Que reste-t-il de l’Internet que nous aimons ?

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David Rovics[1] est un chanteur et compositeur américain engagé dans la tradition des Bob Dylan et Pete Seeger, il n’est pas avare de protest-songs, s’attaquant par exemple à la mondialisation, aux interventions militaires des États-Unis, aux multinationales… Il soutient divers mouvements contestataires comme Occupy Wall Street et bien d’autres. Il met son abondante discographie en libre téléchargement et déclare :

N’hésitez pas à télécharger ces chansons gratuitement. Faites-en l’usage que vous voulez. Envoyez-les à des amis, vous pouvez les graver, les copier, les passer à la radio, sur Internet, n’importe où. La musique est un bien commun. Ignorez les entreprises compères de l’industrie de la musique qui vous disent le contraire. Télécharger de musique n’est pas du vol, vous ne faites de mal à personne, je vous assure.

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Mais aujourd’hui ce n’est pas de lutte politique ni de création libre qu’il nous parle. Né en 1967, il est assez âgé pour avoir vu se succéder les phases rapides du développement d’Internet et de la manière dont la communication entre les internautes en a été facilitée ou affectée.
C’est donc un peu sur l’air de « c’était mieux avant » qu’il fait part de ses inquiétudes. Bien sûr cela peut faire sourire et il en est bien conscient. Essayons toutefois d’envisager le regard rétrospectif auquel il nous invite comme un moyen d’éclairer ce qui en en train de se produire ici et maintenant : que deviennent les collectifs de médias indépendants, les réseaux développés si facilement il y a peu avec les listes de diffusion et quelle place reste-t-il aux producteurs de contenus à l’heure où chacun est invité à déverser sur sa page Facebook une notable quantité d’importance nulle ?
À l’heure où les blogueurs francophones indépendants se raréfient ou jettent l’éponge, où les activistes du libertés numériques doivent appeler au secours pour que leur structure soit financièrement viable, faut-il se résigner à un délitement progressif des espaces fabuleux de liberté que nous offrait Internet il y a quelques années à peine ?
Il n’est pas impossible que les braises encore vives rallument la flamme. Partout des îlots de résistance aux GAFAM existent et se fédèrent parfois en archipels. À notre modeste échelle par exemple, nous avons contribué avec le beau succès de Framasphère à un regain d’intérêt pour Diaspora* comme réseau alternatif. Le tissu associatif des libristes est aujourd’hui dense, multiforme, et croise souvent la trajectoire de nombreux réseaux militants : qui sait si n’émergera pas une phase nouvelle où les Facebook et autres Twitter seront aussi has been que le sont devenus les Skyblogs[2] et autres Caramail ?

Comment Facebook a tué Internet

L’arme du crime : 10 milliards de mises à jour de nos statuts

Par DAVID ROVICS
Article original paru dans le magazine Counterpunch How Facebook Killed the Internet
Traduction Framalang : KoS, simon, goofy, Bussy, r0u

Facebook a tué l’Internet, et je suis tout à fait sûr que la grande majorité des gens ne l’ont même pas remarqué.

Je vois d’ici la tête que vous faites, vous tous, et je devine vos pensées…
— Encore un qui se plaint de Facebook. Oui je sais que c’est une énorme entreprise tentaculaire, mais c’est la plateforme que nous utilisons tous.
— C’est comme se plaindre de Starbucks. Après tout, les cafés indépendants ont été chassés de la ville et vous êtes encore accro à l’expresso, qu’est-ce qu’on peut y faire ?
— Comment ça « tué » ? Qu’est-ce qui a été tué ?

Je vais essayer de vous l’expliquer. Pour commencer je précise que je ne sais pas quelle est la solution. Mais je pense que toute solution doit commencer par identifier clairement la nature du problème.

Tout d’abord, Facebook a tué l’Internet, mais si ce n’était pas Facebook, ç’aurait été autre chose. L’évolution des réseaux sociaux était probablement aussi inévitable que le développement des téléphones cellulaires qui peuvent surfer sur Internet. C’était une évolution naturelle pour Internet.

Voilà pourquoi c’est aussi particulièrement inquiétant. Parce que la solution n’est pas Znet ni Ello. La solution n’est pas dans de meilleurs réseaux sociaux, de meilleurs algorithmes, ou des réseaux sociaux gérés par une fondation sans but lucratif plutôt que par une entreprise qui brasse des milliards de dollars. De même que la réponse à une société où chacun a sa propre voiture personnelle n’est pas d’avoir davantage de véhicules électriques. Pas plus que la réponse à une société aliénée où chacun possède son propre téléphone portable pour le regarder n’est pas de monter une compagnie de téléphone dont on serait collectivement propriétaire.

Beaucoup de gens, de la base à l’élite, sont ravis du phénomène des réseaux sociaux. je suis sûr que parmi les rares personnes qui liront ceci, certaines en font partie. Nous nous répandons en expressions comme « la révolution Facebook » et nous célébrons ces nouvelles plateformes Internet qui rassemblent les gens du monde entier. Oh je ne dis pas que ces réseaux n’ont pas divers aspects positifs. Je ne prétends pas non plus que vous devriez cesser d’utiliser les plateformes de réseaux sociaux, y compris Facebook. Ce serait comme dire à un habitant du Texas qu’il devrait aller travailler en vélo, alors que l’ensemble de l’infrastructure de chaque ville de l’État est prévue pour les 4×4.

Mais nous devrions comprendre la nature de ce qui nous arrive.
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Depuis l’époque où les journaux sont devenus monnaie courante jusqu’au début des années 1990, pour l’écrasante majorité de la population de la planète, ceux qui avaient un accès facilité à une tribune publique étaient les rares qui se préoccupaient d’écrire une lettre à son directeur de publication. Une infime portion de la population était constituée d’auteurs ou de journalistes qui accédaient ainsi à une tribune publique de façon plus ou moins occasionnelle ou régulière. Certains rédigeaient à cette époque pré-internet l’équivalent d’un billet spécial de rétrospective de fin d’année qu’ils photocopiaient et diffusaient à quelques dizaines à peine d’amis et de proches.

Au cours des années 60 on a assisté à l’émergence massive de la presse indépendante, « underground » dans chaque ville petite ou grande des États-Unis et dans bien d’autres pays. La diversité des opinions et des informations s’est considérablement accrue, et pour y avoir accès, il suffisait à n’importe qui d’habiter à proximité d’une université ou de pouvoir aller au kiosque à journaux avec quelques centimes en poche.

Dans les années 90, avec le développement de l’Internet — avec les sites web, les listes de diffusion — les communications ont littéralement explosé et la presse underground des années 60 faisait pâle figure en comparaison. La plupart des gens qui vivaient dans des pays comme les États-Unis ont cessé de se téléphoner (mais continué à se parler), j’ai pu le constater. Beaucoup de ceux qui n’écrivaient jamais une seule lettre ni rien d’autre se sont mis à utiliser leur ordinateur pour s’envoyer des mails les uns aux autres, voire à de multiples destinataires à la fois.

Nous, les quelques-uns qui avions l’habitude, avant l’ère d’Internet, de diffuser périodiquement des bulletins d’information sur nos publications, nos idées, les dates à venir de nos concerts, les produits ou services que nous cherchions à vendre, etc. eh bien nous avons été ravis de voir arriver les mails et la possibilité d’envoyer aussi facilement nos bulletins sans dépenser une fortune en affranchissement postal ni perdre un temps considérable à mettre sous enveloppes. Pendant une brève période, nous avons eu accès au même public, aux mêmes lecteurs qu’auparavant, mais nous pouvions dès lors communiquer avec eux à distance gratuitement.

C’était, pour beaucoup d’entre nous, l’âge d’or d’Internet, entre 1995 et 2005 à peu près. Il y avait le problème croissant des spams de diverses sortes. Comme les courriers indésirables d’aujourd’hui, mais en plus grand nombre encore. Les filtres anti-spam ont commencé à s’améliorer, et ont largement éliminé le problème pour nous.

Les listes de diffusion auxquelles nous étions abonnés étaient des listes de diffusion modérées. Les sites web que nous utilisions le plus étaient interactifs mais modérés, comme Indymedia. Dans toutes les villes du monde, petites ou grandes, on trouvait un collectif local Indymedia. N’importe qui pouvait poster des choses, mais il y avait des personnes en chair et en os qui décidaient si cela pouvait être publié et si oui, où le publier. Comme pour n’importe quel processus de décision collective, c’était difficile, mais beaucoup d’entre nous trouvaient que le jeu en valait la chandelle. Le résultat de ces listes de discussion et des sites Indymedia modérés fut que nous avons tous gagné une certaine aisance à découvrir et discuter des idées et des évènements qui concernaient notre ville, notre pays, notre monde.

Et puis sont arrivés le blogging et les médias sociaux. Tout individu avec un blog, une page Facebook, un compte Twitter etc. est devenu son propre diffuseur. C’est grisant n’est-ce pas ? Savoir que vous avez un public mondial de dizaines, centaines, peut-être milliers de personnes (si vous commencez à être connu ou que quelque chose devient viral) à chaque fois que vous postez quelque chose. Pouvoir mener une conversation dans les commentaires avec des gens du monde entier qui ne se rencontreront jamais. C’est vraiment fou.

Mais alors, la plupart des gens ont arrêté d’écouter. La plupart ont arrêté de jeter un œil sur Indymedia. Indymedia, dans le monde entier, est pratiquement mort[3]. Les journaux, de droite, de gauche et du centre ont déjà fermé ou sont en train de mettre la clé sous la porte, qu’ils soient en ligne ou non. Les listes de discussion n’existent plus. Les algorithmes ont remplacé les modérateurs. Les gens ont commencé à prendre les bibliothécaires pour des vestiges de l’Antiquité.

Aujourd’hui à Portland, dans l’Oregon, l’une des villes les plus engagées politiquement aux Etats-Unis, il n’y a pas de liste de discussion ou de site web qui puisse vous dire ce qui se passe dans la ville dans un format lisible et compréhensible. Il existe différents groupes avec divers sites web, pages Facebook, listes de discussion etc. mais rien pour la communauté progressiste dans son ensemble. Rien de bien efficace en tout cas. Rien d’aussi fonctionnel que les listes de diffusion qui existaient dans tout le pays il y a 15 ans de cela.

À cause des limitations techniques d’Internet pendant une brève période, il y a eu quelques années d’un « équilibre heureux » entre une petite élite qui produisait la majeure partie du contenu écrit que la plupart des gens dans le monde lisaient, et la situation dans laquelle nous nous trouvons maintenant, noyés dans un déluge d’informations, pour la plupart des bêtises sans intérêt, du bruit de fond, un brouillard épais qui vous empêche de voir au-delà de ce qu’éclairent parfois des feux de croisement.

C’était un âge d’or, mais dû surtout aux circonstances, et tout à fait temporaire. Dès qu’il a été facile pour les gens de lancer un site web, un blog, un Myspace ou une page Facebook etc. l’âge du bruit de fond a commencé, inévitablement, comme une évolution naturelle de la technologie.

Et la plupart des gens n’ont pas remarqué ce qu’il s’est passé.

Pourquoi est-ce que je dis ça ? Tout d’abord je ne sors pas ça de nulle part. J’ai discuté avec beaucoup de personnes pendant plusieurs années et beaucoup d’entre elles pensent que les médias sociaux sont la meilleure invention depuis le fil à couper le beurre. Et qu’est-ce qui les en empêche ?

Moi, je le pense, et d’autres comme moi aussi, parce que les personnes qui avaient l’habitude de lire et de répondre à ce que j’envoyais à travers ma liste de contacts ne sont plus là. Ils n’ouvrent plus leurs courriels et s’ils le font, ils ne les lisent plus. Et le média que j’utilise — blog, Facebook, Twitter, etc. — n’y change rien. Bien entendu, il reste des gens qui le font, mais la plupart s’occupent maintenant d’autres choses.

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Et que font-ils donc ? J’ai passé presque toute la semaine dernière à Tokyo, j’ai visité toute la ville, passé beaucoup d’heures dans le train chaque jour. Beaucoup de gens assis dans le train du retour, durant ma première visite au Japon en 2007, dormaient, comme maintenant. Mais ceux qui ne dormaient pas étaient presque tous en train de lire un livre. Aujourd’hui, il est difficile de voir ne serait-ce qu’un seul livre. La plupart des gens regardent leur smartphone. Et ils ne lisent pas un livre avec (oui, j’ai souvent jeté un œil). Ils jouent à des jeux, ou plus souvent, consultent leur fil de nouvelles sur Facebook. Et c’est pareil aux État-Unis et partout ailleurs où j’ai eu l’occasion de voyager.

Est-ce que ça vaut le coup de remplacer les modérateurs par des algorithmes ? Les rédacteurs par du bruit de fond ? Les journalistes d’investigation par des photos de votre chat ? Les labels indépendants et les stations de radios communautaires par une multitude de fichiers audio téléchargeables mal enregistrés ? Les collectifs de médias indépendants par des millions de mises à jour de statuts sur Facebook et Twitter ?

Je pense que non, mais voilà où nous en sommes. Comment pouvons-nous sortir de cette situation, éclaircir le brouillard, et nous remettre à utiliser notre cerveau ? Je voudrais bien le savoir.

Crédit images
David Rovics, photo par Karney Hatch (CC-by-2.0)
A conversation, dessin de Khalid Albaih (CC-by-2.0)
Facebook is the opium of the people, photo par Taco Ekkel (CC-by-2.0)

Notes

[1] Le site de David Rovics : http://www.davidrovics.com/

[2] Tiens, ils existent encore et nous incitent à ne plus bloquer les pubs…

[3] Note de la rédaction : ici l’auteur simplifie sans doute un peu trop pour suggérer une influence déclinante. Le réseau Indymedia (voir sa page Wikipédia) est relativement actif par exemple pour la France à Nantes ou Lille, Grenoble, etc.

14 Responses

  1. HelloWorld

    Fuyez donc les réseaux « sociaux » et faites-en donc abstraction, car ce n’est certainement pas avec eux que l’on trouvera du contenu intéressant et qu’on avancera.

    Il y a quand même des blog/sites appartenant à cette catégorie de « bruits de fond » mais intéressant, instructif, ne l’oublions pas. À mon sens, ce n’est pas forcément mauvais, cela permet aussi à tout en chacun de publier ce qu’il souhaite, une sorte de liberté, plus ou moins. Un artiste peut, montre en main, créer son site en cinq minutes et y diffuser ses œuvres librement. Bien-sûr, je le nierais pas, pour rependre l’expression, il y a aussi des « bêtises sans intérêt », il faut simplement savoir trier.

  2. Bornerdogge

    Point de vue intéressant, mais n’est-ce pas une situation provisoire? Avec le temps, nous apprendrons à faire le tri parmi la masse de bruits de fonds, et nous inventerons de nouveaux moyens de transmettre les informations intéressantes!

    J’ai commencé à utiliser facebook récemment, et j’ai bloqué toutes les pubs et toutes les publications des « amis » qui postent des choses inintéressantes, tout en suivant les pages des sites d’infos alternatifs qui proposent du contenu qui en vaut la peine. Résultat: un nombre modéré de publications journalières, dont je peux ensuite sélectionner moi-même les meilleures.

    Ce n’est qu’un exemple, c’est certainement moins « personnel » que ce que ce Monsieur décrit, et moins efficace. Mais tout ça pour dire qu’il ne faut pas non plus se laisser abattre. Les gens qui perdent leur temps à jouer sur leur smartphone aujourd’hui ne faisaient certainement pas grand-chose de plus intéressant avant qu’ils n’en aient un…

  3. NSN

    Lè problème majeur c’est le monopole Google/Android sur mobile, Facebook ce n’est qu’un site web pour finir.

  4. Cabernet138

    Facebook n’a rien tué du tout. C’est explicitement écrit : (alors pourquoi garder ce titre hein ?)
    « Tout d’abord, Facebook a tué l’Internet, mais si ce n’était pas Facebook, ç’aurait été autre chose. »
    Ce qui est vrai c’est que facebook (et autres) ont tellement simplifié l’accès au net que chacun peut maintenant y « contribuer » (chacun à sa manière certes). Du coups, une certaine forme de contribution s’est complètement diluée et n’est plus aussi visible qu’avant (cf note 3).
    Cela ne veut certainement pas dire que l’internet d’avant a été tué. Il faut effectivement faire un tri. Et alors ?
    Faudrait-il qu’internet ne soit réservé qu’à une certaine « classe » de participants afin que ceux-ci garde leur confort d’antan ? Au nom de quoi ?
    Il me semble que Framasoft à récemment fait la démonstration que créer des listes de diffusions reste toujours possible de nos jours … Les (old-school?) techniques sont DONC toujours utilisables mais sont elles encore adaptées ?
    Je vois sur facebook des personnes entretenir des pages thématiques intéressantes, sans aucune compétence « informatique » particulière, où est le problème ?
    Il me semble qu’une certaine frange d’activistes regrette de ne plus être les seuls à avoir accès au média « internet ».
    On était mieux avant, admettons, mais surtout « entre soi » !

    Quand on voit le retentissement des actions de groupes tels que les hackers et autres anonymous, l’émergence (temporaire?) du crowfounding, on peut douter de la perte d’efficacité de l’activisme au sens large sur le net.

    Jamais l’auteur ne se pose la question de savoir si SON action était toujours aussi attractive (« mais la plupart s’occupent maintenant d’autres choses. ») et, bien sûr, les gens se détournent nécessairement pour jouer sur smartphone ?? Allons.

    Faut arrêter aussi, je ne me souviens pas que les transports collectifs étaient des clubs de lecture avant l’ère des smartphones… À d’autres.

  5. Garf

    Le titre est simplement accrocheur, il ne faut pas s’y arrêter

    Il ne faut pas s’arrêter avant la fin de l’article. Les 5 derniers paragraphes représent sa reflexion sur les observations qu’il a fait (en gros tout le reste). Et sa réflexion sur ce que font les gens et ce qu’ils sont devenus avec l’arrivée des réseaux sociaux (entre autres).

    Sa conclusion me semble plutôt juste : la disparition de l’esprit critique pour arriver à « traiter » (disons plutôt recevoir) tout ce bruit de fond que tout notre environnement (contact, centres d’intérêt etc) émettent grâce aux réseaux sociaux.

    Internet a globalisé les échanges, les informations et j’en passe; et pour arriver à suivre on a restreint nos capacités d’analyse.

  6. bcy

    En somme il se plaint que des gens qu’il estime faire des choses stupides puisse s’exprimer. Bien sûr ces gens représentent la majorité, et lui il est au-dessus (avec ses potes). C’est incroyablement prétentieux, et ce n’est pas avec une telle attitude qu’on peut faire avancer la compréhension générale des dangers réels des réseaux sociaux tels qu’ils existent. Il n’y aurait en effet pas un seul mot à changer dans cet article si tout le monde publiait des choses que l’auteur juge inintéressantes sur des systèmes libres décentralisés.

    À part rassurer l’égo des personnes se retrouvant dans l’opinion exprimée, quel est l’intérêt de cet article ? Certainement pas un meilleure compréhension des phénomènes sociaux relatifs aux réseaux sociaux, en tout cas, car ce n’est pas en disant « regardez comme ces gens sont stupides ! » qu’on peut comprendre leur manière de penser et d’utiliser les réseaux sociaux.

    Quel torchon cet article.

  7. Reinfosphere

    J’ai la nette impression qu’à part BCY, personne ou presque ici n’a lu ou compris cet article. On est en plein dans la technique habituelle de propagande gaucho-mondialiste qui consiste à dénoncer au préalable un groupe puissant (Facebook) afin de s’attirer les sympathies dans le but de faire ensuite passer les idées les plus dégueulasses et nauséabondes sans que personne ne réagisse.
    Lisez bien l’article. Ce type ne prône rien d’autre que la censure de l’internet par une prétendue élite gauchiste chargée de filtrer tout ce qui n’est pas politiquement correct. Personnellement, voir l’internet dominé par une bande de drogués crasseux irresponsables étudiant en lettres, gratouilleurs de guitares et qui bouffent du Tofu, non merci.

  8. libre fan

    Mis à part le premier commentaire, on peut se demander ce qu’est devenu le lectorat de Framablog. C’est Facebook qui l’a rendu analphabète?

    Est-ce que les gens ont lu l’article? Cest idiot de raconter n’importe quoi à propos d’un article qu’on n’a même pas lu. Par ex., David Rovics ne dit pas que tout le monde lisait dans les transports en commun. Il dit que ceux qui dormaient continuent à dormir mais que ceux qui lisaient ne lisent plus et que leurs smarties ne sont pas utilisés comme liseuses.

    Il parle d’une information triée par les algorithmes et non par des gens.

    En tous cas, on peut chipoter son article mais c’est un témoignage intéressant d’un artiste qui n’arrive plus à communiquer avec les gens car ils sont tous à froufouter sur Facebook ou autre.
    Sans parler du vol et de l’exploitation de leurs données et de bien d’autres gens qui ne sont même pas sur FB. Ce n’est pas son sujet.
    @Bornerdogge: ton témoignage montre que le web = FB et c’est entre autre ça que David Rovics critique. Mais tu devrais être moins naïf; si tout se trouve sur FB, c’est la fin des haricots. Sans parler qu’aller dans le sens de FB, même en prenant des précautions (toi tu sais utiliser FB intelligemment, t’es pas un pigeon), c’est entrer dans le colombier des pigeons et contribuer au monopole FB.

    Je pense que l’informatique en général mérite mieux que ce que les Google, M$, Apple et FB en ont fait. Et dans l’ordre chronologique, M$ est le premier coupable. Dire que FB c’est bien car c’est fastoche pour les gens, c’est rabaisser l’intelligence humaine. Ce n’est pas élitiste d’apprendre aux gens à faire un site web avec un CMS, c’est leur donner de la liberté et leur donner la possibilité de ne pas tomber dans la simple consommation.

    Mais là n’est pas le sujet de l’article, je répondais un peu aux critiques ici.

  9. Cabernet138

    Oui. « Nous » avons lu l’article. Mais nous n’en retenons pas la même chose.
    « FB c’est bien car c’est fastoche pour les gens. » Ce n’est pas ce qui a été dit. Il n’a jamais été dit que FB était « bien ». Le constat de sa simplicité est imparable. Ce qui est « bien » relèverait d’une certaine forme de morale ou de justification des usages…
    Et selon quel critères ? établis par qui ?
    Je vais prendre un exemple qui va dans le sens de l’article.
    Prenons le cas de projets collaboratifs (voire communautaires) que sont les wikis territoriaux (http://www.wiki-rennes.fr/index.php…). Et bien désormais, grâce à facebook, on peut facilement détecté des gens qui postent énormément d’informations qui seraient des contributions formidables pour de tels projets.
    Mais le lien ne se fait pas. Parce que, pour un utilisateur lambda, il est bien plus simple de publier sur FB que sur un wiki. Ce sont deux usages différents. Mais l’un n’a pas « syphoné » l’autre. Ce sont deux populations qui fonctionnent différemment.

    PS : « Dire que FB c’est bien car c’est fastoche pour les gens, c’est rabaisser l’intelligence humaine. » et le même Libre Fan questionne « C’est Facebook qui l’a rendu analphabète? »
    Cherchez la cohérence.

    @Garf : « pour arriver à suivre on a restreint nos capacités d’analyse. ». C’est bien le contraire qui se passe. Pour « sur-vivre », il faut bien au contraire filtrer, sélectionner… Sinon, on est simplement débordé/noyé.

  10. nwrk

    Il ne se plaint pas que les gens puissent s’exprimer… Il se plaint qu’une plateforme devienne tellement centrale qu’elle efface le reste de l’internet décentralisé. Il dit qu’elle est devenue centrale parce qu’elle était facile d’accès (expliquer n’est pas juger). Il décrit comme effet de bord le fait que la plupart des gens ne font plus que suivre/partager des événements de vie de/avec leurs « amis » au lieu d’aller chercher de la réflexion construite, et il trouve ça dommage. Il dit qu’il n’a pas la solution, c’est à dire un modèle pour concilier les deux… sinon il dirait que la solution est de retourner aux Internets de 2005.

    Personnellement, je suis d’accord avec le constat, d’ailleurs j’ai fait le choix (bien avant de lire ça) de fermer mon compte FB pour qu’il n’exerce plus cette attraction excessive au détriment des lectures que je faisais avant.

  11. j-c

    Le web suit la loi de tout les médias: d’abord libérateur, ensuite, outil de propagande.
    Les critiques faites aujourd’hui à la télévision seront bientôt faites, à raison, à Internet.
    Avec un danger plus grand: si la télé à intérêt à vendre du temps de cerveau disponible, le web a intérêt à également flatter les préjugés (actuellement: « les politiciens sont tous pourris », « les journalistes sont tous pourris », … avec 0 recul).
    (les deux font les deux, mais en proportion différentes)
    Si on peut encore « déconstruire » la télé (car le fait qu’on veuille vendre des pubs, c’est très simple à comprendre), c’est pas aussi facile avec le web (où les raisonnements simplistes sont le discours de « libre-penseurs s’opposant à l’élite »)

  12. eaoden

    Il n’est probablement pas possible d’empêcher l’évolution d’une technologie, encore moins lorsqu’elle touche Internet. On peut cependant l’encadrer.

    J’ai une barre de favoris remplie de marque-pages dynamiques (flux RSS) avec des blogs linuxiens comme le Framablog ou des sites comme Le Monde diplomatique à côté des féministes et des Anonymous que je retrouve sur Twitter.

    De cette manière je vois des articles, la plateforme, le titre, et je choisis de cliquer dessus ou pas en fonction de l’intérêt que j’y porte. Twitter est un flux RSS communautaire ‒ et j’y retrouve mes amis. J’essaie de garder un certain équilibre entre les deux.

    Donc non, Facebook n’a pas tué Internet. Ceux qui se concentrent sur des bruits de fond sont plus visibles car plus nombreux mais ceux qui font le tri d’eux-mêmes ont plus de « parts d’audience » parmi leurs pairs.