Et si on faisait le point sur le réseau social libre Diaspora*

En 2010, 4 étudiants New Yorkais lançaient un pari fou : créer un réseau social similaire à Facebook, mais cette fois libre et décentralisé.

Avec Diaspora* (c’est le nom du logiciel, “*” compris), non seulement il deviendrait possible d’installer son propre réseau social (pour sa famille, son entreprise, sa communauté), mais les différentes installations de Diaspora* (ces instances sont appelées des “pods”) seraient capable de discuter entre elles. Cela signifie que vous pouvez avoir créé votre compte sur le pod francophone https://framasphere.org, tout en échangeant avec des amis brésiliens (par exemple) hébergés eux sur https://diasporabrazil.org/

Estimant qu’ils avaient besoin de 10 000 $ pour financer leur projet, ces étudiants firent appel à un mode de financement original pour l’époque, le financement participatif. Annoncé en avril 2010, la somme fut atteinte en 12 jours seulement, mais les financements continuèrent d’affluer jusqu’à atteindre plus de 200 000 $, faisant de Diaspora* un des premiers logiciels à être financé ainsi par le public, mais aussi l’un des rares logiciels libres disposant de fonds non négligeables. Autant dire que les attentes étaient énormes, notamment par tous les détracteurs de Facebook qui en avaient assez d’être traqués dans leurs moindres “J’aime”.

La fin de l’année 2011 fut particulièrement rude pour le projet : critique d’internautes trouvant que le projet n’avançait pas suffisamment rapidement, première version bêta repoussée de plusieurs mois et décès de l’un des fondateurs. En août 2012, le projet fut confié à la communauté via une fondation, créée pour l’occasion.

Et depuis ? … Peu de nouvelles, en fait. Le projet continue pourtant non seulement d’exister, mais de s’améliorer, et compte plusieurs dizaines de milliers d’utilisateurs a travers le monde.

Récemment, le projet a de nouveau fait parler de lui : une dépêche AFP reprise sur de nombreux médias pointait du doigt Diaspora* et sa décentralisation comme un lieu d’expression pour les djihadistes de l’Etat Islamique.

Flaburgan, qui contribue activement au projet Diaspora* depuis deux ans, a bien voulu répondre à nos questions et nous dire où en est le projet aujourd’hui.


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Bonjour Flaburgan, avant tout, peux-tu te présenter aux lecteurs du Framablog et nous dire comment tu es venu à contribuer à Diaspora* ?

Alors, je suis un jeune développeur web et Libriste avant tout (merci à l’IUT de Grenoble qui m’a bien éduqué en utilisant exclusivement du libre !) et je cogite un peu sur le fonctionnement actuel de notre société numérique, particulièrement l’approche que nous avons de la notion de vie privée. Je me suis donc engagé dans le projet Mozilla, et vous m’avez peut-être croisé aux conférences « Web et Vie privée » que je donne dans ce cadre (au Fosdem, aux JDLL ou ailleurs). Ma contribution au Logiciel Libre est donc orientée éducation et services. Pour moi, l’objectif du Libre est de proposer une alternative solide. Le but n’est donc pas le Graal « tout le monde n’utilise que du code Libre », mais plus simplement « si tu ne veux pas utiliser du logiciel propriétaire / non respectueux, nous avons quelque chose d’autre à te proposer ». Voici pour “alternative”. Par “solide”, j’entends utilisable sans avoir à faire de compromis (comprendre, sans perte de fonctionnalités ni d’utilisabilité).

Pour moi, le Libre remplit déjà cet objectif sur le desktop (Ubuntu / Firefox / Thunderbird / VLC / LibreOffice remplissent 90% des usages sans être plus compliqués ou plus pauvres que leur équivalent propriétaire, au contraire) et est en passe de réussir sur le mobile (au travers de projets comme Cyanogenmod et Firefox OS). Par contre, concernant les services (partage de photos, fournisseur de mail, réseaux sociaux…), il n’y a que peu d’alternatives libres, et elles sont en général plus pauvres. De plus, si on n’a aucune garantie sur ce que fait de nos données un logiciel propriétaire (mais on pourrait lui laisser le bénefice du doute), ce n’est pas le cas pour un service propriétaire, dont on est sûr qu’il exploite nos données. C’est sur ce secteur que les libristes devraient concentrer leurs efforts, Framasoft a d’ailleurs un raisonnement similaire puisque l’association réfléchit à un “Plan de Libération du Monde”[1] pour mettre en place des services Libres.

Quelle est la première brique à poser parmi tous ces services à libérer ? Le social, qui va permettre à chacun de se retrouver, d’échanger et de réfléchir pour construire ensuite notre idéal numérique. Il est pour moi capital de pouvoir accéder à tous ces échanges sans dépendre d’une entreprise à but lucratif. Le choix de diaspora* en soi s’est fait naturellement, c’est le projet le plus connu dans ce domaine, et il suffit de s’y connecter et de voir l’énergie et l’engouement des gens pour trouver du courage à contribuer. Me voici donc à suivre le projet depuis maintenant 3 ans, et à écrire du code (principalement front-end) depuis 2 ans. Comme j’avais besoin d’un endroit pour tester mon code en production, j’ai installé il y a un an le serveur diaspora-fr.org qui est sur la branche de développement de diaspora*, et je travaille maintenant avec Framasoft à la mise en place de Framasphère, un serveur diaspora* stable où tous seront les bienvenus.

Diaspora* souffre encore aujourd’hui d’une image un peu sulfureuse : il s’agissait de la première réussite d’envergure de crowdfunding logiciel, ce qui avait généré une énorme attente de la part des contributeurs. Avec le recul, beaucoup de gens semblent avoir été déçus avec un sentiment de « tout ça pour ça ? ». À juste titre, selon toi ?

Tordons le cou une fois pour toute aux rumeurs : $200k, cela fait $180k une fois que KickStarter a pris sa commission. Les fondateurs étaient 4, en ne se payant que $30k chacun, quand un salaire de développeur débutant à San Francisco est autour de $80k par an, il ne reste déjà plus que $60k. Oui, la somme récoltée était énorme pour un crowdfunding à l’époque, mais elle est ridicule lorsque l’on lance une startup, encore plus quand on la compare aux moyens de Facebook. Donc, je n’ai aucun doute en la bonne volonté des fondateurs, et ce ne sont certainement pas des voleurs comme on les a parfois injustement qualifiés.

Cependant, on ne peut pas dire que diaspora* au bout de deux ans de développement (2012) a été la réussite que l’on espérait. De mon point de vue (extérieur au projet à l’époque), il y a eu deux problèmes majeurs : une mauvaise communication et une absence de financement durable (il n’y avait à ma connaissance aucun autre business model que les dons). Il faut dire que lorsqu’ils ont demandé $10k sur KickStarter, les 4 étudiants pensaient faire une expérience pendant l’été, entre deux années de leurs cours, et n’envisageaient pas de laisser tomber leurs études pour lancer une start up. Ils l’ont finalement fait face au succès du crowdfunding. Le cocktail « beaucoup de pression + peu d’expérience » donne rarement de bons résultats, pour autant, d’un point de vue technique, la majorité des choix faits ont du sens, et la base de code aujourd’hui est saine : nous ne sommes pas dans un sac de nœuds rempli de hacks inmaintenables.

On peut donc reprocher leur manque de communication aux fondateurs, mais une chose est sûre, ils ont été les premiers à se lancer et à porter pour nous cette pression. Peut-être que sans eux, nous serions toujours là à nous plaindre à chaque changement un peu plus intrusif de Facebook sans pour autant faire quelque chose. Diaspora* a été une étincelle, un élément déclencheur : oui, on peut faire quelque chose, et oui, de nombreuses personnes pensent que cela est important. C’est en effet la première fois que l’on voyait un crowdfunding de cet ampleur, et chaque jour qui passe un nouveau scandale éclate en nous rappelant que ce projet n’est pas important mais carrément essentiel.

Par la suite, le décès d’un des fondateurs, puis le transfert du code (sous licence libre) à la communauté, via une fondation chapeautée par la FSSN a un peu donné l’impression d’un logiciel… abandonné. Rassure-nous : le projet est-il toujours actif ?

Lorsque les fondateurs ont souhaité arrêter en 2012, quelques courageux ont repris le flambeau, et la communauté de diaspora* reprend vie de plus en plus chaque jour. L’euphorie du départ n’est plus la même, mais on sait que l’on va dans la bonne direction, et de nombreux contributeurs nous rejoignent. Nous sommes aujourd’hui 446 sur loomio, l’outil que nous utilisons pour gérer le projet et prendre des décisions, et 47 personnes différentes ont participé au code depuis Août 2012, date où le projet a officiellement été transféré de Diaspora Inc à la communauté. Le projet a toujours été sous licence libre (AGPL) et plusieurs personnes qui sont aujourd’hui au cœur de la communauté travaillaient déjà avec les fondateurs à l’époque. Nous avons mis en place des numéros de versions en suivant semver, donc majeure.mineure.hotfix, en gardant un 0. en premier pour montrer que le projet n’est pas encore en “1.0”, c’est-à-dire complètement stable et prêt à être installé par tous, car s’il est prêt à être utilisé même par les plus novices, installer son instance de diaspora* est encore trop compliqué à notre goût. Nous avons sorti début septembre la version 0.4.1.0 de diaspora*, soit une version mineure après la sortie de la 0.4.0.0 fin Juin. En deux ans, nous avons donc sorti 4 versions majeures soit 2405 commits depuis la 0.0.0.0 le 15 octobre. Vous pouvez retrouver chaque release sur github. Je pense qu’on peut le dire, le projet est actif 🙂

Par ailleurs, les critiques techniques relatives au logiciel ont toujours été présentes : diaspora* utilise Ruby et Postgresql ou Mysql, alors que d’autres lui préféreraient XMPP et ou CouchDB. Même s’il faut reconnaître que critiquer les choix technologiques d’un logiciel est pour le geek l’équivalent sportif de la critique des choix d’un sélectionneur d’une équipe de foot, peut-on considérer que Diaspora* est construit sur des bases solides ?

Chaque technologie a ses avantages et ses inconvénients. Si diaspora* avait été écrit en PHP, il aurait été beaucoup plus facile d’installer un serveur, car les mutualisés ont tous PHP disponible. De même, il y a beaucoup plus de monde qui connaît PHP que Ruby, donc nous aurions certainement eu plus de contributions. Pour autant, maintenir une grosse application en PHP est un véritable calvaire, et même si Ruby reste le langage principal de diaspora*, 30% du code est aujourd’hui du JavaScript avec Backbone. Il n’y a pas de technologie parfaite, chacune a ses avantages et ses inconvénients. Les choix faits ici ne sont ni meilleurs ni pires qu’autre chose. La seule problématique importante pour moi est celle du protocole utilisé pour communiquer entre les nœuds. Il n’existe pas de protocole parfaitement adapté pour faire du social de manière décentralisé. Des projets comme Movim ou Libertree se sont basés sur XMPP. Cela a l’avantage d’avoir un chat et une gestion des contacts déjà en place et interopérable avec de nombreux autres services, d’ailleurs, nous travaillons en ce moment à l’intégration d’un chat basé sur XMPP dans diaspora*. Mais XMPP n’est pas non plus le protocole miraculeux : il n’est notamment pas prévu pour gérer la notion de messages “publics”, c’est à dire sans destinataire particulier. Je n’ai cependant pas étudié suffisamment le fonctionnement de ces protocoles pour en parler en détail (à quand une interview de Timothée sur le Framablog ?) En tout cas, l’idée de partir sur quelque chose de nouveau (mais basé sur Salomon) pour diaspora* puis de l’améliorer au fur et à mesure avant de le faire devenir un standard “De Facto” est une manière de faire classique sur le web. Donc, pourquoi pas.

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Les expérimentations d’autres réseaux sociaux fédérés et décentralisées sont nombreuses. Que penses-tu, à titre personnel, de tels projets, comparés à Diaspora* ?

La réponse précédente explique mon point de vue sur la question. Il est rare de voir des gens travailler d’abord sur un standard puis les projets l’implémenter, même si c’est ce que cherchent à faire les gens de Tent.io. En général, on voit plutôt chaque projet se développer dans son coin, et celui qui fonctionne le mieux devient un standard et il est adopté par les autres. La diversité est toujours bonne quand la concurrence est saine. Ce qui est certain, c’est qu’on aimerait bien avoir une plus grande interopérabilité entre les projets, nous travaillons notamment un peu avec Friendica / la RedMatrix et GNU Social, mais on manque vraiment de monde pour travailler sur ces sujets.

Très récemment, Diaspora* est revenu sur le devant de la scène médiatique : les réseaux sociaux décentralisés seraient devenus un repaire pour djihadistes en mal d’hébergement et de visibilité. Peux-tu nous en dire plus sur cette affaire ?

Nous avons vu arriver en quelques jours environ 200 comptes qui diffusaient du contenu de propagande pour l’État Islamique. La communauté s’est très vite mobilisée pour lister les contenus susceptibles d’être illégaux puis nous avons averti chaque administrateur. Selon le pays où il se trouve, un hébergeur est responsable du contenu sur ses serveurs. À ma connaissance, les podmins ont donc choisi de supprimer les contenus litigieux. C’est un choix que chaque administrateur a eu à faire, de par la nature décentralisée du réseau diaspora*, la fondation n’est pas responsable des contenus et n’a donc pas eu de rôle légal dans l’histoire. Vous pouvez en savoir plus en lisant les articles rédigés sur le blog pour l’occasion : https://blog.diasporafoundation.org/

Diaspora*, c’est une poignée de développeurs bénévoles sur leur temps libre, et très, très peu de fonds. Facebook, c’est plus de 7 000 employés à temps plein et un chiffre d’affaires de près de 8 milliards de dollars en 2013. Les réseaux sociaux libres ont-t-il une chance face au mastodonte Facebook ?

Tout dépend où l’on fixe l’objectif. Comme je l’ai dit dans la première question, si le but est d’avoir plus d’utilisateurs que Facebook, probablement pas. Mais notre but est-il là ? Pour moi, notre but est de permettre aux gens qui veulent quitter Facebook de le faire facilement. Si nous arrivons à offrir un équivalent de qualité facile à utiliser, nous aurons réussi, peu importe le nombre d’utilisateurs. Il y en a déjà bien assez pour ne pas se sentir seul.

Il y a ces derniers jours un gros buzz autour d’Ello, un nouveau réseau social qui se veut une alternative à Facebook, avec plus de liberté pour l’utilisateur (possibilité d’utiliser un pseudo, moins strict sur le contenu autorisé (pornographique notamment), pas de pub ni de revente de données). Est-ce que tu penses que de nombreuses personnes vont migrer de Facebook vers ce projet, nouveau concurrent de diaspora* ?

Le seul avantage que je vois à Ello est la facilité à comprendre le projet pour les Mme Michus : un site, une entreprise, un compte à se créer bref, aucun nouveau concept à assimiler pour l’utiliser, à la différence des réseaux décentralisés qui sont différents de ce à quoi les gens sont habitués. Mais l’intérêt s’arrête là. La comparaison ne tient sur aucun des autres points : les avantages mis en avant par Ello et cités dans la question sont présents dans tous les réseaux sociaux Libres que je connais. Pour autant, Ello ne propose aucune garantie :

  • Code source fermé : impossible de savoir ce que fait vraiment le logiciel ;
  • Plateforme centralisée : impossible d’installer son instance pour contrôler ses données ;
  • Compagnie à but lucratif qui vient de lever presque $500k auprès de FreshTracks Capital (lire https://aralbalkan.com/notes/ello-goodbye/) ;
  • …et même dans l’application, aucun réglage de vie privée, que des messages publics…

Bref, Ello n’est clairement pas la solution que l’on attend pour remplacer Facebook, et je crois que beaucoup l’ont déjà compris. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que depuis que ce buzz a commencé, nous avons vu plus de 3 000 personnes inactives depuis longtemps se reconnecter sur diaspora*, lisant les articles sur Ello et se rappelant qu’elles avaient déjà entendu parler d’une vraie alternative libre à Facebook. L’annonce de ce projet est donc une bonne nouvelle pour Diaspora*, cela démontre qu’aujourd’hui encore nous avons besoin d’une alternative solide.

Où peut-on tester Diaspora* aujourd’hui ?

Il y a de nombreux serveurs ouverts à l’inscription, le site officiel indique bien (et en français) comment commencer dans l’univers de diaspora*. Si vous ne savez pas lequel choisir et que vous avez confiance en Framasoft pour héberger vos données, alors framasphere est le serveur qu’il vous faut !

Merci Flaburgan, quelque chose à ajouter ?

Bien sûr : si vous aussi vous pensez que le Web a besoin d’un endroit où tous peuvent communiquer sans que leurs données soient analysées à des fins publicitaires ou autres, venez nous donner un coup de main ! Nous avons un wiki très complet et besoin de tout type de contributeurs, développeurs (Backbone, Bootstrap, Rails ou SQL) comme traducteurs, communicants / marketing, blogueurs, sysadmin et autre ! Découvrez comment contribuer au code ou de manière non technique.

Notes

[1] Note de Framasoft : on vous en reparle très bientôt ! 🙂




Enercoop : libérer les énergies

Enercoop est un fournisseur français d’électricité d’origine renouvelable.

Depuis fin 2006, cette coopérative permet donc aux français d’approvisionner leur foyer ou leur entreprise en énergie dont les sommes facturées sont ensuite reversées auprès de producteurs d’énergies “100% verte”.

Les valeurs portées par Enercoop (et les partenaires qui la soutienne) ne sont pas sans rappeler celles du logiciel libre. Il ne s’agit en effet pas juste de dénoncer la position de monopole (de fait) d’EDF en proposant de déconcentrer le marché de l’éléctricité, mais bien aussi de proposer une autre façon de produire et de consommer de l’énergie. La production est ainsi centrée sur les énergies renouvelables exclusivement, et la consommation est elle axée sur une transparence entre les producteurs et clients, en réalité tous sociétaires de la coopérative. Le paralèlle peut donc être fait avec le libre où les licences permettent intrinsèquement la copie, la collaboration et la réutilisation de code source (avec une tracabilité des auteurs), et où les utilisateurs ne sont pas considérés comme des clients, mais comme une communauté (avec souvent une entraide entre utilisateurs, et la possibilité d’une communication directe entre les développeurs et les utilisateurs finaux).

Au-delà de ces valeurs communes et du “100% énergie verte”, Enercoop vise le “100% logiciel libre”.

A l’occasion de la première “Journée de la transition citoyenne”, ce 27 septembre, à laquelle Juilen Noé, Directeur d’Enercoop, invite les associations du libre à participer, nous avons donc souhaiter interroger David Affagard, responsable des Systèmes d’Informations de la coopérative.

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Bonjour David, peux-tu te présenter en quelques phrases ?

Je suis arrivé chez Enercoop il y a un an pour le développement d’une application de type ERP, mais très vite le projet, par nécessité, s’est étendu à la refonte globale du SI Enercoop. Je me suis toujours défendu d’être un informaticien, gêné par le côté réducteur de cette qualification. Mais je suis aussi ce que mes collègues font de moi… J’ai donc été le premier “informaticien” à avoir intégré Enercoop, et, heureusement, je ne suis déjà plus le seul.

J’ai une formation initiale d’ingénieur polyvalent, Arts et Métiers avec une spécialisation en énergétique. J’ai investi le monde de l’informatique dès ma sortie de l’école dans le monde de l’industrie, mais j’ai réellement commencé à le faire avec plaisir au milieu des années 90 avec le multimédia et l’arrivée d’internet. J’ai participé à de nombreux projets multimédia avec Infogrames jusqu’en 1997 avant de créer avec un ami notre propre “maison”. Pendant 15 ans nous avons développé des applications internet/intranet pour les entreprises sur des technologies reines de l’open source internet (linux, perl, python, php, postgreSQL,…). Ce projet est arrivé à son terme de manière accidentelle en 2013. Il était alors nécessaire pour moi de tourner une page. Militant Greenpeace depuis longtemps, je connaissais Enercoop sans y être client ou sociétaire, donc, quand je suis tombé sur l’annonce, je me suis vraiment pris à rêver d’un projet qui rassemblerait mes connaissances et mes convictions personnelles. À 50 ans, après une longue période d‘“indépendance”, je goûte maintenant aux délices de la coopération au sein d’une grande équipe pour un projet de société que je souhaite voir émerger.

Enercoop, ça fonctionne comment ?

Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Son objet est de fournir aux citoyens une électricité produite à 100% par des énergies renouvelables : hydraulique, solaire, éolien et biomasse. Enercoop est une alternative concrète à la civilisation de la combustion. Nous fournissons une énergie électrique libérée du nucléaire et des énergies fossiles. Le capital d’Enercoop est distribué en parts sociales dont l’acquisition est ouverte à toute personne physique ou morale qui veut trouver sa place et soutenir le projet. Les sociétaires répartis par collèges sont les consommateurs (clients pour la fourniture d’électricité), les producteurs, les porteurs (créateurs du projet), les partenaires,les salariés et les collectivités. L’achat de parts sociales n’est pas limité en quantité. Un sociétaire possède une voix quelque soit le nombre de parts sociales qu’il détient. De fait l’investissement de chaque sociétaire est l’expression de son soutien au projet, mais il ne lui donne pas de pouvoir proportionnel à son investissement. Ce principe place Enercoop à l’abri d’une prise de pouvoir par le capital.

Aujourd’hui Enercoop est un fournisseur d’électricité au niveau national qui fonctionne avec un réseau de coopératives locales. En 2006 l’ouverture du marché de l’électricité a ordonné la séparation du réseau de distribution (ERDF) de celui de la fourniture (EDF). La fourniture d’électricité consiste à apporter au réseau de distribution une production électrique égale aux besoins de consommation des clients. Le réseau de distribution (ERDF) est l’infrastructure physique qui permet l’acheminement de l’électricité jusqu’aux compteurs, il ne produit pas d’électricité. Le fournisseur (Enercoop) apporte l’énergie au réseau de distribution.

Enercoop est un concurrent direct d’EDF, de Direct Energie, etc… Notre particularité est d’être le seul à proposer une fourniture d’électricité 100% renouvelable. Nos consommateurs savent que nous ne sommes pas dans le groupement des fournisseurs affiliés au nucléaire (ARENH). Chaque euro dépensé en consommation électrique Enercoop est intégralement fléché vers la production verte. Certains fournisseurs proposent une offre d’énergie verte tout en achetant de la production « grise » (nucléaire, charbon, pétrole). En France, un producteur d’énergie verte a le droit de vendre sa production sans sa « garantie d’origine verte », il peut vendre cette « garantie d’origine » par ailleurs à un autre fournisseur, sans la production ad hoc. Ceci permet au fournisseur d’accoler cette « garantie verte » à une production qui ne l’est pas… Enercoop milite contre ces méthodes.

Enercoop est un militant écologiste. Notre militantisme ne s’arrête pas au simple marché de l’énergie. Au travers de notre développement, nous défendons un modèle de société et de vivre ensemble. Dans une logique capitaliste, un fournisseur d’électricité serait amené à concentrer ses moyens techniques et organisationnels en un point du territoire afin de rentabiliser son infrastructure et ses équipes. Enercoop choisit une autre voie : le développement du cycle court. Il s’agit au contraire de déconcentrer nos infrastructures pour les distribuer et les rapprocher de nos acteurs : producteurs et consommateurs. Ainsi depuis 2009, Enercoop a essaimé, non pas en créant des agences dépendantes d’une coopérative mère, mais en créant des coopératives de région indépendantes . Aujourd’hui, Enercoop national concède à la coopérative Enercoop de région un droit d’exploitation de la marque Enercoop. Sept coopératives en région sont déjà installées et deux autres sont sur le point de naître.

D’après Wikipédia, Enercoop compterait 20 000 sociétaires en 2014. C’est à la fois beaucoup, et très peu face à l’opérateur historique, EDF, qui servirait près de 40 millions de clients au niveau mondial. Cela n’est pas sans rappeler la position du libre face aux géants du logiciel (Microsoft, Adobe, etc) et de l’internet (Google, Facebook, etc). Les communautés “alternatives” ont-elles vraiment une chance face aux industriels installés depuis des décennies ?


Avec Enercoop nous sommes concurrents d’EDF, mais nos valeurs et nos méthodes sont très différentes.

Nous avons la volonté de grandir, certes parce que le projet nous tient à cœur, mais plus encore pour représenter un poids politique et peser sur la transition énergétique et les grandes décisions stratégiques gouvernementales. Aujourd’hui, le Kwh Enercoop coûte plus cher que le Kwh EDF. Chaque fois que le gouvernement applique une augmentation de l’électricité, ceci n’affecte que le prix régulé du Kwh EDF. Le nôtre est inchangé depuis 2006 essentiellement parce qu’il n’est pas influencé par le financement de la filière nucléaire. En conséquence l’écart se réduit… petit à petit les règles changent. Aujourd’hui 20.000 clients nous ont choisi. Parmi nos clients nous comptons bon nombre de particuliers militants, mais aussi de collectivités et de professionnels qui ont compris la nécessité de construire une économie vertueuse et équilibrée. Espérons que dans quelques années nous ne soyons plus les seuls à proposer notre modèle, ce sera un succès pour nous, partagé avec d’autres fournisseurs, producteurs et consommateurs.

Notre adhésion au mouvement du logiciel libre n’est pas dirigée contre les géants. Elle est dirigée pour soutenir le partage et la diversité de nos intelligences.

Quels sont les types de logiciels utilisés par Enercoop ?

Nous utilisons un mix de logiciels entre applications standard et applications spécifiques métier.

Nous avons entamé il y a un an un refonte de notre Systèmes d’Informations poussée par la nécessité de déployer un ERP métier spécifique à la gestion de l’énergie. Nous avons pris le parti de recourir systématiquement au monde du libre. Notre objectif est d’interfacer chacune de nos applications avec notre openLdap d’une part pour bénéficier de l’authentification unique avec notre CAS et d’autre part pour réaliser, quand c’est nécessaire (et possible), des transferts de données d’une application à une autre.

Sur ce principe, voici la suite exhaustive de nos applications collaboratives et standard connectées à notre LDAP :

  • SOGo : groupware connectée à notre LDAP
  • Asterisk : téléphonie IP pour Paris et les coopératives de région, connectée à notre LDAP
  • ldapSaisie : une interface web pour la gestion des comptes LDAP, une application développée par notre prestataire Easter Eggs
  • ownCloud que nous avons rebaptisé le Clood (prononcez Claude !) connectée à notre LDAP
  • DokuWiki connectée à notre LDAP
  • EtherPad (baptisée Coopad chez nous) connectée à notre LDAP

Les applications que nous envisageons de connecter à LDAP : (pas encore réalisé, faute de temps…)

  • LimeSurvey : application web pour la création d’enquêtes
  • Sympa : mailing lists avec administration web
  • Redmine pour la gestion de projet
  • Mediawiki
  • RT (Request Tracker), un gestionnaire de ticket
  • BigBlueButton pour la visio avec le prestataire Talcod
  • Suite Framasoft : Framadate (Coople chez nous) et Framacalc (expérimental et pas encore baptisé mais pour lequel nous nourrissons beaucoup d’espoir).

Dans le cadre de la refonte SI, nous développons avec la société Axelor et notre partenaire Sorégies une applications métier sur un framework libre développé en Java/XML sous PostgreSQL. Il s’agit d’un ERP baptisé CoopEner qui couvre :

  • l’activité CRM et XRM (gestion clients, producteurs d’électricité, partenaires, contacts etc… )
  • la gestion des flux de données ERDF pour produire notre facturation client et réaliser une Gestion Intégrée de l’Energie (GIE)

CoopEner est bien sûr interconnecté sur notre LDAP, il nourrit LDAP.

Depuis sa création en 2006, Enercoop a, de manière naturelle, déployé des machines sous Windows.
Depuis un an, nous avons lancé la migration de notre parc sous Linux.
Nous avons opté pour une distribution Linux/Debian optimisée pour nous par Easter Eggs.
Nous faisons une sélection de logiciels libres que nous installons dans une configuration unique que nous déployons pour tous les salariés Enercoop.
Nous retrouvons tous les standards du libre : Thunderbird, Iceweasel (Firefox), Filezilla, Linphone, Gimp, Okular, QGIS, Notes Tomboy, LibreOffice, etc…
La migration n’est pas chose simple. À ce jour nous avons migré la moitié de notre parc (25 postes sur 50). Nous avons résolu les problèmes techniques de migration logiciel, mais la difficulté chronophage est la réorganisation et la gestion du changement. La gestion de parc est techniquement facilitée avec GLPI.
Linux ne nous empêche pas d’utiliser ponctuellement des applications Windows auxquelles nous ne pouvons échapper (il y en a encore :))
Pour des applications métier “historiques” nous avons optimisé notre configuration Linux afin d’utiliser ces outils en session à distance… Ainsi nous n’avons pas besoin de Windows sur les postes de travail ce qui est un gain substantiel pour la gestion du parc.

Nos prestataires :

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Quelle est la politique de la coopérative vis-à-vis du logiciel libre ?

Notre objectif est d’avoir recours à 100% aux solutions libres et d’apporter notre participation en terme d’intelligence et de financement.

Les prestations que nous finançons peuvent être reversées à la communauté du libre, nous encourageons nos prestataires à le faire.
Développer le logiciel libre au cœur de notre activité suppose aussi une collaboration de confiance avec nos prestataires informatiques, la mise en place d’un éco-système stable où chaque acteur trouve les éléments de son équilibre.
Dans cette approche, nous souhaitons soutenir directement des projets de développement libre qui nous sont servis “sur un plateau”.
Nous soutenons financièrement des projets de production d’énergie verte, ça nous semble cohérent de soutenir aussi pour des projets qui nous permettent de développer notre SI, cœur de notre activité.

Quels arguments donnerais-tu à un responsable S.I. qui pourrait le pousser à utiliser du logiciel libre dans son infrastructure informatique ?

Le logiciel libre permet aux travailleurs modernes de sortir du prolétariat.

Le prolétaire est un mot antique que Marx a fait resurgir pour qualifier le travailleur qui ne possède pas son outil de travail et qui, pour vivre, doit mettre à disposition du capital son énergie personnelle et son intelligence sans qu’elles soient capitalisées. Le logiciel propriétaire est un logiciel qui entretient la dualité capitaliste / prolétaire : il conduit les SI des entreprises à n’être que des acheteurs, intégrateurs, consommateurs et promoteurs de solutions informatiques clef-en-main sur lesquels il n’y a pas d’emprise, sur lesquels les SI n’apportent aucne valeur, aucune énergie, aucune intelligence.

Le logiciel propriétaire fait de l’informaticien un prolétaire.

Le logiciel libre donne à tous salariés d’Enercoop et aux informaticiens en particulier, les moyens de domestiquer, de comprendre et d’enrichir les systèmes qu’ils utilisent.
Le logiciel libre signifie le partage de la connaissance, c’est la base de l’enseignement, du développement d’une culture libre et de l’épanouissement intellectuel de chacun.
Ce n’est pas un choix facile car nous sommes tous sollicités par des solutions propriétaires alléchantes et performantes. Mais si nous nous comportons comme des consommateurs avides de se satisfaire de solutions toutes faites et rapides dans lesquelles nous ne sommes plus acteur, certes nous serions heureux d’apporter des solutions rapides à nos collègues et dirigeants, mais nous perdrions la maîtrise et la richesse de ce que nous faisons.
Le fait de choisir des solutions libres à tous les niveaux de notre SI nous permet de maitriser la construction globale de notre ouvrage. Si nous avons besoin de faire communiquer des solutions entre elles, nous avons des possibilités, nous ne sommes pas coincés par le bon vouloir d’un éditeur, nous sommes guidés par une imagination que nous partageons avec nos prestataires. Sur le développement de notre infrastructure et la refonte de notre SI logiciel, nous sommes aujourd’hui réellement dans cette capacité.

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Le Collectif pour une Transition Citoyenne, dont Enercoop est partenaire, organise ce 27 septembre une “Journée de la Transition citoyenne”. Peux-tu nous en dire plus ?

Initiés par le Collectif pour une Transition Citoyenne qui regroupe à ce jour 16 structures (la Nef, Terre de Liens, Enercoop, Biocoop, les Amis de la Terre, etc.), les événements du 27 septembre se donnent pour objectif d’inviter les citoyens à s’engager de manière concrète dans la transition : donner du sens à son argent, s’approvisionner en énergie renouvelable, en produits sains et locaux…

Depuis le printemps dernier, chaque structure membre du Collectif et d’autres partenaires invitent leurs réseaux à se mettre en lien localement pour organiser une Journée de la Transition. Ces synergies aboutissent depuis à l’organisation de plus de 150 Journées de la Transition sur les territoires !

Le 27 septembre, c’est donc l’occasion de faire connaître au plus grand nombre les acteurs qui composent ce mouvement, de montrer que la transition est en marche et qu’elle doit se faire par les citoyens, pour les citoyens !

Les associations du libre sont invitées à participer à ces journées, pour sensibiliser le public sur les enjeux numériques et les alternatives existantes à l’informatique propriétaire/privatrice. Comment peuvent-elles participer ?

Les associations du libre sont effectivement les bienvenues !

Pour participer, c’est simple, il suffit de prendre contact avec l’organisateur de l’événement et voir comment il est possible de s’intégrer dans leur programme. La participation le jour J peut prendre différentes formes : projection-débat, stands, animations… à chacun de trouver le format idéal pour faire passer son message !

Les coordonnées des organisateurs se trouvent sur la page dédiée à chaque événement. http://www.transitioncitoyenne.org/27septembre2014-journees-transition/

Merci David ! Un dernier mot pour la fin ?

Puisque j’en ai l’opportunité ici, je vais reprendre André Gorz. Cet extrait argumente, pour moi, la substance du projet Enercoop ; il explique le lien évident que nous souhaitons cultiver entre le projet Enercoop et le monde du logicel libre.

Une économie au-delà du travail emploi, de l’argent et de la marchandise, fondée sur la mise en commun des résultats d’une activité comprise d’emblée comme commune, s’annonce possible : une économie de la gratuité.
C’est la fin du travail ? Au contraire : c’est la fin de la tyrannie qu’exercent les rapports de marchandise sur le travail au sens anthropologique. Celui-ci peut s’affranchir des «nécessités extérieures» (Marx), recouvrer son autonomie, se tourner vers la réalisation de tout ce qui n’a pas de prix, ne peut être ni acheté ni vendu; devenir ce que nous faisons parce que réellement nous désirons le faire et trouvons notre accomplissement dans l’activité elle-même autant que dans son résultat.

La grande question est : que désirons-nous faire dans et de notre vie ? Question que la culture économiste du «plus vaut plus» empêche de poser
Il s’agit là, c’est entendu, d’une utopie. Mais d’une utopie concrète. Elle se situe dans le prolongement du mouvement des logiciels libres qui se comprend comme une forme germinale d’économie de la gratuité et de la mise en commun, c’est-à-dire d’un communisme. Et elle se situe dans la perspective d’une élimination de plus en plus complète du travail emploi, d’une automatisation de plus en plus poussée qui fera (et fait déjà) de la conception de logiciels de loin la plus importante activité productive – productive de richesse mais non de « valeur ».”

CRISE MONDIALE, DECROISSANCE ET SORTIE DU CAPITALISME – André Gorz, 2007 http://www.esprit68.org/deuxtextesgorz.html





La bidouillabilité à l’école : une expérience Suisse autour du Raspberry Pi

Faire entrer le logiciel libre à l’école reste un défi.

Si l’on se réfère aux nombreux articles publiés sur le sujet sur le Framablog, il apparaît que les initiatives individuelles en faveur du libre, portées par des enseignants motivés et volontaires, se multiplient. Mais aussi que celles-ci se heurtent à une administration pas toujours bienveillante et parfois sclérosée par une mentalité difficile à faire évoluer («Un PC, ça fonctionne avec Windows. », « Le traitement de texte, c’est Word. »). Il faut dire que les services de Microsoft restent très présents et actifs pour promouvoir leurs produits[1][2][3].

Sachant cela, quelle porte d’entrée trouver pour montrer aux enfants que l’informatique ne se résume pas plus à Microsoft qu’internet ne se résumerait à Facebook, Twitter ou Google ?

Christophe Lincoln, un enseignant suisse, propose un projet éducatif original et innovant, basé sur des Raspberry Pi. Certes, il ne s’agit pas (encore) de matériel libre, mais au moins peut-on y voir un premier pas vers une découverte de la « bidouillabilité » chère à Tristan Nitot et qui permettrait (enfin ?) de faire entrevoir aux jeunes générations la face immergée de l’informatique.

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Bonjour Christophe, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je suis un passionné et j’aime être en projet ! Mon premier projet open-source d’envergure est la distribution SliTaz GNU/Linux. Le projet SliTaz a l’âge de mon fils, c’est à dire 8 ans et me permet de vivre une expérience géniale dans le monde du libre. Je suis aussi enseignant dans des classes primaires de l’établissement d’Entre-Bois à Lausanne en Suisse romande.

Et PiClass alors, qu’est-ce que c’est ?

Le but du projet est de proposer un atelier informatique et robotique itinérant et utilisant des Raspberry Pi. L’atelier PiClass pourra prendre en charge une demi classe, c’est à dire 10 à 12 élèves. C’est par un projet Pilote que PiClass démarre : proposer un outil informatique au service des disciplines scolaires en utilisant les dernières technologies et du matériel conçu pour l’éducation. Le projet pédagogique répond aux objectifs du PER (Plan d’Etudes Roman) et il est destiné à tous les élèves de l’établissement primaire d’Entre-Bois à Lausanne.

Quels sont les avantages de la mise en œuvre d’un tel projet, et quel est son rapport avec le libre à l’école ?

Les classes Lausannoise (et ailleurs dans le monde) n’ont souvent qu’une seule machine à disposition et pas de salle informatique. Avec PiClass on a une salle informatique pour 10-12 élèves qui peut se déplacer d’un bâtiment scolaire à un autre. L’avantage c’est qu’il n’y a pas besoin d’équiper toutes les classes ou tous les bâtiments. L’autre gros avantage d’une PiClass c’est le coût du matériel : imbattable !

Son rapport au libre à l’école est simple, le Raspberry Pi ne tourne que sous GNU/Linux ! Les élèves utilisent donc un OS libre et uniquement des logiciels libres, que ce soit pour la bureautique, les jeux éducatifs ou la programmation avec Scratch et Python.

En France, le débat est maintenant ouvert sur le “codage”[4][5] à l’école. Quelle est ton opinion sur le sujet ?

Je pense que coder c’est structurant : il faut suivre le code ! Si on veut obtenir quelque chose il faut suivre des règles précises, c’est comme dans la vie, il y a des règles. Ensuite coder c’est apprendre à utiliser le clavier, c’est constamment avoir recourt aux mathématiques, c’est apprendre l’anglais et développer la pensée créatrice des élèves. Je pense vraiment que coder avec les élèves est pédagogique et cela apporte un coté concret et ludique que les élèves apprécient beaucoup.

Pour l’instant, un projet-pilote est prévu à Entre-Bois. Comment imagines-tu la suite ? Ce projet est-il suffisamment rémunérateur, non seulement pour toi, mais pour inciter d’autres enseignants à faire “tâche d’huile” ?

Si le projet pilote passe la rampe à Entre-bois, il y a des chances pour que des PiClass s’ouvrent dans tous les établissement de la ville de Lausanne.

Avec le projet pilote j’aurais 4 classes sur les 150 de l’établissement et les 6 périodes d’enseignements par semaine me seraient payées. Si le projet passe, Piclass pourra être rémunérateur pour plusieurs enseignants sur Lausanne vu le nombre de classes que cela fait pour toute la ville !

Le projet PiClass a aussi une visée internationale et humanitaire. Nous sommes déjà en discussion pour une PiClass au Brésil pour 2015.

Christophe, merci ! Un dernier mot pour la fin ?

Mais merci à vous ! Je me réjouis de vous revoir dans un salon ou lors d’une opération libre pour vous faire un câlin ! Au delà du code, le libre c’est un grand projet humain.




Bye bye Google épisode 4 : les contenus embarqués et… la publicité !

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Depuis février, Framasoft essaie activement de se débarrasser de Google.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas facile. Les services de Google nous collent au clavier comme du sirop d’érable en importation directe de Mountain View.

En janvier, nous annoncions notre intention de « manger la pâtée de notre chien », c’est-à-dire de faire ce que l’on dit.

En février, la première étape – probablement la plus dure – était franchie : celle de quitter GMail, pour notre propre infrastructure, basée sur BlueMind.

En mars, nous quittions le service de liste GoogleGroups pour framalistes.org, basé sur le logiciel libre Sympa. Ces listes sont pour l’instant uniquement réservées à Framasoft, car nous n’avons pas les ressources humaines pour ouvrir ce service à la France entière dans de bonnes conditions. Cependant, nous avons reçu tellement de courriers que nous comprenons bien l’urgence d’un service de listes indépendant, sans publicité et respectueux de vos données. C’est pourquoi nous n’excluons pas un jour de l’ouvrir à tous, sous réserve que nos finances nous le permettent.

En avril, nous troquions le service de statistiques Google Analytics contre la mise en place d’une instance de Piwik, évitant ainsi le « pistage collatéral » de nos visiteurs par une firme n’ayant pas démenti qu’elle donnait l’accès de ses machines à la NSA.

En mai, faisons ce qu’il nous plait, et surtout débarrassons-nous d’un des derniers « boulets » de Google : la publicité.

En effet, peut-être que peu de lecteurs de ce blog l’auront noté du fait de l’incontournable bloqueur de publicité Ad Block Plus, mais les sites Framasoft et Framakey affichaient des publicités aux internautes.

En-dehors du fait que ces publicités sont nocives pour les citoyens et contraires à l’éthique que Framasoft essaie humblement de diffuser depuis plus de 10 ans, ces publicités engraissaient la base de données de Google : qui visite quel site ? à quel moment ? pendant combien de temps ? avec quel parcours ?

Leur suppression pouvait donc paraître une évidence. Cependant, il faut bien reconnaître qu’elles auront eu leur utilité économique : sans ces revenus publicitaires, Framasoft n’aurait pas pu embaucher, et par conséquent aurait probablement arrêté son activité il y a plusieurs années, écrasée par son propre poids que le bénévolat seul ne peut suffire à soutenir.

Supprimer la publicité (qui nous rapportait environ entre 550 et 650 € par mois[1]) met donc l’association dans une situation financièrement difficile, car nous ne sommes pas certains de pouvoir maintenir les postes de nos permanents. On ne va donc pas vous mentir : il y aura _encore_ une campagne de dons à Framasoft dans quelques mois.

Cependant, il faut être cohérent dans notre discours : nous ne pouvons pas d’un côté prôner le respect des données et de la vie privée des internautes, et de l’autre gagner de l’argent par l’exploitation de ces mêmes données, qui plus est confiées à un tiers.
Si nous souhaitons passer, comme nous le répétons depuis plusieurs années, d’une « société de consommation » à une « société de la contribution », il faut faire passer le citoyen avant l’économie.

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Mais ce n’est pas tout !

Nous avons aussi profité de ce mois d’avril pour nous débarrasser d’autres « mouchards invisibles ».

Par exemple, plus aucun site Framasoft ne devrait afficher de « Google Fonts » (polices de caractères affichées sur les sites web, même si l’utilisateur ne dispose pas de ces polices sur sa machine).

Il en va de même pour les « bibliothèques hébergées ». Google propose en effet la possibilité de charger des ensemble de scripts directement depuis son site, maintenus à jour en permanence, ce qui est fort pratique pour les développeurs web pressés. Mais mauvais pour l’internaute. Il a « suffi » de rapatrier ces bibliothèques (jQuery, notamment) en local. Simple quand on a un seul site à gérer, mais plus long quand — comme Framasoft — vous avez plus de trente sites publics à maintenir…

Autre exemple : les boutons Twitter et Flattr que vous trouverez juste sous cet article. Ces derniers étaient aussi des mouchards potentiels. En incluant du code externe (par JavaScript) pour afficher ces boutons, nous informions involontairement Twitter et Flattr de votre visite sur nos billets, même si vous ne cliquiez pas dessus ! Évidemment et malheureusement, vous retrouvez ces boutons sur des milliers d’autres sites (la chasse aux œufs pascale est finie mais vous pouvez toujours vous amuser à chercher les boutons Twitter, Facebook, Google+, etc.).
Comme ces boutons ont une véritable utilité (ils permettent une diffusion simple et rapide de nos articles sur Twitter, ou vous permettent de nous faire un micro-don), nous ne les avons pas supprimés. Ils ont simplement été remplacés par un mécanisme qui oblige l’utilisateur à cliquer dessus s’il souhaite l’afficher. C’est donc une démarche volontaire qui protège la vie privée de l’immense majorité des internautes qui ne souhaite pas utiliser ces fonctionnalités[2].

Voilà donc pour un mois d’avril bien rempli !

En mai, nous devrions nous concentrer sur la mise en place d’un dépôt Gitlab, afin de ne plus laisser le code source que nous publions uniquement sur Github (qui, rappelons-le, n’est pas libre).

Enfin, maintenant que nous nous sommes débarrassé de Google[3], nous allons pouvoir nous concentrer à nouveau sur la proposition d’alternatives libres : améliorations de framapad.org, framadate.org ou framindmap.org et mises en place de nouveaux services (diaporama, visioconférence, dépôt de fichiers, etc[4].)

Notes

[1] Il est normalement contractuellement interdit de révéler le montant de ses gains adsense, mais comme nous arrêtons, autant être transparents.

[2] Notez qu’une possibilité s’offre aussi à vous de gérer cela en amont, directement dans votre navigateur, par exemple avec l’extension Disconnect)

[3] Il restent encore sans doute certains codes de-ci de-là, vous pouvez nous les signaler en commentaires.

[4] On préfère ne pas trop spoiler, car cela dépendra grandement des moyens financiers à notre disposition.




clibre.eu : un (autre) annuaire de logiciels libres

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Il existe de nombreux annuaires francophones de logiciels libres. Celui de Framasoft, renommé Framalibre depuis que le réseau s’est diversifié, évidemment. Mais il est loin d’être le seul.

Nous pourrions citer par exemple jesuislibre.org, qui a sensiblement le même âge que Framasoft (c’est-à-dire près de 15 ans !). Et bien entendu, les annuaires spécialisés. Par exemple celui de l’Adullact, celui de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, le Pack Logiciels Libres de l’entreprise, etc. Sans oublier, bien évidemment, l’article Liste de logiciels libres de l’incontournable encyclopédie libre Wikipédia.

Il faut bien reconnaître, pour citer Cyrille Borne, que l’annuaire logiciel de Framasoft est devenu bien poussiéreux ces dernières années. Nous en sommes bien conscients et travaillons à une refonte totale de Framalibre. Comme ce projet va encore nous prendre quelques mois, nous avons même publié framastart.org, un annuaire simplifié, afin de répondre à la demande des personnes souhaitant n’avoir qu’une sélection réduite à l’indispensable à avoir sur son poste de travail.

Cependant, des initiatives méritent d’être saluées en particulier lorsqu’elles font l’objet d’un travail sérieux et réfléchi. C’est donc avec une curiosité amicale que nous avons posé quelques questions à l’un des sympathiques créateurs d’un nouvel entrant : cLibre.eu

Aux esprits chagrins qui pourraient trouver dommage que les énergies soient réparties sur de multiples sites, et non sur un seul qui pourrait les fédérer[1], nous répondrons qu’il en va sans doute avec les annuaires de logiciels comme avec les logiciels eux-mêmes : la liberté de faire le sien doit être préservée, et même encouragée. Cela afin de préserver l’innovation, d’éviter les projets sclérosés, et d’inviter à la création de nouvelles communautés.

Bonjour Hervé, peux-tu te présenter ?

Rien de spécial. Centre d’intérêt nombreux et variés des activités de montagne à la méditation en passant encore par un fort investissement dans les associations.

Vous venez de publier clibre.eu, un annuaire de logiciel libre “allégé”. Quelles sont ses spécificités, notamment par rapport à Framalibre, l’annuaire de Framasoft ?

En fait cela fait 2 ans qu’il existe, mais nous n’avons jamais pris le temps de communiquer autour.

Nous avons donc mis un certain nombre de critères :

  • Pour le grand public, assos, TPE (pas pour les geek)
  • Support aux débutants (tutoriels, présentation, forums)
  • En français dans le texte
  • Les domaines les plus demandés (bureautique, internet, graphisme…)
  • Un nombre restreint de logiciels (qui ne devraient pas dépasser la centaine)
  • Une fiche (pas de notice ni de commentaires) avec plein de liens (téléchargement, forum…)
  • Mise à jour régulière
  • Facilité le passage final de Windows ou Mac vers Linux
  • Tout éthique (pas de diffusion de violence, discrimination …)
  • Gratuit ou peu cher à l’utilisation

Un premier mini moteur de recherche (http://www.clibre.eu/alternatives/) est mis en place. Il permet de trouver une alternative en saisissant uniquement le mot d’une utilisation (internet, photo…) ou le nom d’un logiciel propriétaire.

Nous avons aussi une approche qui intègre l’évolution libre qui n’est plus seulement de favoriser des distributions Linux ou des logiciels, mais des aussi applications ou services en ligne qui ont des fonctionnalités équivalentes.

Autre approche similaire avec vous, c’est l’indispensable éducation par rapport à la gratuité. C’est souvent l’élément déclencheur pour l’adoption des logiciels libres par le grand public. C’est à nous après de les amener progressivement à s’imprégner du fonctionnement et des valeurs du libre qui dépassent de plus en plus le cadre des logiciels libres.

D’emblée nous n’avions pas voulu faire un doublon de l’annuaire framalibre. Nous n’en avions ni les moyens mais surtout pas l’envie que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de Framasoft. C’est dans ce sens ou je t’avais rencontré pour bien fixer les différences.

Ce n’est pas un fork et nous espérons bien qu’il y ait un jour un annuaire qui comporte des milliers de référence du Libre. S’il y a un intérêt évident d’avoir un annuaire le plus exhaustif possible, il est aussi intéressant de promouvoir le libre pour un milieu spécifique : association, éducation, entreprise… Chacun à son propre code culturel et des logiciels plus adaptés…

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Pourquoi avoir créé ce projet ? Et comment vois-tu son évolution dans les mois qui viennent ?

C’est parti d’un besoin personnel (comme souvent ;-)). Je fais partie de nombreuses associations et nous sommes nombreux à avoir été confrontés à un problème d’interopérabilité. Un bien grand mot pour expliquer les pertes de caractères, mises en page entre logiciels parfois de la même société bien connue. Certains adhérents avaient des PC ou des Macs. J’utilisai des mots et des explications qui n’aboutissaient pas souvent aux résultats escomptés. Du côté de l’utilisateur, il était aussi plus simple de continuer à fonctionner avec ses habitudes.

L’intérêt des campagnes précédentes des adeptes du libre, c’est d’avoir permis petit à petit d’acquérir notoriété et crédibilité. Les associations l’ont adopté de plus en plus souvent pour leurs besoins fondamentaux. D’autre part les logiciels libres les plus connus font d’énormes progrès pour intégrer l’expérience utilisateur et s’adapter à celui-ci plutôt que le contraire. J’ai dû faire la même chose dans mes explications en m’adaptant. Avec la généralisation de l’utilisation d’internet, il est devenu de plus en plus facile de faire des liens vers les ressources et quelques tutoriels.

Mais on est encore loin d’un basculement massif vers les systèmes libres en raison de l’intégration des systèmes d’exploitation et de logiciels lors de l’achat d’ordinateurs, tablettes ou autres et du poids du freeware.

Nous faisons le constat qu’il manque encore des outils de promotion et vulgarisation, que ce soit sous forme d’annuaire, vidéos ou autres pour des non-informaticiens.

www.cLibre.eu est un nouvel outil qui va dans ce sens avec notamment le mini moteur de recherche qui permet de trouver plus facilement un équivalent à son logiciel propriétaire.
Gain personnel: je gagne en efficacité et en temps pour faire autre chose, par exemple pour le libre. J’ai juste à mettre un lien dans une phrase et l’envoyer par mail en signature.

Les non informaticiens ont maintenant tous les éléments en main pour basculer petit à petit leur logiciel. La situation est mature maintenant pour aider à un basculement plus massif vers une informatique totalement libre, vers des distributions Linux. C’est l’objectif qui suit une fois que nous avons adopté des logiciels sur notre Windows ou Mac et que l’on retrouve les mêmes sur sa distribution Linux.
C’est le chemin que j’ai pris et nous sommes nombreux à avoir fait.

Personnellement je n’avais jamais contribué au code ou au financement de logiciels libres, c’est une manière pour moi de remercier tout le travail fait par d’autres (promoteur, développeur…)

Peux-t-on y participer ? Comment ?

Pour l’instant c’est encore difficile (toujours ce temps qui nous file entre les doigts), cela fait partie des évolutions du site qui sont programmées dans les prochains mois. Il faut au préalable que l’on réfléchisse sur les besoins, les cadres et les fonctionnalités pour favoriser l’intégration de nouvelles personnes ou tout simplement faire un outil réellement participatif. Cela arrivera d’autant plus vite que nous aurons, après cet interview, un retour positif et un soutien de la part de la communauté du libre aussi bien pour ce site que pour la réalisation d’une vidéo.

Vous pouvez déjà nous aider :

  1. en faisant la promotion de ce site dans votre entourage, sur vos sites et réseaux
  2. en répondant, en se mettant dans la peau d’une personne de votre connaissance sans compétence informatique
  3. si vous avez un peu plus de temps Waouh 🙂 , en suivant le lien nous aider
    1. vérifier le tableau http://www.clibre.eu/alternatives/ (qui est le point d’entrée le plus important) en vérifiant/proposant des noms de catégories ou marques propriétaire susceptibles d’être très recherchées par les non-informaticiens
    2. vérifier chaque fiche logiciel sur les liens, texte de présentation, voir en l’enrichissant. (Nous contacter d’abord pour savoir ceux qui n’ont pas été pris et qui vous intéressent)
    3. tout type de travaux graphiques (logo, picto, bandeau pub…)
    4. animation pédagogique multimédia (vidéo, prezi)

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Avez-vous d’autres projets en cours ?

Oui. Faire une vidéo pour promouvoir les logiciels libres. L’intérêt a été discuté avec plusieurs interlocuteurs de plusieurs associations, sites du libre et cela fait unanimité.

Le monde du libre a besoin de ressources ludiques, cool, sympa pour amorcer le basculement dans nos milieux spécifiques (assos, éducation, TPE …) ou nos proches non informaticiens. Les critères sont donc à peu près les mêmes que pour le site. L’objectif étant que cette vidéo puisse être réutilisé (librement !) sur tout type de site comme introduction. A chacun ensuite de proposer les outils ou liens spécifiques. Exemple : en dessous de la vidéo, il serait possible d’insérer des liens vers framapack, libreassociation, annuaire grand public …

Là aussi nous avons des besoins urgents car nous souhaiterions lancer une campagne de financement participatif qui doit être terminée courant juin.

Vous pouvez participer comme association ou personnellement avec l’une des options suivantes :
A/ En tant qu’asso nous trouvons le projet sympathique et nous sommes prêts à parrainer cette initiative. Nous autorisons cLibre.Eu à mettre notre beau logo dans cette campagne ;
B/ Personnellement pour être tenu au courant de ce projet, je m’inscris sur la lettre d’infos www.clibre.eu ;
C/ Je relaie la campagne sur ma liste de contacts, lettre d’infos … dès son lancement ;
D/ Je communique des contacts pour la réalisation vidéo, graphisme… ou de structures, sites web… afin de mener à bien ce projet en leur relayant l’infos ;
E/ J’ai des compétences pour faire quelques graphismes (image campagne, logo, bandeau pub …), une animation Prezi, aider pour les relations presse ;
F/ J’ai un peu de temps pour réfléchir au synopsis, contenu de la campagne. Je veux bien recevoir quelques mails par mois et participer à la rédaction du texte de campagne et d’après-campagne.

Merci Hervé ! Un petit mot pour la fin ?

En fait le combat du libre doit rejoindre celui d’un changement beaucoup plus profond de la société.
Sur l’internet cela passe par trouver et mettre en place des alternatives face à l’hégémonie de Google.
Framasoft nous montre le chemin en développant des applications en ligne libre.
Merci à vous, merci à toi.

Le chemin est long, mais que de chemin parcouru déjà 😉

Notes

[1] Et dans les ténèbres les lier ? 😉




Prototypo : vos polices sur mesure

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En marge de la préparation d’un événement organisé sur Lyon par la communauté Mozilla (dont on vous reparlera bientôt), nous avons eu le plaisir de rencontrer l’un des développeurs de Prototypo, un logiciel libre de dessin typographique, à l’usage très innovant.

Une soirée de présentation du logiciel ayant lieu ce soir (Lyon 7ème)[1], nous avons souhaité poser quelques questions aux créateurs du projet, afin qu’ils nous présentent le parcours de ce logiciel, qui sera bientôt disponible.

Faisons un peu connaissance : pouvez-vous vous présenter ?

Yannick, 28 ans. Depuis maintenant 4 ans je dessine et intègre des sites webs, des interfaces et parfois je touche un peu au papier. J’ai commencé à toucher au code durant ma dernière année des Arts Décoratifs de Strasbourg lorsque j’ai réalisé la version Alpha de Prototypo, développée en Processing. Après une année passée en agence à Paris, j’ai décidé de me lancer en freelance, à Lyon, et j’essaie depuis de me perfectionner dans tout ce qui m’intéresse, c’est-à-dire le dessin de caractère, le développement et le design interactif en général.

Louis-Rémi, 27 ans, développeur web indépendant depuis trois ans. Je suis tombé dans le logiciel libre en même temps que je suis tombé dans le web : sur le tard (en 2007), et très naturellement, parce le web et le libre étaient déjà largement entremêlés à cette époque. J’ai participé il y a quelques années au développement de la branche 1.X de jQuery et créé quelques plugins assez populaires. Et je suis un Mozillien depuis six ans, j’ai participé à “Jetpack / addon SDK”, à la documentation sur MDN. Aujourd’hui je développe Prototypo avec Yannick tout en essayant de rendre ce “logiciel libre de niche” viable financièrement.

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Alors, Prototypo, c’est quoi ?

Prototypo est un logiciel de dessin typographique, il permet de créer de nouvelles polices des caractère qui seront utilisées dans le design graphique (affiches, sites web, jeux vidéo, etc.). Dans Prototypo, le dessin démarre en modifiant une vingtaine de paramètres qui vont changer l’apparence de toutes les lettres de l’alhabet en même temps. Alors que dans les autres logiciels (Fontlab, Glyphs, Robofont et l’alternative libre Fontforge) on dessine chaque caractère un à un. L’intérêt c’est qu’on démarre plus vite, même avec des connaissances limités dans cette discipline exigeante, et que l’on peut explorer de nouvelles formes et proportions en quelques clics.

Comment vous est venu cette idée ?

Y. : En étant graphiste papier à la base, l’intérêt pour la typographie m’est venu tout naturellement, car c’est une pierre d’angle de la création graphique quelque soit son envergure et ses objectifs. Assez rapidement, j’ai essayé de créer moi-même un caractère typographique que je pourrais utiliser en petit corps (corps de labeur) dans mes projets. Mais dessiner un caractère de qualité requiert un investissement important et n’est pas du tout une tâche accessible si l’on n’y consacre tout son temps. Il existe une multitude de règles optiques, de dessin, à respecter (et avant tout à connaître) pour que le caractère soit fonctionnel. Étant donné que beaucoup de ces règles sont récurrentes et mesurables, je me suis dit qu’il serait possible de les systématiser et donc de les coder. Prototypo est né de cette idée : permettre à l’utilisateur de se concentrer sur le design et laisser la machine s’occuper des tâches répétitives et gérer ces micro-corrections.

LR. : moi j’ai découvert la vidéo de la première version développée par Yannick il y a à peu près un an. Visuellement c’était bluffant, et comme j’ai une écriture manuscrite déplorable, j’ai peut-être vu inconsciemment en Prototypo un moyen à ma porté d’avoir une écriture personelle ET lisible. Quoi qu’il en soit j’ai contacté l’auteur de cette vidéo pour savoir où en était le projet. Il aurait pu habiter aux US, il aurait pu ne jamais me répondre ou être passé à autre chose… Mais non, il habitait à Lyon, à trois kilomètres de moi, il avait envie de redémarrer le projet avec des technos web et il était prêt à me rencontrer (plus tard on s’est apperçu qu’on s’était croisé dans son école et à un déménagement sans le savoir). On a commencé à travailler sur notre temps libre et à voir que ça marchait, puis on s’est dits qu’on voulait faire les choses en grand, qu’on travaillerait à temps plein un mois ou deux avant de tenter une campagne de financement participatif.

Selon vous, quels sont les publics d’une telle application ?

Les logiciels de dessin typographique s’adressent aux graphistes et typographes. Prototypo est utile aux amateurs et étudiants pour s’initier de manière ludique, ainsi qu’aux professionnels, particulièrement pendant la phase de recherche graphique. Mais nous espérons aussi rendre cette discipline accessible aux novices qui veulent une police sur mesure pour leur site, leur jeu vidéo, ou toute autre création qui utilise du texte.

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Pourquoi avoir choisi une licence libre ?

LR. : Cétait une évidence. J’ai toujours publié le code que j’écrivais sur mon temps libre sous licence libre, parce que j’ai toujours développé avec du logiciel libre. Et Yannick s’était initié au développement principalement sur Processing dont la communauté est très encline au partage. Mais cette fois-ci il y avait un vrai défi : gagner sa vie en créant un logiciel libre.

Y. : J’ai aussi fait mes premiers pas avec des CMS comme SPIP et la communauté m’a beaucoup apporté. Depuis tout ce temps, j’ai beaucoup reçu mais jamais donné; avec Prototypo c’était l’occasion ou jamais.

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Parlons du financement : vous avez travaillé à plein temps dessus pendant plusieurs mois, vous ne viviez que de 0 et de 1 ?

Presque. Le plan initial était d’arriver rapidement à un prototype qui prouverait que le concept marchait aussi dans un navigateur, en plus de créer de la nouveauté pour les personnes qui suivaient le projet depuis plusieurs années. Et ensuite de lancer très tôt une campagne de financement participatif pour vérifier l’intérêt du public et la viabilité du projet. Dans les faits ça a pris beaucoup de temps. Nous rallongions contamment la liste des “fonctionnalités essentielles” et avons mis cinq mois à être satisfaits, puis encore un mois à lancer la campagne sur Kickstarter. À l’origine nous pensions donc devoir vivre deux ou trois mois sur nos économies (ce qui est tout à fait envisageable tant qu’on n’habite pas Paris). Finalement il a fallu se serrer la ceinture les trois derniers mois et accepter des petits contrats.

Vous avez lancé une campagne Kickstarter. Où en est-elle ?

La campagne visait à rassembler 12.000£ (15.000€) en un mois, pour financer les cinq mois de travail nécessaire à la sortie de la version 1. Nous avons atteint cet objectif en trois jours, et au bout de deux semaines nous en sommes à presque 20.000£ (24.000€). Cela va nous permettre d’ajouter des fonctionnalités avancées telles qu’un éditeur intégré permettant d’importer ses propres polices pour les rendre paramétrables, ou des extensions de navigateur pour prévisualiser en temps réel la police dans des pages web.

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C’est le résultat d’une longue préparation, entamée dès le début de notre collaboration : nous avons animé un blog et des comptes sur les réseaux sociaux, et aussi mis en place un formulaire pour s’abonner à notre newsletter, sur notre site principal. En six mois 10.000 personnes s’y sont inscrites, dont la moité après un effet boule de neige démarré par un simple tweet de Smashing Magazine. C’est grâce à ces inscrits que la campagne a connu un bon démarrage. Désormais nous sommes occupés à plein temps par son animation : nous répondons aux questions des utilisateurs, sollicitons des blogs pour des interviews (big up au Framablog), et participons à des évènements autour du design et de la typographie.

Et après ? Envisagez-vous d’autres modèles de financement pour ce projet ?

Pendant la campagne et par la suite, nous vendons un abonnement qui permet d’utiliser le logiciel sur nos serveurs pendant un an. Pour nous c’est un moyen d’obtenir un revenu régulier qui nous permette de nous consacrer à temps plein à l’amélioration du logiciel. Pour les utilisateurs, c’est la possibilité de bénéficier instantanément de tous les avantages d’une web-app (applications et données disponibles partout, toujours à jour), en gardant la possibilité d’installer l’application en local. Nous sommes aussi en discussion avec des éditeurs de solutions hébergées qui souhaitent intégrer Prototypo à leurs applications.

Techniquement, quelles solutions avez-vous retenues ?

Nous utilisons les languages de base du web : HTML, SVG, JS et SCSS (CSS avec des variables et règles imbriquées). Cela nous permet d’être le plus ouvert aux contributions externes. Pour structurer notre application et simplifier le développement de l’interface utilisateur nous avons choisi AngularJS, qui est très activement développé et dispose d’une bonne documentation et d’une forte communauté de développeurs. Pour que l’application fonctionne de manière “hors-ligne par défaut” nous utilisons Hoodie, un projet encore perfectible mais très activement développé par une équipe expérimenté et ambitieuse. Pour gérer les interactions tactiles et à la souris de manière unifiée nous utilisons la librairie PointerEvents, qui est un sous-projet de Polymer, développé par Google. Et nous utilisons encore jQuery, parce que les navigateurs modernes ont et auront toujours des bugs, que son API conserve des avantages par rapport à celle du DOM (chaînages des méthodes, délégation d’évènements), et qu’elle intègre des optimisations internes (différents caches et utilisation de fragments DOM). Enfin, nous nous sommes rapprochés d’autres développeurs de webapps libres de dessin typographique pour créer une librairie capable de générer des fichiers de polices binaires (.otf) directement dans le navigateur.

Par ailleurs, nous créons petit à petit notre propre language afin de créer les “caractères paramétrables” qui sont au coeur de Prototypo : des caractères qui se transforment lorsque l’utilisateur interragit avec les paramètres de l’interface. À la base c’était un mélange de SVG et de JS mais nous permettons de rajouter des contraintes (un point placé à une interection par exemple), et d’inclure dans un tracé des composants réutilisables. C’est en évolution constante et très spécifique à notre usage, mais nous espérons bien que les utilisateurs s’en saisiront pour enrichir les possibilités du logiciel. Quelle est la suite des évènements ? (annoncer entre autre l’apéro)

Nous allons encore être occupé à plein temps par la campagne pendant ses 15 derniers jours. Nous organisons mardi soir un Apéro Prototypo sur Lyon (chez KolleBolle) auquel nous convions tous nos amis, mais aussi les graphistes et libristes qui voudraient essayer la version de développement du logiciel et discuter avec nous autour d’un verre. Les 6 et 7 Mai nous seront au Automatic Type Design organisé par l’ANRT à Nancy. Une fois que la campagne sera finie nous nous remettrons enfin au dévelopement et essayerons de créer les conditions favorables à l’accueil de contributeurs externes. La version de travail sera accessible fin Mai et la version 1.0 devrait être disponible en Septembre prochain. Nous continuerons à développer Prototypo aussi longtemps que notre trésorerie le permettra.

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Merci à vous deux ! Un petit mot pour la fin ?

On remercie toutes les personnes qui nous ont soutenu jusqu’ici, en donnant de leur temps, en participant à la campagne de financement, en affichant leur soutien sur Twitter et Facebook, en nous inviant dans leurs colonnes, et on remercie par avance toutes les personnes qui vont le faire. Dès le début Prototypo a été un projet passionnant, maintenant grâce à vous c’est un projet exaltant.

Notes

[1] Oui, je sais, on prévient “un peu” tard :-/




Le Libre est-il dans le pré ?

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Nous avons reçu il y a quelque jours un appel téléphonique. Jusque là, rien d’anormal. Ce qui l’était plus, c’était qu’il émanait d’un groupe d’agricultrices. Leur demande ? Faire réaliser un logiciel qui leur permettrait de suivre un programme expérimental d’utilisation de produits en médecines alternatives (homéopathie/aromathérapie notamment). Pour le suivi de l’expérimentation, elles souhaiteraient utiliser un logiciel leur permettant de saisir des données sur leurs smartphones, ainsi qu’obtenir différents types de bilans ou statistiques.

Ce type de développement (quand bien même rémunéré, ce qui serait le cas ici) ne rentre pas vraiment dans le cadre des missions de Framasoft. Cependant, en répondant à leurs questions, il nous est apparu assez clairement que nous avions des valeurs communes (partage du savoir, non appropriation du bien commun, volonté d’agir “ensemble”, etc.).

Nous avions déjà, il y a quelques mois, mis en avant un logiciel libre dédié à l’agriculture : Agritux (on me souffle à l’oreille que si vous êtes intéressés par le sujet, vous devriez aussi jeter un œil à Ekylibre). Il est donc plutôt passionnant de voir des liens se tisser entre ces deux mondes en théorie relativement éloignés.

Pour en savoir plus, nous avons demandé à ces agricultrices de répondre à quelques questions.

Et si vous souhaitez développer une application libre (avec une interface pour smartphone) répondant à leur problématique, n’hésitez pas à les contacter.

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Bonjour, pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre projet ?

Nous sommes 8 agricultrices regroupées en collectif GEDA (Groupe d’Études et de Développement Agricole) au niveau d’un canton au Nord de Rennes.

Nous échangeons régulièrement sur des thèmes variés techniques ou pas, professionnels ou pas suivant nos propres choix. Nous cherchons également à faire mieux connaitre notre métier en intervenant dans les écoles primaires et maternelles. Nous collaborons également avec les élus de notre territoire. La réflexion collective est en effet un moyen de nous sentir rassurées dans notre métier. Elle nous donne la force d’oser dialoguer avec l’ensemble des acteurs non agricoles de notre territoire et de partager nos travaux au-delà des frontières de nos fermes.

Nous avons décidé en 2012 d’en connaitre davantage sur les médecines alternatives en élevage bovin pour maîtriser la santé de nos troupeaux d’une manière plus respectueuse de l’environnement et de la santé humaine. Très vite nous avons donc commencé à tester l’homéopathie et à observer des résultats positifs sur nos troupeaux. Et depuis notre soif de savoirs et d’expériences s’est accrue : l’aromathérapie, les méthodes d’observation du troupeau (Obsalim®), la phytothérapie, … sont aujourd’hui autant de voies que nous souhaitons découvrir et tester sur nos exploitations pour adapter au mieux notre stratégie d’exploitation. En parallèle notre envie de communiquer pour revaloriser notre beau métier s’est développé. De là est né notre projet sur trois ans qui nous permettra de :

  • Assurer le bien-être et améliorer la santé de nos vaches ;
  • Acquérir une plus grande autonomie décisionnelle ;
  • Limiter l’impact de nos élevages sur l’environnement ;
  • Valoriser notre beau métier d’éleveur auprès des acteurs de notre territoire.

Pour atteindre ces objectifs, nous avons notamment décidé de travailler à la conception d’un outil de suivi de notre expérimentation sur Smartphone. C’est dans ce cadre que notre collectif vous a contacté.

Pour cela, vous souhaitez éventuellement faire réaliser un projet logiciel. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Pour bien appréhender les problèmes de santé des animaux, une observation minutieuse des bovins est indispensable au quotidien et à tout moment. Un suivi également des traitements alternatifs appliqués (homéopathie, aromathérapie,..) est indispensable aussi pour ensuite pouvoir identifier les facteurs d’échecs ou de réussites de nos expérimentations. Un support pour enregistrer ces informations est donc nécessaire et doit correspondre à nos conditions de travail : plus on a d’animaux, plus le nombre de remarques et d’actions effectuées est important. Comment tout noter en permanence de façon confortable et surtout efficace ?

De nombreux agriculteurs sont aujourd’hui équipés de smartphones. Celui-ci permettrait un enregistrement rapide et confortable quel que soit le lieu d’observation : de la salle de traite aux pâturages. Toutes les informations concernant chaque animal dès sa naissance doivent pouvoir être enregistrées dans cette application: les événements importants et marquants, ses particularités (caractère, physique,…), son comportement, avec les dates, etc… Pour être efficace dans la pratique des médecines alternatives, le moindre événement dans la vie de l’animal peut être important et le choix du traitement à appliquer tout comme sa réussite en dépendent. Ce logiciel nous permettra également de capitaliser plus facilement puis d’analyser collectivement nos résultats d’expérimentations de soins alternatifs aux traitements conventionnels.

Le logiciel libre semble porter certaines valeurs communes avec votre projet, comme par exemple la mutualisation, la coopération, la volonté de partager le savoir et les connaissances, etc. Pourtant, le monde du logiciel et celui de l’agriculture semblent bien éloignés. Aviez-vous entendu parler de logiciel libre ou de culture libre avant d’avoir ce projet logiciel ?

Bien sûr nous en avions entendu parler mais uniquement dans le cadre de la sphère privée avec les logiciels libres de traitement de texte par exemple.

Avant l’émergence de notre projet collectif, nous n’avions pas vraiment fait le lien entre notre métier et le monde de la culture libre, mais dès que l’idée d’un logiciel a émergé nous avons tout de suite pensé à une application gratuite et diffusable à tous. Pourquoi ? Tout simplement parce que notre démarche collective qui vise l’échange et le partage, la reconquête notre autonomie, notre liberté de choisir et celle du mouvement des logiciels libres sont parallèles et cohérentes. Dans les 2 cas il s’agit de démarche de partage et de liberté.

Pour aller plus loin dans le parallèle, grâce à ce projet et en partenariat avec le lycée agricole de notre secteur, nous voulons également transmettre nos expériences au plus grand nombre agriculteurs et aux générations futures d’agriculteurs. Les communautés qui prônent le logiciel libre sont également dans cette démarche puisque les outils développés sont transmissibles, modifiables et adaptables librement.

Et nous ne nous étendrons pas sur la similitude entre les semences agricoles qui pourraient être comparées à des logiciels. Si aujourd’hui nous avons le droit de pouvoir ressemer l’année suivante notre propre semence récoltée (cela est de plus en plus remis en question), nous ne pouvons échanger ou vendre des semences non certifiées. Pourquoi devoir en permanence dépendre des grosses firmes multinationales “de semences” ? Le côté économique est un élément important car une semence “certifiée” a un coût beaucoup plus élevé qu’une semence récoltée sur l’exploitation. Et on ne parle que de blé et d’orge car le maïs hybride ne se développera pas ou de manière dégénérée l’année suivante si on tente de le semer. Sur ce point encore nos idées se rejoignent : à quand la semence libre ? 🙂

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Pour les non-initiés, l’informatique (et internet) semble jouer un rôle croissant dans le quotidien d’une exploitation agricole. Vous confirmez ?

Effectivement, sans internet, l’exploitation fonctionne au ralenti…L’accès à l’information se fait de plus en plus via les sites agricoles spécialisés : marchés, réglementation, résultats d’analyses (réaction plus rapide si résultats connus précocement).

La gestion financière de l’exploitation se fait au jour le jour et est facilitée par la consultation régulière des comptes bancaires. La gestion administrative, de plus en plus exigeante et importante est facilitée par les messageries électroniques qui permettent de communiquer plus rapidement et efficacement avec nos différents partenaires, le téléchargement de formulaires.

La gestion des cultures et de ses différents enregistrements se fait fréquemment sur des logiciels spécialisés qui permettent de répondre aux exigences réglementaires (intrants…).

La gestion des troupeaux peut être gérée informatiquement via différents supports : quantités de lait produites, gestion de la reproduction via des aides à la détection de chaleurs, de vêlage, gestion de l’alimentation (en production porcine notamment). L’identification animale se fait via des serveurs spécialisées qui permettent l’accès aux bases de données animales.

Merci ! 🙂 Un petit mot pour la fin ?

Nous aurons bien sûr besoin d’un développeur pour notre logiciel :=), donc si des personnes sont intéressées, contactez-nous par email : frgeda.bretagne (chez) gmail (point) com

Pour financer notre projet sur trois ans, nous avons répondu à l’appel à projet de la Région Bretagne sur Agriculture Écologiquement performante, alors croisez les doigts pour nous 😉

Et surtout merci à vous de nous guider pour nos premiers pas dans ce monde du logiciel libre!!!!




Bye Bye Google épisode 3 : les statistiques (Bonjour Piwik)

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Libération de Google, le feuilleton continue… Après la messagerie (Gmail -> BlueMind) et nos listes de discussion (GoogleGroups -> Sympa), l’étau se desserre aujourd’hui sur notre outil de statistiques web.

Avant, donc, nous utilisions Google Analytics pour l’ensemble de notre réseau, comme près de… 70% des autres sites[1] ! C’était “gratuit”, c’était pratique (un simple bout de code à poser) et roule ma poule. Mais, la communauté du Libre le sait bien, le confort a un prix : celle de notre liberté d’utilisateur. Le site Don’t Track Us, par exemple, explique images à l’appui le processus de collecte massive des nos données personnelles par Google via Analytics et, avant même que n’éclate l’affaire Snowden, il faut bien reconnaître que cela fait peur.

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En autorisant Google à surveiller ainsi les visiteurs de notre réseau, nous participions indirectement à engraisser la bête alors que nous tenons un discours opposé dans les colonnes de ce blog. Faites ce que je dis et non ce que je fais, là encore ça n’était plus possible de poursuivre dans ces conditions. D’autant que, pas d’excuses, il existe de nombreuses alternatives libres, parmi lesquelles nous avons retenu Piwik (dont un français, Matthieu Aubry, est à l’origine soit dit en passant).

Cela ne s’est pas fait d’un claquement de doigts parce que notre réseau est aujourd’hui constitué d’une bonne cinquantaine d’applications déployées sur une quinzaine de serveurs. Nous avons ainsi installé Piwik sur l’une de nos machines virtuelles, et nous avons laissé Analytics et Piwik tourner en parallèle pendant un mois. Les retours sont bons et jusqu’à maintenant la charge a bien été tenue.

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Ainsi, notre instance de Piwik nous permet de gérer les statistiques de 22 sites différents, représentant un total de plus de 30 000 pages vues par jour, tout en étant respectueux de vos données et de votre vie privée. Par exemple, nous respectons les en-têtes “Do Not Track”, qui indiquent à Piwik que vous ne souhaitez tout simplement pas être enregistré comme visiteur sur nos sites[2]. Par ailleurs, vos adresses IP sont anonymisées (les derniers caractères sont masqués) et nous ne conservons que 3 mois de données brutes.

Chroniquer l’aventure de notre migration Google, c’est évidemment montrer que nous tenons nos engagement de la campagne de l’automne dernier mais c’est aussi, nous l’espérons, donner à d’autres l’idée d’en faire autant en témoignant que c’est possible.


Voilà, encore une bonne chose de faite. La suite au prochain épisode.

Notes

[1] Source : http://www.datanyze.com/market-share/Analytics/

[2] Pour information, le nombre de visiteurs comptabilisé avec Piwik est environ inférieur de 20% à celui comptabilisé avec Analytics, ce qui tend à montrer que nos visiteurs seraient nombreux à utiliser l’option Do Not Track.