Google Chrome OS ou l’ordinateur de moins en moins personnel

Temps de lecture 9 min

image_pdfimage_print

Doug Siefken - CC byReposant sur le véloce navigateur Chrome et un noyau Linux, Chrome OS est le très original système d’exploitation de Google qui devrait voir officiellement le jour avant la fin de l’année.

Si le succès est au rendez-vous, il révolutionnera notre perception même de l’informatique et de l’ordinateur (victimes collatérales  : Microsoft mais aussi le logiciel libre).

Et puisque cela ne pose aucun problème à la majorité de nos concitoyens de confier leurs données personnelles dans les nuages de Facebook[1] sans se soucier le moins du monde des termes du contrat, il en ira de même avec Google. Je lève donc l’incertitude du paragraphe précédent  : le succès sera au rendez-vous et, autant s’y préparer dès maintenant, la petite révolution aura bien lieu.

Un ordinateur moins personnel

A Less Personal Computer

Simson L. Garfinkel – Mai 2010 – Technology Review
(Traduction Framalang  : Olivier Rosseler)

Le futur système d’exploitation de Google sera rapide et sécurisé. Mais en retour il exploitera vos données personnelles.

Dans le jargon du Web, est dit chrome tout ce qui, dans la navigateur, encadre la page  : la barre d’adresse, le bouton Précédent et les fameux marques pages. Chrome, c’est aussi le nom du navigateur lancé par Google en septembre 2008, et, loin de simplifier les choses, Chrome OS est le nom du système d’exploitation annoncé par Google en juillet 2009 et qui devrait sortir avant la fin de cette année.

La confusion des noms est tout sauf fortuite. Elle reflète l’ambition de Google de créer un système d’exploitation fondu dans le navigateur. Adieu fichiers, répertoires et programmes. Chrome OS permettra à Google de mettre son infrastructure dans les nuages, des services et des applications en ligne hébergés sur leurs fermes de serveurs, au cœur de quasiment toutes vos activités. En quelques années, Chrome OS pourrait devenir l’environnement le plus simple, le plus rapide et le plus sûr pour l’informatique personnelle. Mais tout n’est pas rose  : il fera de Google le dépositaire de toutes vos informations personnelles. C’est la possibilité pour Google d’exploiter encore un peu plus vos données pour rendre plus lucrative encore sa vente de publicité.

Chrome OS représente un virage important dans notre manière de concevoir l’informatique. Les principaux systèmes d’exploitation aujourd’hui, Windows, Mac OS et Linux, reposent toujours sur le modèle de la station de travail hérité des années 80. Ils sont fait pour tourner sur du matériel puissant, le stockage des données personnelles et des programmes se faisant sur un disque dur local. Même le Web, inventé en 1989 par Tim Berners-Lee, n’est qu’une simple extension de ce modèle, un outil plus performant pour trouver des informations sur le réseau et les rapatrier sur votre ordinateur. Mais plus personne n’utilise son ordinateur ainsi de nos jours. En tout cas, pas ceux qui usent et abusent des populaires applications Web que sont Facebook, Gmail ou Youtube. Avec ces applications, vos données sont stockées dans un ou plusieurs datacenters quelque part dans le monde, décomposées dans le nuage et copiée momentanément sur votre ordinateur seulement pour les lire.

Vous pouvez télécharger le navigateur Chrome et le faire fonctionner sur Mac, Windows ou Linux. Si vous le faites, vous remarquerez qu’il est visiblement plus rapide que Safari d’Apple, Internet Explorer de Microsoft ou Firefox de Mozilla. Chrome intègre moins de chrome que ces navigateurs  : pas de bordure épaisse, pas de barre de boutons ou de ligne de statut. Pour Google, le navigateur doit se faire oublier pour vous rapprocher de vos données. le Chrome OS pousse le concept plus loin. Il s’agira d’un navigateur Web et un noyau Linux pour contrôler toute la partie matérielle, pas grand chose de plus. Chrome OS ne devrait pas dépasser le gigaoctet sur le disque dur et le système d’exploitation démarrera en quelques secondes. Il n’y aura pas de bouton Démarrer, seulement la page d’accueil de Google et les liens vers vos applications Internet favorites. Des panneaux s’ouvriront sur les côtés de la page principale lorsque vous branchez un appareil photo numérique ou qu’un réseau sans-fil est détecté.

L’apparence minimaliste de Chrome OS en fait le système d’exploitation idéal pour les netbooks aux spécifications modestes. Certains d’entre eux sont déjà livrés avec un système d’exploitation léger centré sur le navigateur qui peut être utilisé en lieu et place de Windows. Chrome OS est similaire, mais il sera intimement lié aux services dans les nuages de Google. Après avoir entré votre nom d’utilisateur et votre mot de passe Google pour vous connecter à Chrome OS, Google Docs vous permettra d’éditer et de sauvegarder vos documents et Gmail se chargera de vos e-mails.

Vous pouvez déjà télécharger et faire fonctionner Chromium OS pour obtenir un avant-goût de ce qu’il sera dans quelque mois. Mais je ne vous le conseille pas  : Chromium OS n’est pas encore prêt. Mais plusieurs fabricants d’ordinateurs, dont Samsung et Acer, prévoient de mettre sur le marché des netbooks sous Chrome OS et Google pourrait même sortir son propre netbook sous Chrome OS construit, un peu comme le smartphone Nexus One, autour de spécifications matérielles déterminées par l’entreprise.

D’après les ingénieurs de Google, Chrome OS utilisera le disque dur de votre ordinateur comme un simple cache où il stockera des copies de ce sur quoi vous travaillez afin de ne pas communiquer sans arrêt avec les serveurs et ainsi épargner votre abonnement 3G (et accessoirement votre batterie). Toutes ces données personnelles seront chiffrées, pas de risque en cas de perte de votre machine. Et si pour une raison ou une autre votre ordinateur était corrompu, par exemple par un virus, vous pourrez le remettre à 0 et recommencer votre travail sans rien perdre, puisque vos données sont dans les nuages.

Si vous faites parti des fans de Google, ou des employés ou encore des actionnaires de la firme, Chrome OS représente alors pour vous la dernière innovation de Google pour améliorer l’expérience utilisateur. Si vous êtes un concurrent, vous ne verrez pas forcément d’un bon œil le nouveau tentacule de Google s’étendre vers les systèmes d’exploitation. Et si vous êtes pour la défense de la vie privée, comme moi, voilà qui devrait renforcer vos inquiétudes les plus profondes quant au géant de l’Internet  : en cohérence avec ses déclarations, il cherche vraiment à répertorier toutes les informations du monde.

Souvenez-vous de la tentative de Microsoft de s’appuyer sur sa position de plus grand fournisseur de logiciel au monde pour s’accaparer le marché des navigateurs Internet, des serveurs Web et des services Internet dans les années 1990. L’histoire pourrait bien se répéter, mais dans l’autre sens. Google, roi de la recherche et de la publicité sur Internet pourrait s’appuyer sur la force de ses applications Internet pour se faire une place sur votre prochain netbook et, de là, sur votre ordinateur de bureau. Tous les services Google fonctionneront mieux avec Chrome OS, pas à cause d’un abus de position dominante de la part de Google, mais parce que le système aura été construit spécialement pour faire fonctionner des applications Web complexes. Et si tous vos besoins sont couverts par un navigateur Web, pourquoi devriez-vous payer pour un ordinateur plus gros, plus lent et qui demande une maintenance importante  ?

La convergence entre Chrome, Chrome OS et les services dans les nuages représente aussi un grand chamboulement dans le monde de la vie privée. Cela fait maintenant 20 ans que je m’intéresse à ce sujet  ; à l’origine des plus grandes menaces sur notre vie privée, on retrouve toujours les grandes entreprises qui essaient de collecter et de revendre des données personnelles et les gouvernements qui tentent d’y accéder. Chrome OS modifie largement les paramètres de l’équation. Pour la première fois, les utilisateurs seront encouragés à confier leurs données personnelles à une seule et même entreprise, une entreprise qui génère de l’argent en disséquant ces données. Et toutes ces informations ne seront protégées que par un identifiant et un mot de passe unique. Si tant est qu’elles soient véritablement protégées  : après tout, Google a bien décidé d’inscrire des millions d’utilisateurs de Gmail à Google Buzz sans leur permission, rendant public une grande partie de leurs contacts par la même occasion. Enregistrer, ranger ou sauvegarder ses données ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir pour les utilisateurs de Chrome OS. Mais qu’adviendra-t-il si les banques de données de Google sont piratées, révélées accidentellement ou partagées avec un gouvernement pernicieux  ?

On pense en général, à tort, que l’activité principale de Google est la recherche et que nous sommes les clients de l’entreprise. Mais en fait, du chiffre d’affaire de 23,7 milliards de dollars réalisé en 2009 par Google, 22,9 milliards proviennent de la vente de publicité. Google enregistre et exploite le comportement de ses utilisateurs pour cibler plus efficacement les publicités. Google produit des clics de souris et ses clients sont les publicitaires. Chrome et Chrome OS inciteront plus encore les utilisateurs à fournir leurs données personnelles au Googleplex, pour enrichir l’inventaire de Google et augmenter son taux de clics. Ces informations personnelles permettront à Google de mieux cibler encore les publicités pour des utilisateurs qui seront encore plus enclins à cliquer.

Les vrais clients de Google, vous savez, ces entreprises qui sont prêtes à dépenser des milliards tous les mois pour utiliser ses services de placement de publicité, seront heureux, soyez en sûrs. Plus d’espace et de visibilité pour afficher des publicités se traduit par un coût au clic plus faible. Mais pour les utilisateurs ordinaires, ça n’est pas forcément bon. Aujourd’hui, il vous est toujours possible de lancer une application sur votre ordinateur et conserver vos données exactement où vous le souhaitez. Dans le futur, si vous décidez de prendre part à la révolution de l’informatique personnelle selon la vision de Google, vous n’aurez peut-être plus ce choix.

Simson L. Garfinkel est chercheur et auteur, il habite en Californie. Ses sujets de recherches incluent des travaux en informatique légale, sur la vie privée et la gestion des informations personnelles.

Notes

[1] Crédit photo  : Doug Siefken (Creative Commons By-Sa)

32 Responses

  1. lebendre

    Petite faute de français dans le dernier paragraphe: "se traduit par un coût" et non pas "un coup", il me semble…

    Et dire qu’on est encore en train de se battre contre un système en déclin…

  2. little

    Ca fait très science fiction, sauf que c´en n´est pas. L´informatique dans les nuages n´est-elle pas, pour les particuliers, un palliatif au faible débit adsl?

  3. julien

    @little au contraire, le développement de l’informatique dans les nuages va encombrer le réseau de manière croissante. quand on voit la lenteur des webapps (y compris celle de Google) ainsi que les très réguliers plantages, on peut se demander si le cloud n’est pas une impasse.

  4. buenol

    <soutien Google>
    Oui mais la politique de Google reste de laisser l’utilisateur zappé de service quand il le souhaite (export de données,change de moteur si tu veux,…)
    C’est absurde de croire qu’ils veulent le mal ,tout le monde est d’accord pour dire que leur domination est justifié par la qualité de leur service.
    </soutien Google>
    <nostradamus adorateur des biens communs>
    Mais le futur ne sera pas centralisé comme Google veut nous le faire croire.L’avénement de services decentralisés/locaux va bouleversé le marché et ni Google ni personne ne pourra empecher cela.
    Avec une bonne revolution et des ecolos libres qui dirigeront le monde à coup de "revenue de vie",d’"argent fondante" et de "logiciel/culture libre"
    </nostradamus adorateur des biens communs>
    Mon humble avis qui est surement à coté de la plaque.

  5. WhilelM

    Une autre petite faute, tentacule est un nom masculin.

  6. gnuzer

    @julien : je pense que little voulait parler plus spécifiquement du SaaS, qui correspond si je ne m’abuse au cloud computing lorsque celui-ci est situé sur une machine d’un fournisseur de services, et non sur la machine du particulier lui-même.

    On peut en effet penser que le débit asymétrique est une des raison pouvant pousser les utilisateurs à mettre leurs données sur les serveurs de Google plutôt que sur un serveur personnel chez soi.

  7. Trucs et astuces de Gremi

    Le grand méchant arrive …

    Un article sur Framablog très intéressant qui annonce la grande révolution qui est en route … Le grand méchant Google est en marche … < Chantez dès à présent la musique de Dark Vador >……

  8. Desidia

    Les risques énoncés sont bien réels, mais en contrepartie, s’agissant d’un OS centré autour d’un navigateur, qu’est-ce qui interdit à l’utilisateur d’héberger ses données chez un prestataire de confiance (l’hébergeur d’un site web personnel, qui moyennant un loyer souvent minime, ne fait pas intervenir la publicité pour financer ce service), voire chez lui si on dispose d’un IP fixe ?

    Le vrai danger serait que le navigateur ne soit pas neutre en ce qui concerne la navigation, et impose par ex. le passage par un proxy.

  9. expression.web

    Je ne vois pas pourquoi tout le monde parle du cloud computing en mettant les serveurs de google dans la meme phrase.
    Prenez google wave. Au debut j’ai entendu des rumeurs sur les problemes de securites et de droits sur les donnees privees,…
    Au final, on peut l’utiliser sur google mais on peut egalement l’installer sur son propre serveur et google n’a pas acces a ces donnees.
    J’espere voir le cloud computing de chrome os sur les serveurs de google aussi bien que sur les serveurs d’autres hebergeurs mais aussi et surtout sur des serveurs prives.
    Les societes pourront alors heberger leurs applications sur leurs propres serveurs et garder leurs donnees en interne.
    Pour les particuliers, de toutes les facons ils utilisent deja les gmail et facebook et autres google docs, je ne connais pas beaucoup de gens qui ont leur propre serveur exchange chez eux, ou alors ils utilisent les services de leurs entreprises ce qui nous ramene quelques lignes plus haut.
    Je ne vois pas les choses tellement en noir, au contraire je pense a un vrai bond en avant et je suis meme presse d’y etre pour peut etre commencer a economiser sur les licences windows et sur le prix de machines.

  10. Incontinentia Buttocks

    "Les risques énoncés sont bien réels, mais en contrepartie, s’agissant d’un OS centré autour d’un navigateur, qu’est-ce qui interdit à l’utilisateur d’héberger ses données chez un prestataire de confiance (l’hébergeur d’un site web personnel, qui moyennant un loyer souvent minime, ne fait pas intervenir la publicité pour financer ce service), voire chez lui si on dispose d’un IP fixe ?"
    Les applications de Google ont-elles une option permettant de choisir où on veut stocker ses données ? A part le moteur de recherche, je n’utilise aucune application et aucun service de Google, donc je ne connais pas trop le sujet, mais je mettrais ma main gauche (celle que j’utilise pour plein de choses) au feu qu’ils ne permettent pas de choisir où sont stockées les données.

  11. laurentz

    Garfinkel a totalement raison dans la description qu’il fait de l’informatique personnelle selon Google. Comme le souligne l’article, Google a cette différence fondamentale avec Microsoft d’avoir comme ultime but de vendre un panel de profils le plus précis possible à des régies publicitaires. Dans ce cadre la technologie informatique n’y est qu’un détail, juste un moyen et non une fin. Cela a contrario du marché informatique classique qui fonctionne depuis toujours sur la base d’une course à la puissance et de prix à payer pour y accéder. C’est pour cela par exemple que Google est un ennemi mortel pour Microsoft car les deux entreprises ne fonctionnent pas du tout sur le même modèle. Quelque part si Microsoft veut vraiment pouvoir concurrencer Google et garder une place au soleil, il faut qu’il change de métier, rien de moins.

    Pour revenir à Google, son motto est "don’t be evil". Cela ne signifie en rien l’adoption d’une quelconque cool attitude ou d’être amical avec tout le monde ou encore à ne penser qu’à de la bienfaisance envers l’Humanité. Non. Rien de tout cela. Ce "Don’t be evil" est plutôt à rapprocher du mode de pensée d’un publicitaire. Il faut séduire le chaland en lui fournissant un accès simple et gratuit a des services qu’il pourra utiliser de partout. Il faut que cela soit un véritable nid douillet pour que l’utilisateur s’y sente bien sans s’apercevoir trop qu’il se trouve en réalité sous observation dans une sorte de vivarium géant qu’on nomme aujourd’hui le nuage. L’important est que l’utilisateur vienne de lui-même donc sans contrainte (apparente).

    De fait, une contrainte majeure dans la montée en puissance du nuage Google reste l’accès aux services. Cet accès se doit de devenir universel et transparent. D’où l’apparition d’Androïd sur les smartphones, les accords avec les opérateurs mobiles pour déverrouiller les forfaits data, l’expérience Google opérateur Internet très haut débit en fibre optique aux USA et aussi l’apparition du navigateur Chrome puis du système d’exploitation ChromeOS et encore d’autres à venir.

    Je suis totalement d’accord avec Garfinkel pour dire que l’ordinateur personnel à la mode issue des années 80 risque de ne pas passer la décennie et que le Minitel 2.0 aura tous les atouts pour attirer les foules. L’iPhone et l’iPad n’en sont à ce titre qu’un avant-goût.

    Par contre, je pense qu’il faut avoir un champ de vision qui soit beaucoup plus large que le seul Google. En effet, si Google sait innover, il n’a pas à lui seul l’apanage de l’innovation et dans certains cas il se fait suiveur sans pouvoir rencontrer le succès dont bénéficie la concurrence (ex: Facebook, Twitter). Il n’est pas non plus à l’abris de bévues promptes à réveiller temporairement la méfiance de l’utilisateur.

  12. sylware

    Et pendant ce temps là, il est toujours ultra-pénible d’avoir GNU/Linux sur son ordinateur personnel et tout le monde est équipé de l’espion "officiel" qu’est "fenêtres"… de force.

  13. Antoine

    Quelle est la licence de l’article original? il n’est plus accessible librement sur le site de Technology Review ni sur celui de l’auteur.

    Article très interessant au demeurant. Que penser d’Ubuntu One, qui est aussi un service de cloud qui a fait couler beaucoup d’encre, mais aux conditions d’utilisation beaucoup plus protectrices que celles de Google?

  14. Flam

    Sensible à la protection de la vie privée, la méconnaissance et l’absence de réaction de la grande majorité des utilisateurs "des données dans le nuages" me fait froid dans le dos.
    Sans aucune volonté de faire de la publicité, j’ai appris récemment l’existence de matériel tel que le SheevaPlug. Si je n’ai pas bien saisi son fonctionnement, il semble que ce type de matériel pourrait fournir une alternative à la problématique soulevé ici, non ?

  15. mw4rf

    Dans le même sens et partageant les mêmes inquiétudes, tout en reconnaissant que le danger n’est encore que potentiel (il se révélera selon les conditions dans lesquelles Google utilisera les données) : http://www.valhalla.fr/2010/03/06/c

  16. Alatar

    Le développement d’un tel OS Google peut faire peur, mais je pense que même si l’OS a un comportement "pas très moral", on a tout à y gagner, parce que les effets de bord ne peuvent qu’être bons.

    Déjà pour les effets sur le marché des OS. Ça préparera les gens à "changer d’OS", opération inimaginable jusqu’alors. Imaginons le paysage dans 10 ans, avec les effets de bord d’une explosion de Chrome OS :
    – Chrome OS : 55% du marché. Préinstallé sur tous les nouveaux PC vendus, mais de toute façon il est gratuit, donc ce n’est pas de la vente liée. On ignore un peu ce que Google fait des données, mais ça ne change rien au status quo précédent (plus de 90% des postes sous Windows, OS propriétaire qui effectuait lui aussi des traitements pas nets. Donc ça ne change rien).
    – Windows : 15%. En chute libre, plus personne n’en veut.
    – Mac OS : 10%. A un peu profité de l’ouverture.
    – GNU/Linux : 20%. A beaucoup profité du fait que les gens découvraient qu’il existe autre chose que Windows. Intéresse aussi pour son côté libre, sa communauté croissante.

    Des effets aussi sur le hardware : les constructeurs auront intérêt à ce que leur matériel soit reconnu par le noyau Linux, à la base de Chrome OS.

    Et enfin, des effets sur les réseaux, avec Google et d’autres grands acteurs qui vont militer en masse pour de l’Internet mobile à très haut débit (4G? La suite?) et surtout NEUTRE (ils auront très peur de l’arrivée de terribles "option google 10€" sur les forfaits "internet by orange").

    Donc je pense qu’au final les effets ne peuvent qu’être bons : d’un côté des choses qui n’empirent pas, de l’autre des choses qui s’améliorent.

  17. Bob

    Les logiciels libres peuvent jouer un grand rôle dans cette évolution en l’embrassant et en simplifiant la mise en place de serveurs chez soi et de clients légers type Google Chrome.

    Pourquoi utiliser les serveurs de la firme quand on peut héberger les données chez soi, à l’abri des sociétés de publicité ?

  18. dormomuso

    "Don’t be evil" :
    Pour me convaincre qu’ils sont différent des autres, il leur reste quelques truc à libérer (moteur de recherche, gmail, données google books…)

  19. Elessar

    @dormomuso: Pour Google Books, il y a deux cas :
    – les livres encore sous le droit d’auteur, pour la numérisation desquels Google doit obtenir l’accord des ayants-droits (sinon c’est interdit, évidemment) ;
    – les livres dans le domaine public, que Google a le droit, comme n’importe qui, de numériser, de copier, etc. : une fois qu’ils ont publié des copies de ces œuvres, ils ne peuvent pas s’opposer à leur utilisation, et elles sont libres de facto.

  20. Catarina

    Il ne faut pas confondre le modèle économique de Google, qui induit une exploitation statistique des données personnelles, nous transformant en matière première; et son modèle technique, qui procède d’une réelle innovation dans les usages.
    La bonne santé du premier permet la croissance du second, avec une qualité de service à la hauteur de la puissance financière qui lui assure pour le moment une position de leader.

    Mais de nombreux clones apparaissent, se posant en alternatives aux services Google, avec des modèles économiques variés, dont certains sont payants. Azure, de Microsoft, est la plus belle preuve que la voie de Google est bonne et que son offre à du sens pour les utilisateurs.

    Je pense que, tôt ou tard, une alternative libre existera pour chaque brique du modèle technique. Comme sont nés Chromium, ou mieux encore Iron, versions libres et "clean" de Chrome; un jour, un "Iron OS" apparaitra et profitera de l’adaptation des matériels pour Chrome OS (c’est souvent là que Linux peine; Google peut exiger des constructeurs des informations qu’aucun développeur du Kernel n’aura jamais) et permettra de choisir ‘son’ fournisseur de Cloud Services.

    En respectant des standards dans les protocoles et les formats de données, Google à préservé l’existence d’alternatives, concurrentes ou complémentaires, et leur interopérabilité avec ses services; et en ne posant pas de verrou sur les données, il diminue le coût du ticket de sortie. Le futur n’est pas si sombre.

  21. libre fan

    Google a juste l’avantage sur les autres espions d’utiliser du libre souvent.

    Mais à part Google, Facebook a tous ses pigeons béats. Voyez l’avenir radieux décrit par Clochix:
    http://www.clochix.net/post/2010/04

    PS: @ Catarina. Chromium n’est pas mieux que Chrome: espion pareil. Mais son avantage est qu’il est libre et qu’Iron a pu venir au jour.

    Tous les logiciels dits libres ne sont pas innocents et bienveillants. Mais tous les logiciels propriétaires sont privateurs (même si un tout petit nombre sont sans doute de grande qualité)

  22. dormomuso

    @Elessar Tu as raison, en l’état actuel (et fragile du droit) mais Google exprime son souhait de se réserver l’exploitation commerciale de leurs numérisations, au cas où. C’est inélégant, probablement inutile, et contre-productif parce qu’ils ont perdu beaucoup de soutien à cause de ça.
    << Consignes d’utilisation
    Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
    ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
    Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
    dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
    contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
    Nous vous demandons également de:
    + Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
    Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
    quelconque but commercial.
    + Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
    des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
    d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
    ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
    + Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
    et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
    aucun cas. >>

  23. Grunt

    @dormomuso:
    "Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
    Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
    quelconque but commercial."

    Ça veut dire que Google n’a pas le droit de numériser une oeuvre sous licence libre avec une mention de copyleft, puisqu’une telle licence implique nécessairement la possibilité d’utiliser de façon commerciale une copie de l’oeuvre.

  24. Elessar

    Ils peuvent mettre ce qu’ils veulent comme licences sur leurs livres dans le domaine public, Google : ça n’a aucune valeur, c’est du domaine public, point. Ils peuvent t’interdire de le copier, de le revendre, cette interdiction n’a aucune valeur, elle est juste nulle.

  25. little

    @ Elessar,

    J’ai quand même un doute car je ne sais pas sous quel régime est la numérisation : si une oeuvre de Diderot ou de Mozart sont dans le domaine public, leurs rééditions ne sont pas pour autant libres et dans le domaine public, du fait ,me semble-t-il, qu’il y a eu un travail d’édition. La numérisation rentre-t-elle dans ce cas de figure ?

  26. blaaa

    +1 Alatar +1 expression.web : "les effets de bord ne peuvent qu’être bons".
    (commentaire déposé via Google Chrome, je file installer http://fr.wikipedia.org/wiki/SRWare… 😉 )
    ___________________
    Google Chrome OS est un produit qui va concurrencer d’autres produits.

    Chromium OS est un projet d’OS libre qui enrichit l’offre en OS libres.

    Comme Alatar et expression.web, je me réjouis de voir ce nouvel arrivant qui diversifie les usages et dont "les effets de bord ne peuvent qu’être bons".

    [ Testez Chromium OS Flow avec une clé usb : http://chromeos.hexxeh.net ]

  27. blueangel.0

    @blaaa :
    Sauf que la pression par google sur les projets libres ne va pas faire basculer les utilisateurs vers des solutions libres et diversifiée mais vers des solutions partiellement open-source et appartenant à google, et on retombe dans un monopole

  28. Olf

    L’analyse se base sur l’idée que l’utilisateur de chrome OS utilisera forcément les services google. Heureusement, cette hypothèse est fausse. Flikr, hotmail, office web apps, photoshop express, bing, bing maps… seront bien entendu accessible via chrome os. En bref, du coté vie privée et ouverture, rien de bien différent de ce qui existe aujourd’hui avec chrome sur les os existants.

  29. William JCM

    Je pense que l’OS de Google va pénaliser les wareziens, gamers ou autres, car des logiciels comme Steam ou µTorrent ne seront pas utilisables.

  30. skal

    Tout utilsateurs « de base » pour qui internet n’a pas changé son mode de vie a au moins un ou plusieurs comptes sur des services web (ex: facebook, hotmail, flickr,) les utilisateurs un poil plus séduit par le web en ont quelques un en plus (ex: blogger, dropbox, youtube).. Les utilisateurs assidus du web possèdent probablement tous un de ces comptes et les croisent et recroisent sans arrêt..

    ChromeOS ne fera, au pire, que rassembler ces divers services en son sein.. Je doute par contre que chacun fasse le portage de ses comptes déjà existants et configurés, mais pour les utilisateurs à venir, si ils passent sur ChromeOS, cela ne fait à mon sens aucun doute : Google se les accaparera.

    Que ce soit chez Google, ou chez d’autres géants du Web, nous leurs donn(er)ons nos petites infos.
    Et dans ce cadre là, si on mêle qualité de service, abus, et intérêt du libre.. Google me semble être le choix le moins pire..
    Service quasi exelent, à ma connaissance ils n’ont donné que deux fois des listes d’ IP à un gouvernement, ils font ce qu’ils peuvent du côté chinois (« exister un peu ou pas du tout » est le leitmotiv de leur dossier Chine).. Et ils utilisent ce qui ressort du monde « libre » contrairement à tous les autres.
    Après, centraliser toutes ces infos perso est certainement une aubaine pour les annonceurs..
    Du coup, la question de la vie privée sur le net pourrait se traduire par « est-ce que je file toute mes infos à Google ou est-ce que je les dissémine chez plusieurs annonceurs foutant ainsi un peule boxon dans le marché publicitaire? »

    Tout cela n’étant valable que pour les utilisateurs utilisant des services Web, il reste donc une encore large frange des utilisateurs, ceux qui sont « impliqués »..

    Ceux là ont déjà un serveur à domicile hébergant une page perso/blog, un serveur de mail voire de téléphonie, une gallerie photo, et leurs fichiers médias lisible en stream.. le tout confiné dans leur cave..

    Et c’est ceux-là qui font que ça bouge! J’en prend pour preuve Ubuntu Netbook Remix préinstallé sur certaines machines..
    Un OS intégré qui n’est pas Windows et ce bien avant ChromeOS !!

    En réalité, la seule chose qui pourrait VRAIMENT rendre le Web « personnel » est bien cette solution d’hébergement à domicile..
    A condition d’avoir des solutions à la portée d’un foyer.. : des alims qui consomeraient moins de 50W, une connexion T1 pour tous, des racks de disque durs à prix plancher, le tout avec une qualité de fabrication que ça te fait même pas peur de l’acheter parce que dans 10 ou 15 ans ça tournera toujours !!

  31. jean-michel

    je pense qu il ne faut pas faire trop de bruit autour du cloud , chrome OS est un OS trés evolutif
    qui peut se transformer facilement en linux standart libre à celui qui le charge de le faire
    pour ma part c’est la rapidité de chargement qui doit etre l’objectif majeur le cloud on est vraiment pas obligé de l utiliser.personnellement j y ai déja chargé un serveur apache , un demon ssh grace à ipkg ( optware ). le coté « browser only » me séduit aussi vu la pléthore d’applications qui existent sur linux. cela oblige un peu le développement à se standardiser autour d’un navigateur chrome en l ‘occurence que j’apprécie pour sa rapidité ,le niveau de ses possibilités JS et CSS et la simplicité de développements au niveau de ses extensions. attention aux failles à ce sujet d’ailleurs