Je suis amoureux de Joss Stone !

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Interrogée en 2008 par la chaîne de télévision argentine Todo Noticias sur ce qu’elle pensait du «  piratage  » de la musique sur Internet, la pétulante chanteuse Joss Stone a eu cette réponse pleine de naturel et spontanéité.

«  La musique est faite pour être partagée  », rien de plus simple et de plus vrai. Et pourtant certains ne l’entendent pas de cette oreille…

Cela méritait bien un petit sous-titrage maison signé Framalang ;-)

PS  : Drôlement pétillants ses yeux quand même…

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Transcript du sous-titrage

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Le journaliste  : Vous êtes chanteuse et faites partie du show-business maintenant, alors que pensez-vous du piratage de musique sur Internet  ?

Joss Stone  : Je trouve ça génial.

Le journaliste  : Génial  ?

Joss Stone  : Oui, j’adore ça. Je trouve ça brillant et je vais vous dire pourquoi.

La musique devrait être partagée. Je crois que la musique est devenue un business dingue. La seule chose que je n’aime pas dans la musique, c’est le business qu’il y a autour. Par contre, si la musique est gratuite, il n’y a plus de business, seulement de la musique. Donc, j’aime ça. Je crois que nous devrions partager.

Si un seul l’achète, ça me convient. Gravez-le, partagez-le entre amis, je m’en fiche. Je me fiche du moyen de l’écouter, tant que vous l’écoutez. Tant que vous venez à mon concert, et que vous prenez du bon temps en y assistant, c’est parfait. Je m’en fiche. Je suis contente qu’ils l’écoutent.

Le journaliste  : Je pense que vous êtes la première chanteuse à me répondre ça.

Joss Stone  : Car la plupart des gens ont subi un… lavage de cerveau.

24 Responses

  1. LordPhoenix

    Dommage qu’elle ne pousse pas la logique jusqu’à mettre ses chansons sous licences libres mais bon faut pas trop en demander. Elle a déjà fait un grand progrès par rapport à d’autres…

    En plus c’est une sacré chanteuse de Soul… Je recommande chaudement son album Soul Session

  2. Z

    Et là… suicide collectif des milliers de femmes tombées sous le charme de la barbe d’Aka, qui comprennent que tout est fini…

    Ça tient à peu de choses, hein ?

    (sinon sympa le discours de cette chanteuse)

  3. aKa

    @Z : Puisque vous êtes toujours là pour rédiger ce commentaire, j’en déduis que vous n’en faites pas partie !

  4. Ginko

    En tous cas, comme tout journaliste qui se respecte, l’interviewer n’en revient pas.

    En même temps, les spectacles vivants (du moins en Europe) n’ont jamais autant marché.
    Compter sur leurs revenus n’est qu’une attitude saine pour un artiste un tant soit peu célèbre.

  5. louiz’

    C’est bien mignon ce discours, mais concrètement, elle publie sa musique sous une forme qui, légalement, condamne tous ceux qui font ce qu’elle dit à payer une très très forte amende voire aller en prison.

    C’est pas très très gentil de conseiller aux gens de prendre un risque aussi grand. Si elle y croit vraiment, qu’elle nous autorise légalement à le faire.

  6. cheval_boiteux

    @louiz’ et @LordPhoenix :
    Pourquoi ne pas lui envoyer un courriel pour lui expliquer que le partage de sa musique sera plus facile si elle passait ses chansons sous licence libre ?
    Avant de lui taper dessus, il faut peut être se demander si elle connait l’existence des licences libres. Nous, nous les connaissons, les artistes peut être pas, et le grand public, encore moins. Mais battons nous pour les faire connaitre : http://www.vvlibri.org/index.php?ti

  7. midel

    Et peut-être aussi qu’elle a le succès qu’elle a (je l’aime bien en plus 🙂 ) en partie grâce à sa maison de disque et leurs directeurs artistiques.

    Elle se sent peut-être redevable envers eux et elle sait que pour que les gens aillent à ses concerts et pour faire vivre sa carrière, la puissance de com d’une maison de disque est profitable. Donc elle ne va pas leur cracher à la figure en demandant à mettre sa musique sous licence libre. Et si elle voulait le faire, encore faudrait-il qu’elle ait la propriété totale de sa musique.

    C’est donc un peu facile de lui faire ce genre de reproche. Son point de vue n’est pas idéal, mais il a le mérite d’être pragmatique.

    Peut-être aussi qu’elle n’a pas envie de s’occuper de tout ça 😉

    midel

  8. Thomas Savary

    « Tant que vous venez à mon concert, et que vous prenez du bon temps en y assistant, c’est parfait. »
    On peut y assister gratuitement, j’espère. Car je gage qu’elle ne réclame aucun cachet, bien sûr. La salle est mise à disposition gracieusement, l’organisation est entièrement le fait de bénévoles qui se donnent sans compter…

    Libriste convaincu, je ne partage pas, mais alors pas du tout, votre enthousiasme pour ce genre de propos. Qu’un artiste décide de distribuer gratuitement sa musique est une bonne chose. Tant mieux pour nous, tant mieux pour lui… s’il peut se le permettre. Mais ne faut-il pas respecter aussi le travail de ceux dont la musique est le gagne-pain, c’est-à-dire la condition de leur autonomie ?
    Produire un enregistrement coute généralement cher, voire très cher — même sans la plus-value éditoriale (livret, traductions, photos, jolie maquette). Pour parler de ce que j’ai connu, ayant travaillé pour un label de musique classique, la moindre production (récital d’un instrumentiste sans frais de déplacement, sans frais d’hôtel, sans frais de location d’instrument) se chiffrait à 8 000-9 000 €. Dans ce cas de figure, l’ingénieur du son représente à lui seul environ la moitié du budget. Celui avec lequel travaillait l’éditeur était certes cher, mais la qualité était toujours au rendez-vous. Mais 8 000 €, ce n’est rien du tout. Pour un orchestre de chambre, compter au moins 25 000 €. Une symphonie ? Je ne sais pas… À la louche, au moins 100 000 €. Sachant qu’un disque vendu dans le commerce autour de 22 € est vendu par l’éditeur au distributeur autour de 8-9 €. Faites les calculs pour savoir combien d’exemplaires un éditeur doit vendre pour seulement rentrer dans ses frais…

    Bien sûr, un album qui se vendra à des centaines de milliers voire à des millions d’exemplaires pourrait être commercialisé autour de 5 € tout en générant des bénéfices. Mais ce n’est pas le cas de la majorité des enregistrements produits, en tout cas en musique classique, qui dépassent rarement les quelques milliers d’exemplaires vendus dans le monde.
    Joss Stone parle du « business » autour de la musique. C’est une vision caricaturale, qui correspond aux pratiques des « majors » (quelques grands groupes qui se partagent environ 80 % des ventes de musique enregistrée dans le monde quand existent des milliers d’éditeurs indépendants).

    Alors, certes, il faut se garder des équations simplistes brandies par les majors, du genre 1 album « piraté » = 1 vente en moins, ou bien des préjugés comme « Ceux qui téléchargent n’achètent plus de musique ». Je reste tout de même persuadé que la facilité de se procurer illégalement des enregistrements nuit aux ventes d’albums, même si, en France, la politique déplorable d’une enseigne comme la FNAC a pesé elle aussi lourdement dans la baisse des ventes des albums classiques. En tout état de cause, de nombreux éditeurs de musique classique, et non des moindres, mettent la clé sous la porte (Calliope, le dernier en date) ou ont été rachetés par de grands groupes (Aeon, Alpha, Astrée, Erato, Opus 111, Ricercar, Teldec…), prélude souvent à leur disparition (Erato, Teldec, Astrée, Opus 111…).

    Quant à l’antienne « le disque est trop cher », c’est n’importe quoi… La T.V.A. est trop élevée, si on veut. Mais les CD ne coutent généralement pas plus cher aujourd’hui qu’il y a vingt ans : je me rappelle que j’achetais les CD autour de 130 FF au début des années 1990. Dix ans plus tard, ils frôlaient certes les 150 FF. Aujourd’hui, ils sont autour de 20 €. Je parle ici des disques « à prix fort ». Parce que l’offre en collections économiques a explosé (notamment avec les labels Naxos et Brilliant Classics). Non, dans le système libéral au moins, la musique enregistrée n’est pas « trop chère » et, en tout cas, beaucoup, beaucoup moins chère que le livre, proportionnellement aux sommes d’argent généralement investies par les éditeurs.

    Évidemment, on peut rêver d’un tout autre système. Les artistes seraient rémunérés par les collectivités (État, régions, départements, communes), qui produiraient aussi leurs enregistrements et assureraient leur diffusion. S’agissant des rémunérations des artistes, c’est du reste déjà le cas en partie, avec le régime des intermittents du spectacle. Pourquoi pas ? Mais est-ce viable ? Sur quoi se base-t-on pour reconnaitre à quelqu’un la qualité d’artiste ? pour estimer qui mérite d’être enregistré et qui ne le mérite pas ? pour décider si la production d’un nouvel enregistrement de la Flute enchantée de Mozart se justifie ou non ? si l’œuvre d’un compositeur inconnu, passé ou contemporain, vaut le coup d’être gravée ? Au final, un tel système ne briderait-il pas la création, ne nuirait-il pas à la diversité de la production musicale ? Soit, ce n’est pas forcément l’un OU l’autre. Une production encadrée par les collectivités n’exclut pas la production indépendante. Il n’en reste pas moins qu’enregistrer de la musique coute cher, et que les propos de Joss Stone sont ceux d’une enfant gâtée qui, parce qu’elle vend des millions d’albums à travers le monde, n’a pas besoin de se poser de questions sur les conséquences de la contrefaçon — les billevesées d’une tête à claques, en somme.

  9. Ginko

    Thomas Savary,

    Point N°1:
    « Sachant qu’un disque vendu dans le commerce autour de 22 € est vendu par l’éditeur au distributeur autour de 8-9 €. « 

    Point N°2:
    A part pour la musique classique (les mélomanes en gros), qui a « besoin » d’un CD pour écouter sa musique? C’est-à-dire en dehors de l’objet CD en lui-même, un CD n’apporte rien dans la plupart des cas.

    Déduction N°1:
    Peut-être bien qu’un modèle de distribution dématérialisé et direct (comprendre « sans intermédiaire ») apporte déjà une solution à votre problème.

    Déduction N°2:
    Le problème pour un bon album est celui de l’œuf et de la poule. Pour être rentable, il faut du chiffre. Mais pour avoir du chiffre il faut de la pub. Peut-être qu’en utilisant un plateforme qui se charge de la diffusion gratuite d’une œuvre sous licence libre, on fait assez de pub pour être rentable rien que sur les concerts?

    Conclusion:
    Une chose est sure: jouer dans le nouveau monde avec les vieilles méthodes ne peut pas marcher, comme vous le démontrez bien.
    Et je ne dis pas que trouver de bonnes méthodes pour jouer dans le nouveau monde est facile. Certains s’y sont brulés les ailes. Mais d’autres ont trouvé des solutions.

  10. Thomas Savary

    @Ginko
    D’accord avec vous sur le fait que le CD soit un support à l’utilité très relative. Outre le fait qu’il soit techniquement dépassé — surtout pour un mélomane, en fait (une taille et une fréquence d’échantillonnage de 24 bits et 96 kHz permises par le SACD ou le FLAC, c’est tout de même appréciable, sur un bon matériel) —, le CD est un objet passablement encombrant, même s’il peut toujours être agréable de posséder un beau coffret, de lire un livret sur papier plutôt qu’à l’écran, etc. Personnellement, j’écoute toute ma musique depuis un disque dur externe, au moyen de mon ordinateur via une carte son externe reliée à une chaine hifi. Si j’ai extrait tous mes CD au format FLAC, j’ai conservé la majorité de mes disques. Parce que l’on n’est jamais à l’abri d’un plantage de disque dur. Bien sûr, je fais régulièrement des copies de sauvegarde. Mais si j’étais cambriolé — il y a peu de chances qu’on touche à mes CD de musique classique, mais à l’ordinateur et aux disques durs ? Improbable mais possible, un choc électrique pourrait en outre griller mes deux disques alors qu’ils sont tous les deux sous tension (pendant une sauvegarde, mettons) : si de tels accidents devaient arriver sans que j’aie conservé la plupart de mes CD, je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer. Le CD, finalement, c’est encore aujourd’hui la meilleure copie de sauvegarde.

    Sinon, le concert, que vous évoquez, c’est une chose ; l’enregistrement, une autre. D’abord, le concert est cher, comparativement à la musique enregistrée. Surtout, l’enregistrement permet l’accès à des musiques rarement données en concert à proximité de chez soi, qui plus est dans une exécution généralement de meilleure qualité : c’est un moyen formidable de démocratisation de la musique.

    S’agissant de la distribution dématérialisée, je suis tout à fait d’accord avec vous. Malgré les risques évoqués, j’achète de moins en moins de disques, pour des raisons pratiques et économiques, mais de plus en plus de fichiers au format FLAC, directement auprès des éditeurs qui les commercialisent. Je refuse en effet le plus souvent de passer par des plateformes de téléchargement : Itunes, il en est bien évidemment hors de question ; mais je boude souvent même Qobuz, qui pourtant propose le format FLAC. Je n’envisage d’acheter chez Qobuz que lorsque je souhaiterai acquérir, plutôt que le CD, l’enregistrement d’un éditeur qui ne disposerait pas d’un site web commercialisant ses productions au format FLAC. Ce n’est pas que les intermédiaires soient inutiles : un bon disquaire, de même qu’un bon libraire, peut être un guide précieux dans l’exploration d’un nouveau répertoire ; les plateformes comme Qobuz facilitent également les découvertes de musiques ou d’artistes que l’on n’aurait pas forcément croisés sinon. Mais lorsque l’on sait déjà exactement ce qu’on veut, et compte tenu de la situation sinistrée des disquaires, autant privilégier l’éditeur. Le travail de celui-ci mérite en effet d’être salué et rétribué. L’écueil des enregistrements autoproduits, c’est souvent celui du manque de recul voire de l’autocomplaisance, auquel s’ajoute dans bien des cas le manque de moyens techniques (prise de son au rabais, présentation indigente…).

    Bon, je ne connais rien au monde de la musique « non classique », mais, s’agissant du classique, je crois que le CD a encore un avenir, dans le cadre des ventes à l’issue des concerts. Quant à la vente de fichiers, je considère qu’il faudrait soutenir les éditeurs en leur achetant directement leurs productions lorsque cela est possible, plutôt que de passer par des plateformes de téléchargement. Dans le domaine de la musique classique, je ne pense pas qu’on puisse généraliser l’autoproduction. Non seulement elle n’est financièrement possible que pour une minorité de musiciens, mais elle donne souvent lieu à des enregistrements décevants. Bien sûr, il y a toujours des exceptions : Jordi Savall, John Eliot Gardiner, par exemple. Certains orchestres ont également créé leur propre label, comme le London Symphony Orchestra ou le London Philharmonic Orchestra. C’est chose plus facile pour une institution que pour un particulier ou un petit ensemble.

    Enfin, voilà… L’accès gratuit universel à la musique serait quelque chose de formidable. Profitons-en lorsque cela est possible sans léser personne. J’admets que télécharger gratuitement une œuvre que nous n’aurions de toute façon pas achetée ne lèse pas directement les éditeurs et les artistes concernés (qui de toute façon ont alors déjà touché la majeure partie de leur rémunération, les droits d’auteur entrant pour une part infime des revenus de la majorité des musiciens enregistrés). Cependant, pendant que nous écoutons cette musique, nous n’en écoutons pas d’autres, que nous aurions pu acheter, elles. Soit, c’est la même chose lorsque nous écoutons pour la deux-centième fois un disque acheté voilà dix ans. Là encore, je n’affirme pas « 1 album téléchargé illégalement = 1 autre album acheté en moins ». C’est la même chose lorsque nous empruntons un disque en médiathèque ? Pas tout à fait, parce que les médiathèques achètent des disques et paient des cotisations, ce qui certes n’assure pas aux éditeurs les mêmes revenus que les ventes aux particuliers. C’est un cas de figure analogue, du reste, avec les radios, que nous pouvons facilement enregistrer.
    On ne m’ôtera tout de même pas de l’esprit que le téléchargement illégal contribue à la baisse du volume des ventes. La question qu’un « téléchargeur illégal » pourrait se poser, c’est « Est-ce que j’achète autant de musique qu’avant ? » Il va de soi qu’acheter de la musique n’est pas une obligation morale. Par contre, si on aime la musique enregistrée, il serait peut-être pertinent de s’interroger sur les conditions de sa production et de sa viabilité, de se demander si oui on non les éditeurs devraient continuer à exister. En ce qui me concerne, j’estime que oui, et que leur travail mérite d’être reconnu et rétribué, non seulement dans l’intérêt des éditeurs, mais aussi dans celui des artistes (qui dans bien des cas leur doivent leur notoriété) — et surtout dans notre intérêt d’amateurs de musique.

    Cordialement.

  11. Ginko

    Thomas Savary,

    Je ne connais pas en détail la filière de la production musicale.
    Cependant, je pense que ce n’est pas parce qu’on abandonne la distribution matérielle qu’on doit forcément abandonner dans le même temps l’éditeur pour s’adonner à l’art difficile de l’auto-production.

    En revanche, le travail de l’éditeur change naturellement dans ces conditions. Il cesse d’être un intermédiaire entre l’artiste, les distributeurs et le public. Il n’est plus qu’un fournisseur d’infrastructure pour la production de la musique. La diffusion est ensuite assurée par d’autres acteurs, de façon indépendante (ou du moins, beaucoup plus lâche, dans le sens « relâché »).
    En cela, il perd beaucoup et c’est ce qui ne passe pas bien auprès d’eux je pense. Ils ne veulent pas perdre leur pouvoir, leurs relations, leur expérience. C’est humain.

    Mais bientôt ils n’auront plus le choix. L’alternative qui se posera à eux sera soit de continuer à s’appuyer sur le droit d’auteur pour survivre mais la négociation avec des acteurs écrasants et centralisateurs comme iTunes sera difficile voire impossible ; soit d’opter pour une licence libre mais il faudra alors revoir leur modèle de rémunération.

  12. Libruc

    Certains cherchent des solutions en effet…

    Le groupe Moriarty en 2010 évoquait pendant son concert une souscription à l’album à sortir en 2011 sous leur label indépendant (Air Rytmo)…et vendaient eux-même (avec leur disponibilité et simplicité habituelle) ces emprunts russes…euh pardon… ces bons de souscription à la fin du concert 🙂

    http://simondaval.wordpress.com/201
    (l’article ne parle pas en détail du mode de production de l’album mais je n’ai pas trouvé mieux)

  13. Indramin

    Evidemment ce genre de propos tenus lors d’une interview peut sembler racoleur (mais c’est tentant, il faut bien avouer) mais je crois que certains ont manqué ce que Joss Stone exprimait. Il n’y était pas directement question de gratuité ou pas. Elle n’a absolument pas dit qu’elle voulait organiser des concerts gratuits (ni le contraire d’ailleurs) mais l’essentiel était que la musique était faite pour être partagée.
    Bien sûr derrière ça, il y a toute la problématique commerciale du business et des majors. Mais cette idée en soi est suffisamment belle pour être énoncée et diffusée lors d’une interview télévisée. Je comprends donc qu’on dise ensuite qu’on tombe amoureux de celle qui le dit… surtout quand c’est fait avec autant de charme :-p

  14. Thomas Savary

    @Ginko
    Bien sûr, le travail de l’éditeur implique de réunir les conditions matérielles permettant de produire l’enregistrement, mais son rôle ne se réduit pas à cela, en tout cas pour la musique classique. L’éditeur est aussi un être humain. Dans le cas des petits labels, il porte généralement au moins deux casquettes, celle de l’éditeur et celle du directeur artistique. Souvent, les artistes ont besoin d’être accompagnés. Le directeur artistique est là pour les aider à mener à bien leurs projets, mais aussi pour apporter un regard critique, afin que les musiciens donnent le meilleur d’eux-mêmes sans tomber dans l’autocomplaisance ou la cécité relative due au manque de recul. L’éditeur directeur artistique, c’est un peu un George Martin pour les musiciens qu’il édite. Son importance et son influence peuvent beaucoup varier d’un enregistrement à l’autre et selon les musiciens. En tout cas, un bon éditeur joue un rôle qu’on ne peut pas réduire à celui de « boite enregistreuse » pour des artistes n’étant pas en mesure de produire eux-mêmes leurs enregistrements, faute de moyens financiers suffisants.

    @Libruc
    La souscription existe depuis très longtemps en musique classique. Pour des projets modestes, avec quelques musiciens, cela peut fonctionner, ou lorsqu’il s’agit de boucler le budget d’une production moyenne alors qu’on a déjà pu s’assurer le concours d’un certain nombre de sponsors. Mais quand il s’agit de lever des centaines de milliers d’euros (pour l’enregistrement d’un opéra du XIXe siècle, voire des millions, pour l’enregistrement de l’intégrale des cantates de Bach, par exemple)… il en faudra des donateurs. Mais cela peut marcher, pour peu que l’on compte des mécènes vraiment fortunés. Exemple. — http://www.monteverdi.co.uk/support
    Mais tout le monde n’a pas la carrure ni la bouteille de John Eliot Gardiner.
    Faute de rouler sur l’or, je soutiens mes éditeurs et mes artistes préférés en achetant leurs enregistrements directement sur leur site lorsque cela est possible. De temps à autre, j’achète des CD chez de vrais disquaires (boutiques Harmonia mundi ou petits disquaires indépendants — il en reste quelques-uns ; j’ai du reste été disquaire moi-même), parce qu’un bon disquaire n’est pas plus un simple instrument de mise à disposition des disques qu’un bon éditeur n’est un type qui se contente de fournir un ingénieur du son et de s’occuper du pressage.

  15. Libruc

    Le mécénat ou les milliers/millions de donation (rendues aussi possible grâce à internet), n’est-ce pas plus sain qu’un système où l’éditeur investit (tantôt à perte, tantôt en profitant largement de ceux devenus plus que rentables) ?
    On est au moins d’accord sur le fait que les 2 peuvent cohabiter je pense.

  16. Thomas Savary

    @Libruc
    Le mécénat est indispensable, mais la production sur les fonds de l’éditeur aussi. Certains enregistrements sont des actes militants : on enregistre à perte un chef d’œuvre par un artiste exceptionnel en sachant qu’il n’intéressera dans l’immédiat que quelques milliers voire centaines de personnes dans le monde. Tant pis ! C’est aussi un pari, celui qu’au fil des années l’enregistrement cheminera vers de plus en plus d’auditeurs. Mais il faut bien alors que certaines productions très rentables financent ces gouffres financiers.
    Le problème d’une production qui reposerait uniquement sur le mécénat et la multiplication des donations individuelles, c’est que la production deviendrait entièrement tributaire de la popularité : celle de la musique enregistrée comme celle des interprètes.
    Les deux modes de financement devraient donc être complémentaires.

    @Indramin
    « Elle n’a absolument pas dit qu’elle voulait organiser des concerts gratuits (ni le contraire d’ailleurs) mais l’essentiel était que la musique était faite pour être partagée. »
    C’est vrai, vous avez raison de le souligner. Mais partager, c’est justement la motivation de la majorité des éditeurs, et ce n’est pas leur faute si les quatre majors aux pratiques justement décriées représentent plus de 70 % des ventes de musique enregistrée. Partager, faire découvrir, c’était ma motivation en tant que disquaire — si j’avais voulu bien gagner ma vie, j’aurais fait autre chose ; du reste, je me fournissais uniquement du côté des labels indépendants, qui sont de toute façon les plus intéressants. Dans le monde où nous vivons, il faut toutefois bien voir que la musique coute beaucoup d’argent.

    On peut toujours espérer (en y œuvrant éventuellement) l’avènement d’une utopie où l’argent n’aura plus cours. Depuis bientôt dix ans, je privilégie les logiciels libres chaque fois que c’est possible. Je contribue de temps à autre à Wikipédia (pour corriger les fautes d’orthographe et de typographie). Je crois moi aussi beaucoup au partage : « Le remède à l’échange, c’est le don », disait en substance Raoul Vaneigem. Mais peut-on généraliser le partage à l’ensemble des activités humaines, dans des sociétés aussi vastes que les nôtres ? Je ne le crois pas.

    La musique gratuite, je le pense, sonnerait le glas du professionnalisme et entrainerait la généralisation de l’amateurisme, accompagnée d’une chute qualitative vertigineuse (la musique classique impose des exigences techniques telles qu’un musicien professionnel doit y consacrer une grande partie de ses journées s’il veut maintenir son niveau, et le moindre album représente des dizaines d’heures de travail pour l’ingénieur du son). Wikipédia lance des appels de dons, Framasoft également. Et c’est normal, tout simplement parce que, dans le monde où nous vivons, l’argent est malheureusement indispensable.

    Je maintiens que les propos de Joss Stone sont faciles à tenir lorsqu’on vend des millions d’albums dans le monde. Mais lorsqu’on est un petit éditeur qui se demande si chacune de ses nouvelles productions ne le rapprochera pas encore un peu plus de la faillite, ce genre d’appel au partage inconditionnel a sans doute quelque mal à passer…
    Ma remarque au sujet des concerts gratuits était une pique ironique. En règle générale, un artiste perçoit beaucoup plus d’argent par le biais des concerts que par les royalties : il est dès lors bien plus facile pour un musicien d’encourager au partage des enregistrements (pour lesquels il a souvent déjà été payé, que son éditeur a financés et qui proportionnellement lui rapportent peu) que de donner des concerts gratuitement. Je ne connais pas Joss Stone, dont j’ignorais même l’existence jusqu’à ce billet, mais j’imagine à la seule lecture de l’article que lui consacre Wikipédia qu’elle est beaucoup plus riche que la majorité des producteurs et éditeurs phonographiques indépendants, et mène un train de vie très confortable, auquel il lui faudrait renoncer si elle offrait ses concerts.
    Voici comment pour ma part j’interprète ses propos : « Piratez les disques qui ne m’ont rien couté (ça me fait toujours de la pub), par contre n’oubliez pas de venir dépenser votre argent à mes concerts. » Désolé, je ne vois pas ce qu’il convient d’applaudir, hormis peut-être le culot voire le cynisme. À moins qu’il ne s’agisse d’inconscience pure et simple — j’ai eu plusieurs occasions de constater à quel point certains artistes pouvaient être déconnectés des réalités économiques, pire que moi (ce qui n’est pas peu dire).

    Cordialement.

  17. dormomuso

    @Thomas Savary, respectueusement.

    Ce ne sera facile, et on passe pour un dangereux utopiste minoritaire inconscient et irrespectueux vis à vis des artistes en le disant, mais je ne vois pas, ni comment, ni pourquoi, on préserverait à tout prix un modèle économique basé sur la vente de support physique, en recréant artificiellement et à grand coût une rareté n’ayant plus lieu d’être.

    Ce modèle économique, qui est apparu au XXème siècle, jusqu’à devenir la source de revenu majoritaire des musiciens, sera un jour considéré comme une parenthèse historique. Il existera toujours (vente d’exclusivité…), mais à la marge et comme une source de revenu minime comparé au reste.

    Comment faire ? Je ne sais pas. Mais voici peut-être quelques pistes :

    1) Mécénat global. C’est une idée très ingénieuse que Richard Stallman a développé en 1992 dans son texte « la bonne façon de taxer les DAT » et que je vous laisse explorer… En gros, de mon point de vu, il s’agit d’automatiser (sondage anonymes, et statistique des principaux sites de streaming, de radio, et de téléchargement) les processus de la SACEM pour tous les musiciens (même de musique libre), et d’étendre la redevance télé et les licences radios (sans augmentation, mais en finançant moindrement les intermédiaires).

    2) Amélioration de la quantité et de la qualité de la musique amateur (évolution culturelle, accès facilité aux technologie d’enregistrement de qualité, facilité accrue pour héberger et mettre en avant les morceaux de qualité).

    3) Changement de paradigme économique. Certains musiciens à faible revenu atteindront un revenu suffisant quand sera mis en place le système de dividende universel, de plus en plus populaire (soutenu par le SPD allemand…)

    3) Culture du micro-don numérique

    4) Achat d’exclusivité en ligne et abonnement à des sites offrant diverses plus-values

    5) concerts

    6) cours (plus de profs de musique à l’école !!!)

    7) produits dérivés, collectors…

    8) subventions des lieux de concerts et autres subventions intelligentes…

    9) Dans l’éventualité où l’on observerait malgré tout une baisse globale de la production de nouvelle musique de qualité, ce phénomène serait largement compensé par le fait qu’on puisse accéder faciliment à tout ce qui existe : ce qui se fait à l’étranger, ce qui s’est fait par le passé, ce qui se fait par des petits musiciens pas connu mais qui habite à trois pas de chez nous, et qu’on aura enfion la possibilité de découvrir….

    Le jeu en vaut la chandelle. Par contre vouloir à tout prix empêcher les nouveaux usages peut avoir de nombreuses conséquences désastreuses. Et s’il le faut on paiera avec nos impôts, on paie bien des choses pourtant bien moins importantes que la musique !!!

  18. Grunt

    @dormomuso:
    « En gros, de mon point de vu, il s’agit d’automatiser (sondage anonymes, et statistique des principaux sites de streaming, de radio, et de téléchargement) les processus de la SACEM pour tous les musiciens (même de musique libre) »

    Le vote du public? Toute la musique soumise aux mêmes règles que la Star Academy? Comment financer un artiste dont les professionnels savent qu’il deviendra « bon » (apprécié) dans 5 ou 10 ans, si le public ou l’artiste ne sont pas prêts? Mozart n’aurait pas pu continuer avec ce système.

    « évolution culturelle, accès facilité aux technologie d’enregistrement de qualité »
    Oui, bien vu: il pourrait même s’agir d’un service public d’enregistrement. Afin, justement, d’éviter que les artistes se sentent obligés (même maintenant) de passer par le circuit habituel SACEM-majors.

     » facilité accrue pour héberger et mettre en avant les morceaux de qualité »
    Bizarre, je croyais que ça existait déjà. Ça fait une dizaine d’année que les internautes qui échangent illégalement de la musique, le font grâce à Internet et aux réseaux de P2P. Et ça marche très bien. Je ne m’explique pas l’entêtement qu’il y a à utiliser le P2P quasi-exclusivement pour partager illégalement les oeuvres des autres, et à héberger toute création individuelle sur des plateformes de mauvaise qualité comme Youtube ou Dailymotion.
    Ça devrait être l’inverse: la création personnelle hébergée et partagée à la maison, en P2P, et le divertissement industriel et formaté hébergé sur des plateformes industrielles et formatées.

    « Certains musiciens à faible revenu atteindront un revenu suffisant quand sera mis en place le système de dividende universel, de plus en plus populaire (soutenu par le SPD allemand…) »
    C’est un projet de société qui dépasse la problématique de la musique. Mais effectivement, c’est une très bonne idée. Reste que les pouvoirs économiques en place risquent de ne pas apprécier qu’on les prive de la menace « Fais un boulot pénible pendant 8H par jour ou bien tu crèveras dans la rue. » et qu’ils se trouvent de fait obligés de rémunérer correctement les boulots pénibles ou de les rendre moins pénibles. Il va falloir s’attendre à une très forte résistance si on leur enlève le croquemitaine « Chômaaaage!! ».

    « Culture du micro-don numérique »
    Et surtout mise en place de circuits le permettant de façon simple, sans que des intermédiaires (Pay***, banques) ne se gavent à chaque don. Avez-vous déjà essayé de payer via Internet? Chez ma banque, ça implique de chercher une « carte à clef », de cliquer sur un lien envoyé par email.. inimaginable de faire ça dix fois par jour pour 0,1€ à chaque fois.

    « cours (plus de profs de musique à l’école !!!) »
    Tant que ça reste une option. C’est évident que les passionnés de musique voudraient que tous les élèves aient 4H de musique par semaine. Moi j’aimerais qu’ils fassent 4H d’informatique par semaine. Un autre voudrait qu’ils aient 4H d’architecture par semaine. Mais forcer les gamins à étudier une passion qu’ils n’aiment pas forcément est le meilleur moyen de dégoûter ceux qui n’ont pas « le feu sacré ».

    « Et s’il le faut on paiera avec nos impôts, on paie bien des choses pourtant bien moins importantes que la musique !!! »
    Est-ce vraiment un argument? On pourrait en arriver à une économie totalement étatisée (ça peut s’envisager, hein), mais, dans le cas de la musique, ça reste, quoi qu’on en dise, un choix très personnel, et un loisir non vital. Je n’aimerais pas que l’État décide (selon les critères, forcément subjectifs, de qui?) de ce qui doit être financé et ce qui ne doit pas l’être, en matière d’art. C’est déjà trop le cas, et on voit à quoi ça mène: l’ami de quelqu’un qui bosse au ministère de la culture et qui étale ses « créations » abstraites et vaines aux frais du contribuable..

  19. BtoB

    J’aime bien quand des artistes se libèrent de la pression de « l’industrie » (beurk ! quel mot affreux).
    Je crois que nombreux sont ceux qui défendent leur bifteck en défendant le monople de distribution de la musique par les producteurs/vendeurs de disques. Mais ce n’est qu’un épisode. Tôt ou tard, les choses changeront. Ceux qui ne disparaitront pas, ce sont les artistes, leur public… et les intermédiaires qui seront allés dans le sens du changement, et non contre.

  20. Ginko

    Thomas Savary,

    Par rapport à votre réponse du 28/01 (http://www.framablog.org/index.php/…):

    Je ne parlais pas de la suppression de ce rôle de directeur artistique, mais de la suppression du rôle d’intermédiaire. Or c’est précisément ce rôle (de par sa position dans le flux d’information) qui est générateur de pouvoir et donc d’argent. Les gens n’aiment pas perdre leur position dans une filière car cela signifie une perte de pouvoir et d’argent.

  21. Baptiste SIMON

    je suis moi aussi amoureux de ses yeux pétillants… mais surtout de ses quelques mots égarés sur un plateau de TV. nous sortons d’une aire industrielle pour entrée dans celle de l’information et des connaissances. l’heure a sonné, libérons-nous ! 🙂

  22. Sylvia

    Joss Stone, la fille qui jouait Anne of Cleves dans Tudors?!! Man…!

  23. Laugan1

    Ce que j’ai compris de ce que dit Joss Stone, c’est qu’elle veut avant tout partager sa passion de la musique.
    Elle ne veut pas forcément distribuer sa musique librement, ni faire des concerts gratuits.
    Elle veut gagner sa vie avec sa passion. Mais elle déteste aussi tout le business, les producteurs, les imprésarios, les commerçants cupides qui salissent ce métier.
    Elle préfère faire des concerts devant un public qui adore ce qu’elle fait plutôt que de vendre des disques à des inconnus qui l’écouteront tout seul dans leur coin.
    C’est bien mieux de partager entre amis.