« Chanter sans autorisation » : introduction aux enjeux du libre

Woody Guthrie (Commons PD)This Machine Kills Fascists…

Quand, dans le Monde diplomatique il est question du numérique en général et du Libre en particulier il y a de bonnes chances pour que l’article soit signé Philippe Rivière (alias Fil) et ce depuis près de quatorze ans.

Il faut dire qu’être l’un des papas de SPIP lui donne une certaine expérience, pour ne pas dire une expérience certaine.

Il a publié en juillet dernier, dans le magazine culturel en ligne Rictus.info, un papier qui synthétise bien la situation et que nous aimerions plus encore faire connaître, d’où cette reproduction.

« Il faut inventer un autre modèle, et pour cela, personne ne sait encore s’il faudra casser l’ancien, ou s’il saura s’adapter. »

« Chanter sans autorisation » : introduction aux enjeux du libre

URL d’origine du document (Rictus.info)

Philippe Rivière – juillet 2012 – Licence Creative Commons By-Sa

À l’occasion des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, nous avons demandé à Philippe Rivière[1], de nous faire un petit tour d’horizon de la question du logiciel libre. Exposé des forces en présence et des enjeux.

Un peu de musique

Au début des années 1940, sur ses premiers disques, le compositeur américain Woody Guthrie avait fait inscrire la mention suivante sous le titre Copyright Warnings :

« Cette chanson est protégée aux États-Unis sous le sceau du copyright #154085 pour une période de 28 ans, et toute personne prise à la chanter sans autorisation sera mon meilleur ami, car je n’en ai rien à fiche. Publiez-la. Ecrivez-la. Chantez-la. Dansez dessus. Yodelez-la. Je l’ai écrite, c’est tout ce que je voulais faire. »

Aujourd’hui, chaque fois que vous insérez un film dans votre lecteur DVD, vous devez endurer une très longue présentation avec des écrans affreux du style :

« WARNING. La reproduction ou la redistribution non autorisée de cette œuvre copyrightée est illégale. Une violation criminelle de ce copyright, même sans gain monétaire, sera suivie d’une enquête du FBI et est punissable d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans dans une prison fédérale, et d’une amende de 250 000 dollars »

Drôle de manière de vous remercier d’avoir acheté le DVD.

Dans l’informatique, c’est la même chose : les auteurs de logiciels ont deux possibilités pour s’adresser à leur public — c’est-à-dire les utilisateurs ; soit ils leur font signer une clause légale expliquant qu’il faut faire très attention à d’utiliser le logiciel comme il convient, si on veut avoir quelques chances de ne pas aller en prison. Soit ils leur disent : que toute personne prise à jouer avec ce logiciel comme elle l’entend sera mon meilleur ami !

Dans le premier cas, on parle de logiciel propriétaire (ou privateur), dans le second, de logiciel libre.

Logiciel capturé

Le logiciel n’est pas né en cage. Les premiers programmes étaient comme des formules de maths ou des recettes de cuisine : en dollars, ils ne valaient rien, puisqu’on les donnait avec la machine — qui, elle, coûtait très cher.

Comme l’écrit Lawrence Lessig, un juriste américain spécialisé dans le droit d’auteur :

« Vous ne pouviez pas faire tourner un programme écrit pour une machine Data General sur une machine IBM, donc Data General et IBM ne se préoccupaient pas de contrôler leur logiciel. »

Mais bien évidemment leur valeur était énorme, puisque sans programmes, l’ordinateur se limitait à allumer un C> clignotant sur un écran noir… Ce qu’un certain Bill Gates avait bien compris, c’est que le contrôle du logiciel permet de mettre la main sur l’ensemble du dispositif : IBM, la gigantesque firme américaine, ne l’avait pas compris. Elle voulait vendre des ordinateurs personnels, et se fichait bien de savoir ce qui fonctionnerait dessus : pressée d’arriver sur le marché, elle y a installé MS-DOS, un logiciel fourni par le jeune Bill Gates… on sait ce qu’il est advenu de ce choix : Microsoft, l’éditeur de MS-DOS, est rapidement devenu le plus gros éditeur de logiciels, et continue aujourd’hui à prélever une rente énorme sur l’ensemble des usages de l’informatique.

Free Software Foundation et licence GPL

De son côté, un certain Richard Stallman, chercheur au MIT, à Boston, s’était habitué, comme tous les informaticiens des années 1970, à bidouiller les programmes qui se trouvaient sur ses machines, pour les améliorer ou les adapter à la configuration de son matériel. Ça faisait partie de la normalité dans l’informatique, et encore plus dans le monde universitaire ; il aimait le sens de la communauté qui se développait autour de la programmation. Des échanges d’astuces, des concours pour être le premier à trouver une solution, etc.

Mais un jour, il s’aperçut que le code du logiciel pilote d’une imprimante n’était pas livré avec la machine, et qu’il ne pouvait donc pas le modifier — seulement le faire tourner, sans savoir ce qui était programmé exactement. S’il y avait un bug, il fallait contacter l’éditeur pour signaler le problème, et attendre une hypothétique nouvelle version… qui viendrait sans doute plus tard, et qu’il faudrait, en plus, à nouveau payer. On était au début des années 1980. Ce genre de choses commençait à se répandre, et Stallman comprit que les logiciels, qui étaient nés libres, ne le resteraient pas si personne ne les défendait. Il faudrait les protéger, sur le plan légal ; et les structurer d’une manière efficace. Il décida d’en faire son combat.

En 1984, Stallman démissionna du MIT (pour ne pas avoir de liens hiérarchiques qui pourraient lui coûter son indépendance), et fonda le projet GNU, puis la Free Software Foundation. D’un côté, un projet technique, consistant à fabriquer un système d’exploitation totalement libre — c’est-à-dire sans aucun composant propriétaire. De l’autre, une fondation dédiée à la protection du logiciel libre.

Il écrivit de nombreux logiciels (le plus connu est peut-être l’éditeur de texte Emacs). Et en parallèle, fit un travail juridique qui aboutit à la Licence publique générale GNU, la « GPL ». Elle est nettement moins « fun » que la licence de Woody Guthrie, mais elle garantit à tout utilisateur :

  • le droit d’utiliser le logiciel pour faire ce qu’il veut
  • le droit de lire le code source du logiciel, c’est-à-dire les éléments qui permettent de comprendre ce qu’il fait
  • le droit de modifier ce code source
  • le droit de redistribuer le logiciel ainsi que les versions modifiées.

Pour bénéficier de cela, l’utilisateur s’engage en échange à passer ces mêmes droits aux personnes à qui il le redistribue.

Bien sûr, tout le monde n’a pas forcément envie d’aller modifier le code… mais savoir que quelqu’un peut le faire, c’est avoir une certaine garantie.

Pour une entreprise, par exemple, c’est l’assurance que, si on n’est pas satisfait du prestataire à qui on a demandé de programmer quelque chose, ou s’il disparaît, on pourra légalement aller en voir un autre sans devoir repartir de zéro. C’est important.

Libertés pour l’utilisateur

Pour un particulier, on peut apprécier le fait que les logiciels libres sont souvent gratuits, ou en tous cas moins chers que les logiciels propriétaires. Cela dit, il ne faut pas confondre libre et gratuit ; « free » software, c’est « free » comme « freedom », pas comme « free beer ». Il y a des logiciels gratuits qui ne sont pas libres. Et, vice versa, pour développer un logiciel libre il faut quand même parfois que quelqu’un travaille…

Mais le plus important, pour l’utilisateur, n’est pas dans la gratuité : c’est que l’informatique touche de plus en plus aux libertés quotidiennes. Sur l’ensemble de la planète, à part quelques irréductibles hommes des cavernes, chacun porte en permanence sur soi un mouchard qui signale à tout instant où il se trouve précisément. Ce mouchard, cinq milliards d’humains en sont équipés. Il sert, parfois, à téléphoner…

L’informatique est aussi dans les voitures ; bientôt dans les frigos ; dans les habits, avec les puces RFID ; dans les passeports biométriques ; dans les cartes d’électeur – les machines à voter ! – ; il faut aller sur Internet pour voir les notes de collège de ses enfants ; on parle de numériser toutes les données de santé dans un « dossier médical personnel » accessible sur Internet (certains l’appellent dossier médical « partagé », car il est tout de même difficile à l’heure de WikiLeaks de prétendre qu’on saura empêcher le piratage…).

Discuter, s’informer, créer, partager, faire de la politique… tout ça est en train de s’informatiser, et si on ne contrôle pas collectivement les machines autour desquelles se construit de plus en plus la vie sociale, ce sont les machines qui nous contrôleront … ou plus exactement, ceux qui les programment.

Un seul exemple : vous avez entendu parler de Kindle, le livre électronique vendu par Amazon.com ; c’est génial, vous pouvez acheter et télécharger des dizaines de livres, et les lire sur un petit écran. Un jour donc, en juillet 2009, les commerciaux d’Amazon s’aperçoivent qu’ils ont fait une boulette dans leur offre : ils ont vendu électroniquement un livre pour lequel ils ne disposaient pas des droits de reproduction.

Ni une ni deux, que font-ils ? Ils attendent que les Kindle des clients se connectent, et leur envoient l’instruction d’effacer le livre. De quel livre s’agit-il ? « 1984 », de George Orwell, le livre qui décrit Big Brother et la police de la pensée !

Succès ou échec ?

Je ne vais pas énumérer les succès du logiciel libre : en 1990, un étudiant en informatique de l’université de Helsinki, Linus Torvalds, aimerait bien utiliser chez lui le programme sur lequel il travaille à l’université, un « noyau ». Il repart donc de zéro et crée son propre « noyau », qu’il place sans guère y accorder de réflexion sous la licence GPL. Ce sont les débuts d’Internet dans les facs, et rapidement ce noyau se développe ; comme Stallman avait développé de nombreux morceaux de code de GNU, mais pas encore de noyau, les deux projets cohabitent et donnent naissance à ce qu’on appelle maintenant GNU/Linux.

Les logiciels libres sont partout ; ils font tourner des ordinateurs personnels, et l’essentiel d’Internet. Ils sont dans les labos de recherche, les entreprises, etc.

Et il n’y a pas que la GPL. D’autres licences libres existent, qui permettent parfois plus de souplesse, moins de contrainte pour des utilisateurs qui modifient le code pour l’utiliser dans des projets fermés. Pour des textes ou des photos, on peut préférer des licences comme les Creative Commons. Pour des librairies (morceaux de code qui peuvent servir de fondation à des logiciels plus élaborés), on peut exiger que toute modification de la librairie soit libre, mais sans exigence sur les logiciels élaborés en question. D’autres font des licences plus proches de celle de Woody Guthrie (« je m’en fiche »), comme la licence MIT, ou encore la WTFPL (Do What The Fuck You Want To Public License / licence publique rien à branler).

A l’heure actuelle, les smartphones sont dominés par deux systèmes : Apple iOS et Google Android, qui sont basés sur des logiciels libres. Bien sûr chez Apple, les logiciels ne sont pas du tout libres ; mais ils sont construits sur une fondation totalement libre, NetBSD. Quant à Android, il est tellement bardé de brevets qu’il n’est pas non plus vraiment libre. Mais enfin, il contient beaucoup de logiciels libres.

En termes quantitatifs, on peut parler d’un succès : ce qui était perçu par les médias comme « marginal » est désormais au centre du tissu économique et du développement de l’informatique.

D’après une étude publiée en 2010[2] : Le secteur est estimé à 1,5 milliard d’euros en France, avec un taux de croissance moyen de 17 % (par an). Environ la moitié des directeurs informatiques interrogés lors de l’étude ont déclaré utiliser des logiciels libres et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise.

La guerre contre le libre

Il y a la menace juridique : en ce moment, c’est la guerre des brevets. Google a racheté en août 2011 le fabricant de téléphones portables Motorola pour 12,5 milliards de dollars, dans le but de mettre la main sur 25 000 brevets ! Or on dépose actuellement des brevets sur tout et n’importe quoi, avec des effets très curieux. Des menaces de procès et des bras de fer judiciaires qui aboutissent à des accords entre les grandes sociétés qui possèdent ces portefeuilles de brevets.

Enfin, il y a la menace plus directe de la prise de contrôle de l’ordinateur. Au nom bien entendu de votre sécurité. Par exemple, ce qu’on appelle « l’informatique de confiance », un terme censé nous rassurer, est une stratégie qui interdit à tout logiciel qui n’est pas reconnu et « signé » par une société comme Microsoft, ou Apple, de s’exécuter sur votre machine.

Ou encore, au nom de la protection des droits d’auteurs, la loi HADOPI qui nous impose l’obligation de « sécuriser notre réseau ». Alors que même l’armée américaine n’est pas capable d’empêcher des documents de « fuiter » !

Les iPhone sont eux-mêmes totalement verrouillés et il faut passer exclusivement par le magasin en ligne d’Apple pour modifier le logiciel (même si techniquement il reste possible de « jailbreaker », ce n’est pas autorisé par le constructeur).

Et je passe sur les projets qui se multiplient au nom de la lutte contre le piratage, contre la criminalité ou contre le terrorisme (SOPA, ACTA, HADOPI, LOPPSI, DMCA, etc), sans parler de la surveillance des communications qui se pratique plus ou moins illégalement et de façon massive[3]. Aux États-Unis, l’association des producteurs de musique, la MPAA, demande que ce qui marche en Chine (la « grande muraille électronique » qui permet au pouvoir de surveiller les internautes) soit appliqué à l’ensemble de l’Internet !

Pour la FSF : « Le logiciel libre permet d’avoir le contrôle de la technologie que nous utilisons dans nos maisons, nos écoles, nos entreprises, là où les ordinateurs travaillent à notre service et au service du bien commun, et non pour des entreprises de logiciels propriétaires ou des gouvernements qui pourraient essayer de restreindre nos libertés et de nous surveiller. »

Pour le romancier Cory Doctorow (et excellent blogueur), les États et les entreprises se préparent à une « guerre à venir sur la computation à but général », et « l’ordinateur dont le contrôle complet est accessible à l’utilisateur est perçu comme une menace pour l’ordre établi ».

Biens communs

Et puis il y a la propagande.

Aujourd’hui, les manifestants d’Occupy Wall Street, qui contestent le système capitaliste, sont traités de « terroristes ». Ce qui pourrait permettre à la police de les pister, de placer des mouchards dans leur ordinateur, etc.

Déjà Bill Gates en 2005 voyait des rouges partout :

« Il y a certains communistes d’un genre nouveau, cachés sous différents masques, qui veulent se débarrasser des mesures incitatives dont bénéficient les musiciens, les cinéastes et les créateurs de logiciels. »

J’avoue que je ne suis pas totalement choqué par cette critique. Elle est maligne, car parmi les auteurs de logiciels libres il y a beaucoup de gens qui ne sont pas particulièrement de gauche, et même des « ultra-capitalistes » comme se définit par exemple le leader du Parti pirate suédois, Rickard Falkvinge. Mais en effet, quand on crée du logiciel libre, quand on défend le partage de la culture sur Internet, quand on construit des sites sur le Web, on produit, collectivement, un bien public. Qui appartient à tout le monde, et où chacun va pouvoir venir puiser à sa guise, et utiliser ce que vous avez fait pour faire avancer ses propres projets. Le savoir, la culture sont cumulatifs, nous sommes « des nains sur des épaules de géants »[4].

Au-delà du logiciel libre, il faut réfléchir à l’ensemble des biens communs informationnels : la science, la culture, l’amusement, le logiciel dans tous les domaines… Internet permet de les diffuser, mais comment mobiliser des ressources pour les produire, et comment les défendre ? Certainement pas en les enfermant derrière des murs de paiement, des systèmes de DRM provoquant l’autodestruction des fichiers… Il faut inventer un autre modèle, et pour cela, personne ne sait encore s’il faudra casser l’ancien, ou s’il saura s’adapter.

Crédit photo : Woody Guthrie NYWTS (Wikimedia Commons)

Notes

[1] Co-auteur de SPIP (le logiciel qui sert à publier ce site, mais aussi des milliers d’autres) et journaliste au Monde diplomatique

[2] Étude sur l’impact socio-économique du libre citée dans la presse

[3] Cf. l’article d’Antoine Champagne dans Le Monde diplomatique de janvier 2012

[4] Bernard de Chartres, XIIe siècle




J’ai séché la rentrée pour bosser chez Framasoft #MyLife

Un billet témoignage très fram-asso-centré dont on peut retenir trois choses : l’arrivée sans filet d’Alexis Kauffmann (alias aKa ou @framaka) en tant que deuxième salarié Framasoft, le local à Lyon et la nouvelle équipe autour du président Christophe Masutti. Voilà, vous savez déjà tout, vous pouvez retourner vaquer à vos occupations 🙂

aKa à l'EPFL octobre 2011 Lausanne15 ans que, comme tous les élèves de France et de Navarre, je faisais la rentrée scolaire, mais de l’autre côté de l’estrade. 10 ans que sur mon temps libre, coincé entre vie professionnelle et vie privée, je participais avec d’autres gentils bénévoles à développer Framasoft[1].

J’ai globalement bien tenu et Framasoft a bien avancé (avec quelques périodes de burnout quand même) mais cela commençait à devenir difficile de tout concilier sur la durée. La passion était toujours là, mais la fatigue également. Je pense que nous sommes nombreux à connaître ou avoir connu ça.

Et si je bossais à temps plein pour Framasoft ? me disais-je parfois. Je serais moins stressé, moins frustré, plus efficace, plus disponible, plus proche de la communauté…

Mais un chouette job quand même que celui de prof, mais la sécurité de l’emploi, mais les maigres caisses de l’association, mais la crise, mais la peur du changement… Et puis une fenêtre de tir, et puis le goût du risque, et puis l’appel du large, et puis toujours l’envie de changer le monde… Alors voilà, l’association a accepté ma candidature et me voici depuis lundi deuxième permanent de Framasoft 🙂

Je viens rejoindre Pierre-Yves Gosset, ce qui tombe aussi plutôt bien car il commençait à trouver le temps long à supporter parfois tout seul le poids de la structure (GNU reconnaîtra les siens). D’ailleurs, autre récente nouveauté, nous avons désormais un local à Lyon[2], ou plutôt des bureaux dans un espace… mutualisé (logique). Cela s’appelle Locaux Motiv’, qui fera l’objet d’un prochain billet dédié, et de prime abord tout le monde a l’air comme il se doit dynamique et sympathique (vais tout de même pas me fâcher tout de suite avec mes co-workers).

Espace Framasoft au local à Lyon

Du coup je ne suis plus président de l’association. Fini donc le temps du bienveillant dictateur à vie 😉 Je rentre dans le rang et suis fier et honoré d’avoir passé le relais en début d’année à Christophe Masutti, déjà bien connu des amis de Framasoft puisque très investi dans la collection Framabook et qui a pris la responsabilité de présider l’association avec un bureau et un CA solides issus de la communauté.

Alors, vous me direz (ou pas), qu’est-ce que ça va changer pour Framasoft ? Je fais partie de ceux qui pensent que le logiciel libre a posé les jalons d’une profonde transformation possible, et en douceur, de la société. Rien que ça oui ! Et que, très modestement, Framasoft peut (continuer à) y participer, à commencer par ce blog dont cette hypothèse constitue un peu la ligne éditoriale. En doublant notre effectif salarié, en formant ainsi avec Pierre-Yves un binôme compétent et complémentaire (du moins l’espère-je), nous nous donnons les moyens, avec tout le reste de l’équipe bénévole, de plus encore informer et rendre service, soutenir les actions des uns et des autres, aider les projets à se monter, valoriser et pérenniser ceux qui sont faits, en imaginer de nouveaux, etc.

Un dernier mot (parce qu’il paraît que libre ne veut pas dire gratuit).

Deux permanents, un local, 8 serveurs, 30 applications web déployées, une douzaine de projets en production, un trafic conséquent (un million de visites pas mois sur l’ensemble du réseau), des conférences (et déplacements), une animation de tous les instants… Oui cela a un coût. Et non nous n’avons pas les sous permettant de couvrir longtemps ce coût, quelques mois tout au plus.

Nous allons donc (nous aussi) bientôt vous embêter en lançant une nouvelle campagne de dons pour tenter de poursuivre encore plus loin l’aventure. On ne demande pas la lune, juste une base d’un petit millier de donateurs récurrents qui accepteraient de nous donner 10 euros par mois (en fait 3,40 € s’ils bénéficient de la défiscalisation). Pour le moment nous en avons à peine un tiers (grand merci pour eux), nous sommes donc encore assez loin du compte malheureusement.

Mais nous sommes confiants et optimismes, confortés en cela par notre mantra que nous nous répétons tous les matins au saut du lit : « la route est longue mais la voie est libre ».

Bonne rentrée à tous,

Alexis Kauffmann

PS : Pour ceux qui n’auraient pas la patience d’attendre le lancement de la campagne pour nous soutenir, rendez-vous ici 😉

Notes

[1] Illustration de cette double casquette éducative et associative : ma récente participation à l’émission Place de la toile sur France Culture au sujet du Retour de l’informatique au lycée.

[2] Contrairement à Pierre-Yves, je vais occuper ce local la moitié du temps, le reste à Paris.




Microsoft Office 2013 supportera le format ODF (et PDF) : Victoire du Libre ?

Grande et bonne nouvelle, d’après Microsoft la prochaine version 2013 de la célèbre suite bureautique Office intégrera le format ouvert OpenDocument (ou ODF) dans sa version 1.2. Elle sera également capable d’ouvrir, enregistrer et même éditer du format PDF (voir le tableau comparatif issu de Microsoft en fin d’article).

Cela fait des années que les partisans d’une réelle interopérabilité le demandent. Et cela fait des années aussi que le format PDF est présent sur la suite bureautique libre OpenOffice.org / LibreOffice.

Du coup le journaliste Simon Phipps y voit clairement une victoire de l’open source. Et vous ?

Camknows - CC by-nc-sa

Comment Microsoft été forcé d’ouvrir Office

How Microsoft was forced to open Office

Simon Phipps – 17 août 2012 – InfoWorld.com
(Traduction : Damz, ehsavoie, Patchidem, Calexo, Nek, Fe-lor, Grummfy, Sylvain, Gatitac, Skhaen, ProgVal, Bohio, joe, HgO, Cypher, Jimmy)

Dans Office 2013, la prochaine version de sa célèbre suite bureautique, Microsoft a été contraint de prendre en charge totalement le véritable format ODF, au même titre que le format PDF. Voici comment l’open source a gagné.

Plus tôt cette semaine dans un article de blog, le responsable des standards Office, Jim Thatcher, a décrit les changements à venir dans Office :

Dans la prochaine version d’Office, nous avons ajouté l’utilisation de deux formats supplémentaires : Strict Open XML et Open Document Format (ODF) 1.2. Nous avons aussi intégré la possibilité d’ouvrir des documents PDF afin de pouvoir les modifier dans Word et de les enregistrer dans n’importe quel format. En ajoutant la prise en charge de ces formats de document standardisés, Microsoft Office 2013 offre à ses utilisateurs de nouvelles possibilités quant à l’intéropérabilité des documents bureautiques.

Dans ces quelques mots arides, nous pouvons trouver les échos d’une leçon d’histoire qui nous démontre le pouvoir de l’open source pour garantir la concurrence et favoriser l’innovation, tous deux précieuses sur les marchés du logiciel. Les formats de fichiers ne sont manifestement pas le sujet le plus excitant, mais cette annonce apporte une lumière sur deux faits importants à propos de l’open source : dans un premier temps, le logiciel open source peut être celui qui impose son rythme à la concurrence. Puis, dans un second temps, l’innovation open source fournit les bases solides sur lesquelles d’autres peuvent s’appuyer.

Le triomphe de l’ODF

Au tout début de la dernière décennie, Microsoft Office a quasiment chassé toute concurrence des logiciels bureautiques. Dans ce quasi-monopole, Sun Microsystems a lancé un projet open source en 2000, basé sur la suite bureautique de niche « StarOffice ». Connue sous le nom d’OpenOffice.org, la suite a progressivement pris de l’ampleur pour devenir l’alternative open source à Microsoft (NdT : Cf cet article du Framablog De StarOffice à LibreOffice 28 années d’histoire).

Alors que certaines personnes ont été promptes à accuser OpenOffice.org d’être un dérivé d’Office, elle égale la première version de Word de Microsoft (en 1983 pour Xenix) puisqu’elle a été créée en 1984, visant les ordinateurs personnels populaires de cette époque : le Commodore 64 et l’Amstrad CPC sous CP/M. Elle a ensuite évolué en une suite bureautique pour DOS, OS/2 Warp d’IBM et Microsoft Windows. Quand Sun Microsystems a acquis OpenOffice.org en 1999, il s’agissait d’une application complète et multifonction disponible sur toutes les plates-formes populaires de l’époque.

À leur arrivée chez Sun, les développeurs de StarOffice/OpenOffice.org ont accéléré le projet de créer un format moderne, basé sur XML, pour leur suite. En utilisant un format basé sur XML, il était plus facile de promouvoir l’interopérabilité avec d’autres outils bureautique, ainsi que de maintenir la compatibilité d’une version à l’autre.

Ce problème de l’omniprésence du format .doc ou .xls était le fléau de tous les utilisateurs d’outils bureautique, aussi Sun a pris l’initiative d’aller voir l’OASIS et a proposé une solution : un format de fichier standardisé pour le travail bureautique. J’ai été impliqué dans cette activité et je sais de source sûre que Sun a approché d’autres membres de l’OASIS pour qu’ils contribuent au projet. Toutefois, Microsoft a refusé, en qualifiant cette proposition de « superflue », préférant garder son juteux marché captif d’utilisateurs conditionnés à ses propres formats propriétaires.

OASIS a accepté la proposition et le résultat fut le standard OpenDocument, l’ODF. Malgré un départ difficile, l’adoption de l’ODF a fait boule de neige ; aujourd’hui, le format est un standard ISO et est approuvé/homologué à travers le monde. La pression sur Microsoft est devenue suffisamment forte pour que l’entreprise manipule le monde des standards internationaux afin de créer un format de fichiers XML standard concurrent basé de très près sur les formats utilisés dans Microsoft Office. Il a finalement été accepté par l’ISO en 2008.

Il aura fallu presque 7 ans, mais Microsoft a cédé. En avril, la société a annoncé qu’elle implémenterait complètement dans Office 15 à la fois le standard basé sur Office qu’elle a fait passer en force à l’ISO (standard ISO/IEC 29500, communément appelé OOXML) et les standards poussés par la communauté qu’elle émulait (standard ISO IEC 26300, communément appelé ODF).

L’open source a changé le marché, forçant Microsoft à réagir et à mettre en place la compatibilité de version à version et le concept d’interopérabilité. Sans l’open source, rien de cela ne serait arrivé. Avec l’open source, même si vous n’utilisez pas vraiment le format ODF vous-même, vous bénéficiez d’un marché compétitif et revigoré.

PDF a « presque » son dû

Le second point que souligne le blog de Microsoft est le pouvoir de l’innovation ouverte. La communauté OpenOffice.org a majoritairement migré en 2010 – avec le code – vers un nouveau projet open source nommé LibreOffice. Les projets OpenOffice.org et LibreOffice ont longtemps pris en charge la création de fichiers de type Portable Document Format (PDF). Microsoft Office a fini par copier cette fonctionnalité, d’abord comme une extension à Office 2007, puis comme une fonctionnalité intégrée par défaut. Cependant, LibreOffice inclut aussi la possibilité intéressante de pouvoir créer des fichiers Hybrid PDF qui peuvent ensuite être ré-ouverts et réédités avec LibreOffice. Si vous souhaiteriez essayer vous-même d’éditer des Hybrid PDF, cette vidéo vous expliquera comment faire.

Il semblerait que cette fonctionnalité soit sur le point d’arriver également dans Office :

Avec cette version, Microsoft introduit l’option, que nous appelons « PDF Reflow », qui permet d’ouvrir des fichiers PDF en tant que documents de bureautique éditables. Comme Tristan Davis, responsable du développement de Word, l’expliquait : « avec cette fonctionnalité, vous pouvez retransformer vos PDF en documents Word entièrement éditables, rendant alors modifiables les titres, les listes à puces ou numérotées, les tableaux, les notes de bas de page, etc. en analysant les contenus des fichiers PDF ».

À l’heure actuelle, le seul problème éventuel est de voir Microsoft limiter l’interopérabilité et la compatibilité de la prise en charge de l’ODF et de sa version de PDF hybrides. Pour des raisons inexpliquées, la société ne va pas proposer la possibilité d’enregistrer les fichiers comme un fichier ODF rétro-compatible (la version prise en charge actuellement dans Office 2012, le format ODF 1.1), donc il sera plus difficile dans un environnement mixte d’utiliser l’ODF. De la même façon, j’ai été conforté dans l’idée que, malgré la prise en charge de l’ouverture de fichiers PDF pour édition, Microsoft ne prend pas en charge l’ouverture des fichiers hybrides PDF de LibreOffice. Peut-être que la menace concurrentielle des logiciels open source est encore trop grande ?

À l’instar de la gestion initiale de l’enregistrement au format PDF, l’ajout de l’édition de documents PDF est un signe de bienvenue à ce qui a été essayé et testé en tant qu’open source. Telle est la dynamique de l’innovation. Les idées créent des idées, et l’innovation est le résultat de l’innovation.

Ici, la différence est que les communautés open source diffusent librement leurs idées à tout le monde, il n’y aura donc pas de menaces juridiques, pas de procès pour violation de brevets, et pas de licence d’utilisation coercitive (et confidentielle). C’est la façon dont les choses doivent se passer si nous voulons voir l’innovation continuer à germer grâce à un marché sain et compétitif.

Formats supportés - Microsoft Office 2013

Crédit photo : Camknows (Creative Commons By-Nc-Sa)




Apparition de monnaies alternatives en Grèce boostées par le Net et l’Open Source

Les systèmes d’échange local (ou SEL) existent depuis bien longtemps.

Dans la situation actuelle de la crise européenne, ils pourraient bien retrouver une seconde jeunesse grâce au réseau et à son esprit libre.

Apostolos - CC by-sa

La montée des monnaies open source en Grèce

Open-source currencies on the rise in Greece

Zachary Caceres – 25 juillet 2012 – Radical Social Entrepreneurs
(Traduction : Amine Brikci-N, brieuc, volk, Tonio, YoDigue, Mnyo, Gatitac, KarmaSama, Uflex)

Dans l’ombre de la crise européenne, les habitants de la ville grecque de Volos prennent leur avenir monétaire en main.

Theodoros Mavridis et d’autres Grecs à court d’euros ont mis en place un système de monnaie locale appelé TEM, acronyme pour « Unité Alternative Locale » en grec.

Même si la Grèce est en panne d’euros, les Grecs ont encore des biens et des services utiles à s’échanger. Mais sans euros sonnants et trébuchants pour les payer sur le marché local, tout le monde est obligé de faire du troc : une semaine de cours de piano contre les ¾ d’une chèvre.

C’est là que le TEM intervient

Après avoir créé un compte, les membres échangent entre eux en utilisant les crédits TEM. Les nouveaux membres ont droit à un découvert d’au plus 300 TEM, ce qui constitue dans les faits un emprunt à taux 0 accordé par la communauté. Ce n’est qu’en proposant des biens demandés et des services en retour que les nouveaux membres pourront renflouer leur compte et continuer à faire des échanges.

Les crédits sont créés suivant ces règles lorsqu’un nouveau membre arrive : nul besoin de banque centrale ou d’autorité de régulation monétaire.

L’idée derrière les sytèmes alternatifs comme TEM n’est pas nouvelle. Les systèmes « clubs de troc » ou « SEL » existent déjà depuis un bon moment déjà. C’est dans des conditions d’extrême disfonctionnement monétaire que ces systèmes fonctionnent le mieux : l’Argentine a ainsi vu un développement national des clubs de troc pendant les différentes crises du peso à la fin des années 90 et au début des années 2000.

Ces systèmes ont néanmoins montré leurs limites par le passé.

Les clubs de troc obligent les gens à se rencontrer physiquement pour un marché du type « foire au bestiaux”. Cela a malheureusement limité les échanges à ceux où l’on pouvait être présent à un endroit précis, à un moment précis. L’utilisation de crédits papier fut une autre faiblesse majeure. La contrefaçon causa des accès d’inflation et éroda la confiance dans les clubs de crédit argentins.

Malgré les difficultés, M Marividis et ses congénères ont résolu la plupart de ces problèmes en hébergeant intégralement le système sur un réseau informatique.

A son arrivée le nouveau membre accède à la base de données de la communauté. Celle-ci a été conçue avec des logiciels open source et est hébergée sur un serveur néerlandais bon marché, ce qui permet de maintenir des frais de gestion faibles.

Le système en ligne permet aux utilisateurs d’accèder à la liste complète des acheteurs et des vendeurs (non sans rappeler Craiglist) ainsi que de noter les autres membres après chaque transaction. Le système de réputation devient particulièrement important compte tenu de la multiplicatiopn par huit du nombre de membres l’année dernière, ce qui a rendu le réseau plus impersonnel

Les transactions réelles ont lieu sous forme de virements d’un compte utilisateur à un autre. Pour éviter la fraude et assurer la transparence, les soldes utilisateur sont archivés dans une base de données accessible à tous. À l’heure actuelle, le TEM reste un complément à l’économie officielle et non pas une alternative. Contrairement à d’autres projets de monnaie alternative comme Bitcoin, les crédits TEM ne constituent pas réellement une monnaie. Ils sont d’un usage limité pour l’épargne puisque les comptes sont plafonnés et que le système n’offre pas de moyen de prêter avec intérêts

Mais si les choses empirent, ce système et les monnaies similaires vont devenir de plus en plus importantes pour les Grecs mis à l’écart de l’économie classique. Ces expériences pourraient aussi servir de base pour de prochaines innovations monétaires.

Et si les choses empirent ?

Les Grecs auront à déterminer en qui ils ont le plus confiance en ce qui concerne leur monnaie : Bruxelles, Athènes ou eux-mêmes.

Crédit photo : Apostolos (Creative Commons By-Sa)




4 millions de vidéos YouTube prêtes à être remixées grâce à leur licence libre

Vous l’ignoriez peut-être mais l’été dernier YouTube a jouté la possibilité de placer les vidéos sous licence Creative Commons Attribution (CC BY), et uniquement celle-ci pour favoriser au maximum le réutilisation sans entrave.

Tout est bien expliqué sur cette page.

Résultat des courses, un an plus tard, ce sont plus de quatre millions de vidéos de la célèbre plateforme qui sont disponibles sous cette licence libre.

Une initiative à faire connaître et encourager…

YouTube - Creative Commons By

Voici votre invitation à réutiliser et remixer les 4 millions de vidéos Youtube sous Licence Creative Commons

Here’s your invite to reuse and remix the 4 million Creative Commons-licensed videos on YouTube

Cathy Casserly – 25 juillet 2012 – YouTube Blog
(Traduction : Tibo, Gatitac, KarmaSama, Arnaud, Mnyo)

Aujourd’hui, notre billet d’invité provient de Cathy Casserly, CEO de Creative Commons (CC) pour une mise au point à propos des vidéos en CC BY sur Youtube.

Quatre millions de vidéos sous licence Creative Commons publiées sur YouTube attendent d’être réutilisées, remixées et réimaginées – plus de vidéos que n’importe où ailleurs dans le monde.

Depuis que la plateforme de vidéos en Creative Commons a été lancée sur YouTube il y a un an, vous avez ajouté l’équivalent de 40 ans de vidéos au mix. N’importe qui, n’importe où, peut modifier, utiliser comme base et partager les vidéos de la plateforme librement et gratuitement grâce à la licence Creative Commons Paternité connue également sous le sigle CC-BY.

Vous avez besoin d’une intro professionnelle pour votre vidéo de vacances à San Francisco ? Peut-être de magnifiques images de la lune pour votre projet de sciences ? Ou alors d’un écureuil qui mange une noisette pour votre nouveau tube dubstep ? Tout ceci, et même plus, est disponible pour inspirer, et même s’ajouter, à votre création. Grâce à CC-BY, c’est facile d’emprunter les séquences vidéos d’autres personnes et de les insérer dans les vôtres parce que la licence vous donne la permission spécifique de le faire, tant que vous créditez le créateur original.

Vous pouvez transmettre l’esprit Creative quand vous déposez votre vidéo, en choisisant de la publier sous licence CC-BY, pour que les autres puissent réutiliser et remixer votre séquence avec l’éditeur de vidéo YouTube. C’est là que le jeu commence pour de vrai. Imaginez que votre séquence soit réutilisée par des étudiants à Bombay, un cinéaste à Mexico, ou par un réalisateur de clip musical à Détroit. En autorisant d’autres personnes à jouer avec vos vidéos, vous déposez ces dernières dans un bac-à-sable géant et démarrez de ce fait une équipe mondiale de co-auteurs. Nous aspirons tous à créér et contribuer : maintenant vous pouvez entrer dans la danse et ouvrir la porte à l’imagination collective.

Prêt à commencer à ajouter la license CC-BY à votre vidéo YouTube originale ? Si vous voulez donner à la communauté YouTube les droits de réutiliser et d’éditer votre vidéo, sélectionnez « Creative Commons Attribution license » dans le menu « Licence et propriété des droits ». Dès aujourd’hui, vous avez aussi la possibilité de poster vos vidéos sous la licence CC-BY par défaut. Pour plus d’informations, veuillez visiter la page « YouTube’s Creative Commons ».

Invitée du blog Youtube, Cathy Casserly, PDG de Creative Commons a regardé récemment « Riding the booster with enhanced sound ».




Et si la « catastrophe » Windows 8 profitait aux jeux sous Linux ?

On le sait, le manque de jeux disponibles nativement sous GNU/Linux est l’un des freins à sa massive adoption.

L’arrivée de Windows 8, prochain système d’exploitation de Microsoft, peut pourtant (et paradoxalement) changer la donne. Non seulement la nouvelle interface Metro risque d’en déstabiliser plus d’un mais en plus le contrôle accru des applications via le futur « Windows Store » pourrait pousser de plus en plus d’éditeurs de logiciels à s’intéresser aux alternatives libres et ouvertes.

C’est ainsi que le très respecté concepteur de jeux vidéos Gabe Newell a récemment décidé de joindre la critique à la pratique en portant par précaution plusieurs titres sous GNU/Linux (dont le célèbre Left 4 Dead 2).

Espérons que cette heureuse initiative ne reste pas isolée…

Comedy Nose - CC by

Newell de Valve : Windows 8, « la catastrophe » qui pousse Valve à supporter Linux

Valve’s Newell: Windows 8 “catastrophe” driving Valve to embrace Linux

Peter Bright – 25 juillet 2012 – ArsTechnica
(Traduction Framalang : Lolo le 13, esperolinuxien, Amine Brikci-N, ZeHiro, Martin)

Le portage de Steam sur Linux est une protection contre l’échec de Windows 8.

Le directeur de Valve – ancien employé de Microsoft – Gabe Newell a qualifié Windows 8 de « catastrophe pour tout le monde, qu’on soit acteur ou utilisateur de PC » lors d’une conférence consacrée aux jeux vidéos, le Casual Connect à Seattle. Le PDG de Valve a poursuivi en indiquant que, en conséquence de l’apparition de Windows 8, « nous allons perdre une partie des PC/OEM, qui quitteront le marché. Je pense que les marges vont être réduites à néant pour un nombre certain d’entreprises ».

Gabe Newell fait valoir que l’un des derniers éléments qui empêchent les gens de passer sous Linux est le manque de jeux. Valve travaille actuellement à porter Left 4 Dead 2 et d’autres titres Steam sous Linux, dans une dynamique que Newell décrit comme une « stratégie de couverture ». Si ses prédictions sur Windows 8 se vérifient, il déclare qu’il « sera bon d’avoir des alternatives pour se protéger contre cette éventualité. »

La piètre opinion que Newell porte sur le prochain système d’exploitation majeur de Microsoft est connue depuis quelques temps. Quand Michael Larabel de Phoronix a visité le campus de Valve à Bellevue, dans l’état de Washington, en avril de cette année pour prendre connaissances des efforts de la société à porter Steam sur Linux, il avait indiqué que la « vision négative de Newell pour Windows 8 et l’avenir de Microsoft était impressionnante ».

Newell n’est pas une tierce partie désintéressée. Valve tire de l’argent des commissions qu’il prend sur les ventes de Steam. Windows 8, avec son « Windows Store » intégré, concurrence cette source de revenus. Des fonctionnalités, comme une intégration au Xbox Live, pourraient rendre le « Windows Store » et Windows 8 plus attrayants pour les joueurs et les développeurs, au détriment de Steam.

Cependant, l’autre aspect de ce « Store » – sa nature fermée et contrôlée – l’inquiète également. Il a attribué le succès de Valve à la nature ouverte du PC, indiquant que cette société « n’existerait plus » sans le PC ou sans « l’ouverture de la plateforme ». Cette ouverture est aujourd’hui menacée. Newell affirme qu’il existe une « forte tentation » à fermer la plateforme, car les développeurs « voient ce qu’il peuvent tirer de celle-ci lorsqu’ils en limitent l’accès à la concurrence, et ils se disent C’est vraiment excitant ».

Crédit photo : Comedy Nose (Creative Commons)




Comment ouvrir 4 millions de chambres d’hôtel en quelques lignes de code

Nous avons consacré un billet à la (merveilleuse) histoire du libre circuit imprimé Arduino.

Puis, tout récemment, nous avons mis en exergue une conférence TED de l’un de ses créateurs qui s’enthousiasmait de la diversité et originalité des projets dérivés d’Arduino.

Il aurait pu ajouter celui-ci…

PS : Alors, Ritz ou Carlton cet été pour les vacances ?

Cory Doctorow - CC by-sa

Un hacker « black hat » peut ouvrir 4 millions de chambres d’hôtel grâce à un microcontrolleur Arduino

Black Hat hacker gains access to 4 million hotel rooms with Arduino microcontroller

Sebastian Anthony – 25 juillet 2012 – ExtremeTech
(Traduction Framalang : esperolinuxien, ZeHiro, Martin)

Mauvaise nouvelle: Pour moins de 50$ de matériel et un petit peu de programmation, un hacker peut ouvrir, instantanément et sans laisser de trace, des millions de chambres d’hôtel protégées par une carte-clé.

Ce hack a été présenté par Cody Brocious, un développeur de chez Mozilla, à la « Black Hat Security Conference » de Los Angeles. 4 millions de chambres d’hôtel sécurisées par les serrures programmables à carte vendues par Onity sont menacées. Selon Bocious, que l’on devrait réprimander pour ne pas avoir divulgué le hack à Onity avant de le rendre public, il n’y a pas de correction facile par une mise à jour du firmware. Si les hôtels veulent sécuriser les chambres de leurs clients, chaque serrure devra être changée.

Le hack est entièrement détaillé sur le site internet de Borcious, mais en quelques mots : à la base de chaque serrure Onity se trouve un petit port alimentation DC (simplement identique à celui de votre vieux téléphone Nokia). Ce port est utilisé pour recharger la batterie de la serrure, et pour programmer cette dernière avec le « sitecode » de l’hôtel – une clé 32-bit identifiant celui-ci. En connectant un microcontrolleur Arduino dans le port DC, Brocious a trouvé qu’il pouvait simplement extraire cette clé 32-bit de la mémoire de la serrure. Aucune authentification n’est requise – et la clé est enregistrée à la même place dans chaque serrure Onity.

Le meilleur : en introduisant ce code 32-bit dans la serrure… elle s’ouvre ! D’après Brocious, 200 millisecondes sont simplement nécessaires pour lire le “sitecode” et ouvrir la serrure. « Je le branche, l’allume, et la serrure s’ouvre » confie Brocious. Sa mise en œuvre actuelle ne fonctionne pas avec toutes les serrures, et il ne compte pas mener plus loin ses investigations, mais ses documents de recherche prouvent de manière très claire que les serrures Onity, assez ironiquement, ne disposent même pas de la sécurité la plus élémentaire.

J’aimerais pouvoir dire que Brocious a consacré des mois à ce hack, pratiquant une rétro-ingénierie minutieuse du protocole des serrures Onity, mais la vérité est bien plus triste. « Avec cette simplicité enfantine, je ne serais pas surpris si un millier d’autres personnes avait trouvé la même vulnérabilité et l’avais vendue à d’autres gouvernements » déclare Brocious, dans une interview accordée à Forbes. « Un stagiaire à la NSA pourrait trouver cela en cinq minutes. »

C’est de cette manière qu’il justifie la divulgation au public de la vulnérabilité : si les agences de sécurité et les milices privées ont déjà accès à des millions de chambres d’hôtel, alors de cette manière Brocious contraint Onity a corriger son erreur. Informer le public signifie aussi que nous pouvons trouver d’autres méthodes pour sécuriser nos chambres – avec des chaînes ou des verrous blindés à l’intérieur des chambres par exemple.

Concernant la justification d’Onity pour un tel manquement à la sécurité, personne ne sait. Généralement, tant que les affaires roulent, sécuriser un système est une dépense inutile – jusqu’à ce que celui-ci soit hacké. Ce genre de vulnérabilité n’a rien d’extraordinaire venant d’une entreprise traditionnelle – en général, une entreprise n’embauche un spécialiste de la sécurité qu’après avoir connu un hack surmédiatisé. Pour une entreprise dont le rôle est de sécuriser le sommeil de millions de personnes chaque nuit, Onity aurait pu faire preuve d’un peu plus de précautions.

Crédit photo : Cory Doctorow (Creative Commons By-Sa)




Les administrations qui n’utilisent pas de standards ouverts travaillent contre celles qui le font

Issue d’un blog de la Commission européenne dédié à l’interopérabilité, la citation titre de ce billet révèle une fois de plus les difficultés que rencontrent les institutions souhaitant migrer vers le Libre.

Trois exemples, en Allemagne, Hongrie et Belgique, témoignent malheureusement du blocage du processus dont la cause principale est à chercher dans l’adoption antérieure de la suite Microsoft Office et de ses formats fermés (ou faussement ouverts).

Et tout ceci pris sur les deniers publics…

Vinoth Chandar - CC by

La migration des institutions vers l’open source est entravée par des problèmes d’interopérabilité


Interoperability problems frustrate authorities’ move to open source

Gijs Hillenius – 20 juillet 2012 – Joinup (European Commission)
(Traduction Framalang : Poupoul2, Martin, Quentin)

Les dépendances aux logiciels propriétaires des gouvernements européens, nationaux et locaux continuent de freiner les municipalités qui essaient de se séparer des carcans de leurs éditeurs en passant à l’open source. On trouve des exemples récents dans les municipalités de Fribourg en Allemagne, de Miskolcs en Hongrie et de Schoten en Belgique.

Le principal problème dans ces trois municipalités est l’interopérabilité des documents. Ce qui est grave, c’est que cela a amené la ville allemande de Fribourg à reconsidérer son usage actuel de la suite bureautique open source LibreOffice. Elle est en train d’étudier le retour à l’omniprésente suite bureautique propriétaire. Un porte-parole de la ville a annoncé plus tôt dans la semaine qu’une étude des problèmes de la suite bureautique sera livrée au conseil municipal en septembre.

La dépendance aux formats de documents et aux suites bureautiques propriétaires de toutes les autres administrations publiques est également la cause de problèmes pour la ville de Miskolcs. La ville hongroise utilise OpenOffice, une alternative à LibreOffice. Dans une étude que Joinup publiera dans les tous prochains jours, les officiels de la ville disent que dans quelques cas, l’administration est contrainte de revenir à la suite propriétaire, pour s’assurer que les documents et les macros embarquées soient compatibles : « Nous aimerions pouvoir demander à nos partenaires d’arrêter de nous envoyer des documents contenant des macros. La leçon que nous avons apprise ici est que des facteurs externes rendent impossible la migration totale vers des logiciels open source. »

Le même problème freine la ville belge de Schoten, confirme Jan Verlinder, le chef du département informatique de la ville. « La majorité des administrations publiques prend la voie facile et continue d’utiliser et de mettre à jour ses logiciels propriétaires. Les responsables de ces organisations informatiques ne semblent pas se préoccuper du fait qu’il s’agit de décisions coûteuses. En plus des coûts immédiats, cela force également leurs organisations à payer pour les mises à jours suivantes ».

Cependant, les administrations publiques prennent progressivement conscience des coûts du verrouillage des éditeurs, selon Verlinden. « Nous sommes de plus en plus approchés par d’autres gouvernements qui veulent également utiliser de l’open source pour résoudre ce problème ».

Verlinden : « Mais en réalité, les administrations qui n’utilisent pas de standards ouverts travaillent contre celles qui le font. »

« Changer pour un format de document ne dépendant pas d’un seul éditeur serait un excellent premier pas. Ça ne réclame même pas beaucoup de modifications aux logiciels ». En 2006, le gouvernement fédéral belge a rendu obligatoire l’utilisation d’un tel format, l’Open Document Format pour les documents échangés entre les administrations publiques « En pratique, il est à peine utilisé », fait remarquer Verlinden.

Crédit photo : Vinoth Chandar (Creative Commons By)