Framasoft.org : un site en cohérence avec qui nous sommes et ce que nous faisons
« Ah oui, Framasoft, je connais, c’est les framatrucs ! ». Alors oui, mais pas que. Ces dernières années, notre association a évolué en affirmant ses positions et en étendant ses actions. Il était temps de rendre notre projet associatif clair, fluide et facilement compréhensible. Et quoi de mieux pour cela qu’une refonte de notre site internet principal framasoft.org ? C’est parti pour la visite !
« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 »
Les actions de notre nouvelle feuille de route étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet sur le site Soutenir Framasoft.
Cette publication est particulièrement importante pour nous : elle clarifie notre raison d’être, le cadre de nos actions et les valeurs qui nous poussent à agir.
En cours de route, nous nous sommes dit : « Et si on faisait en sorte que les intentions du manifeste se comprennent dès l’arrivée sur framasoft.org ? ». C’est avec cette idée en tête que nous avons construit ce nouveau site.
Pourquoi nous faisons tout ça ?
Ce qui nous motive (changer le monde pour plus de justice sociale !), pour qui nous le faisons (celles et ceux qui veulent aussi de ce monde meilleur) et qui nous sommes (une petite association, un groupe d’ami⋅es), c’est en fait essentiel pour bien comprendre notre projet associatif. Alors on le précise !
C’est pas un peu politique ?
La politique, dans son sens premier, désigne ce qui est relatif à l’organisation d’une cité. Vouloir changer notre monde actuel pour un monde meilleur, où les Communs sont favorisés, où la justice sociale est une base, où les libertés sont préservées, c’est politique ! L’élaboration de notre manifeste nous permet de mettre en avant une évidence : notre projet associatif est politique.
Remise au point de certaines idées reçues
Framasoft est une petite association, qui n’est pas neutre (et ne souhaite pas l’être), et qui dépend de vous, de vos dons. Cela n’est pas toujours connu par nos bénéficiaires, et le rappeler est toujours utile. On en profite pour glisser une vidéo qui parle un peu plus de l’association. En images, c’est quand même plus sympa !
L’étendue de nos actions éclaircie
En 2021, notre objet social a évolué. Nous sommes passés « d’association de promotion de la culture libre en général et du logiciel libre en particulier » à une « association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels ». Réfléchir et mettre en place des actions qui facilitent l’émancipation des citoyens et citoyennes, c’est notre objectif, et les actions qui en découlent peuvent prendre différentes formes, que l’on voulait rendre visibles.
Montrer nos différents axes d’action
Depuis quelques mois, nous présentons ce que nous faisons en 3 catégories : l’éducation populaire, l’émancipation numérique et l’archipélisation. Cette catégorisation nous permet de mieux expliquer nos actions : nous avons ainsi créé des sous-pages, permettant de rentrer dans le détail.
Des exemples concrets, ça parle toujours plus que de longs discours. La page d’accueil est parsemée d’actions concrètes que nous menons : services en ligne, exemples de communs culturels auxquels nous avons contribué ou encore articles et conférences que nous avons réalisées.
Trouver ce que nous disons et où nous retrouver
Du contenu que l’on peut actualiser pour rendre le site plus « vivant » ? Nous, on dit oui ! Que ce soit une actualité mise en avant, la vidéo d’une conférence ou des articles de blog dernièrement publiés : nous allons pouvoir faire de notre site internet une vitrine régulièrement renouvelée, pour exposer ce qui se passe dans l’association.
Nous avons aussi envie de mieux valoriser nos participations à différents événements. Après quelques réflexions, il nous a semblé plus que judicieux d’utiliser le logiciel de gestion de groupes et d’événements que nous développons, Mobilizon, pour valoriser nos interventions. Nous avons ainsi mis en place un groupe sur notre instance Mobilizon.fr, où nous ajoutons au fur et à mesure les prochains événements auxquels nous participerons. Nous avons ensuite relié ces événements à notre nouveau site internet : tadaaa, la partie « On se voit bientôt » s’actualise « toute seule ». Pratique, non ?
Nos actions réalisables grâce à vos dons
Dès le haut de page, nous avons voulu mettre en avant que si tout cela est possible, c’est bien grâce à vous, grâce à vos dons. Le budget de notre association repose en effet à plus de 98% sur des dons (dont 86% sont des dons de particuliers). En bas de page, un formulaire de dons permet d’apporter plus de précisions (quelques chiffres, comment nous utilisons les dons et des réponses à des questions plus générales).
Tout comme nos actions ont évolué ces dernières années, notre image a, elle aussi, quelque peu changé. Entre 2014 et 2016 (lors du lancement de la campagne « Dégooglisons Internet »), nos illustrations étaient plutôt humoristiques, voire satiriques, notre but étant de dénoncer les dérives des géants du web (vous trouverez quelques archives par ici).
Depuis 2017 (avec le lancement de Contributopia), nous avons commencé à travailler avec David Revoy, dans un univers plus poétique. Nous avons, au fil des années, poursuivi cette ligne plus optimiste, où nous voyons qu’une co-construction est possible. Nous voulons montrer des imaginaires où nous ne nous prenons pas au sérieux, où nous essayons des choses et où nous avons le droit à l’erreur. Quelque chose qui représente aussi nos valeurs, quoi !
Une mise en pratique progressive
L’année dernière, nous avons entamé une grande mise à jour des pages d’accueil de nos services en ligne. Le but ? Comprendre rapidement comment accéder au service, informer de ce qu’il fait, ses conditions, et préciser qui est derrière tout ça… tout en actualisant la page à notre image.
Nous avons ensuite entamé un travail de mise à jour de nos contenus imprimés (que vous pouvez retrouver par ici) et l’identité visuelle de Framasoft s’est peu à peu peaufinée : couleurs, illustrations, polices… Nous avons recherché plus d’unité dans nos différents supports pour mieux nous représenter.
Nous avons ensuite, durant l’été, remis en beauté notre site degooglisons-internet.org. Un nouveau pas pour appliquer l’évolution de notre image à nos outils en ligne.
C’est maintenant la figure de proue de notre association, framasoft.org que nous avons mise à jour, en reprenant tous ces éléments qui nous représentent plus sincèrement. De quoi mieux comprendre ce que fait, ce que veut mais aussi qui est cette association Framasoft.
Un travail à plusieurs mains
Nous avons fait à nouveau appel à Marie-Cécile Godwin pour travailler la trame de la page d’accueil, et nous permettre d’y intégrer le manifeste (et que nos valeurs puissent transparaître entre les lignes). Notre équipe salariée s’est mobilisée pour rendre tout cela pertinent, agréable à utiliser, et agréable à regarder tandis que l’équipe bénévole s’évertuait à peaufiner et préciser notre manifeste.
On espère que le site vous sera utile, que ce soit pour chercher du contenu, comprendre ce que l’on fait ou creuser certains sujets. En tout cas, on prend le temps de vous remercier encore une fois de votre soutien, qui a rendu cette refonte possible !
À l’heure où nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 184 500 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.
Si vous le pouvez (eh oui, en ce moment c’est particulièrement compliqué), et si vous le voulez, merci de soutenir les actions de notre association.
Collectivisons Internet, 3 ans pour voler dans les plumes du capitalisme de surveillance
Si le problème majeur dans le monde numérique est systémique (le fameux capitalisme de surveillance), alors la réponse ne peut pas se limiter aux « petits gestes individuels de dégooglisation ». Notre nouvelle feuille de route « Collectivisons Internet / Convivialisons Internet🦆🦆 » fait le pari de fournir des outils numériques aux associations, aux collectifs qui œuvrent pour le bien commun et le bien des Communs.
Laissez-nous vous expliquer pourquoi…
« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 »
Il y a deux articles qui présentent notre nouvelle feuille de route. L’article Collectivisons Internet 🦆 (celui-ci !) présente les réflexions et la méthode derrière nos actions. L’article Convivialisons Internet 🦆, quant à lui, expose les actions et projets concrets que nous voulons mener.
Les actions de notre nouvelle feuille de route étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet sur le site Soutenir Framasoft.
S’émanciper de la basse-cour industrielle de Google
À Framasoft, nous apprenons en faisant. Chaque nouvelle campagne, chaque nouvelle feuille de route triennale, nous essayons d’appliquer les leçons du passé. Et à chaque fois, nous en découvrons un peu plus sur nos idées reçues, nos erreurs, et comment les corriger pour la suite.
Lors de la campagne Dégooglisons Internet (2014-2017), nous avons appris que si notre petite association ne peut pas dégoogliser la terre entière, il y a malgré tout un grand nombre de personnes qui sont intéressées par des outils web qui respectent leurs valeurs et leur intégrité. Proposer ces services ouverts à un maximum de monde permet une large adoption, même si l’on risque de centraliser les attentions. C’est aussi durant cette période que nous avons initié le collectif d’hébergeurs alternatifs CHATONS, pour que d’autres hébergeurs nous rejoignent dans cette aventure.
Ensuite nous nous sommes lancé·es dans la feuille de route Contributopia (2017-2020), où nous avons contribué à de nombreux projets collectifs, populaires, fédérés. Nous y avons rencontré ces autres, avec qui nous avons en commun les valeurs de partage, d’équité, de soin et d’émancipation qui nous ont séduites dans le logiciel libre. Ces cheminements, rencontres et échanges nous ont aussi permis de réaliser que les choix numériques sont des choix de société, et que ceux faits par les GAFAM sont les piliers d’un système : le capitalisme de surveillance.
Il y a des livres entiers qui essayent de définir le capitalisme de surveillance, donc la compréhension que nous allons partager ici est forcément résumée. Le capitalisme de surveillance, c’est ce système qui, en priorisant le profit et le pouvoir par dessus tout, transforme nos comportements collectifs en des jeux de données. L’objectif étant de revendre la prédiction et la manipulation de nos comportements futurs, le plus souvent sous forme de propagande commerciale, culturelle, électorale, etc. Pour ce faire, des méga-entreprises essaient d’établir des monopoles sur des outils numériques qui maximisent l’appropriation et la monopolisation de notre attention.
Dit plus simplement, le capitalisme de surveillance crée des fermes à données industrielles dont nous sommes la volaille. D’un côté on nous gave d’une bouillie attentionnelle (enrichie à la pub), de l’autre on nous arrache nos comportements sociaux, des parties de nos vies, pour les revendre à des clients de luxe, au prix du foie gras.
Nous avons alors, au sein de Framasoft, développé des outils pensés hors des valeurs de ce système, dont PeerTube, logiciel de plateforme vidéo, et Mobilizon, pour annoncer ses événements et gérer ses groupes. Cependant, ces outils demandent à ce que tout un groupe s’implique sur leur maintien, leur fédération, leur politique éditoriale, leur modération : beaucoup de petites structures n’ont pas ces moyens humains en interne.
Besoin d’un numérique qui ne donne pas la chair de poule
De 2019 à 2022 nous avons aussi appliqué le plan d’action « Déframasoftisons Internet ». Nous avons fermé des projets qui étaient soit sous-utilisés, soit disponibles chez d’autres hébergeurs/chatons de confiance. Cela nous a permis de nous libérer de l’énergie pour de futurs projets, d’affirmer notre volonté de prendre soin de l’association en évitant une croissance déraisonnée qui modifierait notre collectif (et son fonctionnement qui nous permet d’être très efficaces !), mais surtout de promouvoir la décentralisation des outils numériques éthiques.
Entre 2020 et 2022, en plein cœur d’une pandémie qui a confiné une bonne partie du monde et souligné notre dépendance collective aux services en ligne, nous avons redoublé d’efforts pour maintenir nos actions. Nous avons d’ailleurs révisé nos plans de « Déframasoftisation », et fait le choix de maintenir une partie des outils que nous pensions restreindre, ou fermer (Framalistes, Framagit, Framateam, Framacalc…). Nous avons fait ce choix parce que nous ne voyions pas ou peu d’alternatives, et que nous n’allions pas laisser tant de personnes le bec dans l’eau.
C’est aussi durant cette période d’isolements forcés qu’un besoin fort s’est fait de plus en plus entendre :
Moi je veux bien me dégoogliser, mais j’ai besoin qu’une personne m’accompagne. Qu’elle soit là, physiquement, avec moi et qu’elle m’aide dans cette transition.
Cela faisait un moment que nous entendions ce besoin d’accompagnement humain, physique, et ce n’est pas surprenant. Une des mécaniques du capitalisme est d’individualiser (« Le client est roi ») afin de mieux isoler et faire peser la responsabilité sur chacune et chacun d’entre nous. Par exemple, les informations que l’on nomme « données personnelles » ne sont ni données, ni personnelles : c’est, plus précisément, la captation numérique de nos vies en lien avec celles des autres. Ce sont nos comportements sociaux.
À l’inverse, si de nombreuses associations, fédérations, etc. sont aussi efficaces dans leur travail pour le bien commun (qu’il s’agisse de faire découvrir le tricot ou de combattre l’inaction climatique), c’est bien parce qu’elles reposent sur le plaisir d’être et de faire ensemble, sur la joie de se retrouver pour échanger, sur la chaleur humaine que l’on trouve dans le collectif.
Ce futur, que le capitalisme de surveillance dessine dès aujourd’hui, n’est ni séduisant, ni viable. Il considère les humain·es et la planète comme des ressources, et mène droit à leur destruction.
De l’autre côté, en essayant de sortir de notre confortable bulle de libristes pour aller à la rencontre d’autres communautés qui changent le monde, nous n’avons pas été très dépaysé·es… On retrouve souvent les mêmes manières de faire société autour de la contribution, et les mêmes utopies.
Ces « contributopistes » désirent le même futur que nous : un futur où les humain·es sont fiers, autonomes, émancipées, savantes, solidaires, partageurs… et où le numérique est un outil maîtrisé, transparent et convivial qui contribue à cette émancipation.
Ainsi, si l’on résume les leçons tirées de nos cheminements passés :
Nous n’avions, jusqu’à présent, pas d’outil qui répondrait spécifiquement aux besoins des petits collectifs, de ces petites associations qui font beaucoup avec peu de moyens mais des tonnes de bonne volonté.
Nous décelons bien le piège de rester isolés, individualisées dans nos « petits gestes de dégooglisation » face à un système auquel on ne peut opposer qu’une force collective.
Nous voyons le besoin de remettre de l’humain, de la présence, de la chaleur dans l’accompagnement pour adopter des outils numériques éthiques.
Nous avons enfin pu confirmer qu’un bon nombre d’associations, de collectifs de la société civile qui œuvrent pour le bien commun partagent les valeurs des Communs.
Ces actrices et acteurs de la « société de contribution » travaillent à concrétiser des utopies que nous partageons.
Bref : il est grand temps de dégoogliser les contributopistes !
(…qui le désirent, hein, évidemment : on n’a jamais forcé quiconque, on ne va pas commencer maintenant !)
Ces quatre projets misent chacun sur la force du collectif tout en ayant conscience des contraintes et des limites bien connues dans le milieu associatif. Ainsi, la chaleur humaine au sein de ces groupes n’est pas une baguette magique qui va miraculeusement leur libérer les connaissances, le temps et les moyens pour se former ensemble à adopter un Nextcloud, un PeerTube, ou d’autres outils éthiques.
De même, les 39 membres (dont dix salariées) de l’association Framasoft ne vont pas pouvoir se démultiplier pour aller accompagner personnellement chaque nouveau collectif qu’on veut accueillir sur Frama.space, par exemple (d’autant plus qu’on se dit que, si vous nous en donnez les moyens, cela pourrait représenter des milliers de collectifs d’ici 3 ans !).
C’est pour cela que chacun de ces projets intègrent à la fois une dimension communautaire (avec des espaces et du temps d’animation pour faire communauté et échanger ensemble sur nos pratiques, nos obstacles, etc.) et une dimension d’accompagnement (avec de la formation de formateurs, des améliorations spécifiques aux besoins, des contenus pédagogiques pour s’autonomiser et s’approprier les outils etc.)
Pour être efficace, et pour que ces outils puissent être adoptés, notre objectif c’est qu’ils soient utiles (oui, faire des outils utiles, ça c’est de l’innovation disruptive de la tech for good souveraine et néanmoins digitale !). Arriver bille en tête avec des idées préconçues en clamant « nous savons mieux que vous ce dont vous avez besoin » ne semble pas la stratégie la mieux adaptée (ni la plus humaine).
Nous prévoyons donc de ne pas tout prévoir, si ce n’est des temps et des espaces de retours. Nous voulons aussi nous rendre disponibles pour répondre aux besoins que nous rencontrerons sur chacune de ces actions que nous nous sentons d’entreprendre. Ainsi, si nous planifions déjà que nous allons probablement coder des fonctionnalités, ainsi que créer des tutos, des webinaires ou autres supports pédagogiques… Nous n’avons pas tout prédéfini à l’avance, afin de pouvoir répondre aux retours des bénéficiaires, qui seront les premières personnes concernées.
C’est un cercle vertueux que nous avons défini au fil de nos expérimentations et qui convient bien à notre manière de fonctionner :
1. Proposer une version imparfaite de notre projet
C’est OK si la peinture est fraîche, si c’est encore brouillon. C’est totalement OK aussi de commencer en s’adressant à un public très restreint. Nous avons trois ans pour améliorer tout cela, et nous avons prévu du temps et de l’énergie pour le faire.
Par exemple, si nous espérons pouvoir fournir du Frama.space à des milliers de collectifs dans 3 ans, ce sera déjà magnifique si on en ouvre pour deux ou trois cents collectifs d’ici fin 2022 !
2. Écouter les retours des bénéficiaires
Le forum Frama.space, la communauté PeerTube, les visites d’études ECHO Network et les retours sur la formation Emancip’Asso seront autant d’endroits pour écouter les retours sur ces outils. Parce qu’il est trop facile de tomber dans ses idées préconçues et de rater ainsi la réalité de celles et ceux qui sont sur le terrain.
Nous allons jusqu’à imaginer, en nous appuyant sur les collectifs qui bénéficieront de Frama.space, initier un Observatoire des Pratiques et Expériences Numériques Libres. Nom de code : OPEN-L, on vous en reparlera… si jamais on arrive à le mettre en place !
3. Améliorer progressivement
L’objectif est donc d’améliorer chacune de ces actions sur le long terme. Cela pourra passer par de la création de documentation et d’outils pédagogiques, de l’animation de communautés, un travail sur l’ergonomie ou sur de nouvelles fonctionnalités à coder…
Nous voulons nous réserver une complète liberté d’améliorer chaque action en fonction des retours que nous aurons eu en écoutant les bénéficiaires.
4. Relier les humain·es aux outils, et aux humain·es
C’est une partie importante et souvent négligée : le lien. C’est dommage car le Web est, dans ses fondements, fait pour faire du lien. Cette étape peut prendre plusieurs formes. Cela peut signifier prendre le temps de présenter les améliorations de chaque action à ses bénéficiaires. Ou bien élargir la communauté et les bénéficiaires de tel projet. Ou encore profiter que des collectifs partagent un outil commun pour leur partager/proposer/informer ce que peuvent faire leurs voisins de service…
Mais cela peut encore se traduire par un temps de documentation, afin de synthétiser l’expérience, les leçons apprises, les ressources rassemblées… et de verser tout cela dans les communs. Quelle qu’en soit la forme, l’étape du lien est un moment où on prend le temps de faire le point, de présenter un bilan pour mieux relancer le cercle vertueux et proposer une nouvelle itération du projet.
On ne va pas y aller par quatre chemins : Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 est une feuille de route avec une ambition clairement politique, dans le sens où nous espérons qu’elle contribuera à changer le monde (ne serait-ce qu’un octet à la fois).
Après plus de huit ans à observer et informer sur le futur que les géants du web concrétisent chaque jour, sur les choix politiques qu’ils imposent dans nos sociétés, il nous semble de plus en plus essentiel de préserver un coin de web de leur influence. Et au-delà de leur résister, nous croyons que c’est aussi notre rôle de proposer des outils émancipateurs à celles et ceux qui contribuent à des utopies qui nous éloignent du capitalisme de surveillance, parce que ces personnes construisent un futur désirable.
Si ce cap que nous nous sommes fixé et cette stratégie vous plaisent, si les actions que nous continuons de maintenir vous semblent importantes, nous vous rappelons que Framasoft est exclusivement financée par… vous ! Ce sont vos dons, déductibles à 66% des impôts pour les contribuables françaises, qui nous permettent d’agir en toute indépendance.
Framasoft, aujourd’hui, c’est plus de 50 000 € de dépenses par mois. Nous avons clos l’exercice comptable 2021 avec un déficit de 60 000 €, que des dons plus généreux lors des confinements de 2020 nous ont permis d’absorber.
Cependant, à l’heure où nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 200 000 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.
Si vous le pouvez (eh oui, en ce moment c’est particulièrement compliqué), et si vous le voulez, merci de soutenir les actions de notre association.
Convivialisons Internet, 3 ans pour ouvrir un coin de web nature aux canards sauvages
Les projets Frama.space, Emancip’Asso, ECHO Network et Peer.Tube forment notre nouvelle feuille de route, nommée : « Collectivisons Internet / Convivialisons Internet ». Un vaste programme pour les 3 prochaines années de l’association Framasoft, qui va avoir besoin de tout votre soutien pour le réaliser.
« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 »
Il y a deux articles qui présentent notre nouvelle feuille de route. L’article Convivialisons Internet 🦆 (celui-ci !) présente les actions que nous comptons mener. L’article Collectivisons Internet 🦆, quant à lui, situe les réflexions qui nous mènent à ces actions.
Les actions de notre nouvelle feuille de route étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet sur le site Soutenir Framasoft.
À Framasoft, nous aimons les plans d’actions sur 3 ans : ça nous permet de nous repérer, de nous donner des défis collectifs, mais aussi de prendre le temps pour expérimenter, apprendre et améliorer.
Si nous apprenons beaucoup lors de ces « campagnes », nous en gardons aussi des outils concrets qui, nous le constatons tous les jours, aident beaucoup de monde à se « Dégoogliser », c’est-à-dire à utiliser des outils numériques éthiques, qui ne participent pas au système du capitalisme de surveillance.
Ainsi, grâce au travail réalisé durant Dégooglisons Internet (2014-2017), nous proposons 16 outils en ligne (écriture collaborative, visio conférence, formulaires, agenda, etc.) qui aident chacun et chacune à utiliser des alternatives aux outils des géants du web.
De même, suite à notre travail sur la campagne Contributopia (2017-2022), nous développons ou contribuons à des outils décentralisés et fédérés (PeerTube, Mobilizon… mais aussi le collectif CHATONS) qui aident des communautés à s’émanciper en prenant en main la gestion de leur propre autonomie numérique.
Profiter de l’effet « maman canard »
Les outils que nous mettons à disposition s’adressent donc soit aux individus, isolés dans leur démarche d’émancipation numérique ; soit à des communautés formées, informées, qui ont déjà les moyens et les connaissances pour tenter de gérer mutuellement leurs propres ressources numériques.
Lors de nos rencontres, nous avons constaté qu’il existe aussi des petits collectifs qui ont envie de sortir des Google Workspace et autres, sans forcément avoir les moyens de se lancer dans l’infogérance c’est-à-dire à gérer des logiciels sur un serveur, avec les sauvegardes, les mises à jour, les dépannages… Ces collectifs, qui changent le monde chacun à leur niveau, partagent les valeurs du libre (émancipation, partage, solidarité).
Mais surtout, la grande force des collectifs, c’est que ce sont… des collectifs. Ils ont parfois, en interne, la capacité de s’entraider pour adopter de nouveaux outils numériques, avec une geek ou un débrouillard pour aider le reste du groupe. Or, même si cette personne manque souvent, le collectif a déjà mené le travail de la solidarité, du lien interne. C’est l’effet « Maman Canard » sur lequel nous souhaitons nous appuyer. En se regroupant, on peut sortir de la fatigue et de la solitude face aux outils des GAFAM.
Ensemble, on peut se sentir plus fort·es pour trouver comment changer nos habitudes numériques et adopter des outils web à la hauteur de nos valeurs.
Cette nouvelle feuille de route aurait dû commencer en 2020, sauf qu’une pandémie a mobilisé nos énergies autrement. Mais aujourd’hui, nous annonçons de nouveau notre ambition de poursuivre le mouvement émancipateur lancé par Dégooglisons, approfondi par Contributopia, en misant cette fois-ci sur la force des collectifs (pour en savoir plus sur notre stratégie et nos réflexions, c’est dans l’article Collectivisons Internet !)
4 actions pour casser 3 pattes à un GAFAM
Voici donc les quatre grandes actions que nous voulons entreprendre sur les trois prochaines années. Ce sont des actions au long cours, qui vont chacune connaître plusieurs itérations.
Emancip’Asso, favoriser l’émancipation numérique du monde associatif
Conçu en partenariat avec Animafac et copiloté par un grand nombre d’organisations, le projet Emancip’Asso a pour objectif de mettre en lien des CHATONS (et autres hébergeurs éthiques) avec des associations qui ont besoin d’accompagnement pour établir une stratégie numérique émancipatrice.
Le projet repose donc sur une formation qui permettra aux hébergeurs de monter en compétences (formation dont vous pouvez lire le programme ici), d’accompagner les associations dans l’élaboration de leur stratégie numérique, le diagnostic de leurs usages numériques et de leurs besoins, la recherche de financements et l’adoption d’outils web adaptés et ainsi de leur proposer une offre « tout en un ».
Ensuite, le site emancipasso.org permettra de recenser l’ensemble des hébergeurs qui proposent aux associations des offres sur mesure. Nous souhaitons aussi qu’il permette de publier des petites annonces (pour que des assos puissent exprimer et mutualiser le financement d’outils libres), ou encore de consulter un centre de ressources (pour faciliter la dégooglisation de son association), etc.
Cette formation fera l’objet d’une captation vidéo pour servir de base au deuxième module du MOOC CHATONS, afin que d’autres hébergeurs puissent en bénéficier et proposer à leur tour des offres d’accompagnement des associations dans leur transition numérique.
Enfin, nous comptons mener une campagne de communication à destination des associations pour les inciter à mettre en cohérence leurs valeurs et leurs outils numériques en les informant qu’elles peuvent se faire accompagner par des professionnels qualifiés. Cette campagne se fera aussi bien en ligne (pour faire connaître le site web) que lors d’interventions (conférences, ateliers, etc.) notamment en travaillant avec de grandes organisations dont l’objet est déjà d’accompagner les associations.
Attention, si la première partie du projet (la formation) est financée pour l’instant, les fonds manquent pour financer les autres étapes du projet, alors même que celles-ci sont indispensables. Vous pouvez donc soutenir spécifiquement le projet Emancip’Asso par un don, ou si vous représentez une structure, devenir partenaire du projet.
Avec Frama.space, Framasoft souhaite ouvrir des espaces numériques de partage, de travail et d’organisation à des collectifs qui n’ont pas les moyens d’en obtenir autrement. Basé sur le logiciel libre Nextcloud, Frama.space permettra d’obtenir :
Un espace moncollectif.frama.space ;
40 Go de stockage à se partager entre 50 comptes (maximum) ;
Une suite bureautique (au choix : OnlyOffice ou Collabora Online) ;
Synchronisation des agendas, contacts, notes, etc. ;
L’idée dans cette proposition est d’autonomiser les associations et collectifs militants. Framasoft recevra une demande de la part d’un·e responsable de ce collectif, lui confiera cet espace et ensuite… ce sera au collectif d’organiser son espace !
Qu’il s’agisse de gérer les 40 Go mis en commun, donc à partager entre toutes les membres du collectif, ou encore d’aider les autres à s’emparer de l’outil Nextcloud, nous misons sur le fait que ces collectifs seront solidaires entre eux, et pourront s’emparer des outils d’autoformation et d’entraide que nous mettrons à leur disposition.
Rien n’est jamais aussi parfait, et il y aura forcément besoin d’espaces communautaires. C’est pour cela que nous allons aussi ouvrir un forum afin que la communauté francophone utilisant Nextcloud puisse y partager ses astuces, ses frustrations, ses envies.
Écouter les collectifs bénéficiant de Frama.space nous permettra de comprendre comment Framasoft pourra contribuer au développement de Nextcloud pour faciliter son adoption par le milieu associatif. Qu’il s’agisse d’outils de facilitation (documentation, tutoriels, démonstrations, webinaires, etc.) ou d’améliorations dans l’ergonomie et les fonctionnalités : nous comptons bien profiter de ces retours pour améliorer régulièrement ce projet.
Faire communauté autour d’un outil et de pratiques communes est un aspect essentiel du projet Frama.space. C’est pourquoi, nous comptons régulièrement demander aux bénéficiaires de répondre à des enquêtes sur leurs usages… voire, d’ici la fin du projet de monter un Observatoire des Pratiques et Expériences Numériques Libres (nom de code : OPEN-L !).
De même, parce que des collectifs très divers vont avoir en commun un outil et des pratiques numériques, nous souhaitons que cela puisse permettre de tisser des liens entre eux. Qu’il s’agisse de pouvoir partager des informations sur les domaines d’expertise et les actions de chacun, ou de partager des outils, des manières de faire, etc. nous voulons faire en sorte que Frama.space permette aux collectifs qui s’en serviront de partager leurs horizons avec leurs voisins de service !
Pour arriver à relever l’ensemble de ces défis, Frama.space sera ouvert et offert de manière très, très progressive. Nous proposerons un formulaire d’inscription lors de chaque temps d’ouverture de nouveaux espaces. Vous pouvez rester informé·es de ces campagnes d’ouvertures en vous inscrivant à la newsletter Frama.space.
Cette progressivité permettra d’améliorer le service régulièrement mais aussi d’éviter la centralisation des besoins sur Framasoft. Ainsi, nous comptons ouvrir la bêta de ce service d’ici quelques semaines, mais pour cent ou deux cents associations « pionnières » qui testeront le service dans son plus simple appareil. Nous avons hâte de vous présenter Frama.space plus en détail à cette occasion.
Disons-le franchement, Frama.space est un très gros projet qui va largement nous occuper sur les trois prochaines années. Nous sommes cependant persuadées que par cette initiative les associations permettront à de très nombreuses personnes d’avancer concrètement dans leur dégooglisation. Frama.space est aussi un projet qui peut coûter beaucoup d’argent (infrastructure, infogérance, etc.) et pour lequel nous aurons besoin de votre soutien.
ECHO Network, comprendre les besoins de l’éducation populaire hors de nos frontières
Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network (Réseau autour de l’Éthique, les Communs, les Humaines et l’Open-source) est un projet, mais aussi un réseau associatif à échelle européenne. Mené par l’association d’éducation populaire des Céméa France, ce réseau se compose de 7 structures provenant de 5 pays européens :
Ce qui nous rassemble, c’est l’accompagnement des citoyen·nes : éducation populaire, éducation active, éducation nouvelle… Chacune des structures accompagne, à son niveau, des publics dans leur autonomie et leur émancipation. Mais comment accompagner cette émancipation dans (voire par) un monde numérique centralisé chez les géants du web ?
Est-ce que les arguments qui motivent à se dégoogliser en France fonctionnent également en Croatie ? Quelle est l’offre d’hébergement d’outils web libres en Allemagne ? Sur quelle communauté repose-t-elle ? Est-ce que les lois qui restreignent les libertés sur le Web sont les mêmes en Belgique et en Italie ? Comment, dès lors, construire un argumentaire à défendre auprès du Parlement européen ?
Pour dépasser ces interrogations, le projet ECHO Network se découpe en deux phases. Une première phase d’exploration de ces sujets aura lieu en 2023. Nous commencerons par un séminaire d’ouverture en janvier à Paris, puis des visites d’étude auront lieu dans chacun des 4 autres pays, organisées par la structure accueillante, sur un thème en particulier. Ainsi nous explorerons en :
France – Les enjeux du numérique pour les membres du réseau (présentation générale)
Allemagne – Les réseaux sociaux centralisés chez les jeunes, outil d’émancipation ou d’aliénation ?
Belgique – Pratiques d’Éducation Nouvelle pour sensibiliser aux outils éthiques
Italie – Entre présentiel et distanciel, quelle utilisation du numérique ?
Croatie – Inclusivité et accessibilité du Numérique
En 2024, nous passerons à la phase de mise en Communs. Chacun des membres du réseau produira une ressource appropriable et utilisable par d’autres associations européennes traversées par les mêmes questionnements. Évidemment, chacune de ces productions sera élevée dans les Communs par une licence libre.
Il s’agira aussi bien de lister les ressources d’éducation populaire à la transition numérique, que de cartographier les acteurs existants dans chacun des pays concernés, ou encore de créer un plaidoyer à l’intention de nos députées ainsi qu’un kit d’auto-défense numérique à l’intention des plus jeunes… la liste est longue (et elle continue !)
Nous sommes impatient·es d’avancer sur ce projet qui va nous permettre de mieux ouvrir nos horizons, de comprendre comment des circonstances différentes mènent à des expériences communes ou au contraire à des points de vue divergents sur l’émancipation via le numérique. Nous ne manquerons pas de partager chacune de nos avancées sur ce blog !
Peer.Tube, mettre en valeur le PeerTube pour lequel nous œuvrons
Alors non, nous ne parlons pas ici du logiciel PeerTube que nous développons pour que des geeks puissent l’installer sur un serveur et créer des plateformes fédérées de live et d’hébergement de vidéos… Nous parlons du site peer.tube, et plus exactement de l’ambition que nous avons pour ce site.
Le principe est simple : nous voulons en faire une vitrine des vidéos PeerTube qui nous enthousiasment. PeerTube pouvant être utilisé par toutes et n’importe qui, on peut parfois trouver tout et n’importe quoi dans cet univers de vidéos, dont des contenus qui ne nous correspondent pas du tout. Ce n’est pas notre rôle de les interdire, mais cela peut être notre rôle de promouvoir des vidéos sur PeerTube qui nous rendent fièr·es de tout ce travail que nous fournissons depuis plus de 5 ans sur ce logiciel.
Et au-delà de notre volonté, nous entendons régulièrement :
mais où est-ce que je peux aller voir des contenus intéressants, sur PeerTube ?
Nous souhaitons effectuer tout un travail de curation, de sélections de contenus, afin d’apporter notre réponse : essaye sur Peer.tube !
Ce projet démarrera réellement à partir de 2023 et va lui aussi évoluer en plusieurs étapes, mais nous envisageons d’ores et déjà que notre travail de sélection pourra prendre plusieurs formes :
se fédérer et donc montrer des chaînes, des comptes ou d’autres instances au contenu original,
partager nos choix de fédération pour que d’autres instances puissent les suivre,
permettre à des créatrices de contenus qui ne trouvent pas leur place sur d’autres instances de candidater pour avoir un compte sur peer.tube
tenter de faire communauté avec les administratrices et administrateurs d’autres instances qui ont établi leur ligne éditoriale…
Nous en sommes encore à imaginer tous les possibles, tant qu’ils concourent à notre but : faire de la fédération PeerTube un endroit où il est facile et agréable de partager et de regarder des contenus de qualité. PeerTube étant développé en anglais, le travail sera présenté d’abord dans cette langue (et, dans une moindre priorité, en Français). Ce projet et sa stratégie se développeront en restant à l’écoute des retours et idées de la communauté PeerTube (tout comme nous écoutons déjà vos idées pour améliorer le logiciel PeerTube !).
Et c’est marre ? Et Dégooglisons, PeerTube, Mobilizon… alors ?
Certes, 4 projets sur 3 ans, ça peut sembler maigre, on vous avait habituées à plus ;).
Seulement, il s’agit là de quatre très gros projets, que l’on va travailler progressivement sur 3 ans, en plusieurs itérations, en suivant un cycle qui fonctionne assez bien : proposer une première mouture, écouter les retours du premier public qui la teste, améliorer en fonction de ces retours, se relier à un public plus large et lui proposer une nouvelle version. D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur nos méthodes, nos intentions et notre stratégie derrière cette campagne, on vous détaille tout cela dans l’article Collectivisons Internet.
Mais surtout ces quatre projets ne viennent pas remplacer les actions que nous menons déjà : ils s’y additionnent. Ainsi, pour les trois prochaines années, nous avons l’intention de :
accompagner le collectif CHATONS vers son auto-suffisance dans l’animation de sa communauté ;
renforcer les liens que nous avons créés avec d’autres associations, fédérations et collectifs au sein d’un archipel de valeurs communes (malgré des cultures et des feuilles de route diverses) ;
contribuer à la création de Communs culturels avec notre nouvelle maison d’édition Des Livres en Communs ;
et partager ce qui nous questionne comme ce que nous sommes, au travers du travail fourni ici, sur le Framablog.
Notre ambition, c’est que ces quatre projets au long cours viennent s’ajouter à toutes les propositions que nous avons construites, depuis près de vingt ans, dans le but que les humaines soient plus libres que le code.
On a besoin de sous #WeNeedCoins
Ce que nous avons construit toutes ces années, et l’ensemble des actions que nous menons, nous les menons grâce à vous.
C’est grâce à votre soutien, essentiellement grâce à vos dons, que Framasoft peut fonctionner. Notre budget 2021 représente environ 630 000 €, et celui de 2022 sera sensiblement le même, modulo l’inflation. Cet argent provient, à 98 % de vos dons, et nous permet de financer :
10 emplois salariés dans l’association
96 serveurs, sur 43 machines physiques
près de 100 conférences, ateliers et rencontres sur lesquelles nous nous déplaçons
2 logiciels importants dans le monde décentralisé et fédéré
16 services en ligne, parmi plus de 50 projets divers, dont bénéficient plus de 1 000 000 de personnes chaque mois
Framasoft représente aujourd’hui une des grandes forces dans le monde du numérique éthique, et une des plus libres pour expérimenter et démontrer que d’autres choix numériques sont possibles lorsque l’on a le courage de faire d’autres choix de société. Cette force et cette liberté, c’est vous qui nous les donnez.
Framasoft, aujourd’hui, c’est plus de 50 000 € de dépenses par mois. Nous avons clos l’exercice comptable 2021 avec un déficit de 60 000 € (que des dons plus généreux lors des confinements de 2020 nous ont, heureusement, permis d’absorber). À l’heure où nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 200 000 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.
Si vous le pouvez (eh oui, en ce moment c’est particulièrement compliqué), et si vous le voulez, merci de soutenir les actions de notre association.
Plus de soixante-quinze millions de podcasts sont téléchargés chaque mois dans notre pays par plus de douze millions de personnes.
Qui les fait ? Qui les écoute ? Nous avons interrogé Benjamin Bellamy, co-créateur de Castopod —en audio, s’il vous plaît.
La transcription de l’entretien
Bonjour ! Selon une enquête Médiamétrie sortie en décembre 2022 « Les chiffres clés de la consommation de podcasts en France », plus de soixante-quinze millions de podcasts sont téléchargés chaque mois dans notre pays par plus de douze millions de personnes. C’est donc un phénomène qui a conquis toute la Gaule. Toute, pas tout à fait puisqu’il reste au moins un indi… irréductible, voilà, je commence à bafouiller, c’est bien, qui est passé à côté c’est-à-dire moi.
Aujourd’hui nous avons eu l’idée d’interviewer Benjamin qui, lui, est très impliqué dans le monde du podcast et pour lui faire honneur nous faisons donc cet entretien en audio, ce qui n’est pas l’habitude dans le Framablog.
Benjamin, est-ce que tu peux te présenter ?
Oui, bien sûr, Frédéric. Bonjour. Donc je m’appelle Benjamin Bellamy.
En deux mots je suis né longtemps avant les réseaux sociaux mais après les cartes perforées et tout petit je suis tombé dans la marmite informatique.
J’écoute des podcasts depuis pas mal de temps et il y a deux ans avec trois associés j’ai créé une société qui y est exclusivement consacrée, Ad Aures.
Est-ce que tu peux présenter Castopod ? C’est quoi ? Un logiciel, une plate-forme, un oiseau, une fusée ?
Castopod qui donc est développée par Ad Aures, c’est un peu tout ça à la fois.
C’est d’abord un logiciel codé en PHP qui permet à toutes et à tous d’héberger plusieurs podcasts. Une fois en place, c’est-à-dire cinq minutes après avoir dézippé le paquet et lancé l’assistant d’installation c’est une plateforme d’hébergement de podcasts multipodcasts multi-utilisatrices multi-utilisateurs et enfin peu de gens le savent mais en imprimant le code source de Castopod sur une feuille A4 on obtient un superbe oiseau.
Pour la fusée en revanche j’avoue on est super en retard et rien n’est prêt.
Enfin, plus sérieusement, Castopod permet à tout le monde de mettre des podcasts en ligne afin qu’ils soient disponibles sur n’importe quelle plateforme d’écoute donc ça peut être évidemment Apple Podcast, Google Podcast, Deezer, Spotify, Podcast-Addict, PostFriends, Overcast,… Il y en a plein d’autres, donc vraiment partout. Castopod apporte tout ce dont on a besoin donc de la gestion de fichiers sonores MP3 évidemment à la gestion des métadonnées, des titres, des descriptions, la génération du fameux RSS, l’export de clips vidéo à partager sur les réseaux sociaux, les mesures d’audience etc.
Et d’autre part, Castopod est adapté tout autant aux podcastrices et aux podcasteurs en herbe qu’aux professionnels les plus chevronnés puisque avec une seule installation on peut avoir autant de podcasts qu’on veut autant de comptes utilisateurs qu’on veut et enfin Castopod est open source, libre et gratuit, et il promeut et intègre des initiatives ouvertes telles que celles de Podcasting 2.0 qui permet entre autres la gestion de transcription et de sous-titrage de liens de financement de chapitres de géolocalisation de contenu de gestion des intervenants et de commentaires inter-plateforme et encore plein d’autres choses.
Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer Casopod ?
Qu’est-ce qui m’a poussé à lancer Castopod, tu veux dire : qui m’a poussé à lancer Castopod ? D’une certaine manière c’est Framasoft.
En fait en mars 2019 alors que je cherchais une plateforme de podcasts compatible avec le fédivers j’ai contacté Framasoft pour savoir si vous aviez pas ça dans les tuyaux. Naïvement j’étais persuadé que la réponse serait « ben oui, évidemment » et là la douche froide : « non pas du tout ».
Et à ce moment-là Chocobozzz m’avait expliqué qu’avec les développements de Peertube et Mobilizon qui avaient été lancés un petit peu avant en décembre 2018 Framasoft n’avait pas le temps de se consacrer à un autre projet.
Heureuse coïncidence, à ce moment-là Ludovic Dubost le créateur de Xwiki m’a raconté comment il avait obtenu un financement de NLnet pour CryptPad. Donc j’ai déposé un dossier qui a été accepté immédiatement et qui en plus de nous faire très plaisir nous a confortés quant à la pertinence du projet.
Les podcasts m’ont l’air d’être gratuits dans la majorité des cas. Quel est le modèle économique ? Comment est-ce qu’ils en vivent, les gens ?
Il y a plusieurs modèles économiques du podcast.
Déjà effectivement il est important de noter qu’aujourd’hui quatre-vingt-dix-neuf pour cent des podcasts n’ont pas de modèle au sens capitaliste du terme, ce qui ne veut pas pour autant dire qu’ils sont gratuits.
Les podcastrices et les podcasteurs se rémunèrent de façon indirecte par le plaisir que ça procure, pour la promotion d’un autre produit ou service, pour l’exposition médiatique, etc. et quant au pourcent restant… Il existe plein de manières de gagner de l’argent.
On peut vendre un abonnement, encourager ses auditrices et ses auditeurs à donner des pourboires, on peut gagner des bitcoins par seconde d’écoute, on peut lire de la publicité, on peut produire un podcast de marque, on peut insérer automatiquement des spots publicitaires sonores, on peut afficher de la publicité à l’écran… par exemple chez Ad Aures notre spécialité c’est l’affichage publicitaire de recommandations contextuelles donc sans cookie ni profilage de l’internaute.
Et quel est le modèle économique de Castopod, alors ? Si je te dis que la société Ad Aures est l’équivalent de Canonical pour Ubuntu, est-ce que tu le prends mal ?
En fait c’est plutôt flatteur. On n’a pas du tout la prétention de devenir le Canonical du podcast même si effectivement on peut y voir des similitudes.
Pour répondre à ta question comme je l’ai laissé entendre plus tôt Castopod a bénéficié d’une subvention européenne qui a permis de financer le démarrage du développement. Ad Aures, la société que j’ai créée avec mes associés a également financé une grosse part du développement.
On compte sur les contributions de toutes celles et ceux qui souhaitent qu’on puisse continuer à maintenir et à faire grandir Castopod au travers de la plateforme Open Collective et enfin à on lance à l’heure où on parle tout juste d’une offre d’hébergement payante clés en main qui va donc permettre à toutes et à tous d’utiliser Castopod sans avoir à s’occuper du moindre aspect technique de l’hébergement.
On se rapproche plutôt du modèle de Piwigo, alors ?
Euh, exactement, ouais.
Alors la question qui pique. Moi je te connais, on s’est rencontrés, euh, il n’y a pas si longtemps que ça, au salon Open-Source Experience et je te connais comme un vrai libriste très engagé… et tu proposes de mettre de la pub sur les «postcasses» des gens ! J’arriverai jamais à prononcer «podcast» correctement ! Alors est-ce que la pub c’est compatible avec ton engagement libriste ?
Alors je vois pas pourquoi ça ne serait pas parce que en fait publicité et open source, ces deux concepts ont absolument rien à voir, même si je comprends ce que tu veux dire.
Personnellement, moi, je considère que la publicité en soi déjà ce n’est pas sale et c’est pas honteux et… Ce qui lui a donné une mauvaise réputation c’est le profilage à outrance des internautes est ça ouais c’est pas terrible, je suis d’accord mais justement nous ce qu’on propose c’est des publicités qui sont non invasives sans profilage sans cookie, pertinentes parce que en relation directe avec le contenu qui les héberge et ça permet d’offrir une rémunération à celles et à ceux qui produisent les contenus.
Chez nous il n’y a pas de pub pour le tout dernier jeu super addictif ou le top dix des choses qu’on ignorait pouvoir faire avec un cure-dent et un balai de chiottes.
Nous on va plutôt mettre en avant un bouquin en lien direct avec les métadonnées et avec le contenu sonore du podcast grâce au concept que notre moteur d’analyse sémantique aura détecté.
Alors d’un point de vue pratique comment est-ce qu’on fait pour avoir des podcasts dans son smartphone sans blinder sa mémoire ? Parce que moi j’oublie pas que je suis toujours à court de mémoire.
Eh eh, c’est là que que je vois qu’effectivement tu n’es pas un expert du podcast parce que un podcast en moyenne c’est quarante minutes.
Pour avoir une bonne qualité, voire même une très bonne qualité il faut compter 192 kilobits par seconde. Ce qui fait que un bon gros podcast ça fait moins de 100 méga-octets. Si en plus tu considères que aujourd’hui on est connecté la plupart du temps à Internet du coup pour écouter un podcast il n’y a pas nécessairement besoin de le pré-télécharger. On se rend vite compte que l’espace de stockage nécessaire c’est pas vraiment le souci.
OK, alors moi j’ai un autre problème quand est-ce que les gens ont le temps d’écouter des podcasts ? En faisant autre chose en même temps ?
Bah ça c’est la magie du podcast. Le podcast il laisse les mains et les pieds et les yeux totalement libres. Si tu fais le bilan d’une journée, en fait, tu te rends compte que les occasions elles sont super nombreuses.
Tu as le petit-déj, dans ta voiture, dans les transports, en faisant du sport, en attendant un rendez-vous, en faisant son ménage. Personnellement je ne fais plus la vaisselle sans mon podcast.
OK, mais le temps d’une vaisselle suffit pour écouter un podcast ? C’est quoi la durée idéale d’un podcast ?
Alors… J’ai envie dire déjà ça dépend de ta dextérité à faire la vaisselle. Peut-être que la mienne est pas au top et que justement comme j’écoute des podcasts, eh bien, je ne progresse pas beaucoup. La durée idéale d’un podcast, ben, c’est un peu comme la longueur idéale des jambes, c’est quand elles touchent bien le sol. C’est affaire de contexte parce que si euh les statistiques font état donc d’une durée moyenne de quarante minutes il y a tout plein de circonstances pour écouter un podcast. Donc en fait il y a plein de durées idéales.
Le contexte d’écoute c’est un critère déterminant.
Je ne vais pas chercher le même type et la même longueur, la même durée, de podcast pour le café du matin que pour le café du TGV Paris-Biarritz ! À chaque contexte d’écoute il y a une durée idéale.
Alors, qui produit des podcasts ? Est-ce qu’il y a une grosse offre française ? Moi je ne connais que celui de Tristan Nitot mais en effet je ne suis pas spécialiste.
Sur les quatre millions de podcasts dans le monde il y en a 72 000 qui sont francophones ce qui veut dire qu’il y en a beaucoup et qui a beaucoup plus d’heures de podcasts francophones publiés chaque jour qu’il y a d’heures dans une journée. Même si tu les écoutes en vitesse deux fois sans dormir tu ne pourras pas tout écouter.
L’une des particularités du marché français c’est l’importance de l’offre radiophonique parce que les Françaises et les Français sont très attachés à leurs radios, bien plus que dans les autres pays du monde, d’ailleurs. Et donc c’est naturellement qu’on retrouve les radios en bonne place dans les études d’écoute de podcasts. En France il y a également beaucoup de studios de podcasts d’une très grande qualité, vraiment beaucoup, et enfin et c’est ce qui est génial avec le podcasting : n’importe qui peut se lancer que ce soit pour une heure une semaine un an ou dix.
Ma fille a lancé le sien à dix ans !
Ah oui, les poésies d’Héloïse, tu m’as dit ça tout à l’heure.
C’est ça !
Est-ce qu’on a besoin de beaucoup de matériel pour faire un podcast ?
On a besoin que d’un bon micro, des idées, évidemment, euh, d’Audacity, Castopod, et ça suffit, hop-là, on se lance ?
La première chose dont on a besoin c’est l’envie puis l’idée et euh… et c’est tout !
Aujourd’hui n’importe quel téléphone moderne est capable d’enregistrer une voix bien mieux que les enregistreurs hors de prix qu’on avait dans les années quatre-vingts !
Si tu savais combien de podcasts sont en fait enregistrés au téléphone sous une couette ou dans une taie d’oreiller ! Bien entendu, et ce n’est pas valable que pour le podcast, hein, plus on avance et plus on devient exigeant et un bon microphone et une bonne carte son, ça fera vite la différence. Mais les contraintes techniques ne doivent pas brider la créativité.
En ce qui concerne le montage donc tu as cité Audacity. Je l’utilise de temps à autre mais je suis plutôt «Team Ardour». La grosse différence c’est qu’Audacity est destructif. C’est-à-dire que tu ne peux pas annuler une manipulation que tu as faite il y a deux heures alors qu’avec Ardour qui est non-destructif… deux ans après avoir bossé sur un montage tu peux encore tout corriger et revenir sur n’importe quelle opération.
Et enfin sur l’hébergement bah il y en a pour tous les besoins, tous les goûts, tous les profils, tous les podcasts, mais la seule solution qui à la fois open source certifié podcasting 2.0 et connectée au fédiverse c’est Castopod.
Qu’est-ce que tu écoutes, toi, comme podcasts ? Est-ce que tu as des conseils pour les personnes qui souhaitent une sélection ? On mettra les liens dans les commentaires.
Ah c’est un peu audacieux de demander à un inconnu un conseil podcast, c’est un peu comme demander un conseil gastronomique à un inconnu dans la rue.
Surtout que personnellement j’ai une sélection qui est assez éclectique et pas très originale.
Dans les podcasts que j’écoute régulièrement… Il y a Podland, Podnews, Podcasting 2.0, The Europeans, Décryptualité, Libre à vous, L’Octet vert que tu as cité et Sans Algo. Et puis j’écoute aussi beaucoup de d’émission de radio du service public podcastées quand elles sont pas sauvagement supprimées des plateformes ouvertes, suivez mon regard…
Alors c’est quoi ton regard ? Tu peux les citer ou… ?
Non je ne veux me fâcher avec personne.
J’ai vu que Castopod était compatibles Activitypub. Alors ça veut dire quoi concrètement pour les gens qui nous écoutent ?
Alors
Activitypub c’est un protocole… c’est un protocole standard normalisé par le W3C, donc c’est pas vraiment des rigolos quand il s’agit de définir une norme, qui permet à toutes les plateformes de réseaux sociaux qui l’implémente de connecter leur contenu et leurs utilisatrices et leurs utilisateurs entre eux l’ensemble des plateformes qui utilisent Activitypub est appelé le fédiverse qui est un mot-valise contraction de «univers» et «fédérer». La plus emblématique de ces plateformes c’est Mastodon quel est donc une plateforme de microblogging semblable à Twitter qui connaît un succès considérable depuis 2017 et récemment on en entend beaucoup parler suite au rachat de Twitter et on compte aujourd’hui plusieurs milliers de serveurs Mastodon et plusieurs millions d’utilisatrices et utilisateurs.
Là où franchement ça devient génial et même au-delà de Mastodon c’est que le fédiverse permet de mutualiser et d’interconnecter plein plein plein de serveurs sur des technologies diverses, différentes, pourvu qu’il implémente Activitypub. Par exemple une utilisatrice ou un utilisateur pourra depuis un un compte Mastodon donc un unique compte Mastodon interagir avec d’autres qui sont connectés depuis un ou plusieurs serveurs Pixelfed, du partage de photos façon Instagram depuis des serveurs Peertube partage de vidéos façon Youtube depuis des serveurs Bookwyrm qui est un service de partage de critiques littéraires depuis les serveurs Funkwhale qui permet du partage de musique depuis Mobilizon, nous en parlions tout à l’heure, qui permet de partager de l’organisation d’événements et depuis Castopod qui permet le partage de podcasts.
Donc concrètement imagine c’est comme si depuis ton compte Twitter tu pouvais « liker » une photo Instagram, commenter une vidéo Youtube, partager une musique SoundCloud.
Alors évidemment bah ça c’est pas possible. C’est pas possible chez les GAFAM.
Mais sur le fédivers ça l’est ! C’est possible, et c’est possible aujourd’hui ! Ce qui fait que ben avec Castopod le podcast est le réseau social donc tes auditrices et tes auditeurs peuvent commenter, partager ou aimer un épisode directement sans aucun intermédiaire. Aucun intermédiaire, qu’il soit technique ou juridique, hein sans GAFAM, sans plateforme privative entre les deux tu as la garantie de ne pas te prendre un «strike» parce que tu as fait usage de ton droit de citation tu ne vas pas avoir ton compte bloqué parce que t’as utilisé des mots-clefs qui sont indésirables et pas de censure automatique par un idiot de «bot» qui ne sait dialoguer qu’en éructant des réponses pré-formatées.
Et tout cela en étant accessible à des millions d’utilisatrices et utilisateurs sur des milliers de serveurs du fédivers. Honnêtement, n’ayons pas peur de le dire, l’avenir des réseaux sociaux sera fédivers ou ne sera pas !
Ça me rappelle quelqu’un, tiens… Alors tu as mentionné, quand on a parlé de podcast, tout à l’heure, tu vois je n’arrive pas à le prononcer, décidément.
Tu as mentionné Podcast-Index quand on s’est parlé en préparant l’interview et tu as parlé de Podcasting 2.0 tout à l’heure. Qu’est-ce que c’est ?
Alors…
Hum…
Laisse-moi chausser mes lunettes parce que cette question nécessite qu’on s’arrête une petite heure, une petite heure et demie sur
l’histoire du podcast.
Je ne suis pas sûr qu’il nous reste autant (de temps).
Alors là je vais… je vais abréger.
Bien avant les iPods, en 1989, l’émission « l’illusion d’une radio indépendante » (“Иллюзия независимого радио”) ouvre la voie aux podcasts qu’on connaît aujourd’hui en proposant en URSS des émissions sonores qui à l’époque étaient diffusées sur des cassettes et des bandes magnétiques et de « URSS » à « RSS » il n’y a qu’un U, celui de « Uuuuuuh ! quel jeu de mot tout pourri !» jeux de mots que je m’abstiendrai donc de faire.
Trop tard !…
Et donc sans jeu de mots et bien plus tard c’est en octobre 2000 que Tristan Louis, comme son nom peut le laisser penser il est français, il a l’idée d’inclure des fichiers MP3 dans un flux RSS. RSS lui-même créé et promu par des véritables légendes tel que Ramanathan V. Guha, Dave Winer ou Aaron Swartz.
Et donc il crée la technologie qui est celle que tous les podcasts du monde utilisent encore aujourd’hui. Après ça alors qu’on parlait plutôt d’audio blogging à l’époque, Ben Hammersley, journaliste au Guardian, est le premier à lancer le mot podcast en février 2004 qui est un mot-valise entre « iPod » et broadcasting, broadcasting pour « diffusion » en anglais.
Ce qui fera vraiment connaître le podcast au grand public c’est d’abord les contenus par exemple “Daily Source Code” d’Adam Curry lancé à l’été 2004, et ensuite l’intégration des podcasts par Apple dans iTunes 4.9 en juin 2005.
Et puis pas grand-chose pendant toute une décennie ! En fait l’histoire du podcast elle aurait pu s’arrêter là.
Mais en 2014, Sarah Koenig va bousculer littéralement un écosystème un peu moribond en publiant Serial le podcast aux 350 millions de téléchargements et c’est à ce moment-là qu’un véritable engouement populaire pour les podcasts apparaît.
C’est impressionnant, comme chiffre !
Ah oui, c’est impressionnant, oui… C’est impressionnant surtout que ça n’arrête pas de croître ! C’est un très bon podcast d’ailleurs Serial, j’adore. Il y a trois saisons et les trois sont très très bien. Si on comprend l’anglais c’est vraiment un podcast à écouter, Serial.
Néanmoins malgré ce renouveau force est de constater que,en plus de quinze ans, pas une seule – et alors que les usages du web entre-temps ont été révolutionnées par le haut débit les smartphones les réseaux sociaux le cloud etc. – donc pas une seule innovation technologique n’est venue bousculer le podcast.
Statu quo fonctionnel et technologique.
Apple règne toujours en maître absolu sur son annuaire de podcasts et rien n’a évolué et à l’été 2019 Adam Curry le même que cité tout à l’heure et Dave Jones, insatisfaits de cette situation, décident de lancer en parallèle, non pas un non pas deux, mais bien trois projets afin de secouer un peu tout ça.
Premièrement et pour mettre fin à la dépendance vis-à-vis de l’index d’Apple ils créent un index de podcasts qui s’appelle Podcast-Index, pas super original, mais au moins on comprend ce que c’est. Il faut comprendre que là où l’index d’Apple requiert une validation d’Apple pour ajouter le moindre podcast mais également pour lire le contenu de l’index ce qui fait qu’Apple en fait a le pouvoir de vie ou de mort sur n’importe quelle application d’écoute qui n’utiliserait que son index.
Là où l’index d’Apple est soumis au bon vouloir d’Apple, Podcast-index est libre.
Il est libre en lecture et en écriture mais attention, vraiment libre par exemple la base de données de Podcast-index, elle est librement téléchargeable dans son intégralité en un clic depuis la page d’accueil. Tu n’as même pas besoin de créer un compte, de filer ton adresse mail, ton numéro de portable, ou le nom de jeune fille de ta mère. Et en plus de ça des API sont librement disponibles pour les applications mobiles Podcast-index référence aujourd’hui plus de quatre millions de podcasts. Apple aujourd’hui en a deux millions et demi.
Deuxièmement et pour rattraper le temps perdu, Adam et Dave décident de proposer de nouvelles fonctionnalités en créant des nouvelles méta-données, le « Podcast Namespace », qui ouvre la voie à ce qu’ils appellent « Podcasting 2.0 ».
Parmi les nombreuses fonctionnalités qui comprend comment on peut noter ben donc la gestion de transcription et de sous-titrage les liens de financement le chapitrage la géolocalisation contenus la gestion d’un intervenant. Il y en a plein d’autres ayant des nouvelles tout le temps, l’ensemble de ces spécifications euh et de ses innovations est librement consultable en ligne sur Github (on mettra le lien dans l’article, dans la description) et librement consultable encore une fois en lecture et en écriture.
C’est là en fait le troisième volet la troisième révolution, le mot est à peine exagéré hein qu’Adam et Dave vont apporter aux podcasts ; ils ont créé une communauté libre et ouverte où tout le monde peut apporter son temps son talent ou son trésor et force est de constater que ça fonctionne du tonnerre. En moins de six mois, alors que je rappelle qu’aucune innovation n’avait bousculé le podcast en quinze ans, en moins de six mois il y a plein d’applications d’écoute et d’hébergeurs évidemment dont Castopod qui ont rejoint le mouvement et qui ont intégré tout ou partie de ces nouvelles fonctionnalités. Donc cette communauté elle se rassemble sur Github sur Mastodon sur podcastindex.social dans un podcast éponyme et lors de réunions où on parle plutôt «techos».
Enfin le résultat c’est que la liste des applications et des services qui sont compatibles podcasting 2.0 est disponible sur le site podcasting.com. Clairement c’est sur ce site et sur podcastindex.org qui faut aujourd’hui choisir son application ou son hébergeur.
Alors moi je suis allé tourner un peu sur les sites de Castopod, je suis allé voir blog.castopod.org mais alors tout est en anglais là-dedans !
J’ai cherché un un petit bouton pour changer de langue et il n’y en a pas. Je croyais que le projet était français ? Pourquoi ça cause pas la langue de Molière ?
Le projet est français mais il est avant tout européen, enfin en tous cas d’un point de vue chronologique et et donc naturellement on a commencé par l’anglais et on n’a pas eu le temps de traduire cette partie-là mais ça va venir vite, c’est promis.
Oui parce que la doc en revanche elle a son site en français doc.castopod.org/fr et là j’étais content j’aurais dû commencer par là parce que il y a plein d’explications dans la doc.
Oui, alors la doc, on a pris le temps de la traduire en français et en plus la communauté aidant elle est également disponible en plus de l’anglais en brésilien1 et en norvégien et d’autres langues arriveront derrière.
Mais alors je suppose que c’est en fonction des contributeurs et des contributrices que le projet évolue ? Vous avez besoin de contributeurs de contributrices ? Comment est-ce qu’on peut faire pour vous aider ?
Ouais tout à fait mais Castopod c’est avant tout un projet ouvert hein donc le le code source est ouvert mais pas seulement on a besoin de développeuses et de développeurs mais également de traductrices de traducteurs de testeuses de testeurs de prescriptrices et de prescripteurs qui prêchent la bonne parole (merci Framasoft !) et puis de financement via Open Collective.
D’accord ! Alors comme d’habitude on te laisse le mot de la fin dans le Framablog. Est-ce qu’il y a des questions qu’on ne t’a pas posées ? Est-ce qu’il y a des choses que tu as envie d’ajouter ?
Écoute, je trouve que tu as mené cette interview d’une main de maître.
Merci de m’avoir reçu ! En fait je voudrais juste dire aux gens : essayez le podcast.
Vous avez un téléphone vous pouvez vous y mettre ; il ne faut pas être timides hein lancez-vous attendez pas des mois avant de créer le premier épisode car une fois qu’on a une idée on enregistre on publie et puis c’est ce que j’aime avec le podcast, on peut changer de modèle on peut changer de format on peut changer ce qu’on veut on peut tester il y a des hébergeurs pour tout le monde. Évidemment moi je vous engage à aller sur castopod.org pour voir ce que c’est pour voir ce qu’on propose.
Ah, si vous avez un peu la fibre technique eh bien n’hésitez pas à le télécharger et à l’installer, sachant que si vous avez pas la fibre technique et bah allez plutôt sur castopod.com où on propose des prestations d’hébergement clé en main. Et puis bon podcasting et bonne écoute !
Ah bah je vais m’y mette du coup je vais essayer de trouver quelques podcasts intéressants parce que c’est pas du tout ma culture ! En tout cas voilà grâce à toi je vais écouter des podcasts.
Merci beaucoup d’être venu parler avec nous et puis on espère longue vie à Castopod.
L’illustration « Fred répète » a été réalisée avec Gégé, le générateur de Geektionnerd basé sur des dessins sous licence libre de SImon « Gee » Giraudot
Et si on considérait le travail de création initiale d’un auteur ou d’une autrice comme une activité qui mérite salaire ? Montrer que c’est possible, tel est le défi de Des Livres en Communs. On va tout vous expliquer.
Nous vous l’avions annoncé et expliqué, à l’expérience de notre maison d’édition Framabook succède aujourd’hui un nouveau projet qui repose sur un autre modèle.
Après Framabook…
Après une vingtaine de manuels, huit essais, une dizaine de BD et une quinzaine de romans (tout demeure évidemment disponible), le constat est fait que malgré des conditions plus éthiques pour les auteurs et les licences libres, la diffusion des ouvrages s’est heurtée à un système où des plateformes demeurent le passage obligé pour libraires et bibliothèques, dans un marché saturé par la pléthore de publications. De sorte que malgré leurs qualités les œuvres que nous avons avec soin accompagnées ne trouvaient pas un public qui permettait aux auteurs et autrices un retour satisfaisant en rapport avec leur travail (Pour en savoir plus).
… Des Livres en Communs
Faut-il préciser ce que toutes les personnes qui se risquent dans l’édition classique découvrent bien vite : dans leur très grande majorité elles ne percevront qu’une assez étique rémunération de leur travail, bien après leur travail d’élaboration. Lisez par curiosité quelques témoignages comme celui de Julie ou celui de Marine Nina, les chiffres donnés sont édifiants… En clair, à de très rares exceptions près (une poignée d’auteurs et autrices de best-sellers) il n’est pas possible de vivre décemment de son activité créatrice, au point que pour la plupart, une autre activité, rémunérée celle-là, est indispensable.
Des Livres en Communs (DLeC) propose d’aborder le problème d’une façon différente (non, on n’a pas dit « disruptive »). Nous proposons un revenu de « travail de création » sous la forme modeste d’une « bourse initiale » sur projet. Ce n’est pas encore un salaire d’auteur-autrice, mais sur le principe c’est presque cela (Pour en savoir plus).
Le processus que nous lançons aujourd’hui est le suivant :
DLeC fait un appel à projet, des créateurs et créatrices y répondent ;
Un projet est sélectionné et une somme est allouée au travail de création ;
Au terme de ce travail, l’ouvrage réalisé est publié sous forme numérique et disponible pour tout le monde, car versé dans les Communs culturels avec une licence libre.
Mais encore… ?
Voici la version rapide du thème de notre premier appel à projet, il s’agit de répondre à votre façon à cette interrogation, directement issue de notre méta-projet contributopia :
Vers un monde plus contributif, plus solidaire, plus éthique et plus libre : comment s’outiller et s’organiser ensemble ?
Pour en découvrir le contexte de façon plus détaillée, parcourez la page d’accueil du site dédié flambant neuf
le règlement : comment proposer votre projet, quelle est la date limite de soumission, la composition du jury, notre soutien éditorial, etc.
Semons pour de bon et pour demain
Semer des graines de services, de savoirs et de pratiques, c’est une image familière que nous partageons avec beaucoup d’associations. Mais si nous semions vraiment, au sens propre ?
Depuis bien longtemps, Framasoft considère que le champ de la culture libre s’étend bien au-delà du code. Libérer ensemble logiciel et matériel, productions artisanales, artistiques et industrielles, documentations scientifiques et fictions sur tous les supports numériques ou non, c’est autant de petits pas qui visent à redonner à tous un peu de maîtrise sur la société pour pouvoir la transformer.
L’initiative de Bertrand dont voici l’interview vise à transformer à terme le paysage naturel où nous vivons.
L’association La Haie Donneurs vient en effet de créer WikHaiePédia, un guide libre pour expliquer comment on peut planter et verdir le monde autour de nous, pour pas un rond, pour le plaisir, et pour l’intérêt commun d’augmenter notre environnement végétal et son écosystème.
Bonjour, peux-tu te présenter brièvement ?
Je m’appelle Bertrand Sennegon, 41 ans, papa de deux petits garçons. J’ai mon propre job comme ouvrier tout bâtiment proposant d’accompagner les particuliers dans leurs travaux. J’utilise du libre sur mes PC (GNU/Linux) depuis de nombreuses années (j’ai installé Mandrake 😉 ) et expérimente beaucoup dans mon jardin et mon quotidien autour des principes de permaculture.
C’est quoi ce projet WikHaiepedia, c’est un wiki pour apprendre à tailler les haies ?
WikHaiePédia s’intéresse à la haie, mais pas seulement. Et plutôt que d’en tailler, le but serait plutôt d’en planter. Et pas que des haies, mais aussi des fruitiers, des arbres, tout ce qui participerait à restructurer un territoire de façon pérenne.
On parle partout de perte de biodiversité, en se demandant comment agir ! Pourtant la nature est multipliable gratuitement. Qu’est ce qui nous empêche de recréer de la biodiversité?
Il me semble que trois points nous freinent pour agir :
l’accès aux terrains, l’ensemble des territoires étant actuellement gérés vers un appauvrissement de la biodiversité ;
le savoir-faire pour créer nos propres micro-pépinières et créer un maximum de plants ;
la conviction que chacun peut agir !
WikHaiePédia est un projet visant à agir sur ces trois freins, en cherchant à créer une communauté autour de la plantation, et une documentation la plus simple possible pour que chacun puisse créer des plants à son échelle.
Comment as-tu eu l’idée de ce projet ? Tu es tombé dedans quand tu étais petit ou bien c’est venu à la suite d’un constat sur l’état de l’environnement ?
À la base, il s’agit d’un constat sur l’environnement. Mais ma prise de conscience ne date pas d’hier. Depuis que je suis enfant, j’observe les disparitions d’espèces s’accumuler.
La France est parvenue à traverser la guerre 39-45 en s’appuyant sur une agriculture ultra-locale, des vergers pleins de fruits et des gibiers parcourant nos bocages. Or, en 70 ans, nous avons tout industrialisé. Notre alimentation repose sur une production mondiale et une consommation massive d’énergies fossiles et nos territoires ne sont plus capables de nous nourrir. Si un événement historique bloque nos approvisionnements industrialisés, aucune structure locale ne pourrait prendre la relève de ce besoin essentiel.
Il me semble donc vital de parvenir à agir sur ce point. Je ne peux pas miser l’avenir de mes enfants sur l’absence de perturbations historiques.
On ne peut pas s’empêcher en parcourant ton projet de penser au livre de Giono L’homme qui plantait des arbres et au personnage mythique d’Elzéar Bouffier qui a suscité des dizaines d’actions de plantations. On peut voir aussi le très beau film d’animation de Frederic Back qui en est l’adaptation. Est-ce que c’est une source d’inspiration pour toi ?
Non ! 😉 J’entends parler de ce livre depuis plusieurs années, mais je ne l’ai toujours pas lu !
Peux-tu nous expliquer pourquoi l’ensemble du projet et des contributions attendues est en licence libre CC-BY-SA, c’est important pour toi ?
La notion de copyleft me fascine depuis de nombreuses années, elle me semble révolutionnaire sur bien des points et est une vraie solution pour permettre à tous d’accéder à un savoir. De plus, la nature publie son contenu sous quelle licence, puisque que je suis libre de l’étudier, la copier, la modifier ?
On n’est pas tous bien sûr⋅e⋅s d’avoir comme on dit « la main verte », tu penses vraiment que tout le monde peut contribuer à semer, planter, enrichir l’environnement végétal partout ? Même celles et ceux qui sont en plein milieu urbain et ne disposent pas de terrain pour planter ?
Je pense, mon idée à germé après deux années d’expériences dans mon jardin pour créer des arbres à partir de pépins et de noyaux. En m’amusant à semer un peu, j’ai fait pousser une bonne quinzaine d’arbres en deux ans. Depuis je sème absolument tout les pépins et noyaux des fruits locaux que je récolte, et je suis curieux de voir combien de fruitiers je parviendrais à créer.
Bertrand dans son jardin
Une jardinière sur un balcon en ville suffit à réaliser quelques semis et boutures qu’on pourrait confier ensuite à une association près de chez soi désireuse de planter. Même sans balcon, on peut participer à des plantations collectives. C’est la multiplication de ces tout petits actes qui peut créer des kilomètres de replantation nourricière pour nous et la faune qui nous entoure.
Comment je commence ? Il faut d’abord adhérer à l’association Haie donneurs ?
Adhérer n’est pas obligatoire. Mon initiative est venue se greffer sur l’association « La Haie Donneurs » car nos envies étaient similaires : encourager chacun à agir en créant des plants. Pour cela, le site cherche à référencer toutes les initiatives (associations, groupes, particuliers) œuvrant dans ce sens.
Comment commencer ? En partageant du contenu libre sur le site (photos, textes, dessins), en essayant de réaliser des plants chez soi et/ou en participant à la petite communauté qui débute autour de ce site.
Avec l’association La Haie donneurs, vous recommandez de semer des graines pour que des arbres poussent. C’est un peu bizarre, pourquoi semer des pépins de pomme et pas planter un jeune plant de pommier ou greffer un arbre fruitier ? Ça irait un peu plus vite, non ?
Plants et greffes sont issus de pépins que l’on achète à un pépiniériste qui connaît ce savoir-faire. Partir de boutures et de semis permet d’agir fortement sans utiliser d’argent, seulement du temps et des savoirs. Du coup, même si cela va moins vite, l’argent ne sera pas un frein dans ce projet.
Pour l’instant le wikhaie est appétissant mais comme tous les wikis il est évolutif et beaucoup de pages restent à compléter ou informer. Quelles sortes de contribution attends-tu pour former une plateforme et une communauté active ?
Pour agir il faut déjà documenter, puis synthétiser et enfin mettre en page des guides.
Il nous faut donc de bons botanistes (ce que je ne suis pas), des rédacteurs, des illustrateurs [regarde un peu les belles illustrations de Nylnook pour ton interview, NDLR] , des photographes, etc., amateurs ou non. L’idée de ce wiki m’apparaît importante et pertinente depuis quelques mois, mais dans mon quotidien bien rempli, je ne peux consacrer qu’environ une heure par jour sur ce projet. Ce projet ne peut donc réussir que s’il fédère une communauté. J’espère donc que cette idée parlera à d’autres qui y verront comme moi l’occasion d’agir directement par le geste (planter).
Je ne suis pas non plus un professionnel du Web, du coup les remarques, idées et retours pour faire avancer la structure et l’agencement de ce site sont bienvenus.
En fait, je débute dans la création d’arbustes, d’arbres, de haies. Mais les rapides réussites obtenues en seulement deux ans m’ont convaincu que nous pouvions tous participer.
Un pépin de pomme ou de poire par exemple, germera dans un petit pot de terreau laissé dehors au gel, on peut aussi faciliter sa germination en la trempant dans du vinaigre quelques heures pour simuler une digestion animale et le laisser deux mois au frigo si l’hiver n’est pas assez froid. C’est accessible à chacun. L’idéal étant de trouver des pommes locales adaptées à notre région.
Mais si nous sommes nombreux à faire ces petits gestes, imagine la quantité d’arbres que nous pourrions produire.
Je débute, donc je suis le premier à avoir beaucoup à apprendre sur le sujet. J’invite donc tous ceux qui veulent partager leurs savoirs, leurs expériences, ou qui sont emballés par cette idée simple, mais réellement active il me semble, à s’approprier un peu de ce site qui est construit pour être ouvert comme un grand jardin. 🙂
On te laisse le mot de la fin…
— Bonnes plantations à tous ! 😉
Contribuer à un logiciel libre dans une formation en école d’ingénieur
Des étudiants de l’Université de Technologie de Compiègne effectuent, dans le cadre de leur cursus, des Travaux de Laboratoire consistant à avancer sur des tickets du projet Framadate (qui n’en manque pas), avec le soutien de leur enseignant Stéphane Crozat (dont on vous reparlera) et du CHATONS local Picasoft. Leurs travaux sont documentés dans un wiki et leur avancement dans des pads.
De la belle contribution utile !
Pour commencer, une petite présentation s’impose : je m’appelle Justine et je suis en première année de formation ingénieur en informatique à l’UTC (Université de Technologie de Compiègne). Lors de ce semestre, c’est-à-dire lors des quatre derniers mois, et dans le cadre de ma formation (ce travail, après évaluation, pourra m’apporter 5 crédits ECTS), j’ai eu l’occasion de contribuer au logiciel libre Framadate. Cet article se veut être un bilan de mon expérience.
Contribuer à un logiciel libre, était-ce différent d’un projet « classique » ?
À l’UTC, les étudiants sont évalués selon des barèmes différents d’une matière à l’autre. En informatique, l’évaluation comprend souvent un projet (qui ne correspond pas souvent à plus de 20% de la note finale). Ce projet a des objectifs largement pertinents, comme vérifier sur un cas pratique que les étudiants ont assimilé la théorie qui leur a été enseignée. Cependant, j’ai souvent éprouvé une certaine frustration vis-à-vis de ces projets. En effet, une fois rendu, évalué et donc noté, le projet tombe dans l’oubli : pas d’utilisation réelle, pas d’amélioration, une sorte de produit déjà mort à sa sortie. Ainsi, l’idée de travailler sur un logiciel libre, avec des utilisateurs bien réels derrière, m’a semblé extrêmement pertinente et bien différente des projets que j’avais déjà pu mener.
Est ce que ces différences ont entraîné des difficultés ?
Les premières difficultés rencontrées ont été celles posées par l’installation et la prise en main de l’environnement de travail, proposé par les suiveurs. Alors que la plupart du temps, pour mener à bien les projets classiques, les installations des environnements sont déjà faites sur les machines de l’UTC, cela n’était pas le cas cette fois. Composé de nombreux outils (principalement Docker et Git au sein de Linux), l’installation de notre environnement a été relativement lourde et laborieuse. Une fois installé, l’environnement est au premier abord difficile à prendre en main : de nombreuses lignes sont à exécuter dans l’interpréteur de commandes avant de pouvoir tester le code.
Mais les difficultés les plus compliquées à surmonter ont été celles posées par le projet en lui-même. D’abord parce que les langages utilisés (SQL, PHP orienté objet, Javascript, HTML via le moteur de templates Smarty…) ne m’étaient pas ou peu connus. Ensuite, et surtout, parce qu’il m’a paru très compliqué de m’insérer dans un projet déjà bien développé (dans un projet « classique » à l’UTC, on part de rien, on développe tout), projet dont l’architecture n’est pas (ou très peu) documentée. Sa compréhension a donc nécessité beaucoup de temps et d’efforts, j’y reviendrai.
Comment s’est organisée ta contribution ?
Cette contribution a été organisée selon une méthode de type agile : le travail est découpé en itérations de six heures chacune, une itération par semaine. Le semestre a ainsi été rythmé par des réunions de suivi hebdomadaires avec les suiveurs, Stéphane Crozat et Andrés Maldonado, chargés d’accompagner et d’évaluer le travail. Sur chaque itération, nous déterminions donc ensemble l’objectif à atteindre pour la semaine suivante, et je déterminais seule l’articulation de mon travail (combien d’heures je devais passer à réaliser telle tâche). La contribution s’est articulée en deux volets : un volet de développement (qui consistait en la résolution de trois issues ouvertes sur le projet) et un volet de documentation (via le wiki de l’association Picasoft).
Concrètement, qu’as-tu apporté à Framadate ?
Comme évoqué plus haut, l’architecture du projet n’était que très peu documentée. Ainsi, afin de travailler efficacement sur le projet, j’ai préféré commencer par passer plusieurs heures (concrètement une vingtaine) à explorer le projet et documenter au maximum ce que j’en comprenais (les classes implémentées, leur articulation au sein du projet…). Un travail étudiant comme celui-ci est aussi l’occasion d’apprendre à formaliser et documenter, mon travail est disponible ici.
Ce n’est que dans un second temps que j’ai réellement commencé mon travail de résolution d’issues, et donc de développement et de documentation du travail réalisé. J’ai préféré travailler ces deux volets en parallèle, afin de restituer le travail réalisé lorsque tout était encore frais dans mon esprit. J’ai ainsi pu travailler sur trois issues :
Issue #38 : collecter les adresses e-mail des sondés
L’idée est de permettre à l’administrateur de choisir de collecter (ou non) les adresses e-mail des sondés. Si l’administrateur choisit la collecte, alors la saisie d’une adresse de courriel valide (respectant le format e-mail) est obligatoire pour voter. La collecte s’accompagne d’une fonctionnalité permettant à l’administrateur de récupérer efficacement l’ensemble des adresses des personnes sondées.
Issue#324 (et #61) : Amélioration de l’option de collecte des adresses e-mail des personnes sondées. L’idée était d’améliorer le travail réalisé précédemment en passant la collecte des adresses de courriel sous quatre options différentes :
option 1 : la collecte est désactivée ;
option 2 : la collecte est activée ;
option 3 : la collecte est activée et la saisie est obligatoire ;
option 4 : la collecte est activée, la saisie est obligatoire et le vote doit être confirmé par un clic sur le lien envoyé dans un mail à l’adresse renseignée (cette dernière option n’a pas été implémentée car le service d’envoi d’e-mail est inutilisable au sein de l’installation).
Issue#208 : permettre la finalisation d’un sondage par l’administrateur
L’idée était d’ajouter une fonctionnalité pour l’administrateur de clôture de sondage et de lui permettre :
de sélectionner le choix retenu ;
de justifier son choix.
Chacune de ces résolutions d’issues a fait l’objet d’une merge-request. C’est un processus itératif très intéressant à découvrir au sein duquel on peut interagir avec les développeurs logiciel et web de Framasoft qui vont vérifier le travail proposé et en demander des corrections.
Tout au long de mon travail, j’ai pu ainsi interagir avec différents interlocuteurs : les suiveurs bien sûr, Stéphane Crozat et Andrés Maldonado, mais aussi Thomas Citharel, développeur logiciel web chez Framasoft, et Kyâne Pichou, diplômé de l’UTC. Je tiens à remercier tous ces interlocuteurs pour leur soutien et leurs conseils, je pense qu’il est indispensable d’être bien accompagnés dans ce processus de contribution afin qu’il soit efficace et utile à tous.
Finalement, quels sont les apports au sein de ta formation ?
Contribuer à Framadate m’a d’abord permis de gagner en compétences d’utilisation des outils utilisés (Docker, Git, Linux) et en développement web : interface, base de données,…. Mais cette contribution m’a surtout fait gagner énormément d’indépendance et d’autonomie vis-à-vis d’un projet déjà existant et bien développé, ce qui est très formateur et pertinent en amont de mon futur stage (six mois en entreprise à partir de septembre).
Que faudrait-il retenir de cet article ?
Contribuer à un logiciel libre au sein de la formation en école d’ingénieur constitue une expérience très pertinente pour compléter le profil théorique et « scolaire » d’un étudiant. Cette expérience permet de faire face à de nouvelles difficultés, et ainsi développer de toutes nouvelles aptitudes.
En savoir plus :
ECTS : European Credits Transfer System, calculés en fonction de la charge de travail de l’étudiant , ils permettent l’obtention des diplômes français (et européens).
Picasoft est le CHATON créé par les étudiants de l’UTC.
Incroyables comestibles : les communs dans l’assiette
« Les incroyables comestibles » se définissent comme « un mouvement citoyen, une initiative de transition, visant à transformer l’espace public en jardin potager gratuit dans lequel la nourriture devient une ressource mise à disposition par tous et accessible à tout un chacun ». Voilà qui ressemble drôlement à un commun.
Avec eux, l’espace public devient un jardin potager géant, gratuit et à partager librement. On peut alors imaginer de la ciboulette sur les boîtes aux lettres avec les voisins, des courges qui grimpent aux grilles des écoles, des cornichons à côté des arrêts de bus…
Nous avions adoré les rencontrer lors de la journée In-Libe issue de l’imagination de deux amis geeks et jardiniers.
Aujourd’hui c’est Tripou qui interroge les dynamiques d’Amiens.
Salut les Amiénois·e·s !
Vous avez un site sympathique, 100% collaboratif, et qui répertorie même les endroits où il y a des arbres fruitiers sur une OpenStreetMap pour aller les cueillir…miam ! Mais en vrai on ne peut pas se nourrir entièrement/complètement avec de la nourriture en accès libre, si ?
Effectivement, il est difficile de trouver tout ce dont on a besoin en accès libre, surtout en ville. Mais de plus en plus d’associations proposent des découvertes de plantes sauvages comestibles et c’est un bon début!
Combien de temps faut-il pour mettre en place ce type de projet ?
Le temps dépend de pas mal de facteurs aussi me semble-t-il difficile de répondre de manière précise. Le mouvement des IC est en gestation depuis plusieurs années à Amiens, où il a réellement pris son essor il y a un peu plus d’un an.
Et combien de personnes faut-il trouver pour ne pas s’épuiser à s’occuper de tous les bacs à légumes ?
Tout dépend du nombre de bacs, de leur localisation. À Amiens il y a un système de « parrainage » de bac où 2-3 personnes en moyenne prennent en charge leur observation et leur entretien courant néanmoins l’intérêt est que cet entretien ne se cantonne pas aux bénévoles du noyau dur du mouvement mais soit relayé par les habitants ou les publics rattachés aux lieux où ces bacs se trouvent.
Et le tas de compost, il est sous la mairie ?
Pas de compost sous la mairie et pas de dynamique de compostage collectif rattaché à la dynamique. Cependant le bac installé par les étudiants de l’association Nature en Fac à la Fac de Science est situé à proximité immédiate du bac à compost mis en place par les étudiants et la Fac.
Comment réagissent les services municipaux par chez vous ?
La collectivité réserve plutôt un bon accueil à la démarche et travaille également sur le sujet des jardins en ville.
Étant donné que c’est un mouvement mondial, vous êtes en lien avec les autres groupes français ou internationaux ?
Nous avons des échanges avec Incroyables comestibles France et François Rouillay. Nous avons parfois des contacts avec des habitants de la région intéressés pour instiller un mouvement sur leur territoire.
Les gens qui s’engagent dans ce genre d’actions, c’est qui ? Ont-ils un passé de jardinier par exemple ?
Les membres du collectif viennent d’horizons divers ce ne sont pas forcément des jardiniers (même s’il y en a aussi, tout le monde vient avec ses envies et les compétences ou moyens qui peuvent nourrir la démarche)
Quel est votre champ d’action ?
Il est très divers : espace public, bibliothèques, centres culturels, fac …
Les lieux d’implantations doivent être éloignés des zones où il y a des gaz d’échappement, mais en ville il y en a pas mal, non ?
Oui c’est en effet une précaution à observer et une contrainte difficile à éviter. Les bacs installés à Amiens ne bordent pas directement de voies de circulation mais sont situés pour la plupart en retrait ou dans des espaces à moindre circulation.
C’est bio ?
La priorité étant d’avoir un autre regard sur son environnement, de mettre des bacs où cela est possible et faire changer les mentalités en conséquence. C’est bio dans la mesure où ça n’est pas traité chimiquement. Les gaz ne s’arrêtent pas aux limites des chaussées et il faut faire avec en ville pour le moment.
On peut imaginer des vaches à steaks gérées collectivement, des endroits de découpe ou de transformations groupés, des haies de houblon…ça fait rêver, est-ce que c’est possible ?
Bien sur, de plus en plus de communes se penchent sur la question et des initiatives de ce genre voient le jour en France. Cela relève évidemment de la politique de la ville.
Pour moi, voir ce genre de mise en place me permet aussi de me questionner sur la manière dont je me nourris, ce que j’achète et où je le trouve, le goût des choses etc… Vous vous fournissez comment en graines et plants ?
Nous avons eu des dons au départ (kokopelli, jardiniers amateurs…) puis les personnes qui ont pu utiliser nos graines les ont récoltées et nous les ont redonnées.A chaque événement, nous avons le plaisir de recevoir de nouvelles graines.
Vous pouvez m’aiguiller vers des producteur-trice-s locaux si après avoir pillé et mangé tous vos bacs, j’ai encore faim ?
Vous pouvez vous rapprocher des différentes AMAP présentes dans le secteur d’Amiens, les producteurs des Hortillonages sur les marchés d’Amiens et depuis quelques mois l’île aux Fruits qui proposent des fruits et légumes chaque jeudi.
Vous faites aussi des permanences tous les mois à l’université, comment ça se passe concrètement ?
Très bien : un ordre du jour pour garder le fil et s’organiser sur les différents projets, des échanges et discussions avec tous les présents (les permanences sont ouvertes à tous) et un temps de convivialité sur le mode apéro grignote partagée.
Au fait c’est l’hiver ! Un petit conseil pour semer, une préférence de légume ?
Toujours semer plus que ce dont on a besoin. Offrir à son entourage le reste et en planter dans le bacs Incroyables Comestibles. D’abord des salades, radis au jardin, puis tomates courgettes suivront au chaud en attendant les dernières gelées.