Incroyables comestibles : les communs dans l’assiette

Classé dans : Communs culturels | 1

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« Les incroyables comestibles » se définissent comme « un mouvement citoyen, une initiative de transition, visant à transformer l’espace public en jardin potager gratuit dans lequel la nourriture devient une ressource mise à disposition par tous et accessible à tout un chacun ». Voilà qui ressemble drôlement à un commun.

Avec eux, l’espace public devient un jardin potager géant, gratuit et à partager librement. On peut alors imaginer de la ciboulette sur les boîtes aux lettres avec les voisins, des courges qui grimpent aux grilles des écoles, des cornichons à côté des arrêts de bus…

Nous avions adoré les rencontrer lors de la journée In-Libe issue de l’imagination de deux amis geeks et jardiniers.

Aujourd’hui c’est Tripou qui interroge les dynamiques d’Amiens.


Salut les Amiénois·e·s !

Vous avez un site sympathique, 100 % collaboratif, et qui répertorie même les endroits où il y a des arbres fruitiers sur une OpenStreetMap pour aller les cueillir…miam ! Mais en vrai on ne peut pas se nourrir entièrement/complètement avec de la nourriture en accès libre, si ?

Effectivement, il est difficile de trouver tout ce dont on a besoin en accès libre, surtout en ville. Mais de plus en plus d’associations proposent des découvertes de plantes sauvages comestibles et c’est un bon début !

Combien de temps faut-il pour mettre en place ce type de projet ?

Le temps dépend de pas mal de facteurs aussi me semble-t-il difficile de répondre de manière précise. Le mouvement des IC est en gestation depuis plusieurs années à Amiens, où il a réellement pris son essor il y a un peu plus d’un an.

Et combien de personnes faut-il trouver pour ne pas s’épuiser à s’occuper de tous les bacs à légumes ?

Tout dépend du nombre de bacs, de leur localisation. À Amiens il y a un système de « parrainage » de bac où 2-3 personnes en moyenne prennent en charge leur observation et leur entretien courant néanmoins l’intérêt est que cet entretien ne se cantonne pas aux bénévoles du noyau dur du mouvement mais soit relayé par les habitants ou les publics rattachés aux lieux où ces bacs se trouvent.

Et le tas de compost, il est sous la mairie ?
Pas de compost sous la mairie et pas de dynamique de compostage collectif rattaché à la dynamique. Cependant le bac installé par les étudiants de l’association Nature en Fac à la Fac de Science est situé à proximité immédiate du bac à compost mis en place par les étudiants et la Fac.

Comment réagissent les services municipaux par chez vous ?
La collectivité réserve plutôt un bon accueil à la démarche et travaille également sur le sujet des jardins en ville.

Étant donné que c’est un mouvement mondial, vous êtes en lien avec les autres groupes français ou internationaux ?

Nous avons des échanges avec Incroyables comestibles France et François Rouillay. Nous avons parfois des contacts avec des habitants de la région intéressés pour instiller un mouvement sur leur territoire.

Les gens qui s’engagent dans ce genre d’actions, c’est qui ? Ont-ils un passé de jardinier par exemple ?

Les membres du collectif viennent d’horizons divers ce ne sont pas forcément des jardiniers (même s’il y en a aussi, tout le monde vient avec ses envies et les compétences ou moyens qui peuvent nourrir la démarche)

Quel est votre champ d’action ?

Il est très divers : espace public, bibliothèques, centres culturels, fac …

Les lieux d’implantations doivent être éloignés des zones où il y a des gaz d’échappement, mais en ville il y en a pas mal, non ?

Oui c’est en effet une précaution à observer et une contrainte difficile à éviter. Les bacs installés à Amiens ne bordent pas directement de voies de circulation mais sont situés pour la plupart en retrait ou dans des espaces à moindre circulation.

C’est bio ?

La priorité étant d’avoir un autre regard sur son environnement, de mettre des bacs où cela est possible et faire changer les mentalités en conséquence. C’est bio dans la mesure où ça n’est pas traité chimiquement. Les gaz ne s’arrêtent pas aux limites des chaussées et il faut faire avec en ville pour le moment.

On peut imaginer des vaches à steaks gérées collectivement, des endroits de découpe ou de transformations groupés, des haies de houblon…ça fait rêver, est-ce que c’est possible ?

Bien sur, de plus en plus de communes se penchent sur la question et des initiatives de ce genre voient le jour en France. Cela relève évidemment de la politique de la ville.

Pour moi, voir ce genre de mise en place me permet aussi de me questionner sur la manière dont je me nourris, ce que j’achète et où je le trouve, le goût des choses etc…
Vous vous fournissez comment en graines et plants ?

Nous avons eu des dons au départ (kokopelli, jardiniers amateurs…) puis les personnes qui ont pu utiliser nos graines les ont récoltées et nous les ont redonnées.A chaque événement, nous avons le plaisir de recevoir de nouvelles graines.

Vous pouvez m’aiguiller vers des producteur-trice-s locaux si après avoir pillé et mangé tous vos bacs, j’ai encore faim ?

Vous pouvez vous rapprocher des différentes AMAP présentes dans le secteur d’Amiens, les producteurs des Hortillonages sur les marchés d’Amiens et depuis quelques mois l’île aux Fruits qui proposent des fruits et légumes chaque jeudi.

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Vous faites aussi des permanences tous les mois à l’université, comment ça se passe concrètement ?

Très bien : un ordre du jour pour garder le fil et s’organiser sur les différents projets, des échanges et discussions avec tous les présents (les permanences sont ouvertes à tous) et un temps de convivialité sur le mode apéro grignote partagée.

Au fait c’est l’hiver ! Un petit conseil pour semer, une préférence de légume ?

Toujours semer plus que ce dont on a besoin. Offrir à son entourage le reste et en planter dans le bacs Incroyables Comestibles. D’abord des salades, radis au jardin, puis tomates courgettes suivront au chaud en attendant les dernières gelées.

Un dernier mot pour la fin ?

N’hésitez pas à venir visiter notre site internet : http://www.incroyables-amiens.fr/

Vous pouvez aussi nous suivre sur Facebook (hum) pour les dernières infos.

Nous sommes toujours à la recherche de bénévoles, jardiniers ou non ! Venez nous rencontrez lors de nos prochaines réunions. :)

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  1. libre fan

    Bonjour,

    Outre la pollution (mais peut-être pas pire que les champs de culture conventionnelle le long des routes et autoroutes et avec tout ce que les tracteurs y déversent comme produits chimiques), outre les chiens et les chats qui doivent être ravis de faire un tour près des bacs ou dans les bacs, il faut aussi veiller à choisir des graines non F1 (même en bio, ça existe), les graines F1 sont à peu près stériles (on ne peut pas utiliser les graines.
    Quant aux graines conventionnelles, elles sont traitées chimiquement et la chimie monte dans la plante.

    Kokopelli n’est pas une assoc’ du tout idéale (voir _Le canard Enchaîné_ au mois d’août) et de nombreuses variétés viennent des USA, pas sûr que ça s’acclimate si bien que ça chez nous.