Framaconfinement semaine 3 – Ralentir pour ne pas s’épuiser
Et oui, c’est encore moi (Angie) qui m’y colle pour vous raconter cette troisième semaine de confinement ! Je prends vraisemblablement goût à vous raconter nos petites aventures ! Même si c’est toujours un peu douloureux pour moi de me lancer, c’est aussi un moyen de prendre de la hauteur, comme pyg l’a magnifiquement expliqué dans son dernier article.
En parlant de syndrome de la page blanche, je viens de découvrir qu’il y avait un terme technique pour cela : la leucosélophobie. Moi qui était déjà atteinte d’ochlophobie, me voilà dotée d’une nouvelle pathologie ! Décidément cette période de confinement nous en apprend beaucoup sur nous-mêmes !
Alors, je me force un peu, c’est pas toujours facile, mais en tant qu’ancienne bibliothécaire, j’ai à cœur de documenter ce que nous vivons : c’est dans mon ADN de laisser des traces. Dans quelques années, ces articles nous permettront de mieux saisir comment nous avons réagi et géré collectivement et individuellement cette situation exceptionnelle.
L’accès à l’ensemble de nos articles « framaconfinement » : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/
Travailler moins pour travailler mieux
Pour moi, cette troisième semaine a en fait commencé dès le dimanche 29 mars quand j’ai envoyé un mail à pyg lui indiquant que je me sentais épuisée et que je ne me sentais pas de continuer au rythme que nous avions eu ces deux premières semaines de confinement. La première semaine était incroyable : des sollicitations de partout, de chouettes projets à soutenir et à mettre en place, bref j’étais dans une dynamique hyper positive. La charge de travail avait considérablement augmenté mais ce n’était pas pour moi un problème au regard du contexte. Durant la seconde semaine, le rythme a continué à être le même : il fallait réagir vite, coordonner beaucoup d’initiatives, gérer toutes les sollicitations que nous recevions. Et ça a été trop pour moi, ce qui fait que j’ai été incapable de quoi que ce soit le week-end qui a suivi. J’ai passé mon dimanche au fond de mon canapé à demander à mon cerveau d’arrêter de tourner, mais en vain. Je me suis sentie submergée.
C’est une chance de travailler dans une association où en tant que salarié⋅es, nous pouvons exprimer comment nous ressentons les choses. Et c’est une chance d’être écouté⋅es ! Dès le lundi matin, pyg m’a appelée et a validé le fait que j’adapte mon rythme de travail si j’en avais besoin. Lors de la réunion hebdomadaire de l’équipe salariée, nous avons échangé collectivement sur comment chacun⋅e pouvait vivre au mieux cette période particulière, l’important étant avant tout notre bien-être individuel. C’est sûrement une banalité de le dire, mais quand on va bien, on travaille mieux. L’équipe salariée s’est montrée plus qu’à la hauteur du « challenge » des 2 premières semaines. Cette prise de température collective a mis en évidence que je n’étais pas la seule dans cette situation. Le confinement est une épreuve douloureuse pour tout le monde, et plus ou moins bien vécue par les un⋅es ou les autres. Plusieurs de mes collègues ont elleux aussi exprimé leur volonté d’adapter leurs rythmes de travail.
Et le discours a été clair : faites du mieux que vous pouvez tout en vous préservant au maximum. Un message a été envoyé à notre comité RH pour lui faire la proposition suivante : que pour le mois d’avril, chaque salarié⋅e soit rémunéré⋅es à 100% mais puisse, si iel le souhaite, réajuster ses horaires afin de pouvoir gérer au mieux l’angoisse, le stress, la fatigue, ou tout simplement les tâches quotidiennes générées par le confinement. En effet, s’obliger à être présent de 8h à 18h face à un écran quand on a un coup de déprime, quand on a besoin de 2h pour aller faire des courses, ou tout simplement si on a envie de « s’éloigner d’internet », semble totalement contre-productif. Et, vous vous en doutez, notre comité RH a validé cette proposition. Merci à elleux de leur compréhension !
Quand je pense à toutes les personnes que je connais qui se retrouvent en situation de télétravail sans avoir des horaires et des outils adaptés et devant en plus gérer leurs enfants toute la journée, je me dis que je suis vraiment chanceuse. Certain⋅es m’ont même indiqué qu’iels travaillaient avant le lever et après le coucher de leurs enfants. Je n’imagine même pas dans quel état d’épuisement iels doivent être. Et je leur envoie plein de bonne énergie pour faire face au mieux à cette situation.
On ne se tourne pas les pouces non plus 😉
Vous vous en doutez, ce n’est pas parce qu’on a décidé collectivement de ralentir qu’on est resté sans rien faire cette troisième semaine. Voici donc une petite liste à puces des activités réalisées :
[adm]
- Traitement des tickets concernant les dons
- Virement des salaires et des gratifications de nos stagiaires pour le mois de mars
- Préparation de l’envoi des reçus fiscaux à tou⋅tes les donateur⋅ices
- Pointage / lettrage des relevés bancaires
[tech]
- Corrections de bugs sur Etherpad et Framapad
- Mise en production d’Etherpad 1.8 sur l’instance hebdo
- Mise à jour des instances du pool pour Framapad et Framatalk
- Reprise du développement de PeerTube (maj des dépendances)
- Reprise du développement de Mobilizon ( discussions au sein des groupes et intégration)
- Débugages de Framaforms
[communication]
- Animation quotidienne des comptes sur nos médias sociaux
- Interview par l’agence AEF
- Rédaction, bloguification et publication de l’article Framaconfinement semaine 2
- Rédaction, bloguification et publication de l’article Prendre de la hauteur
- Relai de la tribune Pour un plan national pour la culture ouverte, l’éducation ouverte et la santé ouverte
[interventions]
- La gouvernance de Framasoft pour la formation DIPCO
- Préparation de l’intervention dans l’émission Libre à vous sur Cause Commune
[relations publiques]
- Échanges avec Marc Chantreux de Renater
- Échanges avec Sylvain Lapoix de Datagueule
- Échanges autour du projet Liiibre
- Échanges avec Florence de Captain Fact
- Échanges avec
[CHATONS]
- Rédaction, bloguification et publication de l’article pour le lancement d’entraide.chatons.org
- Interview pour le magazine Phosphore
- Modification du logo du collectif pour le rendre plus accessible
- Mise à jour du texte de la page d’accueil de chatons.org
- Création et enrichissement des fiches outils sur la litière
Oui, c’est pas très sexy comme ça, et sûrement très incomplet… Mais ça donne une idée générale de tout ce qu’on a pu faire en cette troisième semaine de confinement.
Nos stagiaires sont formidables
Je me suis dit qu’on ne vous avait pas beaucoup parlé de nos quatre stagiaires dans ces journaux de confinement et que ce serait bien qu’on vous raconte un peu comment elleux vivent cela.
Cette semaine, Lise, en stage à raison d’une seule journée par semaine depuis janvier, passe en stage à temps plein. Étudiante en licence pro Colibre, son stage porte sur l’animation de la communauté du CHATONS. C’est pour moi une grande aide car mon rôle de coordinatrice m’occupe habituellement un tiers de mon temps et plus de la moitié depuis l’entrée en confinement. La coordination de la mise en place d’entraide.chatons.org m’a particulièrement occupée ces deux dernières semaines. Lise s’est donc chargée de réaliser les visuels du site à partir du générateur de chatons de David Revoy, d’animer les comptes du collectif sur les médias sociaux et et s’est lancée dans l’enrichissement des contenus des fiches de présentation des logiciels sur la litière. Cet espace de documentation est une ressource essentielle, à la fois pour les membres du collectif, mais aussi pour tous les internautes qui recherchent de l’information sur ces outils. Un grand merci à elle pour l’aide apportée !
Arthur, notre stagiaire en deuxième année de Master Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales / Parcours Traduction spécialisée, rédaction technique, localisation (les universités aiment décidément bien les noms hyper compliqués), passe depuis plusieurs semaines une grande partie de son temps à produire des sous-titres pour nos vidéos. Parce que j’avais intégré au premier module du MOOC CHATONS Internet : pourquoi et comment reprendre le contrôle ? la vidéo The Age of Surveillance Capitalism, une interview de Shoshana Zuboff en anglais qui dure plus d’une heure, on s’est dit que ce serait quand même plus aisé pour les non-anglophones d’avoir des sous-titres en français. Après avoir transcrit l’intégralité en anglais, il s’est attaqué à leur traduction en français. C’est un travail de fourmi, d’autant plus que le sujet est très technique ! Il a aussi en parallèle traduit la nouvelle version de la charte du CHATONS en anglais et en espagnol. Un grand merci à lui pour le taf réalisé !
Maiwann, qui est aussi membre de Framasoft, et qui n’est d’ailleurs pas vraiment en stage, mais en observation pour son master d’ergonomie au CNAM, analyse actuellement les activités de notre service de support pour en limiter la pénibilité. La première partie de son stage a consisté en l’observation des pratiques actuelles. En effet, afin de pouvoir proposer des améliorations, il est essentiel de passer par cette phase de diagnostic des pratiques. En contact régulier avec spf, en charge de cette mission de support au sein de l’association, ses observations vont lui permettre de passer dorénavant à l’analyse de la pratique pour fournir ensuite des pistes d’amélioration et des recommandations. Un grand merci à elle pour son investissement !
Quant à Théo, étudiant en cinquième année à l’INSA de Lyon au département Télécommunications, Services et Usages, son stage porte sur l’amélioration du service Framaforms. En effet, ce logiciel propulsé par le logiciel libre Drupal associé au module Webform a été développé il y a 4 ans par pyg mais n’avait pas évolué depuis, faute de temps. Plusieurs bugs nous avaient été remontés et Théo est donc en charge de les résoudre. Et il s’en sort vraiment bien le bougre ! Sa seconde mission est de trouver un moyen pour faciliter l’installation de Framaforms. En effet, les modalités d’installation et de configuration de cet outil ne sont pas très simples (et c’est un euphémisme), ce qui fait qu’à ce jour il existe peu d’instances de ce service en dehors de la nôtre. Alors qu’il connaissait très peu le logiciel Drupal au début de son stage, Théo a mis les mains dedans avec succès. Il rencontre quand même quelques difficultés du fait que certains modules Drupal utiles sur Framaforms ont eux aussi des bugs. Il a donc pris contact avec la communauté de développement de cet outil pour les lui faire remonter. En parallèle, il s’occupe de répondre à toutes les demandes d’aide que nous recevons à propos de ce service via notre formulaire de contact et intervient sur notre forum d’entraide. Un grand merci à lui pour son implication !