Stop Watching Us, une pétition soutenue par Mozilla suite à l’affaire Prism

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Mozilla a lancé hier la pétition Stop Watching Us suite à la retentissante affaire de la collecte de données privées d’internautes par le renseignement américain.

Nous en avons traduit la lettre adressée au Congrès qui apparaît en accueil de l’initiative.

Il va sans dire que cela nous concerne tous et pas seulement les Américains (à fortiori si vous avez déjà laissé des traces chez Google, Facebook, Twitter, Apple, Amazon, etc.)

Digital cat - CC by

Arrêtez de nous regarder

Stop Watching Us

Mozilla – 11 juin 2013
(Traduction  : Mowee, Cyb, MFolschette + anonymes)

Les révélations sur l’appareil de surveillance de la National Security Agency, si avérées, représentent un abus stupéfiant de nos droits fondamentaux. Nous réclamons que le Congrès américain révèle l’étendue des programmes d’espionnage de la NSA.

Chers membres du Congrès,

Nous vous écrivons pour exprimer notre préoccupation à propos des rapports récemment publiés dans le Guardian et le Washington Post, et reconnus par l’administration Obama, qui révèlent l’espionnage secret par la NSA d’enregistrements téléphoniques et de l’activité sur Internet du peuple des États-Unis.

Le Washington Post et le Guardian ont récemment publié des rapports basés sur les informations fournies par un agent du renseignement, montrant comment la NSA et le FBI peuvent aisément accéder aux données collectées par neuf des principales sociétés américaines de l’Internet et partager ces données avec les gouvernements étrangers. Le rapport mentionne l’extraction par le gouvernement américain de données audio, vidéo, de photos, de courriels, de documents et d’historiques de connexion permettant aux analystes de suivre les mouvements et contacts des personnes au cours du temps. Il en résulte que les contenus des communications des personnes aussi bien résidant aux États-Unis qu’étrangères peuvent être parcourus sans aucune suspicion de crime ou d’association avec une organisation terroriste.

Ces rapports, également publiés par le Guardian et avérés par l’administration, révèlent que la NSA tire abusivement profit d’une section controversée du Patriot Act pour collecter les enregistrements d’appels de millions d’utilisateurs de Verizon. Les données collectées par la NSA incluent chaque appel, l’heure à laquelle il a été effectué, sa durée, et d’autres «  informations d’identification  » pour ces millions d’utilisateurs de Verizon, et ce pour l’ensemble des appels internes aux États-Unis, que les utilisateurs soient ou non suspectés de crime. Le Wall Street Journal rapporte que certains des principaux fournisseurs d’accès à Internet comme AT&T ou Sprint, sont sujets à de tels agissements secrets.

Ce type de collecte généralisée de données par le gouvernement est en contradiction avec le fondement des valeurs américaines de liberté et de vie privée. Cette surveillance massive viole le Premier et le Quatrième Amendement de la Constitution des États-Unis, laquelle protège le droit de parole des citoyens et leur anonymat et prémunit contre les perquisitions et saisies afin de protéger leur droit à la vie privée.

Nous appelons le Congrès à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à cette surveillance et fournir publiquement toutes les données collectées par le programme de la NSA et du FBI. Nous appelons donc le Congrès à immédiatement et publiquement  :

  1. Réformer la section 215 du Patriot Act, le privilège du secret d’état ainsi que les amendements de la loi FISA. L’objectif est de bien faire comprendre que la surveillance de l’activité sur Internet ainsi que l’enregistrement de toutes les conversations téléphoniques de toute personne résidant au sein des États-Unis sont interdits par la loi et constituent des violations pouvant être jugées par des autorités compétentes tel qu’un tribunal public.
  2. Mettre en place une commission spéciale qui, après investigation, publiera de façon publique l’étendue de cet espionnage domestique. Cette commission devrait de plus recommander des réformes juridiques et règlementaires spécifiques afin de mettre un terme à cette surveillance inconstitutionnelle.
  3. Demander des comptes aux principaux fonctionnaires responsables de cette surveillance.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce sujet.

Cordialement,

Crédit photo  : Digital Cat (Creative Commons By)

11 Responses

  1. bobo38

    Merci pour l’info ! C’est signé, c’est vrai que c’est grave ce qu’ils trafiquent avec leur méthodes. Déjà que c’est craignos d’être fiché chez Google, Facebook, Amazon, Tweeter, Skype… etc… si en plus ça agrège toutes les infos chez la NSA et que ça fait les liens avec des personnes non inscrites à ces services et leur identité/adresse réelle, là ça commence à sentir vraiment le moisi.

    « Big Brother » qu’il disait.

    Ça donne envie de se remettre à l’auto-hébergement, ou de faire dans le tout crypté à la Freenet (http://fr.wikipedia.org/wiki/Freene…). Vivement que les freedombox envoient du steack (http://fr.wikipedia.org/wiki/Freedo…), qu’il y ait une alternative forte, P2P et basée sur les fondements d’internet, pour se débarrasser de tous ces services centralisés qui sont une bombe à retardement !

  2. Marie-Odile

    Oh ben c’est ballot ça !
    Sur mon lieu de travail la direction a obligé tous les membres de la communauté à se servir de google machin après avoir créé à chacun une adresse électronique……
    J’étais la seule a émettre des réticences, il y avait d’autres solutions moins bling bling et comme dit RMS on ne contrôle que les serveurs sur lesquels on a la main…….. mais la réponse a été cinglante « Chère madame, il faut vivre avec son temps !  Le cloud c’est l’avenir ! »

    « Et Satan conduit le bal » Faust de Gounod……..

  3. aKa

    @Marie-Odile : Tu as raison d’être sarcastique 😉

    Ceci étant dit, que propose-t-on aux établissements scolaires de similaire ? Les ENT, made in collectivités locales, libres ou pas, s’annoncent déjà comme un échec semblable au B2i.

  4. Marie-Odile

    SLIS, Serveur Linux Internet Scolaire, avec son LCS, Linux Communication serveur, développé par ac Grenoble, avec quand c’est nécessaire un Frama……. au choix !
    Ce serveur est dans les murs et géré localement.
    Mon seul défaut dans cette affaire : avoir été une femme !
    Sans rancune

  5. Grouik

    Nous savons tous que ça ne protège pas du « terrorisme », de l’ennemi intérieur et autres pétages de plomb d’ado armés qui peuvent faire bien plus de dégâts à la longue. Qu’il n’y a pas assez de terroristes sur terre pour remplir autant de zébioctet avec le contenu de leur vie.

    Mais alors, tout ce « big data », il sert à quoi exactement ? A stocker dans la cave et le grenier comme le fait ma grand-mère en marmonnant : « ça peut servir… plus tard » ? Cela renforce bien la sentence : le problème n’est pas ce qu’on l’on a à se reprocher à présent mais bien ce que ces détenteurs feront avec n’importe quel dataminig pour étayer n’importe quelle modèle : que pourra-t-on un jour nous reprocher ? Que ce soit son manque de citoyenneté à consommer national, d’avoir sympathisé avec un membre d’une future nation ennemie, d’avoir consommé et peut-être encore en stock un produit qui devient prohibé car entrant dans la composition d’une nouvelle arme (si je commande une reprap, ça compte ?)…

    Par contre, je ne comprends absolument pas cette phrase, vers la fin : « et fournir publiquement toutes les données collectées par le programme de la NSA et du FBI. « 
    Est-ce une mauvaise traduction ou bien les champions de la vie privée se tirent une balle dans le pied ?

    Heureusement pour moi, à part le moteur de googull, le reste m’est inconnu. Et pourtant, je risque d’être le plus suspect des individus – comme quoi, de toute façon, on est tous soupçonnés, tous coupables, tous surveillés, tous foutus :-).

  6. Internet notre ennemi

    Quant on sait que Firefox utilise des services Google pour fonctionner (moteur de recherche, liste anti site dangereux), ça fait doucement rigoler.

    Tiens, ça me fait penser à nos geeks tout émus de PRISM et qui ne cesse de faire la promotion de Google depuis 10 ans.

    Bande de cocus !

  7. Grouik

    « Quant on sait que Firefox utilise des services Google pour fonctionner (moteur de recherche, liste anti site dangereux), ça fait doucement rigoler. »
    Par défaut ! Par défaut… firefox, ou iceweasel pour les barbes naissantes comme moi, permet de changer le moteur de recherche et de modifier l’adresse de recherche anti-phishing.
    Rien de drôle je trouve, car en fait, c’est un reflet de nos sociétés, une chose qui concerne une grosse partie de la population active : obligé de se prostituer à une firme pour gagner sa pitance.

  8. Incontinentia Buttocks

    Autant je suis contre la surveillance dans certains domaines, autant je trouve que la sécurité est nécessaire. Je préfère que la NSA regarde les vidéos que mon chat upload sur son compte facebook et empêche un attentat, plutôt que de devoir aller expliquer aux familles des victimes que non, je préfère que leurs proches crèvent plutôt que la NSA ait accès aux vidéos tournées par mon chat. Et vous ?

  9. Grouik

    Et nous ?
    Et moi…
    Si la sécurité (et de quelle type de sécurité parlons-nous ?) est « nécessaire », elle sera toujours au détriment de la liberté. Une personne physique ou morale ne peut accroître ou préserver des libertés en interdisant des usages, quel que soit le prétexte, qu’il soit pour le bien d’autrui ou pour son propre bien.
    Comme l’amour, la sécurité est devenu un marché comme un autre, après n’être qu’un sentiment. Il est donc tout à fait normal que des personnes commerçants dans ce marché poussent le plus de monde à troquer un peu de « liberté » pour quelques débouchés avec les réclames/les propagandes qui vont avec… là où je n’arrive plus à suivre, c’est que dans un état de droit où la présomption d’innocence prévaut encore [un peu ?], c’est que des personnes croient encore que le criminel est automatiquement arrêté avant qu’il fasse sa grosse crasse. Hé bien non ! Une personne ne sera arrêtée, jugée et condamnée que sur des actes commis et des preuves tangibles, non sur des affiliations avec telle ou telle mouvance et d’autre présuppositions. Si ce n’est plus le cas, alors nos démocraties sont sérieusement sapées.

  10. Ginko

    Réponse au troll 🙂

    Et moi ?

    Qu’une entité, quelle qu’elle soit construise une base de données géante sur de nombreux aspects de la vie d’un nombre substantiel de gens. Qu’une base de donnée anonyme ou pseudonyme existe sur les habitudes sexuelles de 300 000 personnes, j’en ai franchement rien à foutre. Qu’une base de données nominative existe sur l’origine ethnique, la couleur de peau, les habitudes de consommation en biens matériels et culturels de centaines de millions de personnes, et pire sur qui communique avec qui sur quel sujet, là ça m’emmerde car ça ne signifie ni plus ni moins, pour le possesseur de cette base que le pouvoir de comprendre et prédire les intentions des uns et des autres et de les manipuler très finement.

    Et la où ça me fait vraiment chier, c’est qu’à partir où un tel objet existe, il peut être copié et utilisé par d’autres personnes que ceux à qui il était destiné : quand bien même j’aurais confiance en la NSA (ce qui n’est évidemment pas le cas, vu que je ne suis même pas américain), j’ai encore moins confiance en les organisations mafieuses ou les autres états qui pourraient mettre la main sur ces données aujourd’hui et évidemment à plus forte raison demain…

    Comme le dit @Grouik, a priori,
    1) on est encore dans une société de la présomption d’innocence, pas dans Minority Report,
    2) avec la masse de données à traiter, y’a toutes les chances que les mecs qui veulent tout faire péter le fassent. De plus, quid des faux-positifs ?

    Nan sérieusement, l’argument sécuritaire n’est rien d’autre qu’un argument rhétorique (comme celui de la pédopornographie). On est pas dans le rationnel mais dans l’émotionnel, la peur. On veut nous faire croire que le jeu en vaut la chandelle. Voyez comme Obama minimise l’intrusion que PRISM représente dans la vie privée, alors que s’il avait nié en bloc, cela aurait signifié qu’ils étaient en faute, pris la main dans le sac. Ici on nous dit : « Ok ok, vous nous avez démasqué… mais c’est pas si grave hein, et puis, c’est pour votre bien ! ».

    Quand à l’argument « si on a rien à cacher, on n’a rien à craindre de la surveillance » ah ah ah, plus rhétorique que ça tu meurs. Comme si la morale et les valeurs étaient absolus… le « rien à cacher » est évidemment relatif : aujourd’hui dans un certain nombre de pays on peut s’afficher homosexuel, féministe ou militant pour les droits de l’Homme. Mais c’est évidemment quelque chose à cacher dans bien d’autres pays… et ici, dans certains futurs probables…