Une nouvelle application pour Framaspace : OwnershipTransfer

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Encore des nouveautés sur Framaspace ? Et oui ! En ce moment, on gâte les utilisateur⋅ices de ce service, avec l’intégration de pas mal de fonctionnalités comme les applications Forms et Tables, mais aussi l’app « Intros » qu’a développée Val, notre stagiaire estival (rime riche !). Et comme c’est Val, c’est festival (rime honteuse !) : juste avant de nous quitter pour des vacances bien méritées et une dernière année d’études, il nous a livré une nouvelle application « Ownership Transfer » qui facilitera la vie des administrateur⋅ices d’espaces Framaspace.

An English version of this interview is available at : https://framablog.org/2024/09/10/a-new-application-for-framaspace-ownershiptransfer

 

Bonjour Val, on ne va pas te proposer de te présenter, car tu l’as déjà fait dans la précédente interview. On rappellera juste que tu es en stage à Framasoft de début mai à fin août 2024, avec pour objectif de développer des outils d’accompagnement à Framaspace, et donc au logiciel libre Nextcloud.

Salut ! N’hésitez pas à aller lire ma précédente interview pour en savoir plus sur moi ! J’y parle d’Intros, une application pour faciliter la prise en main de Framaspace.

A la fin de l’interview, je parle d’une autre application Nextcloud sur laquelle je travaillais, OwnershipTransfer. À l’époque c’était encore en cours de préparation, mais depuis j’ai cuisiné, et maintenant c’est prêt.

 

OK, donc, parlons de l’App Ownership Transfer. À quoi sert-elle ? Quel est le public visé ?

Comme indiqué dans l’article précédent, OwnershipTransfer sert à transférer des données d’un⋅e utilisateurice à l’autre dans Nextcloud. Par exemple, lorsqu’une personne quitte une association qui utilise du Nextcloud (sur Framaspace, au hasard 😏), il peut être bien pratique de transférer ses fichiers avant de supprimer son compte. Cela permet d’éviter de perdre des archives importantes, des factures,… De même pour ses agendas, ou même ses carnets d’adresses.

Ça tombe bien, OwnershipTransfer (qu’on abrégera par la suite « OT ») fait tout ça. Elle permet aux administrateur⋅ices d’un espace Nextcloud de transférer les données de n’importe qui vers n’importe qui. À l’origine surtout destinée au transfert de fichiers, j’ai pu étendre l’application au transfert d’agendas et de contacts.

OT permet de transférer toutes les données d’une application, mais aussi de choisir plus finement ce qui devra être transféré. On peut ainsi choisir l’agenda, le carnet d’adresse ou un dossier à transférer, pour éviter de se retrouver avec les photos de vacances de quelqu’un d’autre dans ses fichiers.

 

Mais… cette possibilité n’existait pas déjà dans Nextcloud ?

Si, mais pas exactement comme on le voulait.

Nextcloud permet déjà de transférer ses propres fichiers à une autre personne, via une petite interface graphique dans les paramètres utilisateurs. On peut là uniquement transférer ses propres fichiers vers un autre utilisateur, mais pas choisir l’utilisateur source : ce n’est pas une solution pour les admins d’espace qui voudraient transférer des fichiers d’une personne à une autre.

Un⋅e administrateurice d’espace peut aussi transférer des fichiers ou des agendas d’un⋅e utilisateur⋅ice à un⋅e autre, via une commande « OCC ». OCC est la CLI de Nextcloud, via laquelle les admins peuvent lancer diverses opérations de maintenance ou de management. On y accède donc en ligne de commande via le terminal uniquement, ce qui a de quoi repousser la plupart des êtres vivants sur cette planète.

En bref cette solution fonctionne, mais ne propose pas d’interface graphique simple aux admins. Cela pose problème dans le cas de « fermes à Nextcloud » (une organisation qui héberge des instances Nextcloud pour beaucoup de clients d’un coup) comme Framaspace, dans lesquelles les administrateur⋅ices d’un espace n’ont pas accès à la ligne de commande.

 

Techniquement, comment ça marche ?

Comme elle s’intègre avec d’autres applications, OT se base essentiellement sur des APIs existantes de Nextcloud. L’application réutilise aussi des parties du code de Nextcloud que j’ai adaptées aux besoins de l’application. Par exemple, je réutilise le code de transfert de ses propres fichiers, en l’adaptant pour pouvoir choisir à la fois l’utilisateur⋅ice source et destinataire. De même pour le transfert d’agendas.

J’ai par contre dû implémenter le transfert de contacts, non disponible dans Nextcloud par défaut. Il est cependant très similaire au transfert d’agendas, dont je me suis inspiré, puisque les deux se basent sur le protocole WebDAV.

Pour l’affichage, j’utilise bien sûr les composants Vue proposés par Nextcloud. Leurs composants sont assez complets et agréables à utiliser, et ils en sortent de nouveaux régulièrement. Cela m’a permis de réaliser une interface graphique complète en peu de temps, et cohérente avec le reste du logiciel.

 

Tu as rencontré des soucis, qu’ils soient techniques, organisationnels, etc ?

La documentation de Nextcloud n’ayant pas miraculeusement centuplé en taille depuis la dernière fois, j’ai encore dû fouiller dans le code source de Nextcloud pour aller trouver les fonctions à utiliser. Ça commencerait presque à me plaire. Presque.

Mème d'un Val (avec quelques années de plus) face la (non) doc de Nextcloud.
Mème d’un Val (avec quelques années de plus) face à la (non) doc de Nextcloud.

 

Au moins, comme les fonctionnalités existaient déjà en partie dans Nextcloud, les adapter n’a pas été d’une difficulté monstre. Surtout que j’ai pu beaucoup compter sur les conseils de Tcit, codirecteur de Framasoft et contributeur bénévole de Nextcloud. En gros : j’écris du code, il le regarde, il se dit « Cool, mais ça passe pas à l’échelle ton truc », et puis je corrige.

C’était le problème la plupart du temps, le passage à l’échelle. C’est bien beau quand ça fonctionne sur mon petit environnement de test à 5 comptes et 7 dossiers, mais dans l’idéal il faut aussi que ça fonctionne sur les grosses instances Nextcloud avec beaucoup de fichiers. Par exemple, le transfert de fichiers peut prendre beaucoup de temps et de ressources : il faut déplacer tous les fichiers du dossier source vers la destination, ce qui peut être plus ou moins long en fonction de la quantité de fichiers et du type de stockage. Celui-ci est donc géré en fond : au lieu de l’exécuter au premier plan dès la réception de la requête, il est placé dans une file de « jobs » que le serveur effectue périodiquement.

Les transferts de contacts et d’agendas n’ont pas le même problème : il s’agit dans leur cas d’une simple requête SQL qui vient modifier la propriété de l’élément en question. Cette opération est rapide, et peut donc être exécutée au premier plan.

Outre le transfert en soi, réaliser l’interface a aussi été un vrai défi. L’application doit permettre à l’administrateurice de choisir quel élément doit être transféré, et doit donc lui proposer une interface pour faire son choix. Pour les agendas et les contacts, c’est plutôt simple : avec les composants de Nextcloud, j’ai pu facilement faire une liste d’agendas ou de carnets d’adresses. Pour les fichiers, ça se complexifie : il faut récréer une arborescence complète de fichiers, capable d’afficher des sous-dossiers.

Heureusement, un « insalien » n’est jamais seul. Romain, ancien étudiant INSA Lyon (du département Télécom, comme moi !) et ancien stagiaire à Framasoft, a travaillé il y a quelques années sur l’application Sorts. Le but de Sorts est d’améliorer la recherche de fichiers de Nextcloud, en proposant une recherche avec des filtres notamment. Mais Sorts a surtout quelque chose qui m’intéressait : une arborescence de fichiers en arbre. Pile ce qu’il me fallait.

Après avoir récupéré et adapté le code de Sorts, ce qui n’était pas forcément de tout repos, son arborescence s’intégrait parfaitement à OwnershipTransfer. Cela m’a permis de gagner beaucoup de temps de développement, et j’ai même pu apporter des améliorations, comme les lignes qui mettent mieux en évidence l’arborescence, ou les icônes de partage. Pas mal non ? C’est insalien 😎

Mème « Pas mal non ? C'est insalien »
Mème « Pas mal non ? C’est insalien »

 

Maintenant que ton stage s’achève, et après avoir « mangé » du Nextcloud pendant près de 6 mois, quels sont tes potentiels positionnements sur ce logiciel ?

Ah, c’est le moment où je râle !

Non blague à part, malgré toutes les critiques que je pourrais faire sur Nextcloud (notamment sa documentation légère, sa lenteur occasionnelle ou son interface qui laisse parfois à désirer), le logiciel est fonctionnel, et franchement c’est tout ce qui compte pour la plupart des gens. Des améliorations sont possibles (et sont en cours !), mais je le trouve déjà assez opérationnel pour la plupart des besoins que peuvent avoir ses utilisateur⋅ices. Je l’utilise personnellement depuis 2 ans sur ma Raspberry PI pour stocker mes fichiers, et je n’ai jamais eu de problème majeur avec.

Le logiciel peut par contre s’améliorer sur ses aspects collaboratifs, qui sont très demandés par les utilisateur⋅ices (écrire à plusieurs sur un fichier texte ou calc par exemple). Ces fonctionnalités existent, mais sont souvent encore difficiles à prendre en main et peu optimisées. Du coup, quand je les vois se vanter d’intégrer de l’IA au logiciel (alors que franchement, je pense que pour beaucoup ça n’a que très peu d’utilité) alors même que quand on ouvre un fichier texte en collaboratif c’est parfois encore le bordel… je me dis qu’ils pourraient mieux diriger leurs efforts. Mais bon, faut bien des annonces pour faire vendre.

 

Nous avons été très heureux⋅ses et satisfait⋅es de travailler avec toi pendant ces quelques mois ! Un dernier mot pour la fin ?

J’ai été très heureux de travailler à Framasoft ! Ce stage a été très enrichissant pour moi, et je remercie encore l’association pour son accueil et ses conditions de travail au top. Si les sujets que j’aborde dans cet article vous intéressent et que vous cherchez un stage dégooglisé, je vous encourage à venir à Framasoft (promis le dev Nextcloud c’est pas si terrible en vrai). Sinon, vous pouvez toujours faire un don !

Maintenant c’est l’heure des vacances pour moi (puis des « cours », mais ne le dites pas trop fort), puis de mon stage de fin d’études en début d’année prochaine. Je glisse ça là, au cas où ;)

Merci et bonne continuation, Val !


Pour information, si vous êtes étudiant⋅e, que vous aimez Nextcloud, et que ce genre de sujet de stage vous intéresse (de préférence à Lyon pour faciliter l’encadrement, mais télétravail possible), n’hésitez pas à nous envoyer rapidement une candidature spontanée sur stages @ framasoft.org !

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