Bienvenue dans ce troisième numéro de FramIActu, la revue mensuelle sur l’actualité de l’IA !
Ce mois-ci, encore, nous avons plein de choses à dire au sujet de l’IA et ses impacts sur nos sociétés. Pour rappel, nous mettons en avant notre veille sur le sujet sur notre site de curation dédié ainsi que sur Mastodon et Bluesky (sur le compte dédié FramamIA) !
Vous avez préparé votre boisson chaude (ou froide, c’est le printemps après tout !) préférée ? Alors c’est parti pour la FramIActu !
Dans cet article de Les Numériques, nous apprenons que fin mars, Amazon a retiré le support du traitement local des voix sur les assistants connectés Amazon Echo.
Cela signifie que toutes les enceintes connectées d’Amazon enverront les enregistrements audio sur leurs serveurs pour être traités afin d’améliorer la qualité de leurs services IA.
Amazon promet de ne pas conserver les enregistrements après traitement si l’utilisateurice a modifié ses préférences dans ce sens. Cependant, et comme le rappelle l’article, Amazon a déjà menti concernant cette promesse et l’entreprise a déjà été condamnée pour avoir conservé illégalement des enregistrements vocaux d’enfants.
Outre la question du respect de l’intimité numérique — et donc du RGPD — (mais bon, venant d’Amazon il n’y a aucune surprise sur ce sujet), c’est bien le message envoyé par les géants de la Tech que nous pouvons souligner : l’IA est leur excuse magique pour justifier toute action, même celles supposées illégales. Les géants capitalistes s’embêtent de moins en moins à respecter la loi et cherchent même à la tordre, comme en témoigne cet article de Next.
C’est assez exceptionnel, mais voici un article, datant de l’année dernière, que nous déterrons ! (En même temps, la FramIActu n’existait pas l’année dernière…)
Nous estimons qu’il est important d’en parlercar nous entendons désormais très souvent des témoignages concernant la dégradation des résultats de Google.
Cet article (en anglais), publié par Mashable, traite d’une étude réalisée par des chercheureuses allemand·es décrivant la dégradation de la qualité des résultats de Google.
En effet, en raison du phénomène d’IA Slop, c’est-à-dire l’apparition massive de sites générés par IA et proposant un contenu de faible qualité, une bonne partie des résultats de recherche de Google n’orientent plus vers du contenu pertinent.
Parmi les raisons décrites, les chercheureuses expliquent que les sites générés par IA exploitent parfaitement les algorithmes de Google afin d’être mieux référencés que des contenus rédigés manuellement.
Cependant, on pourrait aussi expliquer la dégradation de la pertinence des résultats de Google, spécifiquement, en se référant à un autre article (en anglais, toujours) d’Edward Zitron, faisant une chronologie complète de comment Google a décidé de réduire volontairement la qualité de ses résultats afin de forcer les utilisateurices à faire plus de recherches sur le moteur de recherche. Cela dans le but d’afficher plus de publicités et donc générer plus de revenus pour l’entreprise.
Dans une note de blog, Jürgen Geuter (connu sous le pseudonyme tante), présente un point de vue intéressant sur l’ajout récent, par OpenAI, de la possibilité de générer des images dans le style du studio d’animation Ghibli.
Dans son analyse, le théoricien souligne l’idée que le choix du style du studio Ghibli n’est pas anodin. Ce choix est une « démonstration vulgaire de pouvoir ».
En effet, le studio, à travers ses œuvres, prône une vision humaniste et littéralement anti-fasciste de la société. Plus, Hayao Miyazaki, co-fondateur du studio, avait déjà exprimé, en 2016, son effroi vis-à-vis de l’Intelligence Artificielle. Pour tante, l’utilisation du style emblématique du studio Ghibli, par OpenAI, est la preuve que l’entreprise étasunienne n’a que faire de cette vision et des valeurs du studio, ni même du droit d’auteur ou de tout ce qui n’irait pas dans le sens de ce vampire capitaliste.
Ce comportement fait écho (sans mauvais jeu de mot) avec l’actualité concernant les enceintes connectées d’Amazon.
Comme si les entreprises de l’IA n’avaient pas besoin de respecter la loi, et pouvaient se permettre des pratiques toujours plus agressives, particulièrement depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis.
Les entreprises de l’IA et le respect. Mème généré avec Framamèmes. Licence CC-0
Aussi, tante appuie l’idée qu’OpenAI doit sortir de nouvelles fonctionnalités et paraître « cool » afin d’attirer les investisseurs. L’ajout du style du studio Ghibli comme « fonctionnalité » de ChatGPT en serait une illustration.
Cette réflexion semble faire sens, surtout lorsqu’on observe une autre actualité décrivant la volonté d’OpenAI de faire une nouvelle levée de fonds à hauteur de 40 milliards de dollars.
À travers un article s’appuyant sur les témoignages de différentes acteurices du Libre, nous découvrons la difficulté qu’ont de nombreuses structures à faire face à l’accaparement des ressources du Web par les robots d’indexation de l’IA.
Ces robots, en charge de récupérer le contenu de l’ensemble du Web afin de nourrir les réponses des Intelligences Artificielles génératives, composent parfois presque l’intégralité du trafic affectant un site Web.
Ce trafic représente un véritable problème car il représente une surcharge significative (de manière semblable à une attaque par déni de service) des infrastructures, forçant différents projets à adopter des techniques expérimentales pour se protéger et éviter de tomber en panne.
Par exemple, le projet GNOME a déployé le logiciel Anubis sur sa forge logicielle (où sont déposés les codes sources de l’ensemble des projets de l’organisation).
Anubis permet de détecter si une ressource est accédée par un·e humain·e ou un robot d’IA et permet, dans ce deuxième cas, de bloquer l’accès à la ressource.
Deux heures et demie après avoir installé Anubis, le projet GNOME indiquait que 97 % du trafic avait été bloqué par Anubis, car provenant d’IA.
Malheureusement, des outils comme Anubis nuisent à l’expérience globale du Web et sont peut-être des solutions seulement temporaires jusqu’à ce que les robots d’indexation des IA réussissent à contourner le logiciel et piller les ressources malgré tout.
Alors que l’infrastructure du Libre repose avant tout sur des efforts bénévoles et est déjà largement en tension financière, les géants de l’IA refusent de « respecter » ce fragile écosystème en ignorant ses faiblesses tout en se nourrissant de ses forces (son savoir et tous les communs mis à disposition de toustes).
Là encore, l’exemple le plus flagrant est que les robots d’indexation de l’IA ignorent les directives des sites Web lorsque ces derniers précisent, à l’aide d’un protocole, ne pas souhaiter être indexés par un robot.
C’est tout pour ce mois-ci mais si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur l’Intelligence Artificielle, vous pouvez consulter notre site de curation dédié au sujet, mais aussi et surtout FramamIA, notre site partageant des clés de compréhension sur l’IA !
Enfin, si nous pouvons vous proposer cette nouvelle revue mensuelle, c’est grâce à vos dons, Framasoft vivant presque exclusivement grâce à eux !
Pour nous soutenir, si vous en avez les moyens, vous pouvez nous faire un don via le formulaire dédié !
Dans tous les cas, nous nous retrouverons le mois prochain pour un nouveau numéro de FramIActu !
Réseau d'éducation populaire au Libre. Nous souhaitons faire le trait d'union entre le monde du Libre (logiciel, culturel, matériel, etc.) et le grand public par le biais d'une galaxie de projets à découvrir sur framasoft.org
Amandil
Pour tante, l’utilisation du style…
Je crois que comme pour Ghibli, vous auriez dû mettre une majuscule et de l’italique car c’est perturbant à lire 😉
Amandilh
Il y a une deuxième occurrence de tante plus bas.
Et « une nouvelle levée de fond » c’est plutôt une levée de fonds ^^
Booteille
Merci pour les retours, j’ai pris en compte les suggestions !
J’m’étais dit aussi que ça faisait bizarre mais j’étais pas sûr d’utiliser l’italique pour ce cas de figure, haha !
d.
Tant que le fond de l’article ne se confond pas dans la confusion, rien n’est fondu…