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Brave New World
- L’Egypte se dote d’une loi autorisant une surveillance étroite des réseaux sociaux
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a promulgué une loi portant sur la réglementation de la presse et des médias, qui va permettre de surveiller étroitement certains comptes d’utilisateurs de réseaux sociaux, a rapporté samedi 1er septembre le journal officiel.
Selon cette loi, votée par le parlement en juillet, toute personne ayant plus de 5 000 abonnés en ligne – sur un site personnel, un blog ou les réseaux sociaux – pourra être surveillée par les autorités.
- États-Unis : des entreprises du numérique montent au créneau pour défendre la neutralité du net (sciencesetavenir.fr)
- L’assemblée Californienne approuve une proposition de loi “en or” pour la neutralité du net (arstechnica.com – en anglais)
- Le FCC critiqué pour avoir renoncé au pouvoir de punir Verizon (gizmodo.com – en anglais)
- D’après une décision de justice, des marchés avec un seul fournisseur d’accès internet peuvent être définis par le FCC comme « compétitifs » (arstechnica.com – en anglais)
- Montrez-moi vos emails et achats, et je ne vous manquerai pas (zdnet.fr) – voir aussi : Yahoo va éplucher vos emails pour revendre votre profil à des fins publicitaires (01net.com)
Il y a plus d’un an, Google a annoncé ne plus scanner les emails à des fins publicitaires. Ce qui lui a fait gagner un peu de crédibilité en matière de protection des données personnelles. Chez Yahoo, en revanche, c’est l’inverse. Non seulement le fournisseur continue de scanner les emails de ses utilisateurs, il en fait même un cheval de bataille auprès des annonceurs.[…] Il faut dire que Yahoo profite également d’une position particulière sur le marché. Les dirigeants de Oath ont en effet avoué que beaucoup d’utilisateurs font de leur adresse Yahoo un réceptacle pour les emails à caractère commercial, en particulier ceux qui ne sont pas sollicités. En d’autres termes, les adresses Yahoo sont souvent des adresses poubelle. Ce n’est peut-être pas très glorieux, mais c’est un avantage au niveau du ciblage publicitaire.
- « Les Nettoyeurs du Web », dans l’envers du débat (next.liberation.fr) – voir aussi : Les nettoyeurs du web : modérateurs au ministère de la vérité (maisouvaleweb.fr)
Tous les réseaux sociaux sont concernés par ces dilemmes épineux, comment limiter la propagande de groupes terroristes sans nuire à la liberté d’expression ? Comment concilier les modèles d’affaires des plateformes, favorisant l’indignation, la captation de l’attention, avec la diversité des opinions ? A l’heure où chacun peut s’exprimer d’un clic, le plus grand risque est celui du conformisme généralisé (ou bien d’une absence totale de pluralité), deux milliards d’êtres humains la tête dans le sable, lisant et réagissant au contenu trié pour eux, sans qu’on leur explique comment. La Silicon Valley est peut-être très en avance techniquement, mais elle a mis énormément de temps à comprendre que sur internet, nous ne partagions pas que des vidéos de chats.
Spécial France
- Tout ce qu’il faut savoir sur la mort prochaine du téléphone fixe historique (numerama.com)
- Le prélèvement à la source, une menace pour la « vie privée » ? (lemonde.fr)
- Prélèvement à la source : la note qui affole le gouvernement (leparisien.fr)
Spécial GAFAM
- Version censurée de Google en Chine : les ONG montent au créneau (numerama.com) – voir aussi : Questions sur le possible retour de Google en Chine (lemonde.fr)
- Le contrat secret de Google pour suivre les achats en magasin (zdnet.fr)
En annonçant son nouveau programme de mesure des ventes en magasin l’année dernière, Google expliquait que les partenariats avec des tiers lui permettaient de capturer 70 % de toutes les transactions par carte de paiement aux États-Unis.
Google peut associer les dépenses en magasin à des publicités si un consommateur fournit son adresse électronique à l’enregistrement. Pour les consommateurs qui ne fournissent pas d’adresse électronique, Google s’appuie sur des fournisseurs tiers de données de transactions par carte de paiement. - Quand Google vous prend pour un spammeur… ça va couper chérie… (voiprovider.wordpress.com)
- Facebook, Google, YouTube : la censure et encore la censure ? (arte.tv) –
voir aussi : Arte accuse, un peu vite, YouTube de « censure » (lemonde.fr) - Facebook face au défi de la modération des contenus (usbeketrica.com)
- Facebook commence à être vraiment fâché contre moi et ça m’inquiète (zdnet.com – en anglais)
- Facebook va vous proposer de vous faire de nouveaux amis (que vous ne connaissez pas) (zdnet.fr)
- Watch, l’arme de Facebook pour s’imposer dans la vidéo (liberation.fr)
- Pourquoi Facebook est impuissant à stopper sa propre chute (zdnet.fr)
- Amazon rémunère des employés pour qu’ils vantent leurs conditions de travail sur Twitter (numerama.com)
Les lectures de la semaine
- Colonisation numérique, peut-on contourner les GAFAM ? Qu’attend le Libre ? (andre-ani.fr)
- Les logiciels libres meurent lentement sans contributions (framablog.org)
- La « Commons Clause » de Redis : une mauvaise réponse à de vraies questions ? (scinfolex.com)
Le problème du « capitalisme de surveillance » réside autant dans la surveillance que dans le capitalisme lui-même, or le mouvement du Libre et de l’Open Source s’est interdit d’attaquer le fond du problème à cause de « l’agnosticisme économique » inhérent à la manière dont les quatre libertés du logiciel libre ont été formulées.
La Peer Production Licence a eu le mérite de montrer la possibilité d’une autre voie, mais il en a résulté un prototype encore imparfait. D’autres tentatives de formulation de licences à réciprocité sont actuellement en cours. […]Voilà précisément ce qu’il manque à la Commons Clause de Redis Labs pour mériter réellement son nom : un lien assumé avec la transformation sociale et la responsabilité sociale, associé à une vision économique claire capable de distinguer chez un acteur marchand un comportement prédateur d’un comportement génératif. On peut donc dire au final que la Commons Clause constitue une mauvaise réponse à de bonnes questions. L’erreur de Redis Labs est de prétendre faire du Commun en ne prenant en compte que la protection de son propre modèle économique, sans voir que l’enjeu véritable n’est pas microéconomique mais macroéconomique. Il consiste à mettre fin aux liens de dépendance qui font encore trop souvent des Communs numériques de simples pseudopodes du Capital participants à sa reproduction, là où l’urgence absolue consiste à se donner les moyens d’en sortir.
- Quand Twitter se casse les dents sur le droit d’auteur (scinfolex.com)
Tout cet écosystème toxique de « valorisation » des contenus et des données personnelles reposait sur un enchaînement de clauses de cession de droits et d’autorisations dans lequel le TGI de Paris vient de donner un grand coup de pied. Il ne serait donc pas étonnant que Twitter fasse appel de cette décision, car elle le frappe au cœur même de son modèle économique dont on voit mal comment il pourrait le garder intact s’il devait se conformer au jugement.
Mais d’un autre côté, cette décision […] livre aussi une arme redoutable à la société civile, car les mêmes causes produisant les mêmes effets, toutes les plateformes du capitalisme de surveillance sont désormais à la merci de qui voudra les attaquer, puisque leur fonctionnement repose en grande partie sur de telles clauses abusives, qui ne sont désormais plus que des tigres de papier.
- Algorithmes Frankenstein : les mortelles conséquences d’un code imprévisible (theguardian.com – en anglais)
« The problem is that we’re building systems that are beyond our intellectual means to control. We believe that if a system is deterministic (acting according to fixed rules, this being the definition of an algorithm) it is predictable – and that what is predictable can be controlled. Both assumptions turn out to be wrong.
It’s proceeding on its own, in little bits and pieces. What I was obsessed with 20 years ago that has completely taken over the world today are multicellular, metazoan digital organisms, the same way we see in biology, where you have all these pieces of code running on people’s iPhones, and collectively it acts like one multicellular organism.
There’s this old law called Ashby’s law that says a control system has to be as complex as the system it’s controlling, and we’re running into that at full speed now, with this huge push to build self-driving cars where the software has to have a complete model of everything, and almost by definition we’re not going to understand it. Because any model that we understand is gonna do the thing like run into a fire truck ’cause we forgot to put in the fire truck. »
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
Les vidéos/podcasts de la semaine
* Tout est numérique, c’est fini, mais les podcast sont toujours en ligne (franceinter.fr)
* John Turturro Introduces America to the World Wide Web in 1999 : Watch A Beginner’s Guide To The Internet (openculture.com)
Les autres trucs chouettes de la semaine
- Mozilla Firefox : vers un blocage par défaut des mouchards publicitaires (lemonde.fr)
- Des ingénieurs publient leurs mails de refus aux offres d’embauche de la Silicon Valley (usbeketrica.com)
- Éducation, gendarmerie… Ces services publics qui disent adieu à Google (wedemain.fr)
- Émission « Libre à vous ! » sur radio Cause Commune (4 septembre 2018) (april.org)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
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