20 ans de Framasoft… et un de plus grâce à vos dons ?

Grâce à vos dons, Framasoft accompagne plus de 2 millions de personnes dans leur émancipation numérique. Après une vingtième année difficile, notre association vous demande les moyens de poursuivre ses actions… et de relever les défis du futur.

🎈 Framasoft a 20 ans🎈 : Contribuez pour financer une 21e année !

Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit depuis 20 ans pour faire avancer le Web éthique et convivial. Retrouvez un focus sur certaines de nos actions en 2024 sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (nov. – déc. 2024)

 

Malgré une année difficile…

Sans rentrer dans les détails ni l’auto-apitoiement (car l’heure est à la célébration), cette année a été doublement difficile pour Framasoft.

Humainement d’abord, car des conflits significatifs (qui peuvent advenir dans toutes les associations… et toute aventure humaine) ont accaparé beaucoup d’énergies et affaibli le niveau de motivation.

Ainsi Framasoft conclut 2024 avec une fatigue cumulée, une équipe amoindrie, et une furieuse envie de se recentrer en 2025 sur nos actions au service de celles et ceux qui ont besoin d’outils numériques éthiques et populaires.

Or financièrement aussi, c’est pas la joie. Entre le fait d’avoir moins de forces humaines dans l’association, et une année morose pour tout le monde : inflation, fascisme aux portes du pouvoir, besoins de solidarités qui se multiplient…

Framasoft a vu (comme bien d’autres) ses dons baisser drastiquement. Ainsi, au 1er octobre 2024, Framasoft a reçu près de 50 000 € de dons en moins qu’à la même date, en 2023.

🎈 Soutenir Framasoft 🎈

…Framasoft est fière de son bilan 2024 !

D’ici la fin de l’année, nous vous présenterons en détail sur ce blog quelques actions marquantes réalisées en 2024. Bien entendu, Framasoft c’est beaucoup plus que cette sélection (on pense par exemple à l’ensemble des services Dégooglisons Internet)… Mais il faut bien choisir parmi les 100 pages de nos rapports d’activités.

🦄 Framaspace, le cloud associatif s’enrichit d’outils importants

Comptabilité, gestion des membres, formulaires, gestion simplifiée de données… toutes ces fonctionnalités viennent rejoindre les intros interactives, partage de propriété, agendas, contacts, chat et synchronisation de dossiers déjà proposés dans Framaspace.

Illustration - Dans l'espace, une licorne fait apparaitre des bulles de sa baguette magique. Dans les bulles, on trouve des symboles : un boulier, des fichiers, etc.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Si vous souhaitez que votre asso ou petit collectif obtienne un Framaspace et profite de ces nouveautés dès que possible, n’hésitez pas : les inscriptions sont toujours ouvertes !

🦄 Soutenir Framaspace 🦄

🤖 Framamia & Lokas : démystifier l’IA par l’explication (et l’exemple !)

Du miracle à l’apocalypse, l’IA est le lieu des fantasmes prophétiques. Framasoft s’est lancé le défi de nuancer le débat, et de revenir au concret en partageant des clés de compréhension.

Illustration. Autour d'une table, des pingouin chantent. Au centre, un petit perroquet mécanique prend des notes à la manière d'un sténographe.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avec le site Framamia nous voulons exposer, de manière claire, ce que nous percevons aujourd’hui de ce nouvel enjeu du numérique…

Quant à Lokas, c’est une expérimentation, une démonstration du type d’outils qu’on peut créer lorsque l’on s’empare de l’outil IA sans chercher le profit, la croissance ou l’exploitation… mais juste à être foncièrement utile.

🤖 Soutenir Framamia 🤖

📱 L’application PeerTube : un univers de vidéos au creux de votre main

PeerTube n’est pas une plateforme de vidéos et de live : c’est un réseau de plateformes, autonomes, auto-gérées et interconnectables.

Cependant, il reste difficile de découvrir des contenus sur ce réseau, d’autant plus quand la majorité des vidéos en ligne sont désormais regardées depuis un téléphone.

Illustration - Sepia, læ poulpe mascotte de PeerTube, sort de l'écran d'un téléphone mobile.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Nous avons donc développé une application mobile PeerTube, qui sera disponible sur F-Droid, le PlayStore et l’appstore d’iOS (si tout va bien).

📱 Soutenir l’application PeerTube 📱

🐙 PeerTube v7 : un redesign pour une expérience encore plus fluide

Ce fut une année riche en nouveautés pour le logiciel qui permet de créer sa plateforme de vidéos et de lives : export et import des comptes, modération des commentaires, transcription automatique d’une vidéo, séparation des flux audio et vidéo, navigation dans les sous-titres…

Illustration - Dans la mer Sepia, læ poulpe mascotte de PeerTube, dessine un grand chiffre sept avec son encre.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

En décembre nous comptons publier la version 7 de PeerTube, avec des changements majeurs dans l’expérience et l’interface du logiciel.

Plus de clarté, de simplicité, d’accessibilité : nous avons hâte de vous partager ce nouveau look !

🐙 Soutenir PeerTube v7 🐙

🦆 Cancanons : bilan des actions pour collectiviser et convivialiser internet

Annoncée fin 2022, la feuille de route Collectivisons Internet / Convivialisons Internet (ou « coin-coin », pour les rapides) peut se résumer en une ambition : dégoogliser les associations.

Illustration - Une maman canard regarde le nid dans lequel quelques uns des œufs ont éclot.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avec ECHO Network qui arrive à sa (brillante) conclusion, Émancip’Asso qui a été lancé et fait son petit bonhomme de chemin, Framaspace qui évolue… le moment nous semble propice pour faire le point sur ces actions et le futur que nous leur réservons.

Désormais, Framasoft propose plusieurs outils aux collectifs qui désirent des outils numériques à la hauteur de leurs valeurs : c’est l’heure de les présenter correctement !

🦆 Soutenir Coin-Coin 🦆

Célébrons 20 ans de partages associatifs

2024, c’est aussi pour nous la 20e année de l’association Framasoft, dont la déclaration fut officialisée par la publication au Journal Officiel du 03 janvier 2004.

Annonce de déclaration de l’association Framasoft au journal officiel du 3 janvier 2004.

… dans le podcast Projets Libres !

On ne va pas raconter 20 ans d’aventures associatives dans un article de blog (on ignore si un seul livre suffirait !) Nous avons donc demandé à Walid, auteur du podcast Projets Libres !, d’aider des membres historiques à partager quelques souvenirs autour de ces deux décennies.

Le premier épisode de ce podcast est déjà disponible : Framasoft, les premières années (2004-2014) racontées par Alexis Kauffmann et Pierre-Yves Gosset.

capture d'écran de la page du podcast projets libres dédié à Framasoft
Cliquez pour aller écouter le premier épisode du podcast racontant les 20 ans de Framasoft

Pensez à vous abonner à Projets Libres! pour ne pas rater (très prochainement) l’épisode suivant, autour des années Dégooglisons (2014-2024), racontées par Christophe Masutti, Pierre-Yves Gosset et Pouhiou.

… sur le site 20ans.framasoft.org !

De plus, les membres bénévoles de l’association vous ont préparé un site web qui détaille 20 ans d’actions et de projets autour du logiciel libre, des communs culturels, et de l’éducation populaire aux enjeux du numérique.

L’histoire de Framasoft démontre qu’avec beaucoup de contributions, de talents, de travail, de chance (aussi) et de détermination… une petite association de moins de 40 membres peut proposer des services et des outils qui améliorent la vie numérique de plus de deux millions de personnes chaque mois.

capture d'écran du bandeau d'accueil du site des 20 ans de Framasoft
Cliquez pour découvrir le site des 20 ans de Framasoft

Cette histoire est peut-être une anomalie statistique (quoique… nous en profitons pour souhaiter un joyeux 20 ans aux copaines du CLISS XXI, de Thunderbird et de Wikimédia France !). Et oui : Framasoft présente un modèle assurément difficile à reproduire… mais c’est surtout pour nous une grande fierté et une grande responsabilité, qui a été rendue possible par le soutien de celles et ceux qui, chaque année, ont donné à Framasoft.

🎈 Soutenir 20 ans de Framasoft 🎈

Deux futurs possibles, qui ne dépendent que de vous

Les dons à Framasoft sont une démonstration de solidarité : en 2023, nous estimons avoir eu environ 8 000 donateurices pour 2 millions de bénéficiaires mensuels.

Une personne qui fait un don à Framasoft permet à 249 autres de bénéficier gratuitement de nos outils.

D’ailleurs, Framasoft étant une association d’intérêt général, on rappelle que les dons ouvrent droit à 66 % de déduction fiscale pour les contribuables français. Un don de 200 € cette année reviendra finalement à 67 €, après déduction.

Car oui, c’est le moment de l’année où nous faisons appel à votre soutien pour poursuivre et financer les actions de Framasoft. Et après une 20e année difficile, notre association a encore plus besoin de vous, que ce soit pour redémarrer ou pour décoller.

illustration où des animaux mascottes de projets framasoft rassemblent des ballons sur deux piquets au sol. Les ballons prennent la forme d'un 20 géant.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avec 200 000 €, Framasoft continue une 21ième année

C’est la somme qu’il nous faut pour boucler le budget 2025, et poursuivre nos projets avec l’équipe réduite. Cela nous permettra, par exemple, de pérenniser enfin l’emploi de Wicklow (qui, entre autres, développe l’application PeerTube) dont nous avons prolongé le CDD fin août dernier.

Cependant, ne nous leurrons pas : si cette (déjà très belle) somme permettra à Framasoft de se désembourber, nous aurons juste les moyens de maintenir les actions actuelles, les services en ligne, etc. sans pouvoir vraiment s’attaquer à de nouveaux chantiers.

🎈 Aider Framasoft à continuer ses actions 🎈

Avec 400 000 €, Framasoft décolle pour innover !

D’où le fait qu’on affiche un deuxième pallier, bonus, dans notre collecte de dons cette année. Tout ce que vous nous confierez au-delà des 200 000 € nous donnera les moyens de faire plus, de faire mieux, et de s’attaquer à de nouveaux sujets.

Bien entendu, nous avons d’ores et déjà de nombreux plans pour améliorer drastiquement les services actuels les plus utilisés. Or cela demande du temps, des talents… bref : de l’argent.

Nous avons aussi envie de démontrer qu’un numérique émancipateur, compris, maîtrisé… c’est un enjeu d’actualité et d’importance face aux urgences climatiques et sociales.

Qu’il s’agisse des usages mobiles, de l’IA, des Communs, des outils résilients (low-technicisation, réemploi, etc.), de la place du numérique à l’heure de l’urgence climatique… nous avons de grandes ambitions pour entamer cette nouvelle décennie de la vie de Framasoft. Il ne nous manque plus que les moyens de les réaliser !

🎈🎈 Aider Framasoft à décoller en 2025 🎈🎈

Illustration - des mascottes ont planté une flopée de ballons qui prennent la forme du logo Framasoft. Le lopin de terre s'est détaché, et ils flottent dans le ciel nocture en faisant la fête.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Le défi : 20 000 fois 20 € de dons pour les 20 ans de Framasoft !

Certes, le slogan « 20 balles pour les 20 ans de Frama » avait de l’allure… mais si les plus généreuxses d’entre vous se limitent à 20 € de dons, il faudrait trouver 20 000 donateurices ! (alors qu’il y en avait un peu plus de 8000 en 2023)

Et puis on ne veut pas vous dire combien contribuer, juste que (si vous le souhaitez et le pouvez), votre soutien sera plus que bienvenu. Chaque tranche de 20 euros de dons sera un nouveau ballon pour célébrer 20 ans d’aventures et nous aider à décoller.

Vos partages et vos encouragements nous seront tout aussi précieux : nous avons, ensemble, 42 jours pour convaincre les copaines et récolter de quoi faire décoller Framasoft.

Alors : défi relevé ?

🎈 Je soutiens la 21e année de Framasoft 🎈




Dégafamisation de L’atelier en Santé

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec aujourd’hui le témoignage de L’atelier en Santé, un centre de santé communautaire à Plounéour-Ménez dans le Finistère.

Merci à Gabriel et à Alex d’avoir voulu partager leur aventure en répondant à nos questions, bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ?

Je suis donc Gabriel Perraud, médecin généraliste et militant pour des solutions libres et respectueuses des données des utilisateurs dans le champ de la santé. Je me suis déjà investi dans différents projets à ce sujet avec notamment feu LibreHealthCare, puis maintenant, à mon échelle, au sein de l’association InterHop.

(ndlr : Ah oui, je me souviens de LibreHealthCare, je les suivais sur Diaspora*, d’ailleurs j’ai retrouvé le wiki du projet)

Logo de l'association InterHop, icône représentant deux têtes de personnes de profil, l'une ayant un symbole d'électrocardiogramme et l'autre une roue crantée.
Logo de l’association InterHop

Mais dis moi donc Gabriel, Peux tu nous parler de ce projet qui te tient à cœur, depuis un bon moment maintenant ?  tu avais été très évasif en 2019 lors de notre rencontre.

L’Atelier En Santé: Il s’agit d’une association qui a pour but la mise en place d’un centre de santé communautaire au sein d’une commune rurale du Finistère. La devise de notre association est : « Faire santé en commun ». Je vous remets ici des extraits de notre site web de présentation sur la présentation et la définition de notre projet :

  •  L’idée naît en 2018, à Brest, en Finistère, à l’initiative de 2 médecins et d’une salariée agricole. Le souhait de pratiquer la santé autrement. D’avoir le temps d’être pleinement à l’écoute des patients. De faire partie d’un collectif de travail où toutes les voix comptent. D’un collectif dont les patients seraient parties prenantes, qui s’appuierait sur leurs savoirs, encouragerait leur pouvoir d’agir. Et où leur santé serait appréhendée de manière globale, dans ses dimensions tant physiologiques que sociales, environnementales, économiques, etc.

  • « Santé communautaire », d’autres Centres, ailleurs en France qui pratiquent ce type de soin, se sont donné ce nom, source d’inspiration pour les personnes à l’initiative du projet.

  • Ce pourrait être en zone rurale où les soins se font rares. Dans les Monts d’Arrée où cette rareté rime avec un tissu étroit de solidarités. À Plounéour-Ménez où la mairie accueille favorablement le projet.

  • Depuis, l’équipe bénévole de l’association loi 1901 porteuse du projet, L’Atelier en santé (LAES), s’est modifiée et élargie. Elle compte aujourd’hui 9 membres bénévoles – 2 coordinatrices de projet, 2 médecins, 2 kinés (dont Alex), 1 sage-femme et 2 psychologues – qui œuvrent ensemble à la création du futur Centre de santé, qu’ils soient professionnels, futurs salariés du centre ou habitants concernés par le manque d’accès aux soins. »

Et comme on l’a vu dans ta présentation, les logiciels libres seront présents dans cette aventure.

Gabriel : Nous nous sommes mis d’accord dès les premières étapes du projet pour utiliser des logiciels libres tant que cela nous était possible sans mettre en péril la vitalité du projet. Nous avons pu ainsi mettre en place nos outils libres communs pour toute la phase de préfiguration de notre projet de centre de santé.

Vous n’êtes pas toustes des geeks , qu’est ce qui a fait que vous ayez eu envie d’utiliser des outils libres? 

Alex : A vrai dire, je n’avais pas vraiment d’avis sur la question avant ma rencontre avec Gabriel. Je trouve très intéressant de mettre en commun et de rendre accessible des outils numériques. Il y a un véritable enjeu éthique derrière tout ça.

Cela ne t’a pas paru trop compliqué, Alex ? 

Au départ, oui, n’étant pas familier avec l’outil informatique…. Mais je ne saurai dire si c’est lié au fait que le logiciel soit libre ou non, ma pratique en la matière étant quasi nulle. Ceci dit, après un temps d’apprentissage, ces outils se révèlent extrêmement utiles pour le travail en collectif et permettent une efficacité d’action, si bien utilisés. Cela m’a un peu réconcilié avec l’usage de l’outil informatique.

Quel a été le déclencheur de votre dégafamisation ?

Pour ma part, un des premiers éléments déclencheurs a été le besoin de faire fonctionner de façon plus fluide mon Thinkpad T42 sous Windows XP lorsque j’étais étudiant. J’ai lu sur des sites d’informations numériques grand public la sortie d’une nouvelle version d’Ubuntu 10.10 et c’est là que tout a commencé. J’ai commencé à suivre un tutoriel sur, anciennement, « le Site du Zéro » pour savoir comment installer ce système d’exploitation gratuit qui avait l’air bien sympa.

Puis de fil en aiguille je me suis intéressé à la philosophie et aux enjeux politiques des logiciels libres. C’est arrivé au début de mes études de médecine et le lien s’est spontanément fait pour moi entre l’intérêt d’avoir des logiciels issus du mouvement open-source dans le champ de la santé, dans l’intérêt des professionnels, des patients et du système de santé en général.

Dans le cadre de LAES, nous avons mis en place ces outils dès le début. Nous avons d’abord voulu aller à ce qui nous semblait le moins onéreux et le plus flexible en auto-gérant l’infrastructure nous-même sur des serveurs OVH, via YunoHost que j’avais déjà testé à la maison pour divers projets personnels. La responsabilité restait cependant sur les épaules d’une seule personne de l’équipe. Pour rester en cohérence avec le souhait d’une gouvernance partagée et pour me laisser plus de temps à d’autres aspects du projet nous avons pu basculer la gestion des services que nous utilisions à d’autres personnes.

  • Forum/Discourse : cloud.girofle
  • Nuage/Nextcloud : cloud.girofle
  • Boîte mail : OVH
  • Site web/Wordpress : OVH
  • Pads : Cryptpad
  • Messagerie instantanée : on est resté sur Signal.

Parlons d’abord du processus de décision de cette transition. En amont de votre « dégafamisation », avez-vous organisé en interne des moments pour créer du consensus sur le sujet et passer collectivement à l’action (lever aussi les éventuelles résistances au changement) ? Réunions pour présenter le projet, ateliers de réflexion, autres ?

Oui, cela s’est fait lors de réunions. Dès le début avec une mise en commun des savoirs sur ce que comprenait le concept de logiciel libre et les enjeux techniques et politiques qui allaient avec. Nous avions cependant anticipé le fait qu’il n’existe pas (encore) de logiciels métiers (gestion de dossier patient, logiciel d’aide à la prescription) accrédités qui soient libres dans le cadre d’un centre de santé.

Cela ayant un fort impact sur le financement de notre structure et donc sur la vitalité du projet dans son ensemble, nous sommes tombés d’accord sur le fait que la vitalité du projet du centre passerait tout de même avant et que la recherche de logiciel libre se ferait « du mieux que l’on puisse ». Cela ne nous empêche donc pas de nous investir auprès d’Interhop et en particulier des projets Toobib et Goupile par exemple.

Nous avons également comme projet de mettre en place un fablab suivant l’état d’esprit lowtech orienté santé en parallèle du centre de santé pour le développement de solutions libres dans le domaine de la santé.

Mon médecin utilisait jusqu’à il y a 4 ou 5 ans des logiciels libres, mais il a été obligé d’arrêter. Pression des collègues du cabinet, difficultés avec les logiciels de la CPAM… Alors, quand j’entends parler de votre aventure je me demande si vous aussi vous rencontrez des résistances dans l’appropriation de votre écosystème numérique ? 

Oui, j’en parle au-dessus mais là c’est plus un retour d’expérience sur la préfiguration. Pour l’exercice, nous n’avons pas encore du tout libre, nous ferons au mieux. On est en lien avec Interhop/Toobib pour essayer d’avoir des solutions libres/éthiques accréditées.

Au sein de l’équipe, nous avons mis cet état d’esprit dès le début, il n’y avait pas de frein particulier.

En nous ouvrant aux habitants de la commune, l’outil Discourse nous permet d’avoir une interface suffisamment inclusive pour le moment pour permettre des échanges avec des personnes ayant différents niveaux de facilité avec le numérique. Nous utilisons également des pads de Framapad avec les habitants pour nos comptes-rendus de réunions et répartition des tâches.

Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Non pas franchement pour le moment avant ouverture du centre. Pour la phase d’exercice, nous allons faire des choix dans l’été justement et nous aurons des retours plus tard.

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Les logiciels métiers pour le moment, de ce que j’en comprends, l’accréditation peut-être techniquement compliquée et très onéreuse.

Quels étaient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numérique éthique ? 

Plutôt des ressources internes, la communauté de YunoHost pour les soucis techniques auxquels je pouvais faire face, puis la plateforme des chatons pour migrer nos outils auprès de personnes bien plus compétentes que nous tout en restant raccord avec nos valeurs et à un coût abordable pour notre structure (prix libre pour cloud.girofle).

Infographie sur la dynamique entre l’équipe projet, l’équipe salariée et les habitant⋅es

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle manière (formation, tutos, etc.) ?

Oui, avec des tutoriels à la demande, on essaie de simplifier l’accès aux outils au fur et à mesure de l’implication des adhérents. Et de réduire leur nombre également quand on peut.

On profite également des temps off, lorsque nous avons nos réunions en présentiel, pour résoudre les éventuels soucis techniques, faire une installation d’Ubuntu sur un PC qui ne tourne plus sur Windows, installer Aurora Store pour ré accéder à l’installation de Signal sur un vieil appareil Android (pour qui le PlayStore ne fonctionne plus comme il devrait), par exemple.

Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que ça soit libre ?

Pour le moment nous communiquons aux nouveaux bénévoles des raisons de nos choix de logiciels libres et nous faisons l’effort d’essayer au maximum de réduire l’écart possible entre les compétences techniques nécessaires à l’utilisation d’outil et les compétences/envies/besoins des habitants bénévoles. Là on fait un gros travail d’adaptation du forum pour une utilisation plus fluide avec les mails.

Nous devrons ensuite voir pour un choix de messagerie instantanée : utiliser les modules présents dans Discourse ? Proposer Signal à tout le monde ? Chercher d’autres solutions ensemble ?

Au niveau des patients, ce seront donc essentiellement des outils libres ou sans GAFAM que vous allez utiliser ? (prise de rdv, mails hors gmail et compagnie ?)  Qui sont les adhérents ? Des patients ou quiconque habitant votre secteur et n’ayant pas de suivi médical avec vous ? C’est étonnant ce système d’adhésion pour un centre de santé. 

  • Pour les mails professionnels nous allons également passer par les messageries dites sécurisées mises en place par les institutions et utilisées par les autres acteurs du système de santé avec notamment MSSanté.

  • Pour ce qui est du travail avec les adhérents de l’association et des logiciels hors logiciels métiers avec accréditations nous allons nous efforcer d’utiliser des logiciels libres au maximum : traitement de texte, espace nuagique, pads, etc.

  • Pour le système d’adhésion, il s’agit de la valence communautaire ou participative du centre. Ce n’est pas forcément le cœur de cette interview, mais en résumé, toutes personnes souhaitant avoir des soins sera pris en charge comme dans d’autres structures déjà en place (maisons ou centres de santé). Mais nous travaillons à la mise en place d’une gouvernance partagée avec les habitant.es et différentes parties prenantes de la commune à l’échelle du centre. Par exemple, nous avons pu organiser un ciné-débat avec des habitant.es bénévoles du futur centre, et nous avons pu utiliser comme outils informatiques : framapad, mails et Discourse. 

  • Il y aura donc la partie soin où nous allons répondre aux demandes réglementaires nationales tout en nous investissant auprès de Toobib et d’Interhop pour participer au développement de solutions éthiques et libres. Et il y aura la partie associative/participative sur laquelle nous allons avoir plus de marge de manœuvre pour la mise en place de solutions open-sources/libres.

 

Quels conseils donneriez-vous à des structures comparables à la vôtre qui voudraient se dégafamiser aussi ? (erreurs à ne pas commettre ? Astuces et bonnes pratiques éprouvées à l’usage ?)

Ne pas hésiter à passer rapidement, si ce n’est dès le début, par des services répertoriés sur les CHATONS. La gestion en interne de ces outils peut être plus ou moins compliquée lorsque ce n’est plus uniquement un projet personnel et que les enjeux ne sont plus les mêmes en cas de soucis techniques (perte d’accès à des services, incendie dans des datacenters), etc.

Sinon, par rapport à d’autres projets, cela reste plus simple, à mon sens, de proposer une infrastructure libre dans le cadre d’un nouveau projet. En choisissant un projet qui a relativement peu d’impact sur le reste de la structure et en montrant que ça marche, le discours autour du logiciel libre a de plus en plus d’impact dans les représentations que peuvent se faire les différentes parties prenantes sur la question.

 

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Un argument qui semble souvent fonctionner est le côté prosaïquement libre de ces outils. Si nous ne sommes plus satisfait d’un hébergeur, d’un gérant, d’un outil, il est plutôt aisé d’en changer de par les formats de données utilisés et les communautés présentes et aidantes autour de ces outils.

Encore merci Alex pour ta participation à l’interview ! Je sais qu’il n’a pas été simple de trouver du temps pour cela. Et merci Gabriel, pour l’interview mais aussi pour ton implication, depuis toutes ces années, dans les projets de logiciels libres en médecine  ! 

On en parle aussi dans les journaux locaux (Ouest-France et Le Télégramme) !




Zikapanam : une asso de musiciens amateurs qui organise des jams

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec aujourd’hui le témoignage de Zikapanam, qui organise et participe à des jams, répétitions, scènes ouvertes et concerts. Merci à Laurent pour son témoignage riche, et bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ? Qui es-tu, ton parcours ? Ton rôle dans l’association ?

Je suis Laurent Schwartz, l’un des quatre fondateurs de l’association Zikapanam créee en octobre 2022. J’en suis son actuel Président et le seul opérationnel sur l’acquisition et le développement des outils informatiques de l’association. J’ai une formation d’ingénieur en informatique. L’informatique et la musique (Basse, Batterie et Chant) sont deux des mes passions depuis mon adolescence.  J’utilise Linux au quotidien depuis 2008.

Tu nous parles de ton association ? Quel est son objet, les valeurs qu’elle porte ? 

Zikapanam est une association de musiciens amateurs de tout niveau qui organise et participe à des jams, répétitions, scènes ouvertes et concerts. Des musiciens adultes de toute l’île de France nous rejoignent. Nous organisons nos événements et nos rencontres musicales sur Paris intra muros et petite couronne. 
La bienveillance caractérise les relations souvent décrites par les nouveaux arrivants .

En termes d’organisation, combien y a-t-il de membres ? y a-t-il des salarié⋅es ? Êtes-vous localisé géographiquement ou bien un peu partout ?

Nous sommes (juin 2024) environ 190 membres cotisants. La cotisation est modique. L’association est basée entièrement sur le bénévolat. L’ancrage de Zikapanam est la région parisienne. Nous souhaitons aussi développer une communauté de jams distancielles par internet pour attirer des musiciens francophones de toute la France.

Tim Sheerman-Chase, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

Vous diriez que les membres de l’association sont à l’aise avec le numérique ou pas du tout ? Ou bien c’est assez disparate ?

Nous utilisons beaucoup d’outils pour communiquer (Discord, solution logicielle maison, réseaux sociaux etc.), il y a donc un filtrage conséquent à l’arrivée sur notre Discord. Les gens qui vont au bout du processus d’inscription sont les plus motivés et peut-être aussi ceux qui prennent le temps de s’adapter à nos outils. Nous sommes composés de musiciens et pour la plupart l’ordinateur fait peur. Ils utilisent plutôt leur téléphone. Cependant, parmi les bénévoles, l’usage de l’ordinateur est souvent la norme.

Quel a été le déclencheur de votre dégafamisation ? Qu’est-ce qui vous a motivés ?

Nous avons une partie de nos membres qui est sensible aux enjeux du libre et qui utilisent les outils Framasoft ou du Fediverse.. C’est arrivé à mes oreilles et je me suis renseigné car je constatais qu’il y avait des freins importants à l’adoption de certains réseaux sociaux comme Meta même par des gens qui n’étaient pas forcément activiste du libre …
Au gré de mes réflexions sur le sujet, je me suis donné ces objectifs :
– offrir un accès libre à nos communications sur nos réseaux sociaux (sans besoin de créer un compte) ;
– limiter la nuisance de la publicité et des algorithmes qui décident pour vous les publications qu’on vous présente …  Qui détournent l’attention de nos publications ;
– toucher tous nos followers plutôt que le 5% que Meta dans « sa bonté généreuse » nous laisse toucher !

Quels sont les moyens humains mobilisés sur la démarche ? Y a-t-il une équipe dédiée au projet ? Ou plutôt une personne seule ? Quelles compétences ont été nécessaires ?

Je suis le seul opérationnel en informatique mais je reçois des idées de beaucoup de monde dans l’association. Il est cependant à ma charge de qualifier la pertinence des propositions qui me sont faîtes. Le monde du libre est documenté mais n’arrive pas dans le top des moteurs de recherche que j’utilise … Et ça complique grandement les recueils d’informations ! En tant qu’ingénieur en informatique, j’ai l’habitude de me former aux outils, de les découvrir et d’apprécier leurs fonctionnalités mais ça demande du temps et je ne peux le faire qu’à certaines périodes de l’année.  C’est ce que j’appelle la veille techno.

Comment avez-vous organisé votre dégafamisation ? Plan stratégique machiavélique puis passage à l’opérationnel ? Ou par itérations et petit à petit, au fil de l’eau ? Quelles étapes avez-vous suivi ?

À vrai dire, je n’ai rien contre les GAFAMs. Ces sociétés ont apporté beaucoup à internet à son démarrage et leurs actions d’aujourd’hui sont compatibles avec un monde d’entreprise où l’argent est roi !. Mon raisonnement est pragmatique, nous sommes une association et nous n’avons pas les moyens financiers d’une entreprise commerciale ! Les outils que nous serons amenés à utiliser ou que nous utilisons déjà le seront parce qu’ils nous sont accessibles financièrement, peuvent convenir et fédérer un maximum de personnes parmi lesquels des technophobes. Et c’est un véritable challenge !

Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Notre arrivée sur le Fediverse est récente et les outils à ma disposition actuellement ne permettent pas de qualifier l’adhésion des membres de notre association à ces réseaux sociaux. Je constate juste que très peu de membres se sont créés des comptes sur le Fediverse mais ça ne veut pas dire qu’il ne le consulte pas ponctuellement ou même régulièrement puisque la création d’un compte n’est pas obligatoire pour accéder à ces contenus. D’après mes premières remontées d’information, se créer un compte sur le fediverse ne serait pas trivial … Un effort de formation devra sûrement être engagé sur ce point.

Parlons maintenant outils ! À ce jour, on en est où ? Quels outils ou services avez-vous remplacé, et par quoi, sur quels critères ?

Nous n’avons pas « remplacé » Meta, Les bars et les lieux culturels avec lesquels nous travaillons sont tous sur ces réseaux. Mais nous avons commencé à développer nos réseaux parallèlement sur le Fediverse.. Nous développons des usages qui nous permettent de mettre en valeur la souplesse de Mobilizon. De plus  keskonfai, pixelfed et Mastodon nous ont apporté une certaine visibilité supplémentaire dans les moteurs de recherche au contraire de Meta qui par exemple empêche l’intégration aux moteurs de recherche des événements publics que nous organisons  afin de nous forcer à acheter de la publicité pour les mettre en avant …
Note : Plus récemment j’ai découvert Linkstack une alternative sérieuse à Linktree.

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Oui, bento. J’aimerai avoir une ferme de bento spécifique à notre asso mais je n’ai pas encore trouvé d’alternative à bento en logiciel libre. Voilà ce que nous faisons avec Bento : https://bento.me/strawberry-jam-band et nous avons une dizaine d’autres dans le même genre.

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle manière (formation, tutos, support, etc.) ?

Non pas encore.  Mais j’y pense sous forme de vidéo conf sur Discord.

Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que ça soit libre ?

Dans notre newsletter, j’ai largement communiqué sur keskonfai, pixelfed et mastodon mais cette communication doit être rappelée régulièrement et je vais m’y astreindre.

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Bénéficier de l’adhésion de toute notre communauté est un challenge que j’ai accepté. Il faut convaincre en allant à la rencontre des membres et en expliquant avec un argumentaire concret à toute épreuve qui voit avant tout leurs intérêts quotidiens !
Le potentiel du Fediverse est important. En tant qu’ingénieur, je vois bien les efforts d’interconnexion qu’il existe entre ces plateformes et je les apprécie en tant qu’utilisateur !
J’espère que d’ici 6 mois/un an, je pourrai faire un bilan très positif sur cette première étape dans la Dégafamisation !!
Merci de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur ce sujet. Plus d’infos sur notre association : https://linktr.ee/AssoZikapanam



MLC44, une association et une monnaie locale en cours de libération des géants du numérique

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de reprendre une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec aujourd’hui le témoignage de MLC44, qui porte la monnaie locale Moneko. Merci à Thibaut pour son témoignage riche, et bonne lecture !

Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ? Qui es-tu, ton parcours ? Ton rôle dans l’association ?

Je suis Thibaut, 41 ans. De formation ingénieur en informatique et travaillant dans une ESN spécialisée dans l’open-source au civil 😉 J’ai débuté comme développeur web PHP, évolué dans le pilotage de projet et la direction d’un centre de production et suis actuellement dans des fonctions plus commerciales, toujours dans la même ESN.

Au sein de l’association MLC44, je suis bénévole : membre élu du collectif qui pilote l’association et aidant sur toutes les problématiques liées aux outils informatiques à travers la commission support (c’est un groupe de travail, rassemblant bénévoles et certains membres de l’équipe salariée, chargé de donner les moyens et outils à l’association pour remplir ses objectifs).

Tu nous parles de ton association ? Quel est son objet, les valeurs qu’elle porte ?

MLC44 est l’association qui porte Moneko, une monnaie locale et citoyenne qui circule dans le département de la Loire-Atlantique. La monnaie circule au sein d’un réseau de particuliers et de structures partenaires agréées (commerces, restaurants, producteurs, artisans, associations, professions libérales, etc.), réunis autour d’une charte de valeurs et qui intègrent des préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités.

Sans possibilité d’épargne et non spéculative, cette monnaie est adossée (on dit aussi complémentaire) à l’euro. Comme la plupart des monnaies locales, c’est un outil d’éducation populaire : Moneko permet aux citoyen⋅nes de se réapproprier l’usage de la monnaie, d’en découvrir les enjeux, de s’impliquer dans la gouvernance de leur monnaie, d’échanger et de partager au sein d’un réseau solidaire pour devenir acteur de la transition économique et écologique de leur territoire.

Cela a bien fonctionné avec moi, car depuis que je suis adhérent, j’ai déplacé une bonne partie de ma consommation vers des structures locales. Ça devient assez ludique quand on s’y met 😉

Le fonctionnement de Moneko. Source : site de Moneko

En termes d’organisation, combien y a-t-il de membres ? y a-t-il des salarié⋅es ? Êtes-vous localisé géographiquement ou bien un peu partout ?

Nous avons 4 salariés et 1 à 2 VSC (Volontaire en Service Civique) suivant les périodes. Les bureaux de l’association sont localisés à Nantes au sein du Solilab (super lieu réunissant plein d’énergies autour de l’ESS), mais nous avons aussi des groupes locaux dans plusieurs lieux du 44. Notre objectif est de les multiplier sur le territoire de la monnaie. L’association rassemble une cinquantaine de bénévoles et les adhérents à la monnaie sont à ce jour près de 1000 (760 particuliers et 220 pros à jour de leur cotisation).

Vous diriez que les membres de l’association sont à l’aise avec le numérique ou pas du tout ? Ou bien c’est assez disparate ?

La majorité est plutôt à l’aise et en plus volontaire pour progresser, cela aide beaucoup !

Quel a été le déclencheur de votre dégafamisation ? Qu’est-ce qui vous a motivés ?

Quand j’ai rejoint l’association en 2021, le sujet était déjà dans les objectifs de l’association avec quelques premières actions en cours. Utiliser des outils libres ou open-source plutôt que les outils des GAFAM ou propriétaire est une préoccupation proche des valeurs qui guident notre association. C’est donc une voie d’évolution tout à fait naturelle pour nous et facilement compréhensible par nos membres.

En dehors donc de l’aspect valeur, une autre motivation est l’autonomie que cela peut nous apporter : nous trouverons toujours une ressource apte à maintenir/développer nos outils vs du propriétaire, et en plus cela nous rend moins dépendant d’un prestataire. Nous identifions également des bénéfices en termes de coût financier à moyen/long terme une fois l’investissement initial passé (mise en place et montée en compétence des équipes).

C’est aussi l’occasion de travailler à plus facilement fédérer/mutualiser nos usages et outils au niveau national, voire européen avec les autres monnaies locales (coucou à nos copains du mouvement SOL). C’est une des raisons pour laquelle nous avons également rejoint l’association Lokavaluto qui est un commun numérique à destination de projets de l’ESS tels que les Monnaies Locales complémentaires et Citoyennes, les Sécurités sociales de l’alimentation, les SEL, les places de marché locales, etc.

Quels sont les moyens humains mobilisés sur la démarche ? Y a-t-il une équipe dédiée au projet ? Quelles compétences ont été nécessaires ?

Il n’y a pas réellement de personne dédiée au sujet. Cette démarche restant chaque année suivie et présente dans le plan d’action de l’association, nous nous en soucions régulièrement. Pour aller dans le détail, c’est la commission support de l’association qui en a la responsabilité et qui suit l’avancement. Étant dans cette commission et par ailleurs défenseur de l’open-source, j’ai pris en main le dossier 😉 Mais je suis aidé par d’autres bénévoles qui aident à la mise en place des outils et à la formation des utilisateurs, tout comme notre partenaire Lokavaluto qui met à disposition de nombreux tutoriels et formations.

Comment avez-vous organisé votre dégafamisation ? Plan stratégique machiavélique puis passage à l’opérationnel ? Ou par itérations et petit à petit, au fil de l’eau ?

Cela se passe plutôt par itération et au fil d’eau. Une première étape a été de dresser la liste des outils majeurs utilisés par tous les intervenants de l’assocation.

Nous avons ensuite cherché une alternative libre adéquate. La liste a ensuite été priorisée pour déterminer en fonction des contraintes et de la difficulté à migrer, dans quel ordre nous allions procéder. Au fur et à mesure, cela nous a construit une sorte de plan d’action sur cette démarche. Mais le plan continue d’évoluer : nous découvrons de temps en temps l’usage d’un outil qui n’avait pas été identifié mais aussi, nous restons en veille sur les solutions et pouvons donc changer quelques priorités. À titre d’exemple, lors de notre récent changement d’outil pour notre site internet, nous en avons profité pour migrer nos vidéos de Youtube vers un Peertube alors que ce n’était pas forcément prévu.

En plus de ces itérations au niveau global, nous pouvons aussi itérer au niveau de chaque outil : on ne cherche pas forcément la perfection dès le départ. L’idée c’est d’avancer. Par exemple, certain-e-s utilisateur-ices commencent à utiliser le nouvel outil et pas tous en même temps. Cela permet aussi de faciliter l’acceptation du changement et pour nous d’avoir le temps d’accompagner « tranquillement » les utilisateurs.

L’association étant en plein changement d’échelle, toute la difficulté est d’arriver à faire les changements sans trop bouleverser les habitudes des intervenant-e-s qui sont déjà bien chargé-e-s par le quotidien.

Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Je dirais qu’il faut être vigilant si certains de vos prestataires sentent le vent tourner. L’idée est de bien faire maintenir le niveau de service attendu jusqu’au bout.

Un autre point d’attention également, c’est d’être vigilant lors de l’arrivée de nouvelles personnes (ce qui peut arriver fréquemment dans une association). Le nouvel arrivant doit prendre les bonnes habitudes, et éventuellement perdre ses mauvais réflexes perso/pro d’utilisation d’outil Gafam 😉 Cela peut être un peu délicat, car la personne arrive avec de l’envie et de l’énergie pour faire progresser l’association, il faut donc bien expliquer la démarche, le pourquoi et généralement ça se passe bien !

Autre vigilance à avoir : lorsque de nouveaux besoins sont exprimés, l’équipe doit avoir le réflexe de d’abord chercher des solutions libres/open-source, il faut parfois le rappeler.

Enfin, il faut globalement rester un peu souple : notre objectif est d’avant tout de faire progresser l’usage de notre monnaie locale Moneko. Nous ne devons donc pas être sectaires et interdire l’usage d’outil propriétaire ou GAFAM quand l’alternative n’apporte pas un service suffisant où est trop coûteuse (temps/argent) à mettre en œuvre pour le moment. (Mais on le garde dans nos radars pour une future voie d’amélioration !)

Parlons maintenant outils ! À ce jour, on en est où ? Quels outils ou services avez-vous remplacé, et par quoi, sur quels critères ?

Certains outils sont migrés, d’autres en cours et d’autres sont encore dans la TODO list 😉 Voici un état des lieux :

  • Partage de fichiers : Google Drive vers Nextcloud : en cours/partiel, ici la stratégie a été d’abord de migrer nos documents publics (cela permet d’évangéliser notre public) avant tout l’interne qui demande un gros boulot de tri.
  • Suite bureautique : Google => Onlyoffice : en test, ici aussi la marche est importante car il y a beaucoup d’historique et c’est un outil du quotidien pour l’équipe. Nous allons y aller au fur et à mesure.
  • Mesure du trafic web : Google Analytics => Matomo, terminé : cela a été facile à faire à l’occasion de la refonte de notre site web.
  • Fichiers tableurs pour gérer l’asso : Excel => Odoo, en finalisation, nous avons migré toute la gestion de nos membres en 2023 et avons pu automatiser les relances de début 2024 avec le nouvel outil. Un gain de temps assuré au final.
  • Gestion des mails : Gmail => Thunderbird (bureau) + Roundcube (web), en cours/partiel : seuls quelques membres ont franchi le pas, il y a pas mal d’accompagnements à faire.
  • Système d’exploitation : Windows => Ubuntu, à commencer : l’idée est d’abord d’installer un poste à l’occasion d’un nouvel arrivant pour ensuite proposer la migration à ceux qui le veulent. Cela se fera sur un temps long.
  • Messagerie instantanée : Whatsapp => Rocketchat, en cours : l’usage de Whatsapp est de moins en moins fréquent, mais l’usage de Rocketchat a encore du mal à prendre.
  • Conférence audio et vidéo : Zoom => Big Blue Button, terminé : la bascule s’est faite assez rapidement d’autant plus que cela nous a permis d’économiser quelques dizaines d’euros par mois !
  • Carte géographique : Google Maps => Gogocarto, en cours : la migration des données prend un peu de temps, mais ça ne va pas tarder
  • Hébergement vidéo : Youtube => PeerTube, terminé : cela a été facile à faire à l’occasion de la refonte de notre site web.

Pour répondre à ta question sur les critères majeurs c’est : réponse au besoin, ergonomie de la solution, pérennité de l’outil.

Comment avez-vous choisi s’il y avait plusieurs alternatives ?

Beaucoup de choix se sont faits en discutant avec notre écosystème (Lokavaluto, SOL, autres monnaies, autres structures du Solilab, etc.) et en observant leur usage. Nous tenons aussi compte de notre capacité à avoir de la compétence interne pour accompagner les utilisateurs fonctionnellement. La pérennité de l’outil et la capacité à trouver facilement des ressources techniques pour maintenir/corriger un bug compte aussi.

Planche de billets Moneko

À quoi ressemblerait la planche à billet Moneko ? Source : site de Moneko

Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?

Il nous reste l’outil de gestion des transactions de la monnaie (cyclos) : nous avons une piste avec Com’Chain, mais nous n’envisageons pas encore la migration car trop risquée. C’est le cœur de notre activité : l’outil est encore jeune, on surveille les évolutions de l’outil et ses avancées. Mais cela exigera aussi de notre part une maturité technique que nous n’avons pas encore.

Quels étaient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numérique éthique ?

Nous n’avons pas de ressource ou temps dédié, c’est un sujet du quotidien porté par la chargée de coordination et les bénévoles « techniques ». Comme cela reste un objectif précis de l’association, les membres les plus actifs l’ont bien en tête et sont facilitateurs.

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ?

Oui, nous essayons d’accompagner au mieux les utiliateur⋅ices, avec par exemple :

  • une formation régulière aux nouveaux usages (Odoo notament) : à chaque déploiement de nouveau module (ex. : facturation, gestion RH), nous formons les utilisateurs (+ tutoriel vidéo/retranscription vidéo de formations d’autres MLC mis à dispo par Lokavaluto)
  • des tutoriels sous forme de diapo pour expliquer des cas d’usage

Mais on ne peut pas le faire systématiquement. Donc on compte aussi sur la débrouillardise car comme dit plus haut, on essaye de sélectionner avant tout des outils ergonomiques et qui fonctionnent bien à l’instinct. Mais lorsqu’on nous remonte une difficulté, on passe en mode support par tchat et mails (voir téléphone pour les urgences, mais c’est rare) L’idée est que les utiliateur⋅ices aient bien une personne d’identifiée à contacter en cas de besoin.

Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que ça soit libre ?

Cela peut avoir un impact via l’exemple. Quand on propose un document à télécharger par exemple, c’est sur nuage.moneko.org. Les utilisateurs voient que c’est du Nextcloud et non du Google Drive. On laisse les crédits des solutions qu’on utilise pour contribuer. Mais en effet, ta question m’amène à me demander si on ne pourrait pas faire une page dédiée pour montrer nos choix et notre démarche. Je le note dans la todo 😉

Quels conseils donneriez-vous à des structures comparables à la vôtre qui voudraient se dégafamiser elles aussi ? (erreurs à ne pas commettre ? Astuces et bonnes pratiques éprouvées à l’usage ?)

Quelques conseils en vrac : entourez-vous de personnes en phase avec l’objectif, ne soyez pas seul, allez-y tranquillement, montrez l’exemple par vos propres usages, itérez, essaimez, montrez les bénéfices, l’alignement des valeurs et ne vous découragez pas s’il y a quelques entorses ou petits retours en arrière, la route est longue mais… [Ndr : … la voie est libre 🙂 ] 😉

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Avancer sur cette migration peut aider à se sentir bien, cela fait partie des gestes positifs à apporter à notre société, cela aide au bien-être mental et à lutter contre la dissonance cognitive que l’on peut avoir dans nos activités quotidiennes/pro.




Extinction Rebellion France, mouvement de désobéissance civile, « dégafamisé by design »

Depuis plusieurs années, nous publions régulièrement (tant que faire se peut du moins !) des articles témoignant de la dégafamisation de structures associatives ou relevant de l’économie sociale et solidaire. Dans le cadre du lancement de emancipasso.org, notre nouvelle initiative pour accompagner les associations vers un numérique plus éthique (lire l’article de lancement), nous avons eu envie de reprendre la publication de ces témoignages.

Pour ce faire, nous avons lancé un appel à participation sur nos réseaux sociaux et quelques structures nous ont répondu (vous pouvez continuer à le faire en nous contactant) ! Nous sommes donc ravis de commencer une nouvelle série d’articles de dégafamisation avec une association importante, Extinction Rebellion France, qui a la particularité d’avoir pensé et bâtit son infrastructure dès le départ en s’émancipant des services des géants du web. Merci à ses bénévoles qui nous ont livré un très généreux témoignage, et bonne lecture !

Bonjour, pouvez-vous présenter brièvement Extinction Rebellion France pour le Framablog ?

Extinction Rebellion (XR) est un mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le dérèglement climatique. Démarré au Royaume-Uni en 2018, le mouvement s’est lancé en France en 2019.

La branche française du mouvement est auto-organisée autour de différents Groupes de Support Thématique (modèle inspiré de l’holacratie). Il existe en particulier un groupe de support chargé de maintenir et de développer l’infrastructure numérique de XR France.

La branche française du mouvement est présente dans une centaine de villes et regroupe plusieurs milliers de membres actif·ves. De très nombreuses actions sont réalisées par chaque groupe local chaque semaine avec quelques grandes actions. Récemment, on peut citer l’action de XR Lyon contre l’usine Arkema et ses polluants éternels. Plus anciennement, le blocage de la porte Saint Denis à Paris lors en avril 2022 ou le blocage de la place du Châtelet en octobre 2019.

Pour suivre toutes nos actions, abonnez-vous à notre newsletter. Une prochaine action de désobéissance civile massive est prévue le 24 mai à Paris pour perturber la prochaine Assemblée Générale de Total.

Capture de la page d'accueil du site https://extinctionrebellion.fr/

Cet article a été co-rédigé par plusieurs membres de ce groupe de support « Infrastructure Numérique ».

Quel a été le déclencheur de votre « dégafamisation » ?

Dès le début, il a été constaté que XR avait besoin de plusieurs outils numériques pour communiquer et s’organiser entre les pays et entre les villes d’un même pays : espaces de forum, de discussion instantanée, sites web, partages de fichiers, envois d’emails et d’infolettres, etc.

Il n’était alors pas envisageable d’utiliser les services numériques des géants du web pour répondre à ces besoins. En effet, XR promeut le mode d’action de la désobéissance civile non violente et donc, parfois, la réalisation d’actions illégales qui peuvent être poursuivies par les différents gouvernements des pays où XR est présent. Assurer une souveraineté numérique permet d’augmenter la sécurité du mouvement.

Par ailleurs, la réalisation d’actions de désobéissance civile est contraire aux conditions générales d’utilisation (CGU) des services des géants du numérique. Par conséquent, utiliser leurs services numériques soumet XR au risque de perdre les accès et l’intégralité des données du jour au lendemain sans justification particulière. Il s’agit d’ailleurs de situations qui se produisent régulièrement sur Facebook : les pages de certains groupes locaux et d’XR France ont été désactivées à plusieurs reprises.

Le numérique a également un impact environnemental important. Avoir la main sur son infrastructure permet d’en atténuer les impacts, notamment en choisissant des hébergeurs engagés qui s’alimentent réellement en énergie verte. Enfin, XR est plus globalement un mouvement qui se place en opposition aux logiques capitalistes des géants du numérique. Sans en faire notre lutte quotidienne, XR s’associe aux mouvements de défense des libertés numériques et serait en contradiction avec lui-même en utilisant les services de ces multinationales.

La non-gafamisation de XR a été favorisée par deux autres facteurs : d’une part, le mouvement est parti de zéro, il n’y avait donc pas d’enjeu à changer d’outil (migration de données ou changement d’habitudes). D’autre part, les militant·es membres de XR se créent un pseudonyme et séparent vie privée et vie militante. Par conséquent, cela paraît normal aux militant·es d’utiliser des outils numériques spécifiques à XR.

Dans les faits, ce choix stratégique et la mise en place d’une telle infrastructure reposent sur les efforts de quelques administateur·ices systèmes et développeur·euses qui ont compris le danger à utiliser les GAFAM et ont été en mesure de mettre en place une infrastructure auto-hébergée. Cela aurait également été impossible sans les contributions de la communauté du logiciel libre qui met à disposition des logiciels performants permettant de répondre aux besoins de mouvements tels que XR.

Pour aller plus loin, cette conférence présente d’un point de vue technique les choix initiaux fait par les équipes internationales :

À noter que cette non gafamisation est une exception française : si l’infrastructure internationale est également non gafamisée, de nombreux pays, à l’instar du Royaume-Uni, continuent d’utiliser abondamment les services des géants du numérique. Dans toute la suite du témoignage, le sigle XR mentionnera abusivement XR France.

Rencontrez-vous des résistances dans l’appropriation de votre écosystème numérique ? Au contraire, y a-t-il eu des changements dont vous aviez peur et qui se sont passés comme sur des roulettes ?

Étonnement, l’appropriation des outils numériques XR semble plutôt bien vécue par les membres et ce choix stratégique n’est pas remis en question. Cet usage des outils numériques libres fait aujourd’hui partie intégrante de XR. Par exemple, les rares fois où des liens Google sont partagés sur nos outils internes (souvent des liens venant du mouvement climat), certaines personnes vont indiquer les dangers liés à ces liens Google et indiquer quels outils internes utiliser à la place.

Nous avons l’impression que cela tient au fait qu’un engagement dans XR n’est pas quelque chose d’anodin : cela fait partie des étapes nécessaires de se créer une adresse email dédiée à XR puis un compte sur notre outil de communication instantanée. Pour autant, même si la volonté est là, de nombreuses personnes décident qu’elles ne souhaitent pas se créer un nouveau compte et ne font alors que réaliser des actions. Tandis que d’autres souhaitent se créer un compte mais n’y arrivent pas : nous avons alors tenté de mettre en place différents formats pour accompagner les nouveaux et nouvelles arrivantes : accompagnement en présentiel lors des réunions, tutoriels vidéos et écrits sur notre site.

Il est aussi important de mentionner que certains groupes XR n’utilisent pas ou très peu les outils numériques XR au quotidien : iels se contentent d’utiliser une boucle Signal (voire WhatsApp ou Messenger).

Nous pouvions avoir peur des interfaces très primaires et peu ergonomiques de certains outils (par ex. Mailtrain pour les infolettres) mais il est acquis par tout le monde qu’il est hors de question de confier à une compagnie privée la liste de mails de personnes qui nous font confiance. Par conséquent, cet outil est plutôt bien adopté (même si chacun·e peste en l’utilisant).

Au contraire, de nombreux outils libres sont plus performants que leurs alternatives propriétaires pour répondre à nos propres usages. On peut citer Mobilizon qui nous permet d’intégrer les événements sur notre site web (ce qui est compliqué à faire avec Facebook), Aktivisda pour générer des visuels aux couleurs d’XR (interface + simple que Canva) ou encore Cryptpad pour avoir des documents chiffrés et sécurisés.

Parlons maintenant outils ! À quels besoins répondez-vous par des logiciels libres ? Quels ont été les critères pour les choisir ?

Tout d’abord, l’infrastructure à XR est pour partie gérée au niveau international et pour partie au niveau de chaque pays. Certains outils sont installés à la fois à l’international et au sein de chaque pays, tandis que d’autres ne le sont qu’à l’international ou que localement.

Les infrastructures de chaque pays ont été mises en place par les équipes internationales qui ont pris le temps de former des administrateurices systèmes à leur maintenance et aux bonnes pratiques de sécurité. Une fois l’installation faite, l’infrastructure est gérée en autonomie complète : les équipes internationales n’ont plus accès aux serveurs.

Le choix a été fait d’utiliser des serveurs virtuels et physiques chez différents hébergeurs en Europe choisis pour leurs engagements.

Chez XR, chaque militant·e a besoin :

  • de communiquer de manière instantanée et sécurisée en groupes avec n’importe quel·le autre membre du mouvement. Nous disposons d’une instance Mattermost gérée par l’international (plusieurs dizaines de milliers de membres) et des milliers d’équipes (globalement une par ville).
  • d’avoir un espace de débats au temps long. On utilise un forum Discourse au niveau de XR France (il existe aussi un forum à l’international mais très peu utilisé). En pratique, cet outil est de moins en moins utilisé.
  • de réaliser des visioconférences pour des réunions (quelques personnes) ou des formations. Nous nous servons d’une instance Big Blue Button à l’international (capable de supporter des réunions avec plusieurs centaines de personnes) et de deux instances Jitsi.
  • de créer des formulaires pour des événements ou des actions. Nous utilisions beaucoup Framaforms et un peu Lime Survey (instance gérée à l’international). De plus en plus, nous utilisons l’outil de formulaire Cryptform intégré à la suite Cryptpad. Dans l’objectif d’automatiser le traitement des réponses (envoi d’emails notamment), nous avons par le passé utilisé un outil maison et nous sommes en train d’expérimenter Baserow.
  • de créer et rédiger des document collaboratifs, pour des notes de réunions notamment. Nous utilisons beaucoup Etherpad, désormais de plus en plus Cryptpad. Certain·es utilisent également Collabora sur notre instance Nextcloud.
  • de stocker et de partager des documents : on dispose d’une instance PeerTube pour les vidéos et de deux instances Nextcloud pour le reste.
  • de lire ou créer des procédures ou tutoriels : on dispose d’une instance Bookstackapp pour le wiki. L’authentification à cet outil est réalisée via Mattermost.

En plus de cela, au niveau d’un groupe (local, thématique, affinitaire), il y a besoin :

  • de disposer d’une adresse email pour être contacté·e. On a un serveur de mails réservé aux groupes locaux avec le client web Roundcube.
  • d’avoir un espace réservé sur le site internet et d’y publier des articles. Notre site internet est un site statique sous Jekyll sur lequel on a ajouté DecapCMS (ex Netlify CMS) ;
  • de pouvoir publier des événements au nom du groupe et de les relayer dans le mouvement. On dispose d’une instance Mobilizon privée (les inscriptions ne sont pas possibles). Les événements apparaissent sur extinctionrebellion.fr suivant les tags de l’événement. Par exemple, les événements avec le tag « Réunion accueil » apparaissent directement dans une section « Nos prochaines réunions d’accueil » sur la page « Rejoignez-nous ».
  • de créer affiches et des visuels aux couleurs d’XR pour annoncer les différents événéments, réunions et formation. Le mouvement utilise Aktivisda.
  • d’envoyer des emails aux sympathisant·es ou aux inscrit·es à une action. Pour cela, on a installé une instance Mailtrain.
  • de communiquer sur des réseaux sociaux libres. On dispose de notre propre instance Mastodon réservée aux groupes XR, gérée par les équipes internationales.

capture de la page d'accueil de l'instance Aktivisda de XR

Enfin, voici quelques autres usages avancés dont on peut avoir besoin :

  • d’héberger du code pour les sites web ou outils maison : instance Gitlab.
  • de raccourcir des liens : outil maison développé et géré par les équipes internationales.
  • d’avoir une idée du nombre de visites sur les différents sites web du mouvement : on dispose d’une instance Matomo gérée par les équipes internationales.
  • de serveurs qui tournent tous sous Linux.

Il y a aussi eu des faux départs avec des outils qui n’ont pas trouvé leur usage au sein de XR. C’est par exemple le cas de Loomio qui a été installé mais finalement peu utilisé ou bien de la mise en place d’une instance Decidim. Pour ces cas, nous ne nous sommes pas acharnés et avons arrêté ces services.

Est-ce qu’il reste des besoins pour lesquels vous n’avez pas encore pu trouver une solution libre et pourquoi ?

Oui, il reste plusieurs besoins pour lequels nous ne disposons pas de solutions libres et auto-hébergées. Pour certains de ces besoins, nous utilisons des services de confiance et en sommes satisfait·es :

  • emails pour les militant·es : essentiellement utilisation de ProtonMail ;
  • communication instantanée et sécurisée entre rebelles avec messages éphèmères (en complément et en backup de Mattermost) : Signal mais aussi Session, Wire (et autres applications similaires) ;
  • formulaires : utilisation de Framaforms ;
  • gestion des comptes des groupes locaux via Open Collective (et des cagnottes Hello Asso).

Pour d’autres besoins nous restons actuellement bloqués :

  • Réseaux sociaux : On reste chez les GAFAM car c’est essentiel pour notre audience. Mais on laisse ouverte la possibilité de nous suivre sur Mastodon, PeerTube et Mobilizon. L’idée est que, idéalement, quelqu’un qui ne souhaite pas utiliser les GAFAM puisse toujours nous trouver sur une alternative libre (mais cela demande un peu plus de travail et tous les Groupes locaux n’ont pas ces ressources).
  • Pour trouver des créneaux de réunion, on passe encore trop souvent par when2meet (propriétaire et contenant des trackers Google) plutôt que framadate. Peut-être parce que ce premier service est plus intuitif, visuel et très rapide à créer et compléter : on peut facilement indiquer des disponiblités sur plusieurs jours.
  • On utilise toujours un peu Glassfrog pour l’auto-organisation du mouvement, mais on a commencé à regarder pour utiliser Fractale. Seulement l’outil n’a pas été beaucoup utilisé (néanmoins, Glassfrog est aussi très peu utilisé).

Et si les usages à XR sont globalement sains, le partage de vidéos sur Mattermost se fait beaucoup avec pour source YouTube, parfois avec PeerTube si la vidéo est aussi disponible dessus. Ça serait intéressant de banaliser le partage de vidéos par invidious pour celles qui ne sont que sur YouTube. Les intérêts de ces derniers services mériteraient d’être mieux expliqués au mouvement.

Quels étaient vos moyens humains et financiers pour effectuer cette transition vers un numérique éthique ?

XR France a la particularité d’être un mouvement 100% bénévole sans la moindre structure salariée. C’est la même chose au niveau du numérique. En pratique l’infrastructure en France repose sur une équipe d’administrateurices systèmes épaulés par quelques chef·fes de projet, en charge d’accompagner les différents projets numériques dans le mouvement. XR France mutualise ces différents services sur peu de serveurs en vue de limiter les coûts.

Pour la rédaction de cet article, nous nous sommes interrogés sur le temps passé à l’administration des services. Cela représente entre 1 à 10h par semaine d’administration système (sur les serveurs). Ceci sans compter l’accompagnement des différent⋅es usager·es, la gestion de projets tech ou le développement informatique (qui sont réalisés par des personnes différentes). C’est donc à la fois un effort important, mais également assez limité au vu de l’ampleur du mouvement XR France (plusieurs milliers de membres actifs dans une centaine de villes). Cela ne compte pas non plus l’administration système sur les outils internationaux (Mattermost notamment). Au niveau international, quelques administrateurices sont salarié·es du mouvement.

Avez-vous organisé un accompagnement de vos utilisateur⋅ices ? Si oui, de quelle manière ?

Nous n’avons pas mis en place un accompagnement exhaustif, mais plusieurs guides de présentation des outils et des tutos vidéos ont été réalisés (par exemple cette vidéo sur l’usage de Mattermost). C’est difficile car il faut prendre en compte la variété des utilisateurices (Ingénieur informatique Bac+5 vs Retraité⋅e de plus de 60 ans).

Nous dispensons également des formations en physique ou en ligne sur l’hygiène numérique et la sécurisation de nos pratiques numériques (c’est très variable suivant les groupes locaux). Certaines de ces formations sont co-organisées avec Attac et Alternatiba, et ouvertes aux militant·es hors XR.

Cela serait intéressant d’aller un peu plus loin. Une des pistes, ce serait de rentrer en contact avec des hackerspaces et des structures membres du collectif CHATONS pour demander éventuellement des formations en sécurité numérique vie militante et/ou plus généralement sur la protection de la vie privée.

Est-ce que votre non-gafamisation a un impact direct sur la vie des militant·es ou les autres organisations ?

Sans aucun doute que ce choix politique du libre a un impact direct sur la vie des militant·es. Cela contribue à démystifier la dégafamisation en montrant que c’est possible de faire sans, et que ça marche ! Il s’agit d’une porte d’entrée au monde du libre. Mais nous ne sommes pas en mesure de quantifier le nombre de militant·es pour lesquel⋅les cela a introduit des changements dans leur vie hors XR.

Au niveau des autres organisations avec lesquelles on échange, notre non-gafamisation infuse un peu, mais très légèrement. Google, Zoom ou encore Airtable ont une place très importante dans de nombreux mouvements sociaux et climatiques en France. L’objectif de cet article sur le Framablog est de démontrer aux autres organisations que oui, c’est possible de ne pas se gafamiser et qu’on ne s’en porte que mieux.

Quels conseils donneriez-vous à des structures comparables à la vôtre qui voudraient se dégafamiser aussi ?

Transitionner vers des logiciels libres (et auto-hébergés), c’est décider de consacrer du temps et des compétences pour installer et maintenir des services. Si on accepte d’avoir une qualité de service un peu moindre que les services commerciaux (service non redémarré immédiatement par exemple), alors le temps nécessaire à leur mise en place n’est pas si important (quelques heures par semaine au plus). Pour des toutes petites structures ou des structures éloignées du numérique, nous recommandons de prendre contact avec des associations spécialisées (telles que les chatons) et d’utiliser leurs services. Il est également possible de faire un appel à sa communauté : il y a probablement des défenseur·es des libertés numériques qui sauront vous mettre en relation avec les bonnes personnes localement.

Il faut aussi voir le logiciel libre comme la possibilité d’avoir un outil adapté à son propre besoin pour un coût réduit en mutualisant les développements avec d’autres structures qui auraient les mêmes besoins : une cinquantaine de petites structures peuvent se mettre ensemble pour financer des améliorations dans Nextcloud par exemple. [NDR : c’est justement une pratique que l’on souhaite valoriser au sein de la communauté Emancip’Asso.]

Et d’une manière plus générale, il ne faut pas chercher un logiciel libre comme une alternative à un logiciel propriétaire, mais plutôt chercher un logiciel libre pour répondre à un besoin. Google Doc sera toujours meilleur que Cryptpad si on prend Google doc comme référence. Pour autant, il est possible que Cryptpad réponde mieux à vos besoins que ne le fait Google Doc (édition sans avoir besoin de se créer un compte par exemple).

Les logiciels libres sont également meilleurs sur les questions d’interopérabilité des services. On pense alors en écosystème numérique davantage qu’en termes d’outils. Par exemple, ce n’est pas Mobilizon qui est mieux que Facebook pour publier des événements, mais c’est surtout la symbiose Mobilizon + site web XR France qui est intéressante pour XR.

Un mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?

Utiliser les GAFAM ou des logiciels propriétaires dans nos luttes, c’est se déposséder de nos outils de lutte. Être soumis à des outils qui ne visent pas le succès de nos luttes, mais leur rentabilité. Au contraire, utiliser le logiciel libre contribue à se réapproprier nos outils de lutte et, de fait, à la renforcer.

Chaque usage d’un service d’un géant du numérique doit donc être questionné et remplacé, ou mieux, arrêté. Voulons-nous vraiment des bases de données ultra-complètes sur les militant·es de nos mouvements ? Avons-nous besoin de faire des visioconférences quand on peut se retrouver dans un café ? Il est primordial d’accompagner sa dégafamisation d’une remise en cause plus large de sa dépendance au numérique.

visuel valorisant XR France dans le cadre de la campagne de communication Emancip'Asso




Associations : les géants du numérique, c’est pas automatique !

Chez Framasoft, nous constatons que de plus en plus d’associations utilisent les services proposés par les géants du numérique (Google Workspace, WhatsApp, Zoom, Outlook, Trello, Microsoft Office 365 et bien d’autres). Ce qui n’est pas sans nous poser problème puisque nous estimons que ces outils sont toxiques, et en totale contradiction avec les valeurs portées par les associations. C’est pourquoi, pendant ce mois de mars, nous allons tout faire pour les convaincre de repenser leurs usages numériques. Et vous allez sûrement pouvoir nous aider !


Les associations, soutiens involontaires des géants du numérique ?

Si la toxicité des géants du numérique (Microsoft, Google, Meta, Adobe, Amazon, Apple, Uber, etc.) n’est plus à démontrer, rappelons tout de même que ces entreprises exercent toutes une triple domination (économique, technique et culturelle) et que l’objectif de leur offre de services est le même : développer leur empire pour concentrer, à un niveau sans précédent, une part déterminante des ressources, des données, des revenus et des pouvoirs.

Le modèle de société que portent ces entreprises est donc à l’opposé des valeurs portées par les associations (émancipation, justice sociale et environnementale, égalité, solidarité, etc.). Pourtant ces dernières ne sont pas toujours conscientes qu’en utilisant les services numériques de ces géants, elles se placent dans une situation de dépendance à des outils sur lesquels elles n’ont aucune prise (par exemple, elles subissent les modifications des conditions d’utilisation des services ou l’absence de certaines fonctionnalités). Ces associations participent, à leur niveau, à renforcer la puissance de ces entreprises, en leur fournissant davantage d’utilisateurices et davantage de données.

Construire un monde meilleur n’est possible qu’avec les outils qui nous en donnent la liberté.

Il n’y a rien de vraiment étonnant à ce que les associations utilisent des outils numériques privateurs dans une société où ceux-ci sont omniprésents, que ce soit au sein des établissements scolaires, des entreprises, des administrations et des grandes surfaces dédiées à la consommation. Il suffit de se promener dans les espaces publics pour constater les nombreuses campagnes publicitaires qui promeuvent ces outils. Ces outils privateurs bénéficient de plusieurs avantages : ils sont gratuits (en apparence puisque les données non consenties des utilisateurices sont souvent une contrepartie) ou à des prix compétitifs, intuitifs et faciles à utiliser, intégrés dans un écosystème facilitant l’utilisation de plusieurs produits et services simultanément, et ils bénéficient de l’effet réseau (plus un outil est populaire, plus il est attractif, peu importe sa qualité).

Très souvent, les outils numériques choisis au sein d’une association le sont par défaut : un besoin émerge, les dirigeant⋅es associatifs ou les personnes les plus à l’aise en « numérique » proposent un outil et il est adopté. Les membres des associations passent leur temps à bricoler avec les outils dont iels ont entendu parler sans jamais chercher vraiment à les maîtriser. Et si, au sein de l’organisation, aucune personne n’a la culture numérique permettant de questionner le choix de ces outils, il y a peu de chances qu’une réflexion stratégique émerge à ce sujet au niveau des organes de gouvernance.

banniere Les géants du numérique c'est pas automatique

C’est pourquoi, il y a presque 3 ans, Animafac a proposé à Framasoft de travailler de concert sur un projet qui permettrait de favoriser l’émancipation numérique du monde associatif. De là est né le projet Emancip’Asso, dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises sur le framablog.

Nous entrons dans la dernière phase de ce projet :

convaincre les associations qui veulent changer le monde d’adopter des outils numériques éthiques et les accompagner dans cette démarche.

S’émanciper des géants du numérique, c’est possible…

Selon l’étude La place du numérique dans le projet associatif réalisée en 2022 par Recherches & Solidarités et Solidatech, la proportion d’associations utilisant des outils libres est stable ces dernières années, autour de 40 %. On pourrait se réjouir qu’autant d’associations aient déjà pris conscience de la toxicité des services des géants du web et qu’elles aient adopté des alternatives plus éthiques. Cependant, l’étude nous révèle que c’est en fait seulement 16 % d’entre elles qui le font pour des raisons éthiques, les autres les utilisant pour des raisons pratiques (coût, fonctionnalités, etc.). De plus, si 41 % des associations utilisent des logiciels libres, ce n’est parfois que pour quelques services annexes et la majorité de leurs données restent hébergées chez les géants du numérique.

grahique présentant le taux d'usage des outils libres dans les associations

Il est difficile de connaître le nombre d’associations s’étant totalement émancipées des services proposés par les géants de la tech. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment ce qui nous importe ! Pour nous, l’important est que les associations prennent conscience de l’incohérence qu’il y a à utiliser ces outils toxiques et se lancent dans une démarche de transition. C’est pourquoi, nous allons, dans les prochaines semaines sur nos réseaux sociaux, célébrer celles qui ont déjà adopté des outils éthiques, non pas pour les ériger en modèles à suivre, mais pour qu’elles deviennent sources d’inspiration. Changer les pratiques numériques d’une organisation est un choix stratégique pas toujours facile à assumer en interne et nous sommes convaincu⋅es que savoir que d’autres l’ont fait peut être un déclencheur.

visuel asso chat perché visuel asso Les Greniers d'abondance

N’hésitez donc pas à partager ces publications pour soutenir ces associations dans leur démarche et inspirer celles dans lesquelles vous êtes impliqué⋅e ! Et si vous connaissez des associations émancipées ou en cours d’émancipation, faites-les nous connaître (en commentaire au bas de cet article par exemple) pour qu’on les célèbre elles aussi !

… mais ce n’est pas facile !

Nous sommes tout à fait conscient⋅es que modifier les usages numériques d’une organisation n’est pas aisé. Il ne suffit donc pas d’être convaincu⋅e qu’il est nécessaire de mettre en cohérence ses outils et valeurs pour y arriver.

Très souvent, les associations ne savent ni par où commencer, ni comment choisir parmi les nombreuses alternatives existantes et craignent que les changements d’outils ne soient pas acceptés par leurs membres. Et il est rare, qu’en leur sein, des personnes maîtrisent les méthodes pour piloter cette démarche de transition numérique. D’ailleurs, les résultats de l’étude La place du numérique dans le projet associatif l’indiquent clairement : parmi les associations qui n’utilisent pas d’outils libres, elles sont 15 % à exprimer le besoin d’être accompagnées.

Se lancer dans une démarche de transition numérique, c’est être amené à repenser beaucoup d’aspects de l’association, bien au-delà des simples outils : les modes de fonctionnement, la gouvernance et même la culture interne. Il est donc essentiel qu’un projet de transition numérique soit intégré dans la stratégie de l’association.

Si les étapes d’une démarche de transition numérique peuvent varier en fonction des besoins et des objectifs spécifiques de chaque association, nous pensons que certaines sont incontournables :

Évaluation des besoins
Évaluer les besoins et les objectifs numériques de l’organisation, ainsi que les domaines où la transition vers des pratiques numériques plus éthiques peut apporter le plus de valeur ajoutée. Très souvent, cette étape repose sur un diagnostic des outils et pratiques numériques actuels.
Sensibilisation et engagement
Impliquer et sensibiliser l’ensemble des parties prenantes de l’organisation à l’importance de la démarche de transition numérique, aux enjeux qu’elle implique et aux avantages qu’elle va apporter. Si malgré cela, certaines personnes ne sont pas convaincues de la pertinence de la démarche, un accompagnement au changement doit être envisagé.
Définition de la stratégie
Identifier les objectifs spécifiques, les mesures de succès et planifier les différentes étapes de la démarche pour élaborer une stratégie claire et compréhensible afin de la communiquer à l’ensemble des parties prenantes.
Choix des outils numériques
Identifier et sélectionner les outils numériques éthiques les plus appropriés pour répondre aux besoins spécifiques. Établir un calendrier pour l’implémentation de ces nouveaux outils en gardant en tête qu’il est rarement pertinent de tout changer d’un coup.
Adaptation des processus
Examiner et ajuster les processus existants pour garantir une intégration fluide. Très souvent, cette étape intègre le paramétrage de chaque outil, la migration des données et la rédaction d’une documentation technique.
Accompagnement à la maîtrise des nouveaux outils
Identifier les compétences et les connaissances nécessaires. Mettre en place des formations pour les futures utilisateurices des services déployés.
Intégration et collaboration
Encourager la collaboration et la communication entre les parties prenantes afin que celles étant le plus à l’aise puissent accompagner celles qui le sont moins.
Adaptation continue
Une démarche de transition numérique est un processus continu. Il est important de rester à l’écoute des évolutions technologiques pour s’adapter et ajuster constamment la stratégie numérique de l’association.

 

Cette démarche va souvent nécessiter de faire appel à des ressources externes. Trouver vers qui se tourner est souvent le premier obstacle rencontré par les associations. C’est là qu’Émancip’Asso entre en jeu !

Accompagner les associations vers un numérique plus éthique

Si l’écosystème de l’accompagnement associatif a largement évolué ces dix dernières années, les associations rencontrent toujours des difficultés à connaître les dispositifs existants leur permettant d’être accompagnées dans leur démarche de transition numérique.

C’est tout le but du projet Emancip’Asso : permettre aux associations de trouver différents moyens d’être accompagnées dans leur projet d’émancipation numérique.

Sur emancipasso.org, nous proposons à toutes les associations s’étant lancées dans une démarche de transition numérique de rejoindre une communauté d’entraide pour échanger bonnes pratiques, conseils et astuces. Partant du constat que les associations, et particulièrement les personnes en charge des aspects numériques au sein de celles-ci, n’ont à ce jour que très peu l’occasion d’échanger sur leurs pratiques en matière de transition numérique, il nous a semblé essentiel de proposer un espace pour qu’elles se sentent moins isolées sur ces questions.

interface du forum d'échange emancipasso.org

Ces échanges se déroulent sur un forum, structuré en plusieurs catégories :

  • entraide technique : demande de précisions sur le fonctionnement ou le paramétrage d’un outil spécifique ;
  • demande de conseils pour trouver l’outil le plus adapté à ses besoins ;
  • recherche de prestataire(s) pour se faire accompagner dans sa transition ;
  • partage de besoins de développement de fonctionnalités et/ou d’outils pour éventuellement mutualiser les coûts entre plusieurs associations.

Nous proposons aussi un répertoire de prestataires qui recense des professionnel⋅es de l’accompagnement formé⋅es aux enjeux du monde associatif. Ces professionnel⋅les sont en mesure d’aider les associations dans toutes les étapes d’une démarche de transition : identification de vos besoins, clarification des objectifs, sensibilisation et implication des parties prenantes, élaboration de feuilles de route, réalisation de diagnostics numériques, préconisations techniques pour aide au choix des nouveaux outils, accompagnement dans la conduite du changement et accompagnement à la prise en main des nouveaux outils, etc.

Vous trouverez à ce jour 33 prestataires référencés dans ce répertoire. Ce n’est pas énorme, mais c’est parce que nous avons sélectionné uniquement des structures ayant déjà accompagné des associations dans leur transition numérique éthique. Chaque fiche « prestataire » permet d’identifier le type, la taille et la localisation de la structure, les types d’accompagnement qu’elle propose et quelques exemples de projets réalisés avec des associations. Un moteur de recherche parmi cette base de données permet de filtrer ce répertoire selon plusieurs critères : le type d’accompagnement recherché, la taille de l’association et les modalités de l’accompagnement.

interface de recherche parmi le répertoire de prestataires

Enfin, vous trouverez sur emancipasso.org une page de ressources utiles aux associations et aux prestataires. Notre objectif est de recenser ici un maximum de contenus pédagogiques pour favoriser l’émancipation numérique du monde associatif. Cette base documentaire est régulièrement mise à jour avec ce que nous partage la communauté pour permettre à chacun⋅e de développer ses connaissances sur la thématique des pratiques numériques du monde associatif.

Alors, on a besoin de vous…

… pour nous aider à faire prendre conscience aux associations de l’incohérence qu’il y a à vouloir changer le monde en utilisant des outils privateurs de libertés et les inciter à se rendre sur le site emancipasso.org pour trouver ressources, entraide entre pairs et prestataires pour les accompagner dans leur transition vers un numérique plus acceptable.

visuel du sticker Emancip'Asso visuel du second sticker Emancip'Asso

Vous pouvez aussi inviter dès maintenant vos associations préférées à suivre notre webinaire de présentation le jeudi 14 mars de 11h à 12h (inscription via ce formulaire), partager nos supports de communication (plaquette de présentation et stickers) autour de vous et republier nos posts sur vos réseaux sociaux de prédilection !

Merci pour votre soutien !




Reprenons du terrain sur le Web toxique ! – Bilan 2023 de Framasoft

Il y a un an, nous vous présentions « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet » notre feuille de route 2022-2025. L’objectif : favoriser l’adoption d’outils web conviviaux par des collectifs solidaires qui partagent les valeurs du Libre.

🦆 VS 😈 : Reprenons du terrain aux géants du Web !

Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit pour faire avancer le Web éthique et convivial. Retrouvez un résumé de nos avancées en 2023 sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (nov. – déc. 2023)

Un an plus tard, nous sommes fiers et heureuses de vous présenter ce premier point d’étape complet de nos actions, qui sont (comme toujours) financées par vos dons.

dessin de Coin-coin, le canard mascotte de la campagne de Framasoft. Il est en position de karatéka
Cliquez sur Coin-Coin pour soutenir Framasoft – Illustration CC-By David Revoy

Changer le monde, un coin(coin) de web à la fois

Dessin du Datavöre, un monstre dégoulinant composé de 5 tête portant chacune un logo des GAFAM
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser le Datavöre – Illustration CC-By David Revoy

Rappelons que les actions de Collectivisons Internet / Convivialisons Internet (alias « Coin-coin », d’où la mascotte) complètent et s’ajoutent au maintien de nos actions historiques : services en ligne et outils logiciels, partages d’expérience, contributions et collaborations variées.

Comme nous l’exprimions l’an dernier sur ce blog, l’objectif reste le même : faire en sorte de multiplier les coins de Web éthiques, afin de reprendre du terrain sur le numérique toxique occupé par les géants du Web.

Si cet article résume très rapidement notre bilan-campagne de fin d’année, c’est pour vous donner une idée globale de ce à quoi servent vos dons. Pour les intéressé·es, nous détaillerons les actions phares de ce bilan sur ce blog, chaque mardi (si-tout-va-bien©), d’ici la fin de l’année.

Soutenir Framasoft

Framaspace, les collectifs solidaires apprivoisent ce cloud convivial

Nous l’affirmions déjà en 2022 : Framaspace est notre projet le plus ambitieux de cette nouvelle feuille de route. En effet, l’objectif est de fournir, d’ici fin 2025, jusqu’à 10 000 espaces de cloud collaboratifs, basé sur le logiciel Nextcloud, à de petits collectifs solidaires.

Les infos Framaspace que nous détaillerons la semaine du 21 novembre :

Illustration de DemonDrive, un monstre fantomatique orné du logo de Google Workspace
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Demon Drive – Illustration CC-By David Revoy

  • Première année de Framaspace
    • Un besoin fort, déjà près de 700 espaces Framaspaces ouverts ;
    • …et plus encore si vous en demandez un ici pour votre collectif ;
    • des enseignements tirés de cette sortie en bêta ;
    • les premiers besoins exprimés par les bénéficiaires ;
    • des optimisations techniques, mises à jour, maintenance, etc.
  • Dans les cartons pour la suite
    • la préparation d’outils facilitant la prise en main par de nouveaux arrivants ;
    • des idées de « tuto dont vous êtes le héros » (ou « combine dont vous êtes l’héroïne » ?) ;
    • des explorations à venir : possibilité de publier des pages web, voire de gérer ses membres & sa compta…?

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PeerTube : une v6 réalisée à partir de vos idées

Voilà six ans que nous éditons ce logiciel qui, une fois installé sur un serveur, permet de créer une alternative éthique à YouTube, Twitch, Vimeo, etc.

Les possibilités techniques qu’offrent PeerTube ont un même but : permettre d’héberger et diffuser ses vidéos et ses directs, même (et surtout) lorsque l’on n’a pas l’argent de Google ni les fermes de serveurs d’Amazon.

Les fonctionnalités que nous détaillerons la semaine du 28 novembre, ont été choisies parmi vos idées :

Illustration de Videoraptor, un monstre insectoïde dont les trois têtes sont ornées des logos de YouTube, Viméo et Twitch
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Videoraptor- Illustration CC-By David Revoy

  • Version 5.1 (mars 2023)
    • Modération des demandes de comptes ;
    • Retour au direct.
  • Version 5.2 (Juin 2023)
    • Gros travail sur le transcoding déportable sur un serveur distant ;
    • Visibilité des replay ;
    • Flux RSS adapté aux podcasts.
  • Version 6 (fin novembre 2023)
    • Amélioration de l’accessibilité ;
    • Prévisualisation de l’image dans la barre de progression ;
    • Chapitrage des vidéos ;
    • Téléchargement d’une nouvelle version d’une vidéo ;
    • Protection des vidéos par mot de passe ;
    • Tests de charge pour le live (publication d’un rapport à venir).

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Mobilizon, c’est la lutte version finale…

…pour Framasoft !

En effet, nous estimons qu’après 4 années de développements, nous arriverons au bout de la vision que nous avions pour Mobilizon. Une fois cette v4 sortie, nous espérons que vos groupes auront les fonctionnalités nécessaires pour s’organiser autour de vos événements, et ainsi vous émanciper de Facebook ou Meetup.

C’est pour cela que la semaine du 5 décembre, nous parlerons en détail de :

Illustration de Face Ghoûl, un monstre dégoulinant et griffu orné du logo de Facebook
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Face Ghoûl – Illustration CC-By David Revoy

  • La version 3.1 (mars 2023)
    • Possibilité d’entrer une adresse non répertoriée ;
    • Outils de lutte contre le spam.
  • La version 4 (décembre 2023)
    • Import des événements depuis d’autres plateformes (MeetUp, Facebook, etc.) ;
    • Message des organisatrices d’un événement vers les participants.
  • L’avenir
    • Nous assurerons les mises à jour de sécurité ;
    • Nous maintiendrons l’instance francophone Mobilizon.fr ;
    • Il y a des projets d’évolution de Mobilizon avec des ambitions nouvelles…
    • …et de la place pour votre vision à vous !

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PeerTube (oui, encore ! mais…) en 2024 : nous misons gros sur son succès

La toxicité de YouTube, Twitch et compagnie devient de plus en plus visible… Ainsi, de plus en plus de collectifs, d’institutions et de créateurices de contenus découvrent et utilisent PeerTube. En 2023, nous avons beaucoup travaillé en interne afin de mieux accompagner ce succès naissant, et de donner toutes ses chances à PeerTube.

C’est pour quoi la semaine du 12 décembre nous parlerons précisément de :

Illustration de Yetube, un monstre de type Yéti avec le logo de YouTube Premium.
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Yetube – Illustration CC-By David Revoy

  • La feuille de route vers PeerTube v7 (fin 2024)
    • Outil d’export et d’import de son compte ;
    • Audit d’accessibilité et intégration des recommandations ;
    • Outil de modération des commentaires (pour admins et vidéastes) ;
    • Outil de modération par liste de mots-clés ;
    • Séparation des flux audio et vidéo (ouvre de futures possibilités) ;
    • Ajout d’une résolution « zéro pixels » (recevoir uniquement l’audio) ;
    • Recatégorisation des contenus sensibles (plus détaillée que SFW/NSFW) ;
    • Refonte de l’espace de gestion des vidéos ;
    • Re-design de l’interface suite à un audit de l’expérience d’utilisation (UX).
  • S’investir plus encore dans PeerTube pour lui donner plus de chances d’élargir son audience, dès 2024
    • Promotion de l’écosystème PeerTube (newsletter, médias sociaux, etc.) ;
    • Travail sur une instance « vitrine » de PeerTube ;
    • Embauche d’un deuxième développeur (depuis septembre 2023) ;
      • Triple objectif : maîtriser 270 000 lignes de code, animer la contribution, mais surtout…
  • Application mobile officielle PeerTube (fin 2024)
    • Conception d’après un travail en design (enquête, maquettes, etc.) ;
    • Pour android, iOS (🤞)… et dans l’idéal AndroidTV ;
    • Première version : découvrir et regarder des vidéos (recherche, playlists, abonnements, notifications).

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Émancip’Asso : la formation, le MOOC, le site web…

Conçu en partenariat avec Animafac, le projet Émancip’Asso vise à former les hébergeurs de services à comprendre et accompagner les associations dans leur transition vers des outils web éthiques.

Un énorme travail a déjà été accompli cette année, dont nous parlerons la semaine du 19 décembre :

Illustration de Toxicloud, un monstre vaporeux et toxique avec le logo de Amazon Web Services
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Toxicloud – Illustration CC-By David Revoy

  • Organisation de la formation en présentiel (janvier 2023)
  • Publication du MOOC « Développer une offre de services pour accompagner les associations dans leur transition numérique éthique », la version enrichie de la formation en présenciel à destination de toutes les personnes qui souhaitent se lancer ou s’améliorer en matière d’accompagnement.
    • MOOC en participation libre et autonome ;
    • Pour comprendre le monde associatif et ses usages numériques ;
    • Pour maîtriser les méthodes de l’accompagnement associatif ;
    • Pour concevoir une offre de services adaptée à cet écosystème et la faire connaître ;
    • Sans oublier la mise en réseau, pour mieux travailler dans la complémentarité.
  • Conception et publication du site web Émancip’Asso
    • Répertoire de prestataires pouvant accompagner les associations dans leurs démarches de transition ;
    • Espace d’entraide communautaire entre associations ;
    • Accès à des ressources complémentaires ;
  • La suite pour 2024
    • Développement du nombre d’offres d’accompagnement recensées ;
    • Campagne de promotion du dispositif auprès des associations ;
    • Animation active de la communauté.

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L’émancipation numérique, avec des outils concrets

Afin de finir l’année en beauté, nous comptons bien parler du travail de fond que nous poursuivons sur les outils pratiques et concrets que nous proposons.

Qu’il s’agisse des services « Dégooglisons Internet » ou de notre historique annuaire de logiciels libres ; ces outils permettent, chaque mois, à plus d’1,5 million de personnes de s’émanciper un peu plus des géants du Web et de leurs outils toxiques.

La semaine du 26 décembre, si vous avez été (pas) sages, nous annoncerons :

Illustraiton de MS Blue Scream, monstre de type blob, bleu, orné du logo de Windows
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser MS Blue Scream – Illustration CC-By David Revoy

    • Framalibre, l’annuaire du logiciel libre
      • Refonte complète de l’annuaire suite à des enquêtes de design ;
      • Toujours collaboratif, avec modération a priori (pour lutter contre le spam) ;
      • (sous le capot) Nouveau moteur statique, notices facilement exploitables ;
      • Interface fluide et simplifiée, adaptée aux mobiles ;
      • Recherche facilitée (barre de recherche, tags) ;
      • Recommandations de logiciels ;
      • Outil « mini sites » : créez vos pages de logiciels libres à recommander.

Illustration de Hydroffice, un monstre serpentin à cinq têtes avec des crocs, ornées des logos des outils de la Google Suite
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Hydroffice – Illustration CC-By David Revoy

  • Services « Dégooglisons Internet »

    • Bientôt 10 ans d’existence !
    • Nos statistiques annuelles d’utilisation ;
    • Travail de maintenance, sauvegardes, mises à jours ;
    • Gros travail de lutte contre les spams ;
    • Succès de Framagroupes…
    • …et de la campagne de rénovation des services (on a plein d’idées !)

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Tout le travail qu’on ne pourra pas détailler en 7 semaines…

Si vous avez mis le nez dans les 94 pages de notre rapport d’activités 2022, vous vous en douterez : c’est très difficile de résumer tout ce que fait notre petite association.

Or, ce n’est pas parce que nous ne consacrerons pas une semaine pour chacun des projets suivants qu’il ne s’est rien passé…

Voici donc ce que nous n’aurons pas le temps de détailler d’ici la fin de l’année :

  • Collectif CHATONS (hébergeurs de services web éthiques)
    • Déjà 6 ans que Framasoft consacre du temps salarié à animer le collectif ;
    • Organisation du camp CHATONS (août 2023) ;
    • C’est notre dernière année de coordination du collectif ;
    • Gros travail de transmission et d’accompagnement ;
    • Des débats internes auto-gérés ont déjà eu lieu ;
    • Framasoft reste membre du collectif, en le laissant s’autonomiser.
  • ECHO Network (projet européen d’échanges sur l’accompagnement au numérique éthique des citoyen·nes)
    • Co-organisation du séminaire d’ouverture à Paris (Janvier 2023) ;
    • Visite d’étude de Berlin (mars 2023) ;
    • Visite d’étude de Bruxelles (juin 2023) ;
    • Visite d’étude de Rome (septembre 2023) ;
    • Visite d’étude de Zagreb prévue pour début décembre 2023 ;
    • En 2024, mise en Communs des expériences partagées, dans des outils pratiques.
  • Peer.Tube (vitrine de contenus de qualité diffusés sur PeerTube)
    • Priorisation du développement de PeerTube en 2023 ;
    • Travail prévu pour 2024 (promotions de contenus, instance vitrine, communauté de curation…).

Soutenir Framasoft

Dessin dans le style d'un jeu vidéo de combat, où s'affronte un canard karatéka et un monstre affublé des logos des GAFAM.
« Coin-Coin VS Datavöre » – Illustration CC-By David Revoy

Sept semaines pour nous aider à boucler notre budget 2024

Si Framasoft peut employer non plus 10, mais désormais 11 personnes, louer près de 57 serveurs, se déplacer dans toute la France (et au delà), et élever dans les communs numériques tout ce qu’elle fait… C’est, encore et toujours, grâce à vos dons.

Vos dons sont, et restent, notre principale source de financement et celle qui nous permet d’agir librement, en toute indépendance. L’association Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don à Framasoft de 100 €, peut revenir à 34 € après déductions fiscales (pour les contribuables français·es).

Cette année encore, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de vos partages, pour nous aider à reprendre du terrain sur le Web toxique des GAFAM, et multiplier les espaces de numérique éthique.

Nous avons donc demandé à David Revoy de nous aider à montrer cela sur notre site « Soutenir Framasoft« , qu’on vous invite à visiter (parce que c’est beau) et surtout à partager le plus largement possible :

Cliquez pour nous soutenir – Illustration CC-By David Revoy

Si nous voulons boucler notre budget pour 2024, il nous reste sept semaines pour récolter 200 000 € : nous n’y arriverons pas sans votre aide !

Soutenir Framasoft

Nous espérons, sincèrement, que ce bilan et ces perspectives vous enthousiasmeront, et (si vous le pouvez), vous rendront fier·es de soutenir Framasoft.




Collectivise the Internet : Three years to Ruffle the Feathers of Surveillance Capitalism

If the major issue in the digital world is systemic (a system called Surveillance Capitalism), then the answer cannot be limited to  » individual degoogleizing initiatives ». Our new roadmap Collectivise the Internet / Convivialise the Internet 🦆🦆  is all out on providing digital tools for non-profit organizations and collectives that work for the common good and the good of the Commons.

Let us tell you this story…

This article was published in French in October 2022 as part of the launch of Framasoft’s new roadmap Collectivise the Internet / Convivialise the Internet.

Simple banquet, in a shared garden, where free-software mascot animals are being served by Collectivise, convivialise ducks - Illustration by David Revoy - Licence: CC-By 4.0
Collectivise, convivialise – Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

Emancipating Ourselves from Googles’ Industrial Animal Farmland

At Framasoft, we learn by doing. With every new campaign, with every new three-year roadmap, we try to apply lessons from the past. And every time, we discover more about our own misconceptions, our mistakes and ways forward to fix them.

During the Degoogleize The Internet campaign (2014-2017), we have learned that, although our small association could not degoogleize the whole planet, there is still a great deal of people who show interest in web-based tools that respect their values and integrity. Providing Free and open-source services to a as many people as possible ensures a large-scale deployment, even if that means risking focusing the demand and expectations on us. During this time period, we also initiated the alternative hosting collective CHATONS (an acronym that also means « kitties », in French), so that other hosts could join us in this adventure.

Then, we started the Contributopia roadmap (2017-2020), in which we contributed to many collective, popular and federated project, therereby meeting like-minded contributors, with whom we share the common values of sharing, fairness, caring, and emancipation, free and open-source software (FOSS) values that attracted us. We’ve come to realize, walking down this path, gathering and relating, that digital choices are societal choices, and that the choices made by FANGs are the pillars of a system: surveillance capitalism.

Illustration Quit planet GAFAM NATU BATX , CC BY David Revoy
« Quit planet GAFAM NATU BATX » Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

Entire books are merely attempting to define what surveillance capitalism is, so what we are sharing here is just a rough summary of what it actually is. Surveillance capitalism is a system that transforms collective behaviours into data sets by prioritizing profit and power above all. The aim is to sell prediction and manipulation of our future behaviours, generally as commercial, cultural or electoral propaganda. In order to do so, some mega corporations try to establish monopolies on digital tools that maximize the acquisition and monopoly on our attention.

Simply put, surveillance capitalism creates industrial data farms, where we are the cattle. On the one hand, we are force-fed with attention mush (enriched with ads), and, on the other, part of our lives and our social behaviours are snatched from us to be resold to prosperous buyers at premium price.

That is why, at Framasoft, we have developped tools designed away from the values pushed by this system. Among the solutions we developed are PeerTube, a video platform software, and Mobilizon, a group and events management system. However, these tools require an entire group of people managing, maintaining, drafting and ensuring its editorial policy, and moderating: many small organizations do not have the human ressources to handle this in-house.

🦆 Discover the projects we want to carry out  🦆 Support Framasoft

Requiring digital tools that do not give goose bumps

From 2019 to 2022, we also ran the Déframasoftisons Internet action plan. We closed several projects which were underused or available through other trusted « CHATONS » hosts. This allowed us to save some energy for future projects, to reinforce our will to take care of our organization by avoiding unreasonable growth or restructuring that would disrupt our collective and the way it operates – which has made us pretty effective so far! – but especially to promote the decentralization of ethical digital tools.

Between 2020 and 2022, right in the middle of a gobal pandemic that confirmed our general dependency on online services, we intensified our efforts in maintaining our actions. Incidentally, we revised our plans for « Let’s deframasoftize » and chose to maintain some of the tools we intended to restrain or close: Framalistes, Framagit, Framateam, Framacalc…. We made that choice because we could see little to no other alternatives, and we did not want to let so many people down.

During this period of forced isolation, a pressing need began to be voiced more and more:

I am willing to ‘degoogle-ize’ myself, but I need someone to assist me, who can be here, in person to help me throughout this transition.

a pastry chef kitten presenting a cake-cloud prepared on demand, while in the background other kittens cook another cake-cloud in the middle of their cat-scratching tree village
Emancip’Asso – Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

We have been hearing this need for this kind of human, tangible support for a while, and this is not unexpected. One of the mechanisms of capitalism is to individualize (« the customer is always right ») so as to better isolate and place the responsibility on each of us. For example, the information that we name « personal data » is neither personal nor data: it is more accurately the digital harvesting of our lives linked to those of others. Those are our social behaviours.

Conversely, if so many organizations, federations, etc. are so efficient in their task for the common good (whether they help us discover knitting or fighti climate inaction), it is precisely because they rest on the enjoyment of being and doing together, on the joy of meeting and exchanging, on the human warmth we find in the collective.

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Ducking out the slump thanks to conviviality

The future Big Tech is designing for us is one where humans are being:
* isolated – so that connections between humans rely solely upon their tools
* exploited – so that more and more tools are being created for us to consume
* singled out – so that no collective action is put in place that challenges their methods
* dependent – on their system of absolute monopoly
* greedy – so our lack of money can be weaponized against us
* competing – to pit us against each other and justify the rise of their elite class

This future that surveillance capitalism is designing for us as we speak, is neither engaging nor sustainable.. It treats both people and the Earth as a liability and will lead us straight to destruction.

On the other hand, trying to step out of our comfortable FOSS-enthusiasts’ bubble to try and reach out to other communities that are changing the world, has proved to be not as desorienting as we might have thought. We found that oftentime we shared the same utopias and the same definition of society: one based on contributing.

Drawing of five isles in a circle, each with buildings from different cultures. They are communicating together using waves and echoes.
ECHO Network – Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

These « Contributopians » share the same dream as us: a future where humans are proud, autonomous, emancipated, knowledgeable, sharing and helpful to each other… a future where digital tools are under control, transparent, user-friendly and enhance the emancipation of human beings.

Thus, let’s summarize the lessons learned from our previous endeavours:

  • We did not yet have tools that fit the needs of the small organizations and associations that do so much with so little, but most of all with a lot of good will.
  • We are aware of the risk of remaining isolated, singled out in our « small, individual ‘degoogleization’ initiatives » against a whole system that can only be faced effectively through collective action.
  • We can see how crucial it is to put humans back at the center, the need for human presence and kindness when assisting others throughout their transition towards ethical digital practises.
  •  We have been able to confirm that a good number of associations and organizations from civil society which are working for the commons share with us these common values.

These patrons/champions of a « society of contribution » work hard to make our common dreams a reality.

 Long story short: it’s high time we degooglized the Contributopians!

(… those who wish to be, of course. We have never forced anyone to do anything, and we won’t start now!)

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Finding warmth with the jolly fellows

The four long-term actions we introduced in the article « Convivialise the Internet » 🦆(Framaspace, Émancip’Asso, ECHO Network, Peer.tube) all serve the same purpose: to equip organizations with online tools that fit their values.

These four projects rely on the strength of the collective while also taking into account the known constraints and limits that associations face. Kindness alone cannot magically and miraculously provide people with knowledge, time and means to train to use Nextcloud, PeerTube and other ethical tools.

 

Sepia, PeerTube cuttlefish mascot, is by the sea shore. She invites us on the pier where many sailboats berthed. Movies are played on the sails.
Peer.Tube – Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

Similarly, the 39 members that compose Framasoft (10 of whom are employees) cannot spawn everywhere to personally train each and every new organization that wants to use, let’s say Framaspace, especially as that number could rise – with the help of your generous donations – up to thousands of organizations within 3 years!

That is why all of these projects are both about building a sense of community through shared spaces and some time allocated to community-building activities and sharing practices, challenges, etc., and providing support via coaching, improvements tailored for specific needs, and learning content to help people to be more autonomous and master the different tools, etc. Going blindly ahead with preconceived notions and a “we know best what works best for you” kind of attitude does not seem to be the most suitable — let alone humane — approach.

 

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Let’s steer our ship into a virtuous circle

We want to be efficient, so we want our tools to actually be used. Our goal is thus to make our tools useful – yeah, because designing tools that are actually useful is what disruptive innovation is all about, to make Tech for good that is community-owned and still very much online!)

We are thus planning not to plan everything, except time and space dedicated to your feedback. We also want to be available to tackle issues we might face on each of the actions that we feel ready to take. In other words, if we already plan to develop new features, create tutorials, host webinars and draft learning content, we do not want to predefine everything upfront, so as to save some time to help our users, our main target.

A unicorn dressed as an astronaut (with a spaghetti strainer on its head) is walking on the clouds and is blowing bubbles. Inside the bubbles, we can see cubes that represent collective work (files, toolboxes, books, typewriters, abacus, etc.)
Frama.space – Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

This is the virtuous circle that we defined over the course of our various experimentations and that best fits our workflow:

1. Launch a first draft of our project, although imperfect

It’s OK if the paint is still fresh, or if it’s still a rough sketch. It’s absolutely OK too to start with a very small target audience. We have 3 years ahead of us to improve all that, and we have time and resources in store to do so.

For example, while we hope to provide millions of organizations with Framaspace within 3 years, it will be a good start to offer it to 200-300 organizations by the end of 2022!

2. Take users’ feedback into account

The Frama.space forum, the PeerTube community the study programs on ECHO Network and the comments received on Emancip’Asso are all important resources to gather feedback on our tools. It’d be too easy to lock ourselves in an echo chamber and avoid the reality of those who are actually fighting on the battlefield.
We go as far as considering the creation of an Observatory of Practices and Free Open-Source Digital Experiences, basing ourselves on the organizations that make up the Frama.sapce user community. Codename: OPEN-L. Stay tuned for that… And let’s hope we manage to set it up!

3. Improve our solutions step by step

Our goal is to improve each of those actions over time. This could be done by creating documentation and pedagogical tools, moderating and facilitating user communities, working on the ergonomy or on new features to be developed.
We want to keep total freedom to improve each action depending on the feedback we get from users.

4. Link humans to tools, and to other humans

Here’s another important, yet often overlooked aspect: connections. Such a shame, considering that the Web is, by definition, designed to connect people, ideas and things. This step can take many forms. It may mean taking the time to introduce our users to the new improvements brought about by each of our actions. It may also mean broadening our user community for any given project. Finally, it may mean taking advantage of having organizations share a common tool by sharing with them, offering them and informing them on what their fellows are doing.

Additionally, it will take some journaling: to summarize experiences, the lessons learned, to gather the relevant resources… and share all of that with the community. Whatever the form, this connecting step is when we take the time to reflect, to review our actions so as to better start a new virtuous circle and launch a better version of the project.

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We ain’t no quacks. Please support us!

Ain’t gonna beat around the bush: Collectivise the Internet / Convivialise the Internet 🦆🦆 is a roadmap with a clear political purpose, in the sense that it shall contribute to changing the world (if only one byte at a time).

After eight years spent observing and informing the public on the future that Big Tech is already materializing for us day by day and the political choices that they are forcing on our societies, it feels more and more crucial to keep one corner of the Web free from their influence.

Such is « also » our role, because these new actions do not and will not replace the ones we are already conducting. All the ‘degoogleized » software already available to everyone, the development of PeerTube and Mobilizon, the FOSS collective CHATONS, the common cultural resources… All of these projects are still ongoing and will still require more work over the upcoming three years.

 

Portrait of a duck cheering in the foreground, while other ducks in the background are having a lantern-lit celebration among trees.
Quack-quack – Illustration by David Revoy – License: CC-By 4.0

If you agree with our set goals and strategy, if the actions that we are currently undertaking seem important to you, then we would like to remind you that Framasoft is exclusively funded by… You. It is only your kind contributions, eligible to a 66% tax cut for French taxpayers, that allow us to keep going in total independence.

If you can (as we are well aware that our current times are particularly harsh), and if you wish to, please support us.

 

🦆 Support Framasoft


This page has been translated from French to English by Framalang volunteers: Bastien, Bromind, Ellébore (proofreading), Goofy, GPSqueeek, Mathilde (proofreading), Stan, Susy