Temps de lecture 5 min
Chaque jeudi à 21h, rendez-vous sur le framapad de traduction, le travail collaboratif sera ensuite publié ici même.
Traduction Framalang :
Une bonne documentation change la vie des débutants
Atul Jha
Atul Jha utilise des logiciels libres depuis 2002. Il travaille en tant que spécialiste des applications au CSS Corp, à Chennai en Inde. Il aime parcourir les universités, rencontrer des étudiants et propager la bonne parole du logiciel libre.
En 2002, on naviguait sur Internet dans des cybercafés en raison du coût important des accès par lignes commutées. À l’époque, la messagerie instantanée de Yahoo était très populaire et j’avais pris l’habitude de discuter sur le canal #hackers. Il y avait quelques fous furieux là-dedans qui prétendaient qu’ils pouvaient pirater mon mot de passe. J’étais très impatient d’en savoir plus sur le piratage et de devenir l’un d’eux. Le lendemain, je suis retourné au cybercafé et j’ai tapé « comment devenir un hacker » sur le moteur de recherche Yahoo. La toute première URL dirigeait sur le livre d’Eric S. Raymond. J’étais fou de joie à l’idée d’entrer dans le cercle des initiés.
J’ai commencé à lire le livre et à ma grande surprise la définition de hacker était « quelqu’un qui aime résoudre les problèmes et dépasser les limites ». Il y est également écrit : « les hackers construisent des choses, les casseurs les brisent »(1). Hélas, je cherchais le côté obscur, celui des crackers, et ce livre m’a mené de l’autre côté de la force, celui des hackers. J’ai continué à lire le livre et à rencontrer divers termes nouveaux tels que GNU/Linux, liste de diffusion, groupe d’utilisateur Linux, IRC, Python et bien d’autres encore.
En poursuivant mes recherches, j’ai pu trouver un groupe d’utilisateurs de Linux à Delhi et j’ai eu l’opportunité de rencontrer de vrais hackers. J’avais l’impression d’être dans un autre monde quand ils parlaient de Perl, RMS, du noyau, des pilotes de périphériques, de compilation et d’autres choses qui me passaient bien au-dessus de la tête.
J’étais dans un autre monde. J’ai préféré rentrer à la maison et trouver une distribution Linux quelque part. J’avais bien trop peur pour leur en demander une. J’étais loin de leur niveau, un débutant totalement idiot. J’ai réussi à en obtenir une en payant 1 000 Roupies indiennes [NdT : environ 13,92 €] à un gars qui en faisait le commerce. J’en ai essayé beaucoup mais je n’arrivais pas à faire fonctionner le son. Cette fois-là, je décidai de consulter un canal IRC depuis le cybercafé. Je trouvai #linux-india et lançai : « g ok1 son ». Des injonctions fusèrent alors : « pas de langage SMS » et « RTFM ». Ça m’a fait encore plus peur et j’ai mis du temps à faire la relation entre « RTFM » et « read the fucking manual » [NdT : « lis le putain de manuel » dans la langue de Molière].
J’étais terrifié et j’ai préféré rester à l’écart de l’IRC pendant quelques semaines.
Un beau jour, j’ai reçu un courriel qui annonçait une réunion mensuelle de groupes d’utilisateurs Linux. J’avais besoin de réponses à mes nombreuses questions. C’est là que j’ai rencontré Karunakar. Il m’a demandé d’apporter mon ordinateur à son bureau, où il avait l’intégralité du dépôt de Debian. C’était nouveau pour moi, mais j’étais satisfait à l’idée de pouvoir enfin écouter de la musique sur Linux. Le lendemain, j’étais dans son bureau après avoir fait le trajet avec mon ordinateur dans un bus bondé, c’était génial. En quelques heures, Debian était opérationnel sur mon système. Il m’a aussi donné quelques livres pour débutants et une liste des commandes de base.
Le lendemain, j’étais à nouveau au cybercafé, et je lisais un autre essai d’Eric S. Raymond, intitulé Comment poser les questions de manière intelligente. Je continuais de fréquenter le canal #hackers sur Yahoo chat où je m’étais fait un très bon ami, Krish, qui m’a suggéré d’acheter le livre intitulé Commandes de références sous Linux. Après avoir passé quelque temps avec ces livres et en utilisant tldp.org (The Linux Documentation Project) comme support, j’étais devenu un utilisateur débutant sous Linux. Je n’ai jamais regardé en arrière. J’ai aussi assisté à une conférence sur Linux où j’ai rencontré quelques hackers de Yahoo ; écouter leurs conférences m’a beaucoup inspiré. Quelques années plus tard, j’ai eu la chance de rencontrer Richard Stallman qui est une sorte de dieu pour beaucoup de gens dans la communauté du logiciel libre.
Je dois reconnaître que la documentation d’Eric S. Raymond a changé ma vie et sûrement celle de beaucoup d’autres. Après toutes ces années passées dans la communauté du logiciel libre, je me suis rendu compte que la documentation est la clé pour amener des débutants à participer à cette extraordinaire communauté open source. Mon conseil à deux balles à tous les développeurs serait : s’il vous plaît, documentez votre travail, même le plus petit, car le monde est plein de débutants qui aimeraient le comprendre. Mon blog propose un large éventail de publications, qui vont des plus simples comme l’activation de la vérification orthographique dans OpenOffice à celles, plus complexes, traitant de l’installation de Django dans un environnement virtuel.
[1] NdT : Un hacker sait où et comment bidouiller un programme pour effectuer des tâches autres que celles prévues par ses concepteurs alors qu’un cracker est un pirate informatique spécialisé dans le cassage des protections dites de sécurité.
Julius22
J’ai quelques petites remarques à faire sur la traduction :
– « d’autres choses qui me passaient bien au-dessus la tête » -> « d’autres choses qui me passaient bien au-dessus DE la tête » ;
– pour les notes de traducteur, pourquoi utiliser des crochets à la place de parenthèses ? De plus, le premier crochet est suivi d’une espace à enlever ;
– il manque une parenthèse fermante après « The Linux Documentation Project » ;
– avant « écouter leurs conférences m’a beaucoup inspiré », j’aurais mis un point.
Sinon, c’est vrai qu’une documentation est très importante pour les débutants. Pour ma part, j’ai réellement apprécié le site mis en place par la communauté des utilisateurs francophone d’Ubuntu (ubuntu-fr) à mon arrivée dans le monde du libre par la distribution (un peu de troll : partiellement libre) Kubuntu.
KoS
J’ajoute un oublie de fermeture de parenthèse après (The Linux Documentation Project , mais c’est juste pour dire ;op
aragog
Tin la classe, même Bernard Pivot lit les articles du Framablog !
Goofy
merci Julius22 🙂
Pour le choix entre crochet et parenthèses, à ma connaissance les deux sont admis pour les notes de traduction. Si tu as une référence solide en faveur de l’un ou l’autre exclusivement je suis preneur.
N’hésite pas à nous rejoindre en relecture dès la fin des séances du jeudi (on n’est jamais assez nombreux à réviser) sur les pads.
Sébastien C.
C’est moi qui délire mal ou il y a aussi un problème avec
Je trouvai[S] #linux-india et lançai[S] : « g ok1 son ».
???
Sébastien C.
Pour ma part, je ne suis pas du tout développeur professionnel (loin de là), mais il m’est arrivé de programmer puisque ce que je voulais obtenir en application métier n’était pas disponible ni en application propriétaire ni en logiciel libre. J’ai ainsi pondu un jour une page Web (http://hydraule.org/bureau/ordi/ple…) capable de faire très rapidement ce qui est très long à faire à la main (et qui de surcroît propose un rendu très graphique ; accessoirement en art ASCII). Mais je savais m’adresser à des gens complètement hermétiques à l’informatique, même juste « usuelle ». J’ai donc dû pondre un mode d’emploi accessible avec un bouton « Aide ». Je ne dis pas que c’est aussi long à produire que pour la programmation proprement dite, mais il faut bien reconnaître que c’est la chose la moins gratifiante de tout l’ensemble et que le temps passé est souvent jugé vraiment déraisonnable !
Alors je me suis dit qu’il fallait rédiger et programmer EN MÊME TEMPS, et c’est ce que je fais en ce moment : http://hydraule.org/bureau/ordi/odl…
Cela présente un autre avantage auquel je ne m’attendais pas : celui de me m’ancrer dans la tête des choses que j’aurai oublié dans dix ans alors que je devrai sans doute remettre les mains dans le cambouis. Il en va de même pour les commentaires de code ; il ne faut JAMAIS oublier de commenter son code, au même titre que l’accompagnement d’un manuel à l’usage des pires simplets : nous pouvons nous-même le devenir passé un certain temps…
Donc oui, c’est nécessaire de « WTFM » (« Write »…) ; mais fÔ dire aussi que c’est quand même souvent très « brise-menu-menu »…
F.M. !
😉
Goofyfr
@Sébastien C. bel effort de documentation explicative en effet sur ton site ! (je n’y comprends rien mais ça c’est normal).
Pour répondre à ton autre commentaire il se trouve que c’est la conjugaison normale du passé simple
Sébastien C.
@Goofyfr : J’ai toujours eu du mal avec le passé simple. C’est d’autant plus difficile que dans les deux phrases qui précèdent : « J’en ai essayé beaucoup mais je n’arrivais pas à faire fonctionner le son. Cette fois-là, je décidai de consulter un canal IRC depuis le cybercafé. » il est quand même fait l’usage de trois temps, ce qui fait forcément valser mes petits neurones…
Autant dire : « au temps pour moi » !
😉
Julius22
@Goofy : Je n’ai pas de référence pour l’utilisation de crochets à le place de parenthèses. Je n’ai simplement pas l’habitude d’en voir (ce qui ne veut pas dire que c’est un bon usage, loin de là).
Pour le travail sur le pad, j’aurais bien voulu vous aider jeudi dernier mais j’étais trop fatigué pour ça. Je devrais être présent ce jeudi, par contre.