre prenait la forme du volumen, du rouleau, il était très difficile de rendre pratique la notion de table des matières. Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’il n’y avait pas de pages, qu’il n’était pas pratique de passer d’un extrait du texte à l’autre, dans avoir besoin de dérouler le rouleau qui pouvait atteindre plusieurs mètres, voire davantage.
Il fallut donc attendre le codex, pour que puisse émerger la pagination. Mais surtout l’imprimerie qui permit à plusieurs lecteurs de se référer à la même information au même endroit.
De même que les scènes du théâtre classique dépendaient de la durée de combustion d’une bougie ou que les morcaux courts et rapides du rockabilly dépendaient du 45 tours ou que le concept de l’album (Sergent Peppers des Beatles n’a pu émerger qu’avec le 4 pistes), l’information est dépendante du médium, de la technologie.
L’émergence des tables des matières a engendré l’approche arborescente des connaissances (et aujourd’hui encore la séparation entre le fond et la forme pour un bon usage d’openoffice.org avec l’outil styles et formatages est une organisation arborescente).
La fameuse méthode cartésienne qui consiste à décomposer chaque difficulté jusqu’au plus simple élément ce n’est rien d’autre que de l’arborescence. La classification des espèces : c’est de l’arborescence. Les sciences occidentales de la Renaissance à la révolution industrielle se sont développées sur le paradigme de l’arborescence, dont le taylorisme fut sur le plan de la division sociale du travail l’apogée.
Qu’est-ce qu’une arborescence en dernière analyse ?
C’est une approche sémantique, une approche par catégorisation, hiérarchisation, c’est-à-dire par mots clés !
L’ordinateur en réseau a permis l’émergence des hypertextes, des moteurs de recherches basés sur de l’indexation plein texte où tous les mots sont indexés. Les requêtes ne seraient en aucune manière être basés sur des mots clés. Il faut donc changer de méthode et développer une approche lexicale et non plus sémantique.
Le défi qui est donc posé à l’école, en ces vingt ans d’anniversaire du web c’est donc l’e-illettrisme. Il devient donc plus que nécessaire d’apprendre aux enfants deux modes de gestion et de représentation des informations, des connaissances : l’approche sémantique qui n’a pas disparu ET l’approche lexicale.
Le document pédagogique qui est donné aux collégiens est donc aberrant en ce qu’ils ne les prépare pas à une société numérique, mais à utiliser des outils sur un mode obscurantiste.
Etudier Google n’a rien de répréhensible en soi.
Y compris sur le plan juridique.
N’oublions pas que l’algorithme du PageRank octroyé à Google sur une base exclusive par l’Université Stanford est breveté. Rien n’interdit donc d’expliquer en quoi les brevets logiciels ne sont pas légaux en Europe.
Rien n’interdit d’essayer de comprendre comment Google attribue un score à une page en se référant aux descriptions des brevets :
http://www.scriptol.fr/seo/brevet-g…
http://www.scriptol.fr/seo/freshran…
http://www.scriptol.fr/seo/brevet-g…
ou de lire la privacy faq
http://www.google.fr/privacy_faq.ht…
et même dans le cadre d’une information pluraliste de lire des dépêches de presse comme celle-ci :
http://www.zdnet.fr/actualites/inte…
et d’effectuer un travail de recherche à partir des infos référencées.
Ce qui m’amène en dernière analysé à l’essentiel : la neutralité scolaire et commerciale de l’école.
Ce n’est pas le fait que l’on prenne Google comme objet d’étude qui est scandaleux, mais le fait que le document énonce des âneries et est orienté bizounours.
Charlie
Philippe-Charles Nestel (Charlie)
@ Alexis,
Alexis,
Je suis très mal à l’aise. Alors même que Framasoft est également cité dans ce document de Calysto tu laisses entendre que l’April le cautionne parce qu’il comporte un remerciement à Fred Couchet.
Pour autant, il n’existe aucun document officiel de l’April, comme on a pu le lire sur le Framablog de type "Tout, vous saurez tout sur Google et l’Open Source" ou encore "Le logiciel libre est l’arme secrète de Google contre Microsoft".
Références :
http://www.framablog.org/index.php/…
http://www.framablog.org/index.php/…
Et ceci pose un problème de fond qui n’est pas spécifique aux problématiques des logiciels et cultures libres mais qui concerne notre rapport aux médias du "web 2.0" : à savoir la dangerosité de la "blogosphère".
Depuis les procès qui ont frappé Valentin Lacambre d’AlternB où nous avions décidé de fermer babelweb.org, parti pour croatan, qui était le site "branché" de l’époque, je n’ai plus jamais fait de site web. Babelweb est né dans un refus de participer à la société du spectacle, voilà pourquoi on pouvait trouver, entre autre, tout un corpus de textes de l’Internationale situationniste.
Les blogs ont un aspect éminemment positif. Ils permettent à tout un chacun de devenir éditorialiste, de trouver une surface d’expression, et de créer facilement ce que l’on appelait naguère un fanzine, un webzine. Mais le revers de la médaille, c’est d’entrer dans une logique de "scoop", de recherche d’audience, qui peut participer à une culture de l’instantané, de l’émotion, de l’égo et de la starisation, interdisant par là même, toute distanciation. Les évènements se succèdent alors aux évènements dans une linéarité du temps.
Pour moi, le Framablog a une valeur inestimable. C’est le seul contre-pouvoir, dans le domaine de l’informatique et de l’Education au Café pédagogique.
Pour autant, je ne suis pas toujours d’accord avec toi, par exemple, lorsque tu trouves louable que le ministère a pour ambition que "les collégiens apprennent les bons usages des outils du web 2.0". C’est du niveau du rapport Assouline qui en resté aux fanzines dont le modèle n’est pas celui du web conçu à l’origine pour les hypertextes.
Il me semble qu’en matière d’éducation, nous avons actuellement à faire face à un autre enjeu qu’un concours éphémère qui ne peut, au mieux, avoir d’existence que médiatique, et dont l’impact est limité dans tous les collèges de France et de Navarre qu’à une affiche en salle des professeurs et de documentation.
L’enjeu du moment, c’est l’article 9 bis du projet de loi Hadopi, dont les discussions reprennent actuellement à l’Assemblée.
Seul, hormis le communiqué de presse de l’April, Jacques Attali – et c’est tout à son honneur – en a vraiment senti le danger. Car on s’attaque là au Brevet informatique et Internet des collèges, obligatoire à l’obtention du brevet des collèges, et à la modification du code de l’éducation.
Jacques Attali écrit :
"Le projet de loi prévoit aussi, et c’est hallucinant, d’endoctriner les enfants des écoles. J’exagère ? Lisez l’article 9 /bis/ /(nouveau)/ : « L’article L. 312-9 du code de l’éducation est complété par un alinéa ainsi rédigé:
« Dans ce cadre, ils reçoivent une information, notamment dans le cadre du brevet informatique et internet des collégiens, sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d’œuvres culturelles pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de manquement à l’obligation définie à l’article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle et de délit de contrefaçon. Les enseignants sont également sensibilisés. »
Il est insensé de ne pas comprendre que l’accès à l’Internet constitue un droit fondamental, et que l’école doit apprendre aux enfants à s’en servir, et non pas à s’en méfier. Et si l’école prétend faire le contraire, elle n’y réussira pas, mais elle continuera à approfondir le discrédit qui la guette.
De même, les artistes, sans cesse mis en avant dans les débats, ne bénéficieront pas non plus de cette loi et les débats l’ont bien montré: tous les amendements proposés, même ceux venus de l’UMP, ont été refusés quand ils prévoyaient d’améliorer la rémunération des auteurs et interprètes (1). Comme si les artistes étaient des mineurs; comme si seuls leurs producteurs savaient utiliser l’argent public, si généreusement laissé dans leurs caisses par des crédits d’impôts ou par d’autres mécanismes."
http://www.slate.fr/story/jacques-a…
Par delà la remise en cause de la neutralité scolaire, l’enjeu ce n’est même pas d’apprendre aux enfants à se servir d’Internet mais de comprendre, d’apprendre, comment fonctionne Internet, de la même manière que l’on n’apprend pas à se servir d’un livre mais que l’on apprend d’abord à lire et à écrire.
Dans un communiqué de presse du Parlement Européen on peut lire :
"Le rapport prévient que /"l’e-illettrisme sera l’illettrisme du XXIe siècle"/ et que l’accès à Internet, comme l’accès à l’éducation, ne devrait jamais être bloqué par des gouvernements ou des compagnies privées.".
http://www.europarl.europa.eu/news/…
Voilà les véritables enjeux qui nous attendent. On ne luttera pas contre ce e-illettrisme par un apprentissage des usages mais par l’instauration dans le système éducatif d’un véritable enseignement aux principes de l’informatique et de l’internet.
Alexis, dans les périodes troubles qui nous attendent, nous devons unir toutes nos forces.
Bisous,
Charlie
PS : Le communiqué de presse de l’April sur lhadopi dans le B2i, ainsi que le dossier explicatif :
L’Hadopi propagande anti-libre à l’école
http://www.april.org/fr/hadopi-prop…
Article 9 bis du projet de loi Hadopi : non à la transgression de la neutralité scolaire et commerciale de l’école ! (le dossier complet)
http://www.april.org/fr/article-9-b…
aKa
@Charlie
J’ai pris bien soin de mettre "caution" entre guillemets. Il est bien évident pour moi que Frédéric Couchet (ou l’April) ne cautionne nullement le document (et la réponse de Fred, que je remercie d’être passé ici, ne m’étonne évidemment pas).
Mais en va-t-il de même pour tout lecteur qui voit là pour le première fois un nom propre cité et remercié ?
C’est juste ce point que je voulais soulever et préciser en demandant à Fred de nous apporter quelques éclaircissements.
Cela pose je crois le problème du "conseil es logiciel libre". Si on n’a pas de droit de regard sur la relecture finale, alors on s’expose à certains risques. Ici on peut se dire que c’est tout de même bien que le logiciel libre soit cité mais on peut tout aussi bien penser qu’il y a eu comme une légère manipulation.
Philippe-Charles Nestel (Charlie)
@ Alexis
Entièrement d’accord. Mais c’est bien de le dire.
🙂
Céline
Je crois qu’il ne faut pas oublier l’oeil critique de l’enseignant qui doit proposer à ses élèves la plus large utilisation du net possible. Google, pourquoi pas, tout en expliquant comment cela fonctionne, les critères de tri et de choix de l’information, tout en leur apprenant à adopter les stratégies les plus efficaces et les plus justes dans leur utilisation.
Après se pose l’épineuse question de la formation des enseignants auxquels on demande de faire passer pour le collège, le B2i, alors qu’ils seraient incapables pour un grand nombre dont certains de le passer eux-mêmes. ( je suis morte de rire en écrivant cette phrase quand je repense aux deux heures de formation au logiciel excel, lors de mon année à l’iufm, où nous avons appris à additionner le contenu de deux cellules et à mettre des couleurs, Non je ne caricature pas )