Pourquoi le logiciel libre est plus important que jamais, par Richard Stallman

Classé dans : Logiciel libre | 8

Temps de lecture 11 min

image_pdfimage_print

Richard Stallman a publié un article important dans le magazine Wired à l’occasion des 30 ans du projet GNU.

Article que nous avons traduit collaborativement avec la relecture attentive du groupe de travail «  trad-gnu  » de l’April et l’accord final de Richard himself.

Pour l’anecdote Stallman commence désormais toujours ses emails ainsi  : «  À l’attention des agents de la NSA ou du FBI qui liraient ce courriel  : veuillez envisager l’idée que la défense de la constitution des États-Unis contre tous ses ennemis, étrangers ou nationaux, nécessite que vous suiviez l’exemple de Snowden.  » (cf ce tweet)

Medialab Prado - CC by-sa

Pourquoi le logiciel libre est plus important que jamais

Why Free Software Is More Important Now Than Ever Before

Richard Stallman – 28 septembre 2013 – Wired (Opinion)
(Traduction Framalang  : Asta, ckiw, Penguin, Amine Brikci-N, lgodard, Feadurn, Thérèse, aKa, Paul, Scailyna, Armos, genma, Figue + anonymes)
Licence  : CC By-Nd – Version de la traduction  : 5 octobre 2013

Cela fait maintenant 30 ans que j’ai lancé la campagne pour la liberté en informatique, c’est-à-dire pour que le logiciel soit free ou «  libre  » (NdT  : en français dans le texte — RMS utilise ce mot pour souligner le fait que l’on parle de liberté et non de prix). Certains programmes privateurs, tels que Photoshop, sont vraiment coûteux  ; d’autres, tels que Flash Player, sont disponibles gratuitement — dans les deux cas, ils soumettent leurs utilisateurs au pouvoir de quelqu’un d’autre.

Beaucoup de choses ont changé depuis le début du mouvement du logiciel libre  : la plupart des gens dans les pays développés possèdent maintenant des ordinateurs — parfois appelés «  téléphones  » — et utilisent internet avec. Si les logiciels non libres continuent de forcer les utilisateurs à abandonner à un tiers le pouvoir sur leur informatique, il existe à présent un autre moyen de perdre ce pouvoir  : le «  service se substituant au logiciel  » ou SaaSS (Service as a Software Substitute), qui consiste à laisser le serveur d’un tiers prendre en charge vos tâches informatiques.

Tant les logiciels non libres que le SaaSS peuvent espionner l’utilisateur, enchaîner l’utilisateur et même attaquer l’utilisateur. Les logiciels malveillants sont monnaie courante dans les services et logiciels privateurs parce que les utilisateurs n’ont pas de contrôle sur ceux-ci. C’est là le coeur de la question  : alors que logiciels non libres et SaaSS sont contrôlés par une entité externe (généralement une société privée ou un État), les logiciels libres sont contrôlés par les utilisateurs.

Pourquoi ce contrôle est-il important  ? Parce que liberté signifie avoir le contrôle sur sa propre vie.

Si vous utilisez un programme pour mener à bien des tâches affectant votre vie, votre liberté dépend du contrôle que vous avez sur ce programme. Vous méritez d’avoir un contrôle sur les programmes que vous utilisez, d’autant plus quand vous les utilisez pour quelque chose d’important pour vous.

Votre contrôle sur le programme requiert quatre libertés essentielles. Si l’une d’elles fait défaut ou est inadaptée, le programme est privateur (ou «  non libre  »)  :

(0) La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages.

(1) La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue vos tâches informatiques comme vous le souhaitez  ; l’accès au code source est une condition nécessaire. Les programmes sont écrits par des programmeurs dans un language de programmation — comme de l’anglais combiné avec de l’algèbre — et sous cette forme le programme est le code source. Toute personne connaissant la programmation, et ayant le programme sous forme de code source, peut le lire, comprendre son fonctionnement, et aussi le modifier. Quand tout ce que vous avez est la forme exécutable, une série de nombres qui est optimisée pour fonctionner sur un ordinateur mais extrêmement difficile à comprendre pour un être humain, la compréhension et la modification du programme sous cette forme sont d’une difficulté redoutable.

(2) La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider votre voisin. (Ce n’est pas une obligation  ; c’est votre choix. Si le programme est libre, cela ne signifie pas que quelqu’un a l’obligation de vous en offrir une copie, ou que vous avez l’obligation de lui en offrir une copie. Distribuer un programme à des utilisateurs sans liberté, c’est les maltraiter  ; cependant, choisir de ne pas distribuer le programme — en l’utilisant de manière privée — ce n’est maltraiter personne.)

(3) La liberté de distribuer aux autres des copies de vos versions modifiées ; en faisant cela, vous donnez à toute la communauté une possibilité de profiter de vos changements  ; l’accès au code source est une condition nécessaire.

Les deux premières libertés signifient que chaque utilisateur a un contrôle individuel sur le programme. Avec les deux autres libertés, n’importe quel groupe d’utilisateurs peuvent exercer ensemble un contrôle collectif sur le programme. Ce sont alors les utilisateurs qui contrôlent le programme.

Si les utilisateurs ne contrôlent pas le programme, le programme contrôle les utilisateurs.

Avec le logiciel privateur, il y a toujours une entité, le «  propriétaire  » du programme, qui en a le contrôle — et qui exerce, par ce biais, un pouvoir sur les utilisateurs. Un programme non libre est un joug, un instrument de pouvoir injuste. Dans des cas extrêmes (devenus aujourd’hui fréquents), les programmes privateurs sont conçus pour espionner les utilisateurs, leur imposer des restrictions, les censurer et abuser d’eux. Le système d’exploitation des iChoses d’Apple, par exemple, fait tout cela. Windows, le micrologiciel des téléphones mobiles et Google Chrome pour Windows comportent chacun une porte dérobée universelle qui permet à l’entreprise de modifier le programme à distance sans requérir de permission. Le Kindle d’Amazon a une porte dérobée qui peut effacer des livres.

Dans le but d’en finir avec l’injustice des programmes non libres, le mouvement du logiciel libre développe des logiciels libres qui donnent aux utilisateurs la possibilité de se libérer eux-mêmes. Nous avons commencé en 1984 par le développement du système d’exploitation libre GNU. Aujourd’hui, des millions d’ordinateurs tournent sous GNU, principalement sous la combinaison GNU/Linux.

Où se situe le SaaSS dans tout cela  ? Le recours à un Service se substituant à un logiciel n’implique pas que les programmes exécutés sur le serveur soient non libres (même si c’est souvent le cas) . Mais l’utilisation d’un SaaSS ou celle d’un programme non libre produisent les mêmes injustices  : deux voies différentes mènent à la même situation indésirable. Prenez l’exemple d’un service de traduction SaaSS  : l’utilisateur envoie un texte à traduire, disons, de l’anglais vers l’espagnol, au serveur  ; ce dernier traduit le texte et renvoie la traduction à l’utilisateur. La tâche de traduction est sous le contrôle de l’opérateur du serveur et non plus de l’utilisateur.

Si vous utilisez un SaaSS, l’opérateur du serveur contrôle votre informatique. Cela nécessite de confier toutes les données concernées à cet opérateur, qui sera à son tour obligé de les fournir à l’État. Qui ce serveur sert-il réellement  ?

Quand vous utilisez des logiciels privateurs ou des SaaSS, avant tout vous vous faites du tort car vous donnez à autrui un pouvoir injuste sur vous. Il est de votre propre intérêt de vous y soustraire. Vous faites aussi du tort aux autres si vous faites la promesse de ne pas partager. C’est mal de tenir une telle promesse, et c’est un moindre mal de la rompre  ; pour être vraiment honnête, vous ne devriez pas faire du tout cette promesse.

Il y a des cas où l’utilisation de logiciel non libre exerce une pression directe sur les autres pour qu’ils agissent de même. Skype en est un exemple évident  : quand une personne utilise le logiciel client non libre Skype, cela nécessite qu’une autre personne utilise ce logiciel également — abandonnant ainsi ses libertés en même temps que les vôtres (les Hangouts de Google posent le même problème). Nous devons refuser d’utiliser ces programmes, même brièvement, même sur l’ordinateur de quelqu’un d’autre.

Un autre dommage causé par l’utilisation de programmes non libres ou de SaaSS est que cela récompense son coupable auteur et encourage le développement du programme ou «  service  » concerné, ce qui conduit à leur tour de nouvelles personnes à tomber sous la coupe de l’entreprise qui le développe.

Le dommage indirect est amplifié lorsque l’utilisateur est une institution publique ou une école. Les services publics existent pour les citoyens — et non pour eux-mêmes. Lorsqu’ils utilisent l’informatique, ils le font pour les citoyens. Ils ont le devoir de garder un contrôle total sur cette informatique au nom des citoyens. C’est pourquoi ils doivent utiliser uniquement des logiciels libres et rejeter les SaaSS.

La souveraineté des ressources informatiques d’un pays l’exige également. D’après Bloomberg, Microsoft montre les bogues de Windows à la NSA avant de les corriger. Nous ne savons pas si Apple procède pareillement, mais il subit la même pression du gouvernement américain que Microsoft. Pour un gouvernement, utiliser de tels logiciels met en danger la sécurité nationale.

Les écoles — et toutes les activités d’éducation — influencent le futur de la société par l’intermédiaire de leur enseignement. C’est pourquoi les écoles doivent enseigner exclusivement du logiciel libre, pour transmettre les valeurs démocratiques et la bonne habitude d’aider autrui (sans mentionner le fait que cela permet à une future génération de programmeurs de maîtriser leur art). Enseigner l’utilisation d’un programme non libre, c’est implanter la dépendance à l’égard de son propriétaire, en contradiction avec la mission sociale de l’école.

Pour les développeurs de logiciels privateurs, nous devrions punir les étudiants assez généreux pour partager leurs logiciels ou assez curieux pour chercher à les modifier. Ils élaborent même de la propagande contre le partage à l’usage des écoles. Chaque classe devrait au contraire suivre la règle suivante  :

«  Élèves et étudiants, cette classe est un endroit où nous partageons nos connaissances. Si vous apportez des logiciels, ne les gardez pas pour vous. Au contraire, vous devez en partager des copies avec le reste de la classe, de même que le code source du programme au cas où quelqu’un voudrait s’instruire. En conséquence, apporter des logiciels privateurs en classe n’est pas autorisé, sauf pour les exercices de rétroingénierie.  »

En informatique, la coopération comprend la redistribution de copies identiques d’un programme aux autres utilisateurs. Elle comprend aussi la redistribution des versions modifiées. Le logiciel libre encourage ces formes de coopération quand le logiciel privateur les prohibe. Ce dernier interdit la redistribution de copies du logiciel et, en privant les utilisateurs du code source, il empêche ceux-ci d’apporter des modifications. Le SaaSS a les même effets  : si vos tâches informatiques sont exécutées au travers du web, sur le serveur d’un tiers, au moyen d’un exemplaire du programme d’un tiers, vous ne pouvez ni voir ni toucher le logiciel qui fait le travail et vous ne pouvez, par conséquent, ni le redistribuer ni le modifier.

D’autres types d’œuvres sont exploitées pour accomplir des tâches pratiques  ; parmi celles-ci, les recettes de cuisine, les matériels didactiques tels les manuels, les ouvrages de référence tels les dictionnaires et les encyclopédies, les polices de caractère pour l’affichage de texte formaté, les schémas électriques pour le matériel à faire soi-même, et les patrons pour fabriquer des objets utiles (et pas uniquement décoratifs) à l’aide d’une imprimante 3D. Il ne s’agit pas de logiciels et le mouvement du logiciel libre ne les couvre donc pas au sens strict. Mais le même raisonnement s’applique et conduit aux mêmes conclusions  : ces œuvres devraient être distribuées avec les quatre libertés.

On me demande souvent de décrire les «  avantages  » du logiciel libre. Mais le mot «  avantages  » est trop faible quand il s’agit de liberté.

La vie sans liberté est une oppression, et cela s’applique à l’informatique comme à toute autre activité de nos vies quotidiennes.

Nous devons gagner le contrôle sur tous les logiciels que nous employons. Comment y arriver  ? en refusant les SaaSS et les logiciels privateurs sur les ordinateurs que nous possédons ou utilisons au quotidien. En développant des logiciels libres (pour ceux d’entre nous qui sont programmeurs). En refusant de développer ou de promouvoir les logiciels privateurs ou les SaaSS. En partageant ces idées avec les autres. Rendons leur liberté à tous les utilisateurs d’ordinateurs.

Crédit photo  : Medialab Prado (Creative Commons By-Sa)

8 Responses

  1. galex-713

    Pour le message en début de mail, je confirme, mais bon après il le fait exprès hein, faut pas croire que c’est une marque de défaite, c’est pour les narguer. Il a une clé PGP et il l’utilise, qu’il réponde en clair quand on lui écrit en chiffré, je pense que c’est assez révélateur de sa volonté.

    Après c’est cool qu’il réussisse à porter toujours plus loin sa voix 🙂

  2. slowbrain

    Je me demande malgré tout quelque chose, malgré tout cet argumentaire, je ne vois pas en quoi il est fondamentalement mauvais d’utiliser du SaaSS, si ces derniers sont libres et hébergé sur des serveurs sur les quels nous avons réellement le contrôle (Autohebergement).

    Quelqu’un peu il répondre à cette interrogation ?

  3. Véronique Bonnet

    Richard Stallman, du point à la ligne.

    L’article dense de Richard Stallman, publié le 28 septembre dans la revue Wired, dont la version française est exemplaire de synergie rigoureuse, se déploie dans un double registre temporel. Son texte fait le lien, mine de rien, simple autant que solennel, entre un « ici et maintenant » très tendu, qui consent à se concentrer, se ramasser sur une analyse ponctuelle, pour mieux s’ouvrir au « vers quoi ? » et suggérer un devenir.

    La fine pointe du « maintenant », du « maintenant plus que jamais », s’ouvre sur une perspective temporelle longue : la transmission, de génération en génération, d’outils et de contextes d’accession à l’autonomie. Du point à la ligne. Du bilan à la direction.

    Maintenant.

    L’article, comme son titre la souligne (Pourquoi le logiciel libre est plus important que jamais) s’inscrit, trente ans après l’annonce du projet gnu par l’auteur, dans une historicité. Fidèle à son engagement de 1983, ici réactivé, Richard Stallman, dès le lendemain de l’anniversaire, en cet automne 2013, se réfère à l’actualité d’un développement de l’informatique privateur, d’autant plus massif qu’il s’avance masqué, pour mieux dissimuler son déficit éthique.
    La nocivité d’objets du quotidien qui n’ont l’air de rien, téléphones ( la formule choisie par Richard Stallman «  des ordinateurs, parfois appelés téléphones » insiste sur le faux semblant qu’est l’anodin) logiciel de traitement d’images, liseuse, s’en prend, à son insu, à quiconque s’en est approché sans méfiance. Nous livrons, par ces dispositifs, sans le savoir, notre existence à tous les vents, nous perdons, dit l’auteur, le contrôle sur notre propre vie, abusés par des « avantages », des facilitations qui exténuent en réalité notre liberté.

    Richard Stallman, vigilant dans le relevé de nouvelles occurrences, jusque là inédites, de manœuvres privatrices, fait état d’une tendance lourde, le recours au « Sass », qui accentue la délégation insidieuse de souveraineté.« Si vous utilisez un SaaSS, l’opérateur du serveur contrôle votre informatique » : inversion inadmissible. Se trouve instrumentalisé, spolié, dépouillé de ce qui fait sa dignité la plus haute, choisir, décider, celui qui croyait avoir en mains un outil.

    A rapprocher d’un autre texte, d’un autre temps, mais pas si autre que cela :Qu’est-ce que les Lumières? Ce texte de 1784, du philosophe Emmanuel Kant, relevait les dispositifs confiscatoires, privateurs, favorisés par les gouvernants avides de garder la haute main sur une population docile et désarmée : « Si j’ai un livre qui a de l’entendement à ma place, un directeur de conscience qui a de la conscience à ma place, un médecin qui juge à ma place de mon régime alimentaire, etc., je n’ai alors pas moi-même à fournir d’efforts. Il ne m’est pas nécessaire de penser dès lors que je peux payer ; d’autres assumeront bien à ma place cette fastidieuse besogne. » Ou encore, plus loin : « Les préceptes et les formules, ces instruments mécaniques d’un usage raisonnable ou plutôt d’un mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves d’un état de tutelle permanent. »

    « Le futur de la société ».

    Les derniers paragraphes de l’article dépassent la dimension ponctuelle de l’analyse de l’actualité pour envisager plus largement l’horizon d’un « ce qui, moralement, devrait être ». Après avoir, au sens propre, « fait le point » sur l’état des choses, Richard Stallman fait le lien entre les dégâts, effectifs, présents, occasionnés par les dispositifs privateurs, portes dérobées, logiciels espions, et la tâche, éthique, sur le long terme, de rester éveillés et d’éveiller. Certes, la liberté 0 et la liberté 1 sont fondamentales puisqu’il en va de l’exercice du libre arbitre, sans spoliation, pour soi-même, de sa propre informatique. La liberté 2 et la liberté 3, l’ouverture au voisin, à la communauté humaine en général (« rendons la liberté aux utilisateurs d’ordinateurs ») glissent, comme d’ailleurs le fait cet article, du « je », qui ne doit pas être lésé, au « nous », qui ne désigne pas que la communauté libriste, mais quiconque, à quelque place qu’il soit. Programmeurs, usagers, éducateurs..

    L’horizon éthique d’un Richard Stallman faisant initialement usage de la première personne du singulier, moi, programmeur et citoyen, est la prise en compte de la première personne du pluriel, d’une humanité globale, qu’elle soit présente ou future. Jusqu’à des énoncés qui font état d’un devoir.
    Comme ceci est suggéré par exemple dans le déploiement de la conséquence :  « C’est pourquoi les écoles doivent enseigner exclusivement du logiciel libre, pour transmettre les valeurs démocratiques et la bonne habitude d’aider autrui (sans mentionner le fait que cela permet à une future génération de programmeurs de maîtriser leur art). » Ou encore « chaque classe devrait… » La pédagogie est en effet une modalité de partage fondatrice, comme le travaille un très important et récent texte de Richard Stallman, de 2013, intitulé Au sujet des œuvres pédagogiques et des licences Creative Commons non libres mis en ligne avec sa traduction par l’équipe de Framasoft : http://www.stallman.org/articles/on

    L’article du 28 septembre effectue un point sur le présent, très essentielle et circonstanciée, qui donne idée des pièges du quotidien, ce qui oblige infiniment, et détaille les tâches, y compris celles qui sont«  difficiles à comprendre pour un être humain », moins arides si l’on s’y met à plusieurs ou à tous.

    Point sur le présent, donc, mais aussi esquisse d’une direction.

    Là encore, il est difficile de ne pas faire le rapprochement, toute proportion gardée, avec un autre texte, d’un autre temps, mais pas si autre que cela, du même philosophe, dans Vers la paix perpétuelle :
    «  La proposition[…] fiat justitia pereat mundus, qui signifie « que règne la justice, dussent tous les fripons de la terre être anéantis à cause d’elle » est une proposition de droit très courageuse qui permet de couper court à tous les chemins tortueux que la perfidie ou la violence ont tracés ;… »
    L’article, dense, de Richard Stallman, à la croisée des chemins, rejoint l’offensive préoccupée, et la sérénité mobilisatrice de l’injonction kantienne qui exclut, par une fin de non recevoir, le primat sordide des intérêts particuliers. « La vie sans liberté est une oppression, et cela s’applique à l’informatique comme à toute autre activité de nos vies quotidiennes. » Cet énoncé donne impulsion à un travail. Que les trente dernières années ont déjà porté, mis en œuvre, et qui s’élance déjà vers d’autres faux-semblants à dénouer et dénoncer.

    Véronique Bonnet.

  4. Spinoza

    @Véronique Bonnet : haaaaa si les philosophes voulaient bien un jour cesser de faire des anachronismes pour le seul plaisir des belles lettres… Je taquine.

    Mais tout de même, il m’arrive aussi de lire les notices de micro-ondes en pensant à Leibniz et ses monades qui s’agitent dans tous les sens…

  5. Mindiell

    slowbrain,

    Si tu as le contrôle du serveur, ce n’est plus du SaaSS : tu ne donnes pas tes données à un tiers.

  6. Véronique Bonnet

    @ tous
    Je rectifie. Erreur dans l’intitulé du lien vers le texte très éclairant sur les outils pédagogiques, et sa traduction. Le bon lien est http://www.stallman.org/articles/on
    Excusez-moi. Très belle journée.

  7. gjlk

    @slowbrain
    Substituer signifie mettre une chose à la place d’une autre.
    Dans le cas de l’auto-hébergement, le service ne se substitue pas au logiciel que tu contrôle, car tu as à la fois le logiciel et le service.
    Par contre, si ton service est hébergé par un tiers, tu n’aura pas accès au logiciel, et il s’agira donc d’un substitut.