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Une nouvelle confirmation qu’il y a décidément une belle énergie autour du logiciel libre en Amérique Latine.
Un article qui vaut surtout pour ces nombreux liens (en langue originale) mais qui est également pour moi l’occasion de vous présenter le projet Global Voices, « un réseau mondial de blogueurs qui sélectionnent, traduisent et publient des revues de blogs du monde entier »[1].
Amérique Latine : Le festival d’initiation au logiciel libre 2010
Latin America : Free Software Installation Festival 2010
Renata Avila – 30 avril 2010 – Global Voices
(Traduction : Loïc – Licence Creative Commons By)
Dans toute l’Amérique latine, le logiciel libre est devenu essentiel pour de nombreux pays et de nombreuses personnes qui ont choisi d’utiliser ces outils, dans les administrations publiques et pour répondre à différents problèmes. A Cuba par exemple, le mouvement pour le logiciel libre a soutenu le développement durable. Le gouvernement équatorien a quant à lui mis en avant une politique d’adoption du logiciel libre, d’une façon similaire au Brésil, un autre chef de file du logiciel libre et de la culture « libre ».
Le 24 avril 2010, de nombreux développeurs et utilisateurs des logiciels libres en Amérique Latine ont célébré ce mouvement par une fête nommée FLISOL2010, comme l’explique Leo ci-dessous :
FLISOL est le Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine, un événement organisé par la communauté latino-américaine du logiciel libre depuis 2005. FLISOL a lieu le quatrième samedi d’avril chaque année. La sixième édition de FLISOL a été célébrée le 24 avril 2010. Aujourd’hui, FLISOL est sans aucun doute le plus important événement FOSS en Amérique Latine et peut être même le plus important « installfest » de la planète. L’édition 2010 de FLISOL a été organisée simultanément par 20 pays et 250 villes dans toute l’Amérique latine et, pour la première fois, en Europe (trois événements locaux en Espagne).
Dans chaque région, les célébrations sont différentes. Par exemple, à Antigua, au Guatemala, une Piñata a été cassée en l’honneur du logiciel libre ; c’était l’une des nombreuses animations organisées par Antigualug, un groupe d’utilisateurs de Linux.
Les fêtes de la FLISOL à Caracas, au Venezuela, ont associé les activités à des concerts de musique.
Le Nicaragua a célébré le mouvement avec les communautés d’Estelí, de Granada et de Managua et l’auto-proclamé « Installers Rock-Stars Team ». Les communautés d’Amérique Centrale ont joint leurs efforts pour s’intégrer au sein des communautés du Logiciel Libre, comme on peut le lire sur le site des utilisateurs de logiciels libres de « Central America Planet ».
L’Uruguay a de son côté célébré le mouvement en installant Fedora. A Mexico, les activités ont eu lieu dans différents lieux où les organisateurs ont installé des logiciels libres sur les ordinateurs de nombreux nouveaux utilisateurs, tandis que huit villes chiliennes ont accueilli également les fêtes FLISOL2010. Cuba a également organisé des activités simultanées dans différentes localités, de la Havane à Matanzas.
Enfin, Mozilla Colombie et l’OpenBSD de la ville de Medellín ont participé aux événements organisés en Colombie. Un marathon FLISOL s’est déroulé entre trois villes, à San Cristóbal, à Cúcuta et à Pamplona.
Ces quelques nouvelles sont un simple tour d’horizon destiné à montrer comment le logiciel libre en Amérique Latine crée un réseau dynamique et interconnecté, quelque soit les milieux sociaux, politiques et ethniques, pour collaborer et innover ensemble. Une “plateforme partagée” encourageant une « culture partagée » : pour plus d’informations et pour établir des connexions, lire le blog Planète du Logiciel Libre Latino-Américain.
samy
Le libre, c’est une culture qui est en passe de s’enraciner durablement en Amérique latine. Un exemple : le cas de l’Uruguay, avec son "Plan CEIBAL" (Conectividad Educativa de Informática Básica para el Aprendizaje en Línea), c’est toute une génération – celle des scolaires – qui s’initie aux TICE à base de logiciels et de ressources libres. Une preuve : voyez ce que parvient à réaliser une petite poignée d’enseignants de base d’une petite école dans une ville provinciale de 20000 habitants : http://olpc-france.org/blog/2010/05… . Force est de constater que l’école est le "catalyseur du développement : http://olpc-france.org/blog/2010/05… .
VinceDeg
Ouais, sauf que ce genre d’articles donnerait l’impression que le libre est fort en Amérique Latine, alors que mon expérience me dit que ce n’est pas le cas du tout (et pourtant j’ai bien baroudé et essayé un peu de pédagogie libriste par ci par là). Par contre, la contrefaçon de logiciels propriétaires se porte à merveille, c’est une vraie industrie 😉
Pour donner un exemple, rien que Firefox est extrêmement peu connu et répandu, les gens ne connaissent que le gros E bleu pour accéder au web, y compris les mecs qui sont sensés s’y connaître, genre les proprios de la myriade de cyber cafés (d’ailleurs, merci pour ça la framakey, parce que installer firefox à chaque fois pour ne pas se trainer IE6, voilà quoi). Là, dans la ville où je vis en ce moment (une ville moyenne de la pampa en Argentine), sur les 3 cybers que je fréquente, un seul propose un autre navigateur que IE.
De la même façon, je bosse en ce moment dans une institution publique, et bah je me suis fait refuser de connecter mon ordi portable au réseau interne sous pretexte qu’il marchait sous Linux : on est obligés d’avoir des ordis avec une licence originale de Windows (d’ailleurs ça c’est nouveau, y’à encore deux ans toutes les copies étaient piratées, mais le ministère a imposé des normes plus strictes). Véridique. Je te dis même pas d’essayer d’envoyer une pièce jointe au format .odt, les gens ont jamais vu.
J’ai dû voir des centaines d’ordis en amérique latine, et pour faire des stats au pifomètre, qui tourne sous Linux, que mon ordi, qui ait un autre navigateur installé que IE, moins de 30%, qui ait un autre traitement de texte que MS Office, moins de 5%, etc, etc.
Le libre, si il est connu, véhicule une image de logiciels pour pauvres et altermondialistes qui ne marche pas très bien. Un truc classique, c’est que si des ordis sont fournis avec Linux par des militants du logiciel libre, on dit oui oui c’est très bien par devant et par derrière on installe vite fait une copie d’XP piratée…
Ce que je veux dire, c’est que malheureusement si une certaine communauté libriste existe, et qu’elle a des entrées gouvernementales par exemple au Brésil, elle est déconnectée de l’utilisateur d’ordinateur moyen, qui lui ne connait que les produits Microsoft, point. Et même ! Au Brésil, je suis resté un mois dans une université, avec des jeunes élèves ingénieurs bien gauchos comme il faut, on peut imaginer que c’est le public cible du libre, ben je vous assure que la plupart n’avaient jamais vu un bureau Linux de leur vie… Moins qu’en Europe en tout cas.
Je crois que l’ampleur de la contrefaçon joue un certain rôle dans cette faible diffusion du logiciel libre. Quand tu as des boutiques avec pignon sur rue dans les centre villes qui te proposent en toute impunité des cd d’installations de logiciels propriétaires piratés (et des cd audios et dvds) pour trois fois rien, qu’au pire y’à des installateurs/monteurs/réparateurs d’ordi à la main d’oeuvre pas chère un peu partout qui te configure tout comme il faut, pourquoi aller chercher du côté du libre, sauf pour les logiciels qui sont vraiment reconnus comme plus performants (genre Firefox) ? Bon, n’empêche, mon voisin qui est réparateur d’ordis s’est montré curieux de voir à quoi ressemble une distribution Linux complète, je ne désespère pas.
Nikonoel
Un gros +1 à Vincedeg… qui a quand même vu tourner mon pc sous Ubuntu à Bogotá ! 😉
Microsoft Office se trouve facilement dans la rue à 3€, là-bas…
popart
@VinceDeg
L’univers que tu décris ressemble étrangement à la France que j’ai connue.
Moi j’ai vu OpenOffice installé dans une Banque, des serveurs linux dans la boîte où je bosse, des FF sur les postes, un clé (pas Frama, une autre, même genre) chez une collègue qui n’a rien d’informaticienne. Et pour couronner, les premiers PC en vente avec Linux inside (En France, à ma connaissance ils ont mis plus de temps !). Et à la fac de langue, ils sont en train de se creuser pour installer Linux et les applis qui vont bien avec (et utiles pour une fac de langue)
Comme quoi les retours d’expérience peuvent être différents, mais on veut toujours voir ce qu’on veut bien voir…
popart
Petite précision, moi aussi je vis en Argentine
VinceDeg
@Popart,
Ach, ça fait un peu mal quand tu dis "on veut toujours voir ce qu’on veut bien voir"…
C’est marrant, l’Argentine que tu décris ressemble étrangement à la France que j’ai connu, comme quoi ! (même si faut avouer, j’ai un peu forci le trait, et quand je parle d’ordis, je parle de desktops, pas de serveurs qui sont souvent sous Linux). Ca montre bien que la progression ressentie du libre dépend beaucoup du milieu dans lequel on se trouve. En France, je baignais dans une environnement plutôt libriste : j’ai eu par exemple la surprise lors d’un stage dans une PME de voir qu’ils tournaient presque exclusivement sous du libre, dans mon école les ordis des salles infos avaient un dual boot, beaucoup de mes amis ont leurs ordis sous Linux, etc. Alors qu’en Argentine je suis dans une petite ville de l’intérieur centrée autour de l’agrobiz et bizarrement le libre c’est pas trop dans leurs préoccupations. Enfin, un point pour toi : l’autre jour, en regardant une capture d’écran dans Pàgina12 (un quotidien national) j’ai vu qu’elle était faite depuis Ubuntu.
(Salut à Nikonoel au passage, pff ton ordi à clavier azerty y compte pas, y’à que ton sens de l’hospitalité et ton accueil qui est colombien ;))