PeerTube met les bouchées doubles pour émanciper vos vidéos de YouTube

Classé dans : Contributopia (2018-2022) | 26

Temps de lecture 13 min

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Voilà un an que nous poursuivons, grâce à vos dons, le développement logiciel qui permet de se libérer de YouTube et compagnie. Si nous sommes allé·es bien au delà de la version 1 financée par la collecte du printemps 2018, c’est que nous croyons profondément au potentiel émancipateur de PeerTube.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

An english version of this post is available here.

Fédération et instances pour ne pas recréer un géant de la vidéo

L’objectif de PeerTube, c’est de créer une alternative qui nous émancipe des plateformes centralisatrices à la YouTube. Dans le modèle centralisateur, on s’inscrit à une seule adresse, et toutes nos actions, nos vidéos et nos données sont concentrées sur un seul méga-ordinateur, celui de l’hébergeur Google pour YouTube (en vrai, ce sont des fermes de serveurs et pas un méga-ordinateur, mais symboliquement ça revient au même !).

PeerTube est un logiciel. Ce logiciel, des personnes spécialisées (disons… Bernadette, l’université X et le club de karaté Y) peuvent l’installer sur un serveur. Cela donnera une « instance », c’est à dire un hébergement de PeerTube. Concrètement, héberger une instance crée un site web (disons BernadetTube.fr, UniversiTube.org ou KarateTube.net) sur lequel on peut regarder des vidéos et créer un compte pour interagir ou uploader ses propres contenus.

Ces instances peuvent choisir de se suivre mutuellement (on dit qu’elles se fédèrent). Par exemple, si la directrice des services informatiques de l’Université X veut afficher les vidéos de KaratéTube sur son UniversiTube, il suffit qu’elle se fédère avec KaratéTube. Les vidéos de KaratéTube resteront sur leur serveur mais seront visibles pour les étudiant·es qui ont l’habitude d’aller sur UniversiTube.

Dans cet exemple, BernadetTube reste un site isolé, mais UniversiTube et KaratéTube sont fédérés ensemble. Plutôt que de faire une plateforme unique et géante, PeerTube permet de créer une diversité de petites plateformes interconnectées.

Un an de travail, qui a fait mûrir PeerTube

En mai 2018, nous avons organisé une collecte pour financer le développement de PeerTube. De nombreuses personnes ont voulu donner sa chance à ce logiciel qui permet de créer et fédérer des plateformes de vidéos. En octobre 2018, nous avons « rendu notre copie », comme on dit, en publiant la version 1 de PeerTube.

Nous aurions pu nous arrêter là, à cette promesse remplie, et laisser la communauté continuer de développer elle-même ce logiciel libre. Nous avons plutôt fait le choix d’utiliser une partie des dons que nous recevons pour l’ensemble de nos actions (merci !) pour pérenniser l’embauche du développeur principal de PeerTube. En tant que salarié chez Framasoft, il a aussi contribué à d’autres logiciels libres, dont Framacalc-Ethercalc et Mobilizon.

Cependant, durant l’année qui vient de s’écouler, sa mission principale a été d’améliorer PeerTube. Il a pu compter sur une communauté grandissante de contributeurs et contributrices, et tout ce beau monde n’a pas chômé ! En un an, Peertube a été enrichi entre autres :

Voici Sepia, la nouvelle mascotte de PeerTube qui nous a été offerte par David Revoy (CC-By)
  • d’outils de modération pour l’administration d’instances ;
  • d’un historique de visionnage ;
  • d’une reprise automatique de la lecture de vidéos là où on s’était arrêté (si on est connecté·e à son compte) ;
  • d’un système de notifications (nouveaux commentaires, vidéos ou abonnements, mentions, etc.) ;
  • d’un système de listes de lectures (dont une « à regarder plus tard » créée par défaut pour tous les comptes) ;
  • d’un système de quarantaine pour les vidéos envoyées en ligne. Il s’agit d’une option d’administration qui permet à la modération de valider les vidéos manuellement avant de les publier ;
  • d’une gestion facilitée des choix de fédération pour les administrateurs d’instances ;
  • d’une amélioration continue de l’interface d’utilisation (pour mieux distinguer un compte d’une chaîne, mieux voir les miniatures ou mieux retrouver sa bibliothèque vidéo, par exemple) ;
  • d’une gestion des fichiers audios lors de l’upload, que PeerTube transformera en vidéo ;
  • d’une interface traduite en 25 langues !

Les petits plus qui font de grandes différences

Nous avons envie de mettre en valeur 3 fonctionnalités que nous aimons particulièrement, car elles offrent plus de liberté, de confort et de contrôle aux personnes qui utilisent PeerTube. Et comme offrir plus de contrôle ce n’est pas dans le business model des plateformes géantes (coucou Youtube, salut Dailymotion, bonjour Facebook Vidéos !), ces fonctionnalités permettent à PeerTube d’offrir une expérience unique.

Partager un extrait de vidéo

Lorsqu’on partage l’adresse web d’une vidéo, la plupart des plateformes proposent, en option, une case « démarrer à », qui permet de faire démarrer la vidéo à 53 secondes si ce que l’on veut partager commence à la 54ème seconde.

Nous avons tout simplement ajouté une case pour l’option « s’arrêter à ». Ça a l’air tout bête comme ça (parce que ça l’est), mais si le boulot de YouTube c’est de fournir du temps de cerveau disponible à Fanta, alors forcément, donner la liberté d’interrompre les vidéos est inimaginable !

En 2015, en pleine popularisation des « youtubers », Fanta fait un coup de com’ phénoménal en sponsorisant la convention de vidéastes Video City Paris, qui devient une espèce de publicité géante pour ce produit de la Coca-Cola Company.

Si dans telle vidéo, les 3 phrases qui vous intéressent se trouvent entre 1:23 et 1:47, vous pouvez isoler, partager ou conserver cet extrait (dans vos favoris ou dans une playlist, par exemple). Cette fonctionnalité pourra en permettre plein d’usages : zappings, contenus pédagogiques, etc. Nous, ça nous donne tout pleins d’idées !

Le système de plugin

Chaque administratrice et utilisateur de PeerTube souhaite que le logiciel soit le plus adapté à ses besoins.

Nous, nous ne pouvons pas (et en plus nous ne souhaitons pas) développer toutes les fonctionnalités souhaitées par les un⋅es et les autres.

Nous avons, dès l’origine du projet, prévu la création d’un système de plugins, des briques logicielles que l’on peut ajouter à son installation de PeerTube pour la personnaliser. Là encore, les plateformes centralisatrices nous enferment tellement dans une expérience uniformisée qu’on a du mal à imaginer qu’une idée aussi vieille souffle un tel vent de liberté ! Et pourtant !

Avec ce système, chaque administrateur⋅ice peut dorénavant créer des plugins spécifiques en fonction de ses besoins. Mais il ou elle peut aussi installer des extensions créées par d’autres personnes sur son instance. Par exemple, il est possible d’installer des thèmes graphiques créés par la communauté pour changer l’interface visuelle d’une instance. On peut imaginer des plugins qui permettraient de classer les vidéos par ordre anti-alphabétique, ou d’ajouter un bouton Tipee, Paypal ou Patreon sous les vidéos !

PeerTube prenant son envol, illustré par David Revoy (CC-By)

Le nouveau lecteur vidéo

C’est risqué, pour un outil aussi jeune et interconnecté que PeerTube, de proposer un nouveau type de lecteur vidéo (basé, pour les expert⋅e⋅ s, sur la technologie HLS). À ce stade de la vie de PeerTube (qui commence à peine à se faire connaître et adopter dans le monde), cela pourrait causer des incompatibilités et des différences de versions très problématiques.

Cependant, nous avons décidé de l’introduire de façon expérimentale, depuis l’été dernier. Car ce nouveau lecteur est prometteur : la lecture des vidéos est plus rapide, comporte moins de bugs, facilite les changements de définition et fluidifie le chargement des vidéos (toujours diffusées en pair-à-pair). En contrepartie, il induit de mettre à jour certains éléments (passage à ffmpeg 4.1) et de ré-encoder certaines vidéos.

Les retours sont excellents et ce nouveau lecteur ouvre des perspectives intéressantes pour PeerTube (le streaming en direct, par exemple, ne peut pas s’imaginer avec le lecteur actuel). Voilà pourquoi nous souhaitons prendre le temps de faire de ce nouveau lecteur vidéo le lecteur par défaut dans PeerTube, ce qui va demander un travail pour accompagner les hébergements actuels de PeerTube dans cette transition.

Une version 2 qui met l’accent sur la fédération

La version 2 de PeerTube, que nous publions aujourd’hui, inclut déjà toutes ces améliorations et en ajoute d’autres ! Cette « v2 », comme on dit, a pour ambition de faciliter la fédération, pour les administrateur·ices d’instances. Ils et elles auront par exemple la possibilité de suivre automatiquement une instance qui les suit, ou de suivre les instances qui s’inscrivent sur l’annuaire public JoinPeertube.

Cette nouvelle version de PeerTube veut aussi aider le public à mieux choisir l’instance PeerTube qui lui correspond. Reprenons l’exemple de Bernadette, l’Université X et le club de karaté Y, pour y ajouter un membre du public : Camille.

Camille n’y connaît rien aux serveurs et compagnie, mais il veut se créer un compte pour suivre des chaînes PeerTube et peut-être même uploader ses propres vidéos… Et pour lui, c’est compliqué de s’y retrouver ! Comment peut-il savoir que l’instance BernadetTube n’est tenue que par Bernadette, et que si celle-ci a un accident de la vie elle pourrait ne plus s’en occuper du jour au lendemain ? Où est-il affiché que l’instance UniversiTube refuse de se fédérer avec les instances qui proposent du contenu sensible, même s’il est correctement signalé et flouté ? Où Camille peut-il voir que KaratéTube favorisera les vidéos en Allemand, et que le support ne se fera que dans cette langue ?

Une fois PeerTube, installé sur un serveur, le logiciel demande aux admins de le configurer, donc de répondre à quelques questions…

Lorsque Bernadette, la directrice des services informatiques de l’Université X et le geek de service du club de karaté Y auront mis à jour PeerTube dans cette version 2, il et elle verront apparaître un formulaire qui leur demandera de mieux présenter leur instance. L’objectif est de pouvoir afficher clairement :

  • Les catégories principales de l’instance
  • Les langues parlées par les admins ou l’équipe de modération
  • Le code de conduite de l’instance
  • Les informations de modération (qui modère, quelle politique quant aux contenus sensibles, etc.)
  • Qui se trouve derrière cette instance (une personne seule ? une association ?)
  • Pour quelles raisons les admins ont créé cette instance
  • Pour combien de temps les admins comptent maintenir cette instance
  • Comment les admins comptent financer leur serveur PeerTube
  • Des infos sur le matériel du serveur

Camille pourra ensuite retrouver l’ensemble de ces informations sur la page « à propos » de chaque instance PeerTube (qui affiche en plus de nouvelles statistiques), sur la page de création de compte… mais aussi sur l’annuaire de joinpeertube.org !

JoinPeertube.org, une adresse pour s’y retrouver !

Avec plus de 100 000 vidéos hébergées et plus de 20 000 comptes créés, on peut dire que PeerTube connaît un succès croissant et se démocratise. Il était donc plus que temps de ré-imaginer le site joinpeertube.org afin d’en faire une porte d’entrée vers ces vidéos, ces hébergements et cette fédération.

Grâce aux contributions de professionel·les du design et de l’illustration, nous avons imaginé et mis en forme deux parcours d’utilisation sur ce site : un pour les personnes qui souhaitent découvrir des vidéos (et éventuellement se créer un compte), l’autre pour les vidéastes qui cherchent un hébergement de confiance pour leurs vidéos.

Cliquez sur l’image pour découvrir la nouvelle version de JoinPeertube.org

Ces parcours peuvent mener à l’annuaire des instances publiques, que l’on peut trier selon ses préférences afin de trouver celle qui correspond à nos besoins. Ce tri s’effectue grâce aux réponses au formulaire dont nous parlions juste avant, lequel permet aux admins de mieux identifier et mieux présenter leur instance. Mais le mieux, c’est encore d’aller voir par vous même (en plus, nous, on trouve que c’est bien plus beau !)…

Notez aussi que PeerTube dispose désormais de son propre site de documentation qui s’adresse à la fois aux personnes qui administrent une instance (pour faciliter l’installation du logiciel, son entretien ou son administration), et aux personnes qui veulent simplement l’utiliser (que ce soit pour se créer un compte, gérer ses playlists ou mettre ses vidéos en ligne).

L’avenir de PeerTube est, encore, entre vos mains

Il est impossible de citer ici toutes les personnes qui ont contribué au code, au financement, au design, à la traduction, à la documentation, à l’illustration et à la promotion de PeerTube… mais nous tenons au moins à vous exprimer toute notre gratitude !

Après un an de développement et de maturation du projet, nous nous posons la question de l’avenir de cet outil. Les envies sont multiples, vous nous avez donné de nombreuses idées. Les retours que vous nous faites remonter, particulièrement sur la section dédiée à PeerTube de notre forum (le meilleur endroit pour vos suggestions !), nous sont très précieux.

Aujourd’hui nous imaginons de nombreuses améliorations (de l’interface, de l’expérience d’utilisation, de la recherche, du système de plugin), des outils importants (applications mobiles, vidéos expliquant PeerTube), ainsi que de nouvelles fonctionnalités fortes. Vous souhaitez pouvoir faire facilement des remixes de vidéos en ligne ? Pouvoir diffuser en « live » votre flux vidéo ? Nous aussi ! Et nous avons besoin de votre soutien pour cela !

Tous les rêves sont permis, mais ce qui est sûr, c’est que les concrétiser aura un coût. L’année de développement que nous venons de consacrer à PeerTube a été financée en partie par le reliquat du financement participatif de juin 2018, mais surtout par les dons réguliers que notre association reçoit pour l’ensemble de ses projets. Pour 2020 et la version 3, il est fort probable que nous prévoyons une nouvelle collecte consacrée à PeerTube.

En attendant, n’hésitez pas à contribuer au succès de PeerTube, à promouvoir les instances et vidéos qui vous plaisent, et à féliciter l’ensemble de la communauté pour la réussite de cette v2 !

 

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

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Illustration d’entête : CC-By David Revoy

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26 Responses

  1. John V. Doe

    « Et merdre » dit Ubu en se rendant compte à la fin de la lecture (laborieuse) de la version anglaise qu’il y avait une version française un peu plus haut dans son fil RSS. Notez qu’avec le café, il aurait tilté en lisant le mot « Framasoft ». Mais sans… 😀

    N’hésitez pas à publier si ça a fait rire quelqu’un, sinon oubliez-le

    • Pouhiou

      Arf mince j’ai oublié de faire comme avec les deux articles FR et EN de Mobilizon et de mettre un lien vers l’autre langue en début d’article… Toutes mes excuses, et grâce à votre commentaire, c’est réparé !

  2. Raphaël

    Tous vos articles sont d’une clareté impressionante. Cela répond a toutes les questions que je me posais sur peertube.

    Juste comme ça, je me retrouve de plus en plus souvent à regarder des trucs sur peertube sans forcement avoir fait l’effort d’y aller plutot que sur youtube. Signe que l’outil se dévelope à mon avis 🙂

    Bravo pour le boulot, fier de vous soutenir.

  3. Manu

    Wahou alors là GG !
    Pour le site, pour la doc, pour l’article ! (et aussi et surtout pour la v2 haha)

    Une véritable alternative qui a énormément de chances de plaire !

  4. Azerty123

    Beurk, de l’écriture inclusive. Absolument illisible.

    Sinon bravo Peertube c’est un bon outil.

  5. moa

    La connexion volontaire des instances et ou à l’annuaire est un gros problème selon moi , à mon avis il faudrait tout simplement que toutes les instances soit connectées automatiquement entre elles via la fonction de recherche et que le caractère privé d’une instance , ou carrément isolé soit une option à activer de cette manière ont aurait réellement un concurrent à youtube , quelque soit l’instance visitée il serait possible d’y trouver les vidéos de toutes les instances qui ce veulent publique et mieux encore en créant un compte sur n’importe quelle instance il faudrait pouvoir s’abonner à diverses instances sans oublier chose capitale pouvoir en récupérer les flux des nouvelles vidéo via RSS très important RSS ne l’oubliez pas il est en train de mourir et c’est un drame !!! .

    bref un système de nœud pour stoker les adresses des instances et y faire des recherche globale , un système d’abonnement à des instances distante , et du RSS 😉

    Ce serait tellement plus efficaces contre youtube et utile parce-que bon là en gros tu monte un serveur , tu doit te faire ta pub , ton référencement etc ça reviens à poster direct tes vidéo sur ton site / blog ou que sais-je et rend en réalité le logiciel quelque peut inutile pour qui ne veux pas spécialement soutenir le libre 😉 …

    • Pouhiou

      Décider d’un fonctionnement « fédéré par défaut », ce serait enlever le pouvoir de décision aux utilisateurs de PeerTube (ici, les personnes qui l’instellent sur leur serveur) pour le donner aux développeurs. C’est plutôt contraire à un fondamental du logiciel libre : ne pas laisser le pouvoir aux personnes qui codent !

      Ici, par exemple, cela signifierait que l’Académie de Lyon ou la ville de Fontaine (qui ont leur instance PeerTube) auraient été directement fédérées et donc auraient montré sur leur site les vidéos de RicoStrongXXX (une instance de porn).

      Si nous étions une multinationale avec des armées de travailleurs et travailleuses du clic à exploiter, nous serions en capaciter de prendre le pouvoir de décider à la place des admins de ces instance et de régler leurs problèmes selon nos critères.

      Mais c’est justement ce que nous ne sommes pas, et ce que nous ne voulons pas être (et pas faire ^^).

      Comme quoi, la voie de l’efficacité, la voie de la facilité, ce n’est pas toujours compatible avec les valeurs, et le tout reste de savoir où l’on fait des compromis et où on place le curseur.

  6. s3boune

    Je rejoins Moa sur le fait de connecter toutes les instances par défaut et de mettre une option pour mettre son instance en privé.

    A part ça, grand bravo. Vous avez fait un gros gros travail 😉

  7. Y

    Hello !
    Déjà, félicitations pour ce boulot énorme !
    Quelques questions tout de même :
    – quid de la gestion de la propriété intellectuelle ? Quid des attaques potentielles en justice par telle major quand Madame Michu n’aura pas réalisé que pour sa vidéo devenue virale, elle a utilisé une musique non libre de droit ?
    – J’avais lu qqpart mais je ne retrouve plus où, que Peertube ne respectait pas pleinement le protocole ActivityPub, et que donc, entre Mastodon, PeerTube et Pleroma par exemple, les « types » n’étaient pas pleinement compatibles ?

    • Pouhiou

      Bonjour !

      Les lois de la propriété littéraire et artistique ainsi que celles sur le numérique s’appliquent partout, et donc sur PeerTube. Pour faire appliquer la loi, il faut signaler une infraction, porter plainte et éventuellement (si parler ne suffit pas) attaquer en justice (la personne qui a publié la vidéo si on suspecte une contrefaction de la PLA, ou l’hébergeur qui n’a pas supprimé un contenu préalablement signalé comme illicite pour les lois sur le numérique).

      Le truc, c’est que jusqu’à présent, les majors pouvaient aller frapper à la porte de YouTube, et utiliser leur poids pour avoir des droits facilités rien que pour eux sur cette plateforme unique, donc avoir droit à une « loi privée » (éthymologiquement l’origine du mot « privilège »). Avec PeerTube, il faudra passer par la loi publique, et non par la loi privée des privilégiés.

      En ce qui concerne le protocole ActivityPub, il me semble que l’on respecte le protocole, mais qu’il y a de nombreuses zones où ce protocole n’est pas établi et où il a donc fallu trouver des façons de faire et des consensus. Après, honnêtement, ça dépasse mes connaissances, et le mieux pour en parler avec des personnes qui savent c’est d’aller sur notre forum 😉 !

  8. moa

    @y wikipedia : les personnes physiques ou morales qui assurent, même à titre gratuit, pour mise à disposition du public par des services de communication au public en ligne, le stockage de signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de messages de toute nature fournis par des destinataires de ces services ne peuvent pas voir leur responsabilité civile engagée du fait des activités ou des informations stockées à la demande d’un destinataire de ces services si elles n’avaient pas effectivement connaissance de leur caractère illicite ou de faits et circonstances faisant apparaître ce caractère ou si, dès le moment où elles en ont eu cette connaissance, elles ont agi promptement pour retirer ces données ou en rendre l’accès impossible.

    En bref quand tu reçois une plainte tu censure et c’est bon , mais est-ce que Wikipédia est à jours ? je ne sais pas … car il me semblais avoir lu un truc qui stipulais que les sites de partages devaient mettre en place des solutions de blocage automatisée ce qui est bien entendu impossible sur des services décentralisés tel que peertube ….

  9. moa

    J’ajoute que dans tout les cas il est clair qu’une instance avec bcp d’inscrits qui upload peut poser de gros problèmes de modération , il faudrait donc si ce n’existe déjà pouvoir limiter dans les options le nombre des inscris qui upload et renvoyer les gens vers d’autre instance qui ont moins d’uploader , ce qui ne pourra ce faire que dans une logique de fédération mondiale par défaut a mon avis .

    • Pouhiou

      Limiter le nombre d’inscriptions : il me semble que c’est déjà dispo. Renvoyer vers d’autres instances : c’est pour cela que l’on construit un catalogue d’instances détaillé, via le formulaire d’installation et https://joinpeertube.org 😉

  10. moa

    Et désolé pour le triple post mais un truc vraiment génialissime serait un rapprochement avec Yacy ils ont référencés quelques choses comme 1 milliards de pages déjà il me semble et avec seulement une centaines d’instance . 100 000 même toute petites instances de plus montées sur des serveur avec peertube , et là , Google ou qwant peuvent tous aller ce rhabiller 😉 et quand ont sais que StartPage.com à été achetés par System1 il deviens urgent je trouve de trouver une solution ….

    • Pouhiou

      Nous n’avons que 24h dans une journée, et plus de 50 projets à maintenir/faire avancer pour 35 membres d’une association loi 1901. Donc oui, l’idée est vraiment bonne, et perso j’aimerais tellement voir le projet Yacy arriver à une utilisation mainstream.

      Mais je dois encore penser à dormir, à manger, à mon chéri et à mon potager… Donc si toi de ton côté tu as du temps et de l’énergie dispo, vas-y, mets en place les conditions pour que ton idée se réalise, sinon c’est pas grave, on ne fait que de son mieux, et c’est déjà très beau !

  11. Stemy

    Ce qui serait bien aussi, ce serait une modération de la liste des instances et une suppression de celles qui tolèrent, voire encouragent, les contenus problématiques, comme ça se fait sur Mastodon. Ça evite les mauvaises surprise à chaque fois qu’on se fédère à une nouvelle.

    Mais bon, si ça vous demande trop de travail, je comprendrais que vous ne le fassiez pas.

    Au passage, je plussoie l’idée de la possibilité de se fédérer par défaut à toutes les instances comme, encore une fois, le fait mastodon. Ce serait tellement plus ergonomique.

    • Pouhiou

      Créer une modération de la liste des instances nous pose deux problèmes.

      Le premier, tu l’as deviné, c’est le boulot que ça demande, et nous n’en avons humainement ni le temps ni les énergies.

      Le second, c’est la prise de pouvoir : qui décide de quels contenus sont problématiques ou pas ? Dans le cas d’une instance négationniste, platiste, etc. je vois bien, mais… que faire quand un·e (ou une poignée) des dizaines de personnes interviewées par une chaîne est un faf notoire ? Que faire des instances de travailleurs et travailleuses du sexe ?

      L’idée derrière le logiciel libre, c’est de ne pas laisser trop de pouvoir aux codeurs et codeuses. Comme Framasoft développe PeerTube (et que « le code fait loi »), nous avons déjà beaucoup de pouvoir d’agir. Ce pouvoir est tempéré, hein (par notre modèle économique, on dépend des dons donc de l’écoute avec nos donateurs et donatrices, et par notre modèle de production contributive, où si un grand nombre de personnes n’est plus d’accord avec notre choix iels peuvent forker).

      Cependant, prendre le pouvoir de modérer les instances dans la liste serait trop pour nos maigres épaules, et nous ne voulons pas user de ce pouvoir (sauf cas exceptionnels, et là encore, je me questionne).

      Du coup, et désolé de renvoyer chacun·e à ses propres responsabilités, mais si un nombre de personnes veulent qu’une liste modérée d’instance voit le jour, le mieux c’est encore de la faire, de construire sa légitimité (par exemple en créant un collectif large aux valeurs affichées et aux règles transparentes), et de l’imposer de facto…

      Vraiment, ça me gonfle moi-même de sortir l’argument libriste à deux sesterces « juste fais-le », mais comme Framasoft n’est pas un google aux moyens et à l’appétit illimité, il faut trouver un autre modèle où on ne cumule pas les injonctions sur notre dos, ce qui veut dire partager les devoirs, les tâches, les exigences, les attentes…

  12. Bob

    Bravo pour cette nouvelle initiative ! Longue vie à PeerTube et vive le logiciel libre !
    Pourtant, un seul bémol : l’utilisation de l’écriture inclusive me rend mal à l’aise à la lecture de cet article par ailleurs assez bien documenté. Ce parti pris ne m’incite pas à le partager.

  13. Scoubi

    Dommage que l’article soit truffé de fautes d’orthographes. Vade Retro point milieux.

    #TouchePasAMaLangue
    #Respect
    #AcadémieFrançaise

    Une fois encore je diffère mon don pour votre associations.

  14. Dada

    Avez-vous déjà essayé de contacter de célèbres Youtubeurs / Youtubeuses français(e)s afin de leur parler de PeerTube ? Et/ou des assos, mairies etc .. ?

    Ce serait pas mal d’ intensifier vos activités de lobbying ..

    En tout cas chapeau, car vous roxxez du poney !

    Bien cordialement,

    PS : À mon maigre niveau, je fais de mon maximum pour en vanter les mérites autour de moi, mais un simple particulier à très peu de chance d’ avoir autant de poids que votre asso.

    • pyg

      Bonjour Dada,
      Framasoft n’est pas une association de lobbying, justement, et on ne veut travailler que sur des partenariats « équitables » : si on va demander à des Youtubeur⋅euses de venir sur PeerTube, en dehors de nous faire passer pour une espèce de secte, cela nous place dans une situation (vécue de multiples fois) de soumission avec le Youtubeur qui se dit – plutôt légitimement – « Puisqu’on est venu me chercher, je vais leur demander telle ou telle adaptation ».

      Or, non, on est pas une startup, on a pas de client, ni de donneurs d’ordre.

      Nous on fait le projet logiciel et c’est déjà bien assez.

      Les youtubeurs sont bien assez grands pour aller chercher (et trouver) l’info afin de voir si PeerTube leur convient. (A titre perso, je ne suis pas très à l’aise voir même gêné : à chaque fois que Bruce/e-penser vient râler légitimement sur le fonctionnement de Youtube, il reçoit plusieurs dizaines de commentaires lui disant « Va sur PeerTube ». Comme s’il n’était pas assez autonome pour voir si ça lui convient ou pas.)

      Bref, on ne prend pas les gens pour des débiles, et ça inclut les Youtubeurs 🙂
      On est pas là pour « pousser » PeerTube auprès d’un public. On croit en PeerTube (qui vient de fêter son premier anniversaire, donc qui est encore hyper jeune et perfectible), et on pense qu’il ne faut pas se précipiter.

      Que celles et ceux qui sont intéressés viennent sur PeerTube, les autres n’ont ni tort, ni raison 🙂

  15. lamyseba

    Y-a-t-il une solution face au manque de pérennité de certaines instances? J’avais mis mes vidéos sur tubee.fr, et ce site a été laissé à l’abandon sans avertissement préalable. A priori j’ai perdu mes vidéos, ce qui ne m’encourage pas à persévérer dans l’expérience peertube. Ca aurait été chouette si j’avais pu les retrouver sur une autre instance ailleurs.

    A bientôt!

    • Pouhiou

      Alors pour l’instant, c’est compliqué.

      Mais le formulaire à remplir par les admins d’instance essaie de trouver un début de réponse à ce problème. Si l’admin y déclare qu’il / elle est seul·e à maintenir l’instance, déjà, c’est pas un bon signe pour la pérennité (un groupe est beaucoup plus résilient). Si son modèle économique (aussi demandé dans le formulaire) n’est pas établi, là aussi, c’est qu’on est plus dans une démarche d’expérimentation que de stabilité (ce qui est tout à fait louable, hein, mais qui ne conviendra pas à toustes les vidéastes).

      Ce formulaire sert donc à la fois d’outil de transparence, car en montrant la démarcher des hébergeurs d’instances, on peut sentir si cela correspond à ce que l’on recherche ou pas… Mais il sert aussi d’aide à la prise de conscience, car le fait d’inciter les admin à se poser ces questions (Sur qui je peux compter pour mettre à jour le serveur ? Comment je ferai lorsque la prochaine facture tombera ? Comment je vois mon instance dans deux ans ?) peut les aider à trouver l’aide dont ils ou elles ont besoin.

      C’est ce que l’on espère, en tous cas.

  16. Max

    Bonjour Framasoft!

    Une question me taraude à l’heure où la consommation énergétique d’internet n’arrête pas de grandir. Les émissions de gaz à effet de serre des datacenters ne font qu’exploser et devraient, à horizon proche, devenir un des plus gros facteurs d’émissions de GES.
    Outre l’aspect d’émancipation des GAFAM, j’aimerais connaître l’avantage niveau bilan carbone à utiliser PeerTube et donc des serveurs décentralisés moins énergivore (si j’ai bien compris) comparé aux gros Youtube et Netflix.
    Une étude est-elle disponible?

    Sincèrement,
    Max

    • Frédéric Urbain

      Salut Max

      Alors, on va tout de suite le dire : la vidéo sur Internet, de toute façon, ça pollue.
      À ma connaissance il n’y a pas d’étude sur les avantages d’une solution décentralisée.
      Sans doute peut-on compter sur un effet de proximité (les Français.e.s regardant des vidéos plutôt francophones, par exemple, et donc partagées par d’autres Français.e.s).
      Mais l’écologie n’est pas le facteur différenciant pour passer à Peertube. Heureusement qu’il y en a d’autres !