Un nouveau look pour Framabook

Copie d'écran - Framabook.org

Le site éponyme Framabook qui héberge notre projet de livres libres sur le logiciel libre en partenariat avec In Libro Veritas méritait bien un petit lifting sur le fond et dans la forme.

Aussitôt dit (il y a près d’un an), et donc (presque) aussitôt fait !

Le site n’a beau posséder que cinq malheureuses pages, l’accueil plus les quatre opus de la collection, cela m’a pris un certain temps pour ne pas dire un temps certain (faut dire aussi que je ne suis pas webdesigner moâ).

Merci en tout cas pour vos éventuels rapport de bugs (orthographe, affichage selon OS et navigateurs, lenteur de chargement, etc.) ainsi que pour vos avis, critiques, retours et suggestions.

Toujours est-il que, quand bien même pas tout à fait finalisée, la nouvelle mouture[1] est donc désormais en ligne et cela tombe plutôt bien car pas moins de trois (voire quatre, ou même cinq) livres en préparation devraient voir le jour avant la fin de l’année, à commencer par, très bientôt, un ouvrage sur LaTeX vraiment pas piqué des vers !

Notes

[1] Pour ceux qui souhaiteraient s’amuser à comparer il y a la Wayback Machine d’Internet Archive.




Que pensez-vous d’un framabook sur l’Eee PC ?

On line manga on Asus Eee PC - Steve Keys - CC-by

Nous envisageons plus que sérieusement de rédiger un futur framabook sur l’Eee PC. Ce billet présente le projet, vous demande votre avis et en appelle éventuellement à votre collaboration.

Il y a quelques jours Valérie est venue nous signaler qu’elle avait achevé la rédaction d’un petit bouquin sur l’Eee PC : « Eee PC – Trucs & Astuces ».

À partir de cette première brique nous nous sommes dits qu’on pouvait peut-être aller plus loin et en faire carrément un nouveau volume de notre collection de livres libres Framabook[1].

La première question à se poser est celle de la pertinence d’un tel livre.

Nous pensons en effet que le jeu en vaut la chandelle. D’abord parce qu’il est indéniable que l’Eee PC est l’un des phénomènes de l’année et s’est très bien vendu dans le monde francophone. Ensuite parce qu’en ayant désormais le choix entre les deux systèmes d’exploitation que sont Windows et GNU/Linux, nous souhaitons donner envie d’utiliser le second plutôt que le premier (c’est notre parti pris assumé). Enfin parce que nous ambitionnons de montrer à ceux qui ont justement fait le choix d’un Eee PC sous Linux qu’ils ne se sont pas trompés et qu’on peut faire tout plein de choses intéressantes voire insoupçonnées avec 😉

Le public cible serait dont là encore le grand public incarné, avec tout mon respect, par Jeanne-Marie sur cette vidéo.

Ce qui ne nous empêche pas d’avoir à l’esprit les problèmes liés à l’originalité de l’ouvrage puisque ce serait le première fois qu’on traiterait d’un ordinateur particulier (et donc d’une marque particulière, et donc de sa politique d’évolution du produit), alors même que la concurrence s’organise sur le marché des ultraportables pour ne pas laisser Asus tout seul justement. Si vous pensez que ces éléments sont si importants qu’ils peuvent remettre en cause l’opportunité de notre projet, n’hésitez surtout pas à nous le dire.

Mais admettons, comme nous le pensons, que cela vaille toujours la peine. C’est là que nous faisons appel à vous. Que faudrait-il mettre dans ce livre pour obtenir quelque chose d’intéressant et d’utile à l’utilisateur de base ? Quel plan ? Que faudrait-il ajouter par rapport au premier jet de Valérie (mais aussi par rapport au petit manuel officiel que l’on trouve à l’achat dans la boite de l’Eee PC) ? Il y a Xandros (la distribution GNU/Linux d’origine de l’Eee PC), son mode easy et avancé (KDE). Il y a tous les logiciels présents par défaut dans Xandros (OOo, Firefox, Amarok…) qu’on pourrait peut-être prendre le temps de bien présenter ? Il y a les autres distributions que l’on peut installer dessus, la ligne de commande, la sensibilisation à ce qu’est un logiciel libre… Toutes les suggestions sont bonnes à prendre.

Enfin admettons que non seulement vous trouviez le projet intéressant mais que vous seriez également prêt à y participer, Valérie nous ayant confié que justement elle serait ravie de travailler collectivement à la rédaction d’un tel ouvrage pour venir étoffer ce qu’elle à déjà rédigé. Correcteur, relecteur ou, pourquoi pas, rédacteur (par exemple d’un chapitre dédié : installer une autres distribution, présentation d’OpenOffice.org, etc.), si vous souhaitez en être, merci de nous le signaler dans les commentaires. Nous vous inscrirons alors sur une liste de discussion dédiée au projet.

Merci de votre attention, en attente de vos commentaires et/ou d’une éventuelle (et bienvenue) participation.

Cordialement, Framasoft (et Valérie).

Notes

[1] Crédit photo : Online Manga on Asus Eee PC par Steve Keys sous licence Creative Commons By.




Framabook passe à la télé

Lors des dernières RMLL à Mont de Marsan, j’ai été invité par Gilles Gouget (Divergence FM) à présenter notre petite collection de livres libres Framabook lors de la couverture de l’évènement par Divergence Numérique et la chaîne FreeNewsTV.

—> La vidéo au format webm

L’occasion de faire un peu de comm’ autour de ce projet qui nous tient à cœur et dont nous vous reparlerons bientôt puisque de nouveaux volumes sont dans les starting-blocks.

L’occasion aussi de rappeler les volumes déjà édités :

PS : N’hésitez pas à faire suivre l’info parce qu’en attendant de voir arriver les framabooks dans les grandes librairies, on compte avant tout sur le bouche à oreille du net 😉




Quel logo pour le projet Framabook ?

Framabook, c’est notre projet de collection de livres libres en partenariat avec In Libro Veritas (initiée par celui sur Thunderbird de Georges Silva que vous nous vous invitons toujours à vous procurer pour nous soutenir et/ou le… lire !).

Vu que d’autres livres sont en préparation (on croise les doigts), on se posait la question d’un petit logo sympa pour personnaliser le projet.

Peut-être allez-nous vous faire d’autres propositions (qui sait ?) mais nous nous sommes arrêtés sur deux choix.

Une orque en mouvement

Orque est féminin pour votre gouverne.

projet logo framabook orque

C’est le choix original. Personnellement je le trouve fort joli quoi ! (et dans la lignée des animaux-logos du Libre).

Another L.L. de Mars pingouin

Mais il y aurait également un choix plus classique pour nous qui serait une nouvelle déclinaison des pingouins de L.L. de Mars. L’avantage c’est qu’il y aurait un lien de reconnaissance direct avec Framasoft. De plus un pingouin qui lit induit dans son sens même ce qu’est Framabook.

Le dessin original :

projet logo framabook lldemars original

Une déclinaison possible parmi d’autres (celle-là issue d’un fond d’écran de Hoaxyde sur notre Galerie) :

projet logo framabook lldemars hoaxyde

Ce que je veux dire par là c’est que ce pingouin serait notre base de travail pour le logo.

La question est simple : quel est votre avis ? Vous nous aideriez beaucoup à argumenter votre propre choix pour l’un ou pour l’autre (sachant qu’il faudra bien trancher à un moment donné).

Merci donc pour vos éventuelles réponses.

PS : Les deux propositions de logos sont sous licence Art Libre.




Des Livres en Communs lance son appel à publication 2024

Rappelez-vous, il y a deux ans (déjà !) nous vous avions annoncé le lancement de notre maison d’édition version 2 qui succède à Framabook. Des Livres en Communs avait alors lancé deux propositions : un modèle alternatif radical (et anticapitaliste) à l’édition, basé sur l’expérience acquise avec dix ans de Framabook, et son premier appel à publication.
Plusieurs points d’étape ont été publiés dans l’infolettre de Framasoft et surtout sur ce blog, comme cette interview des deux auteur·ices du projet en cours : L’Amour en Commun.

À la veille de la publication cette œuvre tant attendue, Des Livres en Communs lance son second appel ! accrochez-vous, la phrase est un peu longue (et la date limite est fixée au 30/04/2024) :


Artistes, Durabilistes, Solidaristes, Libristes : dépasser la tragédie des silos et vivre l’archipellisation de nos luttes pour l’émancipation vers un monde de justice sociale et écologique

Illustration CC BY David Revoy (sources)

Pour rappel, Des Livres en Communs ne propose pas qu’un modèle alternatif d’édition théorique, c’est très concrètement que nous agissons pour créer des communs culturels pertinents et de qualité :

  • d’abord en accompagnant les auteur·ices tout au long du processus de création, car nous n’attendons pas que l’œuvre nous arrive toute cuite pour commencer notre travail éditorial ;
  • en mobilisant des fonds : dès le début du processus de création, les auteur·ices sont rémunérés pour leur travail, et non pas en attendant d’hypothético-faméliques émoluments basé sur un nombre de ventes (nous considérons qu’une œuvre versée dans les communs culturels n’est pas un capital rentier).

Pour comprendre notre démarche, en savoir plus sur le règlement et lire notre appel 2024, voici quelques liens :

  • la note d’intention, déclaration politique du projet
  • comment ça marche : concrètement, quel type d’ouvrage nous souhaitons publier
  • le règlement : comment proposer votre projet, quelle est la date limite de soumission, la composition du jury, notre soutien éditorial, etc.

L’appel à publication 2024

(à voir sur Des Livres en Communs)

La tragédie des communs est désormais bien dépassée. Il a été démontré que l’autogestion des ressources communes est un pilier de l’expérimentation sociale humaine et dans bien des cas souhaitable. Face aux logiques marchandes, concurrentielles et extractivistes du né(cr)olibéralisme, d’autres imaginaires sont proposés et des actions sont réalisées par des collectifs engagés sur différents fronts qui se recoupent souvent.

Ressources culturelles, environnementales, sociales et numériques sont néanmoins les sujets indirects d’une autre tragédie, celle des silos qui fractionnent le commun et compromettent ses conditions d’existence. En effet, parler d’autres formes de vies souhaitables ne signifie pas que tous les groupes en parlent effectivement entre eux et partagent leurs pratiques. Pourtant, de tels échanges seraient nécessaires non seulement pour permettre d’inventer les moyens d’action, mais aussi pour mieux munir conceptuellement et parfois pratiquement ces imaginaires que nous tâchons tous de préfigurer.

Les propositions que nous attendons dans le cadre de cet appel devront donc être de nature transversale et si possible avoir une dimension pratique. Comme à l’accoutumée chez Des Livres en Communs, nous n’imposons pas de structure formelle : toutes les propositions seront les bienvenues, y compris les plus innovantes, pourvu qu’elles ne perdent pas de vue les objectifs de l’appel.

Artistes, Durabilistes, Solidaristes, Libristes : dépasser la tragédie des silos et vivre l’archipellisation de nos luttes pour l’émancipation vers un monde de justice sociale et écologique.




IA génératives : la fin des exercices rédactionnels à l’université ?

Stéphane Crozat est membre de Framasoft, auteur de « Traces » et de « Les libres », et surtout, enseignant à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC). Il nous livre ci-dessous une réflexion personnelle – initialement publiée sur son blog – au sujet de l’usage des LLM (ChatGPT ou autre) dans les travaux des étudiant⋅es.

IA génératives : la fin des exercices rédactionnels à l’université ?

visage de Stéphane CrozatEn décembre 2022 le magazine États-unien The Atlantic titre : « The College Essay Is Dead » ( Marche, 2022 [1] ). L’auteur de l’article, écrivain, attribue un B+ à une rédaction produite avec le LLM [2] GPT-3 dans le cadre du cours de Mike Sharples, enseignant en sciences humaines. J’ai moi même attribué la note de 14/15 à un exercice rédactionnel réalisé avec ChatpGPT en février 2023 à l’UTC ( Turcs mécaniques ou magie noire ? ). Une enseignante de philosophie lui a attribué une note de 11/20 au baccalauréat ( Lellouche, 2023 [3] ).

J’ai depuis observé plusieurs cas de « triche » avec des LLM à l’UTC en 2023.

Se pose donc la question de la réaction à court terme pour les enseignants concernant les exercices rédactionnels qui sont réalisés par les étudiants à distance.

Je parlerai de LLM

Je parlerai de LLM [2] dans cet article plutôt que de ChatGPT.

ChatGPT est un outil de l’entreprise OpenIA basé sur un LLM [2] à vocation de conversation généraliste (capable d’aborder n’importe quel sujet) et le premier à avoir introduit une rupture d’usage dans ce domaine. Le problème abordé ici concerne bien cette classe d’outils, mais pas seulement ceux d’OpenIA : des outils concurrents existent à présent (certains pourront devenir plus puissants), des outils plus spécialisés existent (pour la traduction par exemple), d’autres sont probablement amenés à voir le jour (orientés vers la production de textes universitaires, pourquoi pas ?).

On pourra lire, par exemple, Bortzmeyer, 2023 [4] ou Tiernan, 2020 [5] pour plus d’informations.

Je ne parlerai pas de…

Les LLM [2] ne génèrent pas que des textes à la demande, ils génèrent aussi de nombreuses opinions parmi les spécialistes et les usagers ; j’essaierai de me borner aux faits présents, à ce que l’on peut raisonnablement anticiper à court terme (sans faire de science-fiction) et à la seule question de l’évaluation en contexte pédagogique (mais je n’y arriverai pas totalement…).

Je ne parlerai donc pas :

  • des autres enjeux pédagogiques : quel est le rôle de l’université face au développement des LLM ? doit-on former à leurs usages ? les enseignants doivent-il utiliser des LLM eux-mêmes ? est-ce que ça a du sens d’apprendre à rédiger à l’ère des LLM ?
  • des enjeux technico-fonctionnels : qu’est-ce que les LLM ne savent pas faire aujourd’hui ? qu’est-ce qu’on pense qu’ils ne seront jamais capables de faire ?
  • des enjeux politiques et éthiques : est-ce un progrès ? est-ce qu’on peut arrêter le progrès ? que penser de la dépendance croissante aux entreprises de la tech États-uniennes ? du déploiement du capitalisme de surveillance ?
  • des enjeux socio-écologiques : à quoi ça sert ? quels humains ça remplace ? quel est l’impact environnemental des LLM ?
  • des enjeux philosophiques : les LLM sont-ils neutres ? est-ce que ça dépend comment on s’en sert ? ou bien l’automatisation introduite change-t-elle radicalement notre rapport au langage et à la raison ? compléter des textes en utilisant des fonctions statistiques, est-ce penser ? qu’est-ce que l’intelligence ?
  • des enjeux juridiques : est-ce que les LLM respectent le droit d’auteur ? un texte produit avec un LLM est-il une création originale ?

TL;DR

Cet article étant un peu long, cette page en propose un résumé (TL;DR signifiant : « Too Long; Didn’t Read ») : Résumé du présent article.

Problématique et hypothèse

Problématique

Peut-on continuer à faire faire des exercices rédactionnels « à la maison » comme avant ?

Sans statuer sur la dimension de rupture des LLM — est-ce une nouvelle évolution liée au numérique qui percute le monde de la pédagogie, comme les moteurs de recherche ou Wikipédia avant elle, ou bien une révolution qui va changer radicalement les règles du jeu — il parait nécessaire de réinterroger nos pratiques : « sans sombrer dans le catastrophisme, il serait tout aussi idiot de ne pas envisager que nous sommes une nouvelle fois devant un changement absolument majeur de notre manière d’enseigner, de transmettre, et d’interagir dans un cadre éducatif, a fortiori lorsque celui-ci est asynchrone et/ou à distance. ( Ertzscheid, 2023 [6]) »

Hypothèse

L’automatisation permise par les LLM rend raisonnable une triche automatisée dont le rapport coût/bénéfice est beaucoup plus avantageux qu’une triche manuelle.

De nombreux modules universitaires comportent des exercices rédactionnels à réaliser chez soi. Ces travaux sont généralement évalués et cette évaluation compte pour la validation du module et donc in fine, pour l’attribution d’un diplôme.

  • Dans certains contextes, il n’y a pas d’évaluation en présentiel sans ordinateur et donc la totalité de la note peut bénéficier d’une « aide extérieure ».
  • Souvent à l’université la présence et/ou la participation effective des étudiants lors des cours et TD n’est pas elle-même évaluée, et parfois il n’y a pas d’examen classique, en conséquence un étudiant a la possibilité de valider un cours sans y assister en produisant des rendus écrits qualitatifs à domicile.

Cette situation pré-existe à l’arrivée des LLM, mais nous faisons l’hypothèse suivante :

  • sans LLM il reste un travail significatif pour se faire aider par un humain ou copier des contenus glanés sur le Web ;
  • sans LLM il reste un risque important d’une production de qualité insuffisante (l’humain qui a aidé ou fait à la place n’est pas assez compétent, les contenus Web copiés ont été mal sélectionnés, ou mal reformulés, etc.) ;
  • avec un LMM il est possible de produire un écrit standard sans aucun effort, pour exemple la copie de philo évaluée à 11 a été produite en 1,5 minute ( Lellouche, 2023 [3]).

Triche ?

J’utilise le terme de triche car si la consigne est de produire un texte original soi-même alors le faire produire par un tiers est de la triche. L’existence d’un moyen simple pour réaliser un exercice n’est pas en soi une autorisation à l’utiliser dans un contexte d’apprentissage. C’est similaire à ce qu’on peut trouver dans un contexte sportif par exemple, si vous faites une course à vélo, vous ne devez pas être aidé d’un moteur électrique.

LLM et moteurs de recherche : différence de degré ou de nature ?

J’écrivais en 2015 à propos de l’usage des moteurs de recherche ( Le syndrome de la Bibliothèque de Babel) : « La question intéressante qui se pose aux pédagogues n’est tant de savoir si l’élève va copier ou pas, s’il va « tricher ». La question est de savoir comment maintenir un travail d’élaboration d’une démarche et de production sensément originale et personnelle qui repose explicitement sur une recherche – donc une recherche sur le web – alors que la réponse à la question posée s’invite sur l’écran, formulée très exactement telle qu’attendue. C’est à peine une simplification en l’espèce de dire que la réponse a été jointe à la question, par celui même qui a posé cette question. »

Les LLM font sauter cette barrière : là où les moteurs de recherche permettaient une réponse facile à une question récurrente, les LLM permettent une réponse immédiate à une question originale.

L’évaluation de tout travail avec un ordinateur

Notons que le problème se pose pour tous les travaux rédactionnels avec ordinateur, même en présentiel ou en synchrone. En effet dès lors que l’on veut que nos exercices s’appuient sur un accès à un traitement de texte, des recherches Web ou d’autres outils numériques, alors ils ouvrent l’accès aux LLM.

Il existe des solutions humaines ou techniques de surveillance des examens pour ouvrir l’accès à certains outils seulement, mais d’une part elles posent des problèmes pratiques, éthiques et juridiques, et d’autre part les LLM s’introduisent progressivement au sein des autres outils, ainsi par exemple le moteur de recherche.

Les LLM et les étudiants

Les LLM sont utilisés par les étudiants

Lors de mes cours du semestre dernier (mars à juillet 2023), j’ai rencontré plusieurs cas d’usage de LLM.

  • Ces cas s’apparentent à de la triche.
  • Les étudiants n’ont pas facilement admis leur usage (allant dans certains cas jusqu’à nier des évidences).
  • Ce sont des cas d’usages stupides de la part des étudiants, car non nécessaires pour la validation du cours, sans intérêt du point de vue pédagogique, et facilement détectables.

On peut retenir les arguments principaux revendiqués par les étudiants :

  • Le gain de temps (même si je sais faire, « flemme » ou « retard »).
  • La nécessité de ne pas échouer et la peur d’être pénalisé sur le niveau d’expression écrite.
  • Le fait de ne pas être « sûr » de tricher (ce n’est pas explicitement interdit).

Des étudiants qui n’utilisent pas encore les LLM pour les exercices rédactionnels les utilisent plus facilement pour la traduction automatique.

UTC : Un premier étudiant utilise ChatGPT (IS03)

Au sein du cours de l’UTC IS03 («  Low-technicisation et numérique »), les étudiants doivent réaliser des notes de lecture sur la base d’articles scientifiques. Un étudiant étranger non-francophone utilise grossièrement un LLM (probablement ChatGPT) pour produire en une semaine le résumé de plusieurs dizaines de pages de lectures d’articles scientifiques difficiles et de rapports longs. J’avais donné une liste de plusieurs lectures possibles, mais n’attendais évidemment des notes que concernant un ou deux documents.

Il faut plusieurs minutes de discussion pour qu’il reconnaisse ne pas être l’auteur des notes. Mon premier argument étant sur le niveau de langue obtenue (aucune faute, très bonne expression…) l’étudiant commencera par reconnaître qu’il utilise des LLM pour corriger son français (on verra que cette « excuse » sera souvent mobilisée). Sur le volume de travail fournit, il reconnaît alors utiliser des LLM pour « résumer ».

In fine, il se justifiera en affirmant qu’il n’a pas utilisé ChatGPT mais d’autres outils (ce qui est très probablement faux, mais en l’espèce n’a pas beaucoup d’importance).

C’était un cas tout à fait « stupide », l’étudiant avait produit des notes sur près d’une dizaine de rapports et articles, sous-tendant plusieurs heures de lectures scientifiques et autant de résumés, et avait produit des énoncés sans aucune faute, tout cela en maîtrisant mal le français.

UTC : 6 cas identifiés lors de l’Api Libre Culture

Une Activité Pédagogique d’Intersemestre (Api) est un cours que les étudiants choisissent au lieu de partir en vacances, en général par intérêt, dont les conditions d’obtention sont faciles : les étudiants sont en mode stage pendant une semaine (ils ne suivent que l’Api) et leur présence régulière suffit en général pour valider le cours et obtenir les 2 crédits ECTS associés. Un devoir individuel était à réaliser sur machine pour clôturer l’Api Libre Culture de juillet 2023. Il consistait essentiellement en un retour personnel sur la semaine de formation.

Lors de ce devoir de fin d’Api, 6 étudiantes et étudiants (parmi 20 participants en tout) ont mobilisé de façon facilement visible un LLM (ChatGPT ou un autre). Pour 4 d’entre eux c’était un usage partiel (groupe 1), pour 2 d’entre eux un usage massif pour répondre à certaines questions (groupe 2). J’ai communiqué avec ces 6 personnes par mail.

3 des étudiants du groupe 1 ont avoué spontanément, en s’excusant, conscients donc d’avoir certainement transgressé les règles de l’examen. La 4e personne a reconnu les faits après que j’ai insisté (envoi d’un second mail en réponse à un premier mail de déni).

Pour les 2 étudiants du groupe 2 :

  • le premier n’a reconnu les faits qu’après plusieurs mails et que je lui aie montré l’historique d’un pad (traitement de texte en ligne) qui comportait un copie/coller évident de ChatGPT.
  • le second, étudiant étranger parlant très bien français, n’a jamais vraiment reconnu les faits, s’en tenant à un usage partiel « pour s’aider en français » (loin de ce que j’ai constaté).

À noter qu’aucun étudiant ne niait avoir utilisé un LLM, leur défense était un usage non déterminant pour s’aider à formuler des choses qu’ils avaient produites eux-mêmes.

Pour les deux étudiants du groupe 2, j’ai décidé de ne pas valider l’Api, ils n’ont donc pas eu les crédits qu’ils auraient eu facilement en me rendant un travail de leur fait, même de faible niveau. Ils n’ont pas contesté ma décision, l’un des deux précisera même : « d’autant plus que j’ai déjà les compétences du fait du cours suivi dans un semestre précédent ».

Un étudiant en Nouvelle-Zélande reconnaît utiliser ChatGPT

« In May, a student in New Zealand confessed to using AI to write their papers, justifying it as a tool like Grammarly or spell-check: “I have the knowledge, I have the lived experience, I’m a good student, I go to all the tutorials and I go to all the lectures and I read everything we have to read but I kind of felt I was being penalised because I don’t write eloquently and I didn’t feel that was right,” they told a student paper in Christchurch. They don’t feel like they’re cheating, because the student guidelines at their university state only that you’re not allowed to get somebody else to do your work for you. GPT-3 isn’t “somebody else”—it’s a program. » ( Marche, 2022 [1] )

On note les deux arguments principaux produits :

  • je l’utilise car je ne suis pas très fort à l’écrit et je ne trouve pas normal que cela ma pénalise ;
  • ce n’est pas clairement interdit à l’université.

J’ai interviewé des collégiens et lycéens

  • ChatGPT est déjà utilisé au collège et au lycée : surtout par les « mauvais » élèves (selon les bons élèves)…
  • …et par les bons élèves occasionnellement, mais pour une « bonne raison » : manque de temps, difficultés rencontrées, etc.
  • Des outils d’IA dédiés à la traduction sont plus largement utilisés, y compris par les bons élèves.
  • À l’école « l’échec c’est mal » donc le plus important est de rendre un bon devoir (voire un devoir parfait).

Interviews de 6 collégiens et lycéens à propos des LLM

Les LLM sont capables d’avoir de bonnes notes

A à un exercice rédactionnel à l’UTC

Cet article fait suite à «  Turcs mécaniques ou magie noire ? » un autre article écrit en janvier sur la base d’un test de ChatGPT à qui j’avais fait passer un de mes examens. Pour mémoire ChatGPT obtenait selon ma correction 14/15 à cet examen second, égalité donc avec les meilleurs étudiants du cours.

B+ à un exercice rédactionnel en Grande-Bretagne

En mai 2022, Mike Sharples utilise le LLM [2] GPT-3 pour produire une rédaction dans le cadre de son cours de pédagogie ( Sharples, 2022 [7] ). Il estime qu’un étudiant qui aurait produit ce résultat aurait validé son cours. Il en conclut que les LLM sont capables de produire des travaux rédactionnels du niveau attendu des étudiants et qu’il faut revoir nos façons d’évaluer (et même, selon lui, nos façons d’enseigner).

Le journaliste et écrivain qui rapport l’expérience dans The Antlantic attribue un B+ à la rédaction mise à disposition par Mike Sharples ( Marche, 2022 [1] ).

11 au bac de philo

ChatGPT s’est vu attribué la note de 11/20 par une correctrice (qui savait qu’elle corrigeait le produit d’une IA) au bac de philosophie 2023. Le protocole n’est pas rigoureux, mais le plus important, comme le note l’article de Numerama ( Lellouche, 2023 [3] ) c’est que le texte produit est loin d’être nul, alors même que le LLM n’est pas spécifiquement programmé pour cet exercice. Un « GPTphilo » aurait indubitablement obtenu une meilleure note, et la version 2024 aura progressé. Probablement pas assez pour être capable de réaliser de vraie productions de philosophe, mais certainement assez pour être capable de rendre caduque un tel exercice d’évaluation (s’il était réalisé à distance avec un ordinateur).

66% de réussite dans le cadre d’une étude comparative

Farazouli et al. ( 2023 [8] ) ont mené un travail plus rigoureux pour évaluer dans quelle mesure ChatGPT est capable de réussir dans le cadre de travaux réalisés à la maison, et quelles conséquences cela a sur les pratiques d’évaluation. 22 enseignants ont eu à corriger 6 copies dont 3 étaient des copies ChatGPT et 3 des copies d’étudiants ayant préalablement obtenu les notes A, C et E (pour 4 de ces enseignants, ils n’avaient que 5 copies dont 2 écrites avec ChatGPT).

« ChatGPT achieved a high passing grade rate of more than 66% in home examination questions in the fields of humanities, social sciences and law. »

Dont :

  • 1 travail noté A sans suspicion que c’était une copie ChatGPT ;
  • 4 rendus notés B, dont 1 seul était suspecté d’avoir été réalisé avec ChatGPT.

On observe des disparités assez importantes en fonction des domaines :

Les notes obtenues par ChatGPT ont été meilleures en philosophie et en sociologie et moins bonnes en droits et en éducation
F E D C B A
Philosophie 3 2 7 6 3 0
Droit 9 4 0 2 0 0
Sociologie 6 6 1 1 3 1
Éducation 5 2 0 1 0 0

Remarque

On observe une grande disparité dans les évaluations d’un même travail (humain ou ChatGPT) par des évaluateurs différents (de F à A), ce qui interroge sur le protocole suivi et/ou sur la nature même de l’évaluation.

Corriger c’était déjà chiant…

La plupart des enseignants s’accordent sur le fait que le plus ennuyeux dans leur métier est la correction des travaux étudiants. Savoir que l’on corrige potentiellement des travaux qui n’ont même pas été produits par les étudiants est tout à fait démobilisant…

« La question c’est celle d’une dilution exponentielle des heuristiques de preuve. Celle d’une loi de Brandolini dans laquelle toute production sémiotique, par ses conditions de production même (ces dernières étant par ailleurs souvent dissimulées ou indiscernables), poserait la question de l’énergie nécessaire à sa réfutation ou à l’établissement de ses propres heuristiques de preuve. » ( Ertzscheid, 2023 [6] ).

Il est coûteux pour un évaluateur de détecter du ChatGPT

Prenons un exemple, Devereaux ( 2023 [9] ) nous dit qu’il devrait être facile pour un évaluateur de savoir si une source existe ou non. Il prend cet exemple car ChatGPT produit des références bibliographiques imaginaires.

  1. C’est en effet possible, mais ce n’est pas « facile », au sens où si vous avez beaucoup de rédactions avec beaucoup de références à lire, cela demande un travail important et a priori inutile ; lors de la correction de l’exercice de ChatGPT ( Turcs mécaniques ou magie noire ?), je me suis moi-même « fait avoir » y compris avec un auteur que je connaissais très bien : je ne connaissais pas les ouvrages mentionnés, mais les titres et co-auteurs était crédibles (et l’auteur prolifique !).
  2. C’est aussi un bon exemple de limite conjoncturelle de l’outil, il paraît informatiquement assez facile de coupler un LLM avec des bases de données bibliographiques pour produire des références à des sources qui soient existantes. La détection ne supposera pas seulement de vérifier que la référence existe mais qu’on soit capable de dire à quel point elle est utilisée à propos. Le correcteur se retrouve alors plus proche d’une posture de révision d’article scientifique, ce qui suppose un travail beaucoup plus important, de plusieurs heures contre plusieurs minutes pour la correction d’un travail d’étudiant.

À quoi sert la rédaction à l’école ?

À quoi sert la rédaction à l’école ?

L’exercice rédactionnel est un moyen pour faire travailler un contenu, mais c’est surtout un moyen pour les étudiants d’apprendre à travailler leur raisonnement.

On peut penser que la généralisation de l’usage de LLM conduise à la perte de compétences à l’écrit, mais surtout à la perte de capacités de raisonnement, pour lesquelles l’écrit est un mode d’entraînement

Pourquoi faire écrire ?

Bret Devereaux ( 2023 [9] ) s’est posé la même question — à quoi sert un exercice rédactionnel ( « teaching essay ») — dans le même contexte de l’arrivée de ChatGPT ? Il propose trois fonctions pour cet exercice.

  1. L’exercice est un moyen pour travailler (chercher, lire, explorer, étudier…) un contenu tiers (histoire, idée…) : l’usage de ChatGPT rend l’exercice totalement inutile, mais on peut assez facilement imaginer d’autres façon de faire travailler le contenu.
  2. L’exercice est un moyen d’apprendre à faire des rédactions : l’usage de ChatGPT rend aussi l’exercice inutile, mais une part importante des étudiants n’aura plus à produire de rédaction en dehors de l’école.
  3. L’exercice est un moyen d’apprendre à mettre en forme des idées par écrit. Ici encore l’usage de ChatGPT rend l’exercice inutile, puisque bien entendu, le résultat final obtenu n’a aucune importance (le contenu sera détruit après usage), et que seul compte le processus suivi (analyse des idées, organisation…). On peut considérer que l’usage d’un LLM est ici plus dommageable en ce sens qu’apprendre à penser via l’exercice rédactionnel est un processus d’apprentissage assez fondamental.

Exemple

Un étudiant qui a utilisé ChatGPT pour un exercice rédactionnel à l’UTC m’a transmis un de ses exemples d’usage, pour me montrer qu’il n’avait pas « triché » puisque le contenu venait de lui.

Il a ainsi donné en entrée à ChatGPT le texte suivant : « Le droit d’auteur, est une licence qui protège les œuvres artistiques et intellectuelles, genre les bouquins, les musiques, les films ou les tableaux. Ça donne aux créateurs le pouvoir de décider comment on peut utiliser, copier ou diffuser leur travail, et ça leur assure d’être reconnus comme ceux qui l’ont créé. »

Si l’on demande une reformulation à ChatGPT on obtient : « Le droit d’auteur est une forme de protection légale qui s’applique aux œuvres artistiques et intellectuelles, telles que les livres, la musique, les films et les œuvres d’art. Il accorde aux créateurs le pouvoir de contrôler l’utilisation, la reproduction et la diffusion de leur travail, tout en garantissant qu’ils soient reconnus en tant que créateurs de ces œuvres. »

On observe une correction de style, mais aussi une correction de fond. Le droit d’auteur n’est pas une « licence » (cette phrase n’a pas de sens) comme l’écrit l’étudiant, mais bien « une forme de protection légale » . En outre le même texte écrit avec beaucoup de fautes ressortira parfaitement écrit en français (l’étudiant qui m’écrivait avait certainement déjà corrigé préalablement son texte car le mail qui l’accompagnait comportait beaucoup de fautes d’orthographe et de formulation).

Si ChatGPT peut l’écrire, ça ne sert à rien ?

Un argument que produit Bret Devereaux et pas mal d’autres commentateurs devant les résultats obtenus par ChatGPT est le suivant : si une machine y arrive c’est que l’exercice est sans intérêt. « If your essay prompt can be successfully answered using nothing but vague ChatGPT generated platitudes, it is a bad prompt » ( Devereaux, 2023 [9] ).

C’est discutable :

  • Cette assertion suppose que l’exercice n’avait pas de sens en soi, même s’il était pratiqué avec intérêt avant, et la preuve qui est donnée est qu’une machine peut le faire. On peut faire l’analogie avec le fait de s’entraîner à faire de la course à pied à l’ère de la voiture (des arts martiaux à l’ère du fusil, du jardinage à l’ère de l’agriculture industrielle, etc.), ce n’est pas parce qu’une machine peut réaliser une tâche qu’il est inutile pour un humain de s’entraîner à la réaliser.
  • Farazouli et al. ( 2023 [8]) relèvent que les qualités mise en avant par les évaluateurs après correction de copies produites par ChatGPT étaient notamment : la qualité du langage, la cohérence, et la créativité. Dans certains contextes les productions de ChatGPT ne sont donc pas évaluées comme médiocres.

Ce que ChatGPT ne fait pas bien

À l’inverse Farazouli et al. ( 2023 [8] ) ont identifié des lacunes dans l’argumentation, le manque de références au cours et au contraire la présence de contenus extérieurs au cours.

La faiblesse argumentative est peut-être un défaut intrinsèque au sens où la mécanique statistique des LLM ne serait pas capable de simuler certains raisonnements. En revanche on note que le manque de références au cours et la présence de références extérieures est discutable (ça peut rester un moyen de détecter, mais c’est un assez mauvais objectif en soi).

  • En premier cycle universitaire on ne souhaite pas en général cette relation étroite au cours (il existe plusieurs approches, et un étudiant qui ferait le travail par lui-même serait tout à fait dans son rôle).
  • En second cycle, cela peut être le cas lorsque le cours porte sur un domaine en lien avec la recherche de l’enseignant typiquement. Mais la recherche est en général publiée et le LLM peut tout à fait être entraîné sur ces données et donc « connaître » ce domaine.

À quoi servent les évaluations à l’école ?

L’évaluation joue un double rôle : l’évaluation formative sert à guider l’apprenant (elle a vocation à lui rendre service), tandis que l’évaluation sommative joue un rôle de certification (elle a vocation à rendre service à un tiers).

Or on est souvent en situation de confusion de ces deux fonctions et cela conduit l’apprenant à se comporter comme s’il était en situation d’évaluation sommative et à chercher à maximiser ses résultats.

On note en particulier :

  • la fonction de classement entre les élèves des notes ;
  • la confusion entre l’exercice rédactionnel comme moyen (c’est le processus qui compte) ou comme fin (c’est le résultat qui compte).

Certifier ou réguler ? (confusion des temps)

L’évaluation peut poursuivre trois fonctions ( Hadji, 1989 [10]) :

  • Certifier (évaluation sommative) afin de statuer sur les acquis, valider un module de cours, délivrer un diplôme ; cette évaluation se situe après la formation.
  • Réguler (évaluation formative) afin de guider l’apprenant dans son processus d’apprentissage ; cette évaluation se situe pendant la formation.
  • Orienter (évaluation diagnostique) afin d’aider à choisir les modalités d’étude les plus appropriées en fonction des intérêts, des aptitudes et de l’acquisition des pré-requis ; cette évaluation se situe avant la formation (et en cela l’évaluation diagnostique se distingue bien de l’évaluation sommative en ce qu’elle se place avant la formation du point de vue de l’évaluateur).

« L’évaluation survient souvent à un moment trop précoce par rapport au processus d’apprentissage en cours ( Astofi, 1992 [11]) ».

C’est un défaut du contrôle continu, arrivant tôt, dès le début du cours même, il nous place d’emblée en posture sommative. Celui qui ne sait pas encore faire est donc potentiellement stressé par l’évaluation dont il refuse ou minore la dimension formative.

Entraîner ou arbitrer ? (confusion des rôles)

« Les fonctions d’entraîneur et d’arbitre sont trop souvent confondues. C’est toujours celle d’entraîneur dont le poids est minoré. ( Astofi, 1992 [11]) »

« Il reste à articuler les deux logiques de l’évaluation, dont l’une exige la confiance alors que l’autre oppose évaluateur et évalué ( Perrenoud, 1997 [12]) ».

Cette confusion des temps entraîne une confusion des rôles : l’enseignant est toujours de fait un certificateur, celui qui permet la validation du cours, la poursuite des études, l’orientation…

Se faire confiance

La question de la confiance au sein de la relation apprenant-enseignant était également relevée par Farazouli et al. ( 2023 [8] ) qui insistait sur la dégradation potentielle introduite par les LLM :

« The presence of AI chatbots may prompt teachers to ask “who has written the text?” and thereby question students’ authorship, potentially reinforcing mistrust at the core of teacher–student relationship »

Évaluation des compétences

Philippe Perrenoud ( 1997 [12]) défend une approche par compétences qui s’écarte d’une « comparaison entre les élèves » pour se diriger vers une comparaison entre « ce que l’élève a fait, et qu’il ferait s’il était plus compétent ». L’auteur souligne que ce système est moins simple et moins économique : « l’évaluation par les compétences ne peut qu’être complexe, personnalisée, imbriquée au travail de formation proprement dit ». Il faut, nous dit-il, renoncer à organiser un « examen de compétence en plaçant tous les concurrents sur la même ligne ».
Cet éloignement à la fonction de classement est intéressante à interroger. La fonction de classement des évaluations n’est pas, en général, revendiquée comme telle, mais elle persiste à travers les notes (A, B, C, D, E), la courbe de Gauss attendue de la répartition de ces notes, le taux de réussite, d’échec, de A. Ces notes ont également une fonction de classement pour l’accès à des semestres d’étude à l’étranger par exemple, ou pour des stages.

Il ne s’agit donc pas seulement de la fonction formative et de l’apprenant face à sa note.

La tâche n’est qu’un prétexte

« La tâche n’est qu’un prétexte », nous rappelle Philippe Meirieu ( Meirieu, 2004 [13]), pour s’exercer en situation d’apprentissage ou pour vérifier qu’on a acquis certaines habiletés.

Il est déterminant de différencier les deux situations :

  • dans le premier cas on peut travailler à apprendre avec l’apprenant sans se focaliser sur ce qu’on produit ;
  • dans le second, en revanche, cas l’énergie de l’apprenant est concentrée sur le résultat, il cherche à se conformer aux attentes de l’évaluation.

On oublie que la tâche n’est qu’un prétexte, le « livrable » qu’on demande est un outil et non un objectif, dans l’immense majorité des cas la dissertation ne sera pas lue pour ce qu’elle raconte, mais uniquement pour produire une évaluation. La résolution du problème de mathématique ou le compte-rendu d’expérience de chimie ne revêt aucun intérêt en soi, puisque, par construction, le lecteur connaît déjà la réponse. C’est à la fois une évidence et quelque chose que le processus évaluatif fait oublier, et in fine, c’est bien au résultat qui est produit que l’étudiant, comme souvent l’enseignant, prête attention, plutôt qu’au processus d’apprentissage.

Évaluation des moyens mis en œuvre et non d’un niveau atteint

À travers l’étude des travaux de Joseph Jacotot, Jacques Rancière ( 1987 [14]) propose que ce qui compte n’est pas ce qu’on apprend mais le fait qu’on apprenne et qu’on sache que l’on peut apprendre, avec sa propre intelligence. Le « maître ignorant » n’est pas celui qui transmet le savoir, il est celui qui provoque l’engagement de l’apprenant, qui s’assure qu’il y a engagement. Selon ce dispositif, la notion même d’évaluation sommative n’est pas possible, puisque le maître est ignorant de ce que l’élève apprend (Jacotot enseigne ainsi les mathématiques ou la musique dont il n’a pas la connaissance).

Cette approche pourrait inspirer à l’évaluation un rôle de suivi de l’engagement (présence, travail…) décorrélé de toute évaluation de résultat : présence et participation en cours et en TD. Notons que le système ECTS [15] est déjà basé sur une charge de travail requise (25 à 30 heures pour 1 crédit).

Remise en question de l’évaluation sommative

L’évaluation via des examens et des notes est un processus peu fiable, en témoignent les variations que l’on observe entre différents évaluateurs, et les variations dans le temps observées auprès d’un même évaluateur ( Hadji, 1989 [10]). On peut donc minorer l’importance de la fonction certifiante de certaines notes. Or les notes coûtent cher à produire par le temps et l’attention qu’elles exigent des enseignants et des apprenants.

On peut donc se poser la question du supprimer, ou diminuer, l’évaluation sommative. Cela pour une partie des enseignements au moins, quitte à garder des espaces sommatifs pour répondre à des nécessités de classement ou certification.

Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ?

  • Interdire l’usage des LLM par défaut dans le règlement des études (en sachant que ça va devenir difficile d’identifier quand ils sont mobilisés) ?
  • Utiliser des moyens techniques de détection de fraude (et entrer dans une « course à l’armement ») ?
  • Améliorer nos exercices rédactionnel pour « échapper aux LLM » tout en restant en veille sur ce qu’ils savent adresser de nouveau ?
  • Renoncer aux travaux rédactionnels évalués à la maison ?
  • Évaluer uniquement en fin de module, voire en dehors des modules et/ou procéder à des évaluations de compétence individuelles ?
  • Organiser des évaluations certifiantes en dehors des cours (évaluation de compétences, examens transversaux…) ?
  • Diminuer la pression sur les étudiants et modifier le contrat pédagogique passé avec eux ?
  • Simplifier la notation, ne conserver que les résultats admis ou non admis, pour évacuer toute idée de classement ?
  • Passer d’une obligation de résultat à une obligation de moyen, c’est à dire valider les cours sur la base de la présence ?
  • Ne plus du tout évaluer certains cours (en réfléchissant contextuellement à la fonction de l’évaluation sommative) ?

Interdire ChatGPT ?

« And that’s the thing: in a free market, a competitor cannot simply exclude a disruptive new technology. But in a classroom, we can absolutely do this thing ( Devereaux, 2023 [9]) »

C’est vrai, et le règlement des études peut intégrer cette interdiction a priori. Mais les LLM vont s’immiscer au sein de tous les outils numériques, a commencer par les moteurs de recherche, et cela va être difficile de maintenir l’usage d’outils numériques sans LLM.

mème classique : Bernie Sanders, un vieil homme face caméra sous le titre "les profs" dit : "je vous demande une fois encore de ne pas utiliser chatGPT"

Utiliser des moyens techniques de détection de fraude ?

Des systèmes de contrôle dans le contexte de l’évaluation à distance ou des logiciels anti-plagiat existent, mais :

  • cela pose des problèmes de surveillance et d’intrusion dans les machines des apprenants ;
  • cela suppose une « course à l’armement » entre les systèmes de détection et les systèmes de triche.

Il faut des résultats fiables pour être en mesure d’accuser un étudiant de fraude.

Adapter nos exercices et rester en veille ?

« Likewise, poorly designed assignments will be easier for students to cheat on, but that simply calls on all of us to be more careful and intentional with our assignment design ( Devereaux, 2023 [9]). »

Certains exercices pourront être en effet aménagés pour rendre plus difficile l’usage de LLM. On peut avoir une exigence argumentative plus élevée et/ou poser des questions plus complexes (en réfléchissant à pourquoi on ne le faisait pas avant, ce qui doit être modifié pour atteindre ce nouvel objectif, etc.). On peut augmenter le niveau d’exigence demandé (en réfléchissant au fait que cela puisse exclure des étudiants, au fait qu’il faille relâcher d’autres exercices par ailleurs…).

Mais pour certains exercices ce ne sera pas possible (thème et version en langue par exemple). Et de plus cela implique une logique de veille active entre la conception de ces exercices et l’évolution rapide des capacités des outils qui intégreront des LLM.

Renoncer aux travaux à la maison (ou à leur évaluation)

On peut décider de ne plus évaluer les travaux réalisés à la maison.

On peut alors imaginer plusieurs formes de substitution : retour aux devoirs sur table et sans ordinateur, passage à l’oral…

Évaluer en dehors des cours ?

On peut imaginer :

  • des évaluations certifiantes totalement en dehors des cours (sur le modèle du TOEIC ou du baccalauréat, par exemple pour les langues donc, pour l’expression française, pour des connaissances dans certains domaines, des compétences rédactionnelles…) ;
  • des évaluations certifiantes calées uniquement en fin d’UV (examen final de sortie de cours, avec éventuellement rattrapage, sans plus aucune note intermédiaire) ;
  • des évaluations de compétences individuelles (intéressantes pédagogiquement, mais coûteuses à organiser et demandant des compétences avancées de la part des évaluateurs).

Diminuer la pression sur les étudiants ?

Le contrat ECTS est très exigeant. 30 crédits par semestre c’est 750 à 900 heures attendues de travail en 16 semaines, vacances comprises, soit 45h à 55h par semaine. Plus la pression sur le temps est importante plus la tentation de tricher est grande.

On peut imaginer de renouer un contrat pédagogique d’un autre ordre avec les étudiants, fondé sur la confiance réciproque et la recherche de leur intérêt.

Simplifier la notation (pass or fail) ?

L’UTC a connu un système à 3 notes : « admis », « non admis » et « mention » (équivalent à A). Dans ce système, on prête moins d’attention à la fonction sommative des évaluations. Si un apprenant obtient une note suffisante à un premier examen par exemple, il sait qu’il validera le module et il n’a pas d’intérêt particulier à optimiser ses autres évaluations sommatives.

Sauf à viser un A, mais on peut aussi se passer du A : c’est le cas des Activité Pédagogiques d’Inter-semestre à l’UTC qui sont évaluées juste avec « reçu » ou « non reçu ».

Mème classique avec personnage dégoûté par "corriger des copies d'étudiant⋅es rédigées par des IA", le même ravi par "Demander à des IA de corriger des copies d'étudiant⋅es rédigées par des IA"

Passer d’une obligation de résultat à une obligation de moyen ?

De fait certains cours sont mobilisés pour la validation du diplôme, voire la sélection et le classement des étudiants, et d’autres comptent très peu pour cet objectif en pratique.

Certains cours pourraient donc être exclus du processus d’évaluation sommative (comme en formation professionnelle). On économiserait le temps de travail d’évaluation sommative qui pourrait être réinvesti ailleurs. Quelques étudiants en profiteraient certainement pour « passer au travers » de certains contenus, il faudrait pouvoir évaluer dans quelle mesure cela serait pire qu’aujourd’hui.

Renoncer à noter ? (pourquoi note-t-on ?)

Certains cours, sinon tous, pourraient donc échapper totalement à la notation.

À quelle fin évalue-t-on les étudiants dans une école qui a sélectionné à l’entrée comme l’UTC ?

  • Pour valider que les étudiants ont été « bien » sélectionnés ?
  • Pour les « forcer » à travailler ?
  • Pour faire « sérieux » ?
  • Pour répondre aux demandes d’organismes de certification du diplôme ?

 

réunion de conseil d'administration d'université — nous avons un grave problème : comment allons-nous évaluer les étudiants s'ils fraudent avec un LLM ? — on interdit tout sauf le stylo ? — on les punit ? — on arrête de noter ? Le jeune homme décontracté qui faisait cette dernière suggestion déclenche la fureur de l'animateur de la réunion, qui le passe par la fenêtre de l'immeuble.

Notes et références

[1] – Marche Stephen. 2022. The College Essay Is Dead. in The Atlantic. https://www.theatlantic.com/technology/archive/2022/12/chatgpt-ai-writing-college-student-essays/672371/

[2] – LLM (Large Language Model) : Les grands modèles de langage (ou LLM, pour « Large Language Model ») sont des mécanismes d’Intelligence Artificielle. Une de leurs applications les plus connues est la génération de textes ou d’images. L’ouverture au public de ChatGPT, en novembre 2022, a popularisé cette application. Chaque grande entreprise de l’informatique sort désormais son propre modèle, son propre LLM.

https://framablog.org/2023/07/31/que-veut-dire-libre-ou-open-source-pour-un-grand-modele-de-langage/

[3] – Lellouche Nicolas. 2023. Oubliez Enthoven : ChatGPT a eu la moyenne au bac de philo et c’est ce qui compte, Oubliez Enthoven. in Numerama. https://www.numerama.com/tech/1415146-vous-navez-pas-besoin-de-neurone-pour-avoir-votre-bac-de-philo.html.

[4] – Bortzmeyer Stéphane. 2023. Que veut dire « libre » (ou « open source ») pour un grand modèle de langage ?. https://framablog.org/2023/07/31/que-veut-dire-libre-ou-open-source-pour-un-grand-modele-de-langage/.

[5] – Tiernan Ray. 2020. Qu’est-ce que GPT-3 ? Tout ce que votre entreprise doit savoir sur le programme de langage d’IA d’OpenAIQu’est-ce que GPT-3 ?. https://www.zdnet.fr/pratique/qu-est-ce-que-gpt-3-tout-ce-que-votre-entreprise-doit-savoir-sur-le-programme-de-langage-d-ia-d-openai-39908563.htm.

[6] – Ertzscheid Olivier. 2023. GPT-3 : c’est toi le Chat.GPT-3. https://affordance.framasoft.org/2023/01/gpt-3-cest-toi-le-chat/.

[7] – Sharples Mike. 2022. New AI tools that can write student essays require educators to rethink teaching and assessment. https://blogs.lse.ac.uk/impactofsocialsciences/2022/05/17/new-ai-tools-that-can-write-student-essays-require-educators-to-rethink-teaching-and-assessment/.

[8] – Farazouli Alexandra, Cerratto-Pargman Teresa, Bolander-Laksov Klara, McGrath Cormac. 2023. Hello GPT! Goodbye home examination? An exploratory study of AI chatbots impact on university teachers’ assessment practicesHello GPT! Goodbye home examination?. in Assessment & Evaluation in Higher Education. vol.0 n°0 pp1-13.https://doi.org/10.1080/02602938.2023.2241676.

[9] – Devereaux Bret. 2023. Collections: On ChatGPTCollections. in A Collection of Unmitigated Pedantry. https://acoup.blog/2023/02/17/collections-on-chatgpt/.

[10] – Hadji C.. 1989. L’évaluation, règles du jeu: des intentions aux outils. ESF.

[11] – Astolfi Jean-Pierre. 1992. L’école pour apprendre: l’élève face aux savoirsL’école pour apprendre. ESF.

[12] – Perrenoud Philippe. 1997. Construire des compétences dès l’école. ESF.

[13] – Meirieu Philippe. 2004. Faire l’école, faire la classe: démocratie et pédagogieFaire l’école, faire la classe. ESF.

[14] – Rancière Jacques. 1987. Le maître ignorant: cinq leçons sur l’émancipation intellectuelleLe maître ignorant. Fayard.

[15] – ECTS (European Credit Transfer and accumulation System). Le système européen de transfert et d’accumulation de crédits a pour objectif de faciliter la comparaison des programmes d’études au sein des différents pays européens. Le système ECTS s’applique principalement à la formation universitaire. Il a remplacé le système des unités de valeur (UV) jusque-là utilisé en France. wikipedia.org




Framasoft 2022 : a casserole cooked up thanks to you, thanks to your donations

Did you know that 98% of Framasoft’s budget is based on donations (86% of which are from individuals). It is therefore thanks to you and your support (thank you!) that all our actions are possible. So we wanted to give you a summary of what we have done in 2022. A look back at 12 months of popular education on the challenges of digital and cultural commons, which we wanted to be rich in flavours to please your (and our!) taste buds.

« Collectivise Internet / Convivialise Internet🦆🦆 » The actions of our new roadmap are funded by your donations, You will find a short presentation of this roadmap on our Support Framasoft website.

➡️ Read all blogposts of this campaign (oct. – déc. 2022, mostly in French)

Illustration CC BY David Revoy

But who is behind the stove?

Behind this little feast, who is there? A small group of 38 people: 28 volunteers and 10 employees, convinced that a world where digital technology allows us to gain freedom is possible! We tell you here what we did, thought about and moved forward in the kitchens. And the ovens are still hot!

Sharing our values, intentions and actions loud and clear

After 3 years of work, workshops guided by Marie-Cécile Godwin and fine-tuning by the association, we published our manifesto in November. This long work made us think a lot and allowed us to highlight very simply the political dimension of our associative project: we want to change the current world for a better one, where the Commons are favoured, where social justice is a fundamental value and where our liberties are preserved.

The second part of this important work was to make sure that our manifesto intentions are understood as soon as they arrive on framasoft.org. We have therefore completely redesigned our main website to make our associative project clear, fluid and easily understandable.

Illustration CC BY David Revoy

Collectivise Internet / Convivialise Internet: our new roadmap 2023-2025

After 5 years on course with Contributopia, we needed to refine our compass and review our direction: where do we want to continue our exploration for the next few years? This is how the new roadmap Collectivise Internet / Convivialise Internet (code name: COIN / COIN – quack in french) was created: we want to address more directly the collectives and associations committed to a better world (without putting aside the thousands of people who use our tools!).

4 projects have been unveiled and will be progressively improved as the months go by thanks to the beneficiaries’ feedback, with the idea of creating more links between the tools and the people:

  • Frama.space: offering liberated cloud to small activist collectives
  • Peer.tube: to promote the PeerTube for which we are working
  • Emancip’Asso: to promote the digital emancipation of the associative world
  • ECHO Network: to understand the needs of popular education in different European countries.

We have detailed the actions of this roadmap and why we are undertaking them on the Framablog (in french…!).

Banquet simple, dans une jardin partagé, où des animaux mascottes du libre sont servis par des canards
Illustration CC BY David Revoy

Seeing each other again and seeing you again: it’s a real boost!

This year 2022 will also have been marked by a more intense resumption of shared moments, in the flesh (with good airing!): GAs, Framacamp, events, fairs, conferences, festivals, film screenings, round tables… Because as much as we love doing all this, seeing you and us motivates us, boosts us and encourages us to continue testing new, ambitious, wacky and funny projects (Remember Proutify? The extension has just been updated by one of our volunteers)… it’s so important to have fun doing all this!

Dessin d'un Canard qui sourie en très gros plan, de manière comique, tandis que derrière lui des canards font la fête dans une kermesse champêtre
Illustration CC BY David Revoy

 

Without you, everything we do would not be possible: 98% of the association’s resources come from donations. Do you think that our reflections are going in the right direction? If you have the means, if you have the desire, we thank you in advance for your support.

 

Support Framasoft

 

As an appetizer: popular education buffet

For us, popular education is the basis for a better world: everyone can share their knowledge and access it, in all simplicity. We present here the different popular education actions carried out this year.

Sharing knowledge and points of view

To begin with, Framasoft intervened, in person or remotely, in various spaces, to talk about digital emancipation, alternative digital, or how to be free online. Our members have made more than 70 interventions, for different structures, associations or groups, in different regions of France. You can watch some of these interventions on our Framatube channel.

Then, Framasoft keeps the pen active on the Framablog. More than 100 articles have been published this year, between presentations of our different actions, translations of Framalang, weekly press review, guest keyboards, interviews of various emancipatory projects, audio articles… The Framablog is a space where we express ourselves without limits.

We also intervened about twenty times in the media when we were asked to share our points of view on digital issues: video interviews, podcasts, articles… You will find the different links accessible on this page.

Illustration CC BY David Revoy

Des Livres en Communs: the publishing house that breaks the rules

Our publishing house, Des Livres en Communs (formerly Framabook), is turning the publishing codes upside down by offering a grant to authors upstream of the writing process, as well as the publication of the work under a free licence, in digital form only.

Following the first call for publication launched in January: « Towards a more contributive, more united, more ethical and more free world: how to equip and organise ourselves together », the project « L’amour en Commun », by Margaux Lallemant and Timothé Allanche was selected. The objective of this publication is to question how the commonality of love, as a means of organisation and a motor of commitment, allows us to build an alternative to capitalist society.

The book is currently being created, between fieldwork and immersions, while being accompanied by our publishing committee.

Des Livres en Communs also participated in the co-editing and proofreading of the « Guide du connard professionnel », a work carried out with PtiloukEditions.

Illustration CC BY David Revoy

UPLOAD: a free university that is growing

The Free, Open, Autonomous and Decentralised Popular University (UPLOAD: standing for Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome, et Décentralisée in french) is a large popular education project initiated and coordinated by Framasoft (for the moment), in a decentralised and networked logic. The objective is to contribute (on our scale) to making society more just and our world more liveable, by focusing on the training of citizens by citizens.

This project is largely formed by the LibreCourses, online courses allowing access to different knowledge and skills. Stéph offered us a conference (in french) to present the topic during the Free Software Days.

This year’s Librecourses will have been punctuated by the theme « Low-tech and digital »: a first session between April and June and a second between November and January 2023. Do you also find the exponential growth of digital technology problematic? Are you interested in reducing the technical footprint of a tool? You can find the videos of the courses here.

Illustration CC BY David Revoy

Peer.tube: a showcase for PeerTube that looks like us

With Peer.tube, we want to create a showcase for PeerTube, with quality content selected in advance. It’s our answer to a question we’re often asked: « But where do I find interesting content on PeerTube? The Peer.tube site is already available with a first selection of channels and videos, but the project will only really move forward next year.

Sepia, læ poulple mascotte de PeerTube, est au bord de la mer. Iel nous invite sur un ponton menant à une plein de voiliers. Un film est projeté sur chacune des voiles de ces voiliers.
Illustration CC BY David Revoy

 

Has our popular education buffet piqued your curiosity? Do you think our contributions are going in the right direction? Then we’d like to reiterate that all this was made possible thanks to you and your donations – thank you!

I support Framasoft’s popular education actions

 

Main course: digital empowerment frying pan

Enabling citizens to become digitally empowered and free their practices is the core of our actions. But what is this good pan made of? Liberated ingredients, quality, and a good pinch of love. We tell you all about it.

Online services to do without the digital giants

Our online services are often the reason why people know us: more than 9 out of 10 people told us so during our survey « What you think of Framasoft » launched at the end of May. And to tell the truth, we were not very surprised. To give you some figures, we count more than 50 million visits on all our sites since the beginning of the year, more than 350 surveys are created every day on Framadate, nearly 15,000 forms are created every month on Framaforms, nearly 110,000 collaborative writing pads are active on Framapad. We still find this incredible!

Between 2014 and 2019, our little association has made around 40 free and trusted online services available to Internet users (yes, 40!). For many reasons, this was too much, and we have gradually closed, between 2019 and 2022, a part of these services, while proposing alternatives. This period of closure is now over: our 16 online services are available to anyone who wants to use tools that respect our freedoms. We have therefore decided to update and redesign the degooglisons-internet.org website to make it an easily accessible gateway, to make it reflect our image and above all to reassure our users.

Keeping these services up to date, managing the machines that run them or answering your questions about support, is a daily job, and we try to put our best efforts into it!

Illustration « Quittons la planète GAFAM NATU BATX », CC BY David Revoy
Illustration CC BY David Revoy

 

PeerTube: freeing your videos and channels is getting easier

PeerTube is the software we develop (well, one of our employees, yes, one!) to offer an alternative to video platforms. And 2022 will have been a year rich in evolutions, where we now count more than 1000 active PeerTube platforms.

Let’s go to V5!

To begin with, version 4.1 was released in February, bringing interface improvements, new mobile features, an improved plugin system, new search filters and new instance customization possibilities for admins.

In June, we released version 4.2, which brought a great new feature: the Studio, or the possibility to edit videos directly from the web interface. This version also brought more detailed viewing statistics, the possibility to adjust the latency during a broadcast or the direct editing of subtitles (thanks Lutangar!)

In September, version 4.3 was released, allowing the automatic import of videos from a remote channel (thanks to Florent, one of the administrators of the PeerTube Skeptikón instance) and new improvements to the interface and the integration of live videos (a collaborative effort with a designer from la Coopérative des Internets).

And we can already tell you that the new major version, v5, will be released in a few days with (exclusive information!) two-factor authentication or the possibility to send live files to the cloud for admins…

Edit of December 13th : V5 is released ! Find all the information on this article.

Collecting your ideas to enrich the software

Do you create content on PeerTube? Do you enjoy watching videos on PeerTube? In July, we launched the ideas.joinpeertube.org tool (in english) to collect your needs for the software and help us identify new features to develop to make PeerTube more enjoyable to use.

Please feel free to take a look around, to vote for one of the features already proposed or to propose a new one. A big thank you to everyone who took the time to share their opinion!

joinpeertube.org: easier access to PeerTube

joinpeertube.org is THE site that introduces PeerTube, THE gateway to information about this alternative to centralized video platforms, and we want to leave it wide open!

The previous version of joinpeertube.org was mainly focused on the technical features of PeerTube, and therefore addressed to technical profiles. However, now that there are more than 1,000 PeerTube platforms, we felt that it was necessary to promote the software to a wider audience who may be less digitally literate.

After an audit of the site via user tests carried out by La Coopérative des Internets, the web agency proposed improvements to allow a better understanding of PeerTube. You will find all the details of this version on this article of the Framablog: and we hope that this redesign will be useful and will facilitate the use of PeerTube!

Illustration CC BY David Revoy

Mobilizon: we make it easy for you to search

Mobilizon is the software that Framasoft is developing (well, one of our employees⋅es and not even full time!) to offer an alternative to Facebook events and groups.

Mobilizon Search Index, a search engine in the fediverse

As we did before with Sepia Search (our search engine for discovering content published on PeerTube), we want to offer a gateway to Mobilizon to show its emancipatory potential.

Mobilizon Search Index references the events and server groups that we have approved on instances.joinmobilizon.org (currently a little over 80 instances, and we hope the list will grow!). The search engine then allows you to explore the events and groups of all these servers, and in different ways: search bar (well, it’s rather classic), by categories (interesting, isn’t it?) or even by geolocating yourself to find events nearby (crazy!).

The source code is free-libre : anyone (with some computer skills, anyway…!) can install a Mobilizon Search Index, and adapt it to their needs.

So, does this make you want to test it?

A v3 focused on research

We released the 3rd major version of Mobilizon in November. The software has reached the maturity we wanted it to have, and that is very motivating!

In the new features: many elements of the software have been modified to avoid accumulating technical debt, the design of the homepage has evolved in design, and the search results page has also been revised (hello Mobilizon Search Index!). Increasing the possibilities of discovering events and groups to make the diversity of content published on Mobilizon more visible was also the goal of this v3.

This v3 was able to evolve thanks to the various contributions (thanks to the community!), was partly financed by a grant from NLNet (thanks to them!), and of course by you, and your donations (again a big thank you).

gros plan sur Rose, la fennec mascotte de Mobilizon, qui tient une loupe à la main. En fond, une carte représentant un village où des chemins mènent à un poitn commun. Au dessus d'elle, le symbole d'un lieu estampillé "v3"
Illustration CC BY David Revoy

Frama.space: emancipating small associations and activist collectives

Frama.space is a new service (in french) that we offer to small associations and activist collectives, to allow them to match their strong internal values (of social justice and emancipation) with digital tools in the same direction (free and non-monopolistic tools). We want to empower associations and activist collectives by opening digital spaces for sharing, working and organising (up to 50 accounts per collective, based on the free software Nextcloud with: office suite, 40 GB of storage, synchronisation of diaries and contacts, video tools, etc.).

Announced on 15 October when our roadmap Collectivisons / Convivialisons Internet was released, pre-registration has been open since 18 November. Currently, applications are being reviewed (by real⋅es human⋅es!) to open 250 first spaces by the end of the year. Our ultimate goal (a tad ambitious, yes!) being to make 10,000 Frama.space spaces available by the end of 2025.

Do you want to read more about the political aim of the project? We invite you to read this article or to watch this conference, which provides all the important details.

Une licorne déguisée en cosmonaute (avec une passoire sur la tête) marche sur les nuages et souffle des bulles. Dans ces bulles, on retrouve des cubes symbolisant le travail en commun (dossiers, boite à outils, livres, machine à écrire, boulier, etc.).
Illustration CC BY David Revoy

 

Do you find our actions to empower citizens through digital technology interesting? Do you think we are going in the right direction? All this was possible thanks to you and your donations. Thank you!

 

I support Framasoft’s digital empowerment actions

 

For dessert: farandole of a better world (to share!)

Because a good meal is always better when shared. And because it’s by sharing our know-how that we can go further. We act with other structures, which, like independent islands, bathe in the common waters of the same archipelago (can you also imagine floating islands with a good custard?): we keep our independence while sharing values of social justice. Acting together is obvious!

From the kittens’ side

The CHATONS (kittens in french) collective is a bit like a network of online service CSA(Community Supported Agriculture). Where Google, Facebook or Microsoft would represent the agri-food industry, the members of CHATONS would be computer farmers offering organic online services without GMOs, pesticides, aggressive marketing, in short: without a « race for purchasing power ».

At the end of this year, after already 14 litters of kittens, we count 97 members in the collective, i.e. 97 alternative hosts working in the same direction: resisting the gafamisation of the Internet and proposing alternatives respectful of our private lives.

The collective was present on different events during the year (Free Software Days, Digital Accessibility Workshop, Geek Faeries, Freedom Not Fear, Fête de l’Huma, Capitole du Libre), to present its actions. The second CHATONS camp took place this summer, a great time to meet and to relaunch great collective dynamics. Different working groups were created, in particular the group « An association for the CHATONS collective » aiming at an autonomization of the collective with the aim that we (Framasoft) leave little by little the coordination of the collective to the collective itself.

Illustration CC BY David Revoy

Emancip’Asso: promoting the digital emancipation of the associative world

The aim of Emancip’Asso is to help associations to find support to help their digital practices evolve towards more ethical practices. Designed in partnership with Animafac, 2022 will have been a year of… paperwork (yes, this is often the beginning of ambitious projects!).

We spent some time putting together a steering committee (20 members) that was varied, heterogeneous and representative of the diversity of the associative world. Then, as the project was intended to be financially independent, the first six months of the year were devoted to fundraising, which bore fruit (hurrah!). We currently have four funders (and we hope that the list will continue to grow!): the Charles Léopold Mayer Foundation for the Progress of Humankind, the Crédit Coopératif Foundation, the Un monde par Tous Foundation and the Libérons nos ordis Association.

The first funding allowed us to work on the first stage of the project: a training course for ethical hosts to help them accompany associations in their digital transition. Search for speakers, preparation of the programme and logistics: the training (it’s full!) will take place in Paris, from 16 to 20 January 2023 (the programme in detail is here).

Finally, at the end of this year, we applied to different student programs to set up two working groups: one on the graphic identity of Emancip’Asso (in progress!), and a second one on the realization of the emancipasso.org website (to come).

You can find Angie and Anne-Laure presenting the project on video here.

un chaton patissier qui présente un nuage-gateau fait sur commande, tansdi qu'en arrière plan d'autres chatons cuisinent un autre nuage gâteau au millieu de leur village arbre-à-chats
Illustration CC BY David Revoy

ECHO Network: understanding the digital needs of popular education, here and elsewhere

2022 will also have been the year of the development of the European project « Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network » (ECHO Network, it’s a bit easier to remember…). Led by the popular education movement CEMÉA France, the project brings together 7 structures from 5 European countries (France, Belgium, Croatia, Germany, Italy). What do they have in common? The support, each at its own level, of the public in their autonomy and emancipation.

The objective of the project is to exchange on the difficulties, opportunities and ways to accompany the public that our associations serve towards a digital transition. And the background: how to accompany this emancipation in (or even by) a digital world centralised by the web giants?

The first meeting of the exchange will take place in Paris from 14 to 17 January 2023. This opening seminar will allow us to unpack the general theme: supporting the digital transition of associations that train citizens. Read more here.

Dessin de cinq iles en cercle, chacune avec des constructions d'une culture différente. Elles communiquent ensemble en s'envoyant des ondes, des échos.
Illustration CC BY David Revoy

And that’s not all!

Knowledge transfer

With Hubikoop (territorial hub of the New Aquitaine region for an inclusive digital environment) we started in September the animation of the course « Accompaniment to the discovery of ethical digital services » : 8 workshops for the actors of the digital mediation in New Aquitaine. This partnership is starting to give rise to new ideas, which we will tell you about next year!

In the framework of the PENSA project with Aix-Marseille University, we intervened in June for a training of trainers on the theme « Free software and services for the digital emancipation of citizens ». The final objective is to enable teachers to develop their skills for a critical use of digital technology in education.

We have also carried out various actions in connection with AFPA and more specifically the people in charge of the training of Digital Mediation Space Managers, to transmit more knowledge on ethical digital.

Framasoft also became a member of the MedNum. Our ambitions behind this? To raise awareness of free tools among digital mediation actors, to train digital mediators in ethical alternatives and to equip the cooperative itself with free tools.

Finally, you will find us in the booklet « Le temps des conquêtes, les nouveaux horizons de l’ESS » published by ESS France.

Important statements taken

The L.A. Coalition (of which Framasoft is a member) took a position in April on the Republican Commitment Contract: the collective denounced it as a potential source of litigation and abusive sanctions by the administration or public authorities to the detriment of associations and foundations.

The first abuses of the republican commitment contract quickly emerged. We signed the tribune «Civil disobedience is part of the freedom of expression and the repertoire of legitimate actions of associations », published in l’Humanité in September: associative freedoms are essential and currently in danger.

We also signed the tribune « For the digital commons to become a pillar of European digital sovereignty » by Wikimedia France in June. Cultural commons are an integral part of Framasoft’s social purpose, defending them is essential!

Support by conviction

Following the announcement of its very difficult financial situation this summer, we supported the media NextINpact (very qualitative digital watch) by buying « suspended » subscriptions that we drew at random.

We also supported affordance.info (qualitative content on digital and relevant social issues) by migrating its blog from a non-free tool (Typepad) to a free tool (WordPress), all hosted by us.

We proposed a Signal proxy (free messaging) following a call from the structure informing of the blocking of its application by the Iranian regime in the face of the current revolts.

Illustration CC BY David Revoy

 

Did you like our shared dessert? You think that these actions carried out with other islands of our archipelago are to be encouraged? Know that they are also only possible thanks to you and your donations. Thank you again!

 

I support Framasoft’s archipelago actions

 

Framasoft, today, is more than 50 000 € of expenses per month. We closed the 2021 accounting year with a deficit of €60,000 (which donations – more generous during the 2020 confinements – fortunately allowed us to absorb).

At the time of writing, we estimate that we are €127,500 short of our annual budget and can confidently launch our actions in 2023.
If you can (yes, at the moment it is particularly complicated), and if you want to, please support the actions of our association.

I support the actions of Framasoft

 

 




Framasoft 2022 : une tambouille mijotée grâce à vous, grâce à vos dons

Le saviez-vous ? 98 % du budget de Framasoft repose sur des dons (dont 86 % sont des dons de particuliers). C’est donc bien grâce à vous et à votre soutien (merci !) que toutes nos actions sont réalisables. Nous avons ainsi voulu vous faire un résumé de la tambouille concoctée sur cette année 2022. Retour sur 12 mois d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels, que l’on a voulu riches en saveurs pour le bonheur de vos (et nos !) papilles.

« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 »Les actions de notre nouvelle feuille de route étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (oct. – déc. 2022)

Illustration CC BY David Revoy

Mais qui est derrière les fourneaux ?

Derrière ce petit festin, il y a qui ? Un petit groupe de 38 personnes : 28 bénévoles et 10 salarié⋅es, convaincu⋅es qu’un monde où le numérique nous permet de gagner en liberté est possible ! On vous raconte ici ce qu’on a fait, réfléchi et avancé dans les cuisines. Et les fours sont encore tout chauds !

Partager nos valeurs, nos intentions et nos actions haut et fort

Après 3 ans de travail, d’ateliers guidés par Marie-Cécile Godwin et de peaufinage par l’association, nous avons publié notre manifeste en novembre. Ce travail de longue haleine nous a fait longuement réfléchir et nous a permis de mettre en évidence très simplement la dimension politique de notre projet associatif : nous voulons changer le monde actuel pour un monde meilleur, où les Communs sont favorisés, où la justice sociale est une valeur fondamentale et où nos libertés sont préservées.

La deuxième partie de cet important travail a été de faire en sorte que nos intentions du manifeste se comprennent dès l’arrivée sur framasoft.org. Nous avons ainsi refondu entièrement notre site internet principal pour rendre notre projet associatif clair, fluide et facilement compréhensible.

Illustration CC BY David Revoy

Collectivisons Internet / Convivialisons Internet : notre nouvelle feuille de route 2023-2025

Après 5 ans de cap sur Contributopia, nous avions besoin de réaffiner notre compas et revoir notre direction : vers où voulons-nous poursuivre notre exploration pour les prochaines années ? C’est ainsi qu’a été créée la nouvelle feuille de route Collectivisons Internet / Convivialisons Internet (nom de code : COIN / COIN) : nous souhaitons nous adresser plus directement aux collectifs et associations engagées pour un monde meilleur (sans pour autant mettre de côté les milliers de personnes qui utilisent nos outils !).

4 projets ont ainsi été dévoilés et seront progressivement améliorés aux fils des mois grâce aux retours des bénéficiaires, dans l’idée de créer plus de liens entre les outils et les humain⋅es :

  • Frama.space : proposer du cloud libéré aux petits collectifs militants
  • Peer.tube : mettre en valeur le PeerTube pour lequel nous œuvrons
  • Emancip’Asso : favoriser l’émancipation numérique du monde associatif
  • ECHO Network : comprendre les besoins de l’éducation populaire dans différents pays d’Europe.

Nous avons détaillé les actions de cette feuille de route et pourquoi nous les entreprenons sur le Framablog.

Banquet simple, dans une jardin partagé, où des animaux mascottes du libre sont servis par des canards
Illustration CC BY David Revoy

Se revoir et vous revoir : ça requinque !

Cette année 2022 aura aussi été marquée par la reprise plus intense des moments partagés, en chair et en os (avec de bonnes aérations !) : AG, Framacamp, événements, salons, conférences, festivals, projections de cinéma, tables rondes… Parce que bien que l’on aime faire tout ça, vous voir et nous voir, ça nous motive, ça nous booste et ça nous encourage à continuer à tester de nouveaux projets ambitieux, farfelus et drôles (Vous vous souvenez de Proutify ? L’extension vient d’être mise à jour par un de nos bénévoles)… c’est si important de prendre plaisir à faire tout cela !

Dessin d'un Canard qui sourie en très gros plan, de manière comique, tandis que derrière lui des canards font la fête dans une kermesse champêtre
Illustration CC BY David Revoy

 

Sans vous, tout ce que nous faisons ne serait pas réalisable : 98 % des ressources de l’association sont des dons. Vous trouvez que nos réflexions vont dans la bonne direction ? Si vous en avez les moyens, si vous en avez l’envie, nous vous remercions grandement d’avance de votre soutien.

 

Je soutiens les actions de Framasoft

 

 

En entrée : buffet d’éduc pop’

Pour nous, l’éducation populaire, c’est la base d’un monde meilleur : chacun et chacune peut partager ses connaissances et y accéder, en toute simplicité. On vous présente ici les différentes actions d’éduc pop’ menées cette année.

Partage de connaissances et de points de vue

Pour commencer, Framasoft est intervenue, en présentiel ou à distance, dans divers espaces, pour parler d’émancipation numérique, de numérique alternatif, ou encore de comment se libérer en ligne. C’est plus de 70 interventions que nos membres ont réalisées, pour différentes structures, associations, ou collectifs, dans différentes régions de France. Vous trouverez quelques unes de ces interventions à visionner sur notre chaîne Framatube.

Ensuite, Framasoft garde la plume active sur le Framablog. Plus de 100 articles ont été publiés cette année, entre présentations de nos différentes actions, traductions de Framalang, revue de presse hebdomadaire, claviers invités, interviews de divers projets émancipateurs, articles audio… Le Framablog est un espace où nous nous exprimons sans limite.

Nous sommes aussi intervenues une vingtaine de fois dans les médias lorsque nous avons été sollicité⋅es pour partager nos points de vues sur le numérique : interview vidéos, podcasts, articles… Vous trouverez les différents liens accessibles sur cette page.

Illustration CC BY David Revoy

Des Livres en Communs : la maison d’édition qui chamboule les codes

Notre maison d’édition Des Livres en Communs (anciennement Framabook), chamboule les codes de l’édition en proposant une bourse aux autrices et auteurs en amont de l’écriture, ainsi qu’une publication de l’ouvrage sous licence libre, uniquement en version numérique.

Suite au premier appel à publication lancé en janvier : « Vers un monde plus contributif, plus solidaire, plus éthique et plus libre : comment s’outiller et s’organiser ensemble ? », le projet « L’amour en Commun », de Margaux Lallemant et Timothé Allanche a été sélectionné. L’objectif de cette publication est de questionner comment le commun de l’amour, en tant que moyen d’organisation et moteur d’engagement, permet de construire une alternative à la société capitaliste.

L’ouvrage est actuellement en création, entre travail de terrain et immersions, tout en étant accompagné par notre comité d’édition.

Des Livres en Communs a également participé à la coédition et aux relectures du « Guide du connard professionnel », travail mené avec PtiloukEditions.

Illustration CC BY David Revoy

UPLOAD : une université libre qui se garnit

L’Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome, et Décentralisée (UPLOAD) est un grand projet d’éducation populaire initié et coordonné par Framasoft (pour le moment), dans une logique décentralisée et en réseau. L’objectif est de contribuer (à notre échelle) à rendre la société plus juste et notre monde plus vivable, en misant sur la formation des citoyen⋅nes par les citoyen⋅nes.

Ce projet est en grande partie formé par les LibreCours, cours en ligne permettant d’accéder à différents savoirs et connaissances. Stéph nous a proposé une conférence pour présenter le sujet lors des Journées du Logiciel Libre.

Les Librecours de cette année auront été rythmés par la thématique « Low-technicisation et numérique » : une première session entre avril et juin et une seconde entre novembre et janvier 2023. Vous trouvez aussi que la croissance exponentielle du numérique est problématique ? Chercher à réduire l’empreinte technique d’un outil vous intéresse ? Vous pouvez retrouver les vidéos des cours par ici.

Illustration CC BY David Revoy

Peer.tube : une vitrine pour PeerTube qui nous ressemble

Avec Peer.tube, nous souhaitons créer une vitrine de PeerTube, avec du contenu de qualité préalablement sélectionné. C’est notre réponse à une question que l’on peut souvent nous poser : « Mais où est-ce que je trouve du contenu intéressant sur PeerTube ? ». Le site Peer.tube est déjà accessible avec une première sélection de chaînes et vidéos, mais le projet ne va réellement avancer que l’année prochaine.

Sepia, læ poulple mascotte de PeerTube, est au bord de la mer. Iel nous invite sur un ponton menant à une plein de voiliers. Un film est projeté sur chacune des voiles de ces voiliers.
Illustration CC BY David Revoy

 

Notre buffet d’éducation populaire a titillé votre curiosité ? Vous trouvez que nos contributions vont dans le bon sens ? Alors nous vous re-glissons par ici que tout ça nous a été possible grâce à vous et à vos dons – merci !

 

Je soutiens les actions d’éduc pop’ de Framasoft

 

En plat : poêlée d’émancipation numérique

Permettre aux citoyens et citoyennes de s’émanciper par le numérique et de libérer leurs pratiques, c’est le cœur de nos actions. Mais, de quoi est composée cette bonne poêlée ? D’ingrédients libérés, de qualité, et d’une bonne pincée d’amour. On vous détaille tout ça.

Des services en ligne pour se passer des géants du numérique

Nos services en ligne sont souvent la raison pour laquelle on nous connaît : vous êtes plus de 9 personnes sur 10 à nous l’avoir confié lors de notre enquête « Ce que vous pensez de Framasoft » lancée fin mai. Et à vrai dire, nous n’avons pas été très étonné⋅es. Pour vous donner quelques chiffres, nous comptons plus de 50 millions de visites sur l’ensemble de nos sites depuis le début d’année, plus de 350 sondages sont créés chaque jour sur Framadate, près de 15 000 formulaires sont créés chaque mois sur Framaforms, près de 110 000 pads d’écriture collaborative sont actifs sur Framapad. Nous, on trouve toujours ça incroyable !

Entre 2014 et 2019, notre petite association a mis à disposition des internautes une quarantaine de services en ligne libres et de confiance (oui, 40 !). Pour de nombreuses raisons, c’était trop, et nous avons fermé progressivement, entre 2019 et 2022, une partie de ces services, tout en proposant des alternatives. Cette période de fermetures est maintenant terminée : nos 16 services en ligne sont disponibles pour toute personne souhaitant utiliser des outils qui respectent nos libertés. Nous avons ainsi décidé de mettre à jour et refondre le site degooglisons-internet.org pour en faire une porte d’entrée facilement accessible, la mettre à notre image et surtout pour rassurer nos utilisateurs et utilisatrices.

Maintenir ces services à jour, gérer les machines qui les font tourner ou encore répondre à vos questions sur le support, c’est un travail du quotidien, et on essaye d’y mettre nos meilleures énergies !

Illustration « Quittons la planète GAFAM NATU BATX », CC BY David Revoy
Illustration CC BY David Revoy

 

PeerTube : libérer ses vidéos et ses chaînes est de plus en plus facile

PeerTube, c’est le logiciel que nous développons (enfin, un de nos salarié⋅es, oui, un seul !) pour proposer une alternative aux plateformes vidéos. Et 2022 aura été une année bien riche en évolutions, où on compte maintenant plus de 1000 plateformes PeerTube actives.

Cap sur la V5 !

Pour commencer, la version 4.1 est sortie en février, apportant des améliorations de l’interface, de nouvelles fonctionnalités sur mobile, le système de plugins amélioré, de nouveaux filtres pour faire des recherches ou encore de nouvelles possibilités de personnalisation des instances pour les admins.

En juin, nous sortions la version 4.2, qui a amené une grande nouveauté : le Studio, ou la possibilité de modifier des vidéos directement depuis l’interface web. Cette version aura aussi apporté des statistiques de visionnage plus détaillées, la possibilité de régler la latence lors d’une diffusion ou encore l’édition directe de sous-titres (merci Lutangar !)

En septembre, c’est la version 4.3 qui a été publiée, permettant l’import automatique des vidéos d’une chaîne distante (Un grand merci à Florent, l’un des administrateurs de l’instance PeerTube Skeptikón) et de nouvelles améliorations de l’interface et de l’intégration des vidéos en direct (un travail en collaboration avec une designeuse de la Coopérative des Internets).

Et on peut déjà vous dire que la nouvelle version majeure, la v5, sera publiée dans quelques jours avec (attention : exclu !) de l’authentification à double facteur ou encore la possibilité d’envoyer les fichiers lives dans le cloud pour les admins…

Edit du 13 décembre : la V5 est sortie ! Retrouvez toutes les infos sur cet article.

Récolte de vos idées pour enrichir le logiciel

Vous créez du contenu sur PeerTube ? Vous aimez regarder des vidéos sur PeerTube ? En juillet, nous avons lancé l’outil ideas.joinpeertube.org (en anglais) pour récolter vos besoins sur le logiciel et ainsi nous permettre d’identifier les nouvelles fonctionnalités à développer pour rendre PeerTube plus agréable à utiliser.

N’hésitez pas à y faire un tour, pour voter pour une des fonctionnalités déjà proposées ou en proposer une nouvelle. Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont pris le temps de partager leur avis !

joinpeertube.org : un accès facilité à PeerTube

joinpeertube.org, c’est LE site qui présente PeerTube, LA porte d’entrée pour s’informer sur cette alternative aux plateformes vidéo centralisatrices et nous, on souhaite la laisser grande ouverte !

La version précédente de joinpeertube.org était surtout axée sur les caractéristiques techniques de PeerTube, et donc adressée à des profils techniques. Hors, maintenant qu’il existe plus de 1 000 plateformes PeerTube, valoriser le logiciel auprès d’un public plus vaste et potentiellement moins à l’aise avec le numérique nous a paru une nouvelle orientation nécessaire.

Après un audit du site via des tests utilisateurs réalisés par La Coopérative des Internets, l’agence web nous a proposé des pistes d’amélioration pour permettre une meilleure compréhension de PeerTube. Vous trouverez tout le détail de cette version sur cet article du Framablog : et on espère que cette refonte vous sera utile et facilitera l’utilisation de PeerTube !

Illustration CC BY David Revoy

Mobilizon : on vous facilite les recherches

Mobilizon, c’est le logiciel que Framasoft développe (enfin, un de nos salarié⋅es et même pas à temps plein !) pour proposer une alternative aux événements et groupes Facebook.

Mobilizon Search Index, un moteur de recherche dans le fédiverse

Comme nous l’avons fait auparavant avec Sepia Search (notre moteur de recherche pour découvrir les contenus publiés sur PeerTube), nous souhaitons proposer une porte d’entrée vers Mobilizon pour montrer son potentiel émancipateur.

Mobilizon Search Index référence les événements et groupes de serveurs que nous avons approuvés sur instances.joinmobilizon.org (aujourd’hui un peu plus de 80 instances, et on espère que la liste s’allongera !). Le moteur de recherche permet ensuite d’explorer les événements et groupes de tous ces serveurs, et de différentes manières : barre de recherche (bon là c’est plutôt classique), par catégories (intéressant, non ?) ou même en se géolocalisant pour trouver des événements à proximité (c’est fou ça !).

Le code source est libre : toute personne (avec un certain bagage informatique tout de même…!) peut installer un Mobilizon Search Index, et l’adapter selon ses besoins.

Alors, ça vous donne envie de tester ?

Une v3 axée sur la recherche

Nous avons publié la 3ème version majeure de Mobilizon en novembre. Le logiciel a atteint la maturité que nous souhaitions lui donner, et ça, c’est très motivant !

Dans les nouveautés : de nombreux éléments du logiciel ont été modifiés pour ne pas accumuler de dette technique, le design de la page d’accueil a évolué dans le design, et la page de résultats de recherche a aussi été revue (coucou Mobilizon Search Index !). Augmenter les possibilités de découvrir des événements et des groupes pour rendre davantage visible la diversité des contenus publiés sur Mobilizon, c’était aussi l’objectif de cette v3.

Cette v3 a pu évoluer grâce aux différentes contributions (merci à la communauté !), a été financée en partie par une bourse de NLNet (merci à eux !), et bien sûr par vous, et vos dons (encore un grand merci).

gros plan sur Rose, la fennec mascotte de Mobilizon, qui tient une loupe à la main. En fond, une carte représentant un village où des chemins mènent à un poitn commun. Au dessus d'elle, le symbole d'un lieu estampillé "v3"
Illustration CC BY David Revoy

Frama.space : émanciper les petites assos et collectifs militants

Frama.space, c’est un nouveau service que nous proposons aux petites associations et collectifs militants, pour leur permettre d’accorder leurs valeurs internes fortes (de justice sociale et d’émancipation) avec des outils numériques allant dans le même sens (outils libres et non monopolistiques). Nous souhaitons ainsi autonomiser les associations et collectifs militants en ouvrant des espaces numériques de partage, de travail et d’organisation (jusqu’à 50 comptes par collectif, basés sur le logiciel libre Nextcloud avec : suite bureautique, 40 Go de stockage, synchronisation d’agendas et de contacts, outils de visio, etc.).

Annoncées le 15 octobre lors de la sortie de notre feuille de route Collectivisons / Convivialisons Internet, les pré-inscriptions sont ouvertes depuis le 18 novembre. Actuellement, les candidatures sont révisées (par des vrai⋅es humain⋅es !) pour ouvrir 250 premiers espaces d’ici la fin d’année. Notre objectif final (un poil ambitieux, oui !) étant de mettre à disposition 10 000 espaces Frama.space d’ici fin 2025.

Vous voulez en lire plus sur la visée politique du projet ? Nous vous invitons à lire cet article ou à visionner cette conférence, apportant tous les détails importants.

Une licorne déguisée en cosmonaute (avec une passoire sur la tête) marche sur les nuages et souffle des bulles. Dans ces bulles, on retrouve des cubes symbolisant le travail en commun (dossiers, boite à outils, livres, machine à écrire, boulier, etc.).
Illustration CC BY David Revoy

 

Nos actions pour permettre aux citoyens et citoyennes de s’émanciper par le numérique vous semblent intéressantes ? Vous pensez que nous allons dans la bonne direction ? Tout cela a été possible aussi grâce à vous et grâce à vos dons. Merci !

 

Je soutiens les actions d’émancipation numérique de Framasoft

 

En dessert : farandole d’un monde meilleur (à partager !)

Parce qu’un bon repas est toujours meilleurs quand on le partage. Et parce que c’est en partageant nos savoirs-faire et savoirs-être que l’on avance plus loin. Nous agissons avec d’autres structures, qui, telles des îles indépendantes, baignent dans des eaux communes d’un même archipel (vous aussi vous imaginez des îles flottantes avec une bonne crème anglaise ?) : nous gardons notre indépendance tout en partageant des valeurs de justice sociale. Agir ensemble est évident !

Du côté des chatons

Le collectif CHATONS, c’est un peu comme un réseau d’AMAP du service en ligne. Là où Google, Facebook ou Microsoft représenteraient l’industrie agro-alimentaire, les membres de CHATONS seraient des paysans informatiques proposant des services en ligne bio sans OGM, sans pesticide, sans marketing agressif, bref : sans une « course au pouvoir d’achat ».

Cette fin d’année, après déjà 14 portées de chatons, nous comptons 97 membres au collectif, soit 97 hébergeurs alternatifs travaillant dans la même direction : résister à la gafamisation d’Internet et proposer des alternatives respectueuses de nos vies privées.

Le collectif a été présent sur différents événements durant l’année (Journées du Logiciel Libre, contrib’atelier sur l’accessibilité numérique, Geek Faeries, Freedom Not Fear, Fête de l’Huma, Capitole du Libre), pour présenter ses actions. Le deuxième camp CHATONS a eu lieu cet été, un temps fort pour se retrouver et relancer de belles dynamiques collectives. Différents groupes de travail ont vu le jour, notamment le groupe « Une asso pour le collectif CHATONS » visant une autonomisation du collectif dans le but que nous (Framasoft) laissions peu à peu la coordination du collectif au collectif lui-même.

Illustration CC BY David Revoy

Emancip’Asso : favoriser l’émancipation numérique du monde associatif

Le but d’Emancip’Asso, c’est d’aider les associations à trouver de l’accompagnement pour faire évoluer leurs pratiques numériques vers des pratiques plus éthiques. Conçu en partenariat avec Animafac, 2022 aura été une année de… paperasse (eh oui, c’est souvent ça le début de projets ambitieux !).

Nous avons passé un moment à constituer un comité de pilotage (20 membres) varié, hétérogène et , représentatif de la diversité du monde associatif. Ensuite, le projet se voulant indépendant financièrement, les 6 premiers mois de l’année ont été consacrés à de la recherche de financements, qui a porté ses fruits (hourra !). Nous comptons actuellement quatre financeurs (et on espère que la liste continuera à grandir !) : la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme, la Fondation Crédit Coopératif, la Fondation Un monde par Tous et l’Association Libérons nos ordis.

Les premiers financements nous ont permis de travailler sur la première étape du projet : une formation à destination des hébergeurs éthiques pour les aider à accompagner des associations dans leur transition numérique. Recherche d’intervenant⋅es, préparation du programme et de la logistique : la formation (c’est complet !) aura lieu à Paris, du 16 au 20 janvier 2023 (le programme en détails est par ici).

Enfin, en cette fin d’année, nous avons postulé à différents programmes étudiants pour constituer deux groupes de travail : un premier sur l’identité graphique d’Émancip’Asso (c’est en cours !), et un second sur la réalisation du site internet emancipasso.org (à venir).

Vous pouvez retrouver Angie et Anne-Laure présentant le projet en vidéo par ici.

un chaton patissier qui présente un nuage-gateau fait sur commande, tansdi qu'en arrière plan d'autres chatons cuisinent un autre nuage gâteau au millieu de leur village arbre-à-chats
Illustration CC BY David Revoy

ECHO Network : comprendre les besoins numériques de l’éduc pop, ici et ailleurs

2022 aura aussi été l’année de l’élaboration du projet européen « Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network » (Réseau autour de l’Éthique, les Communs, les Humaines et l’Open-source) (ECHO Network, c’est un peu plus facile à mémoriser…). Mené par le mouvement d’éducation populaire des CEMÉA France, le projet rassemble 7 structures de 5 pays d’Europe (France, Belgique, Croatie, Allemagne, Italie). Leur point commun ? L’accompagnement, chacune à son niveau, des publics dans leur autonomie et leur émancipation.

L’objectif du projet est d’échanger sur les difficultés, les opportunités et les façons d’accompagner vers une transition numérique des publics que nos associations servent. Et la toile de fond : comment accompagner cette émancipation dans (voire par) un monde numérique centralisé chez les géants du web ?

La première rencontre de l’échange aura lieu à Paris du 14 au 17 janvier 2023. Ce séminaire d’ouverture va nous permettre de déblayer la thématique générale : accompagner la transition numérique des associations formant des citoyens et citoyennes. En savoir plus par ici.

Dessin de cinq iles en cercle, chacune avec des constructions d'une culture différente. Elles communiquent ensemble en s'envoyant des ondes, des échos.
Illustration CC BY David Revoy

Et ce n’est pas tout !

Transmission de connaissances

Avec Hubikoop (hub territorial de la région Nouvelle Aquitaine pour un numérique inclusif) nous avons débuté en septembre l’animation du parcours « Accompagnement à la découverte de services numériques éthiques » : 8 ateliers pour les acteurs et actrices de la médiation numérique en Nouvelle Aquitaine. Ce partenariat commence à faire émerger de nouvelles idées, que l’on vous racontera l’année prochaine !

Dans le cadre du projet PENSA avec l’Aix-Marseille Université, nous sommes intervenu⋅es en juin pour une formation de formateurs et formatrices sur la thématique « Logiciels et services libres pour l’émancipation numérique des citoyennes ». L’objectif final est de permettre aux enseignant⋅es de développer leurs compétences pour une utilisation critique du numérique en éducation.

Nous avons aussi mené diverses actions en lien avec l’AFPA et plus spécifiquement les personnes en charge de la formation des Responsables d’Espace de Médiation Numérique, pour transmettre davantage de connaissances sur le numérique éthique.

Framasoft est aussi entrée au sociétariat de la MedNum. Nos ambitions derrière ça ? Sensibiliser les acteurs de la médiation numérique aux outils libres, former les médiateurs numériques aux alternatives éthiques et outiller la coopérative elle-même d’outils libres.

Vous nous retrouverez enfin dans le livret « Le temps des conquêtes, les nouveaux horizons de l’ESS » publié par ESS France.

Des prises de positions importantes

L.A. Coalition (dont Framasoft est membre) s’est positionnée en avril sur le contrat d’engagement républicain : le collectif dénonce une source potentielle de litiges et de sanctions abusives de la part de l’administration ou des collectivités publiques au détriment des associations et fondations.

Les premières dérives du contrat d’engagement républicain ont rapidement vu le jour. Nous avons signé la tribune « La désobéissance civile relève de la liberté d’expression et du répertoire d’actions légitimes des associations », publiée dans l’Humanité en septembre : les libertés associatives sont essentielles et actuellement en danger.

Nous avons aussi signé la tribune « Pour que les communs numériques deviennent un pilier de la souveraineté numérique européenne » de Wikimédia France en juin. Les communs culturels font partie intégrante de l’objet social de Framasoft, les défendre est primordial !

Soutiens par convictions

Suite à l’annonce de sa situation financière très difficile cet été, nous avons soutenu le média NextINpact (veille numérique très qualitative) en achetant des abonnements « suspendus » que nous avons tirés au sort.

Nous avons aussi soutenu affordance.info (contenus qualitatifs sur le numérique et réflexions pertinentes de société) en migrant son blog d’un outil non libre (Typepad) à un outil libre (WordPress), le tout hébergé par nos soins.

Nous avons proposé un proxy Signal (messagerie libre) suite à un appel de la structure informant du blocage de son application par le régime iranien face aux révoltes actuelles.

Illustration CC BY David Revoy

 

Notre dessert partagé vous a plu ? Vous pensez que ces actions réalisées avec d’autres îles de notre archipel sont à encourager ? Sachez qu’elles aussi sont uniquement réalisables grâce à vous et à vos dons. Encore un grand merci !

 

Je soutiens les actions d’archipélisation de Framasoft

 

Framasoft, aujourd’hui, c’est plus de 50 000 € de dépenses par mois. Nous avons clos l’exercice comptable 2021 avec un déficit de 60 000 € (que des dons – plus généreux lors des confiprouts de 2020 – nous ont, heureusement, permis d’absorber).

À l’heure où nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 133 000 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.
Si vous le pouvez (eh oui, en ce moment c’est particulièrement compliqué), et si vous le voulez, merci de soutenir les actions de notre association.

 

Je soutiens les actions de Framasoft