Framaconfinement semaine 2

Le temps passe à une vitesse en cette période de confinement ! On est déjà jeudi de cette troisième semaine de confinement et on ne publie que maintenant le résumé de nos aventures de la semaine dernière ! Il est vrai que cette seconde semaine a été autant chargée que la première pour Framasoft et que la rédaction de cet article n’était pas notre plus grande priorité. Pouhiou en a commencé la rédaction en cours de semaine et c’est Angie qui se charge de la terminer. Voici donc un article à 4 mains pour garder une trace de ce qui nous anime ces jours-ci.

L’accès à l’ensemble des articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Lundi 23 mars en brèves par Pouhiou

On va pas se mentir : ouvrir son ordinateur le lundi matin, tout lire et tout rattraper quand on a passé le week-end sur une île déserte numérique : wow. Tout le monde chez Framasoft a participé au travail et aux échanges communs, et il y a 42 000 notifications à rattraper. Je n’imagine même pas comment JosephK, qui rentre de 4 semaines de congés, va réussir à s’y retrouver dans tout ce broll !

Aujourd’hui, Lise a pris le temps d’aider AnMarie pour paramétrer son application Plumble sur son smartphone : la carte son de son ordi déconne et l’isole d’autant plus. Désormais, elle est de toute voix avec nous lors des réunions, et ça fait du bien !

Pyg a mis en place un pad de c’est quoi qu’on veut faire, la boite à envies. L’idée, c’est de prendre le temps de ne plus faire pour se poser et réfléchir… et ça, c’est pas gagné ! Mais le monde a changé (c’est notre nouveau mantra), donc c’est le moment d’interroger nos envies et de voir ce que l’on voudrait changer. Par exemple, est-ce qu’on va remettre en question nos plans pour l’année ? Avec le chamboulement que nous venons de vivre, il va falloir faire l’inventaire : qu’est-ce qui va être retardé ? Qu’est-ce qu’on va remettre à plus tard ? Qu’est-ce qu’on va modifier ? Mais ça nous semble encore trop tôt pour être sûr·es de quoi que ce soit.

Le lundi, c’est le jour de la réunion des salarié⋅es, sur notre Mumble. Celle-ci est longue, près de 3 heures, mais on a besoin de parler. J’en sors avec un sentiment de lourdeur, une tristesse (que je crois partagée) qui ne me quitte pas pendant deux trois jours. On ne le dit pas forcément entre nous, ou en tous cas on n’appuie pas dessus, mais le confinement, c’est pas la joie…

Luc ne va vraiment pas mieux niveau santé mais il fait du pain et nous partage ses recettes. Il met à jour Gitlab. Il installe une interface web à Mumble qui le rend d’autant plus pratique, du coup ! (sauf qu’on ne peut pas y créer de salon, mais bon si une personne le crée sur le logiciel pendant que 9 rejoignent le salon depuis l’interface web, ça simplifie 9 fois sur 10 l’usage, alors c’est déjà ça).

Dans la série #LesGens ont du temps, il y a plein de personnes qui essaient d’installer Framaforms (ce doit être une espèce de défi confinement level master ninja du serveur), et qui partagent leurs erreurs avec Théo, ce qui lui permet d’améliorer grandement le process et la doc.

Le projet entraide.chatons.org avance, le forum du collectif fourmille et occupe beaucoup Angie, Pyg et Lise (ainsi que tcit qui bidouille de la démo). Angie sort de chez elle pour la première fois depuis une semaine : aller dans un hypermarché c’est pas la folie, mais se rendre compte qu’ils ont coupé la musique ça fait un bien fou. #UnAutreMondeEstPossible

Mardi 24 mars en brèves et en groumph (toujours Pouhiou)

Depuis hier, Chocobozzz a le nez dans Etherpad et cherche à l’optimiser. Ainsi que MyPads. Et le pire c’est qu’il y arrive le bougre. Genre on a des stats et des graphiques… Comme on le dit dans le métier (et si vous nous pardonnez ce terme technique) : ça poutre !

Avant / après les miracles réalisés par Chocobozz sur nos instances Framapad <3

tcit y travaille avec lui, quand il ne bidouille pas sur l’instance de prise de rendez-vous pour les médecins. Et quand il n’aide pas sur la page entraide.chatons.org . C’est pas possible d’être partout à la fois comme ça : je soupçonne de plus en plus tcit de voyager dans le temps avec le Docteur.

Luc installe un troisième vidéobridge pour Framatalk. Si j’ai bien tout compris, c’est ce qui permet de répartir la charge des vidéo-conférences sur trois serveurs, sur 3 machines à la fois. Et il trouve quand même la pêche pour patcher MyPads et faire des gâteaux au matcha.

Angie, Pyg et Lise sont à fond sur le CHATONS. Et que ça crée des fiches dans la base de données (sous Drupal) pour alimenter la page du projet entraide.chatons.org, et que ça crée des visualisations, et que ça coordonne, et que ça réunionne… Angie trouve quand même le temps de mettre en page l’article annonçant l’ouverture du librecours Culture Libre sur le blog et de faire le point avec Arthur sur son stage de traduction.

Pyg, quant à lui, ouvre aussi une page de notre wiki interne pour y noter les statistiques de fréquentation des services qui se font assaillir depuis le confinement. Histoire de documenter l’écart. Oh, et cet enfoiré (je l’aime, mais c’est un enfoiré) nous fait découvrir le compte twitter de MalaiseTV. On a les yeux qui saignent.

Théo a du mal à s’en remettre et à finaliser son beau README pour Framaforms. Spf s’en remet suffisamment pour intégrer des contributions à la documentation de Jitsi et ajouter la doc écrite par tcit de l’outil de prise de rendez-vous pour les médecins.

Moi, ce mardi, j’arrive à rien et ça me groumphe. J’ai l’impression de passer ma journée à être payé pour tweeter. Pourtant je sais comment ça se passe, hein. Quand j’ai un gros texte à rédiger (genre le journal du framaconfinement de la fin de semaine), je sais que je ne vais arriver à rien le temps que mon cerveau prémâche le boulot en tâche de fond. Mais c’est un problème qu’on a souvent, chez Framasoft : quand on voit tout ce qui est fait par les autres, on a parfois cette peur de ne pas être à la hauteur, d’être dans l’imposture. Alors oui : pour contre balancer on se dit entre nous combien c’est OK de ne pas produire, de ne pas y arriver, voire de rater des trucs. Mais on a beau le savoir, on a beau avoir les mots qui réconfortent, c’est toujours aussi rageant à vivre que de se sentir bloqué dans son boulot… Surtout quand je vois tout ce que font mes collègues.

Mercredi 25 mars par Angie

Ce mercredi, Pouhiou a plus d’énergie qu’hier et prend donc du temps pour rédiger l’article Framaconfinement de la fin de la semaine 1, le faire relire aux membres de l’association et le mettre en forme pour sa publication. Il continue en parallèle à animer nos comptes sur les médias sociaux et fait le constat qu’il trouve #LesGens bien plus sympathiques lorsqu’il est en forme !

Pyg a pris connaissance du long billet de blog d’un de nos membres, Framatophe, et en fait une synthèse pour les autres membres de l’association. Il a aussi continué le travail entamé mardi sur les statistiques de fréquentation de nos services. Et a répondu à de nombreux mails laissés en attente.

25 minutes de la lecture intense ! Il nous fallait bien un résumé de pyg !

Avec tcit, ils ont continué à aider MrFlos, en charge des services de Colibris Outils Libres et ljf de ARN sans-nuage.fr sur la création de la page entraide.chatons.org et j’ai continué à alimenter la base de données afin que tout ce dont nous avons besoin pour cette page soit bien renseigné. C’est une tâche un peu ingrate, très répétitive, qui m’a rappelé mon premier job dans une SS2I au début des années 2000 où je m’étais retrouvée à entrer manuellement en bdd un catalogue papier de modèles de WC à poser !

Du côté de l’équipe technique, le travail pour améliorer les performances d’Etherpad continue : Luc et Chocobozz mettent en place des patchs dans tous les sens ! Tcit continue à mettre à jour la liste des instances sur Framapad et Framatalk. Quant à Théo, il continue à s’occuper de Framaforms, avec l’aide ponctuelle de tcit.

Spf (aka « What’s up doc? »), passe une partie de sa journée à rédiger la documentation sur la version web du logiciel Mumble. C’est quand même bien pratique de pouvoir utiliser Mumble depuis un navigateur sans avoir à installer le logiciel sur son ordinateur ou une application sur son smartphone, même si une partie des fonctionnalités ne sont pas disponibles dans cette version web.

Je passe une partie de la journée à discuter avec des gens ! Maxime du Cinéma Nova m’a appelée pour prendre des nouvelles et m’indiquer que mon intervention au sein de leur structure prévue en mai sera reportée. J’ai aussi eu une réunion sur Mumble avec Stph, Framatophe et pyg pour parler d’un projet tuteuré pour des étudiants de l’UTC.

Jeudi 26 mars en brèves, mais toujours à fond !

Le projet entraide.chatons.org avance toujours : après un point téléphonique entre les protagonistes pour faire le point sur les avancées du projet et lister ce qu’il reste à faire, tcit et pyg continuent à donner un coup de main sur la partie technique tandis que je continue à compléter la base de données et le wiki. Lise nous concocte de très belles petites images de chatons pour illustrer chaque service ! Ça avance bien et ça fait du bien de voir ce chouette projet devenir réalité.

AnMarie continue ses activités administratives et comptables tout en papillonnant de canal en canal au sein de notre messagerie collaborative pour suivre les différents échanges au sein de l’association. Elle a parfois le sentiment d’être un peu submergée par tous ces échanges car depuis le début du confinement, la majorité des discussions au sein de l’association se déroule sur notre Mattermost et ça part un peu dans tous les sens.

Côté technique, Luc installe et paramètre une nouvelle instance de Framadrop, notre outil de partage temporaire de fichiers. Après avoir patché la version française de web.mumble.framatalk.org, il s’occupe aussi de changer le disque dur d’un de nos serveurs et fait du ménage sur un autre qui n’avait pratiquement plus de place. Chocobozzz fixe des plugins Etherpad pour prévoir une mise à jour de nos instances vers la version 1.8. Pouhiou et tcit se chargent de rédiger et mettre en ligne un nouveau message d’information pour le nouveau serveur Framadrop. Et parce que nos services Framatalk et Framapad vont mieux, ils s’occupent aussi de modifier le message existant sur ces services.

Spf, Théo et des membres bénévoles continuent à répondre aux nombreuses demandes des utilisateur⋅ices de nos services, que ce soit sur notre forum ou via notre formulaire de contact.

Pouhiou est très enthousiaste aujourd’hui car l’article Un librecours pour mieux contribuer à la Culture Libre et le mémo sur le télétravail semblent très appréciés sur les médias sociaux. Ça lui donne l’énergie de se mettre à la rédaction du début de cet article (journées de lundi et mardi) avant de prendre connaissance des commentaires publiés sur les derniers articles du Framablog.

De mon côté, j’ai réussi à me bloquer 2 heures pour préparer une intervention prévue demain. Cette intervention, prévue depuis plusieurs semaines, a lieu dans le cadre de la formation continue diplômante DIPCO (diplôme en Codesign) proposée par le CNAM, le collectif Codesign-it! et le CRI aux professionnel⋅les pour qui la dynamique collaborative est un enjeu pressant. La session sur laquelle j’interviens traite de gouvernance distribuée et des nouveaux modèles d’organisation. Je tenterai donc d’y expliquer la gouvernance de Framasoft.

Vendredi 27 mars : on ne chôme pas !

Le vendredi est toujours un peu particulier parce qu’une partie d’entre nous (pyg, Pouhiou et moi) ne travaillent pas. Alors que Pouhiou s’est déjà réfugié dans son île merveilleuse d’Animal Crossing et que pyg s’est chargé d’aller faire les courses pour ses voisins et de faire un petit break, j’ai pris le relais sur l’animation de nos comptes sur les médias sociaux pour la matinée, tout en continuant à préparer mon intervention sur la gouvernance de l’association.

AnMarie a fini sa semaine en beauté puisqu’elle a terminé la saisie dans notre logiciel de comptabilité des relevés de dons des mois de janvier et février : ça peut paraître anodin, mais cela représente plus de 80 pages de relevés bancaires à vérifier et c’est un boulot de dingue. D’ailleurs elle se réjouit déjà des relevés de mars qui ne vont pas tarder à arriver 😉

Côté entraide.chatons.org, tcit a passé une bonne partie de la journée sur la résolution d’un bug coriace et pyg a bidouillé sur Drupal pour avoir de nouvelles vues de la base de données. J’ai aussi commencé à rédiger l’article annonçant la sortie officielle du projet, histoire de prendre un peu d’avance et qu’on puisse diffuser l’information dès que la page sera prête.

Côté technique, Luc a testé, mergé et publié les patchs des plugins du logiciel Etherpad réalisé hier par Chocobozzz afin de rendre compatible l’outil pour une migration vers sa version 1.8.

Et ce week-end ?

Côté salarié⋅es, je pense qu’une grande partie d’entre nous a vraiment fait un gros break ce week-end. Ces deux dernières semaines ont été très intenses : il a fallu réagir dans l’urgence et réorganiser nos activités respectives. S’y est ajouté pour nous tou⋅tes le fait de vraiment vivre la situation du confinement, dans des contextes propres à chacun⋅e. Chocobozzz a quand même pris du temps sur son samedi pour redévelopper le système multi threads de Framacalc qui commence à peiner lors des heures de pointe et un moment de son dimanche pour mettre à jour les serveurs sur lesquels sont installés nos instances du logiciel JitsiMeet (mises à jour mineures pour le client, majeure pour le bridge vidéo).

Et bien sûr, pyg n’a pas pu s’empêcher d’aller rédiger un nouvel article : une façon pour lui de prendre du recul sur la situation ! Mais ça on vous en parlera la semaine prochaine…




Solidarités numériques : le Libre se mobilise

Le Libre et ses acteurs et actrices, associatifs ou individuels, se mobilisent davantage encore dans les conditions compliquées si particulières du confinement.

Empruntons cette mise au point initiale à Pascal Gascoin, chargé de mission éducation-numérique aux Ceméa, notre allié dans l’Éducation populaire :

La situation de confinement que nous traversons nous oblige à repenser, à inventer nos modes de communication, nos façons de travailler pour continuer, malgré tout, à mener à bien nos projets, nos activités tout en gardant le lien, avec les bénévoles et les équipes de nos organisations, nos élèves et les accompagner au mieux.

Aux CEMEA, nous sommes choqués de recevoir quasi quotidiennement dans nos boîtes mails de soi-disant « guides de survie numérique en période de confinement », provenant souvent de « start-ups associatives » qui nous proposent pêle-mêle des solutions payantes, d’autres gratuites, sans jamais faire référence à la façon dont seront traitées nos données, ni faire la différence entre le service “gratuit” d’une multinationale et celui volontairement éthique et fraternel d’une association.

Donc essayons de « dégoogliser le confinement ». Voici quelques-unes des initiatives récentes du numérique libre pour aider à franchir ensemble les semaines houleuses de la crise sanitaire.

Nous allons forcément en oublier, mais vous pouvez nous faire signe pour que nous puissions compléter et mettre à jour la liste ci-dessous.

C’est parti pour une recension rapide sans souci hiérarchique particulier.

C’est où/c’est ouvert ?

Sur ce site https://www.caresteouvert.fr vous pouvez savoir sur une carte (openStreetMap, la cartographie libre et collaborative qui fait la nique à googlemaps) quels sont les services « encore ouverts », ça peut être utile. Et c’est également collaboratif : signalez vous aussi les ouvertures/fermetures de lieux utiles en période de confinement.

Dépannons avec des panneaux

copie d’écran exemple d’affiche généréeLe site http://revolf.free.fr/local-pad-sign/# permet d’imprimer facilement des affiches et panneaux d’affichage avec des informations utiles pour vos voisins de balcon, de hall d’immeuble, de zone pavillonnaire, dans la rue sur le trajet du ravitaillement etc. Vous pourrez inclure automatiquement un QR code et l’adresse d’un pad dans votre affiche.

Enseignant⋅e⋅s dans l’urgence

logo de l’asso solidaire scenariL’association Scenari qui milite pour les usages de la chaîne éditoriale du même nom, vous propose une opération spéciale.
Que vous permet Scenari ? De pouvoir publier vos cours facilement avec une chaîne éditoriale : vous rédigez une seule fois pour publier sous de multiples formats, et vous n’aurez qu’un seul document à modifier /mettre à jour.
N’ayez pas peur de l’apprentissage d’un nouvel outil numérique, vous aurez l’appui et le soutien d’une personne de l’association : parrainage pour rédiger des cours, couplage avec Canoprof pour le primaire et le secondaire, parrainage d’apprentissage de la plate-forme. Accès offert à l’hébergement et à la mise en ligne des contenus que vous aurez produits (services en temps normal réservés aux adhérents de l’association)

 

logo des Zourits (pieuvre souriante)Des Zourits pour l’école
les CEMEA proposent l’accès gratuit à de nombreuses ressources libres pour l’école adresses mail, audioconférences avec jitsi, etc. mais aussi un accompagnement pour les enseignant⋅e⋅s etc. Tout cela est expliqué sur cette page.
2 plaquettes informatives et pour les contacter (liens directs vers .pdf) :
pour les écoles
pour les petites assos

Urgences numériques

Vous faites partie des acteurs locaux stratégiques : un support et dépannage numérique vous est proposé par un collectif de plus de 200 personnes bénévoles, professionnelles des technologies d’information, qui peuvent vous aider à faire face à vos urgences : pharmacies, cabinets médicaux, mairies, établissements scolaires, commerces d’alimentation, associations, indépendants. Vous pouvez donc demander de l’aide mais aussi participer pour en fournir à votre tour (c’est ça l’esprit Contributopia, hein)…

Le Big Boinc

Boinc, c’est le calcul collaboratif pour la recherche médicale, nous signale Tikayn. Votre ordinateur ou votre ordiphone s’ennuient avec leurs puissantes capacités généralement en sommeil ? Contribuez par leur puissance de calcul à la recherche médicale, comme le font déjà plus de 4 millions de personnes.

proposition sur Mastodon : contribuer avec vos appareils numériques à la recherche médicale

Github spécial Covid

Bastien recense sur ce Gthub les ressources libres et open source d’info et solidarité autour de la pandémie :

https://github.com/bzg/covid19-floss-initatives/blob/master/index.org

Insolite

Même les Balkany veulent contribuer ! (ah non zut ils ne sont pas libres)

Et du côté de Framasoft ?

JCFrog et l’interface de jitsi meet

  • Nous avons renforcé les capacités des serveurs et de l’infrastructure de Framatalk et Framapad qui peuvent donc à nouveau accueillir les besoins de communication des particuliers et associations qui doivent se joindre. Non, les enseignants qui souhaitent faire une visioconférence pour des classes de 35 ne sont pas les destinataires prioritaires de ces outils, pour des raisons compréhensibles de tenue de charge. Ces services peuvent être utilisés par des personnes qui, souvent, n’ont pas d’autres moyens (dont des malades isolé·es de leur famille). Prenez soin de ne pas monopoliser cette ressource afin qu’elle reste partagée.
  • https://rdv-medecins.framasoft.org/login est un outil libre de prise de rendez-vous médicaux à destination du personnel médical exclusivement. Vous avez un bout de serveur ? Vous pouvez héberger le même outil (Nextcloud + ses applications « rendez-vous » et « calendar ») pour le mettre à disposition de votre médecin. Et voilà la documentation utilisateur/trice !
  • Vous avez hélas ou tant mieux davantage de temps libre ? Profitez-en pour vous former en ligne aux arcanes du numérique : c’est parti pour Librecours Voir l’article du framablog qui vous explique tout. Les inscriptions sont ouvertes par ici

 

à suivre …

 

 




L’Internet pendant le confinement


On parle beaucoup en ce moment d’une « saturation des réseaux », de « risques pour l’Internet », qui justifieraient des mesures autoritaires et discriminatoires, par exemple le blocage ou le ralentissement de Netflix, pour laisser de la place au « trafic sérieux ». Que se passe-t-il exactement et qu’y a-t-il derrière les articles sensationnalistes ?

La France, ainsi que de nombreux autres pays, est confinée chez elle depuis plusieurs jours, et sans doute encore pour plusieurs semaines. La durée exacte dépendra de l’évolution de l’épidémie de COVID-19. Certains travailleurs télétravaillent, les enfants étudient à la maison, et la dépendance de toutes ces activités à l’Internet a suscité quelques inquiétudes.

On a vu des médias, ou des dirigeants politiques comme Thierry Breton, réclamer des mesures de limitation du trafic, par exemple pour les services vidéo comme Netflix. Les utilisateurs qui ont constaté des lenteurs d’accès à certains sites, ou des messages d’erreur du genre « temps de réponse dépassé » peuvent se dire que ces mesures seraient justifiées. Mais les choses sont plus compliquées que cela, et il va falloir expliquer un peu le fonctionnement de l’Internet pour comprendre.

Copie d'écran du site du CNED, montrant un message d'erreur
Le site Web du CNED, inaccessible en raison des nombreux accès (mais le réseau qui y mène marchait parfaitement à ce moment).

Réseaux et services

D’abord, il faut différencier l’Internet et les services qui y sont connectés. Si un élève ou un enseignant essaie de se connecter au site du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) et qu’il récupère un message avec une  « HTTP error 503 », cela n’a rien à voir avec l’Internet, et supprimer Netflix n’y changera rien : c’est le site Web au bout qui est surchargé d’activité, le réseau qui mène à ce site n’a pas de problème. Or, ce genre de problèmes (site Web saturé) est responsable de la plupart des frustrations ressenties par les utilisateurs et utilisatrices. Résumer ces problèmes de connexion avec un « l’Internet est surchargé » est très approximatif et ne va pas aider à trouver des solutions aux problèmes. Pour résumer, les tuyaux de l’Internet vont bien, ce sont certains sites Web qui faiblissent. Ou, dit autrement, « Dire que l’Internet est saturé, c’est comme si vous cherchez à louer un appartement à la Grande Motte au mois d’août et que tout est déjà pris, du coup vous accusez l’A7 d’être surchargée et demandez aux camions de ne pas rouler. »

On peut se demander pourquoi certains services sur le Web plantent sous la charge (ceux de l’Éducation Nationale, par exemple) et d’autres pas (YouTube, PornHub, Wikipédia). Il y a évidemment de nombreuses raisons à cela et on ne peut pas faire un diagnostic détaillé pour chaque cas. Mais il faut noter que beaucoup de sites Web sont mal conçus. L’écroulement sous la charge n’est pas une fatalité. On sait faire des sites Web qui résistent. Je ne dis pas que c’est facile, ou bon marché, mais il ne faut pas non plus baisser les bras en considérant que ces problèmes sont inévitables, une sorte de loi de la nature contre laquelle il ne servirait à rien de se révolter. Déjà, tout dépend de la conception du service. S’il s’agit de distribuer des fichiers statiques (des fichiers qui ne changent pas, comme des ressources pédagogiques ou comme la fameuse attestation de circulation), il n’y a pas besoin de faire un site Web dynamique (où toutes les pages sont calculées à chaque requête). Servir des fichiers statiques, dont le contenu ne varie pas, est quelque chose que les serveurs savent très bien faire, et très vite. D’autant plus qu’en plus du Web, on dispose de protocoles (de techniques réseau) spécialement conçus pour la distribution efficace, en pair-à-pair, directement entre les machines des utilisateurs, de fichiers très populaires. C’est le cas par exemple de BitTorrent. S’il a permis de distribuer tous les épisodes de Game of Thrones à chaque sortie, il aurait permis de distribuer facilement l’attestation de sortie ! Même quand on a du contenu dynamique, par exemple parce que chaque page est différente selon l’utilisateur, les auteurs de sites Web compétents savent faire des sites qui tiennent la charge.

Mais alors, si on sait faire, pourquoi est-ce que ce n’est pas fait ? Là encore, il y a évidemment de nombreuses raisons. Il faut savoir que trouver des développeurs compétents est difficile, et que beaucoup de sites Web sont « bricolés », par des gens qui ne mesurent pas les conséquences de leurs choix techniques, notamment en termes de résistance à la charge. En outre, les grosses institutions comme l’Éducation Nationale ne développent pas forcément en interne, elles sous-traitent à des ESN et toute personne qui a travaillé dans l’informatique ces trente dernières années sait qu’on trouve de tout, et pas forcément du bon, dans ces ESN. Le « développeur PHP senior » qu’on a vendu au client se révèle parfois ne pas être si senior que ça. Le développement, dans le monde réel, ressemble souvent aux aventures de Dilbert. Le problème est aggravé dans le secteur public par le recours aux marchés publics, qui sélectionnent, non pas les plus compétents, mais les entreprises spécialisées dans la réponse aux appels d’offre (une compétence assez distincte de celle du développement informatique). Une petite entreprise pointue techniquement n’a aucune chance d’être sélectionnée.

D’autre part, les exigences de la propriété intellectuelle peuvent aller contre celles de la technique. Ainsi, si BitTorrent n’est pas utilisé pour distribuer des fichiers d’intérêt général, c’est probablement en grande partie parce que ce protocole a été diabolisé par l’industrie du divertissement. « C’est du pair-à-pair, c’est un outil de pirates qui tue la création ! » Autre exemple, la recopie des fichiers importants en plusieurs endroits, pour augmenter les chances que leur distribution résiste à une charge importante, est parfois explicitement refusée par certains organismes comme le CNED, au nom de la propriété intellectuelle.

Compter le trafic réseau

Bon, donc, les services sur le Web sont parfois fragiles, en raison de mauvais choix faits par leurs auteurs, et de réalisations imparfaites. Mais les tuyaux, eux, ils sont saturés ou pas ? De manière surprenante, il n’est pas facile de répondre à cette question. L’Internet n’est pas un endroit unique, c’est un ensemble de réseaux, eux-mêmes composés de nombreux liens. Certains de ces liens ont vu une augmentation du trafic, d’autres pas. La capacité réseau disponible va dépendre de plusieurs liens (tous ceux entre vous et le service auquel vous accédez). Mais ce n’est pas parce que le WiFi chez vous est saturé que tout l’Internet va mal ! Actuellement, les liens qui souffrent le plus sont sans doute les liens entre les FAI (Fournisseurs d’Accès Internet) et les services de vidéo comme Netflix. (Si vous voyez le terme d’appairage – peering, en anglais – c’est à ces liens que cela fait allusion.) Mais cela n’affecte pas la totalité du trafic, uniquement celui qui passe par les liens très utilisés. La plupart des FAI ne fournissent malheureusement pas de données publiques sur le débit dans leurs réseaux, mais certains organismes d’infrastructure de l’Internet le font. C’est le cas du France-IX, le principal point d’échange français, dont les statistiques publiques ne montrent qu’une faible augmentation du trafic. Même chose chez son équivalent allemand, le DE-CIX. (Mais rappelez-vous qu’à d’autres endroits, la situation peut être plus sérieuse.) Les discussions sur les forums d’opérateurs réseau, comme le FRnog en France, ne montrent pas d’inquiétude particulière.

Graphique montrant le trafic du France-IX
Le trafic total au point d’échange France-IX depuis un mois. Le début du confinement, le 17 mars, se voit à peine.

Statistiques du FAI FDN
Le trafic des clients ADSL du FAI (Fournisseur d’Accès Internet) FDN depuis un mois. L’effet du confinement est visible dans les derniers jours, à droite, mais pas spectaculaire.

Mais pourquoi est-ce qu’il n’y a pas d’augmentation massive et généralisée du trafic, alors qu’il y a beaucoup plus de gens qui travaillent depuis chez eux ? C’est en partie parce que, lorsque les gens travaillaient dans les locaux de l’entreprise, ils utilisaient déjà l’Internet. Si on consulte un site Web pour le travail, qu’on le fasse à la maison ou au bureau ne change pas grand-chose. De même, les vidéo-conférences (et même audio), très consommatrices de capacité du réseau, se faisaient déjà au bureau (si vous comprenez l’anglais, je vous recommande cette hilarante vidéo sur la réalité des « conf calls »). Il y a donc accroissement du trafic total (mais difficile à quantifier, pour les raisons exposées plus haut), mais pas forcément dans les proportions qu’on pourrait croire. Il y a les enfants qui consomment de la capacité réseau à la maison dans la journée, ce qu’ils ne faisaient pas à l’école, davantage de réunions à distance, etc., mais il n’y a pas de bouleversement complet des usages.

Votre usage de l’Internet est-il essentiel ?

Mais qu’est-ce qui fait que des gens importants, comme Thierry Breton, cité plus haut, tapent sur Netflix, YouTube et les autres, et exigent qu’on limite leur activité ? Cela n’a rien à voir avec la surcharge des réseaux et tout à voir avec la question de la neutralité de l’Internet. La neutralité des réseaux, c’est l’idée que l’opérateur réseau ne doit pas décider à la place des utilisateurs ce qui est bon pour eux. Quand vous prenez l’autoroute, la société d’autoroute ne vous demande pas si vous partez en week-end, ou bien s’il s’agit d’un déplacement professionnel, et n’essaie pas d’évaluer si ce déplacement est justifié. Cela doit être pareil pour l’Internet. Or, certains opérateurs de télécommunications rejettent ce principe de neutralité depuis longtemps, et font régulièrement du lobbying pour demander la possibilité de trier, d’évaluer ce qu’ils considèrent comme important et le reste. Leur cible favorite, ce sont justement les plate-formes comme Netflix, dont ils demandent qu’elles les paient pour être accessible par leur réseau. Et certaines autorités politiques sont d’accord, regrettant le bon vieux temps de la chaîne de télévision unique, et voulant un Internet qu’ils contrôlent. Le confinement est juste une occasion de relancer cette campagne.

Mais, penserez-vous peut-être, on ne peut pas nier qu’il y a des usages plus importants que d’autres, non ? Une vidéo-conférence professionnelle est certainement plus utile que de regarder une série sur Netflix, n’est-ce pas ? D’abord, ce n’est pas toujours vrai : de nombreuses entreprises, et, au sein d’une entreprise, de nombreux employés font un travail sans utilité sociale (et parfois négatif pour la société) : ce n’est pas parce qu’une activité rapporte de l’argent qu’elle est forcément bénéfique pour la collectivité ! Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Je vous comprends, car, justement, la raison principale pour laquelle la neutralité de l’Internet est quelque chose de crucial est que les gens ne sont pas d’accord sur ce qui est essentiel. La neutralité du réseau est une forme de laïcité : comme on n’aura pas de consensus, au moins, il faut trouver un mécanisme qui permette de respecter les choix. Je pense que les Jeux Olympiques sont un scandaleux gaspillage, et un exemple typique des horreurs du sport-spectacle. Un autre citoyen n’est pas d’accord et il trouve que les séries que je regarde sur Netflix sont idiotes. La neutralité du réseau, c’est reconnaître qu’on ne tranchera jamais entre ces deux points de vue. Car, si on abandonnait la neutralité, on aurait un problème encore plus difficile : qui va décider ? Qui va choisir de brider ou pas les matches de foot ? Les vidéos de chatons ? La vidéo-conférence ?

D’autant plus que l’Internet est complexe, et qu’on ne peut pas demander à un routeur de décider si tel ou tel contenu est essentiel. J’ai vu plusieurs personnes citer YouTube comme exemple de service non-essentiel. Or, contrairement à Netflix ou PornHub, YouTube ne sert pas qu’au divertissement, ce service héberge de nombreuses vidéos éducatives ou de formation, les enseignants indiquent des vidéos YouTube à leurs élèves, des salariés se forment sur YouTube. Pas question donc de brider systématiquement cette plate-forme. (Il faut aussi dire que le maintien d’un bon moral est crucial, quand on est confiné à la maison, et que les services dits « de divertissement » sont cruciaux. Si vous me dites que non, je vous propose d’être confiné dans une petite HLM avec quatre enfants de 3 à 14 ans.)

À l’heure où j’écris, Netflix et YouTube ont annoncé une dégradation délibérée de leur service, pour répondre aux injonctions des autorités.  On a vu que les réseaux sont loin de la saturation et cette mesure ne servira donc à rien. Je pense que ces plate-formes essaient simplement de limiter les dommages en termes d’image liés à l’actuelle campagne de presse contre la neutralité.

Conclusion

J’ai dit que l’Internet n’était pas du tout proche d’un écroulement ou d’une saturation. Mais cela ne veut pas dire qu’on puisse gaspiller bêtement cette utile ressource. Je vais donc donner deux conseils pratiques pour limiter le débit sur le réseau :

  • Utilisez un bloqueur de publicités, afin de limiter le chargement de ressources inutiles,
  • Préférez l’audio-conférence à la vidéo-conférence, et les outils textuels (messagerie instantanée, courrier électronique, et autres outils de travail en groupe) à l’audio-conférence.

Que va-t-il se passer dans les jours à venir ? C’est évidemment impossible à dire. Rappelons-nous simplement que, pour l’instant, rien n’indique une catastrophe à venir, et il n’y a donc aucune raison valable de prendre des mesures autoritaires pour brider tel ou tel service.

Quelques lectures supplémentaires sur ce sujet :




Framaconfinement Jour 03 – La journée des petits trucs

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Voici notre journée d’hier vue par Angie.

Je suis impressionnée de me retrouver à rédiger le texte de ce journal, car contrairement à Pouhiou et Pyg qui ont le verbe (et la langue) bien pendus, ça m’a toujours demandé de prendre beaucoup sur moi-même pour écrire (du moins dans l’optique d’être publiée). Mais à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles. Je me mets donc un grand coup de pied au derrière pour vous raconter notre journée d’hier. Cet article sera sûrement plus court que les deux premiers billets (vous allez me dire : tant mieux !) car ma plume est plus concise que celle de mes chers collègues. De plus, n’ayant pas une formation informatique (même si bon, je ne suis pas complètement nulle en la matière), je suis parfois bien incapable d’expliquer ce que font mes collègues de l’équipe technique : c’est un peu du charabia pour moi tous ces gros mots ! Mais je me lance quand même !

« Faire court » …? Ouiiiii, on sait faire, à Framasoft. C’est même une spécialité locale !

La journée des petits trucs

Cette troisième journée de confinement a donné à une partie d’entre nous, une drôle de sensation. Comme me le disait ce matin Pouhiou, « la journée d’hier c’était pour moi plein de petits trucs qui ne donnent pas l’impression d’en avoir fait un gros » et SpF qui ajoute « Perso, j’ai pas eu l’impression d’avoir fait grand-chose alors que je n’ai pas manqué de travail » . Et pyg d’ajouter : « je n’ai pas eu l’impression d’être hyper efficace, mais au final, c’était une « bonne » journée » . Moi aussi, j’ai eu cette sensation d’éparpillement, de multiplier de toutes petites activités, sans vraiment m’arrêter durablement sur l’une plutôt que l’autre, un peu comme une abeille butinant de fleur en fleur. J’ai eu plusieurs fois dans ma journée l’impression que ce que je faisais n’était peut-être pas la priorité. Mais il m’était vraiment difficile d’établir des priorités dans cette masse de petites tâches, alors j’ai fait au mieux. Souvent, on ne voit pas à quel point régler les petits trucs peut être efficace et avoir de l’effet. Ça ne laisse pas le sentiment de satisfaction du travail bien fait, mais en prenant du recul, on s’aperçoit que toutes ces petites actions nous ont permis de pas mal avancer.

Je me suis donc demandée comment vous raconter cette multitude de petites activités sans tomber dans la liste sans fin. Mais comme ce quatrième jour de confinement arrive déjà à sa fin, je me suis dis qu’il ne fallait pas que je me prenne trop la tête non plus et que finalement, j’allais juste vous raconter tout cela le plus simplement possible.

Même pas peur.

Commençons donc par ce qui prend le plus d’énergie à l’association actuellement : le maintien et le renforcement de nos services. Dès mardi, Luc a migré semestriel.framapad.org vers un nouveau serveur pour accueillir les pads semestriels de notre service Framapad et ainsi laisser davantage de place à mensuel.framapad.org sur un serveur dédié. Dorénavant, lorsque vous créez un pad public sur https://framapad.org/, nous vous permettons de créer ce pad sur une instance du logiciel Etherpad qui n’est pas hébergée chez nous. C’est transparent pour vous, mais ça nous permet de reporter la charge entre plusieurs structures. Tcit ajoute chaque jour de nouvelles instances à la liste de celles vers lesquelles vous êtes redirigé⋅es lors de la création d’un nouveau pad. Vous pouvez ainsi consulter la liste de ces partenaires sur https://framapad.org/fr/info. Nous en profitons pour remercier toutes les structures et individus qui nous permettent d’utiliser leurs services. C’est beau et rassurant de voir une telle entraide !

Chocobozzz et Luc ont travaillé à l’amélioration des performances de MyPads, le service qui permet la création de dossiers de pads par utilisateur⋅ice, illimités et partageables. En effet, depuis lundi, vous êtes très nombreu⋅ses à utiliser ce service et il a rencontré quelques soucis. Luc a donc installé une nouvelle instance de ce service sur nos serveurs et nous proposons dorénavant 2 instances de MyPads :

Nous incitons les nouveaux utilisateur⋅ices à se créer un compte sur la nouvelle instance plutôt que sur l’instance historique, sauf dans quelques cas :

  • si vous voulez accéder à des pads déjà créés sur cette instance historique
  • si vous voulez partager des pads avec des utilisateur⋅ices déjà inscrit⋅es sur l’instance historique

 

Notez qu’il s’agit là d’un autoportrait, vu que ce meme a été généré par Framasky.

Notre service de conversation audio / vidéo Framatalk a lui aussi vu débarquer en masse de nouveaux utilisateur⋅ices. Tout comme pour notre service Framapad, nous avons fait appel à la communauté des hébergeurs de services en ligne afin de pouvoir vous renvoyer sur leurs instances du logiciel Jitsi. Vous pouvez ainsi consulter la liste de ces partenaires sur https://framatalk.org/accueil/fr/info. Nous remercions à nouveau toutes les structures et individus qui nous permettent de renvoyer vers leurs services.

Chocobozzz a passé une partie de sa journée à débuguer Framacalc, notre instance du logiciel Ethercalc, qui permet la réalisation de feuilles de calculs de manière collaborative. Luc, parce qu’il avait, dès mardi, installé et configuré un serveur Mumble pouvant accueillir 1200 personnes en temps réel (nous en avons fait l’annonce tout récemment), a aussi mis le nez dans la documentation Mumble qu’avait rédigée SpF pour y ajouter quelques éléments.

Pour Théo, notre stagiaire sur Framaforms, c’était une bonne journée puisqu’il a enfin pu résoudre les erreurs de mail de confirmation qu’il rencontrait sur ce service (ne me demandez pas de quoi il s’agit, je n’en ai aucune idée). Ça faisait plusieurs jours qu’il galérait dessus et ça a un peu été la délivrance pour lui que de résoudre ce problème. Ça a même fait danser SpF (pour qui c’est aussi un soulagement au niveau support) :

Pyg a, comme chaque jour, coordonné les activités de l’ensemble de l’équipe salariée et des membres bénévoles. Pour cela, on utilise principalement le logiciel Mattermost, un service de discussion instantanée conçu comme un chat interne. Ces derniers jours, les échanges ont été bien plus nombreux dans les différents canaux de discussion de cet outil. Lire l’ensemble des conversations et y répondre, ça prend sacrément du temps dans une journée.

Mais ça ne l’a pas empêché de :

  • finaliser le texte de l’article Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure,
  • remettre le nez dans le mémo sur le télétravail qu’il avait entamé ce week-end,
  • suivre toutes les informations sur Framasoft,
  • faire de la veille sur les besoins numériques pendant la crise sanitaire (outils et accompagnement),
  • faire le point sur l’état de nos services,
  • prendre des nouvelles de ses collègues…;)

Pouhiou a animé toute la journée notre présence sur les différents médias sociaux en y diffusant de nouvelles publications, en partageant des informations et en répondant à celleux qui nous posent des questions ou qui réagissent à nos publications. Hier, l’un de nos tweets a été repartagé plus de 2000 fois. Pouhiou faisait le constat que sur Twitter, nos tweets les plus repartagés sont ceux où l’on exprime notre mécontentement face aux pratiques des géants du web et/ou débordements de propriété intellectuelle. Alors que lorsqu’on publie des contenus positifs, ils sont moins repartagés. On le sait, Twitter est le lieu d’expression de l’indignation et de la colère. Mais on a là la confirmation que les algorithmes de cet outil mettent davantage en valeur des contenus qui vont nous faire réagir.

Pouhiou s’est aussi chargé de la mise en forme et de la publication sur notre blog de l’article Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure rédigé par pyg. Pour illustrer cet article, il a fait un appel à l’ensemble des membres de l’association afin de produire des mèmes. Ah, ça quand il s’agit de créer des mèmes, on a des spécialistes dans l’asso ! Les mèmes sont arrivés en pagaille et il en a sélectionné quelques-uns pour les inclure dans l’article.

Nous, on fait les deux.

Et en vrac, il a aussi fait tout cela dans sa journée :

AnMarie a continué ses activités habituelles en cette troisième journée de confinement, alors que nous savons qu’elle ne vit pas très bien le fait de télétravailler. Tout en répondant aux tickets de support concernant les dons, elle a fait de la saisie dans notre logiciel de comptabilité. Elle s’est aussi occupée de prendre des abonnements à deux nouveaux médias pour l’association : Le Monde et Médiapart. En effet, on en parlait depuis plusieurs mois de cette nécessité pour nos pratiques de veille de s’abonner à ces deux titres, sachant que nous avons déjà de longue date un abonnement à NextINpact. C’est dorénavant chose faite grâce à elle. Nous n’avons dorénavant plus aucune raison de ne pas être informé⋅es 😉

Hier, SpF est revenu à une activité plus habituelle que les jours précédents. Il a répondu aux tickets de demande de support et répondu aux nombreuses publications sur notre forum. Il est épaulé dans cette tâche par une partie de l’équipe salariée (coucou Tcit, Pouhiou et Théo) ainsi que par plusieurs membres bénévoles de l’association (coucou Gavy, Fred, lamessen, fat115 et celleux que j’oublie). Et comme me le disait SpF, répondre aux demandes, c’est vivre beaucoup d’émotions dans une même journée : entre les messages de remerciements qui vont droit au cœur, les messages de personnes qui sont complètement perdues et qu’il faut accompagner au cas par cas et les messages de celleux qui nous insultent, c’est un peu le yoyo émotionnel. D’où l’intérêt pour l’ensemble de l’association de se soutenir au quotidien !

Notez bien que les mots gentils sont plus nombreux que les râleries des facheuxses.

Quant à ma troisième journée de confinement, elle a été bien morcelée. J’ai continué tout au long de la journée à coordonner l’animation du CHATONS en prenant connaissance des échanges se déroulant sur notre forum, en échangeant directement avec certaines structures ayant des besoins spécifiques, en créant de nouvelles pages recensant sur le wiki les instances des outils les plus utiles au télétravail et en animant les comptes du collectif sur les médias sociaux. J’ai proposé la tenue d’une réunion spéciale pour les membres du collectif afin de définir la stratégie du collectif durant cette période. J’ai aussi passé un peu de temps sur la rédaction et la mise en forme de l’article Une mobilisation citoyenne pour la continuité pédagogique en lien avec le collectif Continuité Pédagogique. J’ai pris connaissance des articles et informations transmises par les membres de l’association. Et en fin de journée, j’ai rédigé les textes d’explications qui apparaissent sur nos instances MyPads en lien avec l’équipe technique. Au final, la journée était encore bien remplie.

Le monde a changé. — Pyg, hier, 2020

Mais ce que je voulais souligner, alors même que dans les circonstances habituelles je ne suis pas en télétravail, c’est que je ne me suis jamais aussi sentie en lien avec les membres de l’association. C’est un paradoxe assez intéressant que d’être confinée seule dans mon appartement lyonnais, de travailler seule face à mes écrans toute la journée et de me dire chaque soir que je n’ai pas eu une seule fois dans ma journée la sensation d’être seule.




Framaconfinement Jour 02 – Prendre la mesure

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

 

Notre article d’hier s’est fait modérer-censurer sur FB, pour infraction au copyright.
Du coup il n’y aura pas de mème dans cet article.
Pas un seul.

Voici notre journée d’hier vue par Pyg, dans un texte dont il a fini le premier jet à 3h du mat’.

Prendre la mesure

Ce monde marche à l’envers.

D’habitude, c’est Pouhiou, mon collègue et ami qui use de sa plus belle plume pour écrire les billets du Framablog, et moi qui envoie des listes à puces aux bénévoles ou aux collègues à longueur de journée.
Mais en ce moment, le monde marche à l’envers.

Le premier billet de ce journal de bord aura donc été une liste à puces faite par Pouhiou. Et ce second billet, puisque nous avons décidé d’alterner les auteurs, sera plutôt une introspection. Ou une extraspection (oui, ça n’existe pas, mais à l’heure où je rédige ce billet, c’est encore mon anniversaire, alors je fais ce que je veux).

Sur le plan purement technique, cette deuxième journée de confinement aura, un peu, ressemblé à la précédente. On a couru de partout, en essayant non plus d’avoir le moins de casse possible (ça c’était hier), mais de commencer à voir comment on pouvait mettre les étais qui nous aideraient à continuer à être utiles.

Concrètement, Luc (notre adminsys) a commencé à migrer l’instance semestriel.framapad.org vers un des serveurs dédiés loué en urgence hier sur laquelle elle sera isolée, afin de laisser mensuel.framapad.org, toute surchargée qu’elle est, prendre ses aises sur le serveur où elles étaient toutes les deux. Il s’est aussi assuré que l’infra tenait bon, car il n’y a pas que les pads qui aient souffert, et à installé et configuré un serveur Mumble pouvant accueillir 1200 personnes en temps réel.

C’est peut être un biais, mais j’associe souvent Luc au mécanicien en fond de cale du rafiot, à serrer les boulons, à remettre de l’huile, à jouer de l’extincteur sur une pièce qui a trop chauffé. Mauvais caractère, râleur, mais sans lui nous ne serions rien.

Un jour, les admin-sys domineront le monde.
Mais pas demain : demain, y’a migration.

Suite à la remise en page expresse hier des pages d’accueil framapad et framatalk, tcit, qui développait jusqu’à la semaine dernière Mobilizon a lui aussi prêté main forte sur l’infra, et aux collègues qui en avaient besoin. Notamment, il a mis à jour Framadrive, et Framagenda. C’est le genre de personne tellement compétente que lorsque vous lui demandez si une tâche peut être faite à 17h14, il vous répond dans l’instant que ça a été fait à 17h10. Je crois qu’il a aidé chacun⋅e d’entre nous aujourd’hui, y compris Théo (stagiaire INSA qui travaille sur Framaforms). Discrètement, efficacement. Sans lui, nous ne serions rien.

L’envol vers l’auto-suffisance numérique, allégorie.

Chocobozzz, tout comme tcit, a dû temporairement arrêter (ou fortement ralentir) le développement de PeerTube. Depuis jeudi dernier, date de migration du serveur framatalk, il travaille avec Luc à mettre en place un JitsiMeet qui tienne la route (et d’après les au moins 752 messages lus sur le canal « Tech » de notre framateam, j’ai cru comprendre au milieu de leurs échanges en jargon-Klingon avec Luc que la doc de Jitsi était quand même franchement, franchement pas claire). Luc est actuellement en train de monter un autel à sa gloire dans son bureau, tant son travail sur Jitsi a été salutaire 🙇. Sans lui nous ne serions rien.

JosephK, notre développeur frontend, est lui, épargné (en quelque sorte) puisqu’il avait posé 4 semaines de congés pour finir les travaux de son écoquille, dans un coin reculé de la France. Il est censé revenir la semaine prochaine, mais avec des enfants à charge (et donc confinés), je ne sais pas encore s’il pourra (et pourtant il est clair qu’un peu d’air frais et d’énergie soulagerait bien les collègues). On ne sait pas. On verra. Sans lui, nous ne serions rien.

 

Les nouvelles machines framatalk tiennent la charge… tant que vous ne vous connectez pas à plusieurs dizaines dessus !

Mais Framasoft, ça n’est pas que de la technique (et les humains qui vont avec)

C’est aussi du support, de l’accompagnement, des échanges avec la communauté, pour la communauté.

SpF, par exemple, l’homme de l’ombre, celui qui a traité, je viens de vérifier, 28 122 tickets de support (oui, parce qu’un spam en faux positif, il faut bien le traiter aussi). Celui qui répond patiemment quand vous nous engueulez parce que votre mot de passe ne fonctionne plus (alors qu’en fait ça fait 5 fois que vous l’écrivez en majuscules au lieu de minuscules, que vous l’expliquer génère 6 messages de support, et quand, enfin, il vous montre – patiemment et poliment – que vous vous étiez trompé, vous ne vous fendez que rarement d’un « désolé » ou d’un simple « Merci »). C’est lui, aussi, qui vous retrouve le pad-absolument-vital dont vous avez perdu l’adresse (et là, parfois, vous vous répandez en louanges à son égard, merci). J’ai évidemment une pensée particulière pour lui car il n’a jamais caché qu’il était hypocondriaque (un vrai, pas un qui fait rire comme dans les films). Alors on essaie de dédramatiser à coup de « Comment ça va ? » « Bof, comme un hypocondriaque en pleine pandémie »… BaDoum Tss…

Aujourd’hui, SpF a réalisé un tutoriel Mumble qui pourra sans doute être fort utile pour celles et ceux qui veulent garder un contact audio en ces temps troublés. Sans lui, nous ne serions rien.

Désormais, le support pour nos services passe en priorité par le forum.

Une partie des communautés libristes a vu, au départ, la situation de pandémie comme une façon de prouver que le libre était LA solution aux défis techniques que nous rencontrons, tout en bottant le cul des GAFAM. Et beaucoup de gens ont tourné leur regard vers nous, comme si nous pouvions réellement changer la donne. Malheureusement, non, Framasoft seule est impuissante. Nous avons dit et répété que nous voulions participer à changer le monde, un octet à la fois, mais qu’il était hors de question de prendre sur nos épaules l’injonction de le sauver. Ben voilà, on ne le sauvera pas. Notre seul espoir à mon avis, et cela même en dehors du numérique, va résider dans notre capacité à faire, et faire ensemble. Plutôt que d’attendre un hypothétique sauveur.

Faire ensemble, c’est justement ce pourquoi nous avons initié le collectif CHATONS. Hier, c’était un peu le grand test : le « S » de CHATONS qui signifie « Solidaires », c’est pour de vrai ou c’est pour la gloriole et pour du beurre ?

Force est de constater que les chatons ont répondu à l’appel : en 24h, le collectif a pu rassembler des listes de plusieurs de dizaines de structures prêtes à proposer qui des pads, qui du Jitsi, qui de la VM, qui du Nextcloud, etc.

Le tout avec des valeurs de transparence, de respect des données personnelles, d’engagement à n’utiliser que du libre, et, ces structures l’ont démontrées hier, de la solidarité.

C’est « CHATONS », avec un « S » comme « Solidaires »

Mais organiser un tel foisonnement n’est pas simple : on a beau être plus « bazar » que « cathédrale », s’organiser c’est essayer de mettre de l’ordre dans le chaos, c’est trouver quelles sont les urgences et mettre en œuvre des plans d’actions.

Et ça, ça a été une partie du boulot d’Angie sur cette journée. Elle a ouvert des pages wiki, réorganisé des catégories du forum, modéré des messages. Bref, elle a essayé de canaliser les énergies pour qu’elles ne se dispersent pas dans l’agitation extrême d’hier. En parallèle, elle a travaillé avec le collectif spontané « Continuité pédagogique » pour relayer leur appel sur le framablog, qui vient de paraître aujourd’hui. Et elle doit autant que possible, continuer à prendre en charge les stages de Lise (sur CHATONS) et d’Arthur (en charge de nos traductions). Je partageais mon bureau avec elle et Anne-Marie. Ne plus l’entendre pester contre Drupal me manque déjà. Sans elle, nous ne serions rien.

 

Ah si les CHATONS avaient les moyens d’Oprah…

Pouhiou, lui, n’est pas que la plume de Framasoft. Il en est le panache. Une force motrice. Toujours à l’écoute et attentionné. Et quand je dis attentionné, on est loin des 2 minutes d’attention avant de passer à autre chose. C’est plutôt du genre à détecter si je vais bien ou pas rien qu’à ma façon d’écrire  « Hello World! » sur le tchat des salarié⋅es le matin. Je connais ses forces, mais aussi ses fragilités. Je sais que le confinement ne lui pèsera pas vraiment (nous sommes nombreux dans l’équipe à pratiquer le télétravail depuis des années). Mais je sais que son empathie naturelle va le conduire à s’inquiéter pour ses proches, dont nous sommes.

Pouhiou, hier comme chaque jour, a animé – avec Angie – nos médias sociaux, a rédigé un mail-bilan à l’asso, mail qu’il a repris sur le blog sous la forme du premier billet de ce journal. Il a aussi animé une réunion à distance avec SpF et Maiwann (en formation au CNAM en ergonomie, et qui travaille sur la question de la pénibilité du support) sur la refonte nécessaire de notre plateforme de support face à l’afflux de visiteurs et visiteuses. Enfin, surtout, il a pris soin de nous. Il est resté toute une partie de la journée à l’écoute, sur le Mumble (un tchat audio) de l’association, à dire bonjour ou à prendre des nouvelles qui passait par là. Sans lui, nous ne serions rien.

Dites-le avec des paillettes.

Enfin, il y a Anne-Marie. L’invisible ou presque pour qui ne connaît pas Framasoft « In Real Life ». Secrétaire administrative et financière de l’association (oui, merci, nous sommes bien conscient⋅e⋅s de la position genrée de l’association et on y travaille :-/ ), c’est elle qui saisit les dons, fait une grande partie de la compta, passe nos commandes, expédie les colis, organise les A.G., etc. Je partage son bureau depuis maintenant plus de 4 ans, à LocauxMotiv. Et je m’inquiète pour elle. Parce que je la connais. Parce que je sais pour elle l’importance du « réseau social » (pas celui de Twitter ou Mastodon, vous ne l’y trouverez pas) : celui des ami⋅e⋅s, des collègues, de voisin⋅e⋅s de bureaux de LocauxMotiv, lieu dans lequel elle s’est beaucoup impliquée et fermé depuis hier. Et l’imaginer confinée chez elle, à Lyon, me fait… eh bien me fait mal, en fait. Car je sais que j’aurais beau l’appeler tous les jours, ou qu’elle peut entrer en contact avec n’importe lequel de ses collègues à n’importe quel moment, par n’importe quel moyen (téléphone, tchat, Mumble, visio, email, etc), pour elle, ça ne sera pas pareil. Pas juste différent. Moins bien. Beaucoup moins bien. Difficile sans doute. Douloureux peut-être. Sans elle, nous ne serions rien.

Tentative d’illustrer la classe d’AnMarie.

Prendre la mesure

Et moi, dans tout ça ?

Je me sens privilégié. J’étais à la campagne avec mon amoureuse le WE dernier, nous avons décidé d’y rester. Nous n’avons qu’une pièce chauffée, mais c’est tout à fait suffisant. Un jardin, des forêts. Nos proches vont bien. Une connexion internet 4G dont on n’a pas – pour l’instant – explosé le forfait. Bref, pour l’instant, le confinement je le vis plutôt bien, mais il faut dire que j’ai plusieurs années de télétravail derrière moi (alors que j’étais le premier et l’unique salarié de Framasoft).

Par contre, j’essaie de prendre la mesure de ce qui nous arrive. Et je n’y parviens pas.

Cela fait 12 ans que je suis salarié de Framasoft, d’abord en tant que délégué général, puis – suite au départ d’Alexis Kauffmann de l’association en 2014 – en tant que directeur. J’en ai vu passer des situations. Des ubuesques, des tendues, des tordues, des exaspérantes, des désespérantes. Mais là, on est face à autre chose. Et j’ai l’impression qu’il faudrait faire comme si rien n’avait changé.
J’ai bien compris l’intérêt des mesures de confinement (et de distanciation sociale, les copains de Datagueule expliquent ça très bien). Et je respecte ces mesures.

Merci de faire tourner cette vidéo de DataGueule, publiée sur leur chaîne PeerTube

Je veux bien être un bon petit soldat. Je veux protéger mes proches, les inconnu⋅e⋅s, les soignant⋅e⋅s.

Mais j’ai vraiment du mal avec des termes comme « Plan de Continuité d’Activité » ou « Continuité Pédagogique ».

Parce que, non, l’activité ne « continue » pas. Elle s’est pris une tarte dans la gueule, un coup de massue même, et ça n’est pas parce qu’elle bouge encore qu’elle « continue ».

J’ai fait ma part du job. J’ai produit (presque pour me détendre) un mémo sur le télétravail (publication demain a priori), parce que je sais que balancer des centaines de milliers de personnes en télétravail du jour au lendemain, c’est d’une violence inouïe pour un grand nombre d’entre elles. J’ai dû prendre des dizaines ou des centaines de décisions chaque jour depuis jeudi pour que Framasoft reste à flot, sans même savoir si ces décisions auraient du sens ou le moindre impact le lendemain. J’ai accompagné mes collègues comme j’ai pu, et je continuerai à le faire.

Mais qu’on ne me dise pas que l’activité « continue ».

Je sais que notre décision d’indiquer aux enseignant⋅es et aux élèves qu’ils et elles n’étaient plus les bienvenus chez nous a heurté. Cette décision, la mienne au départ, puisque je l’ai imposée d’urgence avant de pouvoir la faire valider par l’asso dont les membres avaient des urgences plus personnelles. Et elle n’a pas été facile à prendre. « « FRA » et « MA », c’est pour FRAnçais et MAthématiques », ai-je répété des milliers de fois ces dernières années. Donc, dire « non » aux profs est un crève-cœur pour moi. Mais, comme nous l’avons expliqué, même une infime portion de 800 000 enseignant⋅e⋅s et de 12 000 000 d’élèves, c’est trop pour nous. Cela se ferait au détriment des associations, collectifs, syndicats, TPE, particuliers, etc qui utilisent nos services et qui n’ont pas les moyens du plus gros Ministère de France. Alors certes, on va bricoler des trucs avec les CHATONS, et peut être le collectif « Continuité Pédagogique » va réussir son challenge, évitant à des EdTech affichant aujourd’hui leur solidarité de devenir les prédatrices de demain en poursuivant le processus déjà bien entamé de marchandisation de l’éducation.

Mais j’ai comme un doute.

Pourquoi chercher à tout prix à « continuer » ? On est coincés pour « 15j au moins » ©

Je me mets à la place de gamins qui ont entendu « Nous sommes en guerre » 4 ou 5 fois d’affilée par la plus haute autorité du pays [NDLR : 6 fois, en fait, il l’a dit 6 fois]. Qui sont enfermés chez eux. Qui ont interdiction de jouer avec ou de toucher leurs copains et copines… Et le problème, ça serait que de savoir comment des profs peuvent faire cours à 30 gamins en visioconférence, comme s’ils étaient encore en classe ? Comme si on « continuait » ?

Ça me paraît dingue. Le Ministère (avec qui nous ne sommes effectivement plus en très bons termes) s’acharne à tenter d’imposer des solutions techniques pour faire respecter la sacro-sainte « continuité pédagogique ». Je ne dis pas qu’à aucun moment ils ne pensent aux impacts psychologiques du confinement chez les enfants, mais de ce que j’en vois, vu d’ici, ça semble passer bien après le fait de leur fournir « la solution technique qui marche ». Je leur conseillerai bien de s’arrêter, de respirer un coup, et de changer d’attitude en passant de « donneur d’ordres » à « fournisseurs de ressources » en faisant confiance à chaque enseignant⋅e, individuellement, pour s’organiser collectivement avec ses collègues (et/ou avec les parents) afin d’apporter la meilleure solution selon les cas spécifiques, en lâchant prise sur le fait que pour le moment, personne ne maîtrise plus rien. Si on est prêt à confier nos enfants 7h par jour à des presque inconnu⋅es, je ne vois pas pourquoi on refuserait de leur faire confiance pour s’organiser dans le chaos ambiant. Mais je ne bosse pas au Ministère, et je suis fatigué de cette attitude du  « Un qui sait, tous qui appliquent ».

Cette désorganisation globale causée par le caractère – forcément – impromptu de la crise sanitaire actuelle semble se retrouver dans tous les domaines de l’État. Tout est flou. « On vous dira demain ».
Je ne pointe pas du doigt l’impréparation de l’État (qui me semble réelle, mais ça n’est pas le sujet), mais le fait que ce dernier entretienne un discours de « directives au jour le jour » qui freinent la mise en place de dynamiques collectives locales, puisqu’on attend la grand messe du lendemain. Il y a bien sûr l’urgence médicale. Il y a aussi l’urgence sociale (« Lavez-vous fréquemment les mains », « Restez chez vous », c’est simple quand on est SDF ?). L’urgence éducative (que je différencie de l’urgence scolaire). L’urgence culturelle. L’urgence associative (les associations palliaient à bien des manques de l’État et se retrouvent aujourd’hui sans réelle capacité d’action, et avec des incertitudes fortes sur leur avenir).  Etc.

Ce n’est pas un coup de gueule : j’ai conscience que c’est le bordel pour tout le monde, hein. Notamment pour toutes les professions qui (comme par hasard) avaient des régimes spéciaux : soignant⋅e⋅s, profs, cheminots, transports routiers, etc. Et je ne cherche pas de coupables.

Mais j’aimerais qu’on arrête de me dire qu’il faut que ça « continue ». Le monde a changé. Peut être temporairement, peut-être pas. Mais du coup, nous devons changer nous aussi.

Évidemment, je suis conscient que ce n’est pas la fin du monde (peut-être la fin d’un monde), et qu’on s’en relèvera. Et il me paraît normal, et sain, que certain⋅e⋅s aient besoin de « continuer » pour pouvoir sortir du sentiment d’angoisse ou d’irréalité dans lequel beaucoup d’entre nous sont plongés. Mais demain, une fois sorti de l’état de sidération, il faudra prendre la mesure de ce qui a changé. Retrouver et redonner du sens à nos actions. Et agir. Agir là où l’on se sent utile. Nous réorganiser.

Voilà une vérité qui dérange, ouuuuuuuuh ! :p

 

Concernant Framasoft, cela signifie qu’on ne sait plus rien. Inutile de venir me demander « Quand PeerTube supportera-t-il le live streaming ? », « Est-ce que Mobilizon sortira en juin comme prévu ? », « On aurait besoin d’un cloud en urgence pour qu’un médecin puisse être en liaison avec le SAMU, vous pouvez fournir ? ». Avant, je savais. On me payait pour savoir. Aujourd’hui, je ne sais plus.

Et ce n’est pas si grave, peut être.

Voyons cela comme un reboot. Un reset. L’occasion de repenser les choses sous d’autres angles.

Mes collègues et moi, mais aussi les 25 membres bénévoles de l’association (que des pétales de roses fleurissent sous leurs pieds pour les 18 prochaines générations) ferons de notre mieux, mais pas plus. Parce qu’il va falloir apprendre et découvrir, avec vous, ce que ça fait de louer des serveurs quand il faut imprimer une attestation puis faire 2h de queue pour aller acheter un paquet de pâtes.

Notre priorité sera d’abord de prendre soin de nous et de nos proches, et sans doute alors trouverons-nous comment être de nouveau vraiment utiles dans ce nouveau monde.

Librement,

pyg, La Vineuse sur Fréguande, anciennement Donzy-Le-National (ça ne s’invente pas), le 17 mars 2020.

 

Note de Fred : et dans ce foutoir il y a aussi nous, les bénévoles, qui sommes en train d’écoper le bazar dans nos boulots respectifs en télétravail ou pas (une pensée pour Framatophe qui bosse au CHU de Strasbourg où ça ne doit pas être facile en ce moment) et qui trouvons quelques minutes pour venir fermer les parenthèses que pyg ouvre en masse et ne referme pas toujours, insensible qu’il est aux courants d’air, notre ours d’airain qui porte tant de monde sur ses solides épaules. Oui, chez Frama, on s’aime, et on aime aussi la typo propre.




Framaconfinement, jour 01 (lundi 16 mars)

Lorsque l’on crée un logiciel ou une œuvre libre, un des réflexes, c’est de documenter nos expériences et nos processus. Tenir un journal, un log, permet de partager l’expérience de ce que l’on vit, une expérience dont d’autres pourraient s’inspirer.

L’association Framasoft tient à partager, même de manière irrégulière et foutraque, le résumé de ce qu’il se passe lorsqu’on héberge des outils d’échange et de collaboration en ligne en pleine période de confinement.

Ce journal, nous l’écrivons pour lever un coin de voile sur Framasoft, mais aussi pour nous, parce que ça nous fait du bien. Ne vous attendez donc pas à ce que tous les éléments de contextes vous soient systématiquement donnés, on livrera les choses comme elles viennent, plus cathartiquement que pédagogiquement.

L’accès à l’ensemble de articles : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Pour rappel, Framasoft, c’est :

D’après une infographie de Geoffrey Dorne, CC-By-SA. (soon to be translated into English)

 

Pour ce premier jour du journal de notre confinement, nous reproduisons ci-dessous le bilan du lundi 16 mars envoyé par Pouhiou à la liste des membres de l’association.

C’est parti pour la liste des décisions prises hier en urgence par l’équipe salariée, ainsi qu’un résumé de la journée vécue en mode #ListeàPucesPowaaaa.

Relations Humaines

  • (rappel) Framasoft fait passer l’humain avant tout, d’autant plus dans des périodes comme celles ci ;
  • Les salarié·es lyonnais·es passent en télétravail selon les modalités de l’email de Pyg de ce week-end ;
  • La réunion Mumble hebdomadaire de l’équipe salariée (rompue au télétravail) n’a duré que 2 heures, comme les autres semaines, ce qui tient du miracle compte tenu des circonstances ;
  • AnMarie se charge d’annuler les déplacements et hébergements prévus pour le SalarioCamp et les JDLL ;
  • Le moral est bon, même si la situation donne parfois un sentiment d’irréel ;
  • Le Mumble interne reste ouvert, on essaie d’y avoir une présente constante, pour que chaque membre de l’asso puisse venir papoter si envie ou besoin ;
  • Luc ne peut pas avoir de rdv médecine du travail en visio (iels le font pas pour l’instant), donc on va aménager son temps de travail par décision interne pour parer au plus pressé en respectant sa demande (bosser moins mais bosser quand même) ;
  • On voit tous les petits mots d’encouragements par liste email, canal Framateam, groupe Signal : c’est cool ! ;
  • On envisage de lancer des framapapotes hebdomadaires pour toustes les membres de l’asso durant cette période de confinement.
Je Veux Télétravailler, un tube de JC Frog

Organisation interne

  • Nous remettons à « plus tard » l’ensemble de nos tâches courantes pour gérer la montée en charge sur nos services ;
  • Non parce qu’après la vague Italienne, on a la vague Française avec l’EN et le supérieur qui fonce sur Framatalk et Framapad, et les serveurs se font bien, bien défoncer comme il faut ;
  • Cela signifie que les développements de Mobilizon et PeerTube vont être retardés, que notre calendrier des projets va être remis en question, on gèrera : nous avons besoin de tcit et chocobozzz sur l’administration des serveurs ;
  • Positionnement : les enseignant·es et élèves ne sont pas les bienvenu·es sur les services de Framasoft (qui ne peut pas parer aux carences du ministère) ;
    • C’est dur, mais même pour une petite partie des 800 000 enseignant·es et 12 000 000 d’élèves, on ne peut pas assurer sans cramer le service pour tous les autres ;
    • Or ces usages dépendent d’un ministère, avec ses moyens (72 milliards d’€, c’est le budget de l’EN, autant vous dire qu’avec 0,0002% de cette somme, ils pouvaient très bien proposer des pads pour 12 millions d’élèves), pas de notre asso loi 1901 ;
  • Donc on réserve l’usage de nos services à qui n’a pas les moyens d’un ministère derrière soi (PME/SCOP, Assos, Collectifs et communautés, familles, personnes isolées, etc.).

Le Meme-of-the-Day de notre canal framateam « pourrisage Gif/ meme » est signé Spf

Administration des Systèmes et Tech

  • Location de 7 nouveaux gros serveurs pour avoir de la puissance sous le capot ;
  • Énorme travail de l’équipe technique hier sur la configuration de Jitsi Meet (Framatalk) qui est bien revêche ;
  • Énorme travail aussi sur le serveur et les plugins de Framapad, qui a bien chargé ;
  • Beaucoup de libristes, le collectif CHATONS en tête, proposent leurs instances, mais il fallait trouver comment décentraliser ;
  • Désormais les formulaires pour créer des nouveaux pads (Framapad) et rooms de visio confs (Framatalk) renvoient vers une sélection d’instances de confiance ;
  • C’est le temps qu’on migre sur des serveurs qui poutrent ;
  • Du coup, sur les pages Framapad et Framatalk, ajout d’un message expliquant la surcharge, et le refus de parer aux carences du MEN.

Non mais tout. va. bien.

Support

  • Les utilisateurices novices posent des questions de novices et induisent un besoin d’accompagnement… Mais d’habitude ils découvrent les outils frama au fil de l’eau, or là c’est la ruée, donc il faut réagir ;
  • Intuition : présenter d’abord un espace « entraide sur le forum », pour réserver le support aux questions où on traite de données personnelles / usages ;
  • Autre Intuition : on ne peut plus donner via les tickets les réponses qui sont déjà dans la FàQ, il faut donc la rendre incontournable ;
  • Préparation d’une nouvelle catégorie « Entraide » sur Framacolibri, de sa description et d’un nouveau message de réponse automatique à la création de ticket RT ;
  • Réunion avec Maiwann : les intuitions correspondent à peu près aux préconisations tirées de son travail d’ergonomie avec Spf \o/ ! ;
  • On a donc ajusté ensemble pour que les messages et le workflow du support (dont la page Contact) correspondent encore mieux à leur préconisations ;
  • Réunion prévue mardi matin avec Maiwann, Spf et Tcit pour tout vérifier avant d’entériner tout ça ;
  • Il va donc y avoir besoin d’un max d’entre nous pour répondre aux nouveaux sujets qui seront postés ici (et pour y migrer des sujets anciens d’autres catégories).

Un petit message léger et subtil sur notre page de Contact.

Communication

  • Wouhou ! Cay le bordayl ! ;
  • Travail de prépa des textes autour du support et du positionnement « on ne peut pas accueillir l’EN » ;
  • Un double pouet/tweet, où on demande aux grosses boites/institutions de ne pas se décharger sur nous, qui a fait du bruit bien comme il faut https://twitter.com/framasoft/status/1239492922988527616 ;
  • Beaucoup de propositions d’aide, d’instances, de rassembler les énergies : c’est à la fois très beau à voir et impossible de répondre à tout le monde tout en se consacrant aux urgences ;
  • Toujours ce même problème de Frama trop visible/central alors qu’on refuse un quelconque rôle de « représentant du Libre FR » (et faut continuer à refuser !) ;
  • Énormément de bienveillance (sauf pour les personnes qui ne peuvent pas comprendre nos positionnements tant elles ne partagent pas nos valeurs, mais bon c’est legit…) ;

Le double tweet en question, très repris.

Partenariats/réseaux/collectifs

  • Gros travail d’animation du collectif CHATONS par Angie, Pyg et Lise ;
  • Du coup la solidarité du collectif fait encore plus sens dans ces périodes : ça donne du sens au collectif qui s’empare du Wiki, du forum, etc. ;
  • Un collectif nommé « continuité pédagogique » veut lancer sur le Framablog un appel à une « réserve civique numérique » ;
  • Travail de Pyg et Angie avec ce collectif pour préciser nos limites (nous ne pouvons pas faire partie de cette réserve) mais aussi les aider (à travailler leur appel, l’article, etc.).

Framasoft et les CHATONS, allégorie.

Voilà pour cette grosse première journée, qui fait qu’un certain nombre de salarié·es ont fini sur les rotules, quand même. Mais on va faire en sorte de prendre soin de nous.

À demain, ou bientôt, pour un journal un poil moins long, j’espère.




10 bonnes raisons de fermer certains services Framasoft (la 5e est un peu bizarre…)

On le sait, faire le « grand ménage de printemps » c’est pas une partie de plaisir… mais c’est tellement agréable, quand c’est fait.

À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

À l’heure où nous nous retroussons les manches pour « Déframasoftiser Internet », nous voulons vous expliquer ce que l’on va faire, et pourquoi, car nous sommes persuadé·es que fermer certains services (qui vous renverront chez les copains) et en restreindre d’autres, c’est ce que nous avons de plus sain à faire pour les internets, vos données et nos frêles épaules.

Mise à jour (janvier 2021) :

Nous avons complètement remis à jour notre plan de « déframasoftisation ». Nous avons pris en compte de nombreux paramètres (vos usages, l’évolution de certains logiciels, la disponibilité d’alternatives, les conséquences des événements de 2020…) et décidé de poursuivre en 2021 le maintien de certains services, le temps d’y voir plus clair.

Si les raisons exposées ici restent valables, merci de ne pas tenir compte des annonces dans les textes et images de cet article.

Le calendrier mis à jour se trouve sur la page Alt.framasoft.org.

1. Pour mieux s’occuper des services existants

N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure qui ont prophétisé une Framapocalypse en criant « ça va fermeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer ! » sur leurs médias sociaux, nous allons maintenir de nombreux services à votre disposition, et parmi les plus utilisés… Regardez plutôt :

Les services que nous allons maintenir sans restrictions
Illustration CC-By Maiwann

Maintenir ces services demande du soin, du savoir-faire, de l’attention… Nous avons donc décidé de faire moins pour faire mieux, de proposer moins de services pour mieux chouchouter ceux que nous gardons à votre disposition.

2. Pour assurer une qualité de service aux personnes qui y sont

Il y a d’autres services que nous allons maintenir… mais avec des restrictions. Pour les personnes qui les utilisent déjà, rien ne changera. Nous cesserons simplement d’accueillir de nouvelles personnes, parce qu’on ne peut pas grossir à l’infini sans que ça ne devienne moins bien pour tout le monde.

En effet, s’il y a 10, 100, 1000 ou 10000 personnes qui utilisent un frama-service en même temps, ça change tout : plus il y a de personnes, plus il y a de chances que ça plante. Plus ça plante, plus on a de travail (support, remise en service, etc.). Plus on assure ce travail, moins on a de temps pour maintenir et améliorer l’existant.

Voici les services que nous allons maintenir en restreignant les nouveaux usages.
Illustration CC-By Maiwann

Concrètement, au moment de restreindre ces services, nous avons l’intention de bloquer la création :

  • de nouveaux comptes sur Framasphere et Framapiaf (cela ne changera rien pour les personnes qui y sont déjà) ;
  • de nouvelles listes, teams et dépôts sur Framalistes, Framateam et Framagit (l’existant pourra continuer de fonctionner comme avant) ;
  • de nouveaux liens sur Frama.link (les redirections actuelles seront maintenues) ;
  • de nouveaux comptes sur Framaforms (les comptes existants pourront continuer de créer des formulaires… sachant que nous travaillons actuellement à améliorer le logiciel pour que d’autres l’hébergent plus facilement : on en reparle dès que ça aura avancé !)

3. Pour mettre en lumière d’autres hébergeurs de confiance

Nous l’avons annoncé durant notre campagne Dégooglisons Internet : l’important c’est d’essaimer, de multiplier les hébergements de services en ligne qui respectent les humain·es et leurs données !

Si on ne met pas toutes nos données dans le même panier (si on n’utilise pas tous et toutes le même hébergeur), alors on évite le piège de la centralisation : ce processus donne beaucoup trop de pouvoir et d’importance à un hébergeur… Et même si cet hébergeur, c’est Framasoft !

OK, mais concrètement, comment on fait pour trouver des services comme Framasoft mais dispersés ailleurs ?

Il vous suffit d’aller sur le Frama-service que vous avez l’habitude d’utiliser… et lorsqu’il sera fermé, à sa place, vous verrez cela :

Ici nous avons pris Framadrop (partage de fichiers volumineux) pour l’exemple.

Nous n’allions pas vous laisser comme deux ronds de flan, seul·e face à votre écran ! En fermant certains des frama-services, nous pouvons mettre en valeur d’autres hébergeurs de confiance qui proposent la même chose, mais plus proches de vous. C’est un peu comme pousser l’oisillon du nid : ça fait peur au début, mais ensuite on prend son envol et on se rend compte que les alternatives ne sont qu’à un clic de distance !

4. Pour éviter l’acharnement technopeutique

Franchement : il y a des services qu’il vaut mieux débrancher. Dégooglisons Internet, c’est 38 services qui ont été ouverts, pour la plupart, entre 2014 et 2017… Sur ces 38 expérimentations, toutes ne sont pas une réussite.

Framastory, par exemple, n’est quasiment plus utilisé par personne, et le développement du logiciel n’a pas été repris. Or, finalement, c’est OK de se dire qu’il n’y a pas eu un intérêt suffisant, et de tirer un point final !

Liste des services que nous allons progressivement fermer.

Notre méta-moteur de recherche Framabee, lui, a été beaucoup trop utilisé : du coup, il s’est fait repérer par Google (ainsi que les autres moteurs chez qui Framabee envoyait vos recherches, après les avoir soigneusement anonymisées), et Google a cessé de lui fournir des résultats ! Trop utilisé, trop visible, trop grillé par Google et consorts… il ne servait plus à rien : mieux valait le fermer !

Pendant ce temps, d’autres structures, plus petites, plus discrètes, proposent leur hébergement du même méta-moteur (le logiciel Searx), qui fait exactement la même chose… Et tant que tout le monde ne se précipite pas sur un de ces hébergements (mais qu’ils se multiplient) alors on peut espérer passer sous le radar ;).

5. Pour ne pas devenir l’hypermarché du libre

#StoryTime ! À une époque où les GAFAM ont construit leurs centres commerciaux partout dans le monde numérique, nous avons monté une espèce d’épicerie autogérée de services numériques « bios », responsables et artisanaux.

Or voilà que de plus en plus de personnes se rendent compte que les centres commerciaux du numérique, ça ne leur convient pas. Voilà que la petite épicerie du numérique (Framasoft, donc), voit plus de 700 000 personnes passer chez elle chaque mois.

Que fait-on ? Est-ce qu’on agrandit ? Avec plus d’argent, on pourrait embaucher plus de monde, ouvrir plus de serveurs, créer de plus grands locaux, rationaliser, accueillir encore plus de monde, réduire les coûts, gagner du temps, gagner plus d’argent, séduire plus de monde pour être encore plus rentable, faire du chiffre, grandir toujours plus… et devenir l’hypermarché du libre francophone.

Nous avons donc choisi une autre voie que celle de l’hypermarché : créer des AMAP du numérique en initiant le collectif CHATONS ! Ce collectif d’hébergeurs s’est mis d’accord sur des valeurs et des engagements forts pour mériter votre confiance : fermer certains de nos services nous permet aussi de vous faire découvrir les leurs.

Le système qui a créé ces « hypermarchés du numérique » que sont les GAFAM s’appelle le Capitalisme de Surveillance.
C’est le sujet d’Affaires privées, un essai de Christophe Masutti (Framatophe !), chez C&F éditions.

 

6. Pour prendre soin des personnes qui prennent soin de Framasoft

L’association Framasoft, ce sont 35 membres, dont 9 salarié·es, qui essaient d’animer une communauté d’environ 700 bénévoles, en proposant des sites et services utilisés par plus de 700 000 personnes chaque mois (selon une estimation basse et approximative, car, comme on ne piste pas, on ne peut pas vraiment savoir).

En un an, notre estimation des bénéficiaires de nos services est passée de 500 000 à 700 000 personnes chaque mois. Et notre volonté de répondre d’humaine à humain aux personnes qui auraient des remarques, questions, besoins d’aide ou d’information n’a pas changé.

D’après une infographie de Geoffrey Dorne, CC-By-SA.

Alors vu qu’on ne veut pas multiplier nos effectifs (et devenir un hypermarché du libre), ni pousser les membres de l’association au burn-out pour répondre à la demande exponentielle de services numériques de confiance… Il faut que nous réduisions la voilure !

7. Parce que pour concurrencer les services des entreprises multi-milliardaires, il faudrait avoir leur perfidie

Les GAFAM et autres géants du web sont la conséquence directe d’un modèle de société, une société de surconsommation. Leur immense richesse leur a permis de construire des services beaux, pratiques et rapides, où il n’y a pas besoin de réfléchir pour les utiliser… Des services qui ne demandent aucun effort et souvent aucun paiement.

Or leur immense richesse n’a pu se construire que sur l’observation du moindre de nos comportements, pour vendre la canalisation de nos attentions et la manipulation de nos volontés.

Nous n’avons pas les mêmes moyens que Google. Si on comparait le chiffre d’affaire annuel de Google à une journée, le budget 2019 Framasoft représenterait 0,3 secondes de cette journée. Cela tombe bien : nous ne voulons pas les mêmes moyens que tous les Google du monde, car nous ne partageons ni leurs méthodes ni leur soif de pouvoir.

La diversité des petits face à l’appétit des géants…
CC-By David Revoy

Aujourd’hui, Framasoft crée des outils numériques pour celles et ceux qui participent à une société de contribution. La société de contribution est une société de l’effort, qui va nécessiter de prendre du temps, mettre de l’énergie, alors que la société de surconsommation est une société du confort, qui ne porte pas un avenir d’égalité et de fraternité.

L’effort que nous vous demandons, en utilisant les mêmes services, mais ailleurs, c’est un effort qui permet de faire un pas de plus vers cette société de contribution.

8. Pour redonner ses lettres de noblesse au numérique artisanal

À chaque sortie de service ou annonce de développement, nous avons entendu la même sentence : « #LesGens veulent du numérique propre, lisse, calibré, rapide, infaillible et froid. », comme si la seule manière de faire du numérique c’était de faire dans l’industriel.

C’est aussi absurde que de dire : « #LesGens veulent des tomates rondes, calibre 55 et couleur #CC0605. »

« Hashtag-les-gens », ça n’existe pas. Par contre, nous constatons que lorsqu’on explique aux personnes qui utilisent nos services que nous sommes une petite association loi 1901, que les logiciels sont communautaires et que tout ce beau monde fait de son mieux… Alors, ces personnes sont prêtes à accepter qu’un pad plantant le samedi soir ne sera pas remis en service avant le lundi matin, ou qu’un menu soit moins joli, moins rapide, ou que telle fonctionnalité mettra un an à être codée par des volontaires.

Monde de l’éducation Populaire dans Contributopia.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Vous nous avez prouvé qu’il y a de la place, dans notre monde, pour un numérique artisanal, au sens noble du terme. Un numérique qui remet l’humain au cœur des préoccupations et où l’outil devient convivial. Or si tout le monde va chez le même artisan, il risque fort de devoir s’industrialiser…

Pour éviter cela, il faut répartir les demandes sur un réseau d’artisans qui sauront préserver ce rapport chaleureux et humain.

9. Pour faire de la place à des services plus complets

Depuis que nous avons lancé notre campagne Dégooglisons Internet, en octobre 2014, bien des choses ont changé. Certains logiciels ont évolué, d’autres ont pris un petit coup de vieux… Or il faut dire que derrière les 38 services de « Dégooglisons Internet », il y a une ribambelle de logiciels variés, et pas un seul « compte unique Framasoft » pour les unifier !

Fermer certains de ces services, c’est se lancer dans un grand ménage de printemps qui nous permettra de faire de la place… à un nouvel outil ! Ce projet « Framacloud » a été pensé en tenant compte de tout ce que nous avons appris sur les usages et les attentes des personnes qui s’apprêtent à se dégoogliser : un compte unique, un seul service, mais tous les outils pour travailler avec votre association ou votre collectif, par exemple.

Frama-truc-que-avec-un-seul-compte-j’ai-mes-fichiers-collaboratifs-mes-contacts-mes-agendas-mes-notes-mes-images-mes-albums-ma-visio-mes-mindmaps-mes-flux-etc
On est hyper fier·es de ce nom, facile à retenir et à retrouver sur Internet.

Comme nous le détaillons dans notre article des prospectives en 2020, notre objectif est de vous faire découvrir cette solution, sans propager l’illusion que les ressources illimitées et gratuites, ça existe (ou que ce serait sain) : nous avons plein d’idées, mais il nous faut du temps et de la disponibilité pour les réaliser !

10. Pour changer le monde, un octet à la fois

Cette expression n’est pas anodine. Framasoft n’a jamais eu pour but de dégoogliser les internautes du monde entier (ni même de la francophonie). C’est un joli rêve, certes, mais ce serait beaucoup trop de responsabilités pour les épaules des 35 membres de notre association !

Notre ambition est de changer le monde, mais si possible sans choper le melon ni se prendre le chou. Pour cela, il faut se libérer de l’attention, de la disponibilité, fermer quelques onglets mentaux : 38 services à maintenir pour plus de 700 000 personnes chaque mois, bonjour la charge mentale !

Se libérer l’esprit nous permettra de nous consacrer aux nombreux projets que nous avons décrits dans nos Carnets de Contributopia : concrétiser Mobilizon, notre alternative aux événements Facebook, financer et améliorer PeerTube, l’outil pour émanciper les vidéos de YouTube, continuer nos partenariats dans un esprit d’archipelisation ou encore publier un MOOC sur « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle », comme nous l’avons fait il y a peu

Framaspace, par Soniop
Cliquez sur l’image pour soutenir son travail

Fermer quelques services va progressivement permettre à Framasoft de récupérer de la capacité d’action sur le petit bout de monde qui se trouve devant nous.

« La route est longue, mais la voie est libre » dit-on souvent : si aujourd’hui nous changeons au moins un octet et que cela contribue à changer le monde, alors, nous saurons que nous avons avancé.




Sortir du cadre, un documentaire sur les artistes et les œuvres sous licences libres et ouvertes

Pablo et Tristan ont choisi de suivre des artistes qui publient sous licence libre et de les interviewer face caméra.

Pour faire vivre ce projet ambitieux, qui sera également diffusé sous licence libre, ils ont lancé une campagne de financement participatif qui court jusqu’au 2 mars 2020… Un pari qui est déjà presque réussi !

Nous avons posé quelques questions à ces hérauts de la culture libre.

 

Bonjour. Pouvez-vous nous présenter en quelques phrases le projet ? Est-ce un documentaire, une série ?

T : Le projet de base est de réaliser un long-métrage documentaire sur les artistes et les œuvres sous licences libres et ouvertes dans l’art. Seront notamment abordées les questions de rémunération des artistes, du droit d’auteur, des licences libres, de la création artistique et de sa diffusion. On essaye depuis plusieurs années d’expliquer aux personnes faisant des films l’intérêt des licences, avec très peu de résultats. On s’est dit qu’avec un film, on aurait un support permettant de prendre le temps d’expliquer et de comprendre le sujet dans sa complexité.

P : L’idée de la série nous est venue quand on s’est rendu compte que toute la matière qu’on récoltait en allant interroger des militant⋅e⋅s du libre reflétait une multitude de points de vue, tous aussi intéressants les uns que les autres. On ne pourra clairement pas tout mettre dans le film alors on s’est dit, « pourquoi pas une série ? ». Ça serait dommage de garder tous ces outils de pensée pour nous, on veut que tout le monde puisse en profiter. C’est aussi ça l’esprit du libre non ?

T : Donc Sortir du cadre, c’est un projet de film et de série documentaire.

 

Le choix de la vidéo n’est-il pas une grosse contrainte pour faire évoluer votre travail par la suite ? Par exemple, nous, chez Framasoft, nous produisons surtout du texte parce que c’est plus facile à mettre à jour (et puis parce qu’on est des vieux dans notre tête ^^).

P : La forme du documentaire vidéo nous est venue assez naturellement. D’abord parce que l’association qu’on a fondée ensemble – Lent ciné – est une association de diffusion et de production audiovisuelle. Mais aussi parce nous sommes tous les deux des réalisateurs. Personnellement, c’est la forme que je préfère pour m’exprimer. On veut aussi montrer de manière très pragmatique que oui, c’est possible de faire du cinéma et du libre en même temps. C’est sûr que nos idées continueront de cheminer, que la situation évoluera par la suite et peut-être que notre documentaire deviendra obsolète sur certains points. Si les choses vont dans le bon sens, on l’espère même. Et puis, ce sera l’occasion d’en faire un nouveau !

T : Les entretiens que nous réalisons, nous les mettons par écrit. Cela nous permet de faire un pré-montage à partir du texte. La matière étant là, si cela intéresse quelqu’un⋅e, nous la rendrons disponible sous licence libre une fois le tournage terminé.

Vous avez décidé de traiter du droit d’auteur et de la situation économique des artistes, exclusivement ?

P : Non, c’est le point de départ du documentaire. Ce qu’on aimerait partager c’est l’idée qu’il est possible de faire autrement, que le système actuel du droit d’auteur n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres. On aimerait faire bouger les imaginaires, montrer que le nerf de la guerre, ce n’est peut-être pas les œuvres en elles-mêmes mais les personnes qui créent. Donnons des droits aux artistes et libérons les œuvres.

T : En plus des entretiens, nous allons filmer des artistes au travail, en train de créer, pour montrer ce qu’on ne voit jamais ou presque : l’acte créatif. Nous allons également suivre une artiste, qui place ses œuvres sous licence libre, pendant plusieurs jours, pour en quelque sorte rentrer dans son quotidien, dans sa vie. La regarder travailler, la faire parler de ses expériences, de ses créations artistiques, de sa relation avec le public. Voir comment, concrètement, elle vit aussi. Pour rendre palpable une personne derrière les licences, derrière les œuvres, derrière la création.
En faisant cela, nous souhaitons réfléchir à ce qu’est un⋅e artiste, à qui se dit artiste et pourquoi. Nous ce qu’on pense, c’est que tout le monde devrait être artiste, devrait avoir la possibilité de créer.

Parmi les intervenants, il n’y a aucun écrivain (Gee étant cité pour ses bédés), est-ce lié au hasard ou il s’en trouve moins qui publient sous licences libres que dans les autres arts ?

P : Rien d’intentionnel de notre part, nous n’avons pas encore fait le tour des artistes qui utilisent les licences libres. Mais rien n’est totalement fixé encore, il est fort probable qu’on intègre un·e écrivain·e dans le film. Il reste d’ailleurs l’artiste principal⋅e à trouver…

T : En ce qui concerne la description de Gee, on s’est limité à « auteur-dessinateur de BD » parce qu’avec toutes ses casquettes, cela aurait pris trop de place. Blague à part, pour l’instant, nous étions contraints par les moyens financiers, puisque jusque-là nous avons autofinancé le projet. Le financement participatif va nous donner de l’air et nous ouvrir des perspectives. On aimerait aussi plus de diversité quant aux personnes interrogées : on sait qu’il n’y a pas que des hommes blancs qui produisent des œuvres sous licence libre, et on aimerait que cela se voie dans le film.

Avez-vous prévu d’interroger des artistes qui vivent du droit d’auteur « classique » (comme de la SACEM, par exemple) pour confronter leur avis ?

P : C’est une question qu’on s’est posée au début, quand on a commencé à écrire. On a finalement préféré se concentrer sur les auteurs qui utilisent des licences libres ou de libre diffusion. On estime que c’est leur parole et leurs expériences qui se font rare dans le débat public. Les auteurs qui vivent du droit d’auteur sont une minorité mais on a l’habitude de les entendre ou de les voir dans les médias. On veut que l’attention se porte sur d’autres personnes.

Est-ce que vous traitez de l’existant, de l’histoire, ou des alternatives en construction ?

P : On veut plutôt se baser sur les alternatives en construction. Des documentaires ou des livres sur la création du droit d’auteur, il en existe déjà plein ! Évidemment, si on veut être clair pour tout le monde, nous devrons obligatoirement faire un point sur ce qui existe actuellement et comment ça fonctionne mais l’objectif du documentaire est de montrer qu’il est possible de dépasser ça et que certaines personnes sont déjà en train de le faire.

T : L’idée, c’est un peu de faire un constat : l’existant ne fonctionne pas, ou seulement pour une minorité, à l’image du système capitaliste dans son ensemble. Et à partir de là, de voir ce que certain⋅e⋅s font pour dépasser cela, pour sortir de ces logiques privatives, individualistes et mercantiles et aller vers du don, du collectif, de l’humain.

Quel support de diffusion envisagez-vous ?

P : Pour l’instant on aimerait que le documentaire soit visible sur Internet mais surtout, on veut organiser une tournée de projections à travers la France pour le montrer un maximum et pouvoir en discuter avec les spectateurs. Après tout dépendra du budget qu’on réussira à rassembler.

T : L’intérêt de placer un documentaire sous licence libre, c’est qu’il pourra être facilement vu et diffusé, avec ou sans nous. J’ai espoir que la diffusion de ce film nous dépasse, que des projections soient organisées partout en France et ailleurs, par des collectifs et des assos. Après, c’est sûr qu’on préférerait y assister pour en discuter.

Vous envisagez de passer sur Netflix pour toucher un plus large public ? Plus sérieusement, si une chaîne mainstream décidait de diffuser le film sans vous rémunérer, qu’en penseriez-vous ?

P : Si une chaîne mainstream s’intéresse au sujet, ça sera déjà une victoire ! Le film sera sous licence Art Libre et CC-BY-SA 4.0 mais licence libre n’est pas synonyme de gratuité. Si un diffuseur qui a les moyens veut montrer le film, on ne lui épargnera pas les frais de diffusion. Jusqu’à preuve du contraire, il aura besoin d’une copie adaptée à son format de diffusion et devra donc obligatoirement passer par nous. Ce n’est pas parce que nous produisons des films libres qu’il faut brader le travail des artistes. Surtout quand on en a les moyens.

Vous n’avez pas peur que votre choix de diffusion limite son audience à la microsphère libriste ?

P : C’est toujours un risque mais c’est pour ça que le sujet du documentaire traite de sujets plus larges que les licences libres dans les domaines artistiques. Nous voulons aussi parler des artistes, de l’art et de notre système économique et culturel plus globalement.

T : Au contraire, l’idée d’organiser une tournée de projections permettra de toucher un public large. Par exemple, parce qu’il parle aussi de la précarité des artistes, on pourra peut-être le montrer à la cité internationale de la BD à Angoulême, et parce qu’il parle de la diffusion des œuvres, auprès de personnes aimant le cinéma, la littérature, la musique, bref, à un public large.

Vous indiquez vouloir mettre à disposition la série sous une double licence libre LAL/CC BY SA, cela concernera le produit fini ou vous envisagez de partager aussi les sources, rushes non montés voire tournages non dérushés ?

T : L’idée est que tout soit sous licence libre, jusqu’aux transcriptions des entretiens. Après cela pose la question de la mise à disposition de tout ce matériau. Nous n’avons ni les capacités techniques, ni les moyens de mettre à disposition sur internet des centaines de gigaoctets de vidéos et de sons. Le matériau sera donc à disposition, mais pas en ligne.
C’est aussi pour cela que nous souhaitons réaliser une série : rendre accessible au plus grand nombre ce que nous trouvons le plus intéressant.

Vous êtes en pleine campagne de financement en ce moment, avec un montant très raisonnable eu égard au travail à fournir. Vous allez recommencer à l’avenir pour la suite, ou essayer de trouver d’autres sources de financement ?

P : C’est la première campagne de financement. Avec ça, on espère pouvoir se lancer mais aussi se faire connaître. Si ça fonctionne bien, on reviendra par la suite en partageant notre avancée à tout le monde ! On est aussi en train de chercher d’autres financements plus classiques, notamment en région.

T : 2 500 €, ça correspond au minimum pour qu’on puisse mener à terme le tournage. Sans nous rémunérer pour le travail fourni. On a calculé qu’au minimum du minimum, il nous faudrait 7 500 € pour mener à bien la postproduction (montage, mixage, étalonnage) et terminer le film. Toujours sans nous rémunérer, mais en rémunérant (pas assez) des techniciens.

Du coup, est-ce que ce n’est finalement pas ça le plus gros problème des artistes : trouver des sous pour pouvoir travailler ?

P : Tu as tout à fait raison ! C’est le plus gros problème et c’est pour ça qu’il faut trouver d’autres solutions qu’aller se vendre sur un marché de l’art sur lequel les artistes n’ont aucun contrôle.

T : La manière dont on fait ce film est une mise en abyme : on montre des artistes qui veulent faire autrement mais qui, on ne va pas se le cacher, galèrent. Tout ça, en galérant. Mais cette campagne de financement participatif, ça nous fait du bien, ça nous rassure. Et ça donne du sens à ce qu’on fait. Et à comment on le fait aussi. Tous ces dons, qu’il s’agisse d’argent ou de temps – un nombre incalculable de gens a relayé l’information –, nous prouve que le capitalisme n’est pas encore partout, qu’il reste des marges, des interstices, qui ne demandent qu’à s’agrandir. À l’image de votre travail bénévole pour qu’on puisse s’exprimer ici. Alors merci.

On a l’habitude laisser le mot de la fin aux écrivains dont on présente le travail dans Framabook, on va faire pareil avec vous.

T : Nous faisons partie de l’association Lent ciné, qui produit et diffuse des films sous licences libres et de libre diffusion et promeut le libre. On essaye de faire plein de chose en plus de réaliser des films (un festival annuel, Nos désirs sont désordres, des projections, une plateforme de films…). Malheureusement nous sommes très peu (les doigts d’une main suffisent pour nous compter). Donc n’hésitez pas à regarder ce qu’on fait sur notre site et à nous contacter si vous voulez participer.

P : Je voulais dire que le tournage des premiers entretiens et le lancement de la campagne de financement participatif nous ont montré à quel point la sphère libriste est accueillante. On reçoit des encouragements et on sent que les gens sont prêts à s’investir.
Et sinon, comme je le disais plus haut, on est toujours à la recherche de notre personnage principal, on aimerait que ce soit un⋅e artiste qui place tout ou une partie de son travail sous licence libre. Si vous avez des idées de personnes que ça pourrait intéresser, n’hésitez pas à nous contacter !

 

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