CoopCycle, le projet coopératif qui roule social

Temps de lecture 14 min

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Depuis un an, l’actualité a régulièrement mis en lumière les premiers effets déstructurants pour le travail salarié de l’ubérisation de la société : hier les taxis, aujourd’hui les livreurs à vélo…

Et demain sans doute d’autres pans de l’économie réelle vont être confrontés au tech-libéralisme, nouvel avatar du capitalisme prédateur (pardon du pléonasme).
Confrontés de plein fouet à cette problématique, les membres de l’association CoopCycle ont élaboré une réponse originale et peut-être prometteuse : une structure coopérative et un outil crucial en cours de développement, une plateforme numérique.
Les militants de cette opération sont engagés dans une lutte pour un autre rapport à leur propre travail : il s’agit de « rééquilibrer les forces » dans un contexte où jusqu’alors, une poignée d’entreprises imposaient leurs conditions léonines.
Ils inscrivent également leur combat dans une continuité entre les coopératives éthiques-équitables et les biens communs où ils veulent verser leur code.
Bien sûr les libristes seront surpris et probablement critiques sur la licence particulière choisie pour des raisons qui laissent perplexe. Mais c’est l’occasion aussi pour nos lecteurs de suggérer avec bienveillance et bien sûr de contribuer au code, pour qu’aboutisse et se développe cette courageuse et fort intéressante démarche.
Aider cette association à affiner les outils numériques qui rendent plus libres et modifient les rapports sociaux, c’est tout à fait dans la logique de Contributopia.
Comme l’écrivait récemment un certain Bram dans une suite de messages rageurs sur son compte Mastodon :
La techno ça sert à rien si ça change pas la vie des gens.

Voici les prénoms des CoopCycle qui nous ont répondu : Alexandre, Aurélien, Aloïs, Antoine, Basile, Jérôme, Kevin, Laury-Anne, Liova, Lison, Paul, Pauline, Vincent.

Logo de CoopCycle

D’habitude on demande à nos interviewés de se présenter mais je vois bien que vous avez depuis quelques mois une sacrée visibilité médiatique et c’est tant mieux…

Coopcycle – L’explosion médiatique est détaillée sur notre blog Médiapart en toute transparence. Effectivement, ça a explosé au mois d’août en parallèle des rassemblements de livreurs suite au changement de tarification de Deliveroo. Non seulement les journaux ont beaucoup parlé de ces « cyber-grèves » (des travailleurs numériques qui appellent à la déconnexion, ou qui vont empêcher l’utilisation d’un iPad dans un restaurant, c’est original), mais en plus tous étaient unanimes pour condamner le modèle des plateformes.

Tout le monde a entendu parler de votre initiative et s’y intéresse, pourquoi à votre avis ? 

Photo par Shopblocks (CC-BY 2.0)

– L’intérêt pour notre initiative vient à notre avis de l’attente qui existait face à un manque d’alternatives permettant de lutter contre une ubérisation de la société parfois perçue comme une fatalité. Le modèle qui se généralise, c’est l’individu auto-entrepreneur dans la « gig economy », l’économie des petits boulots. Face à des plateformes dotées de très gros moyens, tout le monde est un peu les bras ballants, les pouvoirs publics en tête, qui ont même tendance à encourager, « sécuriser » le modèle des plateformes : en penchant pour une jurisprudence qui empêche la requalification des contrats précaires en contrats salariés, en encourageant la délégation de service public, ou en réduisant les normes sur les activités classiques pour leur permettre de faire face à la concurrence à moindre coût des plateformes…

Photo par Môsieur J. (CC BY-SA 2.0)

En somme, les pouvoirs publics semblent accompagner l’ubérisation (comme le développe le Conseil d’État au sein de ce document), et accepter le dumping et la casse sociale que ces modèles impliquent, tandis que les livreurs, les restaurateurs et les clients se débrouillent avec une évolution qui semble être un fait accompli.
De plus en plus de monde prend conscience que c’est l’ensemble des régimes de protection sociale qui sont menacés, et personne ne savait comment faire pour répondre à ces problématiques.
Notre initiative cristallise donc beaucoup d’espoirs car c’est une proposition positive, mais qui soulève des problématiques structurelles et interroge la possibilité d’une économie des Communs. En tout cas, ce n’est pas une énième réaction de critique passive à une logique que l’on ne serait pas en position de ralentir ou contrecarrer aujourd’hui. Nous pensons qu’une alternative est possible, et nous allons plus loin en concrétisant nos idées. Dans le débat tel qu’il existe aujourd’hui, c’est déjà une perspective séduisante.

À cause de Nuit Debout ? C’est là que tout a commencé ? À cause des conflits sociaux autour de Deliveroo et autres starteupes qui font tourner les jambes des livreurs pour des rémunérations de misère ?

– Ce n’est pas « à cause de Nuit Debout », c’est plutôt « grâce à Nuit Debout » !
Selon nous, c’est plus la possibilité d’une alternative qui intéresse les gens. Le fait que le projet « vienne de » Nuit Debout, la plupart des gens ne le savent pas.
Mais effectivement ce projet n’existerait pas sans Nuit Debout. C’est un des rares événements politiques qui a eu lieu ces dernières années en France, et même si tout ça paraît déjà lointain, il a suscité une vague d’espoir.

Photo issue du site Alternative Libertaire

Ce qui nous a réunis sur la place de la République, c’est la lutte contre la loi El Khomri et la précarisation de nos conditions de travail. À partir de là, on se retrouve à participer aux manifestations, on rencontre le Collectif des Livreurs Autonomes de Paris alors que l’idée n’était encore qu’une idée… C’est ce qui a permis l’émergence de groupes de personnes engagées, militantes ou non, qui cherchent des solutions, mènent des campagnes, montent des projets ensemble. Et un de ces projets, c’est CoopCycle.

 

 

Elle est destinée à qui cette plateforme en cours de réalisation ? Aux livreurs à vélo, aux restaurateurs, aux consommateurs qui se font livrer ?

– La plateforme est destinée avant tout aux livreurs et aux commerçants, c’est un outil d’émancipation. Les collectivités territoriales ont également une place dans ce genre dispositif car cela leur permet de reprendre le contrôle sur l’espace public ainsi que sur les modes de vivre ensemble.

Mais au final, la plateforme en version « communs » est là pour servir à tout le monde, et pour outiller tout le monde. Quant aux clients finaux, nous sommes persuadés que beaucoup de consommateurs seraient prêts à payer un peu plus cher pour que les livreurs aient de bonnes conditions de travail.

Regardez l’engouement pour les Biocoop, regardez aussi la réussite d’Enercoop, qui fournit de l’énergie durable. À leurs débuts, ces derniers étaient 50 % plus chers que l’opérateur historique et pourtant, ils ont réussi à séduire des clients conscients, qui veulent consommer autrement.

Pour la livraison de repas à domicile, qu’on soit client ou restaurateur, on peut très bien vouloir consommer et commercer de façon éthique et équitable, mais si les seuls outils disponibles sont ceux des capitalistes, on se retrouve à consommer et travailler au profit du capitalisme, qu’on le veuille ou non.
CoopCycle est donc une initiative de reprise en main de la logique des plateformes afin de permettre un rééquilibrage du rapport de force en faveur des livreurs et des restaurateurs dans le secteur de la livraison.

C’est quoi cette licence bizarre que vous avez exhumée des tréfonds du web ? pourquoi celle-là plutôt que d’autres parmi les nombreuses licences libres ?
— La licence qui encadre l’application que nous développons restreint l’utilisation à des groupes de livreurs qui se lancent en coopérative ou respectent des critères de réciprocité. Le fait que dans ce cadre son utilisation serait gratuite fait que la marge qu’ils peuvent proposer aux restaurateurs peut être largement moindre que celle des plateformes capitalistes. Si les livreurs ne veulent pas adhérer à la SCIC nationale sur laquelle nous travaillons ils pourront également y avoir accès.

Néanmoins, cette licence n’est pas parfaite ! Premièrement car nous ne savons pas concrètement comment elle est reconnue et s’inscrit à l’échelle de la France ou plus largement à l’échelle européenne. Plus largement, le respect et la défense des licences est difficile à réellement mettre en œuvre dans le cadre de l’économie numérique. Comment pourrions-nous réellement prouver qu’une entité lucrative privée, fermée par nature, utilise des bouts d’un code développé par le travail Commun ? La problématique est la même dans le cadre d’une utilisation propriétaire du code source. Car une fois la captation identifiée, comment pourrions-nous financer les frais judiciaires qu’un procès impliquerait et qui resteraient à notre charge ?

Enfin ce type de licence ne permet pas l’élaboration d’une cotisation qui permettrait de rémunérer le travail à l’origine de ce Commun. Dès lors, aucun retour de la valeur économique produite ne pourrait être assuré aux contributeurs d’un commun dans la mesure ou ce dernier n’a ni périmètre juridique clairement établi, ni force d’opposition face à un grand groupe. Le cadre légal doit être repensé et c’est toutes ces questions que nous souhaitons traiter au cours des conférences suivantes du cycle que nous avons lancé le 20 septembre.

Et au fait pourquoi open source et pas « libre » ?

Le code n’est pas libre car s’il l’était, n’importe qui pourrait se le réapproprier et l’utiliser pour faire du profit. Aujourd’hui dans le libre, c’est souvent la loi du plus fort qui l’emporte, avec toutes les conséquences que l’on connaît. Il faut donc une licence qui permet de protéger l’utilisation de ce code pour la réserver aux coopératives qui ne veulent pas exploiter les gens. Nous savons qu’il faut travailler sur cette histoire de licence et nous sommes en contact avec des avocats spécialisés sur le sujet. D’ailleurs, si vous en connaissez, on les accueille avec plaisir !

Dans ce monde, on est malheureusement toujours ramené au célèbre « there is no alternative » prononcé par Margaret Thatcher. Il faut être « pragmatique », à savoir accepter les règles du jeu capitaliste, pour que rien ne change.

Aujourd’hui, on voit des gens qui « travaillent » sur des alternatives à Uber, par exemple. Pour certains, le premier réflexe, c’est de vérifier que leur modèle peut avoir des retombées commerciales, qu’ils peuvent financer leur développement avant même d’avoir produit une seule ligne de code…
Ça n’est certainement pas notre approche. You don’t need to know how to do it, you just need to start comme dirait l’autre sur un article Medium.
À l’heure où les plateformes représentent une source non négligeable d’emplois (précaires), l’open source offre une vraie possibilité d’implémenter enfin la copropriété d’usage de l’outil de travail.
Mais il faut des règles pour garantir que l’essentiel de la valeur créée aille aux travailleurs, afin de poursuivre sur le chemin de l’émancipation. Sinon, ce seront forcément ceux qui auront les capitaux qui pourront enclencher les effets de réseau, tout ça en utilisant du « travail gratuit ».
Il est temps d’en finir avec le solutionnisme technologique, il faut ajouter une dimension sociale, sans quoi on retombe dans l’aliénation.

Votre projet n’est donc pas simplement de développer une plateforme informatique, aussi open source soit-elle, c’est aussi un tout autre modèle social, celui de la coopérative. C’est possible de nous expliquer ça simplement ?

Nous n’avons pas envie de créer une startup de l’économie sociale et solidaire. Ce qui nous intéresse, c’est justement le projet politique. Il existe aujourd’hui tout un archipel de sites et d’initiatives qui espèrent « changer le monde » et pourtant, rien de bouge vraiment au niveau macro-économique. Les structures qui permettent l’exploitation des travailleurs sont toujours bien en place. Nous aimerions « secouer le cocotier », et faire du lobbying citoyen pour essayer de modifier ces structures. Certes, nous n’avons pas encore une loi anti-ubérisation dans nos cartons, mais réunir des gens de différents milieux permet de faire réfléchir, de rassembler et à terme d’influencer le jeu politique.

Sur le choix de la coopérative, il s’est assez simplement imposé à nous. Nous sommes en passe d’avoir ce bel outil numérique mais sommes conscients que face aux géants de la foodtech et malgré la surmédiatisation ponctuelle, il ne suffira pas de dire « voici le moyen de vous réapproprier votre outil de travail, à vous de jouer ».

La question qui se pose à nous est celle de l’articulation entre une ressource que l’on gère comme un commun et un circuit économique composé de coopératives qui permettent une rémunération et des conditions de travail correctes pour ceux qui y travaillent. La forme coopérative nous semble la plus adaptée puisqu’elle permet des règles économiques et démocratiques plus équitables (statut salarié, intégration de l’ensemble des acquis sociaux y afférant, mutualisation des moyens comme des risques, une personne une voix, etc.).

Mais nous ne sommes pas dupes évidemment, le développement de ces modèles « sociaux et solidaires » est un mouvement positif, témoignant d’une certaine prise de conscience nécessaire mais non suffisante. La création de structures privées socialisées dans un marché libéral combat le capitalisme sur ses terres mais n’emporte pas de sortie réelle de ce système. Pire encore, on peut également considérer que ce développement parallèle organise le désengagement de l’état in fine, puisque la mutualisation se réorganise à plus petite échelle.

C’est pour cela que nous tenons à agir sur les 3 plans :

  • développer un outil open source et libre d’accès sous condition, pour créer l’outil de travail ;
  • construire une structure coopérative nationale et des structures locales pour organiser les moyens du travail ;
  • questionner les problématiques macro-économiques et structurelles qui se posent aux différentes étapes de notre construction à travers des cycles de conférences thématiques.
Si l’initiative de Coopcycle faisait tache d’huile ? Ici, solidarité avec les livreurs espagnols.

Bon alors où en est-il ce code open source de plateforme ?  Vous êtes combien là-derrière ? Vous auriez peut-être besoin d’un coup de main, de patches, de bêta-testeurs, de pintes de bières, enfin tous les trucs qu’on s’échange dans le petit monde du logiciel libre. C’est le moment de lancer un appel à contributions hein…

Notre code est sur GitHub : https://github.com/coopcycle

Pour l’instant il y a 3 personnes qui ont contribué. Notre but est de construire une communauté autour du code, pour assurer la pérennité du projet notamment. On a posé les premiers jalons avec des règles de contribution et une installation en local facile (crash testée !). Nous avons reçu plusieurs propositions spontanées d’aide, mais cherchons encore à voir comment intégrer chacun suivant son temps disponible et ses langages de prédilection. De même nous devons établir une roadmap claire pour le projet. Tout cela explique que nous n’ayons pas encore fait d’appel à contribution.
En tout cas tous les repos ont des issues ouvertes, et n’attendent que vous !
Le feedback sur la démo (UI/UX ou bugs) est plus que bienvenu. Vous pouvez contacter l’équipe dev à dev@coopcycle.org.

Toutefois il ne faut pas résumer notre approche au groupe de développeurs, nous sommes une bonne quinzaine à travailler sur ce projet ; journalisme, portage politique, propagande, représentation, construction du modèle économique, lien avec les livreurs et les restaurateurs. Tous ces travaux sont complémentaires et nous essayons justement de ne pas tomber dans le solutionnisme de l’outil en assumant toutes ces tâches collectivement.

On vous laisse le mot de la fin, comme de coutume sur le Framablog !

Merci pour tous vos outils, c’est un plaisir de pouvoir bâtir son projet avec des logiciels libres ! En attente de Framameet pour nos apéros devs :)

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13 Responses

  1. Romain Sertelon

    Cette initiative est très intéressante. Sur vos interrogations macro économiques, peut-être que le réseau salariat serait un puits d’idées intéressantes. Pour ma part j’en discuterais bien avec vous!

    • CoopCycle

      Bonjour Romain, tu penses bien qu’on est déjà en lien étroit avec Réseau Salariat 🙂
      On avait invité Bernard Friot lors de la conférence qu’on a organisée le 20 septembre à la Bourse du Travail.
      Tu peux revoir la vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=u7RxqaqjM5E
      Hésite pas à nous balancer un petit mail 🙂

  2. Mika

    Par curiosité, si on veut aider autrement qu’en testant et en codant?
    Si on veut contribuer à d’autres thèmes comme :
    Le journalisme, le portage politique, la propagande, la représentation, la construction du modèle économique, le lien avec les livreurs et les restaurateurs ?
    Comment on fait ?

    • CoopCycle

      Bonjour Mika,

      Tu peux nous envoyer un mail à l’adresse de contact, on se rencontre, et on voit.

      Tu comprendras que pour le moment c’est à peu près aussi ouvert qu’un camp de gitans… sur ces sujets il faut qu’on soit sûrs à 200% que nos opinions politiques correspondent. On ne peut pas se permettre de donner accès à certaines ressources stratégiques à « n’importe qui ».

      On réfléchit à une procédure pour « valider les nouveaux ».
      Mais n’aie pas peur hein, n’hésite pas à envoyer un mail 🙂

  3. Nicolas Floquet

    Bonjour CoopCycle.

    1. Vous écrivez que votre projet est opensource. C’est faux. Vous résumez à tort l’opensource à « source consultable ». À tort car votre licence ne satisfait pas notamment le point 6 de l’Open Source Definition : https://opensource.org/docs/definition.php .

    Votre projet ne peut donc être déclaré ni libre ni Open Source. Veuillez ne plus propager cette erreur. Pour mieux comprendre le Libre et sa distinction avec l’open source, je vous suggère la lecture de : https://www.gnu.org/philosophy/open-source-misses-the-point.html

    2. Vous semblez assumer que l’humanité soit privée de son droit à utiliser votre programme sans restriction. Pour mieux comprendre en quoi votre posture pose problème, je vous suggère la lecture de https://www.gnu.org/philosophy/programs-must-not-limit-freedom-to-run.html

    3. Je comprends votre crainte de voir votre travail récupéré par des méchants. Seulement, votre réflexe pour le protéger ne va pas dans le bon sens. Si vous voulez vraiment éviter que votre programme participe à l’élaboration des monopoles (même le vôtre) il faut le coder de manière à ce qu’il fonctionne en « fédération », en « pair-à-pair ». Il faut ensuite que vous fassiez l’instruction de vos utilisateurs pour qu’ils montent leurs propres nœuds de votre programme constituant alors un réseau. Plus il y aura de nœuds, plus les citoyens seront éduqués au Libre, moins le risque de voir votre programme récupéré sera fort. On peut prendre l’exemple des services de Framasoft pour mieux comprendre : https://framacloud.org/fr/cultiver-son-jardin/.

    Merci d’avoir lu ce commentaire. Merci d’y réfléchir en profondeur. Merci.

  4. Seb

    Vivement que l’idée s’applique à toutes les autres plateformes, comme les sites de rencontre par exemple. Imaginez un site de rencontre qui appartiendrait à ses membres! fini les tarifs exorbitants, les faux profils et les faux like pour faire payer, on pourrait imaginer que le tarif s’adapte automatiquement en fonction des salaires et des frais pour faire tourner le site. Exit les actionnaires et les millions de dollars sur le dos de gens qui cherchent juste un peu d’amour. Les plateformes sont les usines des temps modernes, elles appartiennent à ceux qui font travailler les autres pour se faire de la plus value.

    Ensuite il faudra désubériser (il faudrait vraiment inventer un nouveau mot pour ça) blablacar, leboncoin, ebay, airbnb, kickstarter. On pourrait imaginer un crowdfunding pour la création.

    Pour aller jusqu’au bout, on pourrait même imaginer de coder ça sur Zeronet, comme ça on se passe en plus des hébergeurs et des vendeurs de domaine. Voir l’exemple d’OpenBazaar. Et finalement on arrive à la monnaie, avec Bitcoin, Ethereum ou Monero pour l’anonymat. Les pièces de puzzle sont là, faudrait juste un visionnaire pour les assembler, avec la pêche de l’esprit startup pour le faire décoller et les investisseurs de départ (à voir comment les intéresser).

    Le seul problème à mon avis c’est la pub et le marketing qui coûte un bras. Pas la peine d’espérer quoi que ce soit sans pub, c’est ne nerf de la guerre. Les gens choisissent les plateforme dont ils entendent le plus parler, pas celle qui sont le plus interessantes pour eux. Les journalopes devraient aussi redevenir journalistes et arrêter leur bourrage de crane sur Uber/Airbnb/Tesla en les présentant comme des merveilles venues d’outre atlantique. il faudraient qu’ils aient quelque chose à gagner à en parler (affiliation?). Le management sera aussi très important, recruter les bonnes personnes, les intéresser.

  5. Nicolas Floquet

    Bonjour CoopCycle.

    1. Vous écrivez que votre logiciel est OpenSource. C’est faux et je vous prie de ne plus propager cette erreur. C’est faux car la licence que vous avez choisi ne respecte notamment pas le point 6 de l’OpenSource Definition : https://opensource.org/docs/definition.php

    Pour mieux comprendre l’OpenSource et ce qui le distingue du Logiciel Libre, je vous suggère la lecture de : https://www.gnu.org/philosophy/open-source-misses-the-point.html

    2. Vous assumez le fait de priver l’humanité du droit d’utilisation sans restriction de votre programme. Pour comprendre en quoi cette posture pose problème, je vous suggère la lecture de : https://www.gnu.org/philosophy/programs-must-not-limit-freedom-to-run.html

    3. Je comprends la crainte de voir son programme utilisé par des gens dont on approuve pas l’action. Mais le réflexe de restreindre les droits sur son logiciel n’est en soi pas une bonne action non plus.

    Pour éviter qu’un programme ne soit la source d’un monopole futur la solution éthique est classiquement la suivante :

    Il s’agit de concevoir le logiciel de manière à ce qu’il soit acentré (fonctionnement en « fédération », en « pair-à-pair »). Puis éduquer vos utulisateurs pour qu’ils hébergent eux-mêmes leurs propres instances. Plus les citoyens seront instruits en matière de Libre, plus seront nombreuses les instances de votre logiciel, mieux votre réseau fonctionnera, et plus faible sera le risque de voir votre initiative détournée.

    Voir par exemple : https://framacloud.org/fr/cultiver-son-jardin/

    Merci de m’avoir lu.

  6. internaute

    Bonjour,
    Votre initiative est très intéressante. Par contre, là où vous pêchez c’est dans l’utilisation de google maps. Google est à l’origine de l’ubérisation de la société, en offrant des services « gratuits » pour obtenir encore plus de contrôles sur les personnes ou sur un business particulier.
    Cela va bien à l’encontre de ce que vous combattez, des problèmes que vous souhaitez corrigés dans notre société. Utilisez des logiciels open-sources pour la cartographie. Vous gagnerez en crédibilité. (pour ma part, il est hors de question d’obtenir une clé api google map). Je n’ai aucune envie de voir du code google s’éxécuter sur les machines des utilisateurs, qui soient développeurs, livreurs, restaurateurs…
    Utilisez par exemple OpenStreetMap, qui est pratique, simple à développer et facile d’utilisation.
    Merci de votre attention.

    • internaute

      l’adresse email que j’ai indiqué dans ce premier post est erronée.

  7. internaute

    Bonjour,
    Votre initiative est très intéressante. Par contre, là où vous pêchez c’est dans l’utilisation de google maps. Google est à l’origine de l’ubérisation de la société, en offrant des services « gratuits » pour obtenir encore plus de contrôles sur les personnes ou sur un business particulier.
    Cela va bien à l’encontre de ce que vous combattez, des problèmes que vous souhaitez corrigés dans notre société. Utilisez des logiciels open-sources pour la cartographie. Vous gagnerez en crédibilité. (pour ma part, il est hors de question d’obtenir une clé api google map). Je n’ai aucune envie de voir du code google s’éxécuter sur les machines des utilisateurs, qui soient développeurs, livreurs, restaurateurs…
    Utilisez par exemple OpenStreetMap, qui est pratique, simple à développer et facile d’utilisation.
    Merci de votre attention.

    • CoopCycle

      Bonjour « internaute »,

      Merci pour ce commentaire constructif !
      Apparemment, tu n’as pas regardé plus loin que le haut de la page du site, car on utilise _déjà_ OpenStreetMaps : on utilise d’ailleurs LeafletJS pour afficher les cartes, et OSRM pour le routage.
      Effectivement, le geocodage d’adresses est encore sous Google Maps, pour des raisons de rapidité.

      On compte bien sûr utiliser OpenStreetMaps pour tout, il y a d’ailleurs une issue ouverte sur GitHub depuis bientôt un an : https://github.com/coopcycle/coopcycle-web/issues/4
      Mais utiliser Pelias (qui semble le mieux pour le geocodage) demande plus de ressources, et ça signifie qu’il faut mettre en place un pipeline pour transformer les fichiers OSM et aussi ajouter ElasticSearch à notre infrastructure.
      Si tu veux contribuer pour nous aider à le mettre en place, hésite pas !

  8. blgl

    Bonjour,
    Je rejoins tout à fait Nicolas Floquet. Suivez donc ses recommandations. Il ne faut pas avoir peur de la licence libre GPL ou la GNU Affero General Public License.
    Vous ne pouvez pas espérer être aidés si le code n’est pas libre au sens GNU.

    Et comme vous aimez bien Framasoft, migrez donc votre projet sur Framagit? (ou installer vous-mêmes votre instance Gitlab). Vous avez peur d’être seuls? N’ayez pas peur et tout ira bien.

  9. David

    Bonjour,

    Votre initiative est très intéressante et motivante !

    J’ai beau être un libriste convaincu par la GPL, je comprends votre choix de licence, en effet la question de la mauvaise réutilisation du code c’est déjà posé pour certains de mes clients avec une situation de mauvaise réutilisation possible.

    Personnellement, je ne pense pas que les licences dites « copy far left » soient moins libre, puisqu’elles donnent en gros les mêmes droits que la GPL à condition de respecter une certaine éthique. Autrement dit pour moi ce genre de licence revient juste à aller un cran plus loin dans la licence contaminante : on ne force plus juste de maintenir des libertés sur le code, mais aussi de maintenir un modèle sociétale.

    En tout cas c’est la première fois que je voit un projet sous cette licence, j’espère que ça marchera pour vous et j’espère bientôt pouvoir me faire livrer par des cyclistes maîtres de leurs outils et leurs revenus !