Temps de lecture 21 min
« La bataille d’Hadopi n’a été, finalement, qu’une des batailles, ni la première, ni la dernière, de la guerre qui vise à obtenir ou maintenir la liberté d’expression sur les réseaux, et donc qui vise à consacrer le principe de la neutralité du réseau. C’est la première grande guerre des enjeux politiques du 21e siècle. »
Ainsi s’achève ce très intéressant article de Benjamin Bayart pioché dans le non moins intéressant livre choral d’InLibroVeritas La bataille Hadopi (et ses 40 auteurs).
Benjamin Bayart, c’est le président de French Data Network (FDN). C’est aussi l’homme de la désormais célèbre expression du « Minitel 2.0 » et de la citation suivante qui prend le même chemin : « l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui permettre d’écrire ».
Mais c’est surtout un « expert des libertés numériques » (dixit Nicolas Dupont-Aignan) et certainement l’un des meilleurs d’entre nous lorsqu’il s’agit d’exposer et d’expliquer ce sujet à la fois simple (à comprendre) et complexe (à défendre) qu’est la Neutralité du Net.
C’est pourquoi cet article synthèse, au style plaisant malgré la rugosité du propos, nous semble important à lire et à faire lire.
PS : Vous trouvez l’article trop long pour un blog ? C’est peut-être parce qu’Internet vous a rendu idiot ! Mais nous avons une solution : commander le livre, dont les bénéfices iront intégralement à La Quadrature du Net, et qui vous fera découvrir par la même occasion 39 autres articles du même acabit.
La neutralité du réseau
Benjamin Bayart – Octobre 2009 – La Bataille Hadopi (InLibroVeritas)
Licence Creative Commons By-Sa et Licence Art Libre
La bataille d’Hadopi, telle que nous l’avons connue à l’Assemblée Nationale et dans les médias a eu plusieurs vertus. La première, longuement expliquée déjà, est d’avoir amené à la politique toute une population, appelée « les Internautes » pour faire simple, qui ne s’en préoccupait pas vraiment avant.
La seconde vertu de la bataille d’Hadopi, c’est d’avoir permis de bien mettre en avant ce qui est, au fond, l’enjeu central de tous ces sujets, à savoir non pas la rémunération des artistes, auteurs et troubadours, mais la neutralité du réseau et ses enjeux.
En effet, quand le Conseil Constitutionnel a eu à connaître de ce texte, finalement bébêtte, qui menaçait de couper d’Internet les enfants qui téléchargent comme nos parents nous privaient de télé, il le censura. Et pas sur de l’argutie légère ou sur un point de détail, non, sur du fondamental, sur du lourd, du très lourd : présomption d’innocence et liberté d’expression. Deux des piliers des Droits de l’Homme depuis 1789.
Comment cette loi supposée traiter un problème assez léger a pu se cogner dans des problèmes aussi lourds ?
Internet – liberté fondamentale
Pour expliquer ça, il faut revenir un peu en arrière, et essayer de comprendre ce qu’est Internet, et son influence sur la marche du monde. Internet est, en beaucoup de points, comparable à l’imprimerie. D’abord par sa nature, c’est un moyen de diffusion de la connaissance, et d’accès à celle-ci. Ensuite, par ses conséquences. L’invention de l’imprimerie, et son lent développement, à partir de 1445, ne peut pas être séparée des évolutions majeures de l’époque. Pas de renaissance et de démarche scientifique sans moyen moderne de diffusion des connaissances. On ne peut pas séparer la renaissance du renouveau philosophique, et en particulier de la philosophie des Lumières, donc des révolutions démocratiques. De même que tout le progrès scientifique et technique du dix- neuvième siècle est impensable sans les avancées fondamentales de la renaissance et la naissance de la démarche scientifique.
Ce n’est pas l’imprimerie qui a fait ça. On peut toujours lancer des petits caractères en plomb sur les soldats, ça ne renverse pas les gouvernements. Mais l’imprimerie était une étape nécessaire, pour permettre ces évolutions et ces changements, il fallait un moyen moderne et rapide de diffuser et de conserver le savoir pour qu’il puisse s’accroître.
De la même manière, Internet change très en profondeur la façon dont se diffuse, et donc la façon dont se crée, le savoir. Une bonne façon de résumer ça est de dire que l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui permettre d’écrire.
On a déjà dit cent fois qu’Internet met à la disposition de tous, et sans coût notable, modulo quelques barrières pénibles, la totalité du savoir de l’humanité, c’est facile à comprendre. On a moins souvent dit, parce que c’est moins clair pour un esprit formé au siècle dernier, qu’Internet permet à chacun de construire le savoir de l’humanité, c’est-à-dire d’écrire.
Bien entendu, chacun sait qu’Internet n’est pas qu’un lieu d’échanges savants entre érudits. Forcément. L’imprimerie ne sert-elle qu’à imprimer des ouvrages savants ? Pour un livre « intelligent », combient sont imprimés de prospectus, de tracts, de catalogues, de correspondances sans intérêts (factures, relevés, avis, et autre paperasses) ? Et bien Internet suit la même pente. Fondamentalement, il a été créé pour diffuser et produire de la connaissance scientifique à grande échelle et rapidement, mais il était évident depuis le premier jour qu’il servirait aussi à diffuser et produire tout le reste de ce qu’on peut vouloir diffuser ou produire comme information.
Cependant, bien que l’imprimerie soit en majorité utilisée à des fins futiles, il ne vient à l’idée de personne de remettre en cause la liberté de la presse. Il y a là une logique, l’outil technique a apporté une avancée pour la société, et c’est pour défendre l’avancée qu’on défend l’outil. D’une manière similaire, Internet crée une percée importante, un changement profond, même si une partie colossale du trafic sur le réseau correspond à autre chose.
Un argument souvent opposé à cette vision du réseau est d’expliquer que les discussions y sont trop souvent d’un faible niveau, qualifiées de discussions de café du commerce. Là encore, c’est une analyse à courte vue. D’abord parce que la forme d’expression permise par le café du commerce ne permet pas de construire de vrais argumentaires : on est dans l’oral, dans le périssable, et dans le débat privé, donc sans argumentation extérieure possible. Ce qu’Internet crée comme débat est structurellement différent. Les débats sur la place publique, le plus souvent par écrit, permettent aux points de vues de se confronter, de s’invalider, ou au contraire de se renforcer, de s’étayer. De tout cela, il ressort une espèce de discussion du café du commerce dont on consignerait les arguments par écrit, pour les étudier, les rendre publics, bref, pour en faire une vraie réflexion. Au final, c’est plus proche des débats publics, qu’on connaît depuis longtemps, mais qui ne sont plus réservés à de petits groupes.
De tout celà, une idée forte est à retenir : Internet est l’avancée technique qui a permis, enfin, l’exercice réel de la liberté d’expression. La presse, on s’en rend compte avec le recul, ne fournissant au fond que la liberté d’accéder à l’information. Et c’est bien sur cette base-là que la Conseil Constitutionnel a censuré l’Hadopi, c’est bien en se référant à l’article 11 de la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à savoir :
Art. 11 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
On a donc, validé par le Conseil Constitutionnel, cette première étape de marquée : Internet est essentiel à l’exercice de la liberté d’expression, qui est une liberté fondamentale.
Hadopi – Besoin d’un juge
C’est le premier point, immense, gagné dans la bataille d’Hadopi. Maintenant, ce n’est plus une renvendication, ce n’est plus un point de vue de visionnaire maniaque du réseau ou de futurologue échevelé, c’est une décision, forte, d’une autorité qu’on ne peut pas soupçonner de travailler avec légèreté, ou de se laisser emporter par sa technophilie. Or, de ce point fondamental qui vient d’être édicté par le Conseil, il découle des conséquences inattendues et fortes, pour ceux qui pensaient priver les gens d’Internet comme on prive un enfant de télévision ou de dessert.
En effet, priver un citoyen d’une liberté fondamentale, ce n’est pas une décision qui se prend à la légère. Il y a des cas, prévus, connus, codifiés, mais ce sont des sanctions lourdes, pour des délits ou des crimes graves. L’exemple le plus connu, et pratiquement le seul, est l’emprisonnement ou l’assignation à résidence[1]. Une telle mesure de privation de liberté ne peut être décidée que par un juge, et dans le cadre d’une procédure contraignante. Ce qu’on apprend donc, toujours en lisant la même décision du Conseil, couper l’accès Internet d’un citoyen, c’est aussi sérieux que de l’envoyer en prison, et ne peut donc pas se faire dans n’importe quelles conditions. On est maintenant bien loin de la petite loi simpliste, pensée trop vite par des gens qui ne comprennent plus le monde qui les entoure.
De là, bien entendu, les autres conséquences qu’en tire le Conseil dans sa décision, à savoir que la présomption d’innocence est de mise, qu’il faudra des preuves de la matérialité des faits pour condamner, que le juge sera requis, que le mouchard filtrant obligatoire pour pouvoir se disculper n’est pas valable dans ce contexte, bref, tout l’édifice Hadopi s’effondre.
Neutralité du réseau
Un point n’est pas abordé par le Conseil Constitutionnel dans sa décision, et pourtant il est important pour comprendre là où on va, c’est celui de la nécessité de la neutralité du réseau.
Pour aborder ce sujet-là, il faudrait faire un peu de technique, expliquer avec quelques termes barbares des notions affreuses, comme l’analyse de traffic, l’analyse protocolaire, l’analyse de contenu, l’analyse de comportement, et le tout dans un beau jargon anglais. Pour éviter cela, on va se contenter d’une définition intuitive et pratique : on dit que le réseau est neutre si on sait qu’on peut lui faire confiance pour ne pas altérer le message. C’est le cas par exemple du réseau utilisé pour les discussions orales : quand on parle, de vive voix, en face à face, on sait que l’air qui nous sépare ne modifie pas les propos, que ce qui est dit est vraiment dit. Qu’il vienne se glisser dans la discussion un interprète, et alors, forcément, la question de confiance se pose.
L’intermédiaire, dans cet échange, n’est acceptable que si les deux interlocuteurs lui font une confiance entière et absolue. à tel point que, lorsqu’on n’a pas confiance en l’interprète, chacun vient avec le sien. On dit alors que le réseau est neutre quand il joue le rôle d’un interprète idéal, réussissant à transporter le message sans l’altérer en rien, sans le déformer.
Une autre façon de le dire, c’est de considérer ce qu’est Internet. D’où que je sois sur le réseau, je vois Internet. Si l’Internet que je vois depuis un point A n’est pas le même que l’Internet que je vois depuis un point B, alors, quelque part, quelque chose n’est pas neutre. Par exemple, quand un site est filtré dans un pays, c’est une atteinte à la neutralité du réseau : depuis ce pays-là, le site ne marche pas, et curieusement depuis partout ailleurs il marche bien. Par exemple, quand un site est enrichi : je peux mettre en place, sur le réseau de mon entreprise, un mécanisme qui fait qu’à chaque fois que j’accède à tel site de mon fournisseur habituel, il soit affiché des informations annexes (dernière fois qu’on a commandé tel produit, quantité disponible en stock, etc). Quelqu’un qui viendra se connecter à ce réseau verra un site qui n’est pas le même que celui qu’il voit quand il se connecte depuis chez lui : mon réseau n’est plus neutre, il fausse la communication, il ajoute des informations qui n’existent pas.
La neutralité des réseaux est importante. En fait, autant que le réseau lui même. C’est presque sa définition. Internet n’est que l’accord d’interconnexion, techniquement neutre, entre les réseaux de plus de 40.000 opérateurs sur la planète. Supprimez cette neutralité, et ce n’est plus Internet.
Il ne faut pas se méprendre, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas, jamais, enrichir ou filtrer, simplement, que ce n’est pas le réseau qui doit le faire, et que si un réseau fait ça, ce n’est plus Internet.
Pour reprendre les exemples précédents, le service, fort utile, imaginé sur ce réseau d’entreprise, n’est pas en soi une mauvaise chose. Simplement, ce réseau d’entreprise n’est plus Internet. C’est un réseau d’entreprise, un outil interne, comme le logiciel de comptabilité ou l’outil pour faire les devis.
Il y a donc deux éléments fondamentaux pour définir la neutralité du réseau : le premier est que jamais le réseau lui-même ne doit altérer en rien le contenu, le second est que les altérations sont nécessairement pilotées en périphérie du réseau. Par exemple quand je filtre les mails publicitaires (les spams), c’est moi qui ai la maîtrise de ces filtres, je peux les activer ou les désactiver, selon mon bon vouloir. Et ce point-là est fondamental, c’est moi qui trie le courrier intéressant du courrier inutile, pas le facteur.
Pilier des libertés
La neutralité du réseau n’est pas, en elle-même, une liberté fondamentale. Mais c’est un élément important, parce que sur cette neutralité sont adossées des libertés.
Par exemple la liberté d’expression évoquée par le Conseil Constitutionnel, n’a pas de sens sur un réseau qui ment : comment savoir si le texte que je suis en train d’écrire sera bien reçu, non modifié, par mes lecteurs ? Comment savoir s’il sera modifié, et si oui par qui ? Moi, je vois bien ce texte tel que je l’ai posté. Tant qu’Internet est neutre, et que donc tout le monde voit le même Internet, alors tout le monde voit mon texte tel que je l’ai publié. Sitôt que le réseau n’est plus neutre, je n’ai aucun moyen de savoir ce que voit mon voisin. Donc, sur un réseau non-neutre, je ne peux pas exprimer librement ma pensée, et donc l’exercice pratique et réel de cette liberté est remis en cause.
Par exemple la liberté d’accès à l’information. En effet, tant que le réseau est neutre, chacun peut être confiant dans ce qu’il lit sur le réseau. Non pas que toutes les informations y soient justes (ce serait utopique comme croyance), mais simplement de savoir que l’information qu’on reçoit est bien celle qui a été émise. Si le réseau n’est plus neutre, comment savoir si le texte est bien le fruit de la pensée de son auteur, ou s’il a été ‘‘ caviardé ’’ au passage par les habiles ciseaux de la censure moderne ? Si je ne peux plus avoir confiance dans le réseau de transport, alors je ne peux plus avoir confiance dans l’information qui est dessus. La liberté d’accès à l’information est amputée.
Par exemple, la libre concurrence, qui est une liberté moindre en général (la liberté de choisir son fournisseur, par exemple), peut devenir fort sérieuse sitôt qu’on parle d’accès à l’information (choisir un quotidien par exemple, ce n’est pas tout à fait comme choisir une marque de lessive). En effet, les atteintes à la neutralité du réseau sont souvent le fait d’opérateurs en place, ou de fournisseurs de services bien implantés, utilisant une position de force pour évincer d’éventuels concurrents. Ce mode de fonctionnement n’est pas le modèle habituel d’Internet. En effet, sur un réseau neutre, n’importe quel abonné à Internet peut, de chez lui, proposer n’importe quel service, et peut donc, sans permis, sans moyens financiers particuliers, sans moyens techniques particuliers, innover et mettre en œuvre des idées nouvelles. Sur un réseau non-neutre, ce n’est plus possible. Les modèles économiques qui découlent de ce choix d’un réseau neutre ou non ont, entre autre conséquence, pour effet d’empêcher l’innovation en la réservant aux acteurs en place.
Si la neutralité du réseau n’est pas une liberté en elle-même, elle est nécessaire à pouvoir garantir d’autres libertés, tout comme la séparation et l’équilibre des pouvoirs n’est pas une liberté en elle-même, mais une condition nécessaire.
Modèle économique
L’argument le plus souvent employé par les opposants à la neutralité des réseaux est celui de la congestion. Internet serait trop plein, et, étant rempli, il faudrait rationnaliser l’usage de la bande passante devenue rare. La technique habituelle de rationalisation des ressources rares étant l’économie, on transporterait de manière plus prioritaire les données des plus offrants, et donc on pénaliserait les autres.
Cet argument a pour principale caractéristique d’être faux. Sauf dans sa causalité, en effet le réseau est très régulièrement saturé. Et ce de manière normale et naturelle. En moins de dix ans, la France est passée, par exemple, de zéro à plus de dix-huit millions d’accès permanents à haut débit, générant des usages, et donc de la charge pour le réseau. Dans cette croissance très rapide, bien entendu, il y a des phases de saturation, qui sont résorbées en investissant sur la capacité du réseau.
Il y a deux façons de traiter une saturation du réseau, l’une qui est d’investir sur la capacité du réseau, cet investissement devant être refait très régulièrement, aussi longtemps que les usages continueront de croître à un rythme soutenu, l’autre étant d’investir, très régulièrement aussi, dans des équipements permettant de sélectionner le trafic à faire passer en priorité. Ces deux modèles correspondent à des niveaux d’investissements similaires, simplement pas sur les mêmes technologies.
Porter atteinte à la neutralité du réseau est donc bien, effectivement, un moyen de résoudre une saturation du réseau, tout comme on peut résoudre une pénurie de logements en augmentant les prix des loyers, ou en construisant des logements. Simplement, ce moyen est dangereux, qui porte atteinte, comme on l’a vu, aux libertés. Laisser à des opérateurs privés, à des financiers, le choix de porter atteinte aux libertés individuelles n’est pas une option valable.
Difficultés techniques
Filtrer Internet, puisque c’est bien de cela qu’on parle, pose de grosses difficultés techniques :
- Que ce soit du filtrage pur (faire disparaître tel contenu), et on se retrouve alors avec des moyens qui fleurissent pour contourner le filtre. Par exemple, tel texte est interdit, il circulera le lendemain sous forme d’une image, ou d’un enregistrement audio.
- Que ce soit de la priorisation de trafic, et là aussi les moyens de contournement fleuriront. Le trafic web est plus rapide que le trafic de partage de musique chez mon opérateur ? Dans les jours qui suivent, l’application de téléchargement ressemblera à s’y méprendre à du trafic web, pour devenir elle aussi favorisée.
Ce n’est pas nouveau, c’est le principe de l’arme et de l’armure. Plus l’arme est puissante, plus l’armure est solide. Et, en matière de réseau et de numérique en général, la puissance des moyens de contournement des filtres se trouve sur les ordinateurs en périphérie du réseau (basiquement, sur mon bureau). Or il y a beaucoup plus de puissance sur les ordinateurs individuels des utilisateurs que sur la totalité de tous les systèmes de traitement du réseau lui-même. Pour faire un parallèle hasardeux : que les automobilistes décident de ne plus s’arrêter au péage, et, forcément, les barrières de péage seront explosées. Il y a trop de voitures pour les contenir autrement qu’avec la bonne volonté des conducteurs.
Difficulté politique
Par ailleurs, le filtrage décidé par un état, en général sous couvert de nobles objectifs, comme par exemple de museler les terroristes, ou de protéger les enfants, etc. pose une vraie difficulté politique.
Chaque état aura sa propre politique de filtrage, selon ses propres critères, correspondant à sa notion de l’intérêt général. Par exemple, l’Iran et les USA n’ont pas la même vision de ce qu’est un dangereux terroriste mettant en danger la nation. Or le trafic, sur Internet, passe d’un opérateur à l’autre, sans faire vraiment attention aux pays. Si chaque pays a sa propre politique de filtrage, alors le filtrage résultant, pour l’internaute, est la somme des effets de ces politiques sur le chemin suivi par sa communication.
Pour aboutir à un résultat cohérent, il faut donc une cohérence des filtrages. Sans quoi, quand je veux accéder à une information interdite dans le pays A, je m’arrange pour que ma connexion passe plutôt par un pays B qui a d’autres vues, chose qui est techniquement assez simple, et en train de se démocratiser. D’ailleurs, pourquoi ces techniques sont en train de se démocratiser ? Elles ont été mises au point en général pour des usages pointus, par exemple d’accéder aux données clefs de l’entreprise, pour le cadre dirigeant, depuis chez lui, sans risque pour la sécurité de l’entreprise. Elles ont été raffinées pour contourner les filtrages les plus voyants, par exemple pour accéder à de l’information y compris quand on est en Chine. Et elles sont en train de se démocratiser… à cause de la bataille d’Hadopi et des batailles voisines qui ont lieu dans toute l’Europe.
Le premier grand combat
Au final, tout ça nous dit quoi ? Qu’Internet est important, que ce n’est pas un jouet, mais un pilier de la société de demain. Et qu’on ne peut pas en faire n’importe quoi. En particulier, on ne peut pas se permettre de l’abîmer, de le polluer, de le filtrer.
La bataille d’Hadopi n’a été, finalement, qu’une des batailles, ni la première, ni la dernière, de la guerre qui vise à obtenir ou maintenir la liberté d’expression sur les réseaux, et donc qui vise à consacrer le principe de la neutralité du réseau. C’est la première grande guerre des enjeux politiques du 21e siècle.
rhaaaaaa
"PS : Vous trouvez l’article […]même acabit. "
Ou l’art et la manière de se faire du google bombing (vers son site) et de la pub pour son éditeur préféré, tous cela en trois ligne… Chapeau
Très bon article. Je vais peut-être réussir à faire comprendre le principe de neutralité du réseau à mon entourage. Bravo à Mr Bayart
aKa
@rhaaaaaa (sic) : Dénoncer un lien interne comme du Google bombing, c’est un peu osé sur les bords non ?
Sinon ce n’est pas de la "pub vers mon éditeur préféré", c’est rendre à César… C’est InLibroVeritas qui est à l’origine de cette idée et de ce bouquin et sans lui on aurait pas eu ce texte (et les autres).
JosephK
Ce n’est du google bombing que si *plusieurs sites* utilisent *le même texte* pour pointer sur *la même cible* (dixit wikipédia). Donc les liens internes ça ne compte pas….
En revanche, en voulant jouer un peu avec l’expression "windows 7", cet article http://www.framablog.org/index.php/… est passé de la 4ème page à la 3ème.
Matthieu
"un pilier de la société de demain"
pourquoi de "demain" ? c’est déjà un pilier aujourd’hui et le problème réside justement dans la non compréhension de cette "actualité" et l’on s’enlise dans des débats autour d’un futur hypothétique et forcément un peu utopique.
Alix Cazenave
@ Matthieu
"de demain" parce que la société de l’information est, contrairement à ce que beaucoup croient, en pleine construction. Certes la neutralité du réseau est essentielle aujourd’hui, mais comme tu le dis rares sont ceux qui en ont conscience – ce qui aboutit à des projets de loi débiles et une volonté aberrante de contrôle de l’information et de sa diffusion.
Or les décisions que nous prenons aujourd’hui ont d’autant plus d’importance qu’elles détermineront une grande partie de la société dans laquelle les générations futures grandiront. C’est pourquoi il est essentiel de faire comprendre au maximum de gens l’importance de la neutralité du réseau et toutes les raisons pour lesquelles il ne *faut pas* chercher à transposer à l’Internet les principes du monde industriel version 20ème siècle.
sylware
On est sur la bonne voie… attention à ne pas confondre le shapping de traffic à l’initiative du client avec une atteinte à la neutralité du réseau. En effet, il faudra bien que les clients classifient leur traffic IP pour que les FAIs le mette dans le bon tuyau!
On n’est bien d’accord qu’il n’y a qu’une et une seule exception au shapping de traffic à l’initiative du client: le traffic d’urgence (cad les appels VoIP pour la police, les pompiers, le SAMU…). Bien entendu, la tentation sera grande pour les FAIs de shaper le traffic sans augmenter les capacités du réseau… à surveiller donc. Sur le même plan, je perçois toute la polémique sur l’installation d’antennes pour les opérateurs mobile comme une vaste arnaque pour maintenir la rareté du lien radio et donc de pseudo-justifier son prix.
Les mécanismes comme diffserv fonctionnent sur ipv4 et ipv6 (où on a les labels pour classifier le traffic IP… faudra normaliser des labels décrivant certains types de traffic) et ne sont pas à confondre avec du deep packet inspection et du shapping à l’initiative du FAI généralisé.
panurge86
> Ainsi s’achève ce très intéressant article de Benjamin Bayart pioché dans le non moins intéressant livre choral*e* d’InLibroVeritas La bataille Hadopi (et ses 40 auteurs).
Internet vous a rendu idiot ?
aKa
@panurge86 : Non, Internet ne m’a pas rendu idiot. Il a juste fait sortir plus avant la part de féminin que j’avais en moi 😉
Biarnés
très bon article, clair mais également précis, ce qui n’est pas facile à faire. Par contre je me permets de proposer une correction, au lieu de "Filtrer Internet, puisque c’est bien de cela qu’on parle", il serait plus judicieux d’écrire en bon français : "Filtrer Internet, puisque c’est bien de cela dont on parle"
samuel
Article trés limpide à lire. Un travail de synthèse et de condensé trés accessible aussi pour les non-geeks.
Il y a cependant encore un point qui me chagrine dans le consensualisme du discours anti-Hadopi… Le débat me semble avoir opposé d’un côté les informaticiens/juristes et de l’autre côté les économistes/artistes (désolé pour la caricature). D’un côté, les arguments s’appuyaient sur la constitution française et les principes de liberté d’expression, de présomption d’innoncence …et de l’autre côté, il y avait un petit argument "vol d’une baguette de pain" rapidement démonté. Bref, çà été facile de choisir son camp. Oui, la démocratie (donc internet) est plus importante que les artistes. Mais les propositions alternatives de financement de la création étaient défendues avec beaucoup moins de virulence (çà sonnait parfois "on s’en fout, nous on est des techniciens çà ne nous regarde plus !).
Et puisque "qui aime bien chatie bien", je voudrais réagir à une conférence de Jérémie Zimmerman où il démontait fort bien la novlang du terme "vol" concernant la copie numérique ("biens non-rivaux"). N’empèche qu’il parlait lui ensuite de "partage", ce qui me parait tout autant une novlang puisque étymologiquement, c’est "diviser en parts" (il y a donc une connotation de sacrifice et d’effort dans le mot partage que je ne voit pas dans la copie numérique). Arrétons de parler de "partage de la culture" mais plutôt de "libre diffusion" par exemple. Arrétons de faire croire que l’on fait un effort de générosité lorsque qu’on ouvre un port P2P pour que les autres puisque prendre quelque chose que l’on n’a pas fait soi-meme. Le logiciel libre est un partage de la culture mais pas la grosse majorité du contenu du P2P… Me frappez pas trop fort avec vos critiques svp 🙂
Je ne retrouve plus la video de Jérémie Zimmermann (çà se passait à Bruxelles) mais voici une interview :
http://www.metrofrance.com/high-tec…!3rM1wwioRTmXU/
JM
@samuel
En effet les argumentaires des deux camps n’ont jamais joué dans la même cour, et c’est bien pour cela qu’une partie non négligeable de la population française persiste à approuver la bonne pensée dictée par de puissants media comme TF1, pour n’en citer qu’un. Malheureusement ça parle plus à Mme Michu de lui dire qu’on ruine les artistes en transgressant les lois que de lui dire qu’il faut tout faire pour préserver la liberté d’expression sur un truc compliqué dont elle a du mal à se rappeler le nom (Internet, c’est ça ?). En plus il y a un côté larme à l’œil qui plaît à certains de nos dirigeants, si vous voyez de qui je parle…
Je crois maintenant que c’est la principale faiblesse de l’argumentaire du camp anti-Hadopi. J’ai l’impression qu’il aurait plutôt mieux valu centrer le discours sur le registre de la création intellectuelle plutôt que sur les libertés individuelles, sans pour autant occulter ce problème de fond (on peut y revenir en conclusion). Le lien avec les libertés n’est pas évident pour tout le monde – on a trop l’habitude d’être spectateur – et ça peut même (sûrement) apparaître comme un subterfuge de personnes qui ont quelque chose à cacher.
Aussi mon avis depuis quelques temps est que toute l’industrie de la création intellectuelle, en fondant son activité sur la diffusion de supports, s’est trompée d’industrie : elle fait de l’industrie secondaire de transformation au lieu de faire du tertiaire (divertissement, loisirs, recherche, enseignement, etc.). Je pense qu’il faut désormais expliquer au public que le cas des chanteurs n’est qu’un tout petit cas particulier du vrai problème de ces industries. Car en cherchant un peu, on se rend vite compte que les industries de la musique, du cinéma, de la presse papier, du logiciel, des jeux vidéos, des livres, etc., ont toutes le même problème : il n’y a pas de coût de diffusion sur Internet et donc pas d’industrie secondaire possible.
L’ennui c’est qu’on n’a pas beaucoup d’exemples pour montrer à Mme Michu qu’on peut fonctionner autrement qu’en vendant des copies, et donc lui montrer qu’il est possible de changer de modèle. Mais on en a quand même un qui est loin d’être négligeable bien que pas très connu du grand public : le logiciel libre. Je signale tout de suite que je n’ai pas (encore) lu le livre dont il est question, mais je verrais bien un argumentaire dans ce genre :
1. les musiciens/chanteurs gagnent de l’argent en vendant des copies
2. Internet réduit à zéro le coût de la copie, les privant donc d’argent
3. il n’y a vraiment pas que les musiciens/chanteurs qui sont concernés [longue liste d’autres métiers concernés], il faut donc une solution globale
4. on peut brider Internet pour (essayer d’) interdire la diffusion de copies, ce qui nécessite d’intervenir chez les gens (prise de contrôle de leur machine – DRM), de vérifier ce qu’ils échangent (espionnage), et de contrôler tout ce qui est écrit sur les milliards de pages web, dit ou affiché dans les fichiers audio/vidéo, etc. (filtrage)
5. les métiers concernés peuvent simplement décider ne pas fournir de version numérique de leurs création, mais ils seront concurrencés par ceux qui accepteront de le faire et deviendront donc marginaux car moins faciles à diffuser et beaucoup plus chers
6. on peut chercher d’autres modes de fonctionnement et notamment de rémunération pour passer à une industrie tertiaire, le logiciel libre montre brillamment que c’est possible
7. la solution au point 4 est très coûteuse à mettre en œuvre (les ordinateurs ne comprennent pas la pensée humaine), pose des problèmes législatifs nationaux et internationaux, est contraire au but d’Internet (= échanger des informations facilement), pose des problèmes de liberté d’expression puisque chaque individu est contrôlé en permanence, et pourrait donner lieu à de nombreuses dérives du pouvoir puisqu’elle ressemble à des pratiques dictatoriales : il faut donc appliquer 5
Pour avoir un discours plus abordable, on peut aussi expliquer à Mme Michu que si elle n’arrive pas à lire son CD tout neuf dans sa voiture, si le DVD ramené des USA par son fils n’arrive pas à démarrer dans son lecteur, si elle n’arrive pas à installer son logiciel favori sur son nouvel ordinateur, si elle a perdu le livre numérique ou la chanson acheté(e) en ligne, etc., c’est parce que certaines industries ont déjà choisi la solution du point 4, et depuis longtemps pour les logiciels.
Grunt
@JM, samuel:
Marrant, j’aurais dit le contraire. Je trouve que les arguments contre Hadopi, que ce soit ceux lus sur les forums ou ceux des députés à l’AN, ont été beaucoup trop basés sur:
– une remise en cause du modèle économique des majors (On s’en fout: ils font ce qu’ils veulent de leur fric, bon sang),
– une réflexion sur l’impact du téléchargement illégal, face aux chiffres énormes annoncés par le camp "pro Hadopi". Sauf que ça aussi on s’en fout: la licence elle dit "pas touche", tu touches pas, point final. Pour faire un parallèle avec le logiciel libre, il ne s’est pas construit en proposant de distribuer des copies gratuites de Windows.
Et qu’on n’a pas assez parlé de présomption d’innocence et de droits fondamentaux. Du coup, à jouer leur jeu, à aller se battre sur leur terrain, là où ils étaient en position de force du point de vue médiatique, on ne s’est pas rendu service.
Charlie Echo
Je trouve cet article plein de raccourcis dangereux, et je ne le trouve pas recommandable. Techniquement bien écrit, peut-être, et encore. Mais au-delà de cet aspect technique, il n’y a rien de neuf.
Le problème est que la conclusion "Net Netrality = refuser le fitrage" joue sur un terme ambigü, car "filtrage" a de nombreux sens différents.
Si "filtrage" veut dire "censure", nous sommes d’accord : il faut refuser le filtrage.
SI "filtrage" veut dire "prioritisation du contenu", sans interdire aux gens de s’exprimer, mais en ralentissant des services pour des raisons techniques, alors il faut se rendre à l’évidence : le filtrage va être nécessaire ; je ne peux pas tolérer que ma VoD soit ralentie parce que d’autres font du P2P.
Et l’article présent, en jouant sur les termes, dit "Oui à la Net Neutrality, Non au filtrage [de contenus]" là où la majorité des gens qui parlent de Net Neutrality parlent de filtrage DE SERVICES, et, effectivement, refusent le filtrage de contenus.
Le lecteur est donc induit en erreur.
Par ailleurs, Hadopi et la Net Neutralité n’ont rien à voir : Hadopi parle du respect du droit d’auteur ; la Net Neutralité parle du financement du réseau qui sature. Le fait de mélanger les deux ressemble à du clientélisme.
Pour la Net Neutralité, il n’a jamais été question de "filtrer" les commentaires, ou articles (du moins en France) ; il ne s’agit pas du tout de censure. Il s’agit de savoir qui va payer les investissements pour que le réseau fonctionnne : les fournisseurs de contenu (YouTube), les internautes (nous) ou les opérateurs (Orange).
Si on dit que ce sont les opérateurs, ils risquent de ne plus investir, et donc le réseau saturera, ce qui sera pire que tout.
Si on dit que ce sont les internautes… nous allons râler.
SI on dit que ce sont les fournisseurs de contenus, ils vont crier que l’on tue la créativité, etc.
Bref, personne n’est content, mais il faudra bien une solution ; et vite !
Dire que "Il y a deux façons de traiter une saturation du réseau, l’une qui est d’investir sur la capacité du réseau […]l’autre étant d’investir [dans le fitrage]" est vrai. Ajouter que "Ces deux modèles correspondent à des niveaux d’investissements similaires" est totalement faux. Totalement. Il y a un facteur 10 ou 100 entre les investissements, le filtrage étant moins cher…
Bref, tous les lecteurs disent "Ah, cet article parle d’Hadopi, et détruit cette loi, donc l’article est bien".
Il faut mûrir : nous sommes en train de construire le réseau de demain, et nos petits problèmes d’Hadopi ne doivent pas masquer les sujets plus important qu’Internet amène. Internet ne PEUT PAS être une zone de non-droit ; c’est comme les radios libres des années 80 ; au début, c’est bien, mais il faut structurer le tout, pour éviter les abus, les atteintes à la vie privée, les dénigrements publics, etc.
N’oublions pas : la liberté de chacun s’arrête là où commence celle d’autrui. Définissons les libertés sur Internet, au lieu de dire que c’est un espace sans contrainte.
samuel
@Charlie Echo
La neutralité du net (au sens "Benjamin Bayard") ne me parait pas incompatible avec un respect du droit. Personnellement, je suis prèt à assumer tout ce que je dis et ce que je fais sur internet mais je refuse d’avoir à demander une autorisation préalable à quiconque pour m’exprimer. Une sanction est acceptable mais *après* l’infraction ! Le filtrage et le controle a priori est une invitation à la censure, c’est-à-dire une forme sournoise de sanction avant l’infraction. Bref, pour résumer : "NON au controle mais OUI à la repression"… (et c’est à la Justice d’organiser la répression et non pas aux "copains" du Président hors de tout cadre démocratique).
Charlie Echo
@samuel
Du côté de ceux qui souhaitent le "filtrage", je pense que personne, je dis bien personne, ne veut filtrer les contenus pour les censurer : ils ne sont pas à ce point totalitaires…
Ils ne veulent pas non-plus réprimer, ni contrôler. Ce n’est pas leur rôle.
Ceux qui veulent "filtrer" veulent mettre des priorités entre les flux ; c’est du "traffic shaping", et sous cette forme, tous les administrateurs de réseaux privés l’ont fait ! Il n’y a rien d’immoral là-dedans.
Donc il ne s’agit pas de demander une "autorisation préalable" avant de s’exprimer ; il s’agit de ne pas saturer les réseaux.
Quant aux "copains du Président"… C’est une expression un peu puérile : il ne s’agit pas de plaire à l’un ou l’autre, mais de trouver un compromis bénéfique à la Société… Ca décrédibilise totalement votre discours, ça donne l’impression que vous jouez la victime alors qu’il n’y a pas de menace…
Je pense, sincèrement, que ce type de raccourci ne permet pas un débat intelligent, et donc que cela nuit gravement au débat, car cela vous classe directement comme "gamin fougueux qui n’a pas réfléchi".
samuel
@Charlie Echo
Pas de volonté de censure ? Pas de volonté de controle ? … Pourtant, mon petit doigt me dit qu’ une solution de filtrage des contenus rendrait la vidéo "Casse-toi pauvre con" bizarrement beaucoup moins accessible. Bref, si on pouvait faire avec internet la meme chose qu’avec la télévision :
http://www.rue89.com/2009/11/26/sar…
Quand je parle des "copains du président", je fais allusion notamment à Hadopi qui est une autorité *administrative* donc sous influence naturelle du pouvoir executif.
Charlie Echo
Peut-être qu’une solution de filtrage de contenus serait détournée.
Mais PERSONNE ne parle de mettre en place une solution de filtrage de contenus.
Ca n’est pas parce qu’on peut le faire que ça va être fait !