Devenir chasseur de primes pour la FSF (en débusquant du code non libre)

Classé dans : Logiciel libre | 14

Temps de lecture 5 min

image_pdfimage_print

FSF - GNU BuckPeut-être ignoriez-vous que la Free Software Foundation (FSF) maintient une liste de ce qu’elle considère selon ses propres critères comme des distributions GNU/Linux libres.

Ses critères sont stricts, voire drastiques. Rares sont celles qui ont passé l’examen avec succès. Ubuntu, Fedora, Mandriva, openSUSE… les plus connus des distributions grand public n’en font pas partie  ! Même Debian n’y est pas, c’est vous dire  !

L’idée, me semble-t-il, n’est pas de désigner ces distributions comme le mal absolu, en nous invitant à nous en détourner, mais plutôt, en alertant ainsi publiquement l’opinion, d’inciter les développeurs à ne plus inclure du code non libre dans leurs distributions (que cette inclusion soit effective ou potentielle).

Et pour garantir que ces distributions soient bien libres et surtout le demeurent, la FSF vient d’annoncer une originale campagne visant à récompenser toute personne qui trouverait du code non libre accidentellement inclus dans les distributions de la fameuse liste.

Une campagne qui se veut pragmatique mais non dénuée d’un certain humour hacker.

FSF Gnu Bucks

FSF announces new bounty program, offering "GNU Bucks" for finding nonfree works in free distributions

Communiqué de presse – 1 octobre – FSF.org
(Traduction Framalang  : Quentin et Claude)

La Free Software Foundation annonce un nouveau programme de récompenses, en offrant des «  GNU Bucks  » à toute personne qui découvrirait des travaux non libres dans les distributions libres.

BOSTON, Massachussets, USA, Jeudi 1er Octobre 2009. La Free Software Foundation (FSF) a annoncé aujourd’hui qu’elle allait récompenser, d’une reconnaissance publique accompagnée d’une rémunération honorifique en «  GNU Buck  », ceux qui débusqueraient des composants non-libres contenus dans les distributions de systèmes d’exploitation libres. La FSF tient une liste de directives définissant ce qui, selon elle, est une distribution libre, et approuve les distributions qui s’engagent à suivre ces directives.

«  En incitant les utilisateurs à trouver et à rapporter les problèmes, ce nouveau programme de récompenses aidera à s’assurer que les distributions GNU/Linux approuvées par la FSF demeurent réellement libres  », dit Peter Brown le directeur exécutif de la FSF.

«  Depuis que nous avons publié les directives nécessaires pour être une distribution libre, nous avons cherché des solutions pratiques pour nous assurer que des composants non libres n’étaient pas inclus accidentellement dans ces distributions (dans la mesure de nos moyens et de ceux des responsables de distribution). Cette nouvelle initiative est un bon moyen de participer à la recherche de ces composants.  » dit Brett Smith, l’ingénieur en charge de la conformité des licences pour la FSF.

Les personnes retenues pour les récompenses recevront des billets «  GNU Buck  », d’un montant égal au nombre Pi et signé par Richard Stallman, le président de la Free Software Foundation et «  Chef de la GNUisance  ».

Pour avoir droit à une récompense GNU Buck, la personne doit initialement envoyer à la FSF et aux responsables de la distribution, un rapport détaillé concernant l’élément non libre trouvé. Si ce rapport est confirmé, la personne recevra sa récompense et l’option d’une reconnaissance publique. La FSF avertira alors les autres distributions libres impactées pour s’assurer qu’elles traitent également du problème.

Ces récompenses s’inscrivent dans la tradition des chèques que le légendaire ingénieur informatique Donald Knuth envoyait à ceux qui trouvaient des erreurs dans son livre phare The Art of Computer Programming. Recevoir un chèque de Donald Knuth était un tel honneur qu’il était la plupart du temps affiché sur les murs du bureau et non encaissé. (Knuth a arrêté d’envoyer des chèques en 2008 pour cause de fraude.)

À propos de la Free Software Foundation

La Fondation pour le Logiciel Libre, fondée en 1985, est dédiée à la promotion des droits des utilisateurs d’ordinateurs à utiliser, copier, modifier et redistribuer les programmes informatiques. La FSF encourage le développement et l’emploi de logiciels libres, particulièrement du système d’exploitation GNU et de ses variantes et de la documentation libre pour le logiciel libre. La FSF renforce également la sensibilisation autour des problèmes éthiques et politiques de la liberté dans l’usage des logiciels.

Son site Internet, http://www.fsf.org/, est une importante source d’information sur GNU/Linux. Des contributions pour soutenir son travail peuvent être faites à http://donate.fsf.org/. Son siège est à Boston, MA, USA.

À propos du Logiciel Libre et de l’Open Source

Le mouvement du logiciel libre a pour but la liberté des utilisateurs. Certains, plus spécialement des sociétés, soutiennent un point de vue différent, connu sous le nom d‘open source, qui évoquent seulement les buts pratiques comme construire un logiciel solide et sûr, se concentrant sur les modèles de développement, et évitant les discussions d’éthiques et de liberté. Ces deux points de vue sont profondément différents.

Pour en savoir plus  : http://www.gnu.org/philosophy/open-source-misses-the-point.html.

À propos du système d’exploitation GNU et de Linux

Richard Stallman annonça en Septembre 1983 le projet de développer un logiciel libre semblable au système d’exploitation Unix qui s’appelerait GNU. GNU est le seul système d’exploitation développé spécifiquement pour la liberté des utilisateurs.

Pour en savoir plus  : http://www.gnu.org/gnu/the-gnu-project.html.

En 1992, les composants de GNU étaient complets, à une expression près  : le noyau. Quand en 1992, le noyau Linux a été re-publié sous GNU GPL, faisant de lui un logiciel libre, la combinaison de GNU et de Linux a formé un système d’exploitation complètement libre, qui donnait la possibilité pour la première fois de faire tourner un PC sans logiciel non-libre. Leur combinaison est le système d’exploitation GNU/Linux.

Pour en savoir plus  : http://www.gnu.org/gnu/gnu-linux-faq.html.

14 Responses

  1. souk

    C’est marrant de voir qu’un organisme qui prône le respect des libertés incite à la délation. La liberté de choisir et d’utiliser du code propriétaire ne compterait-elle pas ?

  2. JosephK

    > La liberté de choisir et d’utiliser du code propriétaire ne compterait-elle pas ?
    Si à condition qu’on le sache… il ne s’agit pas de "délation" mais de "transparence"… (c’est marrant à quel point la propagande gouvernementale s’insinue un peu partout 🙂 )
    Si un logiciel est "libre" il ne faut pas qu’il ait de composant propriétaire sinon il n’est pas libre point. C’est une simple question juridique.
    Maintenant, en reprenant un code ailleurs un développeur peut-être dans l’illégalité si le composant n’est pas libre et il peut le faire sans forcément le savoir donc c’est tout à fait normal de corriger ce genre de "bug".

  3. Elessar

    Notez que, si Debian n’est pas considérée comme une distribution libre par la FSF, une distribution considérée comme libre par la FSF peut ne pas être libre au sens de Debian, si elle inclut des données artistiques ou de la documentation non-libre.

  4. Etenil

    @Elessar

    Eh ben mon pote, t’as sacrément lu de travers toi! Attention à l’excès de trolls!

    lien: http://www.gnu.org/distros/free-sys

    "Documentation
    All the documentation in a free system distribution must be released under an appropriate free license. Additionally, it must take care not to recommend nonfree software."

    Traduction:
    Documentation
    Toute la documentation d’une distribution d’un système libre doit être distribuées sous une licence libre appropriée. De plus, elle doit faire attention à ne pas recommander de logiciel non-libre.

  5. Ju

    « ne pas recommander de logiciel non-libre ».
    Je trouve ça un peu douteux.

  6. Elessar

    @Etenil : Pour la documentation, ce que la FSF appelle « libre », c’est « librement diffusable », donc potentiellement pas libre comme des logiciels libres. La documentation d’Emacs et de GCC, par exemple, n’est pas libre, et n’est pas fournie dans Debian, il faut aller activer des dépôts non-libres.

  7. hugoroy

    On peut savoir d’où vient l’image ? Auteur, licence, lien vers la version de meilleure qualité …

    Merci

  8. hugoroy

    Ah c’est bon je l’ai trouvé sur le site de la FSF. Ça m’apprendra à demander avant de chercher vraiment.

  9. joan

    Ok, donc on se retrouve avec une petite liste de 9 distros (personellement j’avais entendu parler que de gNewSense, les autres sont inconnues au bataillon) – dans lesquelles on est invité a fouiner, afin de réduire encore cette liste…

    Je suis pour la transparence et le respect d’une étiquette, mais je me demande quand même si la FSF ne se trompe pas de combat (encore une fois), en axant son action sur "montrer du doigt ceux qui ne sont pas assez libre" plutôt que sur "ce que le libre apporte".

    Firmwares libres obligatoires, mais les images et les documentations peuvent-être non libres ?
    Ils ont du se rendre compte qu’il n’y aurait plus aucune distro dans la liste !

    La FSF n’a-t-elle pas suffisament d’argent pour sponsoriser (en vraie monnaie) une recherche de signatures de codes libres dans des softs proprios ? Cela ferait autrement avancer le shmilblick si l’on pouvait retirer l’avantage illégitime de certains éditeurs qui utilisent du code libre en cachette.

  10. janfran

    Etrange démarche en effet, qui ne fera en rien avancer le libre.
    Les distributions "impures" sont les seules qu’un utilisateur lambda ait quelque chance de pouvoir installer lui-même en remplacement de M***soft.
    Quand on voit – qu’on vit – la difficulté qu’il y a à propager ne serait-ce qu’OOo ou le format ODF, on se demande sur quelle planète vivent les théologiens de la FSF pour lancer une pareille encyclique.
    Je me garderai bien d’en parler à mes collègues et amis qui commencent tout juste à utiliser OOo ou Gimp… La moitié se demanderaient quelle est cette secte.
    Janfran

  11. Shimegi

    Je comprend la démarche pour ma part. Le rôle de la FSF, celui qu’elle s’est donnée, est basée sur l’idée qu’un morceau de liberté, n’est pas la liberté. Ca n’impose rien à personne, simplement si personne n’est là pour servir d’objecteur de bonne conscience, alors les choses stagnent. La FSF existe pour pousser au train, me semble-t-il. Il y d’autres organismes qui se chargent de promouvoir le libre "accessible" et pas complètement libre.

  12. Franfran

    merci pour ces sélections / traductions d’articles que je recommande depuis un moment déjà à mon entourage, libriste bourgeonnant !
    le dernier lien de l’article (FAQ) ne pointe pas au bon endroit

  13. dub

    un combat d’arriere garde, il y a certainement beaucoup d’autres choses plus utiles à faire que cela pour encourager l’utilisation de logiciels libres et développer Linux auprès du grand public, d’une manière générale.

  14. visior64

    C’est bien joli, tout ça, mais bon… Si on exclut les grandes distributions (donc, les plus "conviviales" des listes de logiciels "libres", la visibilité et la diffusion de linux risque de se réduire à peau de chagrin. Déjà qu’elle est peu épaisse…

    Chasse aux sorcières.