Oubliez Framaforms-le-logiciel, faites de la place à Yakforms !
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Après plusieurs années, Framasoft a décidé de ne plus prendre en charge les évolutions du logiciel Framaforms qui sert à vous offrir le service du même nom. Et pour que cesse la confusion entre le nom du logiciel et le nom du service Framaforms (qui reste ouvert, hein, ne vous inquiétez pas), on a décidé de donner un nouveau nom au logiciel : Yakforms. Petit retour sur ce qui a motivé cette décision.
À noter :
Découvrez la version en anglais de cet article réalisée par notre stagiaire Coraline
Framaforms, sa vie, son œuvre
Sorti officiellement le 5 octobre 2016 et présenté comme une alternative à Google Forms, Framaforms est un service en ligne qui permet à tou⋅tes les internautes de réaliser simplement des formulaires, par glisser-déposer d’éléments (champs textes, cases à cocher, menu déroulant, etc.), de les partager et d’analyser les réponses.
Contrairement à la majorité des services proposés dans le cadre de la campagne Dégooglisons Internet, celui-ci repose sur un logiciel développé en interne par l’un des salariés de l’association. Framasoft a toujours préféré proposer et mettre en valeur des logiciels libres déjà existants et disposant déjà d’une communauté, plutôt que de développer des solutions maison qu’il faut maintenir, faire évoluer, sans compter le support utilisateur à gérer. Mais aucun logiciel satisfaisant n’a été trouvé pour servir d’alternative à Google Forms : la plupart des logiciels libres existants n’étaient pas proposés comme services en ligne, ou lorsque c’était le cas, ils étaient assez complexes d’utilisation ou leurs tarifs étaient assez élevés.
Parfois, chez Framasoft, on doit faire des choix vraiment complexes :D
C’est donc pyg, à l’époque directeur général de l’association, qui s’est chargé de développer un outil simple et facile d’utilisation. Au regard de ses compétences techniques, il a fait le choix d’une solution utilisant Drupal (un des logiciels libres de création de sites web les plus installés au monde) et le module Webform (qui permet la création de formulaires). N’hésitez pas à consulter son interview parue à l’époque pour parler de ses choix.
4 ans et demi plus tard, Framaforms est l’un des services les plus utilisés parmi ceux proposés par l’association. En 2020, framaforms.org c’est plus de 36 millions de pages vues (une augmentation de 250% par rapport à 2019). Ne serait-ce que sur les douze derniers mois (mai 2020-avril 2021), presque 100 000 questionnaires ont été créés sur Framaforms et ils ont recueilli plus de 2 millions de réponses. Vous êtes plus de 1000 chaque semaine à créer plus de 3000 questionnaires. C’est vraiment impressionnant !
Parfois, on se demande pourquoi ce service rencontre un tel succès ! Bien sûr, on a fait de notre mieux pour le valoriser. Bien sûr, les internautes sont de plus en plus conscient·es de la nécessité de modifier leurs pratiques numériques afin de protéger leurs données personnelles. Bien sûr, on sait bien qu’il est de moins en moins répandu – et acceptable – de demander des informations sensibles, telles que l’identité de genre ou l’orientation sexuelle, via un Google Forms.
Mais il y a de fortes chances que la principale raison pour laquelle vous utilisez aujourd’hui Framaforms, c’est tout simplement parce qu’un jour, on vous a proposé de répondre à un questionnaire hébergé sur framaforms.org et qu’ainsi vous avez découvert l’outil. Les créateur·ices de formulaires deviennent indirectement auto-prescripteur·ices du service auprès de leur public. En répondant à un formulaire, vous avez une expérience active de l’outil et il est ainsi plus facile de passer le cap de devenir créateur·ice ensuite. Cela nous confirme que Framaforms est un outil qui a de l’avenir.
Le souci avec Framaforms
Cependant, Framaforms est un outil qui, depuis son développement en 2016, n’a que très peu évolué. Comme, vous pouvez le constater sur le dépôt git du logiciel, l’équipe a régulièrement fait les mises à jour de Drupal et des modules utilisés, amélioré les performances (notamment en passant à php7 et en changeant de machine) et corrigé les bugs identifiés, mais très peu de fonctionnalités ont été ajoutées (quelques-unes en 2017).
De plus, depuis 2016, Framasoft est devenu l’éditeur de nouveaux logiciels : PeerTube, puis Mobilizon. Avec Framadate et Framaforms, l’association se retrouve donc à gérer 4 logiciels différents, sans compter les très nombreuses contributions que notre association apporte à des projets existants. Et c’est beaucoup pour une petite structure comme la nôtre. Nous avons donc décidé que notre capacité de développement devait être mise en priorité sur PeerTube et Mobilizon, au détriment des deux autres outils.
Enfin, en raison de ses bases techniques, le logiciel Framaforms ne se prêtait pas à son installation par d’autres hébergeurs : le processus était ardu. Cela explique qu’il a très peu « essaimé », contrairement à d’autres logiciels qui ont rencontré un grand succès et sont actuellement portés par une large communauté. À ce jour, très peu d’instances sont installées, ce qui accroît la pression sur le service Framaforms, qui doit assumer la charge de la totalité des utilisateur⋅ices.
C’est l’une des principales raisons qui fait que nous avons accueilli Théo en stage de février à juillet 2020. Ses principales missions ont été :
améliorer le logiciel afin de le rendre plus fonctionnel ;
alléger la charge du support en participant activement à celui-ci ;
modifier le processus d’installation, afin de faciliter la multiplication des instances de Framaforms.
Théo a donc bûché dur sur de nouvelles fonctionnalités. Parmi les plus importantes : la mise en place d’un formulaire de contact direct, afin que les utilisateur⋅ices puissent directement contacter l’auteur·ice du formulaire sans passer par le support de Framasoft, la conception d’une page « Vue d’ensemble » qui permet aux administrateur⋅ices de Framaforms d’accéder facilement à un nombre de statistiques (nombre total de formulaires et d’utilisateur⋅ices, formulaires « abusifs », etc.) ou la suppression automatique des formulaires après une période d’expiration.
explications sur le formulaire de contact direct
Pour ce qui est du processus d’installation du logiciel, Théo a créé un profil d’installation Drupal pour Framaforms qui propose aux administrateur⋅ices d’instances les modules framaforms (enrichi) et webform sur lesquels repose le logiciel. L’installation de Framaforms se fait donc désormais directement via l’interface de Drupal plutôt qu’en manipulant des fichiers via un terminal. Le processus d’installation s’en trouve grandement simplifié, avec l’avantage notable qu’il se rapproche grandement du processus d’installation de Drupal.
Malgré ces améliorations, Framasoft est conscient que tant que le logiciel portera le même nom que le service associé, il y aura toujours une confusion qui laissera penser que c’est Framasoft qui a en charge le développement et la maintenance du logiciel.
Si nous n’envisageons pas la fermeture du service framaforms.org, nous ne souhaitons plus autant dédier d’énergie à l’évolution de cet outil. Du moins, nous ne souhaitons pas être les seuls à le faire et c’est pourquoi nous aimerions qu’une communauté de développement puisse émerger et s’emparer du logiciel Framaforms afin d’y apporter de nouvelles fonctionnalités.
Framaforms-le-logiciel est mort, vive Yakforms !
Faire émerger cette communauté est nécessaire afin de continuer à faire vivre le logiciel. Framaforms-le-logiciel a besoin, a minima, d’interventions sur des failles de sécurité et des bogues fonctionnels qui pourraient apparaître. Et ce logiciel mériterait aussi d’évoluer avec de nouvelles fonctionnalités, des améliorations d’interface et d’ergonomie, etc.
Afin de préparer ce projet de communauté autour du logiciel Framaforms, nous avons proposé à Théo de rejoindre l’équipe salariée pour quelques mois. Sa mission : travailler sur l’internationalisation (rendre le logiciel traduisible), permettre la customisation d’une instance (permettre aux administrateur⋅ices de paramétrer un certain nombre d’éléments tels que le nom de l’instance, sa mise en forme ou ses limitations), développer de nouvelles fonctionnalités (limitation du nombre de réponses par formulaire et du nombre de formulaires par compte) et créer un site web de présentation où tous les éléments concernant le logiciel seraient accessibles, que l’on soit simple utilisateur⋅ice, administrateur⋅ice ou développeur⋅se.
L’autre élément important pour nous a été de renommer le logiciel Framaforms afin d’éviter la confusion avec le service framaforms.org . Après de nombreux brainstorming internes, nous avons donc choisi le nom Yakforms pour remplacer Framaforms. Pourquoi Yakforms ? Et bien… c’est au final un choix qui relève à la fois d’une convergence de mauvais jeux de mots et de l’envie d’avoir une mascotte. Alors pourquoi un yak ? Le mystère reste entier, et nous nous engageons à inventer une réponse différente à chaque fois qu’on nous posera la question. Car la seule réponse qui compte, c’est celle que donnera la future communauté de développement qui se créera autour de ce logiciel (ou le copiera, ou le « forkera » pour lui offrir une toute nouvelle direction, et un nouveau nom).
Théo a aussi fait le nécessaire pour qu’une communauté puisse voir le jour autour de Yakforms. Pour cela, il a pris le temps de réfléchir aux différents espaces en ligne qui permettraient à une communauté d’échanger et de s’entraider. Il a créé une catégorie dédiée sur le forum Framacolibri et réalisé un site web qui vous présente le logiciel, ses principales fonctionnalités, comment installer une instance et comment contribuer à son développement.
Découvrez le nouveau site web de présentation de Yakforms ! http://yakforms.org/
On espère que vous serez nombreu⋅ses à le consulter pour en savoir plus sur les principales fonctionnalités, découvrir comment l’installer ou participer à son évolution. Car sans vous, ce logiciel n’évoluera pas. Rejoindre la communauté Yakforms, c’est participer à l’amélioration du logiciel : faire évaluer son code, repenser son ergonomie, traduire ses interfaces ou encore documenter son utilisation.
Emparez-vous de Yakforms ! Installez-le, traduisez-le, forkez-le, remettez-le en question ou proposez des retours d’expérience sur le forum, etc. En libérant ce projet du contrôle de Framasoft, nous espérons qu’une communauté diverse et forte saura s’en emparer et le mener plus loin que nous ne le pourrions. Yakforms est entre vos mains, et nous avons hâte de voir ce que vous allez en faire !
Et un grand merci à la #TeamMemes pour sa créativité !
Comment migrer son frama.site avant la fermeture du service le 6 juillet prochain ?
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Nous avons annoncé pour le mardi 6 juillet 2021 la fermeture du service https://frama.site/. Pour rappel, frama.site héberge à la fois des sites (logiciel PrettyNoemieCMS), des blogs (logiciel Grav) et des wikis (logiciel Dokuwiki). Afin que les utilisateur⋅ices de ce service puissent continuer à héberger leurs sites et wikis, nous avons cherché si d’autres hébergeurs proposaient ce service.
Afin que vous puissiez choisir en toute transparence l’offre qui vous correspond le mieux, on s’est dit qu’il n’y avait rien de mieux à faire que d’interviewer ces structures afin qu’elles vous en disent plus sur qui elles sont, comment elles fonctionnent et qu’elles détaillent leur offre de migration.
Interview de Thomas Bourdon, de Bee-Home
Bonjour Thomas. Peux-tu te présenter ?
Je suis Thomas Bourdon, 38 ans, habitant dans l’Aisne, passionné d’informatique depuis toujours et utilisateur de GNU/Linux (et autres logiciels libres) depuis 2001. Mais ce n’est qu’en 2007 que j’ai réellement compris l’éthique du logiciel libre et du fonctionnement décentralisé (ou acentré) d’Internet. Depuis j’ai commencé à monter mes propres services à la maison (auto-hébergement) pour moi-même puis pour mes proches, et finalement pour des petites structures.
Tu nous parles de Bee-Home ? C’est quoi ? C’est qui ? Comment ça marche ?
Comme j’hébergeais de plus en plus de services pour de plus en plus de monde, il était temps que je quitte ma petite connexion ADSL pour prendre un serveur (puis deux) en datacenter. Comme je ne souhaitais pas payer de ma poche ces serveurs, j’ai décidé de monter l’auto-entreprise Bee Home dans ce but. Ce choix est aussi guidé par le fait que les structures que j’héberge ont besoin d’avoir des factures « officielles » et ne peuvent pas faire de don financier.
La page d’accueil du site web de Bee-Home
Les services que je fournis sont essentiellement du cloud – avec le logiciel Nextcloud (synchronisation de fichiers, agenda, carnet d’adresses, suite bureautique collaborative, discussion par texte ou visio et mail) – et l’hébergement de sites web. Pour cela je propose plusieurs outils que je maintiens (sauvegarde, mise à jour). Ainsi l’utilisateur·ice ne s’occupe que de publier du contenu. Évidemment il ou elle peut récupérer sur simple demande l’intégralité de son site pour l’héberger ailleurs par exemple.
Tous ces services sont payants et permettent aux utilisateur·ices d’avoir leur propre nom de domaine (sauf forfait de base) dont le coût est inclus dans le forfait. Même si je propose des forfaits pré-établis, il est tout à fait possible d’adapter le service et le tarif au besoin de la personne ou structure. Pour cela, il suffit de me contacter.
Bee-Home offre donc la possibilité de migrer son frama.site sous Grav / Dokuwiki. Ça se passe comment ? Ça coûte combien ?
J’ai décidé de proposer ce service gratuitement sans durée limitée sur simple demande. En revanche, j’impose un quota maximum de 500Mo d’espace disque. Au-delà de ce quota, je proposerai un tarif adapté. Chaque site sera accessible via une adresse se terminant par bee.wf (mon-site.bee.wf par exemple). Il est bien sûr possible d’utiliser son propre domaine pour celles et ceux qui en possèdent un.
Documentation sur la façon de migrer son framasite chez Bee-Home
Pourquoi ne pas permettre la migration des framasites réalisés avec le logiciel PrettyNoemieCMS ?
J’expliquais que je propose de maintenir moi-même les outils utilisés (WordPress, Grav, Dotclear, Piwigo…) pour les sites hébergés. C’est pourquoi je ne propose que des outils activement maintenus afin d’éviter l’usage d’outils obsolètes pouvant contenir des failles de sécurité qui ne seront jamais corrigées. PrettyNoemieCMS est justement un outil non maintenu, voilà pourquoi je ne le propose pas. Si un·e utilisateur·ice l’utilise, je peux toutefois proposer un hébergement sous Grav dans les mêmes conditions. Bien sûr il ou elle sera contraint de refaire son site entièrement.
Bee-Home fait partie du collectif CHATONS depuis fin 2018. Pourquoi avoir rejoint le collectif ?
D’une part parce que je partage complètement les valeurs de ce collectif, et d’autre part parce que cela m’a toujours plu de gérer et de proposer de l’hébergement de services.
Interview de l’équipe du directoire de Ouvaton
Bonjour l’équipe du directoire. Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour.
Nous sommes 3 personnes au « directoire » d’Ouvaton, actuellement :
– Claire, présidente, qui fait de l’informatique depuis le début des années 80 et chez Ouvaton depuis le début en 2001
– Matthieu, aussi informaticien et chez Ouvaton depuis 2006
– François, commercial, qui fait lui aussi de l’informatique, et chez Ouvaton depuis 2017
Vous nous parlez de Ouvaton ? C’est quoi ? C’est qui ? Comment ça marche ? Ouvaton a été créée en 2001, sous la forme d’une société anonyme « coopérative de consommation ». Cela veut dire que nos coopérateurs sont co-propriétaires et co-entrepreneurs de la coopérative. Grâce à cette structure, les utilisateurs sociétaires sont réellement des hébergés-hébergeurs. Donc Ouvaton, c’est plusieurs milliers de personnes qui décident. Et dans les faits, plusieurs dizaines qui ont « les mains dans le cambouis » au quotidien !
La coopérative se base sur un certain nombre de valeurs, que nous donnons sur notre site. Pour résumer à grands traits : indépendance et coopération, démocratie et protection de la vie privée.
Ouvaton fonctionne autour :
d’un conseil de surveillance de 9 membres élus pour des mandats de 3 années par l’Assemblée Générale
d’un directoire dont les membres sont nommés, pour des mandats renouvelables de 3 ans, par le conseil de surveillance
Page d’accueil du site https://ouvaton.coop/
Nous essayons aussi, dans la mesure des moyens de chacun, d’impliquer au quotidien un maximum de coopérateurs. Aucune obligation, mais une participation de chacun selon ses moyens (et ses envies !). Il y a toujours des chantiers en route dans un collectif comme Ouvaton et chacun peut y trouver sa place. Les Assemblées Générales sont l’occasion de présenter chaque année aux sociétaires l’état de la coopérative et de mettre aux votes les grandes orientations proposées par le conseil de surveillance et le directoire.
Ouvaton offre donc la possibilité de migrer son frama.site sous Grav / Dokuwiki. Ça se passe comment ? Ça coûte combien ?
Il faut commencer par créer son compte chez Ouvaton, sur notre interface de gestion Ouvadmin. L’adresse du site pourra être en *.ouvaton.org (https://monsite.ouvaton.org par exemple), et l’utilisation de son propre nom de domaine est bien sûr possible.
Notre documentation explique la procédure à suivre pour exporter puis importer son Framasite chez Ouvaton, et notre équipe d’assistance est là pour accompagner les utilisateurs en cas de difficultés.
Pour le prix, ce sera 12€ TTC la première année, et après ce sera 42€ TTC par an (le tarif « normal »). Ce tarif inclut des mails, de l’espace disque… On réfléchit sérieusement (et collectivement) à faire évoluer nos tarifs pour plusieurs offres selon les besoins. Pour ceux qui veulent vraiment rejoindre l’aventure, ils peuvent bien sûr devenir coopérateurs. La part sociale est à 16€ et permet d’être coopérateur « de plein droit ».
Pourquoi ne pas permettre la migration des framasites réalisés avec le logiciel PrettyNoemieCMS ?
Malheureusement ce logiciel n’est plus maintenu. Nous préférons nous concentrer sur Grav et Dokuwiki, qui disposent de solides équipes de développeurs pour les faire évoluer. Mais les personnes qui utilisent encore PrettyNoemieCMS peuvent reconstruire leur site sur un autre CMS aux mêmes conditions.
Je lis sur votre site web que vous comptez candidater pour rejoindre le collectif CHATONS fin 2021. Pourquoi souhaitez-vous rejoindre le collectif ?
Les valeurs affichées par le collectif sont concordantes avec les nôtres, nous avons donc souhaité le rejoindre au plus vite. Mais nous devons dans un premier temps assainir notre plateforme de quelques logiciels propriétaires qui étaient utilisés par notre ancien infogérant. C’est une tâche assez lourde qui, en plus du travail technique, a nécessité de nombreux échanges au sein de notre équipe. Nous sommes épaulés dans cette tâche par la super équipe de Octopuce, notre nouvel infogérant. Le train est en route et nous devrions pouvoir présenter notre candidature fin 2021 pour rejoindre les CHATONS.
Que vous utilisiez les services de frama.site ou que vous souhaitiez vous créer un nouvel espace sur internet, Framasoft vous encourage donc à aller étudier de près les offres de Ouvaton et Bee-Home.
Nextcloud pour l’enseignement ? Ça se tente !
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La maîtrise des outils numériques pour l’éducation est un enjeu important pour les personnels, qui confrontés aux « solutions » Microsoft et Google cherchent et commencent à adopter des alternatives crédibles et plus respectueuses.
C’est dans cet esprit que nous vous invitons à découvrir la décision prise par de nombreux établissements scolaires en Allemagne sous l’impulsion de Thomas Mayer : ils ont choisi et promu Nextcloud et son riche « écosystème » de fonctionnalités. Dans l’interview que nous avons traduite et que Nexcloud met évidemment en vitrine, Thomas Mayer évoque rapidement ce qui l’a motivé et les avantages des solutions choisies. Bien sûr, nous sommes conscients que NextCloud, qui fait ici sa promotion avec un témoignage convaincant, n’est pas sans défauts ni problème. L’interface pour partager les fichiers par exemple, n’est pas des plus intuitives…
Mais sans être LA solution miraculeuse adaptée à toutes les pratiques de l’enseignement assisté par l’outil numérique, Nextcloud… – est un logiciel libre respectueux des utilisatrices et utilisateurs – permet l’hébergement et le partage de fichiers distants – est une plateforme de collaboration C’est déjà beaucoup ! Si l’on ajoute un grand nombre de fonctionnalités avec plus de 200 applications, vous disposerez de quoi libérer les pratiques pédagogiques de Google drive et d’Office365 sans parler des autres qui se pressent au portillon pour vous convaincre…
Qui plus est, au plan institutionnel, Nextcloud a été adopté officiellement par le ministère de l’Intérieur français en substitution des solutions de cloud computing1 américaines et il est même (roulement de tambour)… disponible au sein de notre Éducation Nationale ! Si vous ne l’avez pas encore repéré, c’est sur la très enthousiasmante initiative Apps.Education.fr. En principe, les personnels de l’Éducation nationale peuvent s’en emparer — dans toutes les académies ? Mais oui. Et les enseignantes françaises semblent déjà nombreuses à utiliser Nextcloud : rien qu’au mois d’avril dernier, 1,2 millions de fichiers ont été déposés, nous souffle-t-on. C’est un bon début, non ?
À vous de jouer : testez, évaluez, mettez en pratique, faites remonter vos observations, signalez les problèmes, partagez votre enthousiasme ou vos réticences, et ce qui vous manque aujourd’hui sera peut-être implémenté demain par Nextcloud. Mais pour commencer, jetons un œil de l’autre côté du Rhin…
Les écoles de Bavière essaient Nextcloud : les bénéfices sont immenses !
Nous avons interviewé Thomas Mayer, qui est administrateur système d’une école secondaire en Bavière mais aussi un médiateur numérique pour les écoles secondaires bavaroises à l’institut pour la qualité pédagogique et la recherche en didactique de Munich. Thomas nous a fait part de son expérience de l’usage et du déploiement de Nextcloud dans les écoles, les multiples bénéfices qui en découlent. C’est un message important pour les décideurs qui cherchent des solutions collaboratives en milieu scolaire.
Les écoles peuvent en tirer d’immenses avantages ! Les élèves et les collègues bénéficient d’un système complet et moderne qu’ils peuvent également utiliser à la maison. De plus, utiliser Nextcloud leur donne des compétences importantes sur le numérique au quotidien et les technologies informatiques. Les étudiants apprennent beaucoup de choses en utilisant Nextcloud qui seront aussi pertinentes dans leurs études et leur vie professionnelle.
Administrateur système, Thomas a pu déployer un environnement autour de Nextcloud qui est documenté sur le site schulnetzkonzept.de. Outre Nextcloud, le site décrit l’installation et la configuration de Collabora, Samba, Freeradius, Debian comme système d’exploitation de base, Proxmox comme système de virtualisation, etc.
Plusieurs centaines de milliers d’élèves utilisent déjà Nextcloud, y compris par exemple dans des écoles en Saxe, Rhénanie du Nord-Westphalie, Saxe-Anhalt, à Berne en Suisse et bien d’autres. Il est possible d’ajouter des fonctionnalités supplémentaires avec des extensions Nextcloud ou bien des plateformes d’apprentissage comme Moodle ou HPI School Cloud, qui sont open source et conformes au RGPD.
Quand et pourquoi avez-vous décidé d’utiliser Nextcloud ?
Nous avions déjà Nextcloud dans notre école, quand il s’appelait encore Owncloud. Avec l’introduction du système en 2014, nous avons voulu innover en prenant nos distances avec les usages habituels des domaines de Microsoft et les ordinateurs toujours installés en classe pour aller vers un usage plus naturel de fichiers accessibles aussi par mobile ou par les appareils personnels utilisés quotidiennement par les élèves et les professeurs.
Dans le même temps, Nextcould a mûri, et nous aussi avons évolué dans nos usages. Il ne s’agit plus uniquement de manipuler fichiers et répertoires, il existe désormais des outils de communication, d’organisation, de collaboration, et des concepts pour imaginer l’école et les solutions numériques. Nextcloud est devenu un pilier utile et important de notre école.
Quels sont les bénéfices pour les écoles depuis que vous avez lancé l’usage de Nextcloud ?
Les écoles qui reposent sur Nextcloud disposent d’une solution économique, qui ouvre la voie vers l’école numérique à travers de nombreuses fonctions, dans l’esprit de la protection des données et de l’open source ! Malheureusement, ses nombreux avantages n’ont pas encore été identifiés par les décideurs du ministère de l’Éducation. Là-bas, les gens considèrent encore que les bonnes solutions viennent forcément de Microsoft ou assimilés. Afin que les avantages de l’infrastructure Nextcloud deviennent plus visibles pour les écoles, davantage de travail de lobbying devrait être fait en ce sens. De plus, nous avons besoin de concepts qui permettent à CHAQUE école d’utiliser une infrastructure Nextcloud.
« computer class » par woodleywonderworks, licence CC BY 2.0
Quel message souhaitez-vous transmettre aux décideurs qui recherchent des solutions collaboratives pour l’enseignement ?
Une solution étendue à toutes les écoles d’Allemagne serait souhaitable. Si vous ne voulez pas réinventer la roue lorsque vous devez collaborer, et que vous voulez être attentif à la protection des données, vous ne pouvez pas contourner Nextcloud ! Mais ce n’est pas uniquement aux responsables des ministères de l’Éducation de faire des progrès ici : j’espère que les personnes responsables de Nextcloud vont amener leurs produits dans les écoles avec un lobbying approprié et des concepts convaincants !
Les décideurs des ministères de l’Éducation devraient chercher les meilleures solutions sans biais, et ne devraient pas être effrayés par l’open source lors de ces recherches : l’utilisation de logiciels open source est la seule manière concrète d’utiliser du code de qualité !
Quelles ont été vos motivations pour créer le Schulnetzkonzept2 ?
Dans ma vie, j’ai pu bénéficier de nombreux logiciels open source, et de formidables tutoriels gratuits. Avec le concept de réseau éducatif, je voudrais aussi contribuer à quelque chose dans la philosophie de l’open source, et rendre mon expérience disponible. Même si mon site est destiné à des gens calés en informatique, la réponse est relativement importante et toujours positive.
Quels retours avez-vous des élèves et des professeurs ?
Le retour est essentiellement très positif. Les gens sont heureux que nous ayons une communication fiable et un système collaboratif entre les mains, particulièrement en ces temps d’école à la maison.
« computer class » par woodleywonderworks, licence CC BY 2.0
Quelles sont les fonctionnalités que vous préférez utiliser et quelles sont celles qui vous manquent encore peut-être ?
Pas facile de répondre. Beaucoup de composants ont une grande valeur et nous sont utiles. Nous utilisons principalement les fonctionnalités autour des fichiers et Collabora. Bien sûr, les applications mobiles jouent aussi un rôle important !
Ce qui serait le plus profitable aux écoles actuellement serait que le backend haute-performance pour les conférences vidéos soit plus facilement disponible. Cela contrecarrait aussi les sempiternelles visios avec Microsoft Teams de nombreux ministres de l’éducation.
Un peu envie de voir tout de suite à quoi ça ressemble ? Allez sur la démo en ligne et vous avez 60 minutes pour explorer en vrai la suite Nextcloud : https://try.nextcloud.com/
Une vidéo de 4 minutes de Apps.education.fr vous montre comment créer une ressource partagée avec paramétrage des permissions, la mettre à disposition des élèves et récolter les documents qu’ils et elles envoient.
Voici la traduction d’une nouvelle initiative d’Aral Balkan intitulée : Clean up the web! : et si on débarrassait les pages web de leurs nuisances intrusives ?
En termes parfois fleuris (mais il a de bonnes raisons de hausser le ton) il invite toutes les personnes qui font du développement web à agir pour en finir avec la soumission aux traqueurs des GAFAM. Pour une fois, ce n’est pas seulement aux internautes de se méfier de toutes parts en faisant des choix éclairés, mais aussi à celles et ceux qui élaborent les pages web de faire face à leurs responsabilités, selon lui…
Développeurs, développeuses, c’est le moment de choisir votre camp : voulez-vous contribuer à débarrasser le Web du pistage hostile à la confidentialité, ou bien allez-vous en être complices ?
Que puis-je faire ?
🚮️ Supprimer les scripts tiers de Google, Facebook, etc.
Ces scripts permettent à des éleveurs de moutons numériques comme Google et Facebook de pister les utilisatrices d’un site à l’autre sur tout le Web. Si vous les incorporez à votre site, vous êtes complice en permettant ce pistage par des traqueurs.
Face à la pression montante des mécontents, Google a annoncé qu’il allait à terme bloquer les traqueurs tiers dans son navigateur Chrome. Ça a l’air bien non ? Et ça l’est, jusqu’à ce que l’on entende que l’alternative proposée est de faire en sorte que Chrome lui-même traque les gens sur tous les sites qu’ils visitent…sauf si les sites lui demandent de ne pas le faire, en incluant le header suivant dans leur réponse :
Permissions-Policy: interest-cohort=()
Bon, maintenant, si vous préférez qu’on vous explique à quel point c’est un coup tordu…
Aucune page web au monde ne devrait avoir à supplier Google : « s’il vous plaît, monsieur, ne violez pas la vie privée de la personne qui visite mon site » mais c’est exactement ce que Google nous oblige à faire avec sa nouvelle initiative d’apprentissage fédéré des cohortes (FLoC).
Si jamais vous avez du mal à retenir le nom, n’oubliez pas que « flock » veut dire « troupeau » en anglais, comme dans « troupeau de moutons, » parce que c’est clairement l’image qu’ils se font de nous chez Google s’ils pensent qu’on va accepter cette saloperie.
Donc c’est à nous, les développeurs, de coller ce header dans tous les serveurs web (comme nginx, Caddy, etc.), tous les outils web (comme WordPress, Wix, etc.)… bref dans tout ce qui, aujourd’hui, implique une réponse web à une requête, partout dans le monde.
Notre petit serveur web, Site.js, l’a déjà activé par défaut.
Si jamais il y a des politiciens qui ont les yeux ouverts en ce 21e siècle et qui ne sont pas trop occupés à se frotter les mains ou à saliver à l’idée de fricoter, voire de se faire embaucher par Google et Facebook, c’est peut-être le moment de faire attention et de faire votre putain de taf pour changer.
🚮️ Arrêter d’utiliser Chrome et conseiller aux autres d’en faire autant, si ça leur est possible.
Rappelons qui est le méchant ici : c’est Google (Alphabet, Inc.), pas les gens qui pour de multiples raisons pourraient être obligés d’utiliser le navigateur web de Google (par exemple, ils ne savent pas forcément comment télécharger et installer un nouveau navigateur, ou peuvent être obligés de l’utiliser au travail, etc.)
Donc, attention de ne pas vous retrouver à blâmer la victime, mais faites comprendre aux gens quel est le problème avec Google (« c’est une ferme industrielle pour les êtres humains ») et conseillez-leur d’utiliser, s’ils le peuvent, un navigateur différent.
C’est décourageant de voir les tentacules de ce foutu monstre marin s’étendre partout et s’il a jamais été temps de créer une organisation indépendante financée par des fonds publics pour mettre au point un navigateur sans cochonnerie, c’est le moment.
🚮️ Protégez-vous et montrez aux autres comment en faire autant
Pointez vers cette page avec les hashtags #CleanUpTheWeb et#FlocOffGoogle.
🚮️ Choisissez un autre business model
En fin de compte, on peut résumer les choses ainsi : si votre business model est fondé sur le pistage et le profilage des gens, vous faites partie du problème.
Les mecs de la tech dans la Silicon Valley vous diront qu’il n’y a pas d’autre façon de faire de la technologie que la leur.
C’est faux.
Ils vous diront que votre « aventure extraordinaire » commence par une startup financée par des business angels et du capital risque et qu’elle se termine soit quand vous êtes racheté par un Google ou un Facebook, soit quand vous en devenez un vous-même. Licornes et compagnie…
Vous pouvez créer de petites entreprises durables. Vous pouvez créer des coopératives. Vous pouvez créer des associations à but non lucratif, comme nous.
Si vous vous demandez ce qui vous rend heureux, est-ce que ce n’est pas ça, par hasard ?
Est-ce que vous voulez devenir milliardaire ? Est-ce que vous avez envie de traquer, de profiler, de manipuler les gens ? Ou est-ce que vous avec juste envie de faire de belles choses qui améliorent la vie des gens et rendent le monde plus équitable et plus sympa ?
Nous faisons le pari que vous préférez la seconde solution.
Si vous manquez d’inspiration, allez voir ce qui se fait chez Plausible, par exemple, et comment c’est fait, ou chez HEY, Basecamp, elementary OS, Owncast, Pine64, StarLabs, Purism, ou ce à quoi nous travaillons avec Site.js et le Small Web… vous n’êtes pas les seuls à dire non aux conneries de la Silicon Valley
On existe en partie grâce au soutien de gens comme vous. Si vous partagez notre vision et désirez soutenir notre travail, faites une don aujourd’hui et aidez-nous à continuer à exister.
Le point médian m’a tué⋅e : Framasoft met la clef sous la porte
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La rumeur courait depuis quelque temps et c’est maintenant confirmé : l’association d’éducation populaire Framasoft dépose le bilan. En cause ? L’effondrement catastrophique du montant des dons au cours des derniers mois, effondrement principalement imputable à un curieux symbole typographique.
Cela fait de nombreuses années maintenant que l’on peut trouver des formes de ce que l’on appelle « l’écriture inclusive » dans les communications de Framasoft. La forme la plus visible de cette écriture est le fameux « point médian » qui permet de détailler les genres lorsqu’un mot inclut des personnes indéterminées (et au genre, par conséquent, indéterminé également). Sauf que voilà, ce point médian est loin de faire l’unanimité. Nous avons rencontré Jean-Mi, président des Promoteurs de l’Écriture Non-Inclusive Systématique (PENIS), en croisade contre le point médian depuis 2017.
« Je crois qu’on ait avant tous des défenseur de la belle langue Francaise » nous écrit Jean-Mi dans un premier mail de contact. « Le point médian agresse l’œil, on a constaté une explosion des frais d’ophtalmologie chez les lecteurs du Framablog ces dernières années, il fallait réagir. » Un problème de santé publique ? Jean-Mi nous répond sans détour :
À 200%. Les anecdotes se comptent par dizaines. Tu vas lire pépouze un article sur le développement de PeerTube et PAF ! Une saloperie de point médian qui surgit plus furtivement qu’un Rattata dans les hautes herbes. La dernière fois, ça m’a fait un haut-le-cœur, j’en ai dégueulé tout mon dîner sur le clavier, 30€ de dégâts. Mon pote Dédé, l’autre jour, sur l’article sur Mobilizon, il était tout prêt à changer le monde, tout ça, et PAF ! Il retrouve de la propagande de connasse de féministe sur un bon vieux blog de tech où on devrait pourtant pouvoir faire de l’entre-couilles en paix. Deux mois de thérapie pour s’en remettre, qu’il lui a fallu, au Dédé. Ils y pensent, à ça, les framaguignols qui pondent du point médian au kilomètre sans respect pour nos petits cœurs fragiles ?
Jean-Mi et Dédé, chevaliers de la liberté et des belles lettres, n’ont jamais caché leur dégoût pour cet odieux symbole typographique et commentent systématiquement les articles incriminés sur le Framablog. Pouhiou, chargé de communication de Framasoft contacté par nos soins, soupire :
Tu bosses comme un fou pour faire des articles bien écrits, avec un ton agréable, tu mets du soin, du cœur à l’ouvrage, et là tu vois le premier commentaire : une remarque insultante sur le point médian. T’as fait 15 000 caractères aux petits oignons et on vient te casser les gonades parce qu’il y en a 3 qui plaisent pas. C’est fatigant.
Les PENIS restent inflexibles :
Si ça le fatigue, qu’il arrête ! Nous aussi ça nous fatigue, leurs conneries, sauf que nous, c’est nous qu’on a raison ! La langue française, y’a des fucking règles, tu les respectes ! #JeSuisAcademieFrancaise
Sauf que cette fois, l’intransigeance a pris un autre détour : le boycott de dons. Jean-Mi nous raconte, ému, la genèse de ce mode d’action :
C’est Dédé qu’a eu l’idée. Un jour je l’ai vu tweeter :
J’me suis dit : putain mais c’est du génie !
Depuis, à chaque article point-médiané, Jean-Mi et Dédé soulignent que Framasoft a perdu un donateur :
Bon okay, on n’avait jamais fait de don avant, mais n’empêche qu’on aurait très bien pu en faire un dans un futur hypothermique ! EH BAH NON. Tout cet argent perdu par Framasoft pour une bête lubie féminazie, c’est triste. Mais c’est bien fait pour eux.
L’association, longtemps restée sourde à ces avertissements, paie aujourd’hui lourdement l’addition : le boycott massif du point médian a mené à un écroulement des dons, et ceux-ci ne suffisent plus à rémunérer les salarié⋅e⋅s. Triste retour à la réalité : Framasoft met aujourd’hui la clef sous la porte. « Ça leur pendait au nez » commente Jean-Mi « et à toi aussi, sale petite merde journalope qui vient d’écrire salarié⋅e⋅s, tu crois que je t’ai pas vu ?! »
Les PENIS se dressent aussi pour la belle langue française à l’Assemblée Nationale (rigolez pas, c’est avec votre pognon)
C’est un triste jour pour l’association qui s’était rendue célèbre par son annuaire de logiciels, ses livres libres, ses services autour du projet Dégooglisons Internet et, plus récemment, par l’initiative Contributopia visant à outiller la société de la contribution. Pierre-Yves Gosset, salarié historique de Framasoft, commente : « ça me fait vraiment mal qu’un truc aussi beau finisse comme ça à cause d’une bande de déglingués de la typo. Ça traite tout le monde de fragile et ça pète une bielle pour trois pixels. » Amer, il arrive malgré tout à en rire : « Enfin au moins, maintenant on sait comment flinguer Google : suffit de leur faire adopter le point médian. »
L’aventure s’arrête donc ici pour l’asso qui avait pour ambition de dégoogliser Internet mais n’aura pas su dépointmédianiser son propre blog. Le jeu en aura-t-il valu la chandelle ? C’est Luc, ancien admin-sys de Framasoft croisé au comptoir de Pôle Emploi, qui conclut : « y’a des poings médians dans la gueule qui se perdent. »
Libres bulles pour que décollent les contributions
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Comme beaucoup d’associations libristes, nous recevons fréquemment ce genre de demandes « je vous suis depuis longtemps et je voudrais contribuer un peu au Libre, comment commencer ? »
Pour y répondre, ce qui n’est pas toujours facile, une dynamique équipe s’est constituée avec le soutien de Framasoft et a fondé le projet Contribulle qui propose déjà d’aiguiller chacun⋅e vers des contributions à sa mesure. Pour comprendre comment ça marche et quel intérêt vous avez à les rejoindre, nous leur avons posé des questions…
« Bulles de savon » par Daniel_Hache, licence CC BY-ND 2.0
Bonjour la team Contribulle ! On vous a rencontré⋅e⋅s sur l’archipel de Contributopia, mais pouvez-vous vous présenter, nous dire de quels horizons vous venez ?
– Hello, je suis llaq (ou lelibreauquotidien), je suis dans le logiciel libre depuis quelques années depuis qu’un ami m’a offert un PC sous Linux (bon, quand j’étais sous Windows, j’utilisais déjà des logiciels libres mais c’était pas un argument rédhibitoire).
— Yo ! Oui on se baladait dans le coin, l’horizon qui se présentait à nous paraissait bien prometteur ! Je suis Mélanie mais vous pouvez m’appeler méli, j’ai bientôt 25 ans et je viens du monde du design UX et UI. En explorant le numérique, j’ai pas mal gravité autour du Libre et mon mémoire de master de l’année dernière m’a bien fait plonger dans ce sujet super passionnant ! Fun fact : je me demandais comment rendre le logiciel libre plus ouvert (!), pour mieux accueillir une diversité de contributions et il faut dire que votre campagne Contributopia m’a pas mal guidée héhé. Le projet Contribulle a en partie émergé à cette période-là et je suis contente de le poursuivre, toujours en tant que designeuse UX/UI !
– Hello ! Je suis Maiwann, membre de Framasoft… une petite asso que vous connaissez peut-être ? Et je suis designer.
Laissez-moi deviner : Contribulle, c’est un dispositif pour enfermer les contributeurs et contributrices d’un projet dans une bulle et alors quand ça monte ça éclate et le projet explose ? Non, c’est pas ça ?
llaq : C’est presque ça. Contribulle est une plateforme qui permet de mettre en relation des projets aux besoins assez spécifiques avec des contributeur·rice·s intéressé·e·s, qu’iels soient dans le domaine technique ou non. Un des buts du site est d’ailleurs de permettre aux non-techniques de contribuer à des projets libres et surtout de démontrer que la contribution, c’est pas seulement pour les codeur·se·s.
méli : Haha, ce nom a été voté par jugement majoritaire ! Perso, j’imagine une bulle qui est amenée à grossir grâce aux contributions des personnes et qui sera tellement géante qu’il sera impossible de la rater. Et peut-être qu’elle pourrait attirer d’autres contributions !
Maiwann : … Et moi j’imagine plein de petites bulles comme un nuage de bulles de savon quand on souffle dans le petit cercle ! Et elles s’envolent… loin… loiiiiiin ! Jusqu’à ce qu’on en fasse une nouvelle fournée 🙂
« Bubbles » by bogenfreund, licence CC BY-SA 2.0
Ah mais c’est tout neuf cette plateforme ? Comment est venue l’idée de proposer ça ? Et d’ailleurs ça paraît tellement utile qu’on se demande pourquoi ça n’existait pas avant.
méli : Pendant mon mémoire, j’avais retenu qu’il était compliqué de s’y retrouver parmi tous les projets libres créés et qu’il était encore plus difficile de savoir où et comment contribuer au Libre, surtout en tant que non-développeur·se. J’avais donc rapidement imaginé un site qui recenserait des projets libres à la recherche de compétences et qui permettrait d’attirer des contributeur·rice·s de tous horizons. Je ne savais pas s’il existait déjà une plateforme de ce type dans laquelle je pourrais m’inscrire.
Quelques déambulations plus tard, je suis tombée sur la restitution du fameux événement coorganisé par Framasoft et la Quadrature du Net « Fabulous Contribution Camp » de novembre 2017. J’y ai trouvé une idée similaire au site que j’imaginais et je contacte donc Maiwann pour avoir des nouvelles sur l’évolution de ce projet. On s’appelle en janvier 2020 (merci BigBlueButton) et il s’avère que rien n’avait été mis en place et qu’il manquait un tremplin pour lancer le projet. C’est donc à partir de là que ça a décollé. Si la suite intéresse : J’ai ensuite réalisé une maquette de la plateforme, qui avait pour nom de code « Meetic du Libre ». J’ai pu la présenter au cours d’un Confinatelier en juin 2020 avec Maiwann. On avait pour objectifs de valider la pertinence du projet et ensuite de mobiliser des personnes qui souhaiteraient bien y contribuer. Les retours nous ont rassuré⋅e⋅s et on a pu monter un groupe de travail rapidement.
Cependant, avec l’été qui se profilait, le site était juste débutant jusqu’à ce que Maiwann nous relance fin octobre. Depuis novembre, l’équipe est un peu plus réduite : on est 2 designeuses, 1 développeur front et 1 développeur back et on s’organise des rendez-vous hebdomadaires pour avancer. Des personnes nous ont aussi aidé⋅e⋅s ponctuellement, que ce soit aux niveaux code, graphisme et design, on leur en est super reconnaissant·e·s ! Grâce aux efforts et la bonne humeur de tou·te·s les contributeur·rices, on a pu mettre en ligne Contribulle en février 2021, une grande fierté !
Est-ce qu’il faut s’inscrire avec ses coordonnées et tout ?
llaq : Pour les personnes qui créent une demande de contribution, il n’est pas nécessaire de créer de compte. Il faut simplement renseigner une adresse email valide et un pseudo pour que les contributeur·rice·s qui le souhaitent puissent contacter la personne qui a créé l’annonce.
Maiwann : On a fait en sorte d’être le plus minimalistes possibles dans le nombre d’infos demandées. Du coup, exit la création de compte pour ne pas se farcir un énième identifiant-mot-de-passe ! En revanche, on demande un moyen de contact aux personnes qui recherchent des contributeurices, pour être sûres qu’elles vont pouvoir s’adresser à un humain !
Combien ça coûte ?
llaq : Rien. Plus sérieusement, dans le projet, nous sommes tou·te·s bénévoles et les ressources techniques servant à l’hébergement de contribulle.org nous ont gracieusement été offertes par notre partenaire Framasoft, donc aucun frais pour nous, aucune raison de faire payer la plateforme donc 🙂
méli : Dans la perspective de mettre en avant des projets qui participent à l’émancipation individuelle et collective des individus et qui sont bien évidemment respectueux de nos libertés, on ne souhaite pas faire payer pour poster une annonce. On veut inviter le plus grand nombre à mettre la main à la pâte donc on préfère éviter de poser des contraintes financières dès le départ !
Maiwann : Ça a coûté du temps et de l’énergie à des gens compétents de se retrouver, de décider d’une direction pour le projet, de faire des choix, de les maquetter / coder, + les frais d’hébergement. Et ça va coûter de l’énergie dans le futur pour faire vivre Contribulle, donc si vous en parlez le plus possible autour de vous, ça nous aidera beaucoup et ça contribuera à faire vivre Contribulle !
Si j’ai un projet génial mais que je ne sais rien faire du tout, je peux juste vous donner mon idée géniale et vous allez vous en charger et tout faire pour moi ?
méli : Mmmh Contribulle n’est pas un service de travail gratuit… mais c’est chouette si tu as une bonne idée de projet, si tu sens qu’elle a du potentiel et qu’elle est valide…
À quel(s) besoin(s) répond-elle ?
Quelle est sa valeur ajoutée pour les futur·e·s utilisateur·rices ?
…
…tu peux lister précisément les compétences requises. Contribulle a vocation de faciliter la compréhension de contributions auprès des personnes qui veulent aider. C’est pour ça qu’il nous semble nécessaire dans le formulaire de demande de contribution de bien présenter le projet et de donner plus d’indications sur la contribution souhaitée. Un projet se doit d’être sérieux et conscient du temps et de l’effort qu’un·e contributeur·rice y consacrera.
logo du projet Contribulle
Un point qu’il est important de mentionner est l’accueil des contributeur·rice·s au sein d’un projet. Il ne faut pas prendre l’aide d’une personne externe comme acquise et surtout la surexploiter parce que (friendly reminder) : on a nos vies et nos priorités à gérer.
Un projet doit mettre en place un dispositif pour faciliter l’accès à la contribution, que ce soit une page dédiée, une conversation épistolaire, le format est libre et à adapter selon les parties prenantes !
Attention cependant aux renvois directs vers les forges logicielles comme GitHub ou GitLab qui ne sont pas si accessibles pour les non-techniques. Peut-être qu’un tutorat personnalisé peut s’envisager ?
Bref, soyons plus à l’écoute des contributeur·rice·s ! Et pour les contributeur·rice·s : écoutez-vous et n’hésitez pas à dire quand un truc vous gêne, la communication fait tout.
Comment je vais savoir que d’autres sont intéressée⋅es par mon projet ou que ma contribution intéresse d’autres ?
llaq : On n’a pas de messagerie intégrée, tout se fait par le mail que vous avez indiqué dans votre annonce. Maiwann : comme ça, pas besoin de revenir sur la plateforme, ouf ! Vous postez et c’est réglé !
Attention c’est le moment trollifère : les projets sur lesquels on peut contribuer c’est du libre ou open source ou bien osef ?
llaq : Nous comptons justement implémenter un bandeau qui s’affichera si le projet est libre ou pas (c’est-à-dire bénéficiant d’une licence libre) ! Mais sa place sur Contribulle va dépendre de l’équipe de modération composée de 4 personnes pour l’instant.
méli : La valeur (politique) des projets publiés sera prise en compte. Parmi les questions à se poser : pour qui est le projet ? Participe-t-il au bien collectif ? Comment permettrait-il à tou·te·s les utilisateur·rices de disposer de leurs appareils ainsi que de leurs données personnelles ?
Maiwann : On voudrait que tous les projets soient sous licence libre, mais on est aussi conscient·es que tout le monde n’est pas forcément au clair sur l’intérêt que ça peut avoir, l’importance… donc on se dit qu’on poussera les personnes à s’y intéresser à l’aide du bandeau, mais sans les disqualifier forcément d’entrée (et on verra ça au cas par cas !)
C’est évalué comment et par qui, le « sérieux » ou la pertinence des projets et contributions ? Chacun⋅e s’autonomise et hop ?
llaq : Nous avons décidé de faire de la modération à posteriori. Ton annonce est directement publiée et visible par tout le monde mais si l’équipe de modération estime que le projet n’a pas sa place sur Contribulle, il sera supprimé de la plateforme. Maiwann : et si c’est trop relou, on passera à de la modération a priori ! Et pour faire des choix, ça sera sans doute au doigt mouillé, au « comment chacune le sent » et puis on verra sur le tas comment se structure l’équipe de modération ! Pour l’instant, RAS 🙂
« bubbles » par Mycatkins, licence CC BY 2.0
Et donc si je veux contribuller au projet, je peux faire quoi ?
méli : Pour l’instant, nous faire des retours sur vos usages de Contribulle et la promouvoir autour de vous seraient de belles contributions ! On souhaite l’améliorer au mieux selon les besoins ressentis de chacun·e.
La question de rétribution n’a pas encore été abordée mais selon l’évolution de la plateforme et des ressources mobilisées, des formes sont à réfléchir je pense. Qu’il s’agisse de don financier, d’un retour d’utilisateur·rice, ou autre.
Maiwann : Je pense que ce qui va être primordial ça va être de faire vivre Contribulle. Quelqu’un dit qu’il voudrait aider le Libre ? glissez lui un mot sur Contribulle. Quelqu’un vient à un contrib’atelier ? N’oubliez pas de parler de Contribulle. Comme ça le projet vivra grâce aux visites des contributeurices !
Ah mais il y a déjà un paquet de demandes, ça fait un peu peur, je vois bien que je ne vais servir à rien pour tous ces trucs de techies ! Au secours ! (Pour l’instant dans l’équipe c’est orienté web développement non) ?
méli : c’est 50/50 moitié dev et moitié design/conception. Oui, on a dépassé les 20 annonces depuis sa mise en ligne il y a un mois, c’est trop bien ! Et on cherche vraiment à mettre en avant des contributions non-techniques parce que tu es super utile justement ! Prochainement tu pourras filtrer les annonces selon tes propres savoir-faire, en espérant qu’il y aura des demandes à ce niveau-là. En attendant, on te propose des contributions faciles. Tu seras renvoyé·e vers des sites sélectionnés par nos soins et auxquelles tu peux directement contribuer. Bonne contribution !
Maiwann : C’est tout à fait ça, grâce aux filtres tu vas pouvoir plus facilement mettre de côté les choses qui font peur !
Et si je regarde, il y a déjà quelques projets qui sont chouettes et que tu peux aider sans compétences techniques, par exemple :
Marie-Cécile Godwin : « les usages prévalent sur tout »
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Un internaute nous dit : J’ai été particulièrement intéressé par les propos de Marie Cécile Godwin sur ses interactions avec les utilisateurs de PeerTube et les vidéastes qui utilisent déjà YouTube, ainsi que sur ses retours sur la communauté du libre… Dis, Framablog, tu nous ferais un entretien avec elle pour en parler plus longuement ?
Mais avec grand plaisir ! Marie-Cécile, 39 ans, amatrice de Rice Krispies et de tricot, designer UX quand il faut payer les factures. Diplômée de communication visuelle en 2004 (oui, ça date !), j’ai peu à peu navigué vers la stratégie de conception et l’étude des usages, à l’époque où on ne parlait pas encore d’UX. Aujourd’hui, je passe la plupart de mon temps à coller des post-it partout, écouter des personnes me parler de leurs usages numériques et faire de mon mieux pour déconstruire les clichés sur le numérique des étudiant·es durant les cours que je donne. D’ailleurs, je leur propose régulièrement de prendre les logiciels libres comme sujets d’étude !
Détournement de la photo officielle de Marie-Cécile
Qu’est-ce que tu savais du logiciel libre et de la culture geek avant de nous rencontrer ?
Pas grand chose. J’utilisais certains d’entre eux, mais je n’avais pas encore fourré le nez dans la culture libre et ses valeurs. En bonne designer graphique, je capitulais devant le poids des grandes firmes et de leurs logiciels propriétaires pour respecter la chaîne de production tout autour de moi. Puis, avec l’arrivée des plateformes sociales et la découverte des enjeux liés, entre autres, à l’Anthropocène, j’ai enfin pu déconstruire mes préconceptions au sujet des libertés individuelles, et de ce que nous pouvons faire pour nous prémunir de leur destruction. Pour ce qui est des logiciels propriétaires, j’ai récemment décidé de passer à la suite Affinity Serif qui n’est pas libre, mais qui propose leurs logiciels à prix fixe, une rareté dans l’industrie où il ne reste que des programmes « cloud » à abonnement.
Est-ce que tu avais une vision réaliste des vidéastes qui publient sur le web, ou est-ce que tu as eu des surprises en bossant sur PeerTube ?
Très peu consommatrice de contenus vidéos, je n’ai pas bien suivi le phénomène de l’explosion des vidéastes. Certainement dû à mon grand âge, en tout cas sur l’échelle du Web 😀
Du coup, pas tellement de surprises en découvrant l’univers gravitant autour de Peertube, mais de belles rencontres, notamment au fil des entretiens menés pour découvrir les usages de chacune et chacun.
Tu dis que tu es designer, en quoi ça consiste ?
Ah ça, c’est LA question piège à chaque fois qu’on me demande ce que je fais. Il y a des clichés très persistants sur le design, qui est vu comme la discipline de l’apparence et du beau. Si je devais revenir aux fondements de ma pratique, je suis la personne chargée de (re)cadrer le besoin initial, d’analyser le contexte et le terrain, puis de prendre toute la complexité recueillie, l’ordonner et lui donner LA forme qui conviendra.
Que ce soit du travail de graphisme (UI) pour adapter une identité graphique à un wireframe, ou du travail de conception dudit wireframe, ou encore la création d’un « service blueprint » (un plan technique d’un service ou d’une organisation destiné à faciliter l’identification des problèmes ou des frictions) d’après des données de terrain ou d’entretiens, tout part des mêmes méthodes : cadrer, analyser, ordonner puis choisir la forme de restitution qui conviendra.
Ce processus est à la base de tout, c’est ce qui s’appelle la « pensée design », et qui fait les beaux jours des cabinets de consulting sous le très à la mode « design thinking« . Mais qu’on appelle ça « design thinking« , « UX design » ou un quelconque néologisme bullshit, cela m’importe peu. Je me dis souvent « UX designer » ou « UX researcher » parce que ce sont des termes qui sont maintenant entrés dans le langage commun et qui ont un vague sens pour les personnes à qui je le dis. Mais au final, je suis bien « conceptrice » un peu comme je pourrais être « ingénieure ». C’est une façon de penser, réfléchir et faire les choses, puis de leur donner la juste apparence en fonction de tous ces paramètres. J’assiste la conception de systèmes et de services.
Est-ce que tu as changé de façon de « faire du design » au cours de ta vie professionnelle ?
Ouh là là oui ! À l’époque où j’ai fait mes études (le tout début du siècle !), le monde était radicalement différent et les inégalités et oppressions systémiques amplifiées par le numérique étaient beaucoup moins saillantes qu’aujourd’hui. Mon propre privilège m’était également invisible.
je me suis frottée au capitalisme de surveillance
Je me contentais de faire ce que l’on m’avait appris : obéir aux exigences d’un⋅e client·e et faire de mon mieux pour contribuer à atteindre ses objectifs, la plupart du temps ceux-ci étant résumables à « vendre plus de trucs ». Depuis, je me suis frottée au capitalisme de surveillance, à la surconsommation, au dérèglement climatique, aux oppressions systémiques et j’ai découvert que le design et les designers étaient loin d’être innocentes dans tout ça. Il m’a fallu du temps, mais aujourd’hui j’essaie de faire de mon mieux pour parler de ces aspects et les appliquer au quotidien dans ma manière de travailler et les personnes avec qui je travaille.
Pourquoi as-tu accepté de contribuer à Framasoft (On n’en revient toujours pas qu’une pointure comme toi accepte de nous aider) ?
Une « pointure » ? mais non enfin 😀
Hé bien justement, pour toutes les raisons susmentionnées. Il n’est pas possible de lutter individuellement contre des choses aussi complexes et insidieuses que le dérèglement climatique et le capitalisme de surveillance. Par contre, on peut faire plein de petits choix conscients qui feront avancer petit à petit les choses. Collaborer avec Framasoft, que ce soit via des prestations rémunérées ou du bénévolat, me permet d’avoir la sensation de faire une petite part du travail à accomplir pour que le monde soit un poil moins pourri chaque jour.
Aussi, parce que Framasoft est blindée de personnes formidables que j’aime beaucoup côtoyer (toujours à 2 mètres de distance et avec un masque :P) et que j’apprends énormément à leurs côtés.
Quand tu as commencé à regarder ce qui n’allait pas en termes d’UX / UI chez Framasoft, qu’est-ce qui t’a choquée le plus ?
Le mot « choquée » est un peu fort. 😛
Ce qui me donne le plus de fil à retordre, c’est tout le travail de « change management« , pour employer un terme très startup nation. Le modèle mental des designers est radicalement différent, dans la manière d’aborder la conception d’un outil, par exemple d’un logiciel. Nous n’allons pas nous appuyer sur nos propres perceptions pour prendre des décisions, mais nous allons d’abord étudier le contexte, aller voir des personnes qui ont le même besoin, et essayer de trouver un modèle de conception qui serve le plus de monde possible.
Ce travail, s’il n’est pas fait en amont, pose deux problèmes : l’outil une fois conçu ne va pas « parler » aux personnes qu’il est censé aider. Par exemple, le vocabulaire verbal ou visuel de l’interface induira les personnes qui l’utilisent en erreur, soit parce qu’il est trop technique ou qu’il n’emploie pas les bonnes métaphores visuelles. Le deuxième problème, plus structurel, se traduit dans la manière dont le projet est mené et conçu. Si vous avez passé votre vie à concevoir des programmes, qu’ils vous conviennent bien, et qu’en plus personne n’a jamais vraiment râlé, vous n’allez pas avoir besoin de vous remettre en question. Comme je le raconte souvent quand je parle de conception / design dans le libre, en tant qu’UX designer j’arrive avec un constat inconfortable : « ton logiciel ne prend pas le problème dans le bon sens… ». Si on s’arrête là, c’est sûr que ça donne l’impression qu’on va tout péter à coups de masse et que tout le boulot fait jusqu’à présent est à jeter aux oubliettes. La suite du constat est plus cool : « …mais c’est pas grave, on va trouver ensemble des manières de le faire évoluer pour qu’il parle à davantage de gens ».
Comment s’est déroulé ton travail sur PeerTube ?
À la différence de Mobilizon, où le projet commençait à peine et où la team Frama m’a intégrée tout de suite, PeerTube a déjà tout un existant avec lequel j’ai dû me familiariser : l’histoire du projet, de son concepteur, les évolutions, les contributions, les dynamiques autour du projet. J’étais dans mes petits souliers au début ! Ce n’est pas facile de débarquer comme une fleur avec un œil de designer, souvent notre travail est perçu comme l’arrivée d’un chien dans un jeu de quilles, un peu à la « c’est moche, on refait tout ». Il est important de prendre en compte l’histoire du projet et tout le bagage émotionnel qui va avec. On a commencé doucement avec une première phase où j’ai fait l’éponge en posant des questions à l’équipe et à Chocobozzz, puis où j’ai mené des entretiens pour nous faire une meilleure idée de ce que les utilisatrices et utilisateurs de PeerTube en faisaient et ce dont elles et ils avaient besoin. J’ai réalisé en tout une quinzaine d’entretiens, desquels sont sortis non seulement plein d’idées d’améliorations à très court terme, mais aussi de quoi nourrir des orientations stratégiques sur le temps long.
Ce qui m’intéresse beaucoup dans ce projet, c’est d’accompagner Chocobozzz dans les futures évolutions du logiciel en lui apportant la facette « UX ». Outre des petites choses simples comme l’aider à justifier des décisions ergonomiques ou graphiques grâce aux heuristiques de design graphique ou d’utilisabilité, on essaie de bien cadrer les problèmes identifiés, de se faire une bonne idée des usages qui vont autour et de prendre les décisions qui y correspondent.
La grande satisfaction jusqu’à présent, c’est de sentir que je suis utile et que mon travail ne génère pas de défiance dans l’équipe. Chocobozzz m’a dit que ça lui faisait du bien de bosser avec une designer, lui qui a été bien seul sur l’immense majorité de son projet et qui a dû faire des choix ergonomiques sans réellement savoir si c’était la bonne voie ou pas.
les libristes, c’est comme un bol de M&M’s
Qu’est-ce que tu trouves de génial et qu’est-ce que tu trouves de détestable dans la communauté du Libre ?
Ce qui est absolument génial, ce sont ces valeurs partagées et cette ouverture vers des alternatives. La radicalité politique de la communauté est très appréciable. Pour s’intéresser au libre, il faut avoir fait un chemin individuel qui implique forcément de la réflexion, une prise de recul sur l’existant, et l’audace de s’orienter vers quelque chose de différent de la norme.
Pour ce qui est « détestable », je ne sais pas si le mot est juste, mais j’ai eu à me frotter à un cactus bien piquant, celui qui découle du modèle mental dominant dans le libre : celui du développeur / ingénieur (homme cis hétérosexuel, éduqué, très souvent valide et entouré de gens qui lui ressemblent bien trop (ce ne sont que des faits démographiques, pas un jugement)) dans son armure de certitudes. Concrètement, je me suis fait empailler un nombre incalculable de fois, notamment sur Mastodon que j’ai laissé tomber pour cette raison, parce que j’avais eu l’audace d’utiliser une solution non-libre tout en osant travailler avec Frama. Il existe deux problèmes à mon sens : le premier relève de l’allégeance au libre qui est souvent interprétée en décalage avec la réalité des choses (l’existence d’intercompatibilité entre des solutions ou pas, le monde du travail, les habitudes, les possibilités financières, physiques, cognitives de chacun·e). Résultat, je suis une « vendue » si un jour j’ai osé publier un lien vers un Google Doc. Sauf que la petite asso sans moyen à qui je file un coup de main n’a pas vraiment eu d’autre choix que de se rabattre sur cette solution, pour des raisons qui sont les siennes et que je ne dois pas me permettre de critiquer (les usages prévalent sur tout, c’est la réalité, même si on aimerait parfois que ce soit différent).
Le deuxième problème est fait d’un mélange de patriarcat bien ancré dans l’informatique mixé au manque quasi-total d’occasions de se remettre en question dont souffrent nombre de personnages dans le libre. Je ne suis pas en train de critiquer des individus, ce serait trop simple et cela effacerait l’aspect systémique du problème. En pratique, cela se traduit en discussions unilatérales où mon interlocuteur est en incapacité d’imaginer que je puisse avoir une autre perception et une autre expérience de la vie que lui, encore moins de reconnaître ses torts. Une fois entrevue la possibilité que je puisse lui mettre le nez dans son étron, il va redoubler d’effort car mieux vaut se défendre que d’avouer ses erreurs. Il y a aussi cette insupportable certitude qu’on est dans la vérité et que toute personne qui fait autrement a foncièrement tort. Une des conséquences c’est l’infini tsunami de conseils non sollicités que moi et mes consœurs nous prenons dans la courge quand on ose émettre la moindre critique de quoi que ce soit sur Internet. Je n’ai pas l’énergie de gérer les egos de ceux qui viennent m’apprendre la vie, alors qu’en faisant l’effort de lire ma bio ou de consacrer quelques secondes à se renseigner sur ce que je publie, ils se seraient vite rendu compte que leur intervention était au mieux inutile, au pire franchement toxique.
Du coup, les libristes, c’est comme un bol de M&M’s. On te dit qu’au milieu du bol, y’en a 2 ou 3 qui sont toxiques du genre mortel, mais qu’on ne sait pas lesquels. Je souhaite bon courage à la personne qui osera en manger. Cela peut expliquer que je perde patience et qu’il m’arrive de bloquer allègrement, ou d’envoyer de bons vieux mèmes féministes pour clore une discussion non sollicitée.
Extrait d’une vidéo. On est encore tombé sur une hyperactive.
Es-tu une louve solitaire du design et de l’expérience utilisateur dans le monde du libre, ou bien y a-t-il une communauté de UI/UX designers qui ont une affinité avec le libre ?
De plus en plus de consœurs et confrères s’intéressent au libre. Maiwann a commencé bien avant moi ! Je suis loin d’avoir le monopole. Il y a encore un fossé qui nous empêche, nous designers, de vraiment contribuer au libre. On ne s’y sent pas forcément à notre place ou bien accueilli·es. Il faut déjà passer la barrière des outils et méthodes qu’utilisent les libristes pour travailler (GitHub, forums, etc.) et ensuite faire comprendre que nous ne sommes pas juste des peinteresses en bâtiment qui vont pouvoir donner un petit coup de propre à notre vieux Bootstrap UI.
J’essaie de motiver des personnes autour de moi dans l’industrie du design et de l’UX pour contribuer, j’espère que ma présence dans ce milieu va rassurer les gens du libre (non, les designers ne viennent pas tout casser !) et les designers (oui, les gens du libre peuvent écouter !).
Question annexe : je participe à un super projet libre (site Web ou applications pour le Web/ordiphone/ordinateur), mais je suis nul en UX/UI. Vers qui me tourner ? De manière générale, comment aborder cette problématique quand on n’est pas soi-même designer ?
La toute première étape pour aborder la problématique de la conception et de l’expérience d’usage, c’est déjà de se rendre compte qu’on a besoin d’aide 🙂 Ensuite, je dirais qu’intégrer un·e designer le plus tôt possible dans le projet est très important. Comme tu l’as sûrement compris, plus on peut absorber de contraintes, mieux on peut aider.
Il existe plein de ressources pour s’approprier les règles de base afin de créer une interface accessible, lisible, utilisable et logique. Ce n’est pas si dur que ça, promis ! Le tout c’est d’arriver avant la fin du projet où il ne reste plus qu’à « mettre un coup de peinture au Bootstrap« .
En travaillant avec des vidéastes utilisant des plateformes privatrices, as-tu vu des problèmes impossibles à résoudre pour eux (pour le moment) avec les logiciels libres et/ou PeerTube ? (Je pose cette question parce que j’ai récemment lu un article de Robin Wong expliquant qu’il devait publier deux vidéos sur YouTube chaque semaine sous peine de disparaître des écrans, la faute à un algorithme secret et féroce… et j’ai trouvé ça particulièrement triste et aimerais bien qu’il existe une solution libre pour éviter cela)
Il existe nombre de problématiques d’usage pour lesquelles le logiciel libre ne pourra pas grand chose. Avec Mobilizon, par exemple, on s’est frotté·es au phénomène du « no-show« , ou de ces personnes qui prennent une place pour un événement, pour finalement ne pas y venir. C’est un grand classique pour toute personne qui organise des événements, et ça peut être très difficile de gérer la logistique derrière. Cela implique des questionnements sur le nombre de bouteilles de jus de fruit à prévoir jusqu’à la taille même de la salle à louer. C’est un souci humain, et on aura beau se creuser la tête et ajouter tout un tas de petite fonctionnalités pour inciter au maximum ces personnes à céder leur place réservée si elles ne viennent pas, l’informatique a ses limites.
Pour la rémunération, ce ne sont pas les logiciels libres qui vont faire office de solution
Pour ce qui est de la vidéo, il est clair que deux forces jouent en la défaveur des vidéastes : le modèle financier imposé par les plateformes, et les algorithmes qui changent en permanence la donne sur ce qui sera promu et pourquoi. Pour la rémunération, ce ne sont pas les logiciels libres qui vont faire office de solution. C’est à nous de nous poser la question, de manière politique, en décortiquant qui rémunère qui, en fonction de quoi, et en décidant collectivement de nouvelles manières de faire en s’affranchissant des plateformes. Pour le coup des algorithmes de sélection de contenu, ils existent pour un seul objectif : forcer les créatrices et créateurs de contenu à payer pour être vues. Le dommage collatéral terrible, c’est qu’ils les forcent aussi à standardiser ce qu’elles produisent, depuis la tronche de l’image de prévisualisation jusqu’au rythme de publication. Ce diktat est très inconfortable pour elles, et je les comprends. Mais de là à abandonner une audience en apparence captive et une plateforme qui te rémunère sans que tes fans n’aient à débourser un seul euro (ou en tout cas c’est ce dont on a l’impression), il y a un fossé à survoler avant d’y arriver.
La transition vers de nouveaux modèles de publication et de rémunération est loin d’être facile, ni rapide. C’est à nous de promouvoir des modèles alternatifs et toute la pédagogie qui va autour, en ne perdant pas de vue que les logiciels en eux-mêmes ne sont pas une fin.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux créateurs de logiciels libres pour obtenir de bons retours qui leur permettent d’améliorer leurs logiciels et de les rendre plus accessibles (pas seulement en termes d’accessibilité comme on l’entend sur le Web, mais tout simplement pour qu’ils soit utiles au plus grand nombre).
Il y a deux niveaux sur lesquels agir :
la stratégie de conception du logiciel,
son apparence, son utilisabilité et son accessibilité.
Pour le deuxième niveau (le plus simple pour commencer), il existe de nombreuses ressources pour s’auto-former en bases du graphisme : la théorie des couleurs, les contrastes, les principes du design visuel, les heuristiques d’utilisabilité d’interface (en anglais), parmi tant d’autres. Rien qu’avec ces basiques, on peut éviter énormément d’erreurs d’UI (apparence de l’interface) ou d’UX (comment l’interface fonctionne et s’enchaîne avec le reste d’un flow).
Il est également possible de faire un peu de « guérilla UX » à moindre frais. La méthode la plus simple consiste à interroger des utilisatrices ou utilisateurs de votre logiciel, voire carrément d’organiser une petite session de partage d’écran, de leur demander d’accomplir telle ou telle action, et de les observer en silence : frissons garantis ! Vous en apprendrez énormément sur la manière dont les personnes utilisent votre logiciel, sur les objectifs qu’elles cherchent à remplir avec, et sur les modèles mentaux qu’elles utilisent et que vous n’aviez pas imaginés.
En ce qui concerne la stratégie de conception, c’est un peu plus compliqué. La remettre en question demande une certaine maturité sur le projet, et l’acceptation qu’il est possible qu’on se soit trompé à la base… Jamais agréable. Ensuite, c’est un long travail à faire que de revenir aux origines de l’usage de votre logiciel. Étudier le besoin original, explorer ce besoin pour voir quel périmètre d’usage choisir, pour quels objectifs, pour promouvoir quelles valeurs, puis comment structurer la conception pour appliquer ces valeurs à l’ensemble des décisions prises. C’est ce qu’on appelle l’assistance à maîtrise d’usage, et c’est ce à quoi je passe la plupart de mon temps. Là, c’est un peu plus difficile de s’auto-former. J’essaie, dans la mesure du temps que je peux dégager, de donner des coups de main à droite à gauche pour débloquer ce genre de situations. C’est ce qu’on avait fait avec Marien sur Lessy, par exemple.
Des recommandations de lectures ou de visionnages pour en découvrir plus sur ton métier et sur les bonnes pratiques de UI/UX en général ?
You are invited to contribute to the future « Contributing to Free-Libre Open Source Software » MOOC by Télécom Paris and Framasoft
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Interested in contributing to the contents production of a MOOC about FLOSS contribution? You already have a contribution experience and think it can be useful to new contributors? Join us!
Leading Internet users into the world of contribution
Last September we were so delighted to learn that Marc Jeanmougin, a research engineer at Télécom Paris, wanted Framasoft to be associated with his online course projet on FLOSS contributions that had just been funded by the Institut Mines-Télécom.
We have been dreaming about it: a MOOC to learn how to contribute to free-libre software
Developing digital tools that facilitate individuals’ contributions is one of the lines of our Contributopia campaign. On this subject we already have set up Contribateliers (and their online version Confinateliers): workshops to discover how each of us can contribute to free-libre software. Implemented in 2018 in Lyon, those interventions now take place in cities (Lyon, Paris, Toulouse, Grenoble and Nantes) allowing people to contribute to the free-libre software and free culture in a user-friendly way.
This is also the case with the Contribulle project we are hosting: a platform where projects with the same free-libre software values are connected with those without enough skills and contributors who could give them a hand. This nice initiative is slowly taking shape and we think it will be a great success in the coming months.
Finally, the aim with this Contributing to FLOSS MOOC is to allow developers to get both a theoretical (what is it about?) and practical introduction (how to contact somebody? and how to contribute?) to the world of FLOSS contribution.
All these initiatives allow users of free-libre services to learn how to contribute and to stop using a software only as if it were a finished product.
Contributing to develop the Contributing to FLOSS MOOC
After a first day in October, talking about pedagogical sequencing in a small committee, the prefiguration team decided that given the MOOC subject, it would not be totally far-fetched to allow people who want to co-produce contents with us to do so.
We also have created a dedicated Matrix chatroom in order to have a daily and more informal exchange with you. Do not hesitate to join us there to learn more about this project.
We invite you to exchange in video conference on this project on February, 10th at 6:30pm. At the same time we will present you the general organization of the MOOC and the choices we have made both educationally (what angle on FLOSS we will try to take) and technically. We will also discuss how we envisage contributions to contents production.
If after this first exchange you want to help us with contents preparation, you can participate in 6 other online brainstorming sessions, each one dedicated to the contents of one week of the MOOC. They will take place on Mondays and Thursdays between 6:30pm and 8pm from February 11th to March 1st (details of access and contents will be published on the gitlab issues with each session).
GitLab issues with details of access and contents of the 6 meetings we offer.
We hope we will see many of you at those different events. But as we know it’s not always easy to be available on a set time slot, we offer to collect your reactions, feedbacks or comments before each session on our repository. Do not hesitate to write down whatever comes to your mind!