Framasoft ou le prix à payer d’un certain succès
Framasoft vient de recevoir un Lutèce d’Or à la récente manifestation Paris Capitale du Libre. Et pas n’importe lequel celui de la meilleure action communautaire. Nous sommes heureux et fiers de partager donc ce prix honorifique avec tous ceux et celles qui de près ou de loin ont un jour collaboré avec nous. Un énorme merci à vous qui depuis cinq bonnes années avez contribué avec nous à faire connaître et diffuser le logiciel libre et son état d’esprit au plus large public possible.[1]
Mais paradoxalement cette distinction arrive à un moment où nous sommes si ce n’est à bout de souffle en tout cas en fin de cycle.
Il est très délicat de distinguer des individualités dans une communauté, et nous savons bien que personne n’est irremplaçable, mais il n’en demeure pas moins que la réussite de Framasoft, aussi communautaire soit-elle, repose également sur les épaules de quelques uns.
En effet pour que ça marche il faut une conjonction de facteurs favorables. Il faut entre autres une bonne idée de base (pour nous cela a été l’approche originale et frondeuse des logiciels libres à partir de Windows), une bonne ambiance, une bonne organisation, de bons outils, plein de bonnes volontés… mais surtout et quoiqu’il arrive il faut nécessairement quelques fourmis en coulisses prêtes à donner beaucoup de leur temps… libre pour animer et coordonner le réseau Framasoft dans son ensemble.
Il se trouve que certaines de ces fourmis, pourtant toujours aussi motivées, finissent l’année épuisées et frustrées. Epuisées car il arrive un moment où le développement de l’activité est tel que l’enthousiasme n’arrive plus à compenser la difficulté de devoir coincer ce travail bénévole entre vie professionnelle et vie privée. Frustrées car de nombreux projets en cours ou en préparation n’ont pu avancer faute de disponibilité suffisante.
D’ordinaire ces turpitudes personnelles sont mises de côté afin de ne pas affaiblir le moral des troupes. D’ordinaire aussi la lassitude n’est que passagère et elle est bien prise en charge par le reste du groupe. Mais aujourd’hui la situation est plus complexe car d’un côté nous sommes moins nombreux que par le passé à être présents et compétents pour relayer les défaillances et de l’autre côté ces fourmis spéciales ne souhaitent plus (ou ne peuvent plus) rempiler dans les mêmes conditions. Comme le dit Francis Cabrel c’est juste une question d’équilibre 😉
Or nous avons la faiblesse de penser que nous pouvons continuer à apporter notre petite pierre à l’édifice dans un contexte où plus le libre avance et plus il rencontre de résistances. Nous pensons que la confiance et l’énergie créatrice que nous avons su dans la durée engendrer autour de nous est précieuse. En un mot comme en cent nous avons carrément l’outrecuidance de penser que ce serait dommage pour le libre francophone de nous voir lentement décliner puis disparaître.
Que faire alors ? Il y a bien sûr de nombreuses pistes (et de nombreux y’a qu’à, faut qu’on) mais nous avons beau prendre le problème par tous les bouts nous pensons que la solution la plus pertinente (mais également la plus ambitieuse) serait de faire gagner du temps à ces fourmis à haut karma ajouté. L’idéal serait donc de substituer leur activité professionnelle par une activité pour Framasoft. En un mot comme en cent nous souhaiterions que l’aventure Framasoft soit aussi génératrice d’emplois !
Nous aimerions donc pérenniser notre action et poursuivre nos projets en étant capable de salarier un ou deux permanents pour notre association. Quand bien même nous n’avions pas prémédité une telle perspective, nous avons pleinement conscience de la difficulté de la tâche (surtout quand on commence à se pencher un peu sur le coût bien réel d’une telle opération). Et il est fort possible que, contrairement aux précédents, nous ne réussissions pas ce pari là. Mais à l’impossible nul n’est tenu et puis avec internet on n’est jamais au bout de nos surprises…
Nous nous déclarons donc officiellement à la recherche de fonds, subventions, partenariats publics ou privés, généreux mécènes… et de toutes les idées possibles et imaginables pour atteindre cet objectif qui, très concrètement, se chiffre charges comprises à un minimun de 40.000 € pour pouvoir démarrer l’exercice en janvier 2008.
Merci de votre attention, de vos futurs commentaires et suggestions, et surtout merci de nous soutenir en relayant l’information pour nous permettre de mieux atteindre ceux qui pourraient être susceptibles de nous aider dans cette petite entreprise qui ne souhaite pas connaître la crise.
Pour tout contact : aka AT framasoft.net
Notes
[1] L’illustration est une photographie de 4StringsGood intitulée The day gravity failed issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY-SA