Pourquoi j’utilise la licence GPL ou les états d’âme d’un développeur

Classé dans : Logiciel libre | 30

Temps de lecture 16 min

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Phillie Casablanca - CC byVoici une traduction intéressante à plus d’un titre.

D’abord parce qu’elle donne la parole à un développeur de logiciel libre (dont nous n’oublions pas ce que nous leur devons, c’est-à-dire tout). En l’occurrence il s’agit de Zed Shaw, bien connu dans la communauté Python et RoR (Ruby on Rails).

Ensuite parce qu’elle évoque la classique opposition à l’intérieur même des licences libres entre celles de type GPL et celle de type BSD. C’est toute la question du copyleft et de la viralité de la licence. Le copyleft est une apparente restriction, puisqu’il impose de diffuser le code modifié sous la même licence. Mais peut-être que cette contrainte est paradoxalement une garantie supplémentaire de liberté pour l’utilisateur  ?

Enfin parce qu’elle aborde de nombreuses problématiques liées à l’open source et au monde de l’entreprise. Le fait de cacher à ses clients que l’on a utilisé du logiciel libre dans les solutions que l’on propose est une attitude malheureusement très fréquente (permettant de faire croire à moindre frais que l’on est hyper-compétent et que l’on a travaillé dur sur le projet). Il y a aussi toute la logique des startups, dont on attend un retour sur investissement presque immédiat, et qui du coup font de la rétention de code pourtant libre au départ.

Et puis il y a la question morale de la reconnaissance et celle très concrète du gagne-pain du développeur, frustré d’être ainsi ignoré et constatant non sans une certaine irritation que d’autres en profitent à sa place.

Voilà donc, entres autres arguments, pourquoi l’article ci-dessous mérite attention. Fatigué qu’une énième personne vienne lui demander pourquoi son code n’est pas sous licence BSD, Zed Shaw a décidé de réagir avec ce plaidoyer pugnace pour la licence GPL.

«  Je veux que les gens apprécient le travail que j’ai fait et la valeur de ce que j’ai réalisé. Pas qu’ils passent en criant «  pigeon  » au volant de leurs voitures de luxe.  »

Remarque  : L’auteur concentre dans son titre les trois licences de la famille  : la GNU/GPL, la LGPL et l’AGPL[1].

Pourquoi je (A/L)GPLise

Why I (A/L)GPL

Copyright Zed A. Shaw – 13 juillet 2009 – Blog personnel
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
(Traduction Framalang  : Poupoul2 et Cheval boiteux – Remerciements à Léviathan)

Dans le monde de Python, la GPL est fréquemment critiquée, la plupart préférant utiliser une licence plus permissive telle que BSD, MIT ou Python. Il est donc compréhensible que des gens soient en colère parce que j’ai placé Lamson (NdT  : Serveur SMTP développé en Python) sous licence GPL. Nombreux sont ceux qui détestent cette licence, pensant qu’elle contrevient à l’esprit de Python.

J’aimerais cependant expliquer pourquoi moi j’utilise la GPL, après des décennies d’écriture de logiciels open source et quelques projets reconnus. Ce sont mes raisons de l’utiliser, elles ne s’appliquent qu’à moi et à ce que je souhaite faire de mon logiciel dorénavant. Vous êtes libres de vos opinions et choix, et j’espère que vous respecterez les miens.

C’est le droit de l’auteur

Je crois que ce qu’un auteur souhaite faire avec son travail est son droit le plus strict. Il l’a écrit, alors que tout le monde lui expliquait que ça ne fonctionnerait pas. Il s’est enchaîné à ce travail plutôt que de sortir avec des amis. Il en a corrigé les bogues, écrit sa documentation de façon à ce que tout le monde puisse l’utiliser. Il a peut-être même passé du temps à en assurer la promotion et à aider les gens. Tout cela gratuitement, et pour des raisons qui lui appartiennent.

Lorsque vous dénigrez un projet ou une personne pour son choix de licence, vous êtes un gigantesque abruti. L’auteur a travaillé sur ce projet, pas vous. Au minimum, vous insultez les croyances de cette personne dans le logiciel libre et open source, mais aussi son sentiment que le logiciel libre et open source fait progresser notre culture.

Au pire, vous êtes un gros et ingrat malotru, parce que quelqu’un vous donne un logiciel, alors que vous insultez son travail non pas sur des critères techniques, mais sur une licence que vous désapprouvez.

Je me fiche totalement de la licence que les autres utilisent pour leurs logiciels, c’est leur logiciel et râler à cause de la licence qu’ils ont choisi est injurieux. Ils l’ont écrit, y ont sué sang et eau, et vous devriez être reconnaissant d’avoir le privilège de simplement y avoir accès.

Voici la première raison pour laquelle j’utilise la GPL  :

Parce que c’est mon choix, et si vous n’êtes pas d’accord avec ça, n’utilisez pas mon logiciel. C’est aussi simple que ça.

Je ne veux plus être ignoré

J’ai écrit Mongrel (NdT  : Serveur et librairie HTTP pour Ruby on Rails) et puis je l’ai donné, avec l’espoir que ça en aiderait d’autres et que le donner me rapporterait d’une manière ou d’une autre. Peut-être un boulot, ou un peu de respect, ou encore ma propre entreprise créant d’autres logiciels tels que celui-ci.

Mongrel a eu un grand succès, et de très nombreuses entreprises gagnent beaucoup d’argent avec. Non seulement permet-il à Rails de fonctionner, mais également à quasiment tous les frameworks Web Ruby, tel que les serveurs web Ruby, et a même été porté dans d’autres langages. Mongrel est et a été un super projet et j’en suis réellement fier.

Laissez moi vous expliquer à quel point Mongrel est avancé. Vous rappelez vous de la nouvelle attaque récemment publiée sur Apache appelée Slowloris (NdT  : attaques par Déni de Service via des requêtes HTTP partielles)  ? J’avais en fait prévu cette attaque, et écrit Mongrel de manière à ce qu’il y soit résistant (autant que Ruby me l’ait permis). Je l’avais appelé la «  trickle attack  » (NdT  : attaque par écoulement), et j’en avais même fait la démonstration. C’était en 2004. Il y a cinq ans. Je l’avais même ajouté comme attaque à RFuzz en 2005.

Malheureusement, le succès de Mongrel ne m’est pas revenu. Bien que tout le monde utilise mon logiciel, la grande majorité des entreprises utilisatrices étaient des startups, et la dernière chose que les startups admettent c’est qu’elles ne possèdent pas leur propriété intellectuelle. Elles souhaitent que tout le monde, et particulièrement les sociétés de capital risque et les investisseurs, croit qu’elles sont des génies qui ont «  innové  » dans tout ce qu’elles font fonctionner.

Lorsque je regardais autour de moi, les entreprises n’avaient aucun problème à admettre qu’elles utilisaient Ruby on Rails, mais elles n’en disaient pas plus, ce qui signifiait que lorsque j’essayais de trouver du travail, il m’était impossible d’expliquer l’ampleur de l’impact de Mongrel. Pour elles, il ne s’agissait que d’un simple serveur Web que leur administrateur système devait utiliser, Ruby on Rails était le véritable pourvoyeur d’argent.

Voici la seconde raison pour laquelle j’utilise la GPL  :

À cause de l’expérience Mongrel, j’ai presque besoin que les entreprises soient obligées d’admettre qu’elles utilisent mon logiciel. Je préfèrerais à la limite que personne n’utilise mon logiciel, plutôt que de me trouver dans une situation où tout le monde l’utilise et personne ne l’admet.

Pire, tout le monde l’utilise, et en même temps me dit que je ne sais pas développer.

Le capital risque a changé l’industrie

L’industrie du logiciel a changé depuis l’an 2000. Je mettrais en fait le curseur à l’entrée en bourse de Google, mais je ne peux pas dire exactement à quel moment. Ce que je peux dire, c’est que les méthodes actuelles de progression des entreprises technologiques induisent l’exploitation du code source plutôt que la contribution.

Je ne peux pas réellement en vouloir à ces startups, elles sont conçues ainsi. Une entreprise adossée à un capital-risqueur aura presque toujours un objectif de gain à court terme, dans l’espoir d’apporter plus tard un joli retour sur investissement. Pour un capital-risqueur, un retour sur 20 ans n’est pas acceptable, particulièrement si vous prévoyez de faire cela sans offre et des stocks options disponibles pour tout le monde.

Pour une entreprise financée par un capital-risqueur, il ne s’agit toujours que d’augmenter des revenus pour donner l’illusion de la croissance, afin que les actionnaires investissent et mènent le prix de l’action aussi haut que possible. Il n’est pas dans leur intérêt de ne pas faire d’offre. Ils veulent de l’argent maintenant, autant que possible, et ne sont pas intéressés par l’investissement technologique ou humain.

Ce qu’elles veulent, ce sont des tonnes de technologie gratuite qu’elles peuvent cacher aux investisseurs. Elles sont ravis que cette technologie soit maintenue par des gens qui ne l’ont pas écrite, pour que les employés ne puissent pas réclamer leur dû plus tard.

Cette gestion à courte vue, combinée au financement limité de départ, signifie que ces entreprises exploitent l’open source. Elles l’utiliseront, gagneront leur argent, et partiront lorsque ceci sera fait. Ce qui, en fait, est parfaitement logique, parce que ainsi vont les choses, et honnêtement, si vous êtes une entreprise qui cherche à gagner de l’argent de cette manière, c’est ce que je vous suggèrerais de faire.

Pourtant, le contrat tacite entre les entreprises et les développeurs open source est désormais révolu. Je n’ai aucune raison de leur offrir un usage sans restriction de mon logiciel, puisqu’ils ne sont intéressés que par la transformation de mon logiciel en offre alléchante de mise sur le marché à court terme, à deux ou cinq ans.

Voici la troisième raison pour laquelle j’utilise la GPL  :

Les entreprises du secteur technologique sont désormais conçues pour être créées et détruites rapidement au bénéfice de gros capital-risqueur, tout en maintenant des coûts très bas. Cela signifie qu’elles n’ont aucune prime économique à donner, aussi n’ai-je aucune prime sociale à leur «  donner  » mon logiciel.

Les développeurs sont des plagiaires

Ne nous voilons pas la face, tout le monde a besoin de manger et de payer son loyer. Pour beaucoup de gens, leurs besoins en argent sont modestes, et si vous travaillez sur quelque chose, vous espérez en retirer quelque chose qui vous aidera à satisfaire ces besoins. Il se peut que ce ne soit pas de l’argent. Peut-être est ce que ce sera du respect, ou des honneurs, mais vous espérez réellement quelque chose de votre travail.

Nous sommes d’accord. Aussi je trouve étrange un message twitter tel que celui-ci  :

ericholscher @zedshaw Ce serait chouette si l’interface/code était sous licence BSD. Très utile au travail. L’interface REST marche aussi très bien.

Éric est un garçon très sympathique, aussi je ne vais pas m’acharner sur lui, mais si je traduis le message, ça pourrait donner ça  : «  Hey  ! Ton logiciel est fantastique  ! Je peux l’avoir gratuitement, pour pouvoir l’utiliser au boulot, plaire à mon patron et me faire de l’argent  ?  »

Honnêtement, combien d’administrateurs disent à leur patron que ce qu’ils utilisent provient du logiciel libre  ? Combien d’entre vous disent aux investisseurs que toute votre infrastructure logicielle est basée sur un truc qu’un autre gars a écrit en plusieurs mois  ? Combien d’entre vous vont voir leur dirigeants en disant  : «  Vous savez, il y a ce gars, Zed, qui a écrit le logiciel que nous utilisons, pourquoi ne pas l’embaucher comme consultant  ?  »

Vous ne le faites pas. Aucun d’entre vous. Vous prenez le logiciel, et vous l’utilisez tel Excalibur terrassant le dragon, et vous en ramassez ensuite tous les lauriers. Vous ne rendez rien, et en fait, j’ai croisé une grande majorité d’entre vous qui assènent constamment que je ne sais pas développer, histoire de plus encore protéger son cul.

Il n’est désormais plus pardonnable et acceptable que vous tous plagiez le travail que vous utilisez. Comme vos employeurs ont besoin de l’illusion de «  l’innovation  », vous avez besoin de l’illusion d’être intelligent. Ce qui vous amène à mentir, et à voler tout ce qui vous tombe sous la main, comme si cela vous appartenait.

Ok, mais cela signifie que vous avez cassé le contrat tacite avec les développeurs et défenseurs de logiciels libres et open source. Aussi longtemps que vous me rendez ma paternité et que vous assurez la promotion de mon travail, je vous donnerai mon logiciel. Puisqu’aucun d’entre vous ne le fait, je n’ai aucune motivation à vous donner mon logiciel, de la même manière que je n’ai pas besoin de me conformer au contrat passé avec l’entreprise nourrie au capital-risque.

Voici la quatrième raison pour laquelle j’utilise la GPL  :

J’utilise la GPL pour que vous restiez honnête. Vous devez désormais dire à vos patrons que vous utilisez mon boulot. Et ils s’en pisseront dessus de trouille. Parfait. Parce que j’ai aussi une solution pour ça.

Si c’est bien, payez pour l’avoir

J’aime travailler sur Lamson, parce que faire des application de messagerie est tellement plus drôle que des applications Web. Lorsque je m’assois pour construire une application de courriel, ça ne nécessite qu’un ensemble de technologies et c’est terminé. Si j’ai besoin de faire une application Web, cela implique du design, des templates, du javascript, des bases de données, et plein d’autres machins.

L’autre raison pour laquelle j’aime écrire des logiciels de courriels est que personne d’autre ne le fait. Vous tous êtes de grosses buses, parce que même avec un projet tel que Lamson, vous êtes encore tous effrayés par le gros monstre SMTP. Le jour où j’ai dit que je pourrais faire du Mail over REST, vous avez presque fait dans votre slip. Oui, parce que ça aurait été tellement plus simple.

Et j’aime donner Lamson, parce que c’est une partie de moi-même. C’est ce parfait mélange de camelote, bidouillages techniques, marketing et écriture que j’aime, et dans lequel j’excelle. Même si j’en arrive à faire des montagnes d’argent en construisant des choses avec Lamson, Lamson restera libre pour que je puisse rester honnête.

Mais j’écris aussi mes propres logiciels et projets avec Lamson. Je l’utiliserai pour créer autant d’incroyables services de courriel que je pourrais. Certains gratuits, certains payés par la pub, certains payants, mais tous utiliseront Lamson pour botter des culs avec du courriel.

Maintenant, compte tenu du fait qu’il n’y a aucune motivation pour une entreprise à admettre qu’elle utilise mon travail, et qu’il n’y a aucune motivation pour un développeur à me rendre mon travail, posez vous cette simple question  :

Pourquoi diable est ce que je ne facturerais pas des gens qui ne sont pas capables d’utiliser correctement la GPL  ?

Je sais, je sais, les conservateurs du logiciel libre pensent que cela fait de moi un traître, mais réfléchissez-y. Vous avez le logiciel, sous licence GPL, et aussi longtemps que vous êtes un projet open source taillé dans la pierre qui publie son code, vous êtes libre de l’utiliser et d’en faire ce que vous voulez.

J’aime l’open source, mais qu’en est-il des entreprises qui l’utilisent  ? Les entreprises vont devoir payer à présent. C’est ainsi que fonctionne l’économie. Si c’est assez bon pour que vous l’utilisiez, alors c’est assez bon pour que vous le payiez.

Voici la cinquième raison pour laquelle j’utilise la GPL  :

Je serai toujours un développeur open source, mais très franchement, nous crevons parce que des entreprises qui utilisent nos logiciels ne rendent rien. L’ironie de la situation est que pour pouvoir accroître ma motivation à faire de l’open source, j’ai besoin de me faire payer.

Je ne demanderai évidemment jamais rien à un projet open source puisqu’ils honorent le contrat tacite  : si je donne, vous donnez.

Mais les jours des entreprises-minutes et des développeurs ingrats qui gagnent de l’argent sur mon dos avec mon logiciel sont terminés. Ma nouvelle devise est  :

L’open source à l’open source, le business au business.

Si vous faites de l’open source, vous êtes mon héros et je vous soutiens. Mais si vous êtes une entreprise, alors parlons affaires.

Finalement, la valeur

Au final, je voudrais également donner une petite raison pour laquelle j’utilise la GPL  : La valeur perçue. Lorsque les gens peuvent obtenir quelque chose gratuitement sans même avoir besoin d’y penser, ils lui donnent même moins de valeur que quelque chose pour lequel ils paient même pour une somme dérisoire. C’est juste la manière d’être des gens, et il n’y a pas grand chose à faire contre ça.

Ma dernière raison d’utiliser la GPL est que je crois que mes projets ont de la valeur, et je veux que les gens qui les utilisent perçoivent cette valeur. Ils ont même tellement de valeur que je veux les associer à un document légal complexe et totalement non testé comme preuve de leur utilité. Si je voulais faire simple, je les placerais simplement sous licence BSD et tout le monde les utiliseraient.

Je veux que les gens apprécient le travail que j’ai fait et la valeur de ce que j’ai réalisé.

Pas qu’ils passent en criant «  pigeon  » au volant de leurs voitures de luxe.

Notes

[1] Crédit photo  : Phillie Casablanca (Creative Commons By)

30 Responses

  1. MCMic

    Je m’attendais à un avis bien plus général, en fait c’est assez spécifique ce qu’il dit, c’est pas un tribut en faveur du copyleft de manière général, c’est juste les conséquences pratiques de son choix.

    Ça reste intéressant, juste difficilement réutilisable ^^

  2. pyg

    Je trouve ça carrément pertinent.

    "Les développeurs sont des plagiaires" : ça n’a jamais été aussi vrai…

    Bon, son argumentation sur l’argent (5ème raison) me parait un peu tordue, et à mon avis il se fourre le doigt dans l’oeil en pensant pouvoir vraiment gagner plus d’argent avec, mais bon…

    Ma principale raison d’utiliser la GPL (pour des projets qui n’ont certes pas grand chose à voir en terme de dimension avec Mongrel ou Lamson) sont :
    – je pense qu’il est sain de rendre à César ce qu’on lui doit (c’est pourquoi je favorise l’AGPL sur la GPL pour les projets web)
    – surtout (et là je vais faire hurler les BSDistes) j’ai l’impression diffuse, maintenant confirmée par un développeur reconnu, qu’utiliser une licence sans copyleft, c’est "casser" le cercle vertueux du libre : je monte sur les épaules de géants, il est normal que si d’autres viennent monter sur les miennes, ils puissent le faire sans privation de liberté.

    Dernier point, je pense que je ne suis pas le premier à souhaiter ardemment qu’on utilise pas le terme de "viralité" pour le copyleft, car il est porteur d’une connotation très négative ("attention, si tu installes un logiciel sous GPL sur ta machine, c’est fini, tous tes logiciels devront être libres").
    Préférons lui simplement le terme "d’hérédité" qui me semble bien plus juste : tu te base sur un logiciel "PapaSoft", alors ces descendants (KevinSoft et MarieSoft ?) devront être libres. C’est simple et compréhensible pour le commun des mortels.

  3. samuel

    Je trouve cet article trés intéressant. Quelle lucidité face à l’ingratitude des "pilleurs-vampires-prédateurs-parasites" ! Deux exemples perso qui illustrent ces "effets secondaires" de trop d’ouverture et trop de générosité : 1) A mon IUT informatique, nombreux sont les étudiants qui utilisent le logiciel libre mais je suis le seul à étre également membre du GUL local. Donc la gratuité, il n’y a pas eu besoin de leur expliquer longtemps, par contre trouver des volontaires pour organiser une install party… 2) Dans la boite e-mail de mon université, on a reçu un jour un E-mail de l’admistrateur du réseau de l’IUT qui nous informait du partenariat de notre université avec Microsoft pour obtenir des licence Windows gratuitement. Quelques jours plus tard, je me rends dans le bureau de cet administrateur pour un soucis perso et là je découvre que ce promoteur de Microsoft utilise sur sa machine uniquement du logiciel libre ("Faites ce que je dis mais pas ce que …").

    Les défenseurs de la licence BSD me font parfois penser au bataillon de stagiaires qu’on trouve dans les entreprises et qui attendent docilement de recevoir un jour un CDI. La licence BSD me fait aussi parfois penser au MODEM qui selon l’humeur est toujours près à basculer d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique. Bref, ce qui semble les motiver, ce n’est pas tant leurs convictions ou leurs valeurs que le sens du vent.

    Bon, je suis conscient du parfum trollesque des mes lignes précédentes. Je ne suis pas systématiquement opposé au panachage de code libre et de code propriétaire. La réalité pragmatique oblige parfois cela. Mais dans ce cas, les licence Mozilla me semblent plus respectueuses.

    Concernant le terme "viralité", effectivement "hérédité" est plus adapté (car dans la viralité, on transmet une maladie … et la gratuité n’est pas une maladie). Personnellement, j’utilise le terme "réciprocité".
    Pour conclure, je pense que la licence BSD est effectivement plus "libre" mais la licence GPL est elle plus juste et équitable car ajoute une notion d’égalité.

    P.S : Thank you for the translation !

  4. idoric

    > « Pour conclure, je pense que la licence BSD est effectivement plus "libre" mais la licence GPL est elle plus juste et équitable car ajoute une notion d’égalité. »

    Puisque nous en sommes à discuter du choix de nos mots, la licence BSD n’est pas plus libre qu’une licence copyleft (les deux respectent la définition de la FSF), elle l’est seulement différemment. Par contre, elle est clairement plus permissive. (ce distinguo n’est pas de moi, mais je serais incapable de dire la première fois que je l’ai lu, par contre depuis je le répète à l’envie ;)).

    On peut avoir de très bonnes raisons d’utiliser la licence BSD, par exemple pour accélérer l’adoption d’une technologie ou d’un format de données, y compris par des logiciels propriétaires (quoique une LGPL est bien adaptée aussi), mais dans le cas d’un serveur smtp, ça n’avait effectivement aucun intérêt de ce point de vue dès le départ du projet Mongrel.

  5. tuxmouraille

    Très intéressant billet, qui rejoint ma crainte de la réutilisation du code sans aucunes contrepartie. Bon même temps je développe rien de bien extraordinaire.

    Je ne supporte pas que quelqu’un puise faire l’argent avec un travail que j’ai librement diffuser. Au moins la GPL m’assure que si il y a modification elles devront être librement diffusée.

    Je croit que le fait qu’un tiers puisse gagner de l’argent avec un travail qu’il n’a pas effectuer et sans rétribution aux auteurs peu expliquer que beaucoup de développeurs du libres qui ne sont pas payés pour ces travaux abandonnent ou sont tenté d’abandonner leur projets libres au profit des travaux plus rémunérateurs.

  6. xorax

    Pardonnez moi si je n’ai pas bien saisi le sens de tout ça mais j’aimerais qu’on m’explique en quoi passer de la licence BSD à la licence GPL va lui permettre d’avoir plus de reconnaissance ? surtout sur des logiciels sans interfaces publiques ?

    Si des entreprises revendent sont logiciel (c’est à dire vendre le code source), elle n’ont en aucun cas l’obligation de le citer il me semble (de citer l’auteur) à part dans le code source ou dans un fichier qui pourrait être au fin fond d’une structure. Donc moins de 0.00001% des utilisateurs de ce logiciels verront qu’il en a développé une partie. En plus de ça, si ce logiciel est fournie en tant que service, ce qui est de plus en plus le cas, la restitution du code source n’est même pas obligatoire (sauf pour l’AGPL).

    Donc il se peut très bien que demain 1 millions de personnes utilisent son logiciel sans le savoir, et peut-être que 100 parmi elles auront vaguement vu son nom en header de code source (et se seront surement des dev talentueux qui pissent du bon code mais qui vont pas se frotter aux DG), et encore moins penser qu’ils pourraient le contacter pour du support.

    Au risque de me faire lincher, je pense que le ROI d’un développement open-source libre sans interface est presque NULL, mais c’est sur qu’il est moins proche de l’infinie sous GPL que sous BSD.

  7. lawl

    GPL ou BSD il y a plein de SSII qui les utilisent sans aucun retour à leur auteurs cela ne changent rien du tout…..
    Je rappel que si demain je vend un logiciel sous GPL à une entreprise et que je fais des modif pour enlever des bugs ou l’améliorer, la GPL m’oblige à donner les sources de ces changements à mon client mais rien ne m’oblige à faire remonter ses modifs aux auteurs !
    Biensur c’est ridicule puisque cela oblige à redevelloper encore la même chose dans le cas d’une évolution de ce logiciel mais rien n’oblige à travailler en upstream et bcp d’entreprise n’accepte pas de faire remontér leur modif…
    Donc au final cela ne changer rien BSD ou GPL….

    Au passage et pour le Troll BSD n’est pas un opportuniste qui se laisse le choix de passer du libre au proprio, c’est juste un pragmatique qui se laisse le choix de passer du libre au proprio :p

  8. Changaco

    Ce qu’il faut surtout c’est l’allocation universelle http://fr.wikipedia.org/wiki/Alloca… car son effet sur le logiciel libre serait de permettre aux développeurs de coder sans être affamés, éventuellement aussi généraliser le financement par donation sans pour autant se retrouver dans une situation précaire.

  9. idoric

    @xorax
    > « Si des entreprises revendent sont logiciel (c’est à dire vendre le code source), elle n’ont en aucun cas l’obligation de le citer il me semble (de citer l’auteur) à part dans le code source ou dans un fichier qui pourrait être au fin fond d’une structure. »

    Avec la GPL3, on a fait un grand bon de ce point de vue :

    7. Additional Terms.
    […]
    Notwithstanding any other provision of this License, for material you add to a covered work, you may (if authorized by the copyright holders of that material) supplement the terms of this License with terms:
    […]
    * b) Requiring preservation of specified reasonable legal notices or author attributions in that material or in the Appropriate Legal Notices displayed by works containing it;

  10. gut

    Les entreprises sont comme les internautes:
    tous les deux ne respectent pas le droit d’auteurs. Les premières en ne disant pas que le logiciel est sous GPL et ne nommant pas ses auteurs (exemple Free, mais il y en a surement d’autres). Les deuxièmes en téléchargeant à tire la rigot tous ce qu’il leur passe sur la main.

    >Il n’est désormais plus pardonnable et acceptable que vous tous plagiez le travail que >vous utilisez. Comme vos employeurs ont besoin de l’illusion de « l’innovation », vous >avez besoin de l’illusion d’être intelligent.

    Je reconnais qu’il est pas toujours facile de dire que l’on es dépassé par une tâche. Dire à son patron:
    "Désolé mais cette fonction est trop hardu pour moi, il faudrait demander à un tel qui l’a créé. " Cela demande une bonne dose d’humilité et j’imagine que certains préfère faire un truc branlant que de dire qui ne sont pas très compétent.
    Bref, faiblesse humaine.

  11. Olivier

    C’est intéressant et souvent ça frappe juste.

    Pas besoin d’être super développeur, ni même développeur tout court pour être confronté à cela d’ailleurs. Combien de "webmasters" qui savent juste créer une base SQL et uploader par FTP des fichiers, ont caché à leurs clients que le "super site" qu’ils proposent pour plusieurs milliers d’euros ne vient que des communautés Drupal, Joomla, Spip, WordPress ou autres, et qu’ils n’ont eu qu’à presser trois boutons pour l’installer ???

  12. Changaco

    @gut: «Bref, faiblesse humaine.»
    Ce n’est pas dans l’inné mais dans l’acquis que se trouve le problème. L’humain n’est ni bon ni mauvais par nature.

  13. ari

    Je comprends vraiment ce que dit Zed Shaw pour y avoir souvent pensé.
    J’aimerais bien savoir ce qu’en pense Richard Stallman.

  14. sniper

    Zed Shaw est un pleurnichard, et l’open source n’a pas besoin de lui.

    Il écrit un logiciel, le place délibéremment en open-source, et vient ensuite pleurer des larmes de crocodile parce que les gens l’utilisent dans le cadre permis par la license qu’il a lui-même décidée. Si la licence ne lui convenait pas, il pouvait ajouter une clause imposant aux entreprises de spécifier sur leur site web qu’elles utilisent ses logiciels en interne ou pour leurs clients. Ou simplement en faire un logiciel propriétaire. Au lieu de ça, il ne fait rien, ha si, il pleurniche et se lamente sur les vilains utilisateurs qui prennent ce qu’il donne, en expliquant que, oui, il donne, mais il donne pas vraiment, car on apprend après qu’en fait il attendait un truc en retour, et qu’il l’a pas dit, mais qu’en fait c’était du troc. Et en plus, c’est la faute du méchant pilleur qui n’a pas compris de lui-même que dans sa bouche, donner voulait dire troquer.

    Un peu comme si un commerçant se plaignait parce qu’il plaçait un écriteau "tout à 1€", et que les gens prenaient vraiment le panneau au pied de la lettre, alors qu’en fait c’était 1€, plus le pourboire, plus vos noms et coordonnées, et qu’il se plaignait en plus parce que les gens se contentent, conformément à l’écriteau, de donner 1€.

    Ca n’a pas de sens, il n’a manifestement rien compris à l’open-source, et en rejette la responsabilité sur les autres. Ce qui en dit long et lui, et ne donne pas vraiment envie de lui donner du boulot.

  15. samuel

    @sniper

    L’auteur de l’article constate simplement que l’esprit de la licence libre est détourné (meme si çà reste légal). L’objectif initial de créer un cercle vertueux est cassé. Il a l’impression de remplir de liquide un sceau percé. Il essaye de nous faire distinguer le "bénévolat à but non-lucratif pour l’intérét général" du "bénévolat à but lucratif pour des intéréts privés".

    Je recommande à tout le monde le livre "Le travail du consommateur". C’est une enquète sociologique qui montre comment le capitalisme arrive à faire travailler les gens … gratuitement !

    http://www.editionsladecouverte.fr/

  16. sniper

    @Samuel

    Ha bon, il y a un "esprit" de la licence libre maintenant. Je ne savais pas. Qui l’a décidé ?
    Le seul "esprit" de la licence, c’est son contenu, la description précise et exhaustive de ce qui est accepté et attendu par l’auteur concernant le logiciel distribué. Je ne savais pas qu’on pouvait "détourner" quelque chose qui n’a aucun caractère tangible et qui n’est nulle part exprimé par son auteur. Il faut être devin alors, pour utiliser du logiciel libre ?

    Le seul détournement que je vois, c’est quelques personnes qui viennent se lamenter en public, parce que le logiciel libre ne leur rapporte pas directement des revenus ou de la gloire, comme si c’était un dû. Zed Shaw pense qu’on lui doit quelque chose parce qu’il a contribué au logiciel libre. Ben voyons.

    Et lui, il indique avec quel logiciel il a développé Mongrel? Car peut-être que sans Emacs, sans Eclipse, sans Vim, ou que sais-je, il n’aurait pas pu le développer aussi rapidement. Bien sûr que non, car c’était juste un outil. Tout comme ses logiciels sont des outils, et on a un peu autre chose à faire qu’à lister les 9000 logiciels libres qu’on a utilisé d’un bout à l’autre de la chaine de fabrication d’un logiciel, que ce soit linux, le driver scsi qui a permis d’écrire sur le disque dur le code source, ou le compilateur C qui a servi à compiler Emacs, qui a lui-même permis de créer Ruby, qui a lui-même permis de créer…. bon je m’arrête là. Alors ma question: pourquoi faudrait-il citer Mongrel, et pas la chaine complète ? Tous simplement parce que Zed Shaw est un aigri égocentrique qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez et qui pense que le monde lui doit quelque chose, alors qu’il ne serait pas là sans le travail de ses prédécesseurs. Qu’il oublie de citer. Oops.

    Et en plus de ça, il ne sait pas lire une licence, parce qu’en plus il se plaint de ce que les gens la respecte, et même trop, car on apprend maintenant que les méchant pilleurs auraient dû respecter un "esprit" qui n’est expliquer nulle part, et surtout pas là où il faudrait, c’est-à-dire dans le texte de la licence elle-même ? C’est la meilleure.

    Et avant qu’on me dise que je suis un méchant pilleur, ça fait plus de 10 ans que je contribue au logiciel libre, j’ai bien plus de code que lui dans la nature, et beaucoup, vraiment beaucoup plus de gens qui ont utilisé mes logiciels. Sauf qu’à la différence de lui, je n’ai jamais eu l’impression d’être pillé parce que les gens ré-utilisaient mon code en respectant la licence. Et encore moins insulté les autres parce qu’ils le faisaient.

    D’abord parce que je n’ai jamais cru que mon code était à ce point fabuleux qu’il fallait que les autres me rendent un hommage quelconque. Ensuite parce que si j’attend quelque chose de précis, je le fais savoir, je ne vais pas jouer les aigris après-coup en rejetant mes problèmes personnels sur les autres.

    En conclusion, si on voulait donner une image crasse du logiciel libre, on ne ferait rien d’autre que publier ce genre d’article.

  17. samuel

    @sniper
    Tentons une petite analogie … Imaginons un généreux donnateur aux restos-du-coeur. Ce donnateur apporte chaque mois des légumes de son jardin qu’il offre gratuitement pour lutter humblement avec ses moyens contre les inégalités sociales. Mais un jour, il s’aperçoit que certains visiteurs des resto-du-coeur sont d’un genre un peu spécial. Il est en effet surpris de découvrir que le cuisinier de l’hotel 4 étoiles de la rue d’en face vient se servir gratuitement de ses matières premières dans l’entrepot des resto-du-coeur. Ce "bon plan" permet à l’hotelier de faire d’importantes économies dans son budget "fournisseurs" et l’hotelier peut ainsi consacrer cet argent économisé à d’autres postes budgetaires pour améliorer la décoration de son hotel par exemple (il décide de mettre des dorures partout afin d’attirer une clientèle plus "bling-bling" !). Le généreux donnateur trouve çà scandaleux et en informe les responsables du resto-du-coeur. On lui explique qu’il est impossible de filtrer les bénéficiaires et que, au nom de l’égalité, tout le monde peut venir se servir. Le temps passe et le généreux donnateur ne voit toujours pas la pauvreté de son quartier et les inégalités diminuer autour de lui malgré les efforts de l’équipe des restos-du-coeur et des donnateurs. Le généreux donnateur commence à ressentir un profond dépit …

  18. le hollandais volant

    @sniper : (je cite)
    "et on a un peu autre chose à faire qu’à lister les 9000 logiciels libres qu’on a utilisé d’un bout à l’autre de la chaine de fabrication d’un logiciel."

    Je te donne bien raison. Je trouve que le libre c’est aussi faire ce qu’on veut avec le code et le logiciel. Qu’on puisse s’en servir, le modifier, le re-distribuer. de toute façon, la licence GPL mentionne le fait de devoir le laisser libre non ? Et/ou d’en citer les auteurs ?

    Je me souvient d’avoir lu ça : http://sebsauvage.net/rhaa/index.ph

    C’est le même problème. Si on veut vraiment gagner sa vie en programmant, soit faut rendre son programme payant, soit faut qu’il soit suffisamment bon pour qu’il soit sponsorisé. Dans ce second cas, je pense que pas mal d’entreprises seraient prêt à le faire : s’ils utilisent beaucoup un logiciel, ils ont intérêt à ce que son développement continu… Pas qu’il ferme…

  19. Olivier FAURAX

    « pour botter des culs avec du courriel »
    Je pense que c’est la traduction de "to kick ass with mail", mais je pense qu’il l’a écrit plus dans le sens de « pour tout déchirer avec du courriel ».

    Merci pour la traduction.

  20. sniper

    @Samuel

    Analogie bien foireuse. Mais pour la continuer, il y a des critères pour avoir droit aux restos du coeur, notamment des critères sociaux et financiers, et s’il y a des gens qui truandent, et qu’on le découvre, alors il y a exclusion du système. Normal. Et c’est pareil pour les license, soit tu respectes, et tu peux utiliser, soit tu ne respecte pas les critères, et tu n’y a pas droit. Et quand il y a truande, il peut y avoir procès.

    Mais Samuel, ce qui me gène, c’est que tout dans ton discours me fait penser que tu as du logiciel libre une idée qui t’es propre, et tu as le droit de l’avoir, mais par pitié arrête de prétendre qu’il existe un "esprit" ou une "idée" du logiciel libre comme si tu pouvais t’en prétendre le porte parole. D’une part parce que tu n’as aucune légitimité à le faire, ni personne d’ailleurs, d’autre part parce que le logiciel libre a déjà sa propre défense, qui est imparable, et qui n’a pas besoin qu’on y ajoute quoi que ce soit : la license de distribution du logiciel. Et chacun peut y mettre ce qu’il veut dedans. C’est très facile de prendre la GPL ou n’importe quelle autre, et de rajouter des annexes qui rajoutent ou enlèvent des contraintes.

    Et insulter les gens qui UTILISENT le logiciel libre en les traitant de PILLEURS, alors là!! Je TE cite: "Quelle lucidité face à l’ingratitude des "pilleurs-vampires-prédateurs-parasites". Alors là, merde, je n’ai qu’une seule chose à te dire: tais-toi. Ou plutôt, réfléchis par toi-même à l’absurdité sans nom de ce que tu as dit, de ce que Zed Shaw a dit, et de ce que quelques intégristes écervelés qui n’ont pas compris ce qu’était le libre disent parfois: dire aux gens qui utilisent légitimement ce qu’on leur donne que ce sont des pilleurs, c’est une connerie plus grosse que toi. Et si tu ne vois pas pourquoi, interroge-toi jusqu’à ce que tu trouves, parce que c’est grave.

    Mais pour te donner une piste simple: Si ça te fais chier qu’on utilise et réutilise ton code, pour quelque raison que ce soit, alors c’est super simple, ne le distribue pas en logiciel libre.

    Autre piste: Quand quelqu’un utilise ton logiciel libre en respectant la licence, il ne te spolie pas, il ne te vole rien, et à la limite ça ne t’impacte pas. Alors venir s’en plaindre… on marche sur la tête !

  21. totoz

    En fait ce qu’il décrit la c’est l’incompatibilité fondamentale du capitalisme avec le logiciel libre. Le premier est fondé (entre autre) sur la propriété privée alors que le deuxième est fondé sur le partage (et donc contre la propriété privée).

  22. samuel

    @sniper

    > Analogie bien foireuse

    Si l’analogie des restos du coeur n’est pas pertinente, je t’en propose une autre. Que penser des "traders" français à Londres qui sont revenus en France après la crise financière récente parceque le filet social de leur pays natal s’est soudainement révélé tout de meme plus amortissant que le service social de "La City" ? Que penser de ceux qui veulent le beurre et l’argent du beurre ? Est-ce que le mot "opportunisme" te parait moins offensant que "ingratitude" ?

    > par pitié arrête de prétendre qu’il existe un "esprit" ou une "idée" du logiciel libre comme si tu pouvais t’en prétendre le porte parole

    Je persiste à penser qu’il existe un "esprit" à la GPL comme derrière toute loi ou acte juridique. C’est d’ailleurs pour çà que la justice est rendue par des magistrats et non pas par des ordinateurs. C’est d’ailleurs pour retrouver cet esprit que Richard STALLMAN a voulu passer de la GPL2 à la GPL3. L’idée de la GPL me *semble* étre une dynamique de réciprocité. On remplit un seau d’eau, on remplit, on remplit … mais le jour où on peut plus remplir on peut tout de meme continuer de venir y boire. Par contre, si le seau d’eau est percé et syphoné par le logiciel propriétaire alors il n’y a plus de réciprocité et, un jour, il n’y aura plus d’eau pour venir y boire.
    Après je n’interdis biensûr à personne de constester mon interprétation…

    > comme si tu pouvais t’en prétendre le porte parole. D’une part parce que tu n’as aucune légitimité à le faire

    Je ne savais pas qu’il fallait une "légitimité" pour écrire un commentaire sur un blog. Effectivement, je n’ai pas de tapis rouge déroulé devant moi ni une fanfarre qui joue à chacun de mes pas. Bon, puisque ce n’est pas le contenu du texte qui te semble important mais le pédigré de celui qui écrit, j’espère te rassurer en te disant que j’ai fais des études de juriste.

    > Et insulter les gens qui UTILISENT le logiciel libre en les traitant de PILLEURS […]
    > Autre piste: Quand quelqu’un utilise ton logiciel libre en respectant la licence, il ne te spolie pas, il ne te vole rien, et à la limite ça ne t’impacte pas. Alors venir s’en plaindre… on marche sur la tête !

    Je pense que ta colère à mon encontre vient d’une mauvaise interpretation de mes propos ou alors une mauvaise formulation de ma part. Je n’insulte pas tous les utilisateurs de logiciel libre, je n’insulte meme pas les utilisateurs qui gagnent de l’argent avec le logiciel libre et qui vendent leur expertise en gardant la GPL… Je pointe du doigts seulement ceux qui gagnent de l’argent sans rendre la monnaie de ce qu’on leur offre (le logiciel propriétaire).

    Et pour conclure, je me permets une autre analogie : que penser de l’ingratitude des employeurs qui utilisent des stagiaires quasi-gratuitement et qui ne les emploient jamais mais préfèrent changer de stagiaires tous les 6 mois ?

  23. sniper

    @totoz

    Décidemment, c’est un festival de contre-vérités sur cet article. C’est moi qui me suis trompé de dimension, ou tous les malcomprenants qui n’ont manifestement jamais lu correctement une licence se sont donnés rendez-vous ici ? Déjà, par l’emploi du terme "propriété privée", tu confonds tout, matériel et immatériel, propriété des biens et propriété intellectuelle. Mais admettons que tu voulais dire propriété intellectuelle, puisqu’on est dans le domaine du logiciel.

    La licence d’utilisation et de distribution d’un logiciel libre n’est pas incompatible ni spécialement compatible avec la capitalisme, elle lui est orthogonale. Et pareil avec toutes les théories et modèles économiques que tous les hurluberlus atteints de psittacismes politico-idéologiques voudront bien inventer.

    Le libre, c’est un modèle de distribution qui repose sur le droit d’auteur et le copyright, et qui en aucune façon n’est contre la propriété (intellectuelle en l’occurrence), puisqu’elle entièrement fondée dessus. Ce que beaucoup ont du mal à comprendre, c’est que si tu supprimes le droit d’auteur, le logiciel libre n’existe plus, il n’y a plus que du domaine public, qui est aussi loin du libre que l’est le propriétaire à sources fermées.

  24. sniper

    @Samuel

    Tu confonds l’esprit des lois, qui est un élément juridique important en droit français (mais pas en droit anglo-saxon), avec un prétendu devoir moral que tu appelles gratitude/ingratitude, et qui imposerait une obligation à celui qui utilise des logiciels libres.

    C’est très bien de le sortir du chapeau, et de décréter que les méchants-pas-beaux qui utilisent les logiciels libres ont un devoir moral qui n’est écrit nulle part, qui n’existe que dans la tête de certains, et que les utilisateurs doivent deviner dans quelle mesure s’applique ce fameux devoir moral qui provient d’un esprit fantaisiste que certains appliquent à certaines licences. C’est très beau, mais c’est à côté de la plaque. Comme toutes les analogies que tu donnes, d’ailleurs.

    Il n’y a aucun rapport entre un logiciel libre, qui est un bien immatériel doté d’une licence de distribution, et un étudiant qui part en stage et gobe les conneries d’un employeur. Sauf dans ta perspective idéologique personnelle, où tout semble politique, et où l’on a le droit d’inventer des devoirs moraux non-écrit et jamais verbalisés pour ses utilisateurs.

    Quant à la légitimité, elle n’a rien à voir avec le pédigrée. Elle est dans la bêtise de ce que tu dis. J’ai beaucoup de code dans la nature qui est en GPL. Au nom de quoi estimes-tu que mes utilisateurs auraient une quelconque gratitude à avoir envers moi ? Crois-tu qu’on m’a forcé à mettre mon code en GPL, et que je suis en droit de leur dire que oui, effectivement, c’est la GPL, mais attendez, il y a aussi toute une partie non-écrite où il doivent me rendre un vibrant hommage et écrire partout qu’ils utilisent mes logiciels, car sinon ce sont des pilleurs ? Ridicule. Comme ta position sur le sujet.

    Et ce que tu prends pour de la colère n’est que de la fatigue, fatigue de voir ce type d’anerie proférée par des gens qui veulent récupérer (oui RECUPERER) un mouvement qui leur est sympathique (le logiciel libre) dans leur vision politique et idéologique, et à appliquer sans vergogne au logiciel libre des éléments idéologiques qui proviennent de leurs propres idéaux politiques, mais qui n’ont rien à voir avec le libre.

  25. totoz

    @sniper :

    <i>tu confonds tout, matériel et immatériel, propriété des biens et propriété intellectuelle.</i>

    Par définition, le concept de propriété privé ne se limite pas au matériel, mais même si c’était vrai toute personne disposant d’un QI supérieur à celui d’une huître comprend très bien le sens général du terme.

    <i>La licence d’utilisation et de distribution d’un logiciel libre n’est pas incompatible ni spécialement compatible avec la capitalisme, elle lui est orthogonale.</i>

    Employer des termes mathématiques te permet peut être de te sentir intelligent, cela ne te rend pas moins stupide pour autant. Penser une seule seconde que les droits contrôlant la propriété même immatérielle n’ont aucune relation avec le système politique et économique dans lequel ces droits sont sensés s’exercer ferait rire un enfant de 5 ans.

    <i>Le libre, c’est un modèle de distribution qui repose sur le droit d’auteur et le copyright,</i>

    Simplement parce que tout travail intellectuel est automatiquement soumis au droits d’auteur et au copyright. Et que donc toute modifications de ces droits s’appuie inévitablement sur ces même droits, c’est tautologique.

    <i> et qui en aucune façon n’est contre la propriété (intellectuelle en l’occurrence), puisqu’elle entièrement fondée dessus.</i>

    Ben tiens, tu abandonnes sans compensation les droits de modifications et de diffusion de ton travail, mais ce n’est pas contre la propriété intellectuelle…

    <i>Ce que beaucoup ont du mal à comprendre, c’est que si tu supprimes le droit d’auteur, le logiciel libre n’existe plus </i>

    Ce qui as du mal à comprendre c’est que le logiciel libre ce n’est pas une licence, c’est une idée. Droit d’auteur ou pas, tant que il y a possibilité de diffuser et de modifier le travail d’un tiers sans contrepartie, le logiciel libre existe.

  26. samuel

    @sniper

    L’article soulève une asymétrie entre le monde du logiciel propriétaire et le monde du logiciel libre. Il semble y avoir une relation à sens unique : le "propriétaire" a le droit de piocher dans le "libre" mais l’inverse n’est évidemment pas possible. Oui, tu as effectivement raison, les licences libres autorisent cela légalement au nom de l’égalité d’accés. Mais est-ce normal ? Juste ?

  27. samuel

    Existe-t-il une licence pour le code équivalente aux Créative Commons N.C ?

  28. sniper

    @Totoz

    Tu confirmes donc que tu n’es pas capable de distinguer propriété des biens et propriété intellectuelle, tu es tout juste capable de t’exciter sur une notion très vague de "propriété privée", qui est un pléonasme, toute propriété étant privative par définition, et qui ne montre rien d’autre que ta méconnaissance du sujet. C’est dommage pour toi, et ça te disqualifie complètement pour toute tentative de discussion.

    Et pour information, le droit d’auteur existe dans tous les systèmes politiques, d’ailleurs l’URSS avait ratifié la convention universelle sur le droit d’auteur en 1952, et je ne pense pas que l’on puisse qualifier Staline de capitaliste.

    Et si tu n’arrives pas à comprendre par toi-même que le domaine publique (qui est l’absence totale de propriété intellectuelle) est inférieur à une licence libre, laisse moi juste t’expliquer une chose très simple:
    – Si tu mets ton logiciel dans le domaine publique, n’importe qui peut l’utiliser et le redistribuer SANS fournir les sources, sans même une référence sur ton travail original, réduisant ainsi considérablement les libertés des utilisateurs de ton code. Oui, il a le droit, il a tous les droits même, puisqu’il n’y a plus de contrainte imposée par le droit d’auteur.
    – Si tu appliques à ton logiciel une licence libre comme la GPL, la liberté est garantie pour celui qui l’utilise, mais aussi pour tous ceux qui recevront le logiciel qui en découle, à n’importe quel niveau de la chaine de distribution, parce que c’est une contrainte que tu imposes grâce aux droits d’auteurs.

    Voilà pourquoi le logiciel a besoin du droit d’auteur, et pourquoi il ne peut pas aller contre la propriété intellectuelle, car sans elle, il n’existerait pas. C’est un peu contre-intuitif, mais c’est impératif de le comprendre.

    @Samuel

    Il n’y a pas de réponse universellement acceptable à ton "c’est normal ou juste?", c’est aux auteurs d’en décider, en fonction de leurs aspirations, et de décider quelle licence appliquer à leurs logiciels. Parce qu’il n’y a pas "LA GPL" d’un côté, et l’affreux monde propriétaire de l’autre, il y a une galaxie d’auteurs de logiciels qui appliquent des licences libres (ou non), et chacun a une vision différente, parfois politique, parfois non, de ce qu’il fait. Certains ne comprennent pas bien la licence qu’ils utilisent, c’est semble-t-il le cas de Zed Shaw, mais si la GPL ne leur convient pas, qu’ils en choisissent autre chose, il y en a des tonnes, c’est quand même pas très compliqué de rajouter une annexe qui définirait une restriction supplémentaire sur la distribution. Ha oui, bien sûr, ça limiterait pas mal le nombre d’utilisateurs, mais il faut savoir ce que l’on veut.

  29. samuel

    @sniper

    Meme si il faut savoir encaisser le ton disons "sportif" de tes commentaires, j’ai trouvé notre discussion fil-rouge du jour interressante. Merci pour avoir su présenter ton opinion de manière consistante.

  30. Editorial G33k

    Ce que j’ai fait de ma première paye avec le web

    Pour ne rien cacher, j’ai eu envie quelques secondes d’intituler ce billet “Ce qu’un entrepreneur du web devrait faire de son premier cacher”. Mais je me défie de toute approche moralisatrice dans ma ligne éditoriale. J……