Lire, écrire, compter et coder ? Faut pas déconner !

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L’informatique est de plus en plus présente dans nos vies et globalement toujours aussi absente dans l’éducation. Résultat, une sorte de frénésie s’est emparée de la plupart des observateurs  : il faut apprendre à la société à coder  !

Le Framablog n’est d’ailleurs pas le dernier à participer au mouvement  :

Une voix discordante vient cependant de se faire entendre récemment en suscitant de nombreuses réactions.

Une voix de l’intérieur, puisqu’il s’agit de Jeff Atwood, développeur de renom[1].

One Laptop per Child - CC by

N’apprenez pas à coder, merci.

Please Don’t Learn to Code

Jeff Atwood – 15 mai 2012 – CodingHorror.com
(Traduction Framalang  : Goofy)

Le nouveau mantra «  tout le monde devrait apprendre à programmer  » a pris des proportions tellement incontrôlables ces derniers temps que même le maire de New York a pris cette résolution du nouvel an.

Tweet - Mike Bloomberg

Voilà certes une noble déclaration propre à engranger les suffrages de la communauté techno de NYC, mais si le maire de la ville de New York a vraiment besoin de tricoter du code JavaScript pour faire son travail, c’est un symptôme de grave maladie pour la vie politique de l’état de New York. Même si M. Bloomberg se mettait vraiment à « apprendre à coder  », que Adam Vandenberg me pardonne cet emprunt, je crois qu’on aboutirait à quelque chose comme  :

10 PRINT "JE SUIS LE MAIRE"
20 GOTO 10

Heureusement, les risques qu’une telle prouesse technologique se produise sont proches de zéro, et pour une bonne et simple raison  : le maire de New York passera plutôt son temps à faire le travail pour lequel les contribuables le paient, et c’est tant mieux. Selon la page d’accueil du secrétariat du maire, il s’agit de lutter contre l’absentéisme scolaire, pour l’amélioration des services de transports en commun, pour l’équilibre de budget municipal en 2013 et… dois-je vraiment poursuivre  ?

Je m’adresse à ceux qui prétendent que savoir programmer est une compétence essentielle que nous devrions enseigner à nos enfants, au même titre que lire, écrire et compter. Pourriez-vous m’expliquer en quoi Micheal Bloomberg accomplirait mieux sa tâche quotidienne à la tête de la plus grande ville des USA s’il se réveillait un beau matin en étant devenu un petit génie de la programmation en Java  ? Il me semble évident qu’être un lecteur averti, un écrivain talentueux, et posséder le minimum requis en mathématiques sont essentiels à l’exécution du travail d’un politicien. Et à n’importe quel autre emploi du reste. Ça l’est beaucoup moins pour ce qui concerne la maîtrise des variables, des fonctions, des pointeurs ou de la récursivité,

Attendez, j’adore programmer. Je suis également convaincu que la programmation c’est important… mais dans le contexte adéquat, et pour certaines personnes. Tout comme un grand nombre de compétences. Je n’inciterais pas tout le monde à apprendre la programmation, pas plus que je ne pousserais tout le monde à apprendre la plomberie. Ce serait ridicule, non  ?

Plumbers

La mode du «  tout le monde devrait apprendre à coder  » n’est pas seulement néfaste parce qu’elle met la programmation sur un pied d’égalité avec d’autres compétences comme la lecture, l’écriture et le calcul. Selon moi, elle est mauvaise pour un grand nombre d’autres raisons.

  • Elle part du postulat que le monde entier désire ardemment davantage de code. En trente ans de carrière comme programmeur, j’ai constaté que… ce n’est pas le cas. Devriez-vous apprendre à écrire du code  ? Non, je n’en démords pas. Vous devriez apprendre à écrire le moins de code possible. Et même pas de code du tout, idéalement.
  • Elle présuppose que la programmation est un but en soi. Les développeurs de logiciels ont tendance à devenir des drogués de la programmation qui croient que leur travail consiste à écrire du code. Ils se trompent. Leur travail consiste à résoudre des problèmes. Ne célébrez pas la création de code, célébrez la mise au point de solutions. Nous avons déjà une pléthore de codeurs complètement accros à l’idée d’ajouter encore une ligne de code.
  • Elle met la charrue avant les bœufs. Avant de vous précipiter pour apprendre à coder, analysez soigneusement la nature exacte de votre problème. Avez-vous seulement un problème, au fait  ? Êtes-vous capable de l’expliquer à d’autres de manière compréhensible  ? Avez-vous mené une recherche approfondie des possibles solutions à ce problème  ? La programmation permet-elle de résoudre le problème  ? En êtes-vous sûr  ?
  • Elle suppose qu’il existe une cloison mobile de l’épaisseur d’une feuille à cigarette entre apprendre à programmer et en faire une activité professionnelle rémunérée. Regardez un peu ces nouveaux programmeurs à qui l’on propose des emplois payés sur la base de $79k/an (NdT  : environ 62 000 euros) après avoir assisté à une simple session d’entraînement de deux mois et demi  ! Vous pouvez même apprendre le Perl par vous-même en 24 heures  ! Certes j’adore que la programmation soit un domaine égalitaire dans lequel les diplômes et les certifications sont sans objet en regard de l’expérience, mais il va bien falloir vous y plonger pendant dix mille heures comme nous tous.

Je suppose que je peux accepter l’idée qu’apprendre un peu de programmation vous permet de savoir reconnaître ce qu’est le code, et quand le code peut être un moyen adéquat d’aborder un problème que vous rencontrez. Mais je peux aussi bien repérer des problèmes de plomberie quand j’en vois sans avoir bénéficié d’une formation spécifique dans ce domaine. La population au sens large (et ses dirigeants politiques) tirerait probablement le meilleur profit d’une meilleure compréhension du fonctionnement d’un ordinateur et d’Internet. Être capable de se débrouiller avec Internet est devenu une compétence vitale de base, et c’est ce qui devrait être notre obejctif principal prioritaire, avant de nous jeter à corps perdu dans la programmation.

Merci de ne pas argumenter en faveur de l’apprentissage de la programmation pour le plaisir d’apprendre à programmer. Ou pire encore pour le nombre de zéros sur le bulletin de paie. Je suggère humblement que nous passions plutôt du temps à apprendre à…

  • Mener des recherches avec avidité, et comprendre comment fonctionnent les choses autour de nous à un niveau basique.
  • Communiquer efficacement avec les autres êtres humains.

Voilà des compétences qui vont bien au-delà de la pure programmation et qui vous aideront dans toutes les circonstances de votre vie.

Notes

[1] Crédit photo  : One Laptop per Child (Creative Commons By)

32 Responses

  1. Superbaillot

    Personnellement, je serai favorable à un apprentissage minimum de l’informatique aux plus jeunes. Leur apprendre ce qu’est un ordinateur du point de vu matériel en leur expliquant le fonctionnement général. Ensuite, leur apprendre à coder n’est pas non plus une mauvaise idée. Je parle des bases. Ça leur permettrait de savoir un peu mieux comment marche un ordinateur qu’il vont sûrement devoir utiliser tout au long de leur vie. Je suis bien conscient ( et bien placé pour le savoir car c’est mon métier 🙂 ) que coder, c’est un vrai métier, mais de la même manière que physicien est un métier, ça n’empêche pas de faire de la physique de base à l’école.

    Quand à la phrase « Pourriez-vous m’expliquer en quoi Micheal Bloomberg accomplirait mieux sa tâche quotidienne à la tête de la plus grande ville des USA s’il se réveillait un beau matin en étant devenu un petit génie de la programmation en Java ? », j’ai plusieurs réponses.
    D’abords, dans le même genre de questions « pas intelligente » : est ce que le fait de maîtriser le système digestif de l’homme ferait de lui un meilleur maire? Pourtant, on apprend très tôt ça à l’école. Tout ça pour dire que tout ce qu’on apprend à l’école ne peut pas servir dans tous les métiers. L’école nous sert à acquérir des connaissances de base dans beaucoup de domaine et on approfondi un ou plusieurs domaine pour un métier.
    Ensuite, peut-être pas le maire de New-York en particulier, mais les politiques en général, s’ils avaient des connaissances minimales en informatique, ça leurs éviterait de nous pondre des lois stupides telle hadopi, acta, ou autre.

  2. iGor

    Je trouve au contraire que M.Bloomberg devrait passer beaucoup de temps à apprendre. À programmer et à faire bien d’autres choses. Il passerait son temps à faire autre chose que défendre ses potes nuisibles de Wall Street contre le ras-le-bol de ceux qui produisent des choses utiles.

  3. Lolo le 13

    Il me semble que le terme complet du métier doit être « analyste-programmeur », non ?

    Et ce que nous cherchons finalement à faire en faisant apprendre à « coder », c’est justement l’autre partie du programmeur.
    Traduire mot à mot ou ordre à ordre, tout le monde peut le faire. Et avec un peu de pratique (10 à 100 000 heures de répétition environ), on arrive même à connaître le langage dans lequel on code sans aller chercher dans le manuel ou le livre d’apprentissage. Il me semble qu’on appelle ça être professionnel, d’ailleurs.

    Mais le métier ne se limite pas à traduire du français en un code de programmation. C’est avant tout de l’analyse du besoin et de la tâche à automatiser ou à permettre. C’est cette partie précédent le processus créatif qui est LA chose à faire apprendre par tout citoyen du 21e siècle.
    Et le meilleur moyen d’apprendre à analyser un besoin pour en faire un programme, c’est de créer au moins un programme soi-même de zéro. Pour ça, apprendre un langage de programmation n’est non plus le but mais le moyen. C’est là d’ailleurs qu’on voit que le langage soit du python, du perl ou n’importe quoi d’autre, n’importe en aucune manière sur ce qu’on cherche à faire apprendre pour libérer le citoyen.

    Deux citations pour finir :
    « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt » et http://www.howtogeek.com/102420/gee

  4. idoric

    Suivant le même raisonnement, on ne devrait pas apprendre aux gamins à résoudre des équations, puisque pour la plupart ça ne leur servira pas dans leur vie et leur métier, ni les bases de la génétique, les grands faits de la seconde guerre mondiale ou le fonctionnement des institutions de l’Union Européenne… Sauf qu’on forme (ou du moins on devrait) les citoyens de demain, et pour cela il faut qu’ils puissent appréhender (à défaut d’être spécialistes) tous les aspects du monde qui les entourent.

    Un exemple, un seul : pourquoi quasiment seuls les geeks et les informaticiens s’élèvent contre le vote électronique et/ou par internet ?

  5. ChristianJules

    Pas très bien argumenté, tout ça … La mode de l’apprentissage du code ne présuppose rien de ce qui est affirmé ici. Elle présuppose que, dans un environnement de plus en plus saturé d’objets informatiques, il est bon que tout un chacun possède quelques bribes de compréhension du fonctionnement interne de ces objets.
    En d’autres termes, la culture, c’est aussi l’informatique – et l’informatique, c’est aussi le code.

  6. virtualabs

    Le point mis en avant dans cet article est très intéressant, et tout à fait juste à mon avis. Pourquoi cette idée du « tout le monde devrait savoir coder » a-t-elle germée ? Simplement du constat qu’actuellement, l’esprit d’analyse et critique des jeunes est faible ou leur fait tout simplement défaut. Le terme « coding » se réfère d’une part à la méthode d’analyse et de résolution d’un ou plusieurs problèmes identifiés, et d’autre part à la transcription de cette solution dans un langage que la machine est en mesure de comprendre. Pour faire plus simple, on élabore une solution logique et reproductible à un problème, et on indique à une machine comment elle doit résoudre le même problème avec la solution élaborée.

    Le point important est la réflexion, l’élaboration de la solution. La phase « pissage de code » permet tout simplement de la valider. En réalisant cette solution, on fait intervenir de la déduction, de la logique, et son sens pratique. Ce qui distingue les bons développeurs n’est pas que la qualité de leur code, mais aussi la qualité de leurs solutions (en terme d’efficacité et de coût).

    Dire que tout le monde devrait savoir coder ne revient pas à dire que tout le monde devrait « pisser du code », mais plutôt que tout le monde devrait être sensibilisé à cette manière de réfléchir, d’élaborer des solutions qui sont propres aux développeurs. C’est-à-dire analyser le problème, analyser les contraintes, élaborer une solution générique et la plus efficace possible en prenant en compte les contraintes. En somme, que tout le monde prenne goût à résoudre des problèmes, à exercer son sens de la logique et de la déduction dans des problèmes de tous les jours. Et pas simplement savoir créer un « Hello World » en BASIC. Mais cela peut être un plus.

    En continuant la réflexion dans ce sens, on peut aussi dire que tout le monde devrait utiliser Linux, car Linux a une rigueur que d’autres OS n’ont pas, et permet de faire énormément de chose. Comment ça je trolle ?

  7. Fabou

    C’est marrant parce que dans son blog que j’ai rapidement parcouru, il a un article ou il décrit un virus passant par un site web qu’il a recconnue en tant que tel facilement. Ce pendant il reconnait qe celui-ci tromperait l’utilisateur moyen. Apprendre à programmer un minimun ou du moin comprendre le fonctionnement des ordinateurs est le plus sur moyen de ne pas tomber dans les piège les plus basiques.
    Et dans la municipalité d’une ville de la taille de new york j’espère qu’il y a au moins des gens qui savent programmer car il utilisent forcément du code pour faire fonctionner la ville et il serait dommage qu’ils se fassent arnaquer ou autre en etant obligé de faire confiance aveuglément à un intervenant extérieur (je dis pas qu’il doivent tous faire eux même mais au moins savoir de quoi ils parlent).
    De la même façon avoir fait un peu de bricolage dans sa vie est le plus sur moyen de ne pas payer une fortune un plombier peu scrupuleux pour une fuite.

  8. Timyus végétari

    Bonjour,

    Apprendre à coder est intéressant soit pour développer une passion, soit pour un métier, mais en dehors de ça, je ne vois pas. J’ai lu qu’on parlait de cultiver l’analyse, les capacités à résoudre des problèmes… mais ce n’est pas le code qui fait cela. C’est l’algorithmie qui sert d’outil d’analyse, de raisonnement. Cette discipline utilise soit du pseudo-code qui peut-être tout simplement notre langue maternelle ou la langue que l’ont souhaite, soit du langage mathématique, mais aussi des schémas (algorigrammes). Avec l’algorithmie, l’apprentissage des outils de représentation des concepts ou des systèmes pour la réflexion comme la carte heuristique ou les méthodes qu’on apprend sous l’intitulé « génie logiciel » dans l’université où je suis allé, comme l’UML par exemple, sont autant de choses qui serviraient efficacement dans la vie courante et dans de nombreux métiers.

    Le code n’est que savoir convertir les algorithmes en quelque chose de compréhensible par l’ordinateur, rien d’autre il me semble. Avis de programmeur 🙂

  9. vvillenave

    Mouais. C’est du niveau des arguments selon lesquels ils faudrait cesser d’enseigner les langues antiques dans l’Éducation Nationale. Alors qu’il s’agit, tout simplement, d’une question de culture : certes, on peut vivre sans, mais on ne sait jamais quand on peut en avoir besoin et cela fait alors toute la différence… Une anecdote toute récente vient de l’éclairer : dans le gros procès d’une importance déterminante qui se joue en ce moment entre Oracle et Google aux États-Unis (et qui pourrait rendre la vie impossible à des milliers de logiciels Libres selon son issue), l’on vient de découvrir — coup de théâtre inoui — que le juge Alsup, chargé du dossier, était lui-même un codeur ! http://www.osnews.com/story/25956/A
    (La tête de l’avocat d’Oracle qui était en train d’expliquer qu’en copiant 9 (NEUF!!!) lignes de code Google avait gravement spolié Oracle, lorsque le juge lui répond : « Hého, des fonctions comme ça j’en ai codé des centaines, n’importe quel crétin pourrait le faire et même vous, alors ne soyez pas ridicule »…) Alors, oui, le code est aujourd’hui un élément incontournable de la culture de tout « honnête homme » qui se respecte. Et c’est tant mieux.

  10. Julie

    A tous les arguments pour une initiation au code développés dans les commentaires précédents, j’en ajoute un : l’apprentissage de la rigueur. Nos enfants et nos ados se contentent trop souvent d’un vague « à peu près » dans leurs réponses, ce que le code ne permet pas. Donc, oui, apprendre à coder aux enfants serait utile, non pas pour en faire des programmeurs, mais pour en faire des esprits un peu plus accomplis.

  11. deadalnix

    J’avais réponde à Jeff Atwood en anglais, et je vais le refaire ici.

    En pensant que ce mouvement à pour but de créer des développeurs pro, il se trompe. Il a raison sur certains points : la plupart des programmeurs sont très mauvais, et c’est difficile d’en trouver des bons.

    Je ne suis pas plombier. Mais je sais faire couler de l’eau dans un tuyau.

    De même, j’ai appris la physique, mais je suis loin de comprendre toutes les subtilités du LHC.

    Ce mouvement a pour but de donner les outils aux enfant pour comprendre le monde qui les entourent. Pas d’en faire des professionnels de l’informatique. pour se faire, connaître un langage de programmation ne suffit pas, loin de la.

  12. Marie-Odile Morandi

    Bonjour,

    Aux plus jeunes on pourrait apprendre à écrire des algorithmes en français avec papier et crayon…. Mais… pas encore ….
    Dans l’Éducation on a décidé (ou pas) de commencer par la fin !

    Amicalement

  13. TV

    Bonjour,

    Dans l’Education Nationale on est surtout en train de supprimer la culture (voir les nouveaux programmes d’économie, histoire, mathématiques, physique).
    Dans le temps, en primaire, on travaillait avec Logo et ainsi on découvrait la géométrie en codant.
    Je pense que l’informatique devrait être enseignée dès le primaire.
    Donc analyse, code, logique, électronique, réseaux, internet …

    Pour revenir à l’article, je suis plutôt d’accord avec l’auteur, sauf qu’on doit connaître un minimum de code car c’est le meilleur moyen de tester un algorithme. Mais cela doit rester un outil.

    TV

  14. Llu

    Je comprends les arguments contre/pour l’apprentissage du code même si je penche plus pour les arguments pour. D’accord avec deadalnix, le but n’est pas de devenir pro.

    Je voulais juste dire à ceux qui disent que le code, ça aide à être rigoureux. La grammaire, aussi, aide à être rigoureux. Sauf qu’on ne l’apprend plus correctement aux gamins. Le latin aussi, et ça ouvre de grandes portes pour l’apprentissage linguistique.

    L’apprentissage du code juste pour apprendre à être rigoureux… La rigueur peut s’apprendre avec n’importe quelle matière, ça dépend juste de la façon dont on l’enseigne. Si les gamins répondent à peu près, c’est parce qu’on n’exige pas plus d’eux.
    Du code dégueulasse, ça existe. Le mec qui l’a pondu, il a été rigoureux ? J’en doute. Si on apprend à coder aux gamins mais qu’on se contente d’un truc qui marche (peu importe si le code est optimisé), je ne vois pas où est l’apprentissage de la rigueur 🙂

    Par contre, pour comprendre un peu mieux le monde informatique et pour étendre sa culture générale, oui ! Les gens devraient au moins avoir entendu parler d’un/des langage(s) de programmation.

  15. gerard

    Apprendre à coder ? Ne pas apprendre à coder ?
    Réflexion qui ne sortira pas d’un petit groupe parmi le petit monde de l’informatique. Bref, c’est un sujet qui invite plus les informaticiens à prendre du recul sur leurs métiers.

    Coder, pas le temps pour ces conneries, pourrait-on dire. Puis, les interfaces informatiques font de nos machines – et c’est tant mieux – des objets de plus en plus aussi simples à utiliser que nos fours à micro-ondes.

    Qu’on enseigne aux enfants ce qu’est Internet est une bonne chose : un réseau de merde, où tu te fais exploiter, piller, pister, traquer, arnaquer, où tu es exposé à tous les connards du monde, tous les arnaqueurs, toutes les médiocrités intellectuelles, exposé à tous ces contenus que tu aurais préféré ne jamais voir.

    Internent doit revenir aux institutions, universités, organisations et commerces, point.

    Qu’on informe de la réalité d’Internet disais-je, est une bonne chose. Apprendre à coder en revanche ne sert à rien.

    Et puis, quel langage de programmation ? Le javascript qui fait que 80% des internautes du monde ne peuvent plus consulter le Web dans de bonnes conditions car ils ne disposent pas d’un Intel i5 + 4Go de RAM que ce langage de merde a rendu nécessaire ?

    Ou alors un langage de programmation en relation avec une base de donnée, comme ceux utilisés par tous les Big Brothers en herbe qui nous emmènent droit vers le fascisme numérique ?

    A moins qu’on leur enseigne un langage de programmation comme ceux qui permettent de paralyser un pays, de défacer un site Web ou de hacker afin de s’en prendre lâchement à des individus afin de leur faire un procès inquisitoire sur la place publique du Web ?

    Oui je sais, « on n’est pas responsable de l’utilisation faite par un outil neutre ». Vous êtes en tous cas responsables de votre laisser faire.

    Peut-être faut-il arrêter là les conneries.

  16. idoric

    @gerard
    Cela fait quelques temps qu’on peut vous lire ici même, et une question me tarode : quel intérêt trouvez-vous à venir et revenir sur ce site et y laisser des commentaires, compte tenu de votre opinion bien tranchée quant à internet et aux rédacteurs et lecteurs de ce blog ?

  17. Saby Sab

    Merci pour ce post. Cela m’a fait du bien de lire ça. Je suis en ce moment entrain de faire du coding à longueur de journée alors que ma formation principale est la biologie!! Pourquoi? Parce qu’on fait des statistiques pointues et que le seul moyen actuel pour les résoudre est d’écrire soi même son code. Donc oui, je fais du coding. Non, ce n’est pas optimisé, j’ai appris sur le tas. Comme a dit Lolo le 13, le code est un moyen et non un but! Et aussi comme a dit virtualabs pour moi, le point important est la réflexion, l’élaboration de la solution (d’ailleurs soi dit en passant, j’adore l’expression « pisser du code ». 😉 )

    Ce qui m’exaspère est qu’il y a effectivement des personnes qui ne raisonnent plus que comme ça et qui n’ont que ce mot à la bouche: « Ecris ton code! », comme si cela allait résoudre tous les problèmes. Certes! Mais je n’ai pas été formée à ça. Donc mes codes s’améliorent avec le temps (on revient aux heures de travail et/ou de formation) mais ce n’est toujours pas ma tasse de thé. Et pourtant je n’ai pas le choix.

    Beaucoup de commentaires parlent de rigueur. Mais c’est pas tout à fait vrai non plus. On peut être rigoureux sans faire du coding 🙂 Et ce n’est pas parce qu’on a écrit un bon code que cela résolvera forcément le problème… Si le problème n’a pas été bien cerné, on pourra écrire tous les meilleurs codes du monde, cela ne donnera pas la bonne solution…

    Il y a des personnes qui disaient que cela devait faire parti de l’éducation. Autant il me semble nécessaire d’apprendre l’informatique désormais car tout le monde aura affaire à un ordinateur, autant cela me semble ridicule d’imposer aux jeunes de devoir faire du code. Après que cela devienne une option potentielle que l’on peut choisir pourquoi pas? Il y avait qq’un qui disait dans ses commentaires que ce post était ridicule, c’était comme si on arrêtait d’enseigner les langues mortes. Mais après, faire du latin ou du grec reste une option et ce n’est pas imposé… Et encore, peut être que j’étais dans une école « spéciale » mais j’avais appris à l’école à faire des loops par exemple. Sans aller plus loin…

    Bref, je ne veux pas forcément m’attarder. J’ai découvert par hasard ce blog et cela m’a juste fait énormément de bien de le lire alors que j’étais en train de me prendre la tête à écrire des lignes de code justement. Chacun son truc comme on dit!

  18. AvecDesPoils

    Tout dépend ce qu’on entend par « apprendre à coder ».
    Il me semble qu’il serait plus clair de parler d’apprendre à programmer ou d’apprendre la programmation informatique.

    Ensuite, est-ce qu’on parle d’apprendre à programmer en général, dans un paradigme particulier ? dans un langage particulier ? Selon ce dont on parle, les arguments valables ne sont pas les mêmes.

    Pour ma part, il me semble que parmi les aspects de l’informatique intéressants pour tous, on peut citer l’algorithmique et la modélisation. Après, je pense qu’au niveau des fondamentaux, il faut surtout renforcer la logique et plus généralement mieux intégrer les sciences cognitives.

  19. bin

    Article qui presente un point de vue complètement réactionnaire et je m’étonne de le trouver ici.
    Il me semble essentiel de donner cette competence au plus grand nombre.
    Apprendre a programmer c’est comme apprendre a cuisiner on va pas faire de tous les gamin des chef de 3 étoiles mais cette compétence peut se reveller utile pour comprendre les système et résoudre des petit problèmes.

  20. flipflip

    A quand l’administration système et réseau à la maternel ?!
    Que les enfants apprenne à utiliser un ordinateur oui bien sur mais de la à les faire coder faut pas déconner…

  21. sam101

    flipflip -> Pourquoi pas ? Ca développe une capacité d’analyse qui reste très pratique dans tous les autres domaines (ça m’a bien servi personnellement d’avoir commencé à programmer à 10 ans dans mes études), et en plus ça à un coté fun ? donc pourquoi pas ?

  22. idoric

    @flipflip
    > A quand l’administration système et réseau à la maternel ?!
    > Que les enfants apprenne à utiliser un ordinateur oui bien sur mais de la à les faire
    > coder faut pas déconner…
    À quand la topologie et la théorie des nombres à la maternelle ?!
    Que les enfants apprennent à utiliser une calculatrice oui bien sûr mais de là à leur faire résoudre des équations faut pas déconner…

  23. Ginko

    @Saby Sab,

    Justement, si tu avais eu des cours de sciences informatiques (et non, je n’emploie pas ce terme réducteur « programmer », justement utilisé par l’auteur pour biaiser la réflexion afin de faire passer son point de vue réac’), tu galèrerais moins aujourd’hui.

    De même, si TOUT le monde avait les bases en sciences informatiques, on aurait pu t’indiquer que tu te dirigeais vers un taf qui nécessiterait des compétences en programmation (conseiller d’orientation, professeurs, etc) et tu aurais pu t’orienter vers de la bio qui ne nécessite pas de programmer…

    Enfin, si les universitaires avaient conscience de l’importance de la chose, ils intégreraient des cours de sciences informatiques dans les cursus.

    En tous cas, oui, la programmation rentre de plus en plus dans les compétences de base des chercheurs, sans pour autant qu’ils y soient formés. Du coup, la qualité de leur code est la plupart du temps médiocre (vraiment). Et alors que les publications sont censées permettre la reproduction des données et expériences, beaucoup cachent leur code ou le transmettent dans des formats empêchant leur lecture/réutilisation. « Fail ».

    Bref, s’il y a IMHO, une population qui devrait prôner cet apprentissage, c’est bien celle des chercheurs. Râler en disant « j’aime pas ça » et « on m’a pas formée pour » ne fera pas avancer le schmilblik. Autant se poser au fond de l’estuaire de l’amazone pour essayer d’en arrêter le courant…

  24. programaths

    Je noterai qu’on parle bien de « calcul » et non de mathématiques dans l’article.

    La vérité est là: Le cours de mathématique visaient les capacité de raisonement logique et de modélisation.

    Un étudiant de CM2 était capable de modéliser de problèmes simple comme ceux du robinet et de la baignoire. Vous savez le type de problème qu’on voit dans les sketchs à l’heure actuelle!
    A l’here actuelle, les mêmes étudiant « calculent » des intégrales, multiplient de matrices,…

    Je ne faisais pas de l’UML pendant mes cours de maths mais je me rappel très bien des textes qu’on devait écrire «Posons X comme étant…», les arbres, les tableux, …

    A la place de vouloir apprendre à coder, il faut rétablir le cours de maths. Revenir à ces origines!

    Vous voulez voir de vos yeux les conséquences ? Achetez le Wall Street Journal et demander une interprétation de quelques graphiques ! Vous serez surpris par le nombre de réponses différentes plus les quelques un qui vous répondront : «Je n’ai pas appris».

    3.415129
    Christian

  25. gaffy

    Tient, on dirait que cet article fait des ravages dans l’élite de l’informatique et surtout celle dite « libre ». :o)
    Soyons vinaigre aussi.

    Finalement, ça fait du bien de lire une voix dissonante face à ce déferlement de commentaires gesticulatoires qui tentent de trouver n’importe quelle utilité au savoir coder, au cartésianisme renforcé, de transformer nos têtes blondes en parfaites machines prête à maîtriser les machines du monde informatisé.
    Donc, bourrons ces gosses de cette logique dès le plus jeune âge (car n’espérons même pas que ce soit fait de la manière idéale), dégageons aussi un peu d’histoire, un peu de lecture et de poésie, un peu des arts plastique, musicaux et d’autres aussi qui servent beaucoup moins de nos jours pour y faire place nette à l’outil d’aliénation et de destruction totale de demain. Ça nous manque tellement les « informaticiens » et leurs jouets toujours plus haut, plus fort, plus loin, plus pour tous et plus partout et donc plus polluants, pour résoudre tous nos petits problèmes du quotidien. Saturons et gardons-le saturé d’objets électroniques, n’est-ce pas ChristianJules ?
    Et d’ailleurs, je ne vois pas en quoi ça stimulerai plus les gamins que les math appliqués avec des problèmes de bonbons ou de vitesse de footballeur (merci programaths). Quand ils ont décidés que ça ne les intéresse pas… ça ne sert à rien d’aiguiser la machine à échec.

    Au moins, je trouve aussi que de nombreux points dans le commentaire de gerard apporte un peu plus de fraicheur et de nouveauté que la plupart ici, tous avec leur odeur de bits renfermés. À croire que dévaloriser le métier, c’est dévaloriser l’être; que commencer à comprendre qu’un mauvais choix a été fait dans ses activités ce n’est pas forcément être idiot telle que le système éducatif et le relai de la publicité le dispense chaque jour qui passe (ce qui semble insurmontable ici) mais juste par besoin alimentaire, par manque d’ouvertures ou simplement par changement d’humeur. Ce que le monde informatisé de la marchandise nie totalement.

    Donc non, je ne fait pas partie de cette majorité ici « pour apprendre à coder à l’école », même pas pour y apprendre l’algorithmique qui présuppose aussi avant tout à apprendre et comprendre l’algèbre de Bool, n’en déplaise à Timyus végétari.

    Je prends aussi énormément de recul sur mon job (oui j’ai vu des drogués du code qui a coté son infoutu d’avoir la moindre perception du SI dans lequel ils sont confinés, comme quoi, si le code est la loi mais qu’il n’y a pas de couillons pour la faire respecter…) et ce qui pourrait s’appeler « passion » pour certains, mais qui en toute honnêteté – et je n’ose parfois me l’avouer- n’est qu’un pur chronophage et un tueur social. J’y songe de temps en temps. Et j’en arrive rapidement à la conclusion lapidaire : tout ça, c’est vraiment de la merde.

  26. Ginko

    @gaffy : un bon troll ne commence pas par se revendiquer d’un troll officiel… tout se perd de nos jours…

  27. gaffy

    Ginko, comme beaucoup d’internautes qui fréquentent les forums, tu es malléable.
    Je t’offre 2 pilules virtuelles :

    – la rouge : où en fait je suis totalement sérieux, tous les intervenants ici et Jeff également; dans ce cas tu peux continuer à rêver d’être un chasseur de légende(s).
    – la bleue : où finalement tout ceci est un pur troll, que je l’alimente soigneusement et que du chasseur tu deviens le chassé.

  28. Ginko

    @gaffy,

    euh… j’aime les steaks bien saignants ?

    :p

  29. Shimegi

    L’idée que tout le monde devrait savoir coder semble être assez répandue dans le Libre, au prétexte du fameux « Do it yourself ». Autant il est louable de souhaiter que chacun maîtrise son environnement et le comprenne, autant il est faux de pense qu’il faut savoir faire quelque chose pour le comprendre. Pour reprendre l’opposition au vote électronique, savoir coder n’est pas nécessaire pour comprendre le risque : le simple fait de devoir maîtriser une compétence particulière pour être en mesure de contrôler le vote devrait disqualifier ce type de vote.

    J’ai moi même des projets (sur le Libre toussa) qui nécessitent de savoir coder. J’ai contacté des gens, en demandant des conseils, des compétences, non pas pour faire à ma place mais pour m’aider à dresser les grandes lignes techniques, estimer la faisabilité. Quelques minutes de temps. Ben figurez vous que c’est très difficile à avoir, et qu’en dépit du bon sens j’apprends à coder. Et pendant ce temps je ne fais pas ce que je sais mieux faire.

    J’en suis venu à considérer que cette propension à dire que tout le monde devrait savoir coder est un cache sexe au manque de compétences annexe des codeurs, à leur enfermement progressif dans un nouveau corpus, eux qui prétendent briser les hiérarchies et en crée ainsi une nouvelle : eux qui savent faire, et les autres qui ne savent pas.

    Qu’en fait de « libriste » beaucoup ne sont finalement qu' »opensourciste », et que le « Do it yourself » ne signifie pas tant « tu peux le faire » que « débrouille toi »

    Le « hacker » est devenu le nouvel idéal de l’homo numericus, celui qui crée, transforme et adapte les outils. Mais avec un peu de recul, le hacker n’est rien d’autre que l’artisan numérique. Les artisans, depuis toujours, ont créé, transformé et adapté leurs outils à leur tâche, et créé des castes, des guildes, des corporations, inférieures ou supérieurs, le hacker n’est qu’un nouvel exemple de cette propension humaine à agir entre soi.

    Ce n’est pas la compétence la clef du Libre, mais l’humilité de ses acteurs.

    Pour ne pas faire de confusion, je ne suis pas amer quand à ma propre expérience, et je ne mets pas tout le monde dans le même panier, je constate une tendance générale, sectorielle, à laquelle de (très) nombreuses personnes ou initiatives ne participent pas ou lutte contre :). Mais le sentiment que tout le monde devrait savoir coder revient à dire que tout le monde devrait savoir faire son pain, ou construire sa maison. Si un maçon fait la moitié de votre maison et vous dit partant que vous devriez savoir faire le reste vous même …

  30. JM

    Il y a quand même un détail d’envergure que l’auteur oublie dans son raisonnement : une fois que le plombier a fait son travail chez nous, il ne peut plus y toucher du tout sans revenir sur place. Au contraire le développeur informatique peut s’arranger pour garder un certain contrôle sur ce que les utilisateurs peuvent faire ou non avec leur logiciel ou leur service en ligne. Ce à quoi il faut ajouter que l’informatique contrôle de nos jours toute la société… Il est donc bien plus important pour les citoyens de comprendre l’informatique que la plomberie. Certes le problème est plus de comprendre comment ça fonctionne et ce que ça fait réllement que de programmer, mais on risque ce faisant de devoir de toute façon expliquer la programmation.