Mais pour qui vote le libriste ?

Difficile d’échapper à l’élection présidentielle française en ce moment. Alors je vais y aller moi aussi de mon petit couplet et d’oser vous proposer ma très fine analyse sociologico-politique à une question que vous ne vous posez pas en m’appuyant pour cela sur deux sondages en rien comparables. Vous voici donc prévenu, et si vous poursuivez la lecture de ce superficiel billet ce n’est plus de ma faute.

Kézako un libriste ?

Première difficulté c’est quoi un libriste ? Le jargon français a sa petite idée.

Libriste - Jargon Français

Un libriste serait donc un fan du logiciel libre, un peu comme on serait fan de Johnny Hallyday en somme. On a échappé au Partisan du librisme mais ça reste tout de même peu satisfaisant. Et puis il y a cette précision qui interpelle au risque de produire son effet contraire : Le terme est positif. Ouf ! nous voici rassurés parce que quand le terme est négatif ça donne généralement l’équation suivante : libriste = intégriste du libre, qui, d’après ses détracteurs, voudrait rendre libre à peu près tout ce qu’il touche au mépris le plus élémentaire du pragmatisme situationiste de nos habitudes et des règles économiques du marché.

Bon, bref, passons, ne nous écartons pas du sujet (parce qu’il y aurait beaucoup à dire sur ces habitude et ces règles du marché) et faisons un choix. On va réduire ici le libriste à… un visiteur du célèbre site linuxfr. Voilà, ça vaut ce que ça vaut, mais ça m’arrange pour la suite.

Deux sondages

Le premier sondage est tout ce qu’il y a de plus classique et pour tout vous avouer je l’ai pris un peu au pif pourvu qu’il fut récent. Il s’agit d’une enquête Ipsos/DELL difusée par SFR et Le Point auprès de 1300 personnes interrogées par téléphone le 7, 9 et 10 avril sur leur intention de vote au premier tour.

Sondage Ipsos/DELL Présidentielle

Le second est plus original puisqu’issu du site LinuxFr (vous savez, le repaire de… libristes). Il est toujours en cours et compte, en ce doux mercredi 11 avril à 23h41, exactement 2677 votes.

Sondage LinuxFr Présidentielle

Si on lui écarte les réponses qui ne correspondent pas à des votes pour des candidats, et ceci afin de pouvoir mieux le comparer au sondage précédent, ça donne alors : Royal : 24,8 %, Bayrou : 44,4 %, Sarkozy : 14,2 %, autre de gauche ; 13,8%, autre de droite ; 2,8%.

Subjectif comparatif

Les sondages, blabla, on n’a pas attendu 2002 pour cela, c’est à prendre avec des pincettes, ils ne disent que ce qu’on veut bien leur faire dire, tout ça… Ok, j’en conviens fort bien. Tout comme je reconnais, mais c’est assumé et apprécié, que les sondages LinuxFr sont beaucoup plus un pretexte à convivialité et échanges (décontractés) qu’un truc véritablement sérieux. Il suffit de consulter la liste des sondages précédents pour s’en convaincre dont le passionnant Combien de bouton(s) possède(nt) votre souris ?

Il n’empêche qu’il y a tout de même quelques différences notables entre les deux études. Alors moi, ni une ni deux, faisant fi de la moindre rigueur scientifique, d’en tirer pour notre libriste les quelques enseignements / hypothèses / élucubrations suivant(e)s.

  • Le libriste ne vote pas comme le français moyen
  • Le libriste vote deux fois plus pour Bayrou et deux fois moins pour Sarkozy que le français moyen (Royal restant stable)
  • L’axe Bayrou-Royal totalise un peu plus des 2/3 des votes ce qui tendrait à ancrer le libriste au centre gauche
  • L’axe Bayrou tout seul s’approche des 50%
  • Question connexe : Si, parait-il, Bayrou est le favori des bobos, est-ce que le libriste est lui-même un bobo ?
  • L’extrême droite est marginale chez le libriste
  • L’extrême gauche n’est pas marginale mais son score ne suffit pas à démontrer que le libriste est majoritairement un gauchiste révolutionnaire altermondialiste (comme on peut parfois le lire çà et là)
  • Le libriste s’exilera à Bangalore si Sarkozy passe

Le propos reste à affiner

Soit. Admettons cette dissymétrie. On peut alors se demander en quoi les prises de position des candidats vis-à-vis du logiciel libre influence directement le vote de notre libriste. Y accorderait-il la même importance que celles concernant l’éducation, l’économie, le chômage, l’Europe, tout ça ? Cela pourrait expliquer que Bayrou soit sa coqueluche et Sarkozy son mouton noir parce que l’un a défendu publiquement très tôt le logiciel libre tandis que l’autre se fait plutôt discret sur le sujet.

C’est possible mais ce serait un peu réducteur. Il est cependant plausible que les prises de position des candidats sur les nouvelles technologies et la société de l’information dans son ensemble (dont le récent débat autour de la DADVSI) touchent notre libriste tout comme elles touchent, et c’est logique, l‘internaute moyen (qui lui se distingue du français moyen en ce que ce dernier n’est connecté qu’à 44% au net). C’est ce que laisserait à penser un autre sondage réalisé sur le site d’Agoravox le média citoyen (la révolte du pronétariat, le cinquième pouvoir, tout ça…) dont les résultats sont très proche de ceux de LinuxFr.

Libristes et agoravoxiens, même combat donc ici. Peut-on alors étendre ces préférences au net francophone tout entier ? Et de se souvenir qu’en 2005 internet avait majoritairement dit non au référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe avec le résultat final que l’on sait…




Envoyer cet article à un ami

Cher(e) ami(e),

Tu te retrouves sur cette page parce qu’un(e) ami(e) t’a gentiment invité par blog, mail, msn ou autre à venir voir un peu ce que Linux et les logiciels libres sont devenus (en fait on ne dit pas Linux mais GNU/Linux mais ça tu t’en fous complétement pour le moment, par contre on dit bien logiciels libres et non logiciels gratuits même si ils sont gratuits ce dont tu ne te fous pas).

À l’heure où l’on cherche par tous les moyens à te vendre le nouveau Windows Vista, observe cette petite vidéo anglophone de démonstration et constate avec moi les zolis zeffets graphiques que l’on obtient désormais sur son bureau sous Linux. Tu remarqueras au passage que l’on peut naviguer avec confort sur internet, faire du traitement de texte (comme dans Word), voir ses films et même jouer au solitaire histoire que tu ne sois pas trop dépaysé(e).

Voilà, c’est tout.

Personne ne te demande ici de changer d’ordinateur, de système d’exploitation, de logiciels et d’habitudes. Retiens juste que Linux a évolué et que, sait-on jamais, à l’occasion, peut-être un jour, si…

Bien sincèrement,

aKa, pigiste au Framablog.

PS : Si tout ceci te semble probant tu es bien entendu cordialement invité(e) à envoyer à ton tour cet article à un(e) autre ami(e).




Microsoft est mort (et le logiciel libre ne se sent pas très bien ?)

March of the Baby Turtles - Clearly Ambiguous - CC-BY

Encore une traduction (merci Olivier). Celle d’un récent article de Paul Graham au titre choc : Microsoft is dead.

Il nous a semblé intéressant d’abord parce que Paul Graham n’est pas n’importe qui dans le monde de l’informatique. Mais ensuite parce que son point de vue d’américain plongé dans les startups à la sauce web 2.0 tranche singulièrement avec celui d’un européen plongé dans le logiciel libre, comme… moi par exemple ! (sauf à s’appeler Loïc Le Meur ou Tariq Krim mais là n’est pas la question).

Graham propose quatre grandes causes à la mort du géant : Google, Ajax et le Javascript, le haut-débit et Apple. Et d’expliquer en gros que comme les applications de bureau vont toutes finir par migrer sur le web alors on n’aura plus trop besoin de se soucier de son ordinateur du moment qu’il nous fait accéder avec confort à internet. L’exemple emblématique et annonciateur serait alors de consulter ses messages sur Gmail depuis son joli laptop Apple en wi-fi grande vitesse (ce que de nombreux geeks font déjà, j’en ai vu, j’ai les noms !).

Ce qui est notable ici c’est que non seulement le logiciel libre n’est pas cité (ou alors vraiment à la marge), alors que nous sommes (étions ?) nombreux à penser depuis longtemps qu’il est l’un des premiers pour ne pas dire le premier facteur de la chute annoncée du colosse, mais qu’en plus les arguments avancés par Graham font que cela peut également changer la donne pour le logiciel libre lui-même.

En effet force est de constater qu’il est très peu présent dans ce monde encore balbutiant mais en pleine effervescence des applications de bureau taggés web 2.0 accessibles depuis internet. Mais alors, en admettant que la thèse de Graham soit valide, le logiciel libre serait-il lui aussi menacé par cette évolution ? Parce que si il est vrai que l’on arrive à faire des OpenOffice.org en lieu et place de MS Office (et des… GNU/Linux en lieu et place de Windows !), créer un "Gmail libre" me semble hors de portée de la communauté. Poussons le raisonnement jusqu’au bout pour toucher les rives de la science-fiction, entouré de technologies web 2.0 propriétaires finira-t-il par ne rester qu’un Firefox comme logiciel libre phare de nos usages ?

Nous n’en sommes pas encore là. Et à affirmer effectivement que Microsoft soit déjà mort, le macstartupien Paul Graham n’est peut-être pas l’inspecteur idéal pour en désigner seul les coupables[1].

Microsoft is dead - Screenshot

Microsoft is dead

Paul Graham – Avril 2007

Il y a quelques jours j’ai soudainement pris conscience que Microsoft était mort. Je parlais avec un jeune créateur d’une startup de la différence entre Google et Yahoo. Je disais que Yahoo a été empêtré dès sa naissance dans sa peur de Microsoft. C’est la raison pour laquelle ils se sont définis comme une compagnie de média et non une compagnie de technologie. Alors j’ai regardé son expression et j’ai vu qu’il n’avait pas compris. C’est comme si je lui avais dit à quel point les filles aimaient Barry Manilow[2] au milieu des années 80. Barry qui ?

Microsoft ? Il n’a rien dit, mais je pouvais lire que ça lui paraissait invraisemblable que quelqu’un soit encore effrayé par eux.

Microsoft projette son ombre sur le monde du logiciel depuis près de 20 ans, depuis la fin des années 80. Je me souviens qu’avant eux c’était IBM. En pratique j’ai ignoré cette ombre. Je n’ai jamais utilisé de logiciels Microsoft, donc cela ne me touchait qu’indirectement, par exemple dans les spams que je recevais. Et parce que je n’y faisais pas attention je n’ai pas remarqué que cette ombre avait disparue.

Mais elle est partie maintenant, je peux le sentir. Plus personne n’a peur de Microsoft désormais. Ils font toujours beaucoup d’argent, tout comme IBM d’ailleurs. Mais ils ne sont pas dangereux.

Quand est ce que Microsoft est mort et de quoi ? Je sais qu’ils semblaient dangereux jusqu’en 2001 parce que j’avais écrit un article alors sur le fait qu’ils étaient moins dangereux qu’il n’y semblait. Je dirais qu’ils sont mort en 2005. Je sais que lorsque nous avons lancé Y Combinator[3] nous ne nous sommes pas inquiétés de la concurrence de Microsoft quand nous avons fondé les startups. En fait, nous ne les avons même pas invités aux journées de présentation que nous avons organisées pour présenter les startups aux investisseurs. Nous avons invité Yahoo et Google et d’autres entreprises d’internet, mais nous n’avons jamais pris la peine d’inviter Microsoft, pas plus qu’ils n’ont pris la peine de nous envoyer un email. Ils font partie d’un monde différent.

Qu’est ce qui les a tués ? Quatre choses je pense, qui se sont produites en même temps au milieu des années 2000.

La raison la plus évidente est Google. Il ne peut y avoir qu’un seul géant et c’est clairement eux. Google est de loin l’entreprise la plus dangereuse, à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme. Microsoft peut au mieux boiter pour essayer de les suivre.

Quand est-ce que Google a pris la tête? Certains diront que c’était en août 2004 lors de leur IPO[4] mais ils ne menaient pas encore la danse à cette époque. Je dirais qu’ils ont pris les commandes en 2005. Gmail leur a donné un avantage décisif. Gmail montrait qu’ils pouvaient faire plus que de la recherche.

Gmail montrait aussi l’étendue des possibilités de ce que vous pouviez réaliser avec un logiciel web si vous tiriez partie de ce qui sera plus tard appelé "Ajax". Et c’est là la deuxième cause de la mort de Microsoft : tout un chacun peut voir que l’informatique de bureau touche à sa fin. Il semble maintenant inévitable que les applications trouveront leur place sur le web, pas les emails uniquement, mais tout, jusqu’à Photoshop. Même Microsoft s’en rend compte maintenant.

Ironiquement, Microsoft sans le vouloir a aidé à la création d’Ajax. Le x de Ajax vient d’objet XMLHttpRequest, qui permet au navigateur de communiquer avec le serveur en fond de tâche tout en affichant une page. (Au départ la seule manière de communiquer avec le serveur était de lui demander une nouvelle page.) Le XMLHttpRequest a été créé par Microsoft à la fin des années 90 parce qu’ils en avaient besoin pour Outlook. Ce qu’ils n’ont pas réalisé alors est que ça s’avérerait utile à beaucoup de gens, en fait tous ceux qui voudraient faire tourner des applications web comme des applications de bureau.

L’autre élément crucial de Ajax est le Javascript, le langage de programmation qui tourne dans le navigateur. Microsoft a vu le danger que représentait le Javascript et a essayé de le maintenir caduque aussi longtemps qu’ils le pouvaient[5]. Mais finalement le monde de l’open source l’a emporté en créant des librairies Javascript qui ont poussé sur les défauts d’Explorer comme un arbre sur du fil barbelé.

La troisième cause de la mort de Microsoft a été l’accès à Internet à haut-débit. N’importe qui le désirant peut avoir une connexion rapide à Internet et plus le tuyau est large moins vous avez besoin du bureau.

Le dernier clou refermant le cercueil a été planté, parmis toutes les raisons, par Apple. Grâce à OSX Apple est revenu d’entre les morts, fait très rare dans le monde de la technologie[6]. Leur victoire est si complète que je suis aujourd’hui surpris quand je tombe sur un PC fonctionnant sous Windows. Presque toutes les personnes que nous finançons chez Y Combinator utilise des portables Apple. Le phénomène était le même dans le public d’une école de startup. Tous les ordinateurs des gens tournent sous Mac ou Linux maintenant. Windows est pour les grand-mères, comme c’était le cas pour les Mac dans les années 90. Non seulement le bureau ne compte plus mais en plus les gens se fichent des ordinateurs avec des logiciels Microsoft.

Je suis heureux que Microsoft soit mort. Ils étaient comme Neron ou Commode[7], diaboliques comme seul l’héritage du pouvoir peut vous le faire devenir. Parce que souvenez vous, le monopole de Microsoft n’a pas commencé avec Microsoft. Ils en ont hérité d’IBM. Le marché du logiciel a été contrôlé par un monopole du milieu des années 50 jusqu’à 2005. Ce qui représente pratiquement toute son existence. L’une des raisons de l’euphorie qui entour le "Web 2.0" est le sentiment, conscient ou pas, que cette ère de monopole pourrait toucher à sa fin.

Evidemment, en tant que hacker, je ne peux m’empêcher de penser à des solutions pour réparer les choses cassées. Y’aurait-il un moyen pour que Microsoft fasse un come-back ? En principe, oui. Pour comprendre comment, pensez à deux choses : (a) La somme d’argent dont Microsoft dispose et (b) Larry et Sergey[8] faisant le tour des moteurs de recherche pour vendre leur idée pour Google pour un million de dollars et se faisant rejeter par tout le monde.

La chose la plus surprenante est que les hackers ingénieux, dangereusement ingénieux, peuvent être achetés pour pas grand chose à l’échelle des entreprises riches comme Microsoft. S’il voulait redevenir un compétiteur, voilà ce qu’il devrait faire :

  1. Racheter toutes les bonnes startups du "Web 2.0". Ils pourraient presque les acheter toutes pour moins qu’ils n’ont dépensé pour Facebook[9].
  2. Les rassembler dans un immeuble dans la Silicon Valley protégé par une enceinte de plomb pour les prémunir de tout contact avec Redmond.

Je me sens à l’aise en proposant cela, parce qu’ils ne le feront jamais. Le plus grand point faible de Microsoft est qu’ils ne réalisent toujours pas à quel point ils craignent. Ils pensent toujours qu’ils peuvent écrire des logiciels en interne. Et ils le peuvent encore, selon les lois du monde de l’informatique de bureau. Mais ce monde a pris fin il y a quelques années.

Je connais déjà les réactions que recevra cet article. La moitié des lecteurs diront que Microsoft est toujours une entreprise qui dégage des bénéfices énormes et que je devrais faire plus attention quand je tire mes conclusions en me basant sur ce que quelques personnes pensent dans notre petite bulle isolée du "Web 2.0". L’autre moitié, les plus jeunes, se plaindront que cette nouvelle date.

Notes

[1] L’illustration est une photographie de Clearly Ambiguous intitulée March of the Baby Turtles issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] NdT : Barry Manilow est un compositeur, acteur, producteur et scénariste américain né le 17 juin 1943.

[3] NdT : Y Combinator est une société créée par Paul Graham permettant de fournir un premier financement aux startups.

[4] NdT : IPO pour Initial Public Offering.

[5] Vous n’avez pas besoin de faire un gros effort pour rendre un logiciel incompatible. Tout ce que vous avez à faire est de ne pas fournir trop d’efforts pour corriger les bugs, que vous produisez en quantité généreuse si vous êtes une grande entreprise. La situation est semblable à l’écriture de fausses théories littéraires. La plupart ne tentent pas de les rendre obscures, ils ne font simplement pas l’effort d’être clair. Ça ne serait pas payant.

[6] En partie parce que Steve Jobs s’est fait sortir par John Sculley d’une manière rarement vue au sein du monde de la technologie. Si les dirigeants d’Apple n’avaient pas commis cette bourde ils n’auraient pas eu à rebondir.

[7] NdT : Commode, autre empereur romain considéré comme cruel et arbitraire.

[8] NdT : Larry Page et Sergey Brin sont les fondateurs de Google.

[9] NdT : Facebook est un site web de networking destiné à rassembler les lycéens et les étudiants.




Brevets logiciels, dadvsi, école, haut débit : les représentants de six partis s’expriment en vidéo

01Net - Reportage vidéo - Présidentielle

Fort intéressant reportage vidéo de 01net :

Réunis à l’occasion d’un colloque du Club Sénat au Palais du Luxembourg, les représentants des candidats à la présidentielle ont confié à 01net. leur point de vue sur les grands dossiers techno et Internet.

On y parle souvent des logiciels libres (surtout en réponse à la question : faut-il breveter les logiciels ?) et de ses enjeux connexes avec quatre angles proposés :

  • Le haut-débit pour tous
  • Faut-il breveter les logiciels ?
  • Droits d’auteur : la loi DADVSI est-elle un texte mort-né ?
  • Quels moyens pour l’enseignement des NTIC à l’école ?

Casting :

  • Quitterie Delmas : Porte-parole des Jeunes UDF, membre du bureau politique de l’UDF
  • Vincent Feltesse : Secrétaire national aux NTIC du Parti Socialiste
  • Philippe Herlin : Responsable culture et communication du FN
  • Loïc Le Meur :Porte-parole Internet de Nicolas Sarkozy
  • Jérôme Relinger : Délégué TIC du PCF
  • Yann Wehrling : Porte-parole des Verts

Dérisoires petits commentaires personnels, à l’emporte-pièce, en brève de comptoir, et avec plein de trolls inside :

  • Pas mal la position de Vincent Feltesse sur l’école mais c’est pas non plus idiot de la part de Philippe Herlin de rappeler que c’est pas la panacée et que la priorité est ailleurs
  • Quitterie Delmas (ma nouvelle icône médiatique bobo-chic après Clémentine Autain mon icône bobo-altermondialiste) m’a un peu déçu
  • Assez mordant le Jérôme Relinger (et si d’après lui le seul défaut de l’autre c’est son compagnon, son seul défaut ne serait-il pas d’être communiste ?)
  • Je ne m’attendais pas à une position aussi ouverte du représentant du Front National
  • Plus ouverte et courageuse pour moi que celle de Bloïc Le Meur (et ses business angels quand on lui parle d’école)

Dernière réflexion un peu plus sérieuse cette fois : Tout ceci va globalement dans le bon sens (et c’est d’ailleurs souvent du bon sens) mais dans quelle mesure ces jeunes gens influent-ils sur le candidat qu’ils soutiennent ? Qu’en restera-t-il une fois élu(e) ?

Présidentielle : les projets des candidats pour Internet et la techno (1/2)

PS : C’est l’occasion pour moi d’annoncer la première réponse d’un candidat sur Candidats.fr. En l’occurrence c’est une candidate puisqu’il s’agit de Marie-Georges Buffet.




DRM : Du lard ou du cochon Mister Steve Jobs ?

iPod - Parody

La récente posture anti-DRM[1] de Steve Jobs a agité toute la blogosphère.

Il faut dire qu’il y a de quoi être méfiant quand on sait qu’il en est le principal bénéficiaire ![2]

Dont acte nous dit ici le site Defective by Design (littéralement « Défectueux à dessein », initiative anti-DRM de la Free Software Foundation) dans une lettre ouverte au patron d’Apple qu’elle nous invite à signer avant le 1er avril.

Une traduction de notre groupe de travail Framalang (specials thanx to Olivier and GaeliX).

Lettre ouverte à Steve Jobs

Cher Steve Jobs,

Nous voudrions vous remercier pour votre déclaration publique à propos des Digital Restrictions Management (DRM), et votre engagement pour l’abandon des DRM dans iTunes si les quatre majors de l’industrie du disque – EMI, Warner, Universal et Sony, vous laissent le faire.

Comme vous le savez, la campagne anti-DRM de la Free Software Foundation, DefectiveByDesign.org, a spécialement pris pour cible Apple depuis son lancement en Mai 2006. En tant qu’activistes contre les DRM nous avons apporté notre soutien aux manifestations importantes devant les magasins Apple aux États-Unis et au Royaume-Uni, car étant le plus important pourvoyeur de musique cadenassée, Apple possède une grande part de responsabilité dans la situation dans laquelle se trouve les consommateurs actuellement.

Mais Apple subit la pression, non seulement des activistes anti-DRM et du boycott des DRM par les consommateurs, mais aussi des défenseurs des droits des consommateurs en Europe qui ont déclaré les DRM d’iTunes (FairPlay) illégaux. En Norvège les régulateurs ont donné jusqu’au 1er octobre 2007 à iTunes pour s’ouvrir à défaut de quoi le service devra fermer sous peine d’amendes journalières. Des démarches similaires sont entreprises par les régulateurs dans toute l’Europe.

Pour beaucoup d’observateurs l’engagement pris dans votre blog ressemble à une manière de faire baisser le pression exercée par ces régulateurs sur Apple et coupe l’herbe sous le pied de l’industrie qui demande la possibilité pour d’autres distributeurs d’utiliser FairPlay.

Cela fait trois semaines maintenant que vous avez publié votre engagement pour arrêter les DRM et il y a eu beaucoup de réponses de la part de commentateurs qui ont mis en avant les actions que vous pouvez entreprendre pour appuyer vos dires. Le fait que vous n’ayez pris aucune mesure nous amène à nous demander : quelle est l’authenticité de votre engagement ?

Nous avons identifié trois manières pour vous d’afficher votre sincérité à propos des DRM. Prendre des mesures sur l’un de ces fronts serait une manière forte de montrer que vous êtes sérieux.

1) Abandonnez les DRM sur iTunes pour les artistes indépendants

De nombreux artistes et labels indépendants distribuent leur musique au travers d’iTunes et beaucoup souhaitent le faire sans DRM, mais vous ne les laissez pas. Vous pouvez montrer votre bonne foi immédiatement en abandonnant les DRM pour ces artistes et labels.

Cela montrera clairement quels artistes sont vraiment attachés à l’un des quatre grands labels, permettant à vos clients d’éviter ces labels et le fardeau des DRM. Les artistes indépendants, qui respectent le désir de leurs fans d’être libre des restrictions imposées par les DRM, recevront plus de soutien.

Vous pouvez montrer l’exemple moral en étant la première "major" à abandonner les DRM, en libérant les artistes indépendants. Vous avez le pouvoir de faire cela.

2) Abandonnez les DRM sur iTunes pour les films et les vidéos de Disney

Dans l’article sur votre blog vous dites, "L’ alternative est d’abolir les DRM complètement. Imaginez un monde où tous les magasins en ligne vendraient de la musique libre de DRM, encodée dans un format sous license libre" C’est une image forte, une image que nous et le mouvement du logiciel libre partageons avec vous. Mais pourquoi votre vision se limite-t-elle au monde de la musique sans DRM. Vous ne faites pas allusion une seule fois aux films ou vidéos.

Nous comprenons qu’Apple est occupé à signer des contrats avec les studios de cinéma et les réseaux de télévision pour autoriser Apple à vendre des vidéos et des films aux utilisateurs d’iPod. Ces vidéos sont vendues avec des DRM. Les arguments que vous avancez dans votre blog s’appliquent aussi bien aux films qu’à la musique.

En 2006 vous avez vendu Pixar à Disney et êtes ainsi devenu l’actionnaire le plus important de Disney et avez rejoint le conseil d’administration. Disney a été le premier à donner son accord pour la distribution de ses films au travers d’iTunes. Disney est l’un des principaux distributeurs de film mais pas l’une des principales maisons d’édition.

Vous pouvez donner l’exemple dans le domaine de la vidéo et des films. Disney peut être la première "major" à abandonner les DRM. Vous avez le pouvoir de réaliser ceci.

3) Prenez un engagement public contre les DRM et les lois avalisant les DRM en finançant une campagne contre les interdictions du Digital Millenium Copyrith Act (DMCA[3]).

Dans votre blog vous dites que nous pourrions "… abolir complètement les DRM" et qu’Apple "s’y joindrai en un clin d’oeil". Ces mots sont très proches d’un appel à l’élimination des DRM. Nous vous encourageons à faire une telle déclaration explicitement.

C’est une action importante à cause des menaces législatives auxquelles nous faisons face. Le Senateur Feinstein (Démocrate, Californie), dans sa session au congrès a à nouveau présenté sa loi "Platform Equality and Remedies for Right Holders in Music Act (PERFORM Act) (loi sur l’égalité des plateformes et remèdes pour les ayant droits dans le monde de la musique). Cette loi imposerait à tous les diffuseurs sur Internet qui proposent des MP3 en streaming (ou d’autres formats libres de DRM) d’y ajouter un DRM. Ceci inclurait les stations de radio actuellement disponibles par iTunes, qui dépendent des MP3 en streaming.

L’impact des DRM et du DMCA aura des effets effrayants sur notre liberté d’expression. Dans un monde où les émissions de radio, les émissions de télévision, les informations et la couverture du monde politique seraient chargées de DRM, puisque les télévisions numériques, les radios numériques et la diffusion par Internet seraient mandatées pour utiliser des DRM, nous perdrions notre droit de faire des commentaires en utilisant les documents d’origine. La liberté d’expression par la parodie et les citations aura disparu.

En tant que personne ayant imposé les DRM à des millions de personnes et ayant dégagé des millions de dollars de bénéfices par ce moyen, il est temps pour vous de vous élever contre les DRM, qui sont immoraux et qui menacent nos libertés.

Vous pouvez donner l’exemple en demandant l’élimination des DRM en finançant une campagne pour rejeter les interdictions du DMCA sur les appareils qui contournent les DRM. Vous avez le pouvoir concret de réaliser cela.

Même si nous accueillons favorablement votre engagement d’abandonner les DRM, il n’a pas été suivi d’action pour le moment. Certains changements dont vous parlez nécessiteront la coopération d’autres acteurs de l’industrie des médias, mais les trois points que nous avons mis en avant n’en font pas partie. Vous avez les mains libres pour autoriser les artistes indépendants à vendre leur musique sur iTunes sans DRM, pour retirer les DRM des films et vidéos de Disney et pour financer une campagne pour rejeter les interdictions du DMCA sur les appareils qui contournent les DRM. Nous, les signataires, faisons appel à vous pour prendre des mesures maintenant.

Sincèrement votre,

DefectiveByDesign.org - No DRM

Si vous adhérez au contenu de cette lettre n’oubliez pas de la signer avant son envoi le 1er avril à ce gros poisson qu’est Steve Jobs.

Notes

[1] DRM pour Digital Rights Management (Mesures Techniques de Protection, MTP, ou encore Gestion Numérique des Droits, GDN, en français).

[2] On pourra aussi lire la réaction du site francophone StopDRM! aux propos de Steve Jobs.

[3] DCMA dont le pendant en loi française est la DADVSI.




Montrez-nous le code !

Puisque M. Steve Ballmer persiste à diffuser le FUD l’idée que Linux exploite la propriété intellectuelle de Microsoft, le site Show Us The Code vient de voir le jour avec ce simple objectif : demander à Microsoft de nous montrer le code en question, histoire que nous soyons fixés sur la véracité du propos.

Une traduction de GaeliX (pour Framalang).[1]

running a trace - losiek - CC-BY - flickr

Lettre ouverte à Steven Ballmer

Les propos que vous avez tenus, encore et encore, sur le fait que Linux viole la propriété intellectuelle de Windows, ont beaucoup retenu l’attention de la communauté Linux. Et ce n’est pas seulement ça, puisqu’il est rapporté que Microsoft a convaincu des entreprises de payer pour une licence Linux que vous ne pouvez fournir.

Par conséquent, ce site va servir de réponse à cette accusation, et servir de support à une requête. Une requête toute simple, puisque vous, Microsoft, assurez être sûrs de votre bon droit. Montrez-nous le Code.

Si les développeurs Linux sont mis au courant de l’existence de ce code, alors ce code peut être oublié et Linux peut re-écrire les parties impactées de son noyau ou de son système d’exploitation. C’est une requête assez simple et d’une banale courtoisie. Pourquoi faire autant de vagues avec des menaces de procès, menaces qui coûteront au tribunal autant à Microsoft qu’aux défendeurs ? Cela manque de logique, surtout quand on sait que de nombreux développeurs de par le monde se feraient un plaisir d’aider Microsoft à résoudre ce problème. Ne devez-vous pas, vis-à-vis de vos actionnaires, travailler avec d’autres pour leur garantir que leur propriété intellectuelle n’est pas violée ?

En outre, nous avons l’impression que vous souhaitez travailler avec la communauté Open-Source. C’est à cela que sert le Port 25[2], n’est-ce pas ? C’est de cela qu’il s’agit dans l’accord avec Novell, n’est-ce pas ? C’est votre chance. Si vous avez raison, vous allez faire taire des milliers et des milliers de défenseurs de l’Open-Source et inciter vos concurrents à retourner ciel et terre pour ne pas toucher à votre propriété intellectuelle.

Les membres de la communauté Linux ne veulent pas de votre code. Nous ne recherchons pas les procès. Nous ne voulons pas de code non-libre. Et plus, pour votre consternation, nous ne voulons pas de code spécifique à Microsoft.

C’est cela que nous demandons. Nous demandons l’appui de la communauté Linux. Nous en appelons à Richard Stallman, Linus Torvalds, Larry Page, Sergey Brin, Dr. Eric Schmidt, Mark Shuttleworth, Kevin Carmony, and Matthew Szulik, ainsi qu’à tous les développeurs de chaque distribution Linux et à toutes les entreprises qui se sentent menacées par vos procès inexistants :

Faire le maximum de publicité pour demander à Microsoft de montrer le code Linux qui viole sa propreté intellectuelle avant le 1er Mai 2007.

Combien de sociétés, combien d’organismes, combien de membres de la communauté, vont dénoncer votre bluff, Steven ?

Nous ne sommes pas les premiers (1, 2) à vous demander cela, mais nous voulons passer au cran supérieur. Si vous ou Microsoft ne pouvez pas répondre avant la date mentionnée, d’aucuns comprendront que vos menaces et allégations étaient sans fondement et diffamatoires. Et toute personne attentive aux marchés financiers devra en faire de même.

Bonne chasse au code. Le moteur de recherche de brevet Google peut peut-être vous dépanner.

Notes

[1] L’illustration est un détail d’une photographie de losiek intitulée running a trace issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

[2] NDT : le port utilisé pour l’envoi des mails.




Piracy it’s a crime

Tranche de vie.

J’habite en Italie (Rome). Quand je loue un DVD au vidéo-club du coin je suis obligé de me taper systématiquement en début de lecture cette annonce (pour le moins agressive et un tantinet démago isn’t it ?) avec bien entendu impossibilité de passer directement au menu.

Je vous ai mis en ligne la version anglaise mais on a aussi la version italienne : "la pirateria è un reato".

Vous ne voleriez jamais une voiture
Vous ne voleriez jamais un sac à main
Vous ne voleriez jamais une télévision
Vous ne voleriez jamais un dvd
Télécharger des films piratés sur internet
C’est du vol
Voler est contre la loi
La piraterie est un délit

Vous voulez que j’vous dise…

<cri>Elle me sort par les trous de nez cette pub contre la piraterie !</cri>

Ah… voilà, ça fait du bien 😉




Windows Vista : jamais deux sans trois !

Windows Vista EULA

Il semblerait que le contrat de licence (EULA) du prochain système d’exploitation de Microsoft Windows Vista n’autorise qu’une seule réinstallation de l’OS sur un autre ordinateur. Autrement dit votre OS ne durera que le temps que dureront votre premier puis votre second ordinateur (j’imagine que pour ce faire ils ont mis un big DRM inside !).

Et puis on se retrouve avec des interdictions levées au compte-goutte en fonction des versions de l’OS. Regardez un peu ce que cela donne pour la version de base (Home Basic), c’est impressionnant !

* Can’t copy ISO to your hard drive
* Can’t install to a network server
* You may share files, printers, etc with a maximum of 5 network devices
* You MAY NOT use Remote Desktop, only Remote Assistance
* You MAY NOT use in Virtual PC | Virtual Server |VMWare

On peut faire confiance à Microsoft pour sortir l’artillerie lourde niveau marketing lors de l’inauguration officielle de Vista, mais avec Linux qui se démocratise chaque jour un peu plus (on y travaille) et les évolutions du web (cf Google Office & co), est-ce être naïf que de penser que l’édifice va finir par lentement mais sûrement se fissurer pour un jour définitivement céder ?

PS pour les courageux, les anglophones, et les juristes : voici le contrat de licence en pfd.