Je cite l’article de Numerama lié en fin de cet article :
« Les juges ont donc estimé qu’il [ndt: Bluetooff] avait connaissance du fait que la porte était anormalement ouverte, et qu’il aurait donc dû renoncer à télécharger les documents, et qui plus est à les exploiter dans deux articles publiés sur Reflets.info »
Condamnation tout à fait justifiée. S’enfermer dans des considérations techniques fait qu’on finit par jouer au con et par ne plus se rendre compte de ce que l’on fait.
Heureusement la justice est là.
PS : quant aux nombreuses tentatives d’analogies que j’ai pu lire sur le web à propos de cette affaire, elles sont le reflet du geek d’aujourd’hui : une caricature, toujours à chercher des analogies (plus foireuses les unes que les autres) pour essayer d’expliquer à Mme Michu ce qu’est Internet en le comparant « à la vraie vie ».
rjadot
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@nina, je suis plutôt curieux d’attendre le commentaire (s’il y a) d’un expert en la matière tel que Maître Eolas. Néanmoins il y a une différence entre s’enfermer dans des considérations techniques et ignorer toute considération technique:
Citation:
«Rappelons que l’ANSES, un peu penaude, avait décidé de ne pas se porter partie civile. Mais le parquet, dont le représentant a confirmé à l’audience qu’il n’a « même pas compris la moitié des termes que j’ai entendus aujourd’hui », avait choisi de poursuivre coûte que coûte. Au nom de la mauvaise foi : « Vous saviez que cet extranet était normalement protégé ».»
À propos du Post Scriptum:
«une caricature, toujours à chercher des analogies (plus foireuses les unes que les autres) pour essayer d’expliquer à Mme Michu ce qu’est Internet en le comparant « à la vraie vie ».»
Hormis le côté hasardeux de vouloir séparer le medium de transfert de données qu’est Internet de « la vraie vie », il est normal d’utiliser des analogies. Une fenêtre, une icône, un bouton, des dossiers… tout ça ce sont déjà des analogies pour faire ressembler à « la vraie vie » ce qui n’est qu’une suite de 0 et de 1. Le simple fait de séparer «Internet», ou le Web de manière plus spécifique, de «La vraie vie» est une analogie en soi. Le fait de considérer qu’il y a « vol » de document, quand il y a en fait duplication de données est une autre analogie.
L’autre jour je vois la voiture de mon voisin, visiblement non verrouillée… J’en ai profiter pour aller faire un tour, rencontrer des potes dans un bar pour leur montrer la « caisse », on a bien rigolé… je suis rentré 2h plus tard. J’ai remis la voiture à sa place. Ni vu, ni connu…
Enfin, je croyais. Entre-temps le voisin avait paniqué (le nul)… Il est allé porter plainte pour vol… Bien que lui ayant restitué son bien, il a maintenu sa plainte… Le beauf dis donc…
Par dessus le marché, ma femme me suggère maintenant que j’aurais dû simplement taper à sa porte pour le prévenir de fermer sa voiture… Pfff… même pas drôle. Aucun humour celle-là.
PS : toute ressemblance avec d’autres analogies plus ou moins foireuses est purement involontaire… 😉
rjadot
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@SansImportance:
L’analogie de la voiture est en effet foireuse. Dans ce scénario, il s’agit bien de vol, même s’il y a restitution.
L’analogie de la photographie avec la colonne Morris est bien plus pertinente. Il y a eu copie de documents accessibles.
Je pense que juridiquement, le problème est moins la copie que l’exploitation publique de documents que l’auteur pouvait clairement supposer être confidentiels (à cause du login).
Quand on ne connaît rien du contexte, il est difficile de se prononcer.
Voilà une analogie qui me paraît plus pertinente: supposons que je marche dans la rue et que je vois clairement à travers une fenêtre une scène que je prends en photo. Certes la personne qui y habite a été négligente et à oublier de rabattre les rideaux.
Cependant l’exploitation de cette photo (par exemple si je la publie sur un blog ou un media social), peut être un sérieux préjudice, et certainement condamnable car n’ignore pas que la scène se déroule dans un lieu privé. Même si c’est pour informer une femme que son mari la trompe, ou juste pour plaisanter sur une scène amusante.
Si néanmoins je suis témoin du fait qu’une personne prépare des bombes artisanales, torture des chats, ou peu importe, à partir de quel moment, moralement, peut-on considérer l’exploitation publique de cet photo comme juste? (Dans le cas de Bluetouff, si les documents étaient compromettants, il aurait été plus judicieux de les transmettre à Wikileaks par exemple)
Bref, tout ça pour dire que pour moi, ce qui devrait être le nœud du jugement est l’exploitation de données collectées (la partie manquante du dessin ci-dessus), non le fait d’avoir osé lire des données librement accessible.
Nina
Je cite l’article de Numerama lié en fin de cet article :
« Les juges ont donc estimé qu’il [ndt: Bluetooff] avait connaissance du fait que la porte était anormalement ouverte, et qu’il aurait donc dû renoncer à télécharger les documents, et qui plus est à les exploiter dans deux articles publiés sur Reflets.info »
Condamnation tout à fait justifiée. S’enfermer dans des considérations techniques fait qu’on finit par jouer au con et par ne plus se rendre compte de ce que l’on fait.
Heureusement la justice est là.
PS : quant aux nombreuses tentatives d’analogies que j’ai pu lire sur le web à propos de cette affaire, elles sont le reflet du geek d’aujourd’hui : une caricature, toujours à chercher des analogies (plus foireuses les unes que les autres) pour essayer d’expliquer à Mme Michu ce qu’est Internet en le comparant « à la vraie vie ».
rjadot
@nina, je suis plutôt curieux d’attendre le commentaire (s’il y a) d’un expert en la matière tel que Maître Eolas. Néanmoins il y a une différence entre s’enfermer dans des considérations techniques et ignorer toute considération technique:
Citation:
«Rappelons que l’ANSES, un peu penaude, avait décidé de ne pas se porter partie civile. Mais le parquet, dont le représentant a confirmé à l’audience qu’il n’a « même pas compris la moitié des termes que j’ai entendus aujourd’hui », avait choisi de poursuivre coûte que coûte. Au nom de la mauvaise foi : « Vous saviez que cet extranet était normalement protégé ».»
À propos du Post Scriptum:
«une caricature, toujours à chercher des analogies (plus foireuses les unes que les autres) pour essayer d’expliquer à Mme Michu ce qu’est Internet en le comparant « à la vraie vie ».»
Hormis le côté hasardeux de vouloir séparer le medium de transfert de données qu’est Internet de « la vraie vie », il est normal d’utiliser des analogies. Une fenêtre, une icône, un bouton, des dossiers… tout ça ce sont déjà des analogies pour faire ressembler à « la vraie vie » ce qui n’est qu’une suite de 0 et de 1. Le simple fait de séparer «Internet», ou le Web de manière plus spécifique, de «La vraie vie» est une analogie en soi. Le fait de considérer qu’il y a « vol » de document, quand il y a en fait duplication de données est une autre analogie.
Pasploum
Sur le sujet ; à lire il me semble
http://reflets.info/aidez-nous-a-fa…
SansImportance
@Nina : +1 !!
L’autre jour je vois la voiture de mon voisin, visiblement non verrouillée… J’en ai profiter pour aller faire un tour, rencontrer des potes dans un bar pour leur montrer la « caisse », on a bien rigolé… je suis rentré 2h plus tard. J’ai remis la voiture à sa place. Ni vu, ni connu…
Enfin, je croyais. Entre-temps le voisin avait paniqué (le nul)… Il est allé porter plainte pour vol… Bien que lui ayant restitué son bien, il a maintenu sa plainte… Le beauf dis donc…
Par dessus le marché, ma femme me suggère maintenant que j’aurais dû simplement taper à sa porte pour le prévenir de fermer sa voiture… Pfff… même pas drôle. Aucun humour celle-là.
PS : toute ressemblance avec d’autres analogies plus ou moins foireuses est purement involontaire… 😉
rjadot
@SansImportance:
L’analogie de la voiture est en effet foireuse. Dans ce scénario, il s’agit bien de vol, même s’il y a restitution.
L’analogie de la photographie avec la colonne Morris est bien plus pertinente. Il y a eu copie de documents accessibles.
Je pense que juridiquement, le problème est moins la copie que l’exploitation publique de documents que l’auteur pouvait clairement supposer être confidentiels (à cause du login).
Quand on ne connaît rien du contexte, il est difficile de se prononcer.
Voilà une analogie qui me paraît plus pertinente: supposons que je marche dans la rue et que je vois clairement à travers une fenêtre une scène que je prends en photo. Certes la personne qui y habite a été négligente et à oublier de rabattre les rideaux.
Cependant l’exploitation de cette photo (par exemple si je la publie sur un blog ou un media social), peut être un sérieux préjudice, et certainement condamnable car n’ignore pas que la scène se déroule dans un lieu privé. Même si c’est pour informer une femme que son mari la trompe, ou juste pour plaisanter sur une scène amusante.
Si néanmoins je suis témoin du fait qu’une personne prépare des bombes artisanales, torture des chats, ou peu importe, à partir de quel moment, moralement, peut-on considérer l’exploitation publique de cet photo comme juste? (Dans le cas de Bluetouff, si les documents étaient compromettants, il aurait été plus judicieux de les transmettre à Wikileaks par exemple)
Bref, tout ça pour dire que pour moi, ce qui devrait être le nœud du jugement est l’exploitation de données collectées (la partie manquante du dessin ci-dessus), non le fait d’avoir osé lire des données librement accessible.