L’avenir du livre reste à écrire…

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Richardmasoner - CC by-saLe succès récent du lecteur de livre électronique Kindle 2 d’Amazon est venu nous rappeler que le monde de l’édition ne pourra être longtemps épargné par les bouleversements technologiques actuels. Ce n’est qu’une question de temps, celui que mettra l’industrie à nous offrir un réel confort de lecture numérique, accompagnée par une offre plurielle au prix raisonnable et… aux formats ouverts  !

Le meilleur moyen d’appréhender la nouvelle donne qui s’annonce et d’en mesurer dès à présent les enjeux est certainement de parcourir l’excellent blog La Feuille.

Quant à nous, après avoir évoqué, non sans ironie, la question du piratage, nous vous proposons une traduction du Guardian qui témoigne du fait que, comme pour la musique, c’est tout la chaîne de production qui risque d’être bientôt impactée[1].

Sans oublier bien sûr notre projet de livres libres Framabook en partenariat avec InLibroVeritas (et Les Complexes).

L’avenir de l’édition  : aussi terrifiant qu’un récit de Stephen King  ?

The future of publishing : as frightening as any Stephen King story ?

Naomi Alderman – 17 février 2009 – The Guardian
(Traduction Framalang  : DonRico et Goofy)

Pour le livre électronique, on est à mille lieues de se soucier du piratage.

La révolution du livre électronique est peut-être en marche. L’année dernière, Amazon a sorti son lecteur d’e-books, le Kindle, et estime qu’il s’en est vendu plus que d’iPods lors de leur première année de commercialisation. Il y a peu, Amazon a sorti le Kindle 2, lequel était accompagné, pour fêter l’événement, d’une nouvelle écrite pour l’occasion par Stephen King.

Parmi mes interlocuteurs dans le monde de l’édition – auteurs, agents, responsables éditoriaux et éditeurs d’œuvres numériques –, la portée d’une révolution du livre électronique suscite à la fois un grand intérêt et une vive inquiétude. Les éditeurs craignent les possibilités de piratage. Si l’on prend l’exemple de l’industrie du disque, cette inquiétude peut sembler légitime. Trouver des livres électroniques piratés n’a rien de difficile  : en cherchant «  eBook Stephen King  » sur Google, on récolte des tas de liens. Cela ne pose pas de problème pour l’instant car dans leur grande majorité, les lecteurs n’aiment pas lire de longues œuvres sur un écran d’ordinateur. Si un appareil offrant un plus grand confort de lecture se démocratisait – et même le Kindle permet à ses utilisateurs de lire des PDF grâce à un système de conversion «  expérimentale  » –, la donne changerait rapidement.

Mais les inquiétudes concernant le piratage ne sont peut-être qu’un leurre. La démocratisation du lecteur de livres électroniques pourrait avoir un effet bien plus immédiat et plus profond sur la façon dont on publiera et vendra les livres, et Stephen King nous en a offert un parfait exemple. En 2000, il a publié son roman The Plant sous forme d’e-book, découpé en épisodes. Il l’a mis à disposition sur son site Web, se passant ainsi d’éditeur. Dans les grandes lignes, l’expérience s’est soldée par un échec  : on peut lire d’intéressantes analyses à ce propos sur Salon, Wikipédia et Another Sky Press. La démarche fonctionnait selon un modèle économique très particulier, mais la plupart des lecteurs potentiels ne possédaient pas d’appareil sur lequel il était plaisant de lire un long e-book.

Si les ventes de lecteurs d’e-books décollaient, en revanche, des auteurs de renom tel que Stephen King pourraient passer à l’auto-publication. Et cela pourrait marquer la fin du système éditorial tel que nous connaissons à l’heure actuelle. À cause de la structure de l’édition, ce sont les auteurs de renom dont les livres se vendent par millions qui, de fait, soutiennent l’industrie à bout de bras. J’ai lu diverses statistiques concernant le pourcentage de livres qui génèrent vraiment des bénéfices. Un agent littéraire que j’interrogeais m’a expliqué que 95 % des œuvres publiées n’étaient pas rentables. D’autres m’ont indiqué des nombres moins élevés. Quoi qu’il en soit, tout le monde s’accorde à dire qu’une grande majorité des bénéfices provient d’une petite minorité d’auteurs.

Si Stephen King, Dan Brown, JK Rowling et Patricia Cornwell décidaient de concert de vendre leurs livres eux-mêmes en ligne au lieu de passer par une maison d’édition, ils en tireraient sans aucun doute des avantages financiers. En gros, un auteur ne touche qu’une livre (Ndt  : un peu plus d’un euro) sur chaque exemplaire vendu. Au lieu de s’en remettre à un éditeur, les auteurs de renom pourraient se permettre de n’employer qu’un assistant d’édition, un attaché de presse, un compositeur et un graphiste. Ils pourraient vendre leurs livres seulement 2 ou 3 livres et gagner malgré tout plus d’argent qu’avec le système actuel.

Mais sans les revenus générés par ces auteurs pour maintenir à flot les éditeurs, le système actuel ne serait plus viable. Que se passerait-il alors  ? Difficile de le savoir. À l’évidence, les maisons d’éditions devraient réduire leur taille, et les auteurs qui ne connaissent pas un immense succès international ne pourraient bénéficier d’avances sur droits d’auteurs fort utiles. Il serait plus difficile de continuer à écrire lorsqu’on serait un écrivain moyennement vendeur, à moins de bénéficier d’une source de revenus personnelle. Les lecteurs chercheraient toujours à découvrir de nouveaux auteurs formidables, aussi les marques des éditeurs connus conserveraient leur valeur, car elles permettraient aux lecteurs de séparer le bon grain de l’ivraie. Mais Penguin, Harper Collins et Random House pourraient se réduire à des icônes sur des canaux d’agrégateurs de livres électroniques et n’être plus les moteurs de la production éditoriale qu’elles sont aujourd’hui.

Étant moi-même auteur, j’évoque souvent les mérites du livre électronique et l’intérêt que je porte aux nouvelles possibilités de création qu’il permet. De plus, je ne doute pas que les lecteurs auront toujours envie de lire d’excellents livres. Mais toute révolution est terrifiante, et celle-ci pourrait être aussi effrayante qu’une histoire de Stephen King.

Notes

[1] Crédit photo  : Richardmasoner (Creative Commons By-Sa)

17 Responses

  1. Murmure & chuchotement

    À lire votre article il semblerait que se serait enfin une super opportunité pour les auteurs connus de mettre à la poubelle le format papier, afin de passer au livre électronique et enfin, peut-être, bien gagner leur vie. N’y a t-il pas d’autres choses bénéfiques à en tirer ?

    Par ailleurs j’ai relevé pas mal d’incohérences ou du moins des points sur lesquels vous êtes assez flou. Par exemple vous dite "En gros, un auteur ne touche qu’une livre (Ndt : un peu plus d’un euro) sur chaque exemplaire vendu. " Un euro sur la base de quel prix de vente public ? Sous entendu que l’éditeur pourrait lui gagner plus de un euro ? !

    Je vous propose quelque chose de plus simple vue de la France (puisque c’est ce que je connais de mieux), tout en donnant un exemple moins approximatif que le votre :

    Sur un livre (roman français, donc sans traduction) vendu au public 20 euros TTC, le bénéfice net pour l’auteur oscille, selon sa renommée, entre 8 et 12 %, pour l’éditeur entre 1,5 et 3 % et pour le libraire entre 0,6 & 1,4 %.

    Par ailleurs vous citez les noms de Stephen King, Dan Brown, JK Rowling et Patricia Cornwell… Nous les connaissons tous, pour certain on ne remettra pas en cause leur qualité littéraire pour d’autre on applaudira leur art de la machine à sous. Mais pour pouvoir citer ses auteurs il a bien fallu à un moment donné qu’un éditeur prenne le risque de les publier et de les porter là où ils sont aujourd’hui. Sans les éditeurs nombreux auteurs seraient tombés aux oubliettes… Quelqu’un comme Marie Darrieussecq refusée par les plus grands nom de l’édition française, mais tout de même publiée en 96 chez POL et dont on connait le succès jusqu’à aujourd’hui, n’auraient jamais pu d’elle même sans réseau, ni connaissance de l’édition arriver à s’auto-publier et avoir le succès qu’elle a eu. Parce que pour le livre il n’y a pas que le papier qui compte il y a toute la diffusion qui va avec….

    Des éditeurs comme Jérôme Lindon qui passe une vie à publier un auteur dont tout le monde dans le milieu de l’édition refuse d’en entendre parler, qui n’est pas vendeur et qui n’a aucun intérêt littéraire est de ces éditeurs découvreurs… Quel attaché de presse irait défendre un auteur durant des années dont personne ne veut ? Dans l’exemple, il s’agit de Samuel Beckett. Jérôme Lindon qui a aussi donner des chèques tous les mois pendant un an ou deux à des auteurs dans la dèche parce qu’il sentait un potentiel chez eux et dont pareillement dans les années 60 personne ne voulait…. Merci à lui pour Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Michel Butor, etc.

    Je ne dis pas que le livre électronique n’es pas viable. Mais votre idée, que ce dernier le sera si les auteurs traitent seul de leur ouvrages. Et là c’est une grosse erreur, vous imaginez une nuée d’auteurs inconnus accompagnés d’une autre nuée d’attachés de presses tentant de de faire du gringue aux rares journalistes littéraires qui resterons en fonction ? Déjà que les critiques ne sont pas très futés et encore moins curieux (ils leurs ai difficile de sortir des sentiers battus et d’être réellement critique, et surtout impossible de lire tous les bouquins qui sortent). En revanche, les éditeurs permettent de par leur politique éditoriale de cibler la qualité ou le potentiel d’un auteur, alors qu’un auteur seul ne pourra jamais apporter le crédit nécessaire à la diffusion de son œuvre.

    Je crois à un vrai avenir du livre électronique mais non sans le support papier en arrière garde. Un peu comme le fait actuellement Michel Valensi des éditions de l’Éclat via le lyber.
    Autre exemple très en vogue utilisé par les éditions Le zaporogue le téléchargement gratuit d’un livre. Cela marche, cela plait, mais il y la possibilité d’avoir l’équivalent au format papier (après paiement).

    Mais il ne faut pas se leurrer ce n’est pas le livre électronique qui dopera les ventes. Les ventes devraient rester telles quelles le sont actuellement, voir baisser si il n’y a pas une possibilité de contre partie papier. Par exemple moi qui suis entre autre lecteur de polar, même si le livre électronique me proposait un prix divisé par 4 je ne lirais pas de l’infâme Patricia Cornwell pour autant. Auteure grand public oui, auteure de polars de qualités absolument pas !

  2. Etenil

    Pour revenir sur ce que dit Murmure & chuchotement, ce n’est pas si impossible que cela. Tout d’abord, vous partez du principe que les marges moyennes d’un livre sont:
    auteur = 10%
    editeur = 2.25%
    libraire = 1%

    Je veux bien, mais on ne parle pas de livre ici, un systeme numérique ne souffre aucune contrainte de reproduction, stockage, ni même de distribution. Dans ce cas, le seul éventuel intermédiaire pourrait être une tierce partie en charge de la réclame entre l’auteur et le lecteur.

    N’importe quel utilisateur d’un ordinateur de nos jours est capable d’attraper son latex, de pondre son roman et le mettre sur son site. Il ne lui reste plus qu’a mettre a coté un javascript paypal marqué "Vous aimez? faites un don!", et les gens de cliquer parce qu’une paire d’euros ca ne représente pas grand chose.

    De cette manière, il serait très simple pour un auteur de faire plus de bénéfice que par le système traditionnel, car si on hésite a mettre 10 euros dans un livre, 1 ou 2 euros ne ferait tiquer personne, ne ferait pas baisser les revenus de l’auteur mais tuerait l’éditeur, alors inutile.

    D’autre part, une telle évolution aurait aussi l’avantage de permettre aux auteurs refusés des éditeurs de publier leurs production par un circuit "standard", et ce de façon démocratique. Les lecteurs jugeront, pas un tiers tout puissant qui a droit de vie et de mort sur le prétendant auteur.

    Donc oui au livre électronique pour cette évolution du système d’édition à venir, par contre NON, NON et NON aux ebooks blindés de DRMs qu’on ne pourra pas donner a notre voisin ni même sauvegarder dans un endroit sûr.

  3. Sardem FF7

    De la même manière que pour la musique, il faut s’adapter.
    Les maisons d’éditions remplissent deux rôles capitaux qui sont de permettre la diffusion des œuvres et d’aider les auteurs inconnus à se faire un nom.
    Il peuvent parfaitement continuer à remplir ces rôles en s’adaptant de manière simple : la vente par Internet. On veut acheter un livre ? On va sur "editions-quedubon.com", on choisit sa rubrique préférée, on lit les commentaires des internautes lecteurs. Ah, ce livre est bien noté, les commentaires sont enthousiastes et bien construits, l’avis de l’éditeur est moyen, ça mérite bien un achat. On se connecte avec son compte, on marque son numéro de carte bancaire et le tour est joué. Un E-Book pour 5€, ou un livre imprimé pour 15€ avec délai d’une semaine pour l’impression. Bien sûr on prendra soin de laisser le nom de l’éditeur sur l’E-Book acheté, avec toutes les metadonnées renseignées : titre, auteur, éditeur, date.
    Un éditeur peut s’adapter, il suffit de le vouloir.

    Le seul problème que va poser l’E-Book se retrouve dans la musique : le partage facilité par la dimension numérique du contenu. Plus besoin de se passer de son livre préféré pendant plusieurs semaines, un copier/coller suffit.

    Mais en amateur de livres, et de papier, je pense que ce noble support a encore de beaux siècles devant lui.

  4. Mado

    Deux éléments de réflexion me viennent à l’esprit, en faveur de la diffusion de l’ebook :
    – Cartables lourds, budget à la baisse, dans l’éducation, il est évident que ça sera utile d’avoir dans un petit lecteur tout le programme scolaire et universitaire (avec son et vidéo en plus).
    – On commence à donner mauvaise conscience au bobo en lui disant qu’en achetant un ebook il va "sauver un arbre", et le bobo lui il est toujours partant pour participer à ces trucs plus marketing que réellement utiles.

  5. idoric

    > «Mais sans les revenus générés par ces auteurs pour maintenir à flot les éditeurs, le système actuel ne serait plus viable. Que se passerait-il alors ? Difficile de le savoir.»

    Ça me paraît assez évident : les éditeurs accuseraient le piratage et une loi serait votée pour lutter contre…

  6. idoric

    @Etenil
    «N’importe quel utilisateur d’un ordinateur de nos jours est capable d’attraper son latex, de pondre son roman et le mettre sur son site. Il ne lui reste plus qu’a mettre a coté un javascript paypal marqué "Vous aimez? faites un don!", et les gens de cliquer parce qu’une paire d’euros ca ne représente pas grand chose.»

    Je ne suis pas aussi confiant que toi dans la nature humaine. C’est d’ailleurs la raison essentielle qui m’amène à défendre la licence globale. En attendant, je pense que la seule solution viable est dans la co-création sous licence libre. Oui, la thèse est osée, je m’en étais expliqué longuement ici :

    http://idoric.free.fr/dotclear/inde

  7. auteur

    Je fais pars de mon expérience.

    Cette année, en France, les maisons d’éditions papiers vont plutôt mal. Les droits d’auteurs ont baissé. Cela tourne entre 4% et 8% du prix de vente (selon le genre de livre et selon les éditeurs).
    Écrire en passant par des maisons d’édition offre une bien plus large diffusion que publier sur son site perso.
    Des fois je me dis que les maisons d’éditions décident un peu du succès de leur auteur. Car ils décident en amont à quel nombre d’exemplaire le livre sera imprimé et le budget marketing.

    Pour info, les auteurs à succès (Coelho etc) sont un peu les vaches à lait des éditeurs et grâce à eux, les éditeurs peuvent publier des jeunes talents plus facilement. Lorsqu’ils partent…tous les autres auteurs en pâtissent.

  8. Chloé Girard

    Livre, culture, auteurs, lecteurs et métier d’éditeur ne portent pas le risque de cette révolution du livre électronique. C’est un argument qui me semble fallacieux, souvent agité par des éditeurs campés sur leur incapacité à changer de modèle économique au vu de l’évolution des techniques (ils ne le sont pas tous!).

    Ceux qui vont en pâtir, si les éditeurs ne réagissent pas, ce sont les employés de leurs "maisons" qu’ils n’auront pas pris les moyens de former à leur nouveau métier: le livre électronique, le livre en réseau, les nouveaux outils et formats de production, le Web et ses réseaux, au pluriel, l’exploitation en webservices, l’imagination numérique.

    Envisageons un autre scénario (déjà en cours) que celui de l’article de Naomi Alderman:

    Le métier d’éditeur se transpose sur des sites et blogs d’influence (issus ou non des maisons d’édition existantes), prescripteurs attentifs, critiques et inscrits dans des réseaux qui peuvent être très spécialisés, avec l’avantage que cela donne aux lecteurs pointus.
    Ces éditeurs, non plus "maisons" mais "plateformes", n’ont plus les mêmes coûts de production/distribution (qu’il s’agisse de ebook ou de Web-to-print, la question n’est pas celle de l’électronique ou du papier, dans les deux cas les coûts baissent). Ces baisses de coût permettent aux ventes des "petits" auteurs (ventes papier et/ou électronique, en abonnement ou en propriété, vente de services associés…) de rentabiliser leur propre production et aux éditeurs/prescripteurs/distributeurs Web de consacrer du temps à l’essentiel? (Nous en connaissons qui s’en réjouissent!)
    Auteurs et lecteurs s’y retrouvent également d’autant mieux que l’allègement des coûts permet enfin de se passer de têtes de gondoles remplies de Patricia Cornwell. Enfin, les éditeurs y trouvent peut-être aussi les moyens d’offrir à plus de 2,5% des auteurs de vivre de leur plume?

    Fin du scénario.

    Encore faut-il que le lecteur y trouve son compte. Or, dans la révolution annoncée encore une fois ici le seul risque que prend le livre c’est précisément de ne pas être révolutionné.

    L’écosystème reader + ebook, DRMisé, statique et typographiquement pauvre, envisagé comme une réplique du livre papier (qui remplit pourtant parfaitement son office), est parfait (on pourrait presque penser "conçu") pour servir le modèle économique actuel: vente à l’exemplaire, au même prix que le livre papier (comme si reproduction équivalait encore à re-production) sans plus-value, sans nouveaux services, avec la même notion de marketing culturel (et le risque de Cornwell!).

    Nous parlerons d’une révolution du livre numérique quand il nous offrira du nouveau par rapport au livre papier: livre Web (avec un superbe lecteur universel tel qu’un bon FireFox, idéalement sur epaper!), livres multi-couches (plusieurs éditions, plusieurs niveaux…), flux différentiels (handicapés…), possibilités d’annotations riches et partageables, exploitation des contenus en ligne, extraction de contenus à destination d’autres livres ou chercheurs, publications multilingues simultannées ou non au gré du lecteur, etc. Que sais-je, imaginons!

    PS: Nous prêchons ici pour notre paroisse, admettons-le (http://www.pouleouoeuf.org)! Et nous avons développé ces arguments dans plusieurs posts dont (Livre Web: une révolution industrielle, http://www.lescomplexes.com/blog/?p…)

  9. VV666

    Il y a aussi des auteurs qui se passe déjà d’éditeur, parce que pour eux c’est très dur de ce faire éditer.
    Je viens de faire un site internet pour un jeune écrivain qui à pris la décision de distribuer son livre sous forme de chapitre (par semaine par exemple) et cela sous licences Creative Commons.
    Pour le moment, il n’espère même pas gagner d’argent, mais juste être lu. Avec de la chance, un jour, il en vivra 😉
    Son site : http://dhampyr.fr

    On peux aussi noter les initiatives des éditeurs qui veulent évoluer comme In Libro Veritas : http://www.inlibroveritas.net/

  10. Murmure & chuchotement

    Etenil vous dites : « N’importe quel utilisateur d’un ordinateur de nos jours est capable d’attraper son latex » Je passe beaucoup de temps sur le net et donc mon Mac, j’ai un site Internet et deux blogs sur lesquels je fais tout. Et c’est bien la première fois que j’entends le mot "latex" donc je ne sais de quoi vous parlez… (Cette remarque juste pour vous dire que ce qui est une évidence pour vous ne l’est pas forcément pour les autres). Plus loin vous dites « de pondre son roman et le mettre sur son site. » Le problème du site ou du blog va résider dans le référencement car il faudra bien se sortir du lot, ce qui n’est pas gagné… D’autant plus que je connais de nombreux auteurs, qui même plusieurs fois publiés ont des blogs qui tournent au ralenti. Plus vous ajoutez « Il ne lui reste plus qu’a mettre a coté un javascript paypal marqué "Vous aimez ? faites un don !", et les gens de cliquer parce qu’une paire d’euros ça ne représente pas grand chose. » D’une part on rajoute un intermédiaire qui va ponctionner un pourcentage sur la vente, à savoir Paypal, d’autre part, comme l’a souligné Idoric, la confiance en la nature humaine sur ce point est pour moi aussi très limitée. Une paire d’euro ça ne représente pas grand chose sur un titre ou deux sûrement mais pas sur 50, 100 ou 200 titres ! Puisque les gros lecteurs en France lisent en moyenne 200 titres par an à multiplié par 2 euros cela fait 400 euros… Ce n’est pas rien, car souvent ces gros lecteurs ne sont pas forcément les plus gros acheteurs. Fréquemment, ils passent par les bibliothèques, et un abonnement annuel dans une bibliothèque doit être en moyenne en dessous de 40 euros annuel…

    Par ailleurs, vous dites « D’autre part, une telle évolution aurait aussi l’avantage de permettre aux auteurs refusés des éditeurs de publier leurs production par un circuit "standard", et ce de façon démocratique. Les lecteurs jugeront, pas un tiers tout puissant qui a droit de vie et de mort sur le prétendant auteur. » Savez-vous combien de personnes écrivent en France ? Il y a environ 4 millions d’écrivants. Ces 4 millions n’ont pas tous prétention à être publié, mais il en reste tout de même 2 millions à le désirer et à se dire écrivains. Évidemment ce ne sont pas les 5 000 maisons d’éditions qui iront les publier (d’autant plus quand on sait qu’une soixantaine de maisons d’éditions s’accaparent 70 % du marché du livre national laissant 30 % à quelques 4 930 autres éditeurs). Il est donc bien normal que de nombreuses maisons d’éditions refusent des auteurs à tours de bras. Mais à ces refus deux raisons essentielles : la première c’est que les auteurs, souvent fainéants, incultes quant au monde de l’édition, et avides d’un succès immédiat ne vont se tourner que vers de grosses maisons d’éditions aux nomx connus et reconnus, et cela souvent sans se soucier de la politique éditoriale mener à bien par ces éditeurs. Et la deuxième raison est assez évidente c’est tout simplement que les écrits proposés, à défaut d’être passables, sont souvent médiocres.
    Donc imaginer un peu dès demain 2 000 000 de nouveaux sites d’auteurs à qui il faudra verser une petite paire d’euros pour les découvrir…. Il est certain que même un excellent auteur pourrait y perdre ses deniers dans une affaire pareille, mélanger à la masse, rien de mieux pour se perdre…

    Sardem FF7 vous dites « Les maisons d’éditions remplissent deux rôles capitaux qui sont de permettre la diffusion des œuvres et d’aider les auteurs inconnus à se faire un nom. » À dire vrai l’éditeur est normalement un preneur de risque dont la fonction première est d’être un découvreur. En revanche il n’a quasiment aucune compétence quant à la diffusion de l’œuvre. Il l’a produit, il l’a porte à bout de bras, mais celui qui défend l’œuvre et/ou l’auteur c’est le libraire. Sans libraires compétents il n’y a pas de ventes multiples possibles. Bien sûr il y aura aussi pour booster les ventes quelques articles dans la presse, ou quelques mots dits dans une émission télé. Mais il existe bien des succès de librairie où la presse y est totalement étrangère.

    Là, en quelques commentaires nous généralisons. Mais il se trouve que la chaînes du Livre est tout de même plus complexe.

    auteur vous dites : « Des fois je me dis que les maisons d’éditions décident un peu du succès de leur auteur. Car ils décident en amont à quel nombre d’exemplaire le livre sera imprimé et le budget marketing. »

    Généralement les tirages des titres sont prédéfinis à l’avance en fonction du format ou encore de la collection. Évidemment, le tirage ne sera pas le même en fonction du degrés de popularité d’un auteur. Le succès est rarement là où on l’attends, souvent des éditeurs vont lancer un auteur à coup de fanfare et cela finira par un flop, et d’autres titres créerons la surprise.
    On peut faire de la communication sur auteur inconnu mais dont on crois dur comme fer à son talent, et cela parfois sans se planter, ce qui fut le cas de Marie Darrieussecq. Mais l’éditeur ne s’attendait pas à un tel succès…
    Une maison d’édition comme Le Seuil qui a de « la bouteille » dans le métier, quand elle publie « La vie sexuelle de Catherine M. » elle le fait avec un tirage normal pour la taille de la maison d’édition, à savoir 4 000 exemplaires. À aucun moment au Seuil on a imaginé que ce « petit » titre donnerait lieu à plus de 700 000 exemplaires vendus.

    Enfin auteur vous dite : « Cette année, en France, les maisons d’éditions papiers vont plutôt mal.» Cette année peut-être ne le savez-vous pas mais c’est un peu la crise…

  11. jean-mi

    Effectivement quand on voit que l’on souhaite des 140naires, il faut croire que l’édition va mal. En soit, est-ce un mal que l’édition tel qu’on la connaît disparaisse?

    Ma sœur possède un ebook. Je ne connais plus la marque de son ebook, il ressemble plus à un carnet qu’a un kindle2. Et je n’ai pas envie de chercher à cette heure tardive.
    De ce que j’ai vu, l’écran est très confortable pour la lecture de texte et l’encombrement/masse est celui d’un poche.

    De ce qu’elle me dit, ça lui coûte moins cher car il y a un sacré paquet de livres en domaine publique trouvable au seul prix de sa connexion internet * quantité de données du bouquin / quantité de données téléchargées dans le mois, soit pas grand chose. Sans pubs bien sûr, merci les projets à la Gutenberg.
    Chose étonnante, d’après elle, elle lit plus, la sachant être une dévoreuse insatiable de bouquin, il y a de quoi.
    Troisième chose dite, elle achète toujours des livres papiers, les livres qu’elle aime particulièrement et dans de plus belles éditions.
    Dernier point intéressant dans son discours, maintenant quand elle n’aime pas, elle ne se force pas à lire le livre jusqu’au bout, elle passe à un autre.

    De ces faits, j’en tire que les éditeurs risquent effectivement de perdre beaucoup d’argent entre toute la collection disponible en domaine publique et les écrivains connus de qualité qui pourront désormais vendre «seuls».
    Je vois déjà le jeune lycéen demandant de payer un exemplaire de Candide que la professeur de français lui a demandé de lire. Et le parent, tendant son ebook, tout fier de sortir un : «Tiens mon fils, lis » . Et ce sans avoir dépensé un sous de plus que ceux de son ebook habituellement utilisé par lui. D’ailleurs, trouve-t-on des outils d’annotation dans les ebook ? Si, oui, peut-on transférer les annotations d’un professeur dans l’ebook de l’élève ?
    Je pense que beaucoup de gros lecteurs vont redécouvrir toute la bibliothèque d’avant, hum, avec les prorogations de guerre, les 80-120 dernières années, à vue de nez.

    Les métiers l’édition vivront toujours, pas tous, plus marginalement, à mon avis. Si les gens utilisaient tant latex que ça, in libro veritas n’aurait pas un forfait de traduction fichier word vers un truc imprimable. Sans compter que la typographie dite pauvre à des raisons d’être qui ne sont pas forcément économiques. Certains designer web ferait bien d’apprendre la typographie d’ailleurs.
    Pour la partie choix du livre, des éditeurs comme Naulleau Éric (Pff, on ne peut même pas faire de petites capitales) font aussi de la critique de livre. Ils feront de moins en moins éditeur et de plus en plus mécène et critique. En soit la libre diffusion et la prise en compte du coût de la création devrait d’après moi plutôt tourner vers un mécénat de masse dans sa version utopique, ou plutôt un mécénat par des passionnées dans la version réaliste que vers une licence globale inapplicable de façon juste. En soit, il faut plus changer les mentalités plus que légiférer dans le domaine.

    Le livre papier existera toujours, mais dans de belles éditions, qui auront un peu plus de gueule que le livre standard d’aujourd’hui. On est quand même loin de la bible de Gutenberg avec sa recherche de la beauté d’un livre calligraphié. Livres trouvables aujourd’hui, par exemple, dans le musée de l’humanisme à Sélestat, pardon la bibliothèque humaniste.

    Ma seule peur vient du coté zapette du livre numérique. Certains livres tardant à se mettre en place se révèle fabuleux par la suite. Critiques donnant l’envie passer le mur d’ennui d’un début laborieux demandées.

  12. Etenil

    Cher Murmure et chuchotement,

    En introduction, LaTeX est un système de composition de document. Il est souvent plébiscité par ceux qui aiment avoir des documents bien typographiés sans soucis de mise en page. Vous pouvez très bien mettre OpenOffice.org à la place, le magnifique site La Poule ou l’Oeuf, ou l’horrible Microsoft Office. Et je me félicite que vous ayez enfin pu entendre parler de ce magnifique logiciel libre par mon biais.

    Je comprend que beaucoup d’auteurs ne maintiennent pas leurs sites oueb ou leurs blogs, mais n’est-ce pas dû au fait qu’ils n’en ont guère l’utilité? Étant déjà publié, quel intérêt de s’occuper d’une telle chose? Si ces mêmes écrivains distribuaient effectivement leurs oeuvres par ce biais, et que cela leur serait donc vital, je suis sûr que nombre d’entre eux feraient l’effort.

    Le référencement du site ou des oeuvres ne représenterait pas un gros problème. Encore une fois, pris dans le contexte actuel, ca le serait, mais on peut très bien imaginer un "Google read" ou vous pourriez trouver par style, date, popularité etc… Les sites de critiques pourraient fort bien non seulement discuter le livre mais encore donner le lien pour pouvoir y accéder. Tout est possible et on peut parfaitement imaginer un grand nombre de facons pour que les auteurs fassent connaitre leurs oeuvres. On peut même être tenté de penser un "Jamendo du livre".

    Beaucoup répètent ne pas avoir suffisamment confiance en la nature humaine pour rétribuer les auteurs. Je vous trouve particulièrement pessimistes en la matière. N’étant moi-même pas un grand optimiste, je peux pourtant voir que les expérimentations menées dans le domaine musical par Nine Inch Nails et Radiohead ont très bien marché, faisant même plus de bénéfice que par le réseau traditionnel. De nombreux plus petits artistes en font autant et s’en sortent bien. Pourquoi ceci ne serait-il pas transposable à la littérature?

    Pour l’exemple de Paypal, peut être était-ce mal choisi, mais 5% de commission laissent tout de même 95% des revenus à l’auteur, ce qui est nettement plus qu’actuellement.

    Je vous remercie de m’éclairer sur l’état actuel du monde de l’édition, que je ne connaissais pas. Je déplore qu’il soit si mal ajancé. Néanmoins, je suis déçu que vous prouviez justement mon argument. Vous émettez en effet un jugement à-priori sur les écrits d’un auteur en les considérant médiocres selon vos standards. Néanmoins il existe autant de standards que de lecteurs. Si vous refusez de publier un livre car vous le trouvez passable, peut être trouverais-je ce roman passionnant, mais je ne le saurais pas car je n’aurais probablement jamais l’occasion de le lire.

    Je ne crois pas que les grands noms soient perdants au change, car même si moins de gens payent, ils auraient au moins l’équivalent de leur marge actuelle et peut être plus. Les gros consommateurs de livres pourraient lire toujours autant et pour le même prix en donnant à leurs auteurs favoris. Encore une fois, étant donné la marge supérieure, ces mêmes auteurs bénéficieront plus des gros lecteurs.

    Le surplus de choix donné au lecteur ne devrait ennuyer personne. Les critiques existent, les grands noms existeront toujours et les excellents auteurs seront très vite repérés.

    Pour conclure, et ce n’est pas une attaque personnelle, je déplore dans vos propos un certain mélange entre torchons et serviettes. Un écrivain est avant tout un artiste, et la littérature un art. Dû à une (re)production centralisée, ils ont dû jusqu’à maintenant s’appuyer sur un intermédiaire industriel: les éditeurs. Mais ne vous y trompez pas, la littérature n’est pas une industrie, et si la situation lui permet de se passer des éditeurs, c’est ce qui se arrivera.

  13. auteur

    @Murmure & chuchotement

    En effet, c’est la crise. C’est pour cela que j’ai redonné les pourcentages des droits d’auteurs (qui ont baissé de 2% cette année à cause de la crise). Des projets, un peu audacieux, ont été refusés, à cause de la crise.
    ~~~~~~~~~~~~~
    Hier, j’ai entendu dans le journal méridien de france 2 que la crise n’avait en rien touché les éditeurs (et l’art en général), il semblerait que les ventes aient progressées (le cinéma, le théâtre et les expos connaissent également un accroissement de visiteurs). Bizarre…

  14. Murmure & chuchotement

    À auteur,

    Le problèmes des journaux, notamment télévisés, c’est que sorti des 60 grosses maisons d’éditions (dont je parlais dans ma première intervention) il n’y a plus personne. Il faut bien avouer qu’ils ont une connaissent du milieu de l’édition bien limitée et qu’ils ne sont pas bien curieux d’aller voir derrière les fagots ce qu’il se fait. Tout ça pour dire qu’en effet à première vue la culture ne souffre pas de la crise, à ceci près que l’on parle de la culture de masse, celle relayée par les média. Mais voyez-vous fin 2008 et début 2009 est une hécatombe pour l’édition et la librairie indépendante. Les éditions HB après 13 ans d’existence ont mi la clef sous la porte. Le gouvernement capable de créer un plan de relance pour maintenir à flot un certain nombre d’entreprises françaises, a abandonné sans crier gare nombreuses maisons d’éditions juqu’alors subventionnées. Les bourses des drac pour le secteur livre se sont réduit comme peau de chagrin. Après 30 ans d’existence et un très beau catalogue offert au monde de l’édition, les éditions Jean-Michel place ont fermées, et là tout près de nous Inventaire/Invention obligé de crever par manque de subvention. C’est sur on ne fait pas des livres avec du cambouis et boulons… Cher auteur, il semblerait que nos sources d’information ne soient pas les mêmes. Mais si je peux me permettre un conseil, ne portez pas trop de crédit à ce qui est dit à la télévision et tout particulièrement le journal télévisé, qui en une demi-heure ne peut guère mieux donner que les grandes lignes…

  15. auteur

    Murmure & chuchotement,

    Ah c’est bien ce qui me semblait. J’ai été très surprise de ce que j’ai entendu lors de ce journal. Je n’apporte pas vraiment de crédit à ce que j’entend à la télévision, normalement…mais cela m’a mis le doute.

  16. fred

    Une analyse pertinente – surtout au niveau du piratage des e-book qui va vite devenir un facteur de progression bloquant.
    Même (avis personnel) si le livre papier est loin d’être obsolète – ainsi que l’édition traditionnel, il semble que les e-book + l’autoédition est un paramètre de l’édition à prendre en compte et à ne pas négliger. Sauf pour le piratage qui là – a mon sens n’est pas arrivé à maturité. Pas de système de protection véritablement fiable (si cela existe d’ailleurs). Le droit d’auteur reste en France indispensable et inestimable.

    Fred