Salut à toi mélomane, téléchargeur, pirate, pseudo-criminel…

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Temps de lecture 4 min

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Benn Jordan est musicien et président fondateur du modeste label indépendant Alphabasic Records.

En janvier 2008, et contrairement à ce qu’il se produisait d’habitude, il fut surpris de constater l’absence de son nouvel album sur les sites de torrents et P2P  !

Alors il décida de prendre lui-même les devants en téléversant ses propres fichiers audios sur les sites de partage, mais en les accompagnant d’un court texte que nous avons décidé de traduire ci-dessous tant il nous semble original et révélateur de la situation actuelle.

Ainsi tout «  pirate  » téléchargeant l’album se retrouvait avec un petit fichier HTML contenant le message. Libre alors à lui de le lire et d’agir en conséquence.

Remarque  : On pourra trouver le bilan de cette action dans le billet From Pirates To Profit. Et si vous voulez écouter quelques extraits de l’album en question il y a ce lien YouTube.

Benn Jordan

Bonjour mélomane… téléchargeur… pirate… pseudo-criminel…

Hello listener…downloader…pirate…pseudo-criminal…

Benn Jordan – janvier 2008 – Alphabasic Records
(Traduction  : Ælfgar, Kiwileaks, Marwan, Thb0c, Gordon, Hikou, Chk, Coyau, axx et autres anonymous)

Bonjour mélomane… téléchargeur… pirate… pseudo-criminel…

Si vous êtes en mesure de lire ceci, alors il est plus que probable que vous ayez téléchargé cet album depuis un réseau pair à pair ou un torrent.


Vous vous attendez probablement à ce que le reste de ce message vous dise que vous êtes en train de faire du mal aux musiciens et de contrevenir à plus ou moins toutes les lois en vigueur sur la copie. Ce ne sera pas le cas ici.

Ce que j’aimerais vous dire, c’est que mon label comprend que beaucoup de gens piratent de la musique parce que c’est plus simple que de l’acheter. Les CD se rayent facilement, la plupart des sites de téléchargement avec paiement à l’acte proposent une faible qualité accompagnée de merdiques protections par DRM, et les vinyles sont quasiment impossibles à trouver ou expédier simplement.

Je me demande même souvent pourquoi les gens achètent encore des CD. Certains apprécient le fait d’avoir une vraie pochette physique, d’autres ne se sont pas encore adaptés aux MP3, mais la plupart le font parce qu’ils aiment passionnément la musique et veulent soutenir les artistes qui la font. Ça vous redonne foi en l’humanité l’espace d’un instant, hein  !

Ok donc, on fait quoi maintenant  ?
Vous aimez l’album  ? Vous voulez «  soutenir l’artiste  » sur iTunes  ?
Eh bien, ne le faites pas  !
Alphabasic est en ce moment même en pleine bataille juridique contre Apple parce qu’AUCUN de nos contenus (le catalogue Sublight Records compris) n’a reçu le moindre centime de royalties par rapport au grand nombre de ventes qu’iTunes a généré en utilisant notre contenu.

Vous voulez acheter un CD uniquement pour témoigner de votre soutien  ?
Si vous n’aimez pas particulièrement les CD, ne vous prenez pas la tête.
Les grandes enseignes comme Best Buy et Amazon font tellement monter les prix que leurs parts sont souvent huit fois plus élévées que celle de l’artiste. En plus, la plupart des CD sont fait de plastique non-recyclable et sont de ce fait écologiquement nuisibles.

Si vous aimez vraiment les CD, achetez les directement auprès du label (dans notre cas, alphabasic.com). Après récupération des coûts de production, nos artistes reçoivent habituellement plus de 90 % de l’argent venant de votre portefeuille.
J’ajoute que tous nos produits physiques sont réalisés à partir de matériaux 100 % recyclés.

Vous souhaitez soutenir sans aimer les CD  ?
Allez ici et faites le tour de notre catalogue de téléchargements audio sans perte et sans DRM.
Vous l’avez déjà fait  ?
Alors n’hésitez pas à faire un don du montant de votre choix à votre artiste préféré. Il lui reviendra à 100 %.
Franchement, vous pouvez même donner ne serait-ce qu’un euro pour remercier l’artiste.

Si par exemple vous aimez vraiment «  The FlashbulbSoundtrack To A Vacant Life  » et voulez nous soutenir sans que l’argent s’en aille vers des détaillants et des distributeurs cupides, ou des représentants et intermédiaires cocaïnomanes, alors cliquez sur ce lien.

Si de plus vous voulez bien renseigner votre adresse postale, Alphabasic pourra vous envoyer occasionnellement quelques goodies (surplus de stock, stickers, et même parfois des CD rares ou inédits) en guise de reconnaissance.

Merci d’avoir pris le temps de lire ce message.

Qui sait si mon petit modèle économique permettra de financer de nouveaux albums, mais même l’échec vaut mieux que le système de distribution pourri dont les artistes souffrent depuis plus de cinquante ans.
Nous espérons que vous apprécierez la musique autant que nous l’apprécions en la créant .

Enfin un tout dernier point. Si vous envisagez de partager cette musique, merci de conserver et d’y inclure ce texte. La seule raison de sa présence est de montrer à l’auditeur où et comment il peut soutenir son artiste favori  !

Benn Jordan
PDG d’Alphabasic Records

41 Responses

  1. Fremen10

    Excellente initiative. Je file de ce pas écouter la musique de son label pour voir si j’y trouve de quoi me sustenter …

  2. Pakito

    Et c’est ainsi qu’un jeune blasé, dégoûté du monde contemporain s’accrochant au passé comme un toxico à sa seringue, entrevoit aujourd’hui une lueur d’espoir.

    Merci Monsieur Jordan. Espérons que des gens brillant vous emboîtent le pas.

  3. cm-t

    C’est fou l’actualité, je viens juste de lire la version originale depuis HN en top.
    Merci pour la traduction

  4. batiss

    Est-il vraiment une victime des téléchargements illégaux ? On ne le connaissait pas avant, alors après… Ce n’est pas Lady Gaga qu’il produit !

    Et puis ce n’est pas parce qu’il a mis à disposition un fichier qu’il va être facilement disponible en téléchargement illégal. Y’a sûrement des tonnes de fichiers proposés qui ne seront jamais téléchargés.

  5. qwerty

    Cela fait du bien à entendre. Bravo pour son label, et bonne chance pour qu’il rencontre du succès !

  6. Aucune Importance

    Ok, ok…

    Donc personne n’a vraiment pris le temps d’aller lire le résultat final de cette démarche …
    À part un coups de pub très ponctuel, il lui reste quoi ?

  7. ALex

    putain encore un qui va polluer les bits de l Internet .

    une bonne corvéee de patates au froid glacial en Ukraine ,
    il ferait moins le fier .

  8. SpideR

    « […] et voulez nous soutenir sans que l’argent s’en aille vers des détaillants et des distributeurs cupides, ou des représentants et intermédiaires cocaïnomanes, alors cliquez sur ce lien. » le lien en question pointant sur paypal, j’ai bien ri, jaune, mais j’ai bien ri

    Ça n’empêche pas que ça fait toujours plaisir d’entendre ce point de vue de la part d’une « victime » du piratage

  9. Prout

    Il a quoi d’extraordinaire son message ?

    Juste un mec qui explique que pour se procurer ses albums c’est mieux de les chopper directement chez lui que chez un gros revendeur qui se fait des marges. D’ailleurs, ça l’aura pas empêché de se faire lui même baiser la gueule par Itunes.

    Donc il refourgue son catalogue sur bandcamp à 8€ l’album, comme le font 80% des artistes actuels qui espèrent se faire de la maille.

  10. Captp

    Punaise y’a de ces commentaires… Vous êtes morts en dedans, ou juste inutiles ?

    Ca doit faire trois ans qu’on s’écharpe tous et toutes sur de nouveaux moyens de financer la création. Là, on en a un bel exemple, avec quelqu’un qui prend la peine d’expliquer sa démarche, et tout ce que vous trouvez à dire c’est « coup de pub », « c’est pas une victime »…
    Pour une fois qu’on a des gens qui ne sont pas Trent Reznor (donc pas des monstres suivis par un nombre hallucinant de personnes) qui tentent une façon de faire plus « simple et accessible », ça râle, une fois de plus.
    Là, pas de fioritures, t’aimes l’artiste, tu lui envoies des brouzoufs aussi directement que possible.
    Bandcamp, comme d’autres sites du genre, est là pour la visibilité et la pub, un moyen peu onéreux qui permet de se montrer sans avoir à vendre un rein au marché noir. Faut bien capter le public à un moment.
    Belle initiative à mon sens, il devrait y en avoir plus, rien que pour montrer que les protocoles ne sont que des Outils, et pas des Armes.

  11. gnuzer

    @Captp :

    « Ca doit faire trois ans qu’on s’écharpe tous et toutes sur de nouveaux moyens de financer la création. »

    Non, les nouveaux moyens de financer la création on les connaît, et depuis bien plus que trois ans. L’étape d’après c’est de les faire adopter par les auteurs, sous la condition que la culture doit être partageable (sinon ça n’a pas beaucoup d’intérêt de changer de modèle).
    Si tu vas sur la vitrine bandcamp de l’artiste en question, tu verras la mention « all rights reserved » sous tous ses albums. Ce ne sont pas des albums partageables, juste des albums « low-cost » ou gratuits. Quant au torrent publié par l’artiste lui-même, sa valeur juridique n’est pas claire, IMHO.

    Il y a des milliers d’auteurs qui adoptent des modèles de financement modernes tout en publiant sous licence partageable voir libre, y compris dans le domaine de la musique, mais ils ne sont généralement pas aussi connus et encensés que ceux qui font du populisme pirate rebelz avec des œuvres gratuites et non-partageables.

  12. damiax

    De la musique libre, gratuite et téléchargeable à volonté c’est ici :
    http://damiax.over-blog.com/
    Parce que Je ne fais pas de la musique pour gagner de l’argent et être riche « pécuniairement », je fais de la musique pour m’enrichir artistiquement humainement et émotionnellement …
    Parce que je ne fais pas de la musique avec la peur au ventre qu’on me la vole, je fais de la musique pour la donner et la partager !

  13. foxz

    j’ai fouillé (en diagonal) le site de damiax… rien trouvé…

  14. Glav

    « en téléversant »
    J’ai arrêté de lire.

  15. Marcel

    Et sinon, y’a une bande de gens qui sont visiblement en train de travailler sur une proposition de micro-modèle-outil global pour résoudre la double-question : pourquoi en toute logique le partage (et pas piratage, non merci) des contenus culturels doit être reconnu/légitimé comme pratique positive? et comment proposer de nouveaux modèles pour le financement de la création de culture?

    Ca s’inspire du principe général d’économie du don, et y’a un long manifeste à lire ici (en anglais) : http://amour-discipline.org/infos/m

  16. osef

    @damiax : euh… du WAVE (PCM) sous CC By-NC-SA, c’est libre ça ?

  17. damiax

    @ osef :
    Par « libre », dans mon post, j’entends que ma musique est gratuite, téléchargeable et qu’elle te coûte pas un rond à écouter.
    Je suis musicos et pas informaticien, malheureusement pas du tout spécialiste en matière de logiciels libres et je ne sais que sommairement bidouiller avec mon ordi.
    Après si tu veux me former, m’apprendre et m’installer tout le nécessaire y’a pas de problèmes … Chacun ses spécialités et ses connaissances, les miennes se focalisent sur la musique. L’essentiel pour moi étant d’en faire et de la donner gratuitement.

  18. docteurmathieu

    Je suis prêt à payer quelque chose pour soutenir votre musique, mais dans une monnaie libre un peu spéciale, une sorte d’or ou de cash virtuel : le http://bitcoin.org/ . Transaction sans intermédiaire. Monnaie en plein essor, son cours va augmenter avec le temps.

  19. gnuzer

    @damiax :

    Le libre, c’est quatre libertés en gros :
    – liberté de lire/exécuter
    – liberté d’étudier et d’adapter selon ses besoins
    – liberté de partager
    – liberté de modifier et de partager les modifications
    Pour une définition plus exhaustive : https://fr.wikipedia.org/wiki/Logic
    Pour une définition un peu plus adaptée aux œuvres culturelles : http://freedomdefined.org/Definitio

    Ainsi, les clauses ND et NC de certaines licences Creative Commons sont des clauses non-libres, quoi qu’en dise Lawrence Lessig. Pour les licences Creative Commons, il serait plus juste de parler de licences _partageables_, au sens où elles autorisent le partage non-commercial.

    Au début je voulais te suggérer de dire que ta musique est partageable, puisque celle-ci est disponible sous la licence CC-By-NC-SA, dans le format ouvert WAVE (je ne sais pas trop ce que osef reproche à WAVE, je n’y connais rien moi non plus, ce qui m’intéresse c’est que le format soit accessible à tous).

    Mais je vois que dans ton commentaire tu définis ta musique comme « gratuite, téléchargeable et qu’elle coûte pas un rond à écouter », en répétant que tu cherches à « la donner gratuitement » (tu sembles assez obsédé par cette idée de gratuité visiblement). Ce n’est pas vraiment comme ça qu’on définit la musique libre ou même partageable. Si tu faisais payer les copies qui sont sur ton site, ta musique serait toujours partageable, grâce à la licence. En revanche si tu mettais ta musique sous copyright classique, elle serait gratuite, mais pas partageable. Les notions de gratuité et de liberté de partage sont complètement différentes, avec des philosophies complètement différentes derrière.

    Bien sûr, autoriser le partage sous-entend une certaine gratuité, au sens où si une œuvre est suffisamment populaire, il y aura toujours des gens pour en partager des copies gratuitement. Mais il est important de différencier les deux notions.

  20. osef

    @damiax: gnuzer ayant très bien préparé le terrain, je peux la faire très courte… oui, ta musique serait nettement plus « libre » sous CC By-SA.

    @gnuzer: du point de vue de la nétiquette (certes élaborée pour le courriel à l’époque du tout bas débit) on peut déjà reprocher au « format » WAVE de ne pas être compressé, c’est ballot… ensuite (et c’est peut-être un avis personnel) il me semble que l’amalgame ouvert/libre apporte son lot de confusions : ainsi WAVE et PDF seraient tout aussi « libres » que FLAC et DjVu ?

  21. gnuzer

    @osef :
    Voilà. CC-By ou CC-By-SA si on veut rester dans les Creative Commons. Sinon, la LAL, c’est bien aussi. 😉

    Le WAVE PCM est effectivement moins recommandé que le FLAC, lui aussi sans perte, mais plus compressé. Mais bon : format ouvert, licence partageable : rien n’empêche de réencoder les fichiers en FLAC et de les rediffuser sous cette forme.

    Je crois savoir que la particularité de PDF c’est qu’il est ouvert mais pas libre : les specs sont publiques et tout le monde peut les implémenter, en revanche seul Adobe a le droit de faire évoluer le format (dis-moi si je me trompe). La situation est-elle la même pour WAVE ?

  22. damiax

    @gnuzer et @osef :
    Merci pour vos messages/réponses qui, même si elles me semblent parfois très obscures (termes techniques et jargon du microcosme informatique) font plaisir à lire 😉
    Encore une fois, et au risque de me répéter, ma démarche est avant tout musicale et en opposition au « music-bizness ».
    Probablement que mon utilisation du terme « libre » ne correspond pas au canon en vigueur dans le milieu informatique. En effet pour moi « libre » serait plutôt la traduction direct du terme « free » utilisé et mis en pratique notamment par les « diggers » à San Francisco dans les années 60 …
    Oui je suis obsédé par la gratuité, oui je vomi ce système où tout doit se vendre et s’acheter et où « l’argent » se place de fait au centre de tout.
    Oui ma démarche est « philosophique et politique » à ma petite échelle et dans la mesure de mes moyens, avec toutes les contradictions que ça implique et ce, même au delà des formats/logiciels libres ou pas (ja paye mon abonnement internet, j’ai acheté mon ordi, mes micros, mes instruments …).
    C’est une démarche personnelle, sur le long terme, une sorte de « mise en harmonie » avec mes opinions qui se fait dans le temps, sur un temps long. Et oui ces histoires de libres/pas libres plaqués sur le domaine informatique (logiciels, matos, formats) m’intéressent fortement.
    Mais pour l’instant le manque de temps, de connaissance et de pratique font que je me focalise sur ce que je sais faire et sur l’essentiel à mes yeux : Faire de la musique (parce que c’est vital pour moi) et la « donner » aux gens !
    Le reste viendra petit à petit, avec le temps, les rencontres, les apprentissages … et les discussions via « post » interposés ^^

  23. Equilibre

    @ gnuzer et osef : Merci de ne pas dicter vos choix à damiax, il doit, à mon avis être libre de choisir la licence et/ou la méthode de diffusion la plus appropriée à ses créations, je respecte parfaitement son choix tout comme je diffuse mes photos sous CC-By-NC-SA (Citer l’auteur, Pas d’utilisation commerciale, Toujours partageable sans restriction [‘tite info pour diamax]).

    Le logiciel libre et les œuvres libres ne sont pas identiques, le logiciel c’est un outil, les œuvres ne le sont pas, je vous laisse regarder ceci, tout droit sorti de l’autorisation commerciale de l’encyclopédie :

    http://wikipedia.orange.fr/wiki/Wik

    Je comprends parfaitement toute personne présente dans le domaine de la création de ne pas vouloir voir ses œuvres entourées de publicité, qui plus est si le créateur ne gagne rien.

    Après il y a la question de la limite de la clause non commerciale, si l’auteur autorise les dons qu’engrangeraient d’autres sites qui partagent sa musique pour financer les serveurs, c’est un détail qu’il faudrait afficher clairement dans une licence à mon avis.

    @ diamax : Choisis selon ton envie, pas selon les pseudo-préceptes du libre, ce sont tes créations, si tu as des questions vis à vis des licences libres et ouvertes, tu peux te référer chez Dogmazic de l’association Musique Libre !, il y a quelques pointures qui peuvent t’aider et t’orienter si tu en as besoin.
    http://www.dogmazic.net/

    Ah et j’ai téléchargé un mix depuis ton blog, ça passe bien, bon boulot ! 😉

  24. gnuzer

    @Equilibre :

    « Merci de ne pas dicter vos choix à damiax […] »

    Merci de ne pas nous faire dire ce qu’on n’a pas dit : à aucun moment on n’a dit à damiax qu’il devait mettre sa musique sous licence libre, on n’a fait que lui rappeler que les licences *-NC et *-ND ne sont pas libres.
    Je ne suis pas un ayatollah du libre, je respecte le choix des licences : ce que je veux, c’est juste qu’on arrête d’appeler un chat un chien.

  25. Equilibre

    Je cite :
    «« @damiax: gnuzer ayant très bien préparé le terrain, je peux la faire très courte… oui, ta musique serait nettement plus « libre » sous CC By-SA. »»
    «« @osef :
    Voilà. CC-By ou CC-By-SA si on veut rester dans les Creative Commons. Sinon, la LAL, c’est bien aussi. 😉 »»
    Tu ne l’a pas dis, tu l’as fortement sous-entendu, en disant que les licences NC/ND sont moins bien.

    Et les *-NC / *-ND sont des licences ouvertes, pas libre certes mais ouvertes, ça offre tout de même une grande liberté d’utilisation, et rien n’empêche de contacter l’auteur pour lui demander si on veut lever certaines clauses pour un remix.

  26. gnuzer

    @Equilibre :

    « « @osef :
    Voilà. CC-By ou CC-By-SA si on veut rester dans les Creative Commons. Sinon, la LAL, c’est bien aussi. 😉 »
    Tu ne l’a pas dis, tu l’as fortement sous-entendu, en disant que les licences NC/ND sont moins bien. »

    Non. C’était à osef que je m’adressais. J’aime bien rappeler régulièrement l’existence de la LAL parce que j’en ai un peu marre de cette tendance à l’amalgame « licence libre pour la culture » = « Creative Commons ». C’est un peu comme l’amalgame « OS libre » = « GNU/Linux », ça me fait bondir.
    Désolé que tu l’ais compris autrement.

    « Et les *-NC / *-ND sont des licences ouvertes, pas libre certes mais ouvertes, ça offre tout de même une grande liberté d’utilisation, et rien n’empêche de contacter l’auteur pour lui demander si on veut lever certaines clauses pour un remix. »

    Je ne dis pas le contraire.

    « Le logiciel libre et les œuvres libres ne sont pas identiques, le logiciel c’est un outil, les œuvres ne le sont pas, je vous laisse regarder ceci, tout droit sorti de l’autorisation commerciale de l’encyclopédie :

    http://wikipedia.orange.fr/wiki/Wik…« 

    Je ne sais pas si c’est la licence choisie par Wikipedia que tu critiques en disant ça mais si c’est le cas tu te contredis peut-être un peu : une encyclopédie est un outil, suivant ton raisonnement il est normal qu’elle soit aussi libre qu’un logiciel.

    Wikipedia est toujours libre, malgré le site affreux d’Orange, et toujours en vie. Peut-être même que Wikipedia se trouve renforcée en étant accessible à un public plus large (tu ne vas pas me dire que les pigeons qui préfèrent consulter un site lourdingue plein de pubs au vrai Wikipedia sont des lecteurs assidus de l’encyclopédie…).
    Wikipedia vit des contributions de ses utilisateurs, et c’est pour ça qu’elle ne mourra pas. Et c’est aussi pour ça qu’il est impératif qu’elle n’ait pas de clause NC : ce serait un manque de respect énorme si on te demandait de contribuer à un travail et que tu ne puisses pas tirer profit du fruit de ce travail. Wikipedia est un travail collaboratif : on demande à la communauté de fournir un effort, en échange, on doit lui donner les quatre libertés, c’est une nécessité morale.

    Et c’est très bien : avoir le droit de faire un usage commercial de Wikipedia, c’est notamment avoir le droit de vendre des copies physiques, dans des pays où l’accès à Internet n’est pas courant, par exemple. C’est avoir le droit de monter des miroirs et de demander des dons pour les financer, c’est aussi avoir le droit de concevoir et de vendre des trucs comme ça : https://fr.wikipedia.org/wiki/WikiR

    C’est marrant, quand on cause de la légitimité de la clause NC, on a toujours des gens pour nous donner l’exemple de wikipedia.orange.fr, mais jamais de WikiReader. On évoque toujours les conséquences négatives, jamais les conséquences positives. Pourtant toutes les libertés ont des conséquences négatives et des conséquences positives : GNU/Linux, ça permet de faire Debian et Fedora comme ça permet de faire TiVo et le Kindle. Tu peux parfaitement prendre un logiciel libre, mettre du code malveillant dedans et le vendre très très très cher, tout comme tu peux simplement le corriger et l’améliorer sans but lucratif.

    Pour revenir au site infâme d’Orange, y a deux possibilités : soit ça marche, ils gagnent plein d’argent avec, et dans ce cas tant mieux : ça veut dire qu’ils ont réussi à trouver un modèle économique qui fonctionne sur le libre, après tout on a tous le droit d’en faire autant, soit ça marche pas, et dans ce cas tant mieux aussi : ça veut dire que les quelques ignorants qui sont venus sur ce site ont vu le petit « CC-By-SA » en bas, ont cliqué dessus et se sont dit « Tiens, mais si on a le droit de le partager, il doit bien y avoir une version sans pub quelque part sur le net », et la loi de la concurrence a joué.
    Ceci dit je reconnais qu’utiliser une licence à copyleft fort plutôt qu’une licence à copyleft faible serait encore mieux : avec une licence à copyleft fort, Orange aurait dû mettre l’intégralité de son site sous licence libre (même les pubs !) et ça aurait soit été grandement dissuasif, soit été la naissance des toutes premières publicités sous licence libre !

    (Note que je justifie ici l’utilisation d’une licence libre pour les œuvres collaboratives, comme Wikipedia. Bien sûr si tu es seul dans la création de ton œuvre, les arguments anti-NC déployés ci-dessus ne s’appliquent pas.)

    « Après il y a la question de la limite de la clause non commerciale, si l’auteur autorise les dons qu’engrangeraient d’autres sites qui partagent sa musique pour financer les serveurs, c’est un détail qu’il faudrait afficher clairement dans une licence à mon avis. »

    Le problème avec la clause NC, c’est qu’elle est indéfinissable. Même les juristes de Creative Commons n’en cernent pas les limites avec précision.
    Mais si tu en as le courage tu peux écrire ta propre licence (ou « patcher » une Creative Commons, il y a des auteurs qui le font) pour lever certaines ambiguïtés.

    « @ diamax : Choisis selon ton envie, pas selon les pseudo-préceptes du libre, ce sont tes créations, si tu as des questions vis à vis des licences libres et ouvertes, tu peux te référer chez Dogmazic de l’association Musique Libre !, il y a quelques pointures qui peuvent t’aider et t’orienter si tu en as besoin.
    http://www.dogmazic.net/« 

    Je plussoie les associations dont tu fais mention. Je tiens a préciser cependant un truc : Richard Stallman, le fondateur du logiciel libre, n’est pas d’avis que toutes les œuvres culturelles doivent être libres. Il est d’avis que celles-ci doivent être partageables et remixables non-commercialement, au moins. Mais une chose est sûre : il n’a jamais dit que les licences *-NC et *-ND étaient libres.

    il y a différents sous-courants dans le libre, et tous les libristes ne sont pas d’accord sur les libertés que doivent accorder les œuvres culturelles. Par contre tous sont à peu près d’accord sur le fait qu’on ne se comprend pas si on n’est pas rigoureux au niveau du vocabulaire.

  27. Equilibre

    L’exemple de Wikipédia by Orange était mauvais certes, j’en ai d’autres, mais je trouve dommage que les libristes du logiciel poussent à l’utilisation de licence full libre, alors que des licences non commerciales vont très bien et nous permettent sans problème d’échanger les oeuvres dans un cadre privé.

  28. gnuzer

    @Equilibre :

    Ben, dans la théorie, oui, mais dans la pratique, je vois un inconvénient majeur, c’est l’incompatibilité des licences. Mettons que tu aies des images sous CC-BY-SA et une musique sous CC-BY-NC-SA, et que tu veuilles faire un diaporama avec : l’auteur de la musique voudra que tu mettes ton diaporama sous CC-BY-NC-SA, l’auteur des images voudra que tu le mettes sous CC-BY-SA. Du coup on se retrouve avec deux « camps » dans le monde des auteurs favorables au partage : celui qui veut que la culture soit libre, et celui qui veut que la culture soit partageable-modifiable non-commercialement.
    Ça repose sur une différence de philosophie : il y a ceux qui pensent que le culture doit être libre, et ceux qui pensent que la culture doit rester hors marché. C’est pas la fin du monde, ok, mais il faut reconnaître que c’est assez problématique.

  29. forum php

    On se demande vraiment qui profite de qui. Il est vrai qu’un artiste a besoin d’argent pour vivre mais dans les temps anciens les artistes ne faisaient leur travail que par amour de l’art ne vendait rien sauf pour vivre. En clair, ces artistes vivaient pour l’art mais non pour l’argent

  30. Yapas

    @damiax:
    Si la musique que tu fais est ta seule activité comment tu fais pour vivre ? via les allocations de chômage ? chez papa maman ? Les musiciens créatifs ne veulent pas nécessairement un moyen de s’enrichir à outrance mais ils aimeraient (sur)vivre grâce à leur musique et si possible nourrir aussi leur famille. Evidement, tu pourras répliquer qu’ils n’ont qu’à choisir alors un autre « métier » ou ne pas fonder de famille.
    @forum php:
    Tu dis que les artistes dans les temps anciens ne vendaient rien sauf pour vivre … on n’en demande pas plus. La gratuité n’est une solution que si elle s’applique à tout ce qui est nécessaire à tous pour vivre et pas seulement aux biens culturels ! Ou alors vous organisez un système qui donne aux artistes l’accès à une vie décente en échange de leur travail. C’est pas demain la veille…
    Aujourd’hui comme dans « les temps anciens » de nombreux artistes font leur travail pour l’amour de l’art et pas pour s’enrichir mais, notons aussi que « dans les temps anciens » les artistes étaient soutenus par des mécènes ou par les classes dirigeantes au pouvoir … c’était pas beaucoup mieux.
    Personnellement je préfère un système qui se rapproche de la proposition faite par ce Ben Jordan. Même si ce n’est pas parfait c’est pas trop mal tenant compte du fait que nous vivons encore (pour longtemps ?) dans un monde (uniquement/purement ?) capitaliste …

  31. gnuzer

    @Yapas :

    « Ou alors vous organisez un système qui donne aux artistes l’accès à une vie décente en échange de leur travail. C’est pas demain la veille… »

    En tout cas c’est essentiel. Si on considère que le but de l’économie c’est d’atteindre des situations d’abondance afin de satisfaire au mieux les besoins de chacun, alors nous sommes ici, dans le cas des œuvres immatérielles, dans une situation d’abondance. Pas besoin de force de travail supplémentaire pour créer une nouvelle copie, chaque nouvelle copie a un coût marginal nul.
    Problème : les auteurs qui ont travaillé dur pour créer l’original ne gagnent pas d’argent par la vente de copies. En fait c’est le problème de tout progrès technologique : remplacez les hommes par des machines qui font beaucoup plus pour beaucoup moins cher, et plein de gens se retrouvent au chômage.

    Actuellement la solution proposée c’est de recréer une rareté artificielle par différents moyens (copyright, DRM…). Mais c’est absurde : pour que tout le monde ait un revenu et puisse satisfaire ses besoins, on se retrouve à lutter contre l’abondance !

    Une solution non absurde serait la mise en place d’un dividende universel. En revoyant la façon dont est créée la monnaie, on allouerait aux citoyens un revenu de base qui correspondrait à ce que l’humanité est capable de produire grâce au progrès technologique.

    rom1v en parle mieux que moi :
    http://blog.rom1v.com/2010/08/pirat
    http://blog.rom1v.com/2011/02/divid
    http://blog.rom1v.com/2011/06/labon

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    « Aujourd’hui comme dans « les temps anciens » de nombreux artistes font leur travail pour l’amour de l’art et pas pour s’enrichir mais, notons aussi que « dans les temps anciens » les artistes étaient soutenus par des mécènes ou par les classes dirigeantes au pouvoir … c’était pas beaucoup mieux. »

    J’ai de gros doutes sur ce genre d’affirmations. En effet, quand on parle de la culture des « temps anciens » (en admettant qu’on désigne par là les époques Moyen Âge-Renaissance-Époque Moderne), on pense tout de suite aux grands noms de la littérature, de la peinture, du théâtre, de la musique… qui vivaient dans les cours des Rois d’Europe et qui ont marqué l’histoire de l’art. Cependant ceux qui profitaient de ces œuvres étaient essentiellement des nobles et des bourgeois, des personnes instruites, citadines, et d’un certain niveau social. 90% de la population était roturière, 80% de la population était paysanne. Or, la culture, par définition, c’est un ensemble de références partagées par la population. Et ce qui constituait la culture de 80% de la population à ces époques-là, c’étaient les chansons traditionnelles, les histoires racontées au coin du feu par les conteurs de village, les pièces des troupes de théâtre ambulantes…certainement pas les œuvres de Michel-Ange ou de Léonard de Vinci ! Ce qui était financé par les riches mécènes restait essentiellement cantonné à la population des châteaux et à la bourgeoisie des grandes villes.
    La culture, à l’époque, était créée par le peuple, pour le peuple, partagée au sein du peuple. Le reste, ce n’était que la culture d’une minorité noble/bourgeoise de la population.
    (On notera par ailleurs que ce n’est qu’à partir du moment où la population a commencé à s’embourgeoiser un peu plus, et que les œuvres sont devenues accessibles à un plus grand monde, via des canaux de diffusion centralisés, que sont apparus le droit d’auteur et le copyright.)

    Aujourd’hui on est en fait revenu en arrière, avec une culture constituée d’œuvres très largement diffusées via des médias de masse, centralisés, et créée avec le support de mécènes très puissants (MAFIAA et Cie) qui diffèrent de ceux d’autrefois par le fait qu’ils ont le contrôle sur une culture qui touche toute la population, et pas seulement une petite partie.
    L’échange illégal d’œuvres par P2P est justement le choc présupposant le retour naturel à l’équilibre culturel dont la population a besoin. Ce choc se traduit par le la guerre menée par la MAFIAA contre la population qui partage les œuvres qui ont été promues via les médias de masse.

    Le véritable retour a l’équilibre aura lieu lorsque la culture sera de nouveau faite par le peuple, pour le peuple, sans passer par les modes de diffusion centralisés. C’est pour cela qu’il est essentiel de promouvoir la culture libre : pour créer une alternative à la culture de masse qu’on nous martèle à coup de spots et de pubs, et pour montrer aux mécènes qu’on peut se passer d’eux pour construire quelque chose.

  32. damiax

    @yapas
    Comment je fais pour manger et dormir au sec ?
    Je suis malheureusement obligé d’aller bosser comme un con pour péniblement payer un toit et de la bouffe à mon gamin et moi.
    Pourtant je mange pas d’argent et je dors pas sous des billets de banque …

  33. minuit10

    Hébé, moi je dis bravo a cet Artiste (et à ceux qui partagent son opinion) qui nous fait l’honneur de nous faire entendre sans « grincer » ses oeuvres, bref chapeau l’ami. Cela déculpabilise quelque peu ceux qui veulent accéder à la culture. Après tout, une peinture est téléchargeable. C’est pour moi la différence entre une vrai peinture et une photo de cette peinture => et => écouter un artiste sur mp3 ou le voir sur sceine…
    L’artiste doit travailler aussi, (b’in ouais, pas échapper à la règle sous prétexte de génie:-) et c’est sur sceine que le bonhomme bosse. C’est son lot à lui d’y aller coute que coute, trac ou pas, bobo ou pas bobo « Rock n Roll », en avant !
    C’est là que l’on paye l’entrée si on aime et ça je trouve ça juste.
    J’aime pas les intermédiaires crapuleux (même si ils sont malins) qui prennent l’oseil et n’ en donne que très peu au 1er de la liste. (Idem pour les patates, les haricots….C’est pas une question de « produit »)
    Du coup je peux dire que j’ai été musicien aussi et qu’a l’époque on voulait se faire entendre ! Malheureusement en ces temps reculés il n’y avait que ces K7 (cassettes) dont la bande finissait impitoyablement enroulée autour de la poulie en caoutchouc ! Les radios pirates étaien devenues « libres » et poluaient l’espace musical sur les ondes en obligeant l’artiste à s’exprimer en 3 mn 30 sec grace à coup de « tubes » sans originalité.
    Bref on se déplacaient tout de même dans ces radios avec l’espoir de se faire diffuser et les dites k7 se stockaient pour toujours au fond d’un tirroir poussièreux .: – (
    Alors si vous m’avez lu jusque là : – ) vous comprendrez que pour moi le partage et les nouvelles technologies sont des perles de diament et que peu importe le support actuel, il y a enfin un moyen de s’exprimer et de se faire entendre.
    Alors encore une fois, vive la scène, le CD a prix coûtant et le téléchargement, (voir p2p 🙂
    les artiste qui ont la foi comme j’ai pu l’avoir, la vrai envie de partager ses oeuvre et recevoir des avis par courriel.
    Ah j’oubliais le « sinistre » (Alex?) qui parlait de « patates au froid glacial en Ukraine » genre de réflexion que même mon arrière-arrière grand père n’aurait pas osé exprimer dans le cas présent, LoL…
    Ah ça fait pas d’mal de s’exprimer un peu.
    Merci aussi à l’auteur de ce blog qui du coup m’a fait passer un agréable moment!
    Bonne route a vous tous et que 2013 vous soit le plus positif possible
    Bye
    Minuit10