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Alors même que la plupart des compositeurs sont depuis longtemps dans le domaine public, il est extrêmement rare, voire impossible, de pouvoir écouter et partager librement de la musique classique de qualité, à fortiori lorsque le répertoire exige plus de quatre-vingts musiciens. Parce que l’interprétation elle est soumise au classique et restrictif droit d’auteur. Idem pour l’enregistrement qui entre dans le cadre des droits voisins.
Qu’à cela ne tienne, se dit le site Musopen. Ouvrons un projet Kickstarter et invitons le internautes à financer collectivement la location d’un orchestre symphonique jouant pour nous des morceaux qui iront eux directement dans le domaine public !
Ils souhaitaient atteindre la somme de dix mille dollars et ils en ont eu six fois plus, révélant ainsi une forte demande. Il y eut alors un compréhensible temps de latence nécessaire à trouver un orchestre symphonique[1] disponible et adhérant à cette idée saugrenue. Mais nous y sommes.
À l’ère d’Internet et de la bonne volonté, c’est aussi simple que ça :)
Nous attendons avec impatience le résultat sans craindre le moins du monde la foudre Hadopi.
MusOpen.org va diriger l’orchestre symphonique de Prague en janvier
MusOpen.org is Commissioning the Prague Symphony Orchestra this January
Terry Hancock – 4 janvier 2012 – FreeSoftwareMagazine
(Traduction Framalang : Clochix, Goofy et Don Rico)
2012 sera semble-t-il une grande année pour la culture libre. Et la nouvelle qui m’enthousiasme le plus, c’est que les enregistrements de symphonies prévus par MusOpen vont avoir lieu au mois de janvier. En septembre 2010, cette organisation pour la culture libre a réuni plus de 68 000$ (plusieurs fois leur objectif de 11 000$) via une campagne sur le site Kickstarter, avec l’intention de diriger un « orchestre de renommée internationale » pour interpréter les symphonies de Beethoven, Brahms, Sibelius et Tchaïkovsky.
Rien de surprenant à ce que la mise en place d’un tel projet ait pris beaucoup de temps – ses initateurs ont battu la campagne pour trouver un orchestre disponible et désireux de se charger de ce contrat, recherche effectuée avec l’aide soutenue des utilisateurs du site MusOpen, et au bout du compte, ils ont obtenu la collaboration de l’orchestre symphonique de Prague pour une session de plusieurs jours en janvier 2012.
Je trouve que c’est un excellent début d’année, de très bon augure pour les projets de culture libre !
Le site MusOpen constitue une ressource fantastique pour la culture musicale libre, et c’est une source de référence pour les projets de logiciels libres qui ont besoin d’intégrer des airs de musique classique. Non seulement les enregistrements sont stockés et indexés, mais on trouve également sur le site toute une bibliothèque de partitions libres en PDF que l’on peut utiliser pour divers projets, par exemple pour créer des fichiers MIDI qui illustreront des jeux. Ce site fait partie de ceux que je fréquente le plus lorsque je recherche de la musique sous licence libre destinée à mes projets.
Gee
Super initiative, j’ai hâte d’entendre le résultat 🙂
Un exemple type de ce qu’il y a de plus génial dans la culture libre…
SwissTengu
Superbe initiative effectivement. Seul bémol: ils utilisent un format lossy, propriétaire – j’ai nommé le MP3…
La musique classique, c’est du FLAC (lossless opensource), sinon ça ne vaut pas la peine :((.
Mais c’est un bon début :).
Odysseus
@Swiss Tengu : +1
5h4r0
Oui, un format lossless libre, c’est important.
Avec l’argent récolté, bien supérieur au besoin initial, il pourront aussi donner des CDAudio… \o/
La question : quel répertoire ? J’espère qu’ils ne vont pas enregistrer les 4 saisons de Vivaldi… 🙂
vulcain
+1 pour un format Flac
Wikipédia pourrait être intéressé, non ??
BaptisteJoxe
Belle initiative …
Par contre, niveau traduction, je pense que diriger (que vous employez souvent) n’est pas le mot. Ce serais plutot constituer un orchestre ou monter un orchestre (je suis du milieux du classique …). Diriger, ben, c’est un chef d’orchetre qui dirige.
^^
Thomas
« Beethoven, Brahms, Sibelius et Tchaïkovsky. » Comme quoi on peut aimer le libre et avoir mauvais goût…
Gaz
@Thomas : Oh le troll … !
Blayotl
Alors là eXCellent !
+1 pour du FLAC
+1 pour le Troll (^_^)
Tpt
@vulcain :
Les fichier sous licence auront leur place sur Wikimedia Commons, la médiathèque de Wikipédia et pourrront bien sûr illustrer les articles sur les oeuvres interpétés.
sbruck
Dommage que leur partition ne soit pas lié à musescore, mais passe par des pdf hébergés sur du google doc… :/
gnuzer
+1000 pour SwissTengu
Ah, récolter 68 000$ auprès d’un public plus ou moins libriste pour lécher le cul à MPEG-LA, franchement c’est beau.
[/cynisme grossier]
Bon, sinon je me réjouis bien sûr d’une telle initiative (dans le principe bien sûr, car c’est très bien d’avoir de la musique libre, or on ne peut bien évidemment pas considérer une musique libre si celle-ci n’est disponible que dans un format fermé), mais quelque chose me tracasse cependant…
On a *vraiment* besoin d’un « orchestre de renommée internationale » pour faire de la musique libre ?
Il me semblait avoir vu ces dernières années plein de projets musicaux (non-libres, évidemment) dont les musiciens étaient recrutés sur le net parfois même participaient directement depuis chez eux (via Youtube notamment)… C’est si dur que ça de trouver 80 musiciens libristes plus ou moins talentueux pour constituer un orchestre ?
C’est une vraie question, hein, je ne connais pas super bien les coulisses de la production musicale.
Aa
@Gnuzer : la différence entre former un orchestre de bric et de broc pour une occasion et s’octroyer les services d’un orchestre professionnel, ou du moins qui a l’habitude de travailler ensemble (il y a d’excellents amateurs), elle va se trouver dans la qualité finale.
Si on veut casser l’idée que le libre c’est du propriétaire au rabais (idée quand même assez répandue, pour la photo notamment), il faut s’en donner les moyens. Dans la musique classique, comme ailleurs, l’interprétation fait une grande partie de la qualité et peut sublimer ou massacrer une pièce. Ce n’est pas pour rien que le même morceau est enregistré, réenregistré, de multiples fois par des ensembles différents 🙂
Après, rien n’empêche des libristes de prendre le temps de travailler ensemble et au fil du temps d’enregistrer des pièces (on est quelques uns à y avoir déjà pensé), reste qu’on est souvent géographiquement éloignés, que pour un bon enregistrement de 30 min ça demande des semaines de travail, bref c’est un gros projet à monter.
Louis
Vous devriez jeter un coup d’oeil à l’Orchestre Symphonique de Montréal. Ils possèdent un excellent Chef d’orchestre en Kent Nagano et la toute nouvelle salle de concert est sublime! Tout y est optimisé pour obtenir le meilleur son possible.
Louis
Gaelf
Ciao, Tutti !
@Gnuzer :
monter un orchestre symphonique et enregistrer une œuvre syphonique sont deux «métiers» différents qui, non seulement requièrent des compétences différentes, mais en plus n’ont pas le même coût. un enregistrement dure (et coûte) quelques semaines, au pire quelques mois. monter un orchestre prend quelques années, voires décénies,
le temps que les musiciens apprennent à «sonner» ensemble.
c’est plus simple, et donc moins cher de recruter un orchestre pré-existant.
mais ça souffle une excellente idée : qui veut monter un orchestre dont les interprétations seront sous Creative Commons ?
@Sbruck :
sauf exeption inconnue, les partitions ne sont pas dans le domaine public. Il est expressément imprimé dessus : «Toute reprodution stictement interdite» un orchestre de quatre-vingt musiciens DOIT acheter quatre-vingt exempaires de la partition sous peine de devenir un vil pirate, terroriste, ou autre… (ce n’est pas moi qui le dit)
un peu comme précédement : on recherche des volontaires pour transcrire des œuvres libres de droits (par exemple avec Schwarz Musicwriter) sous forme de partitions et les diffuser librement.
l’action de Google.docs, il me semble, pose quelques petits problèmes juridiques.
@BaptisteJoxe :
le terme exact serait, je crois, «produire».
@Swiss Tengu et tutti :
++ !
c’est vrai qu’il existe les formats Flac et Ogg qui sont disponibles.
c’est vrai que diffuser ses enregistrements au format mp3 implique qu’on aie payé ou triché.
mais ces deux formats sont encore injustement peu connus. (et pour cause ?)
aussi, nous pourrions rassembler nos petites mimines vengeresses et leur suggerer gentiment. (anyone can write in english ?)
@Thomas :
oh, le petit troll !
comme il est mignon !
il a faim le petit chéri à sa maman ?
les Quatre saisons de Vivaldi ? ?
quelle horreur ! !
pardonnez-moi cette logorée, mais je crois que ça me touche un peu,
aux allentours du diaphragme, ce sujet.
Gaelf
et là, je m’apperçois que, moi-même,
je diffuse mes gribouillis musicaux au format mp3…
ooh !
la mezh !
Gaelf
j’en profite pour vous signaler Claire Billot-Jacquin,
dont j’écoute régulièrement les interprétation de Chopin.
mais on peut aussi apprécier celles de Schumann…
http://www.dogmazic.net/Claire_BillotJacquin
gnuzer
@Gaelf: « mais ça souffle une excellente idée : qui veut monter un orchestre dont les interprétations seront sous Creative Commons ? »
psychoslave nous récemment parlé d’un orchestre qui avait placé certaines de ses interprétations sous LAL : https://linuxfr.org/news/de-la-musi…
(y’a pas que les Creative Commons, dans la vie ! 😉 )
« on recherche des volontaires pour transcrire des œuvres libres de droits (par exemple avec Schwarz Musicwriter) sous forme de partitions et les diffuser librement.
l’action de Google.docs, il me semble, pose quelques petits problèmes juridiques. »
Heu… Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris… Les interprétations ne sont pas dans le domaine public, ça on le savait, mais les partitions non plus ? Mais alors quand une œuvre passe dans le domaine public, c’est quoi qui est dans le domaine public, concrètement ?
« mais ces deux formats sont encore injustement peu connus. (et pour cause ?) »
Les baladeurs numériques compacts sont tous vendus sous l’appellation « lecteurs mp3 ». Partant de là…
monartiste
Bonjour,
Je relaie cette belle initiative sur mon blog…
Merci à vous
MI
C’est une initiative qui a certainement son intérêt mais qui nie la rémunération secondaire des interprètes (80 musiciens) qui gagnent leur vie en interprétant de leur vivant des oeuvres de compositeurs vivants ou passés dans le domaine public.
Imaginez qu’on capte votre visage, votre voix et qu’on s’en serve indéfiniment pour toutes sortes de réutilisations commerciales ou pas sur le net ou autre. Seriez vous d’accord?
Ces oeuvres vont être réutilisées dans cette interprétation là, fruit d’un travail collectif et d’un enregistrement payé initialement on ne sait comment, en bafouant ce qu’on appelle le droit à la propriété intellectuelle des interprètes sur leur interprétation. Ce droit doit donner des rémunérations secondaires aux artistes qui ne vivent que grâce à leurs cachets de concerts, d’enregistrements et aux droits sur les utilisations secondaires de ces enregistrements. hadopi est mise en place pour essayer de contrôler ces dérives qui utilisent le travail d’artistes sans leur permettre de retirer le fruit de leur travail.
Beethoven n’est plus là pour toucher des royalties sur ses géniales compositions.Ni Tchaikovski ni Brahms ni Sibelius. Mais sans chaque musicien de l’orchestre qui rend cette musique à nouveau vivante et qui travaille dur pour cela, elles resteraient sous forme de partitions écrites dans un tiroir ou un disque dur que personne ne pourrait entendre.
Et vous savez bien que chaque interprétation est différente d’une autre, ce qui fixe l’importance de chaque orchestre , de chaque musicien qui le compose et de chaque chef d’orchestre pour le choix qu’en feront ceux voulant l’écouter ou la réutiliser.
Est ce qu’on doit alors considérer que tout cela ne doit plus rien rapporter aux musiciens une fois que l’enregistrement est fait? Seriez vous pour une disparition des musiciens professionnels alors même que vous recherchez la meilleure qualité d’interprétation et d’enregistrement pour vos réutilisations?
La culture libre oui, mais dans un système liberal ou la finance fait la loi et le profit laissé libre, y compris sur internet permettez moi de soulevez la contradiction. j’espère que ces 80 musiciens pourront au moins se partager les 68000$ récoltés ça fait 850$ par personne pour plusieurs jours ( j’ai oublié le chef qui va peut être en prendre la moitié à lui seul!) mais j’en doute. En tous cas sans autres droits jusqu’à la fin de leur vie ça ne fait pas lourd pour ces pauvres musiciens.
le MI
gnuzer
@MI :
« Imaginez qu’on capte votre visage, votre voix et qu’on s’en serve indéfiniment pour toutes sortes de réutilisations commerciales ou pas sur le net ou autre. Seriez vous d’accord? »
Et pourquoi pas ? Si on a choisi une licence libre, c’est qu’on est d’accord. Ces musiciens n’ont pas été forcés à jouer avec un flingue sur la tempe, que je sache.
« d’un enregistrement payé initialement on ne sait comment »
Comme il a été conçu, collectivement. https://en.wikipedia.org/wiki/Crowd…
« en bafouant ce qu’on appelle le droit à la propriété intellectuelle des interprètes sur leur interprétation »
WTF ? Ces musiciens ont choisi de mettre ces interprétations sous licence libre, donc s’attribuent certains droits, en se basant sur le copyright. Attribution et copyleft, ça ne te dit rien ?
« Ce droit doit donner des rémunérations secondaires aux artistes qui ne vivent que grâce à leurs cachets de concerts, d’enregistrements et aux droits sur les utilisations secondaires de ces enregistrements. »
Le droit d’auteur ne serait donc qu’une question de pognon ? Et si certains considèrent que leur droit de gagner de l’argent est moins important que le droit de toute l’humanité d’écouter, de partager et de modifier la culture ? Et si certains considèrent qu’il y a d’autres moyens de gagner de l’argent qu’en obligeant l’utilisateur à payer pour obtenir une copie d’un fichier ?
« hadopi est mise en place pour essayer de contrôler ces dérives qui utilisent le travail d’artistes sans leur permettre de retirer le fruit de leur travail »
Non. HADOPI est là pour envoyer du spam, interdire aux citoyens de partager leur accès wifi, caresser des mafias dans le sens du poil tout en faisant croire au beauf moyen que l’actuel Roi de France a réussi à dompter le méchant Ninternet.
En tout cas HADOPI n’interdit pas les licences libres. Je connais même des sites de musique libre qui bénéficient d’un label « PUR ».
« Mais sans chaque musicien de l’orchestre qui rend cette musique à nouveau vivante et qui travaille dur pour cela, elles resteraient sous forme de partitions écrites dans un tiroir ou un disque dur que personne ne pourrait entendre. »
C’est exact. Si tu as les moyens, tu peux aller sur le site musopen, cliquer sur le bouton « Donate » et faire un don du montant qui te paraît le plus juste.
« Est ce qu’on doit alors considérer que tout cela ne doit plus rien rapporter aux musiciens une fois que l’enregistrement est fait? Seriez vous pour une disparition des musiciens professionnels alors même que vous recherchez la meilleure qualité d’interprétation et d’enregistrement pour vos réutilisations? »
Arf, on y est. Après le piratage, ce sont les licences libres qui tuent les artistes maintenant. Décidément, les gens qui sont en phase avec la société de l’information sont tous des meurtriers.
Bon, plutôt deux fois qu’une : **Oui**, on peut gagner de l’argent sans obliger autrui à payer. Oui, on peut accepter l’économie de l’abondance, du don, du crowdsourcing et du micropaiement. Oui, on peut même refuser la logique du système monétaire débile dans lequel on vit actuellement et préférer se battre pour un dividende universel basé sur une création monétaire décentralisée.
« La culture libre oui, mais dans un système liberal ou la finance fait la loi et le profit laissé libre, y compris sur internet permettez moi de soulevez la contradiction. »
Il n’y a aucune contradiction. Les licences libres permettent le partage sous n’importe quel forme, y compris commerciale. Oui, tu peux essayer de vendre des copies de Debian, si ça te chante. Mais étant donné que la loi du marché privilégie l’offre la moins chère, je te souhaite bien du courage.
libre fan
+++ SwissTengu: «Superbe initiative effectivement. Seul bémol: ils utilisent un format lossy, propriétaire – j’ai nommé le MP3…
La musique classique, c’est du FLAC (lossless opensource), sinon ça ne vaut pas la peine :((.»
Bouh, écouté le début d’une symphonie de Beethoven en MP3, c’est de la soupe.
@MiI «Est ce qu’on doit alors considérer que tout cela ne doit plus rien rapporter aux musiciens une fois que l’enregistrement est fait?»
Sais-tu que les musciens d’un orchestre classique ne gagne aucune royalties sur les ventes des CD enregistrés. Ils ont droit à un cachet pour l’enregistrement, et ensuite plus rien. L’argument: c’est bon pour leur carrière de faire un CD, donc pas besoin d’autre rétribution que le cachet initial.
++++ gnuzer pour sa réponse détaillé à MI
++++ sbruck «Dommage que leur partition ne soit pas lié à musescore, mais passe par des pdf hébergés sur du google doc… :/»
Bon, je m’en vais leur écrire à Musopen (MP3 et PDF chez Google) et en plus pour les œuvres qu’on ne peut pas écouter malgré les boutons variés (il faut Flash en plus?)
Pour le moment, c’est mieux chez Magnatune: pas du tout la même optique, bien sûr, chez ce petit label indépendant chez qui nous pouvons acheter de la musique au format FLAC (les artistes sont rémunérés MI selon ce que les clients achètent et mieux que chez Universale).
Marie
excellent projet, je trouve. il faut bien ce genre de choses pour propager la culture.