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On m’a signalé ce reportage issu de la télé municipale d’Issy-les-Moulineaux, titré « L’école de demain est à Issy ! », et ainsi décrit sur son canal Dailymotion :
L’école des Chartreux est la seule école française à participer à un programme international initié par Microsoft sur l’école innovante. Elle devient ainsi l’acteur et le témoin d’une toute nouvelle façon d’apprendre en primaire. La mise en œuvre de ce système donne aux élèves isséens l’accès à des équipements et des techniques de communication qui font aujourd’hui définitivement partie de notre société. Le projet propose d’ailleurs aux enseignants plusieurs outils pour élaborer des approches pédagogiques totalement innovantes : tableau numérique interactif, tablettes PC individuelles, logiciels éducatifs spécifiques… De quoi habituer les jeunes d’Issy aux outils de demain.
Il s’agit donc de l’école des Chartreux qui, comme on peut le lire sur ce document, fait partie des « Microsoft Innovative Schools Program ». Exactement comme l’école Châteaudun d’Amiens dont j’avais démontré (et tenté de démonter) l’entrisme Microsoft dans un cinglant billet.
Tout y est en tout cas ici : le dynamisme enthousiaste du reporter, l’instituteur innovant et motivé, les témoignages d’élèves ravis, la caution de l’inspection académique, et le VRP Microsoft qui joue les experts pédagogiques es modernité (en l’occurrence, bien évidemment, mon ami Thierry de Vulpillières)
Je manque de temps pour en dire ce que je pense alors j’ai décidé de sous-traiter en faisant appel à votre légendaire sagacité dans les commentaires ;)
Parce que ce qui me choque avant tout dans ce projet ainsi présenté, c’est qu’il semble ne laisser aucune place au débat.
« Il faut être absolument moderne », disait Arthur Rimbaud…
aKa
En complément, il est à noter que Microsoft a annoncé récemment son nouveau projet de « classe immersive » que l’on peut aller visiter à son siège à… Issy.
http://www.microsoft.com/france/edu…
News évidemment relayée (sans l’ombre d’un esprit critique) par le Café Pédagogique :
http://www.cafepedagogique.net/lexp…
Et qui s’y est rendu en premier ? Notre instituteur de l’école des Chartreux bien sûr, comme on peut le voir sur ce reportage de 01net (on y retrouve du reste l’inévitable Thierry de Vulpillières qui nous promet des « scénarios pédagogiques proposés par le Café Pédagogique et l’assocation Projetice ») :
http://www.01net.com/editorial/5804…
Bien ficelé tout ça…
Rudloff
Ne serait-il pas pertinent d’initier les élèves aux différents systèmes existant, afin de leur apprendre à s’adapter à leur environnement (et aussi éviter d’entretenir un monopole).
Après, ils sont peut être encore un peu jeunes pour faire la différence entre tel ou tel système d’exploitation.
Flo
L’informatique ça peut être vraiment bien pour l’apprentissage de la logique avec de la programmation par exemple. Mais si c’est juste pour faire glisser des carrés, je sais pas si ça apporte vraiment quelque chose, je trouve que ça fait surtout gadget comme ça.
RV
la vraie question (qui n’est pas posée) : à part une certaine motivation, quelle est la plus value en termes d’apprentissages ? Les enquêtes menées l’estiment à ….zéro !
Par contre, et c’est loin d’être anodin, il conviendrait de regarder si les élèves terminent les cycles avec une appétence ^pour la formation différente des autres.
Sinon….il ne nous resterait qu’à féliciter les marketeurs des éditeurs et des fabricants de matériel.
Cyrille BORNE
Plutôt que de dénoncer les écoles qui utilisent Microsoft plus par manque de connaissance, de culture du libre que pour toute autre raison maléfique, ou même parfois plus simplement parce que ce sont uniquement des sociétés qui vendent du propriétaire qui font le premier pas vers les écoles, pourquoi ne pas parler de ces gens qui font tourner des écoles sous Linux (je connais même des lycées agricoles) ou de ces enseignants qui font une distribution Linux qui permet de réhabiliter du vieux matériel : http://asri-education.org/
Ta route vers le libre français est longue et semée d’embuches padawan aka mais tu sauras entendre le cri de ton peuple et peut être même le délivrer 😉
aragon
L’école devrait d’abord être un lieu totalement neutre et surtout de ne pas être sous l’influence de multinational tel que: MicrobeSoft, Distributrice CocaCola,Pepsi Apple sous le couvert de bonne intention pédagogique ou de commandite pour CocaCola en ayant des distributrices au 20 mètre carré. Ceci ne veut pas dire pour MicrobeSoft de ne pas développer des outils pédagogiques ou autres mais toutefois sans avoir la complaisance de quelques personnages du système scolaire.
Un autre exemple de contamination des esprits: Au Québec dans une ville qui porte le nom de Sorel, un commissaire scolaire complètement vendu à Apple a réussi à convaincre d’acheter une tablette Apple par élève * environ 200,000euro et ceci n,est que le début seon lui * sous prétexte d’amélioration pédagogique et comme par hazard aucune autre tablette au 1/4 du coût ne pouvait faire le travail.
Certains individus * Passionné par un produit, libre a eux * sous le couvert de leur fonction pédagogique deviennent l’instrument du formatage de la pensée unique. Il est là le problème….
En terminant ce genre d’histoire me fou les boules ! Étant un utilisateur de logiciel libre parce que je suis libre d’esprit et j’essais de ne pas devenir un être humain formaté à la pensé unique, j’essais également en douceur d’influencer mon entourage à la liberté numérique et ainsi être moins dépendant des Mégapole du numérique sans toutefois devenir un intégrisme du libre. Chacun est libre de choisir.
Pourquoi pas transformer nos enfants en Automates ainsi on aurait de petit être parfait et bien obéissant à la pensée unique NON ?
Bientôt ce sera le vendeur de marijuana au secondaire qui viendra présenté les bienfaits sur la concentration et l’amélioration relationnelle que procure quelques poff dans la journée appuyé par un pédagogue accru au versus du canabiste ???
Je sais c’est un peu gros mais ça ressemble a ça!
anonyme
Ya que moi qui trouve que le mec ressemble a Patrice Carmouze?
Sinon le soucis comme d’hab c’est le tout ou rien.
Des établissements qui en sont encore au siècle dernier, sur tous les plans et d’autres qui passent au full total nawak numérique et de la pire facon avec du M$ par exemple.
Sinon +1 Cyrille BORNE
anonyme
Et accessoirement il y a encore bien pire que M$ dans les écoles, c’est la destruction total de l’enseignement public et républicain en europe, pardon, du marché éducatif devrait on dire…
Qui représente des milliards et qui de fait vous vous en doutez ne laisse pas du tout insensible nos grands capitalistes. (la réforme des universités c’etait un bout de ca, + la décentralisation, la mise en concurrence des régions etc etc)
Aa
@Rudloff : mes enfants (9 et 10 ans) ont quotidiennement entre les mains des ordinateurs sous Ubuntu / Mac / Windows et font parfaitement la différence entre ces différents OS. Ils ont également compris la différence entre libre / non libre. Ils se servent d’un ordi ou d’un autre selon leurs usages et n’ont aucun problème à passer de l’un à l’autre.
dnartreb89
Personnellement, ce qui me choque le plus dans cette vidéo ne viens pas de Microsoft.
L’informatique étant uniquement un outil, le placer à ce point au coeur de nos apprentissage me choque bien plus que tel OS ou tel programme. Sômmes nous si démeurés que nous ne pourrions plus imaginer vivre sans tablettes et smartphones? L’informatique doit-elle donner un sens à notre vie?
Si l’école de mon fil proposait cette omniprésence informatique, je me sauverais en courant. Elle fait peur cette vidéo.
« Regarde mon fil, ce que tu vois sur ton écran est la beauté du monde, ne regarde pas ces étoiles réelles qui passent au dessus de ta tête, ne savoure pas ce vent qui se glisse dans tes cheveux. Tout cela te détourne du fait que la réalité n’existe pas, elle se trouve dans la boîte. Retourne dans ton univers virtuel en vitesse «
Fredibi
Prenez cette vidéo et remplacez les ordinateurs par un crayon et du papier, par une craie et un tableau. Qu’en pensez-vous ? A part le fait que ce soit un support nouveau (tout du moins à l’école), expliquez-moi où est l’innovation pédagogique ?
Enfin, ils risquent de trouver la vie à la maison bien triste sans tous ces beaux objets ! Bien joué Mr Microsoft.
David
Moi je rêve d’une fronde des parents d’élèves qui convonquent la presse :
– Nous ne voyons pas pourquoi l’école devrait laisser entrer aussi facilement une multinationale américaine tel le renard dans un poulailler
– Nous ne comprenons pas pourquoi les outils et les formats utilisés ne sont pas libres
– Nous n’avons aucune garantie sur les bénéfices pédagogiques d’une telle coûteuse opération qui ressemble plus à une opération de marketing qu’à autre chose
– Nous n’avons pas envie de voir l’école conditionner nos enfants à tous ces gadgets
Ça aurait de la gueule !
nicoals
Yo ! +framalike pour le commentaire de David.
Elessar
Tout ce que j’en pense, c’est que ça manque de chiffres. La seule chose importante pour l’école, c’est son efficacité à transmettre des connaissances et des savoir-faire aux élèves. Donc dans ce cas précis, la question, c’est : toutes choses étant égales par ailleurs — en particulier, à budget égal —, les résultats de cette écoles sont-ils supérieurs ? S’ils sont égaux, ça ne sert à rien, s’ils sont inférieurs à ceux d’une école qui investirait une somme équivalente pour augmenter le nombre d’enseignants par exemple, c’est du gâchis.
totopipo
Haaaaa!
Je suis parfaitement de ton avis dnartreb89; pour la peine, je propose aussi un lien un poil engagé qui dénonce bien cette fuite en avant de la numérisation. Micro machin, la pomme ou du libre, quelle belle blague dans cette marche forcée du Gixel. Des prothèses électroniques augmentant la réalité pour humains de plus en plus diminués…
http://www.article11.info/?Les-enfa…
nicoals
@ dnartreb89 et totopipo : Ne confondriez-vous pas l’Informatique et les gadgets.
L’invention de l’ordinateur est susceptible d’entraîner d’énormes améliorations de la société. Accompagnées certainement de quelques événement néfastes, il faut l’avouer . Cependant, c’est bien ce qui s’est passé depuis l’invention de l’écriture puis celle de l’imprimerie en leurs temps, n’est-ce pas ?
Est-ce que nous rejettons les livres sous prétexte qu’ils nous détournent de la vraie vie ? (Chasser le mamouth laineux, cueillir les baies sur les arbustes sauvages etc.) Je ne le pense pas.
haa.Aa
@Aa: mes gonades (gauche et droite) sont quotidiennement entre les mains des opératrices sous Ubuntu / Mac / Windows et font parfaitement la différence entre ces différentes OScultations. Ils ont également compris la différence entre libre / non libre. Ils se servent pas d’un ordi ou d’un autre objets, car ils n’ont pas de bras, selon l’usage, et n’ont aucun problème à passer de l’un à l’autre.
dnartreb89
@nicoals, l’école est devenue obligatoire et pourtant bien des savoirs non scolaires ont disparus.
Par exemple, tu marche tout les jours sur des chemins sur lesquels tu croise des plantes aux propriétés diverses et étonnantes que les anciens se transmettaient de bouche à oreille et dont les livres stockent les vertus mais que nos sociétés ont oubliées malgré l’extraordinaire savoir qu’engouffrent nos ordinateurs.
N’est-il pas dommage que la course à la technologie et à l’uniformisation des savoirs nous fassent oublier bien des connaissances.
L’école souffre déjà de résumer la connaissance aux livres, je ne veux pas qu’en plus elle l’enferme dans de l’électronique faisant dépendre nos capacités réflexives du marché chinois ou taiwanais.
J’ai personnellement fait un CAP/BEP de menuiserie après un BAC S et j’ai été choqué quand je me suis rendu compte que l’école me proposait pour unique savoir d’apprendre assis 8 heures par jour dans les ages où j’ai le plus d’énergie à dépenser. Donc si je pouvais révolutionner l’école, remplacer les livres par des écrans serait bien la dernières bêtise que je proposerais.
On trouve d’autres approches de l’éducation très intéressante par Montessori par exemple, ou Steiner/Waldorf (bien qu’un peut particulier), l’instruction en famille ou encore l’unschooling. Notre école à apporté bien des progrès parce qu’elle a apporté la lecture et l’écriture à chacun, mais son uniformisation est très discutable. Mais c’est un débat bien plus large. 🙂
@totopipo, étonnant le lien que tu partage, comme quoi l’informatique est comme la vie, on y vois le meilleur et le n’importe quoi. Et bien souvent le n’importe quoi fait plus de bruit que le meilleur.
Machaut
Je préviens, je vais être partial, subjectif, bref, ce n’est pas du troll, c’est juste mon avis qui est relativement tranché.
Comparer l’arrivée du numérique avec l’arrivée de l’imprimerie, c’est exagéré.
Certes, le côté « transmission de l’information », qui est décuplé, légitime cette comparaison.
Mais d’un point de vue pédagogique, c’est l’inverse.
Je m’explique : qu’a apporté l’imprimerie par rapport à l’écriture manuscrite ? L’application mécanique de l’encre sur le support papier. Mais c’est toujours de l’encre, c’est toujours du papier. Physiologiquement, pour le lecteur, ça revient au même.
Pour le numérique, on a de la lumière contrastée suivant des formes précises (= des lettres) qui se projettent sur la rétine. Et il est là le soucis. Un livre, on le voit par de la lumière indirecte. Pareil pour un tableau, que ce soit un tableau à craies ou à feutres.
On le sait, l’écran d’ordinateur a tendance à empêcher le sommeil. On assimile les acquis pendant la phase de sommeil paradoxal.
Je me permets de prendre un raccourci fabuleux en prenant mon cas personnel : quand je lis un bouquin, je me mets rapidement à « roupiller » dessus. Malgré tout j’ai une vitesse globale de lecture et d’assimilation assez rapide et je retiens bien ce que je lis.
La synthèse des éléments précédents me fournit une explication qui me va bien pour comprendre pourquoi il m’est extrêmement compliqué de me concentrer sur un texte sur un écran et encore plus de le retenir, quand bien même j’arrive à ne pas me disperser – ce qui j’avoue est loin d’être gagné – alors qu’imprimé, j’arrive à le lire et le retenir tout en faisant autre chose.
Ce n’est pas par égocentrisme que je parle de moi, c’est juste que je ne connais pas le cas général. Ceci dit, sachant que dans mon cas l’arrivée du numérique dans l’école m’aurait handicapé, je vais faire preuve d’un égoïsme profond en étant contre à priori, sans chercher à comprendre les bienfaits qui pourraient en découler. L’équation est simple : ça coute cher, je ne vois pas bien les avantages, je vois trop bien les inconvénients. Donc mon avis est biaisé, certes.
Ceci dit, je trouve qu’utiliser des enfants comme cobaye, c’est profondément irresponsable. Il est quasiment évident qu’une partie de la population pourrait bénéficier de l’outil informatique pour avoir une pédagogie adaptée que l’EN est incapable de fournir à l’heure actuelle. Mais il s’agit d’une minorité, et pour la majorité, il s’agirait de persévérer dans la transformation de la pédagogie vers une absence d’apprentissage dans le jeu – puisque de toute façon, rien ne sert d’apprendre quoique ce soit pour jouer à Angry Birds, et pour le reste il y a Wikipedia.
marto
@Machaut:
En fait, ce n’est pas juste le numérique qu’il faut comparer au changements apporter par l’écriture ou l’imprimerie, vous ne prendriez en compte qu’un élément du changement.
En fait vous devez considérer qu’internet couplé au numérique est le vrai changement. Le numérique permet à tout le monde de devenir acteur, de lire et d’écrire. Mais encore mieux, si vous mettez ce que vous écrivez sur internet, vous allez être lu. À partir de la vous pouvez réagir aux réactions des autres sur ce que vous avez écrit. Vous allez alors changer votre façon d’écrire et de progresser. Vous allez devenir un as du débat. Et ça c’est un immense bouleversement, en fait, c’est encore plus gros pour l’humanité que ne l’ont été l’écriture ou l’imprimerie. Simplement parce que dans ces deux-là, le nombre de personne qui écrivent est très réduit, il n’y a principalement que des lecteurs. Alors qu’avec la révolution qui a débuté, nous devenons tous les écrivains. Petit à petit nous allons tous devenir acteurs et non de simples lecteurs passifs, c’est quand même énorme comme avancé, non? Je pense en tout cas que c’est la plus grande que l’humanité n’est jamais vécu socialement.
Et même si ce qui est proposé dans ce film de propagande est fondamentalement de prendre les problèmes à l’envers, les élèves se voient quand même incité à mettre ce qu’ils écrivent sur internet. Et ça oui, c’est un énorme pas en avant. Même si bouger des mots sur un tableau via des technologies fermées ne présente aucun intérêt.
Luc
C’est un vrai symbole de la crise.
Crise du politique qui préfère faire de la comm’ immédiate clinquante sans comprendre qu’il est manipulé par Microsoft
Crise de l’école qui est tellement faible qu’elle accepte ce genre d’opération sans aucune garantie, juste pour se persuader qu’elle est moderne, alors que ça n’est pas ce qu’on lui demande
Crise des valeurs car il est évident qu’il vaut mieux utiliser tranquillement du libre à l’école sans forcément que ça passe par l’introduction de tous ces gadgets
Crise des parents qui se laissent ainsi abuser
Somme tout assez déprimant 🙁
Patou
Et Ouest-France en rajoute une couche dans son édition de mardi 4 décembre
totopipo
@nicoals
« Ne confondriez-vous pas l’Informatique et les gadgets. »
« L’invention de l’ordinateur est susceptible d’entraîner d’énormes améliorations de la société. Accompagnées certainement de quelques événement néfastes, il faut l’avouer . «
Pourquoi minimiser les « évènement néfastes », on touche à une vache sacrée ? Désolé de ne pas considérer le séquençage rendu possible grâce aux ordinateur couplé à la biométrie et au fichage, ainsi que le sniffage, le traçage et bien d’autres usages dans notre quotidien qui sont loin d’être des gadgets de nos sociétés.
« Est-ce que nous rejettons les livres sous prétexte qu’ils nous détournent de la vraie vie ? »
Bien sûr que si ! Puisque la « vraie vie » se situe maintenant sur des écrans, la « vraie lecture » est en baisse paraît-il. 😉
L’omniprésence du numérique et de ses avatars (puces, ordinateurs, écrans, etc.) n’a rien de comparable avec celle des livres : l’un s’immisce et s’impose dans nos vies à chaque instant (il suffit par exemple de regarder l’invasion du nombre de petits écrans au mètre carré dans certaines pharmacies), l’autre on avait parfaitement le choix d’en refuser la lecture dans les librairies/papeteries.
Machaut
@marto
Certes j’avais oublié cette partie du « numérique ». Quand je parle du numérique, j’ai tendance à être très large. C’est l’appareil photo numérique, qui permet de prendre une rafale de 20 photos en 3 secondes. On aura peut-être 18 ratés et une super photo, sans consommer de la pellicule. Ca permet à tout un chacun d’avoir la possibilité de capturer des moments particuliers. C’est aussi le fait de pouvoir débattre dans les commentaires d’un billet de blog alors que nous n’avons aucunement conscience de qui est notre interlocuteur (et c’est tant mieux pour les idées). Un peu comme l’ouverture de certaines fréquences FM pour les émissions locales d’amateurs radio, en mieux, en beaucoup mieux.
Il n’empêche, pour être capable de débat, il faut avoir des idées, qui doivent avoir un fondement. Ce fondement c’est l’apprentissage, et l’habitude de prendre le temps de réfléchir. Sinon, pour faire une synthèse, c’est plus difficile si on s’appuie sur des exemples comme « je ne sais plus qui » a dit « je ne sais plus trop quoi » à propos « d’un truc bien ». On va passer trop de temps pour compléter la citation en perdant de vue l’objectif – le débat.
Tiens et puis tant qu’à faire, puisque ce sont les actes qui définissent les hommes, on va aller chercher du côté de chez microsoft ce qu’ils en pensent : ils nous collent des interfaces conviviales et à coup de clic, on peut retrouver en tâtonnant des fonctions dont on ignorait l’existence. Et microsoft inventa… Les certifications. C’est un peu comme les dirigeants de Monsanto qui mangent bio.
Ce que je veux dire, finalement (on y arrive), c’est que l’ensemble des outils numériques dont nous disposons ne sont que des… outils. Oui, c’est « obvious », c’est l’évidence même, mais pas si l’on en croit un élève interrogé : qu’apporte le fait de travailler sur ordinateur ? La grammaire et l’orthographe ? Vraiment ? Il advint cependant que j’apprisse la grammaire et l’orthographe sans outil numérique et que je puisse me targuer d’avoir quelque compétence, il est vrai fort modeste, en ce domaine, ce qui me permet de balancer une phrase pompeuse en vérifiant toutefois – merci google, wikipedia et tous ceux que j’oublie – que je ne fais pas trop de fautes. Et je pense que c’est le cas de, disons tous les lecteurs de ce blog. Donc rien d’exceptionnel dans nos esprits, mais ce qui nous parait évident ne l’est pas forcément pour un enfant. Et c’est lui qu’il faut protéger.
Finalement, si une concurrence saine existe, si on ne détourne pas l’outil de son but, pourquoi pas des ordinateurs sous des systèmes microsoft, canonical ou apple (hein ? quoi ? un troll ? Pas vu.), tant que c’est le fruit d’un choix, qui peut être discutable d’ailleurs, tant qu’on ne nous dit pas qu’ « il faut un tableau microsoft pour être innovant ». Si personne ne nous propose aussi bien, voire mieux, pourquoi pas.
Promouvoir dans l’éducation l’esprit collectif, par le débat ou le travail collaboratif, inciter les enfants à devenir acteurs, pourquoi pas. Utiliser un outil informatique comme support, si ça facilite l’organisation, que ça fait gagner du temps et que ça permet de multiplier les occurrences de ce genre d’interventions, je veux bien.
Maintenant on connait un peu trop bien microsoft pour pouvoir dire que ce n’est pas innocent, qu’ils vont en profiter pour refourguer des licences aux particuliers pour avoir la possibilité de continuer le travail effectué en classe. Tout comme le ferait Apple.
Ceci dit, jolie performance marketing, qui arrive à promouvoir l’iPad au milieu de produits microsoft. Bien joué les gars – je ne suis pas iFan, mais plutôt squeeze addict, donc je n’aime pas le consommé de pomme, mais là il faut leur rendre justice, ils sont bons.
Sissone
Comme le débat s’ouvre sur la comparaison entre l’apport de l’imprimerie et celui du numérique, je ne peux qu’en appeler à Michel Serres qui donne du sens à la mutation dont nous parlons.
http://interstices.info/jcms/c_3303…
L’école Microsoft est comique, dans le sens ou elle calque notre veille école en remplaçant un support par un autre, gadget technologique.
Tous les usages montrés dans la vidéo reprennent des formules classiques (travail au tableau, travail individuel…) Ce n’est pas ça l’école numérique!
Je préfère voir les « classes twitter » ( http://frompennylane.blogspace.fr/ ), qui, pour le coup, réfléchissent et expérimentent en utilisant quelque chose que seul le numérique peut apporter.
Il ne s’agit pas de mettre l’outil au centre de l’usage, ce n’est pas une fin en soit.
Ce que le numérique met en exergue c’est la décentralisation des savoirs, des usages, l’éclatement géographique, la multiplicité des sources et la nécessité – mais n’était-ce pas déjà le cas? – d’apprendre à apprendre, plutôt qu’apprendre à utiliser.
Kidaz
A la lecture des commentaires, je trouve qu’il y a pas mal d’amalgames…
1- Pédagogie et Numérique
Un outils n’est qu’un outils. Il permet de faire, avec plus ou moins d’aisance un certain nombre de choses, mais ne change pas grand chose dans la projection. Les « nouvelles » pédagogie (entre « » car elle date pour la plupart de plusieurs siècles, même si leur diffusion n’ont que quelques décennies), prône à peu près toutes le même principe: que l’élève construise le savoir, plutôt que de le recevoir. L’enseignant a donc un rôle de constructeur, de guide, de référent, et non de diffuseur ou d’émetteur de savoir. Le support de cette pédagogie n’a que très peu d’importance: craie blanche ou Tableau Numérique… C’est l’erreur qui a été faite ces dernières années en éducation: on pensait que s’équiper d’ordinateur allait révolutionner notre pédagogie. C’est faux. C’est notre (nous enseignant) rapport aux savoirs, aux jeunes qui est garant de cette révolution. Pas le support.
Wikipédia est un bon exemple. Pour beaucoup de personnes, c’est simplement une encyclopédie gratuite. Lire un article de Wikipédia, en soi, n’a pas plus de valeur qu’une tout autre encyclopédie. Par contre, pour moi (et bien d’autres) c’est la possibilité d’une relation nouvelle aux savoirs qui deviennent discutables, que l’on intègre dans un contexte. Et l’intérêt premier de Wikipédia, pédagogiquement parlant, n’est pas l’article en lui même, mais les commentaires, débats, … faits autour de l’article.
2- Microsoft dans une école.
Clairement inacceptable dans une école publique et laïque. C’est une question d’éthique, nous ne pouvons faire de la publicité au sein d’un établissement publique ! Et donc, cela nous impose de choisir du libre, du non « marqué ».
MicroAppleSoft
En jetant un oeil sur le blog de l’école (lien dans l’article), je découvre une réalité + nuancée que vos réactions au reportage (que je n’ai pas encore vu, mais on sait bien que les reportages sont un coup de zoom, voir un coup de pub) :
– y’a pas que du ‘crosoft, y’a des iPads aussi : donc non seulement le loup dans la bergerie, mais le renard aussi… vont-ils s’allier pour croquer nos agneaux (les rendre dépendants aux technos des marques leaders) ou s’entre-dévorer ?
– je vois cité Audacity… Vous voyez que le Libre n’est pas absent 😉
– ne prenez pas les enseignants pour des moutons 😉 même s’ils peuvent se laisser séduire/fasciner/acheter comme tt un chacun, ils ont aussi bcp d’esprit critique pour séparer le véritable intéret pédago du côté gadget et résister à se laisser téléguider par des intérêts privés. Le blog montre qu’ils sont « chercheurs », expériment, évaluent… l’intérêt des TIC pour les élèves. Cela ne fait pas forcément de ceux-ci des cobayes si c’est bien conduit.
Ceci étant écrit (pour vous inciter à découvrir ce Blog sans se limiter au reportage), j’apprécie les différentes interventions ci-dessus et je suis d’accord sur la nécessité ne pas confondre pédagogie (dite) nouvelle avec pédago classique sur des outils nouveaux, éventuellement addictifs et dont la pertinence doit être évaluée.
– Les 1° nécessitent des remises en cause bien + profondes, elles ont un coût souvent important et il n’y a pas de sponsors privé (ni public d’ailleurs) pour les financer, leurs bienfaits se voient sur le long terme, tt en restant difficiles à quantifier.
– Les 2° sont + immédiatement séduisants, sont une évolution non une révolution, ils peuvent rester un gadget ou être un réel outil d’élargissement, ça dépend juste des enseignants, osons leur faire confiance.
{ Bien sûr les 2 ne sont pas exclusifs, mais doivent juste ne pas être confondus }
Au total mieux vaut allumer une lumière que maudire les ténèbres, càd ici :
– promouvoir les apports des « pédagogies nouvelles » pour qu’elles diffusent davantage dans l’enseignement classique (ce qu’a essayé de faire Célestin Freinet en France par ex.)
– tant qu’a utiliser les TIC (à bon escient), promouvoir le libre dans l’enseignement, d’autant que les enseignants sont plutôt culturellement réceptifs à cette approche : là il me semble que le vent est favorable, avec la circulaire Logiciels Libres du gvt.
tizef
> Tout y est en tout cas ici : le dynamisme enthousiaste du reporter, […], et le VRP Microsoft qui joue les experts pédagogiques ès modernité (en l’occurrence, bien évidemment, mon <em>ami</em> Thierry de Vulpillières).
Le commun des mortels ne le saura jamais, mais il s’est à l’évidence produit quelque chose de grave, le 4 mars 2011, à Issy-les-Moulineaux.
Jean-Christophe Sekinger
Un écho de la « guerre froide culturelle »? une réplique comme on dit en sismologie? À moins que cette guerre continue bel et bien (cf «Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle. Frances Stonor Saunders)
ttoine
En fait faudrait faire le même reportage dans une école équipée que de solutions libres, avec un comparatif de prix d’acquisition et de maintenance.