Le grand voyage libre d’Odysseus

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Suite de notre feuilleton de l’été sur les illustrateurices libres. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de retrouver Éric Querelle, alias Odysseus.

Bonjour Éric, rassure-toi, on n’est pas encore totalement séniles, on ne va te reposer les mêmes questions que lors de notre dernière entrevue. Peux-tu nous dire ce que tu as fait ces deux dernières années ?

Eh bien, en allant un peu farfouiller sur les blogs, je me rends compte que pas mal de choses ont été faites depuis.

Ainsi, pour résumer, Abel et Bellina ont construit une cabane et sont allés à la piscine, il y a eu un « Grand Voyage », des dessins divers, des dessins d’actualité, quelques « Petits Mots », des poésies pour enfants (tiens, je m’y remettrais bien !), l’Odysseus-generator (Merci Cyrille !), des récits autres que les miens enregistrés en audio, quelques petites collaborations çà et là.

Les petits mots d’Odysseus

 

J’ai aussi continué à collaborer avec les copains d’AbulÉdu.

J’ajoute également que Hervé le Carré connaît désormais une version italienne (+audio) grâce à Nilocram. C’est une des joies que peut procurer le Libre tant pour celui qui donne que pour celui qui reçoit.

Ces dernières semaines, tu publies beaucoup de dessins d’actualité. C’est parce que les enfants ne comprennent rien que tu changes de public ;-) ?

Je les laisse bien en paix pendant les vacances… :-p

Le dessin de presse m’intéresse depuis longtemps et j’apprécie m’y confronter de temps à autres. C’est un exercice qui m’est assez difficile car il faut allier qualité du dessin et/ou de la mise en scène et la pertinence du message. De mon propre aveu, je réunis rarement les trois en même temps. ;-)

Odysseus imagine une sanction bien terrible pour Hanouna !

 

Mais je persiste à le faire et je profite de l’occasion pour tester de nouvelles choses (exemple récent : un mix de dessin et photo) et alterner les outils (feutres, Gimp, Krita que je voudrais essayer ou Inkscape qui garde ma préférence).

Je me mets aussi au défi de dessiner des personnes connues issues de tous horizons (mais souvent de Belgique) tout en essayant de garder mon style graphique.

Peux-tu nous parler un peu plus en détails, du « Grand Voyage » qui nous semble être un album vraiment remarquable ?

Le Grand Voyage

Merci ! Je suis vraiment satisfait et fier de cette histoire car, de mon point de vue je pense justement être parvenu à allier pertinence et qualité du récit avec un soin tout particulier que j’ai essayé d’apporter à la colorisation. Ça a été long… très long et moi qui ai parfois tendance à vouloir terminer au plus vite pour m’en « débarrasser » et « faire de la place » pour autre chose, j’ai dû m’organiser, m’armer de patience et faire parfois de gros efforts pour ne pas me précipiter.

L’idée de départ n’était pas de parler de la pluie et du cycle de l’eau, mais de parler des nuages et du voyage ce n’est qu’après que le cycle de l’eau a… coulé de source.

En tout cas c’est un album pour lequel je me suis réellement amusé à jouer avec les ombres, les reflets.

Pas trop de dur de trouver de la motivation après un tel aboutissement ?

Je ne cache pas qu’il m’a fallu un certain temps pour redémarrer après le « Grand Voyage » car j’avais le sentiment que j’avais atteint mes limites.

Ma motivation est restée bien intacte (ouf ! ;-)) même si elle fluctue parfois, comme tout le monde, sans aucun doute.

En revanche, il m’est quasiment impossible d’attaquer une histoire si elle n’est pas 100 % claire dans mon esprit ou si elle ne me satisfait pas complètement. C’est sans doute la raison pour laquelle il y a parfois un laps de temps très (très) long entre deux histoires et je redoute parfois le manque d’idées. Une seule solution : (se) laisser aller.

Quelles sont tes relations (en tout bien tout honneur) avec les autres auteurs libres ?

Très bonnes et très cordiales. J’ai de relativement fréquents contacts avec Péhä et Cyrille Largillier que j’ai rencontrés plusieurs fois et avec qui j’ai de très bons contacts et avec qui je collabore bien volontiers.

Et alors, quand est-ce que vous nous refaites une partie de Tac au Tux avec Gee et Péhä ?

Hem ! On a un peu perdu cela de vue, il faut bien avouer que l’on s’est probablement laissés rattraper par nos quotidiens respectifs. Tout à fait entre nous, il y en a un en cours entre Péhä et moi – par voie postale – depuis..… fin 2016 et je plaide coupable. Je m’engage publiquement à lui renvoyer ma réponse au plus vite.

Je relance, au passage, Gee et Nylnook. ;-p

Tu as ouvert une boutique de produits dérivés de tes illustrations. Ça y est, tu es riche ? Toi aussi, tu as vendu 10 000 T-shirts le premier jour ?

Absolument. Je me suis acheté deux tasses, on m’a acheté un T-shirt et un sticker. Je suis effectivement sur la bonne voie. Mais la route est encore bien longue… ;-)

Tu as participé à un festival dernièrement, c’est quelque chose de nouveau pour toi. Raconte-nous cette première.

J’ai eu l’honneur d’être convié dans le cadre du Festival d’Art Contemporain Numérique Transmédia MONBYAI à l’initiative d’Antoine Moreau. C’était la première fois que j’étais invité, en tant qu’auteur, à sortir de chez moi. :-) J’y ai passé un week-end vraiment agréable et très enrichissant à la rencontre d’autres auteurs du libre, mais aussi d’enfants et d‘adultes à qui j’ai pu faire découvrir mon petit monde à la bibliothèque (atelier contes) et en ville (expo).

J’en garde un excellent souvenir.

Dévions un peu du dessin, pour évoquer une autre de tes facettes artistiques, la chanson. Les plus libristes apprécieront l’ « Ode à la LAL ». Ton dernier titre « Les hommes qui errent » aborde un sujet sensible avec sensibilité.

J’aime bien écrire des chansons. Et, tout comme pour le dessin, le musicien averti y trouvera sans aucun doute des approximations très approximatives ;-) mais peu importe…

Depuis pas mal de temps, je ressentais l’envie, voire le besoin d’évoquer le sujet des migrants. J’avais commencé avec deux ou trois planches en crayonnés pour en faire un récit qui devait s’appeler « L’Exil d’Amal » avec l’intention de les proposer au fur et à mesure, comme un feuilleton. Cette manière de fonctionner m’avait emballé. Je comptais évoquer l’arrachement à ses racines, le choix de partir, la marche, les obstacles, l’arrivée dans l’Eldorado européen à travers le regard de la petite Amal.

Mais j’ai très vite senti que j’allais m’engluer vers un récit larmoyant et qui ne me convaincrait pas. Alors j’ai abandonné.

Puis, suite à une de ces trop nombreuses nouvelles de rafiots récupérés en Mer Méditerranée couplée à celle des migrants dégagés dans un parc de Bruxelles, cette phrase m’est venue : « Il y a des hommes qui se perdent au fond de la mer pour une chimère » Et c’est comme ça que la chanson est née.

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors que ta production dessinée s’adresse principalement aux plus jeunes, les chansons sont plutôt destinées aux plus vieux.

J’ai besoin d’alterner les créations pour enfants et celles destinées pour un public adulte, comme les chansons en l’occurrence, afin de ne pas avoir le sentiment de tourner en rond dans le même domaine. Raison pour laquelle le site est partagé en deux : le Petit Monde est destiné aux enfants et le blog aux adultes.

Bref, j’aime varier les plaisirs. :-)

Pour mélanger ces deux univers, la chanson et le dessin, on ne pourrait pas imaginer un jour un concert dessiné comme le fait actuellement Steve Waring ? Bon d’accord, ils sont deux sur scène, cela sera plus dur pour toi. ;-)

Je ne connaissais pas Steve Waring et, après visionnage, ça me parle. Qui sait ? :-)

Mais, effectivement, pour ce qui est du choix…

 

NDLR : Odysseus ayant fait une mise à jour de son site les liens de l’article ont été actualisés. (28/10/2018)

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3 Responses

  1. Aquilatin

    Ceci reflète bien toute la richesse et la sensibilité d’Odysseus! J’adore qd il est loquace comme cela!