L’académie en ligne ou la fausse modernité de l’Éducation nationale

Dustpuppy - CC byUne formidable occasion manquée pour notre cher ministère de l’Éducation nationale de se rapprocher de la culture des biens communs ? C’est l’hypothèse développée dans ce billet. Et c’est d’autant plus dommage et frustrant que tout semblait réuni pour que la rencontre ait bel et bien lieu.

Cet épisode révélateur vient clore une nouvelle année plus que fade pour le logiciel libre et son état d’esprit à l’école, puisque, à notre connaissance, pas une mesure sérieuse d’envergure a été officiellement prise en sa faveur, au cours de l’exercice 2008/2009 (on aura ainsi attendu en vain l’équivalent d’un rapport Becta de chez nous).

Logiciels, formats, et surtout, comme nous le verrons plus bas, ressources devront encore patienter pour s’engager pleinement sur le chemin de la liberté. Malgré les efforts de nombreuses personnes, la rue de Grenelle a tranché : c’est une fois de plus le redoublement !

Un projet ambitieux : l’académie en ligne

Comme souvent, il y a au départ une louable intention répondant à un réel besoin avec ce projet d’académie en ligne, inauguré officiellement le 19 juin dernier par l’ex-ministre Xavier Darcos.

L’académie en ligne est un site de ressources gratuites proposés par le CNED pour aider les jeunes dans leur scolarité et permettre aux parents de mieux les accompagner sur la voie de la réussite.

L’académie en ligne doit mettre à la disposition de tous l’intégralité des contenus d’enseignement des programmes de la scolarité obligatoire. Les cours d’école primaire seront en ligne à partir du 15 septembre et ceux de collège et lycée à partir de fin octobre.

Dès à présent, il propose des cours d’été, aux élèves du C.P. à la terminale, pour réviser les notions essentielles de l’année écoulée et préparer la rentrée.

De nombreuses séquences s’appuient sur des documents audio, iconographiques ou des activités interactives. On peut y accéder par matière, par classe ou par mot-clé grâce à un moteur de recherche.

Excellente et exaltante idée que de vouloir ainsi « mettre à la disposition de tous l’intégralité des contenus d’enseignement ».

Voilà qui sera d’une grande utilité non seulement aux élèves mais aussi à tous ceux qui sont un peu curieux de que l’on apprend à l’école (et parmi les effets secondaires positifs, on en profitera au passage pour réduire l’influence croissante et lucrative du parascolaire privé sur le temps non scolaire).

Visite surprise du site : le fond

Intrigué, je me suis donc rendu sur le site en question. Mon propos n’est pas ici d’en évaluer dans le détail la qualité et la pertinence pédagogique. Mais permettez-moi néanmoins au passage de donner un rapide et humble avis sur ce que je connais un peu, à savoir les mathématiques du secondaire.

Pour le collège on a visiblement découpé en rondelles PDF une sorte de cahiers d’activités (toujours sur le même moule : « je me souviens, je retiens, je m’exerce, je relève un défi »). La correction des exercices est à télécharger séparément.

Pour le lycée, c’est plus solide mais c’est un peu comme si on avait saucissonné, toujours uniquement en PDF, un semblant de manuel scolaire cette fois. On a le cours et des exercices d’application corrigés. Pas très moderne, didactiquement parlant. Si l’élève[1] a eu la bonne idée de conserver son propre manuel de l’année écoulée, autant travailler sur ce dernier, ces documents en ligne n’apportant a priori pas grand chose de plus (il économisera de l’encre et du papier qui plus est).

J’ai jeté également un œil (non avisé) sur les mathématiques du primaire. Ce n’est plus du PDF mais des animations au format Flash qui sont proposées. Ça bouge, ça parle et il y a de jolies couleurs, mais c’est toujours la même et lancinante structure : une première partie où l’on écoute passivement une petite explication et une seconde partie avec des exercices pseudo-interactifs où a la première erreur on nous dit systématiquement : « tu t’es trompé, recommence ! » et à la deuxième : « tu t’es trompé regarde bien la solution ! ».

Au final, tout ceci a le mérite d’exister mais c’est tout de même « un poil » décevant (mettez-vous à la place d’un élève qui débarque sur le site en souhaitant réviser en toute autonomie). C’est comme si le CNED avait mis en ligne des documents préexistants qu’il distribue j’imagine pendant l’année à ses élèves. Il n’y a visiblement pas eu de réflexion sur le spécificité des cours d’été, cette période particulière où l’on se trouve entre deux niveaux.

Visite surprise du site : la forme

J’ai balayé quelques pages du reste du contenu. Il m’a semblé que l’on retrouvait peu ou prou le même modèle pour les autres disciplines.

La seule nouveauté repérée concernait la présence de ressources audios pour les langues (anglais et espagnol), qui étaient elles-aussi mises à disposition au format Flash. Du format audio (le mp3 en l’occurrence) encapsulé dans du format Flash, impossible donc de télécharger ces séquences sonores (« Hello my name is John, repeat after me ») pour les écouter sur la plage dans son iPod.

Nous n’avons donc que deux formats, le PDF et le Flash. Le premier est un format ouvert quand l’autre ne l’est pas, mais ce que l’on peut surtout faire remarquer c’est que ce sont des formats qui ne permettent généralement pas les modifications. En effet, si vous voulez mettre à jour un fichier PDF, vous devez disposer du format natif qui a généré votre PDF (par exemple le traitement de texte Word de MS Office ou, mieux, Writer d’OpenOffice.org). Par analogie avec les logiciels, on pourrait dire que le fichier traitement de texte est le fichier source tandis que le fichier PDF est le fichier compilé (idem avec le Flash dont tout changement demande la présence des sources au format .fla). Sur l’académie en ligne ces fichiers d’origine sont absents. Les ressources mises à disposition sont pour ainsi dire « figées dans la vitrine ».

Dernière remarque. Les pages du site sont au format ASPX caractéristiques de la technologie Web de Microsoft. Ce ne sont pourtant pas les solutions libres qui manquent aujourd’hui pour construire des sites de qualité. Je ne pense pas que ce soit lié mais on peut aussi faire observer en passant que l’ergonomie générale du site laisse lui aussi pour le moment à désirer.

Visite surprise du site : la législation en vigueur

Il n’est techniquement pas possible de modifier les fichiers proposés ou d’embarquer les sons sur son baladeur. Mais, ceci expliquant sûrement cela, il est surtout juridiquement impossible de le faire.

Les mentions légales (et plus particulièrement son paragraphe 3 « Propriété intellectuelle ») sont en effet très contraignantes, et malheureusement révélatrices du climat ambiant.

D’ailleurs je viens déjà de me mettre en infraction à cause du lien ci-dessus ne pointant pas sur la page d’accueil du site !

Premier extrait (c’est moi qui souligne) :

Le site autorise, sans autorisation préalable, la mise en place de liens hypertextes pointant vers la page d’accueil du site Internet.

Tout lien vers une page autre que la page d’accueil du site Internet est strictement interdit sans l’accord préalable du Cned. Même en cas d’accord du Cned, Il est strictement interdit d’imbriquer les pages du site à l’intérieur des pages d’un autre site. Les pages du site doivent être visibles par l’ouverture d’une fenêtre indépendante.

Les sites qui font le choix de pointer vers ce site engagent leur responsabilité dès lors qu’ils porteraient atteinte à l’image du site public ou de la marque Cned.

Thierry Stoehr et Benoit Sibaud apprécieront cette interdiction de liaison (pourtant ontologiquement indissociable du Web).

Mais, plus fort encore, deuxième extrait concernant les cours proprement dits :

L’ensemble des cours figurant sur ce site sont la propriété du Cned.

Les images et textes intégrés à ces cours sont la propriété de leurs auteurs et/ou ayants-droits respectifs.

Tous ces éléments font l’objet d’une protection par les dispositions du code français de la propriété intellectuelle ainsi que par les conventions internationales en vigueur.

La consultation et le téléchargement des cours n’opèrent aucun transfert de droit de propriété intellectuelle sur ceux-ci. Ils ne sont permis que dans le strict respect des conditions suivantes :

Vous ne pouvez utiliser ces contenus qu’a des fins strictement personnelles. Toute reproduction, utilisation collective à quelque titre que ce soit, tout usage commercial, ou toute mise à disposition de tiers d’un cours ou d’une œuvre intégrée à ceux-ci sont strictement interdits.

Il est interdit de supprimer ou de tenter de supprimer les procédés techniques de protection des cours et des contenus intégrés (filigranes, blocages de sélections notamment).

Il est interdit d’extraire ou de tenter d’extraire une œuvre reproduite dans un cours et de l’utiliser à d’autres fins que celle d’illustration du cours auxquels elle est intégrée.

Le non respect de ces conditions vous expose à des poursuites judiciaires pour contrefaçon conformément aux articles L 335-2 et suivi du code de la propriété intellectuelle. Ces actes sont punis de 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende.

Vous avez bien lu. Pour rappel nous sommes sur un service public d’éducation.

Si je partage je m’expose donc alors à des sanctions pour le moins disproportionnées. Cela ne vous rappelle rien ? Hadopi bien sûr, à la différence prêt que l’école est le lieu même de la transmission et que les auteurs des ressources sont des fonctionnaires de l’état français qui ne sont généralement pas payés (plusieurs fois) sur leurs droits d’auteur mais (une fois) sur leur salaire provenant de nos impôts.

Je suis enseignant et je souhaite distribuer ces ressources à mes élèves ? Interdiction. Je souhaite les adapter à mes besoins et (re)déposer ce travail dans le pot commun ? Interdiction. Je suis animateur dans un Espace public numérique ou dans un réseau d’éducation populaire et souhaite en faire profiter collectivement mon public ? Interdiction. Je suis un élève et souhaite distribuer les ressources à mes camarades qui n’ont pas accès à Internet ? Interdiction. La liste est longue et non exhaustive…

Ces mentions légales étaient-elles forcément les plus adaptées à la situation et à l’objectif fièrement affiché ? Rien n’est moins sûr. N’y aurait-il pas une certaine légitimité à les remettre en question, ou tout du moins à se poser quelques questions ?

Quelques ombres planent : 1. L’alternative Sésamath et les associations d’enseignants

Il est dès lors difficile d’évoquer ce projet sans penser en arrière-plan à l’association de professeurs Sésamath (que les lecteurs du Framablog connaissent bien désormais). Quand bien même elle ne concerne que le champ des mathématiques, la comparaison est en effet riche d’enseignements.

Sur la forme, les ressources mises à disposition par Sésamath sont elles aussi principalement proposées au format PDF et Flash, à ceci près que les sources sont également présentes. Et c’est loin d’être un détail parce que c’est la conséquence directe de la plus grande différence de départ entre cette académie en ligne et les travaux de l’association : la licence des ressources.

Fermée pour l’académie mais ouverte pour Sésamath, qu’il s’agisse de la GNU FDL (pour les manuels et les cahiers) ou de la GPL pour les logiciels (dont le fameux Mathenpoche). Avec un tel choix de licences libres, toutes les interdictions mentionnées précédemment sont levées !

Mais peut-être plus important encore,le fond, c’est-à-dire la qualité des documents. Ce n’est pas parce qu’une structure accole du jour au lendemain une licence libre à ses travaux que ces derniers vont, tel un coup de baguette magique, gagner en qualité. Il y a bien entendu des facteurs autrement plus importants qui entrent en ligne de compte. Il n’empêche que cela participe à la création d’un terreau fertile à l’épanouissement des ressources. La licence libre donne confiance, induit la circulation, la collaboration et donc a priori l’amélioration (je peux copier, modifier et reverser en toute liberté dans le pot commun sans que quiconque puisse un jour refermer le couvercle). Le projet peut échouer bien entendu, mais on lui aura ainsi facilité en amont ses chances de réussite. Réussite qui a bien eu lieu ici avec Sésamath, où qualité, mais aussi quantité, réalisées à plusieurs mains sont au rendez-vous.

Je souhaite cet été que mon gamin, futur lycéen, révise le théorème de Thalès vu en troisième ? Sur l’académie en ligne vous avez droit à votre unique fiche d’activité PDF à imprimer (Internet ne sert donc à rien d’autre ici qu’à stocker la ressource). Sur Sésamath par contre c’est un autre son de cloche. Vous avez plus d’une centaine de questions interactives via Mathenpoche, accompagnées si vous le désirez par les exercices du cahier correspondant (exemple), ainsi que le chapitre complet du manuel libre du niveau considéré. Mais il y a mieux, avec leur nouveau projet Kidimath, tout (et plus encore : rappels de quatrième, annales du Brevet, QCM…) est regroupé dans une seule et même interface spécialement conçue pour le travail de l’élève hors du temps scolaire ! Allez-y, cliquez sur 3ème puis Thalès, et vous serez bluffé par la qualité et la quantité du contenu proposé (et optimisé pour Internet). Et il en va de ce chapitre particulier comme de tous les autres chapitres de tous les niveaux du collège !

D’où évidemment la question suivante : mais pourquoi diable le ministère n’a-t-il pas fait appel à Sésamath pour collaborer sur la partie mathématique de l’académie en ligne ? Quel intérêt de laisser le CNED proposer seul dans son coin ces maigres ressources alors que l’on possède en son sein des enseignants aussi productifs ayant une solide expérience du « travailler ensemble » ?

Je n’ai pas la réponse à ce qui, vu de l’extérieur, est un pur mystère, voire un beau gaspillage d’énergie (cf le syndrome Not Invented Here). Tout au plus peut-on supputer que c’est lié à une question de gouvernance : une décision qui se prend seule en haut en désignant un unique interlocuteur bien identifié en bas pour exécuter la tâche (en l’occurrence le CNED). Peut-être aussi que l’absence de volonté de mettre en avant le logiciel libre à l’école ne favorise pas chez nos élites l’appropriation de sa culture, ses valeurs… dont la collaboration est l’un des piliers. L’Éducation nationale est une cathédrale et non un réseau social (et encore moins une communauté).

Toujours est-il qu’il y a tout de même un élément de réponse simple à la question. Tant que les mentions légales du projet d’académie en ligne resteront en l’état, il ne sera pas possible à un Sésamath de s’impliquer, pour la bonne raison que les licences sont totalement incompatibles.

Et n’allez pas croire que Sésamath est seul à bord du navire. Il en est certes à la proue mais derrière lui d’autres associations d’enseignants sont elles-aussi très actives et productives. Je pense notamment à Weblettres ou les Clionautes, qui respectivement en français et en histoire et géographie, font référence parmi les collègues. D’ailleurs ces trois association sont en partenariat autour du projet CapBrevet et on fait l’objet d’une sérieuse étude dans le n° 65 des Dossiers de l’ingénierie éducative consacré justement au travail collaboratif. Lecture chaudement recommandée, quand bien même on occulte un peu la question pourtant primordiale des licences, qui différencie, mais pour combien de temps encore, Sésamath de ses deux partenaires.

En tout cas, cela fait déjà pas mal de monde qui aurait pu participer au projet en le bonifiant de son savoir-faire. Ne nous privons pas de nos talents, conjuguons-les pour le plus grand bénéfices de nos élèves !

Quelques ombres planent : 2. Les éditeurs scolaires

Une autre éventuelle piste de réponse à la question précédente peut être recherchée du côté des éditeurs scolaires. J’avoue humblement être très peu au fait des relations entre ces éditeurs et le ministère, mais il y a fort à parier qu’on a voulu un tant soit peu les ménager ici.

Imaginez en effet la mise à disposition sous licence libre de ressources pédagogiques en collaboration réelle avec les enseignants et leurs associations, ouvertement accessibles sur des forges spécialement dédiées, pour toutes les disciplines et pour tous les niveaux ! Nul doute que cela finirait par impacter fortement le marché de l’édition scolaire (en fait cela irait beaucoup plus loin en impactant directement et durablement la manière même dont les enseignants, et même les élèves, travaillent).

Une telle éventualité signifierait à terme ni plus ni moins que la mort lente mais annoncée du système actuel. L’industrie du disque et leurs CD pressés ont, semble-t-il, aujourd’hui quelques « menus problèmes » avec l’avènement du numérique. Les éditeurs scolaires et leurs manuels scolaires imprimés auront à n’en pas douter des difficultés similaires demain. On connait l’histoire : soit on se rétracte en défendant le plus longtemps possible des positions et habitudes hérités du siècle dernier, soit on s’adapte en créant de nouveaux modèles et en associant étroitement ici les fans de musique et là les enseignants.

Mais ne prenons aucun risque et épargnons-nous cette crise potentielle. D’abord parce que ces ressources sont donc sous licence non libre (on pourrait dire « propriétaires » dans le langage des logiciels) mais aussi parce que, autant appeler un chat un chat, elles sont en l’état de piètre qualité. C’est à prendre tel quel ou à laisser, nous dit la licence. Et la piètre qualité achève notre choix. Le privé conserve son avantage, l’été sera chaud mais non incandescent.

On notera cependant qu’il n’y a pas que les éditeurs privés qui soient concernés. Une structure comme le CNDP dont le budget dépend pour beaucoup des ventes de son catalogue pédagogique (où à ma connaissance rien ou presque n’a encore été mis sous licence libre) peut également se voir contrariée voire contestée dans sa manière de fonctionner. Idem pour les traditionnels partenaires culturels de l’Éducation nationale. Pour le moment feignons de croire que le copyleft n’existe pas et qu’il n’y a de ressources que les ressources fermées soumises aux droits d’auteur d’avant l’Internet. Et rassurons les partenaires en payant plusieurs fois et pour des durées limitées l’accès à ces ressources.

Quelques ombres planent : 3. Le boum des ressources éducatives libres

Licences fermées, professeurs peu impliqués et éditeurs confortés dans leur immobilisme… tout ceci ne devrait pas tenir longtemps parce que par delà nos frontières c’est la pleine effervescence autour de ce que l’on appelle les ressources éducatives libres. Et c’est bien plus qu’une ombre qui plane, c’est une véritable mutation qui s’annonce.

De quoi s’agit-il exactement ? En creux (académie en ligne) ou en plein (Sésamath), nous en parlons en fait implicitement depuis le début de cet article. Difficile pour l’heure d’en donner une définition précise, tant le concept est nouveau et en mouvement, mais on peut voir ces ressources éducatives libres comme une tentative de transposition des principes fondamentaux du logiciel libre. Usage, copie, modification et distribution (sans entrave et sans discrimination), ces principes garantissent un certain nombre de libertés aux utilisateurs tout en favorisant l’échange, le partage et l’amélioration collective du logiciel. Cela présuppose que le logiciel soit placé sous une licence libre qui légitime et explicite ces droits. Et c’est pourquoi nous insistons tant sur le choix ou non d’une telle licence.

À partir de là, voici la définition qu’en donne actuellement Wikipédia : « l’expression Ressources Éducatives Libres (REL) désigne un mouvement mondial initié par des fondations, universités, enseignants et pédagogues visant à créer et distribuer via internet des ressources éducatives (cours, manuels, logiciels éducatifs, etc.) libres et gratuites ».

Pour aller plus loin je vous invite à lire la Déclaration de Dakar sur les Ressources Educatives Libres adoptée le 5 mars 2009 au cours du Campus numérique francophone de Dakar, évènement organisé à l’initiative du Bureau Régional pour l’Education en Afrique de UNESCO, de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), et de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). On pourra également parcourir la traduction française de ce document de l’UNESCO : Open Educational Resources: the Way Forward.

Mais dans ce domaine ce sont clairement les anglophones qui ont une bonne longueur d’avance, l’expression ressources éducatives libres n’étant d’ailleurs à la base qu’une traduction de Open Educational Ressources (ou OER). Chez eux la réflexion est menée depuis longtemps et les initiatives se multiplient : les pionniers de l’OpenCourseWare au MIT, OER Commons, OpenCourseWare Consortium, Teachers without Borders, The Cape Town Open Education Declaration, Open Education and Mozilla, WikiEducator (auteur de l’OER Handbook for Educators que l’on ne désespère pas de traduire un jour), les projets de manuels scolaires libres dans le secondaire comme en Californie, et Wikiversity (dont le fort intéressant cours Composing free and open online educational resources) pour ne citer que ceux-là.

Mesurons-nous en effet pleinement les conséquences de l’accessibilité complète sur Internet de telle ressources, comme par exemple ce cours de Programming Methodology dans la cadre d’un cursus informatique donné à la prestigieuse université de Standford ? Et, attention, on parle bien ici d’accessibilité complète. Pour chaque séquence vous avez la vidéo (sous différents formats : YouTube, iTunes, format natif mp4 distribué en torrent via le réseau… P2P !) et sa transcription (au format PDF mais aussi html), des exercices et des annales (et leurs corrections), ainsi que des logiciels à télécharger, des notes et des références bibliographiques. C’est très impressionnant et le tout est proposé sous la licence libre Creative Commons By (cf Les licences Creative Commons expliquées aux élèves), signifiant par là-même que du moment que vous conservez et respectez la paternité du travail, vous pouvez, de n’importe quel point du globe, utiliser, télécharger, copier, modifier, distribuer et même en faire commerce !

À comparer avec ce que propose l’académie en ligne, qui à peine née semble déjà quelque part obsolète ! Avec ce projet, le ministère avait une occasion rêvée de s’inscrire enfin dans cette dynamique. Force est de constater qu’il ne l’a pas saisie. La France institutionnelle prend un retard qu’il lui sera difficile par la suite de combler.

Un discours qui se voulait moderne

À la lumière de ce que nous venons d’exposer, je vous laisse apprécier le discours de presse du ministre prononcé lors du lancement du projet (et dont la lecture a motivé ce billet).

Morceaux choisis.

Pourquoi cette décision ? Parce que dans une société qui s’enorgueillit à juste raison d’avoir bâti une école gratuite, laïque et obligatoire, je ne me résous pas à ce que l’accès au savoir et la réussite scolaire puissent devenir peu à peu une affaire de moyens, de relations ou de circonstances.

Pour ma part, je ne me résous pas à ce que cet accès au savoir se fasse dans ces conditions. Et j’ai parfois l’impression que la situation du Libre à l’école est un peu « affaire de moyens, de relations ou de circonstances ».

Je connais des enfants qui occupent leurs vacances comme ils le peuvent, tandis que d’autres, du même âge, passent de livrets de révision en stages de soutien payants, accentuant ainsi l’écart avec les autres élèves.

Ces situations, ces besoins, nous les connaissons tous et pourtant nous laissons à d’autres le soin d’y répondre. À l’heure où les technologies de l’information et de la communication mettent le savoir à la portée de tous, tout le temps et partout, l’école a pourtant une opportunité extraordinaire de rappeler sa capacité à transmettre des connaissances à partir de ressources précises, fiables, hiérarchisées selon une logique cohérente.

L’opportunité est en effet extraordinaire de « mettre le savoir à la portée de tous, tout le temps et partout ». Mais pourquoi ne pas être allé au bout de la démarche ? Est-ce que le CNED est la seule entité capable de produire « des connaissances à partir de ressources précises, fiables, hiérarchisées selon une logique cohérente » ?

Pour autant cette académie en ligne est bien plus qu’un service supplémentaire offert aux élèves et à leurs familles. Car si nous parlons de 31e académie, c’est bien qu’il s’agit d’une véritable mutation dans notre ministère.

L’Éducation nationale est divisée en académies. Affirmer que l’on jette ainsi la première pierre à une 31e académie donne la mesure de l’ambition. Mais la véritable mutation aura-t-elle lieu ?

Cette académie en ligne est une aide non seulement pour les élèves, mais aussi pour les parents qui veulent accompagner leurs enfants, pour les professeurs désireux de trouver des ressources pédagogiques, et même pour les adultes qui souhaitent reprendre des études. Plus largement, je souhaite que cet outil contribue au rayonnement de la langue française et à la diffusion de nos contenus éducatifs dans les pays francophones, notamment dans certains pays d’Afrique, où les enseignants qui le désirent pourront trouver gratuitement des ressources de qualité pour leurs élèves.

Quand le paradoxe frise la contradiction. Au risque de nous répéter, comment voulez-vous que les professeurs s’y retrouvent si on leur interdit la moindre modification ? Quant aux pays d’Afrique, ils apprécieront de ne pouvoir distribuer les ressources en direction des populations non connectées à Internet. Impliquons-les! Qu’ils soient avec nous acteurs du contenu plutôt que simples spectateurs bridés, le « rayonnement de la langue française » ne s’en portera que mieux.

Le mot « gratuit » est prononcé cinq fois dans le discours. Il est tant de d’affirmer clairement (et péremptoirement) notre position : l’académie en ligne ne doit pas être gratuite, elle doit être libre. Il se trouve qu’en étant libre elle sera effectivement disponible gratuitement, mais ça n’en sera qu’une conséquence. Et n’oublions pas d’ailleurs, comme cela a déjà été dit, que derrière ces ressources il y a ici des enseignants du CNED payés sur leur temps de travail pour les produire (aux frais du contribuable, ce qui n’est pas gratuit).

Les libertés d’utiliser, de copier, de modifier et de distribuer des ressources éducatives, sur des formats ouverts et lisibles par des logiciels libres, ne sont-elles pas ici plus fondamentales que la gratuité, a fortiori dans le domaine éducatif ?

Et le ministre de surenchérir, dans sa lettre aux parents cette fois (qui fait également l’objet d’une vidéo) :

Naturellement, ces ressources seront accessibles gratuitement, conformément aux principes fondamentaux de l’école républicaine.

Substituons « librement » à « gratuitement », et c’est d’un coup l’horizon des possibles qui s’élargit, tout en étant certainement plus proche de ces fameux principes républicains. Le jour où un ministre de l’Éducation Nationale dira que « naturellement, ces ressources seront accessibles librement » alors les lignes auront bougé.

Avec ses 55 000 écoles primaires, ses 5 000 collèges et ses 2 600 lycées, l’Éducation nationale constitue le premier réseau physique d’accès au savoir en France. Je veux faire en sorte qu’elle devienne aussi le premier réseau numérique de diffusion des connaissances.

A l’heure où de grands moteurs de recherche scannent et mettent à la disposition du public des fonds entiers de bibliothèques, il me semble que la diffusion d’une offre complète et gratuite de contenus d’enseignement est de nature à faire du service public d’éducation un acteur puissant du monde de l’Internet.

On a raison de s’inquiéter de l’emprise de Google. Mais est-ce ainsi que l’on construit « le premier réseau numérique de diffusion des connaissances » capable lui faire concurrence ?

La suite du discours est du même acabit, si ce n’est qu’elle est révélatrice d’une certaine confusion vis-à-vis de la modernité.

Renforcer la présence du ministère de l’Éducation nationale sur Internet, c’est aussi repenser totalement nos modes de communication sur ce média. (…) Nous avons donc voulu à la fois rénover nos sites institutionnels et diversifier nos formats de communication, en donnant une part plus importante aux nouveaux médias présents sur Internet : Dailymotion, Twitter, Facebook sont de nouveaux outils qui permettent de toucher des publics qui ne fréquentaient pas spontanément nos sites institutionnels, notamment des publics plus jeunes et moins spécialisés dans les questions éducatives. (…) Nous avons aussi ouvert le compte Twitter Education France, qui informe les abonnés des sujets d’actualité immédiate du ministère. Je veux que l’Éducation nationale soit partie prenante de ce qu’on appelle le « web 2.0 », le web participatif.

Les expressions marketing sont lâchées… On met les guillemets au web 2.0 mais pas au web participatif. Comme si nous étions tous d’accord sur le sens accordé.

Je ne vois pas en quoi placer quelques vidéos sur Dailymotion (avec commentaires désactivés !) et communiquer via ces nouveaux canaux que sont Facebook et Twitter procèdent de la participation (ce sont tous en outre des services privés reposant sur des logiciels propriétaires susceptibles de poser quelques problèmes vis-à-vis de la protection des données personnelles). De ce point de vue là, l’actuelle Consultation publique sur l’Internet du futur, avec son bon vieux formulaire à remplir, est bien plus participative à mes yeux (si, contrairement au forum de la mission E-educ, on prend réellement en compte les contributions).

Ce qui est sûr c’est qu’en plus de ses ressources « verrouillées », l’académie en ligne version juin 2009 n’est en rien participative. Aucun espace pour y laisser la moindre trace, pas même une page de contact !

Ce ministère a trop souvent été raillé pour son conservatisme, je veux à présent faire en sorte qu’il soit loué pour sa modernité.

Nous attendrons encore un peu.

N’ayez pas peur

La conclusion du discours ouvre cependant une fenêtre d’espoir.

Mesdames et messieurs les journalistes (…) vous pouvez constater que c’est une stratégie globale que nous mettons en place pour faire participer le ministère de l’Éducation nationale aux évolutions de son temps.

A travers ces nouveaux outils, dont l’académie en ligne est un exemple, je veux permettre au plus grand nombre d’accéder librement et dans les délais les plus courts à la totalité de l’offre et de l’actualité éducative. Ce n’est que le début d’un chantier immense, que je veux poursuivre avec de nouveaux services que nous proposerons aux enseignants et qui seront à l’étude à partir de la rentrée prochaine.

Pour la première fois en effet on a troqué la gratuité pour la liberté. Ayant conscience de l’ampleur de la tâche, on nous dit aussi que l’on souhaite proposer de « nouveaux services » aux enseignants.

Il est encore temps de rectifier le tir (la présence d’un nouveau ministre étant d’ailleurs un facteur favorable). Le diagnostic est bon, le remède beaucoup moins. Oublions les Facebook, Twitter, Dailymotion et autres gadgets de communication légèrement hors-sujet par rapport aux réels enjeux. Et osons faire passer l’académie en ligne du mode « lecture seul » au mode « lecture / écriture ensemble ». Car le plus grand service que l’on puisse rendre présentement aux enseignants est d’inscrire ce projet dans le cadre des ressources éducatives libres.

Il s’agirait alors bien sûr d’une véritable petite « révolution culturelle » au sein du ministère, nécessitant de repenser, parfois en profondeur, les relations entre l’institution et les différents acteurs du monde éducatif. Mais pourquoi attendre (puisque c’est inéluctable) ? Sauf à vouloir aller contre les objectifs même de ce projet, cette décision, certes courageuse mais pleine de bon sens, serait alors réellement à même de faire « participer le ministère de l’Éducation nationale aux évolutions de son temps ».

Dans le cas contraire, regarder passer le train des ressources éducatives libres constituerait selon nous une triple erreur : historique, politique et par dessus tout pédagogique.

Notes

[1] Crédit photo : Dustpuppy (Creative Commons By)




Microsoft Office à l’école française : stop ou encore ?

Todd Baker - CC byEst-il si loin le jour où nous verrons en France un reportage similaire à celui que nous avons choisi de reproduire ci-dessous ? Titré « le boum des logiciels libres », il nous vient de la TSR (Télévision Suisse Romande) dans le cadre de son émission Nouvo consacrée aux « nouvelles tendances et technologies » (canal YouTube).

Que dire sinon que cela fait plaisir à voir et que nous applaudissons des deux mains ! Difficile en effet selon nous de faire mieux dans le temps imparti. Nous avions d’ailleurs publié un article dédié à cette évolution libre du Canton de Genève[1].

Faut-il le rappeler (et bien moins pour nous enorgueillir que pour déplorer l’immobilisme de la situation de l’autre côté des Alpes) : c’est peu ou prou exactement le même discours que tient le Framablog depuis un petit bout de temps déjà.

Ainsi, il y a tout juste un an (au moment même où le Café pédagogique se découvrait VRP de son généreux sponsor américain) nous avions fait l’effort de traduire un long rapport britannique qui déconseillait, étude sérieuse et détaillée à l’appui, l’usage en milieu scolaire de la suite bureautique propriétaire Microsoft Office 2007 ainsi que le nouveau (et tant décrié) système d’exploitation Windows Vista. Nous étions bien naïfs en pensant alors que ce rapport allait un tant soit peu émouvoir la communauté et réussir à faire naître un débat en haut lieu.

Car il n’en fut rien.

Peut-être parce que l’influence de Microsoft à l’école française demeure aussi efficace que disproportionnée ?

Cela n’empêche certainement pas la suite OpenOffice.org de se déployer silencieusement chaque jour davantage dans toutes les écoles Jean-Macé et les lycées Sud Médoc de France. Mais nous serions certainement allés bien plus vite sans cette résistance passive de notre administration, SDTICE en tête.

Le temps de la décision volontariste et du courage politique est-il enfin venu ?

On notera que le reportage ne se résume pas à l’éducation, puisqu’on y évoque par la suite brièvement la situation du logiciel libre dans le secteur privé (qui ne connait pas la crise) et le secteur public (ici en milieu hospitalier). Avec cette conclusion réaliste : « Pourtant le grand public hésite toujours à faire le pas, fidèle à Microsoft et autres leaders du marché ».

Le boum des logiciels libres

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Reportage : Zian Marro / Montage : Sandro Milone – 1 juin 2009 – TSR (Nouvo)

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Transcript

Il s’agit de la retranscription de la première partie de la vidéo consacrée à l’éducation.

Voix off : Cours d’informatique dans cette classe de 8ème.

Le professeur : Le cours d’aujourd’hui consiste à faire faire aux élèves une feuille de calcul pour calculer leur moyenne à l’aide du logiciel libre Calc, qui est le correspondant en fait d’Excel.

Voix off : Les logiciels gratuits d’OpenOffice remplacent les bons vieux Word et Excel de Microsoft. Réputé compliqué, le libre a beaucoup évolué.

Un élève : C’est assez facile de travailler avec, surtout avec les profs qui nous donnent des consignes très claires. C’est très facile.

Voix off : Facile, mais aussi et surtout indépendant. Une ouverture qui plait aux profs.

Le professeur : On n’est pas soumis effectivement à l’hégémonie de certains logiciels. Pour avoir des nouvelles versions, à chaque fois il faut repayer etc. Donc, à mon avis, il faut s’affranchir dans une certaine mesure des logiciels dit propriétaires.

Voix off : Dans un ordinateur, le système d’exploitation, Windows par exemple, ainsi que les programmes sont payants. Aujourd’hui on peut facilement remplacer un, deux voire la totalité de ces coûteux logiciels par du libre. Et cette année l’État de Genève a édité un CD avec OpenOffice pour les élèves.

Une élève : Je trouve que c’est bien parce que comme ça on peut les avoir chez nous et on sait deja comment ça marche.

Voix off : Dans les écoles de Genève tous les ordinateurs sont equipés. L’État évite ainsi des frais de licences pour près de 900 000 francs par an, et surtout ne dépend plus de Microsoft.

Notes

[1] Crédit photo : Todd Baker (Creative Commons By)




Internet autorisé au BAC ? ? ?

The Cushing Memorial Library and Archives - CC byInternet, certains y voient une menace, d’autres au contraire cherchent tant est si bien à composer avec qu’ils envisagent de laisser les élèves y avoir accès lors des examens scolaires.

C’est la cas du Danemark qui, comme le rapporte The Guardian dans notre traduction ci-dessous, a lancé une sorte de pavé dans la mare en annonçant sa volonté de tester la présence d’Internet à une évaluation qui correspond à peu près à notre Brevet des collèges, avec généralisation possible au BAC en 2011 si le test s’avère concluant.

Ceci fait écho à notre billet Et si cela ne servait plus à rien de mémoriser et d’apprendre par cœur ? qui se demandait si Internet n’était pas en train de remettre en question notre conception de certains savoirs scolaires (en particulier tout ce qui concerne l’accumulation d’informations).

Imaginez- vous donc au BAC avec votre ordinateur connecté à vos côtés et… Wikipédia à l’écran ! Quelles compétences demande-t-on aux élèves ce moment-là ? Va-t-on modifier la nature même des évaluations en tenant compte de cette étrange irruption ?

Fascinant, même si cela pose de nombreuses questions à commencer par la plus fondamentale d’entre toutes : Est-ce une si bonne idée ?

Les commentaires attendent votre réponse 😉

PS : Le Danemark a récemment été classé numéro 1 des « pays où il est fait bon vivre » dans un récente étude de l’OCDE rapporté par la magazine Forbes. Ceci explique peut-être cela…

PS2 : Pour aller plus loin on pourra parcourir l’article d’InternetActu : Et si l’on autorisait les bacheliers à se connecter à l’internet ?.

[1]

L’accès à Internet pendant les examens bientôt à l’essai dans les collèges et lycées danois

Danish schools ready to trial internet access during exams

Bobbie Johnson – 11 mai 2009 – The Guardian (Technology Blog)
(Traduction Framalang : Don Rico)

Chaque année, l’été venu, on nous rebat les oreilles des mêmes arguments voulant qu’il soit plus facile qu’avant d’obtenir son Brevet ou son BAC. Mais grâce à certains membres du gouvernement danois, l’heure est peut-être venue de cesser de chercher à décrédibiliser les examens et d’essayer d’y mettre un peu de jus.

On a pu voir çà et là dans les médias danois que le gouvernement s’apprêterait à mettre à l’essai un système dans lequel les futurs candidats au Brevet des collèges seraient autorisés à se rendre à leurs examens munis d’un ordinateur connecté à Internet lors de leurs examens.

D’après les membres du gouvernement à l’initiative de ce projet, la recherche d’exemples et de chiffres est de nos jours une tâche qu’il vaut mieux confier aux ordinateurs, et l’on ne devrait pas priver les jeunes candidats d’un outil qu’ils seront amenés à utiliser couramment au cours de leurs études.

« C’est un bon moyen de trouver par exemple des faits historiques ou un article utile pour un devoir en classe d’éducation civique » a expliqué Søren Vagner, un conseiller du ministère de l’Éducation, au journal danois MetroXpress.

Ce qui paraît tout à fait logique, et ce pour une raison simple : l’Internet est devenu un outil de recherche d’une telle puissance qu’il a rendu superflu nombre d’anciennes méthodes d’apprentissage, tel que l’apprentissage par cœur. Les calculatrices nous dispensent de certaines opérations de base, alors pourquoi prendre la peine de mémoriser des faits et des chiffres alors que les ordinateurs permettent de les mobiliser à la demande ?

Il existe néanmoins un certain nombre d’embûches potentielles, comme par exemple le plagiat et la tentation de certains élèves d’aller chercher des informations en ligne pour faire du remplissage.

Vagner a déclaré que les examinateurs surveilleraient de près le contenu des copies et procéderaient à des contrôles réguliers et aléatoires des pages Web que les élèves auront utilisées lors de leurs recherches.

Certes, déceler le plagiat est une tâche relativement aisée (une simple recherche sur Internet de groupes de mots et le tour est joué) et le plagiat de contenu disponible sur Internet est déjà un problème contre lequel les établissements scolaires tentent de lutter.

Mais en donnant accès à l’Internet à de jeunes étudiants, on risque fort d’ouvrir la boîte de Pandore, car il est certain qu’un bidouilleur plus entreprenant que les autres trouvera un moyen d’échapper à la surveillance de l’enseignant et de discuter avec un autre candidat présent dans la salle d’examen ou quelqu’un de l’extérieur.

D’après l’article paru dans Politiken, ce nouveau système devrait être testé pendant des examens blancs plus tard cette année, avec pour objectif de procéder à l’expérience à plus grande échelle en 2011.

Notes

[1] Crédit photo : The Cushing Memorial Library and Archives (Creative Commons By)




Que répondriez-vous à PropriCorp, éditeur du logiciel éducatif PropriSoft ?

Jeremybarwick - CC byLe Framablog vous invite à participer à un petit débat autour des arguments d’une société de logiciels propriétaires spécialisée en éducation. En admettant bien entendu que la problématique soit correctement exposée…

C’est bientôt la fin de l’année pour nos charmantes têtes blondes. C’est également la période où les établissements scolaires préparent et budgétisent la rentrée suivante.

Les éditeurs ne l’ignorent pas et nous abreuvent (nous les profs) de courriers publicitaires vantant les mérites de leurs produits.

C’est l’un de ces courriers qu’a récemment reçu l’un de nos fidèles lecteurs (et néanmoins collègue). Nous vous en proposons un extrait ci-dessous, non pas pour dénoncer de tels agissements mais parce que nous estimons qu’il y a là matière à discussion.

Bien que professionnel et non sollicité, il s’agissait d’un mail privé. C’est pourquoi nous avons délibérément choisi de changer les noms de la société (appelons-là « PropriCorp ») et de son logiciel (« PropriSoft »), ainsi que du logiciel libre « concurrent » dont il est fait mention (« LibroSoft »).

Je précise que je connais un peu le logiciel « PropriSoft » en question, qui est effectivement d’une grande qualité. Mais je connais encore mieux le logiciel « LibroSoft », qui n’a pas grand chose à lui envier (et qui figure d’ailleurs dans notre annuaire de logiciels libres Framasoft). Pour information ce logiciel libre a été créé et est maintenu principalement à l’étranger, ceci expliquant aussi un peu cela[1].

Mais il est temps de vous faire lire le passage où la société « PropriCorp » fait réponse à sa propre question.

Pourquoi PropriSoft n’est-il pas gratuit ? A quoi sert l’argent des licences PropriSoft ?

PropriCorp maintient (…) une douzaine d’emplois très qualifiés. La totalité des revenus issus des ventes de licences des logiciels PropriSoft sert à financer les salaires, charges et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux logiciels pédagogiques.

Le Fondateur (…) commente :

« Il y a un contrat moral fort entre PropriCorp et la communauté enseignante qui est souvent très consciente des limites des logiciels gratuits, dont certains comme LibroSoft ont copié PropriSoft. Fondamentalement, ils n’innovent pas et ne créent pas d’emplois, ni en France ni ailleurs, et vivent de subventions publiques.

En optant pour les logiciels PropriSoft et en soutenant une petite entreprise française comme PropriCorp, les enseignants savent qu’ils soutiennent l’innovation et les outils pédagogiques sur le long terme, et cela dans l’intérêt de la qualité du système éducatif.

Rapporté à la durée d’utilisation, le coût d’une licence PropriSoft est inférieur à 0.09 euros par élève et par an, ce qui est souvent marginal au regard des investissements des collectivités en équipement TICE pour les établissements scolaires.

Malgré le contexte économique actuel difficile et la tentation de quelques-uns de privilégier les outils gratuits, nous comptons sur ce contrat moral avec les enseignants prescripteurs pour poursuivre les projets engagés, créer de nouveaux emplois qualifiés en 2009 et 2010, et apporter de nouveaux logiciels PropriSoft. Ces outils innovants devraient concrètement faciliter le quotidien des enseignants et des élèves, au niveau primaire, collège et lycée.

En 2009 plus que jamais, nous leur disons merci et leur souhaitons un bon enseignement avec PropriSoft ! »

Si votre établissement ne dispose pas encore de licences PropriSoft, vous trouverez ci-joint une offre promotionnelle pour bien préparer la rentrée.

Voilà. D’un côté les limites, le copiage, le manque d’innovation, les subventions publiques… Et de l’autre côté la qualité, le soutien à l’investissement, à la création d’emplois et à la PME nationale, sur fond de « contrat moral » avec les enseignants. Il y aurait bien quelque chose à dire, non ?

À commencer peut-être par se demander pourquoi ne parle-t-on que de logiciels gratuits alors que le concurrent cité, « LibroSoft », est bel et bien un logiciel libre. N’est-ce pas alors omettre l’essentiel et se priver d’évoquer les modèles économiques naissants autour de ce type si particulier de logiciels, a fortiori quand on se situe dans le secteur si particulier de l’éducation ?

Notes

[1] Crédit photo : Jeremybarwick (Creative Commons By)




Cinq millions d’euros qu’on eût pu dépenser autrement

Une billet quelque part révélateur de la « mentalité propriétaire » qui règne en haut lieu au sein de l’Éducation nationale…

Le 31 mar dernier, Xavier Darcos lançait officiellement le plan de développement du numérique dans les écoles rurales (c’est moi qui souligne) :

Ce programme, doté d’un budget de 50 millions d’euros, prévoit l’équipement de 5 000 écoles situées dans les communes rurales de moins de 2 000 habitants dans le cadre du Plan de relance.

(…) Une école numérique interactive comprendra nécessairement des ordinateurs en nombre suffisant (classe mobile de plusieurs ordinateurs), un tableau blanc interactif, un accès internet de haut débit, une mise en réseau des équipements, une sécurisation des accès internet, des ressources numériques reconnues de qualité pédagogique.

(…) Chaque école bénéficiera également d’un droit de tirage de 1 000 euros pour l’acquisition de ressources numériques éducatives, mises à disposition par le ministère.

Avec ce plan de relance en faveur de l’équipement numérique des écoles rurales, Xavier Darcos veut donner à chaque élève, partout sur le territoire, les mêmes chances de maîtriser les techniques d’information et de communication et développer des outils nouveaux au service de l’enseignement.

Difficile de ne pas acquiescer à ce dernier paragraphe, et j’espère vivement que ces écoles profiteront pleinement de ce plan[1].

Mais, le diable se cachant dans les détails, j’ai été étonné par cette histoire « d’acquisition de ressources numériques éducatives ». Faisons en effet le calcul… 5 000 écoles qui vont dépenser chacune 1 000 euros… cela fait une certaine somme, pour ne pas dire une somme certaine !

J’ai eu envie d’en savoir plus.

Dans le cahier des charges de l’opération[2], que l’on trouve sur le site Educnet, il y a un paragraphe dédié à ces ressources numériques :


Les ressources numériques seront adaptées aux besoins des cycles de l’école primaire. Elles pourront faire l’objet d’une utilisation en classe entière, en petits groupes ou individuelle. Une sélection de ressources numériques payantes sera proposée et fournie par le ministère.

Les ressources numériques seront présentées et diffusées à partir d’une plate-forme nationale. La contribution destinée à l’acquisition de ressources numériques par chaque école (1000 euros par école) sera prise en charge directement par le ministère de l’Éducation nationale. Les ressources numériques diffusées par abonnement seront disponibles durant trois années.

J’ai hâte de voir cette « plate-forme nationale » dont on nous dit qu’elle sera « disponible en ligne courant mai ». Mais quel que soit ce site accessible par abonnement, il semblerait donc qu’on ait à faire avec des ressources payantes disponibles pendant trois ans.

Ressources dont on peut affirmer sans risque qu’elles seront placées sous licence propriétaire, et qui devraient ressembler peu ou prou à l’opération Une clé pour les nouveaux enseignants, avec sa « liste des ressources habituellement payantes auxquelles la clé donne un accès exceptionnellement gratuit pendant deux ans » et son interdiction de la partager avec des collègues qui ne soient pas nouveaux !

Changeons de paradigme l’espace d’un instant, et rêvons haut en couleur en nous imaginant carrément chef de projet de cette « opération ressources numériques ».

Avec uniquement un seul petit million, on peut sur un an prendre par exemple quinze profs du primaire à temps-plein (ou trente à mi-temps) plus cinq informaticiens (ou profs qui ont des compétences informatiques), pour développer une structure qui ressemblerait un peu à ce que fait Sésamath : des ressources pédagogiques libres et collaboratives disponibles sous formats ouverts sur des sites propulsés par des logiciels libres.

Une fois la structure mise en place, il n’y aurait plus besoin de dépenser autant d’argent l’année suivante, puisque la dynamique aura été lancée et que les autres collègues participeront d’autant plus facilement que le projets aura été initié par leur pairs et que les ressources ainsi créées auront été placées sous licence libre, c’est-à-dire mises une fois et à jamais dans le pot commun des ressources pédagogiques librement disponibles, utilisables et adaptables par tous.

Cela vaut le coup d’être tenté non ? D’autant, rappelons-nous, que le communiqué annonçait sa volonté de « développer des outils nouveaux au service de l’enseignement ».

Il ne s’agit plus ici de dépenser cinq mille fois et pour seulement trois ans un accès aux mêmes ressources disponibles en « lecture seule ». Il s’agit d’impulser la mise en place et les premières créations d’une sorte de forge mutualisée de ressources éducatives libres, disponibles bien entendu pour tous en « lecture / écriture ». Ce n’est pas tout à fait la même chose, surtout pour des deniers publics !

Tout ceci ne niant pas la réalité de l’utilité des partenariats commerciaux de l’Éducation nationale, dont il resterait tout de même quatre beaux millions d’euros.

Mais réveillons-nous. La réalité est autre. Par exemple sur le même site Educnet où l’on a choisi sciemment de ne pas modifier les drôles de conseils donnés aux visiteurs à propos justement des contenus éducatifs libres (c’est eux qui soulignent) :

Conseil : Il est par contre déconseillé au milieu scolaire d’utiliser ce type de contenus si on envisage de valoriser ses travaux en s’associant avec un partenaire privé pour une exploitation commerciale.

C’est triste à lire mais c’est en cohérence avec le plan.

N’oublions pas du reste que ce plan ne concerne qu’un dixième de toutes les écoles : les rurales dans les communes de moins de deux milles habitants. Les autres ont-elle aussi accès à ces « services » ? Doivent-elles s’acquitter des mêmes sommes ? (ce qui nous ferait alors non pas cinq mais cinquante millions d’euros pour trois ans d’usage !).

La route est décidément bien longue. Ce n’est pourtant pas être devin que d’annoncer que ces ressources éducatives libres vont exploser dans les prochaines années et qu’il serait peut-être responsable opportun de prendre d’ores et déjà le train en marche en accompagnant le mouvement.

Notes

[1] En passant, je ne saurais trop conseiller à ces écoles d’adopter, dans le cadre du plan, une solution de type RyXéo et son offre basée sur AbulÉdu.

[2] J’ai également été étonné, à la lecture du cahier des charges, de voir mention d’une simple « suite bureautique installée » dans les ordinateurs, sans préciser si elle était libre ou non. Cela va à l’encontre des préconisations du Becta et c’est faire preuve d’une grande « timidité », pour ne pas dire plus ! Plus le temps passe, et plus la « neutralité » de traitement entre solutions libres et propriétaires à l’école devient un choix déguisé et non assumé.




Kidimath : le nouveau projet Sésamath pour élèves (et parents)

Kidimath - Sésamath« À l’heure où de plus en plus de sites payants d’accompagnement à la scolarité fleurissent sur l’internet, Sésamath a décidé d’ouvrir un espace dédié, entièrement gratuit, sans aucune publicité, dans un esprit de service public. »

C’est ainsi qu’est introduit le projet Kidimath dans la brochure dont j’ai déjà eu l’occasion de parler.

En attendant (impatiemment) l’ouverture officielle du site, prévue le 30 mai, nous avons eu envie d’en savoir plus en interrogeant Noël Debarle, qui anime, entre autres choses, le très intéressant blog de Sésamath.

Vous trouverez ci-dessous en bonus une courte vidéo présentant le projet.

Entretien avec Sésamath

aKa : Bonjour Sésamath, alors comment vous portez-vous après toutes ces années ?

Noël Debarle : Bien ! Officiellement, Sésamath aura 10 ans en 2011. Mais comme les premiers contacts et échanges ont eu lieu dès 1998, 1999, on peut dire que Sésamath a déjà 10 ans : peut-être l’âge de raison !

L’association grandit à tous points de vue, dans un monde de l’éducation qui bouge et qui est passablement compliqué… et donc il faut chaque fois se remettre en question. L’une des maximes fortes de Sésamath « Modestement, mais résolument » n’a sans doute jamais été aussi vraie que maintenant.

Par ailleurs, Sésamath essaie de plus en plus d’expliciter la philosophie qui sous-tend son action. C’est par exemple le cas dans la brochure qui sera envoyée dans tous les collèges français à la fin de ce mois, brochure qui contient une « profession de foi ». Juste une phrase qui permet de bien situer cette philosophie : « Sésamath est une association à but non lucratif dont la philosophie repose sur l’ouverture, la solidarité et l’entraide. »

Mais quel est donc ce nouveau et ambitieux projet « Kidimath » ?

Kidimath est d’abord une réponse à un besoin et une attente. En effet, de nombreux élèves et parents nous écrivent régulièrement pour témoigner de leur utilisation des ressources de Sésamath. Or la mise à disposition de ces ressources a été essentiellement pensée par des profs, pour des profs… et pas directement pour des élèves ou leurs parents.

Créer des ressources et les mettre en ligne est une chose, faire en sorte qu’elles soient accessibles et faciles de prises en main pour différents types d’utilisateurs est clairement une autre chose. C’est l’effort principal de Sésamath cette année. Le corollaire de la mise en place d’un espace réservé au profs (Sésaprof) est la création de cet espace destiné aux familles (Kidimath). Entre les 2, Sésamath fait également évoluer la version réseau de Mathenpoche, remplacée par Labomep en Septembre prochain. Pourquoi entre les 2 ? car Labomep est un espace dans lequel les enseignants peuvent créer des séances pour leurs élèves, qu’ils soient en classe ou à la maison.

Sésaprof, Kidimath et Labomep ont été pensés par rapport aux utilisateurs, en intégrant toutes les ressources crées par Sésamath, et même au-delà : une sorte de Sésamath 2.0

Kidimath, un « espace non marchand » dans le milieu très marchand des sites d’accompagnement scolaire ?

Il y a d’autres initiatives très réussies… Je pense notamment à Cyberpapy. On ressent dans ce genre de site que toute l’énergie est déployée pour une utilité maximale pour les élèves et pas dans la recherche de rentabilité.

Malheureusement, les Maths sont fortement associés à la sélection et on arrive vite à la sélection par l’argent. Il y a ceux qui peuvent éventuellement se payer des cours particuliers… et les autres. C’est d’autant plus paradoxal, d’une certaine façon, qu’il n’y a pas plus ouvert que les Mathématiques, François Elie le rappelle d’ailleurs souvent quand il fait l’analogie entre la libération du logiciel et la libération des Mathématiques il y a plusieurs siècles.

On serait très content dans Sésamath, si les Maths pouvaient plutôt être associées à des notions de solidarité, d’échange et de partage. Sans publicité, gratuit, ouvert à tous, nous espérons que Kidimath y contribuera.

Pour la première fois, vous ne vous adressez plus aux enseignants mais directement aux élèves et aux parents hors temps scolaire, comment avez pris en compte cela dans Kidimath ?

Nous avons eu la chance de travailler avec un collègue documentaliste, qui a fait son mémoire sur ce projet. Et d’ailleurs nous espérons poursuivre nos échanges avec les documentalistes, qui accompagnent très efficacement les élèves.

La difficulté est d’essayer de rendre le contenu accessible sans perdre en rigueur. En effet, l’objectif essentiel de Kidimath est de permettre aux élèves d’améliorer leurs résultats en Maths : pour cela, il est nécessaire de coller assez fortement aux attentes des professeurs sur le terrain. Mais Kidimath a aussi pour ambition de susciter du plaisir à faire des Maths et c’est pourquoi toute une partie du site est consacrée aux jeux en Mathématiques, avec par exemple le passage de ceintures de calcul mental. Si vous avez envie de devenir ceinture noire dixième dan de calcul mental, ce sera bientôt possible sur Kidimath !

Comme tout projet à ses débuts, Kidimath va également nous servir de laboratoire pour tester un certain nombre de choses afin d’améliorer constamment le site. Bref, on est plutôt au début d’une nouvelle aventure.

Pensez-vous que ce site soit susceptible de redonner à certains de « l’appétence » pour les mathématiques ?

Nous l’espérons en effet. C’est d’ailleurs ce que nous disent déjà beaucoup d’élèves et de parents concernant Mathenpoche. Maintenant, un certain nombre de questions restent posées : comment vont s’articuler les passages entre la partie « jeux » et la partie plus scolaire ? Est-ce que d’autres types d’accompagnements seront nécessaires (forums…) ?

Kidimath est amené à évoluer et toutes les bonnes idées seront les bienvenues… en particulier celles des nombreux lecteurs de ce blog !

Kidimath ou Facebook, quel sera le choix des élèves une fois rentrés à la maison ?

Qui sait ?

Ce qui est certain, c’est que Facebook existe, est gratuit et facile d’accès, offre des outils élaborés et est bien connu par nos élèves. Pour que les élèves aient le choix, il faudrait que Kidimath aient les mêmes caractéristiques.

Il est possible aussi que les parents aient leur mot à dire là-dedans… Kidimath leur est aussi destiné. Il est parfois difficile pour les parents d’aider efficacement leurs enfants. Des parents nous disent que Mathenpoche est pour eux une vraie bouffée d’oxygène. Kidimath devrait leur faciliter encore plus la tâche. Du moins nous l’espérons.

Et « le libre » dans tout ça, il se situe où dans Kidimath ? Plus dans l’état d’esprit que dans les outils ? Est-ce que n’importe qui peut télécharger et installer le site sur ses propres serveurs ?

L’ensemble des contenus et le site lui-même sera sous licence libre (mélange GPL, FDL et CCbysa). On va aussi travailler (plus tard) pour mettre l’ensemble en téléchargement.

Il y a beaucoup de contenus en Flash dans Kidimath. C’est un souci qu’on a identifié depuis longtemps. Et d’ailleurs on voit bien tout ce qu’on perd à ne pas avoir utilisé des outils libres à ce niveau. Mais avec le recul, il n’était sans doute pas possible de faire autrement. On espère toujours des alternatives viables !

Kidimath peut aussi être une vitrine d’autres logiciels libres en Mathématiques. Si certains ont des propositions, qu’ils nous contactent !

D’autres « grands projets » après Kidimath ?

Labomep sera ouvert en Septembre.

Sésamath travaille également sur les livrets proposant des activités TICE en Mathématiques, en liaison avec d’autres associations en lettres et en Histoire-Géographie.

Plus globalement, les contacts se multiplient avec les professeurs de Maths à l’étranger et nous espérons que cela conduise à des partenariats. Sésamath souhaite aussi travailler de plus en plus étroitement avec les chercheurs en didactique et en sciences de l’éducation pour améliorer les contenus proposer et étudier leur impact. Là aussi, des projets prometteurs sont en cours… donc on aura encore sans doute le plaisir de revenir discuter sur le Framablog.

Présentation vidéo de Kidimath

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Un peu de Libre (et de Framasoft) dans la brochure Sésamath

Brochure Sésamath - Page 14À destination du professeur coordonnateur de mathématiques de l’établissement, une brochure présentant l’œuvre (féconde et exemplaire) de l’association Sésamath est en train d’être envoyée à tous les collèges de France, huit milles unités mine de rien. Vous la trouverez en pièce-jointe ci-dessous.

Nous l’avons plusieurs fois évoqués sur ce blog : le logiciel libre éducatif doit beaucoup à Sésamath.

Eux, modestes, ont plutôt tendance à retourner le compliment en n’oubliant jamais de remercier le logiciel libre de leur avoir offerts licences, outils, formats, modèles collaboratifs… bref, un terreau fertile à l’épanouissement de leurs projets.

C’est dans cet état d’esprit qu’ils ont souhaité inclure dans la brochure une page dédiée au logiciel libre[1], qu’ils m’ont fait l’honneur de demander de rédiger.

Fin de l’annonce « côté scène ». Parce que « côté coulisses », ça a été plus prosaïque :

Salut Alex c’est Sésamath, tu te souviens du projet de brochure…
Euh… oui, oui bien sûr.
Tu nous avais dit que tu serais prêt pour le 15.
C’est-à-dire que…
Nous sommes le 20, et on n’a plus que quelques heures avant de l’envoyer à l’impression !
Euh, oui, m***, j’ai combien de temps tu dis ?
Quelques heures !

Condenser « le libre » en une courte page, l’exercice était déjà difficile en soi. Mais là… Toujours est-il que le résultat est reproduit ci-dessous. N’hésitez pas à amender et critiquer, histoire que ça puisse resservir en version améliorée pour une prochaine fois.

Esprit Libre !

Page 14 de la brochure Sésamath – Licence Creative Commons By-Sa

Logiciels, formats et ressource libres sont tout indiqués pour accompagner notre usage des TICE.

Logiciels libres

Un logiciel libre est un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun (et sans contrepartie) le droit d’utiliser, de modifier, de dupliquer, et de diffuser (donner et vendre) le dit logiciel. On le trouve le plus souvent en libre téléchargement sur Internet (ce qui fait dire à certains un peu abusivement qu’il est « gratuit »). On peut l’étudier et l’adapter à ses besoins, ce qui, contrairement à un logiciel « non libre » ou « propriétaire », implique d’avoir accès à son « code source » c’est-à-dire son secret de fabrication. On peut le copier et le distribuer librement aux élèves, ce qui contribue à lutter contre la fracture numérique.

Les logiciels libres couvrent tout le spectre applicatif, à commencer par le système d’exploitation lui-même puisque Linux (qui se décline en distributions : Ubuntu, Mandriva…) offre une véritable alternative à Windows ou Mac.

Parmi les logiciels libres les plus utilisés, on peut citer la suite bureautique OpenOffice.org (traitement de texte, tableur, présentation), le navigateur Firefox, le client de messagerie Thunderbird ou encore le logiciel de retouche d’images Gimp. On notera qu’une distribution Linux intègre dès le départ la plupart de ces applications. On notera également que les logiciels libres sont très présents sur Internet permettant la création de blogs (exemple WordPress), de wikis (Mediawiki), de forums (phpBB) et de sites collaboratifs (Spip).

Les formats ouverts

Qu’adviendra-t-il de nos fichiers numériques dans dix ans, si ils ont été créés par un logiciel propriétaire qui n’existe plus ou qui n’est plus capable de les lire ? C’est la question des formats, les trois petites lettres qui suivent « le point » dans le nom de nos fichiers.

L’usage de formats ouverts, standardisés et documentés, garantit la pérennité des fichiers et la communication avec l’extérieur, quelque soit la configuration de mon matériel informatique. Ainsi l’Open Document Format (ODF) peut-être lu et retravaillé, sous Windows, Mac ou Linux, sur de nombreuses suites bureautiques dont OpenOffice.org.

Les ressources éducatives libres

Directement influencées par les logiciels libres, les ressources éducatives libres sont des ressources pédagogiques qui favorisent l’usage, l’échange, le partage et la coopération. Nous ne sommes plus sous le régime, souvent contraignant en milieu scolaire, du « tous droits réservés » mais dans celui, plus flexible, du « certains droits réservés ».

Ainsi un enseignant, qui utilise un document (texte, photo, vidéo…) placé sous la licence Creative Commons By-Sa, sait qu’il peut le copier et le proposer à ses élèves, le modifier pour l’adapter à son apprentissage, du moment qu’il conserve et fait mention de la paternité de l’œuvre et que son éventuellement version dérivée est elle-même soumise à la même licence.

Notes

[1] On trouvera également dans la brochure une page dédiée à Framasoft. Sur une idée de Sésamath, je précise 😉




Combien d’écoles Jean-Macé en France ?

Tinou Bao - CC byLe titre de ce billet fait naturellement écho à Combien de lycées Sud Médoc en France ? où nous feignions d’interroger la situation française alors qu’il ne s’agissait que de mettre en valeur une remarquable initiative locale, fort justement relayée par la presse.

Il en va de même ici, non plus dans le secondaire mais dans le primaire, à l’école Jean-Macé d’Hazebrouck[1].

Cette école ne disposait pas de salle informatique. Lacune aujourd’hui comblée avec une quinzaine de postes qui, depuis décembre, tournent sous le système d’exploitation GNU/Linux.

C’est déjà remarquable en soi mais ce qui l’est peut-être tout autant voire plus, c’est d’avoir fait constater par l’autorité de tutelle, à savoir ici l’Inspection académique, que « l’absence Microsoft » ne pénalise nullement les usages pédagogiques et l’obtention du B2i, bien au contraire.

Un événement rapporté comme il se doit par les journaux locaux (voir ci-dessous), et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fait plaisir à lire.

Source de l’information sur le site de l’école

Du matériel informatique neuf et innovant à l’école Jean-Macé

Image scannée de l'article de la Voix du Nord6 avril 2009 – La Voix du Nord

Mardi après-midi, deux conseillers en technologies de l’information et de la communication (TICE) sont venus s’enquérir du bon fonctionnement de la salle informatique de l’école Jean-Macé. Un site précurseur en la matière.

La municipalité a décidé de restaurer le parc informatique des écoles de la commune. Première à bénéficier de cette politique, l’école Jean-Macé fait figure de site pilote. En effet, son nouveau matériel, quinze unités centrales, fonctionne avec un système d’exploitation libre.

Des utilisateurs conquis

« L’intérêt de notre visite, c’est de vérifier que tout se déroule correctement et que l’utilisation d’un système d’exploitation libre est pertinente pour la délivrance du B2I, Brevet informatique et Internet, aux enfants de CM 2 », explique Thierry Heuguebart, conseiller en TICE pour le secteur d’Hazebrouck, venu, mardi, accompagné de Luc Simon, son homologue pour l’inspection académique du Nord.

Le moins que l’on puisse dire est que tous les utilisateurs sont conquis. Enseignants et élèves n’ont eu aucun mal à s’adapter au nouveau logiciel qui permet de sortir de la logique Windows.

Le directeur de l’établissement, Stéphane Olivier, ne cache pas lui non plus sa satisfaction devant l’investissement municipal. « Désormais, chaque élève dispose du même équipement. Avant, tout était dépareillé. Nous n’avons plus de bug et, grâce au serveur, nous sommes tous en ligne », s’enthousiasme-t-il.

Les écoliers expérimentent le logiciel libre

Image scannée de l'article de l'Indicateur des FlandresA. R.-M. – 9 avril 2009 – L’Indicateur des Flandres

Avec quinze ordinateurs neufs, élèves et enseignants de l’école Jean-Macé ont de quoi se réjouir. La municipalité d’Hazebrouck a décidé, sous la responsabilité de l’adjoint aux Affaires scolaires, Michel Labitte, de renouveler chaque année le parc informatique d’une école.

Cette politique volontariste en terme d’informatique ne s’arrête pas là puisque depuis le mois de décembre, les écoliers travaillent sous Linux, un système d’exploitation libre et donc gratuit, dans le cadre d’une expérimentation autorisée par l’Éducation nationale. Ce test a des répercussions économiques : la municipalité de devra plus payer le système Microsoft, ni acheter ses logiciels.

Ce qui intéressent davantage élus, enseignants et représentants de l’Inspection académique, qui étaient en visite mardi 31 mars à l’école Jean-Macé, c’est l’aspect d’ouverture d’esprit. Professeurs comme élèves découvrent qu’il existe d’autres systèmes d’exploitation que celui lancé par l’américain Bill Gates, Microsoft, devenu incontournable puisqu’il est vendu avec chaque ordinateur neuf. Cela pourrait bien changer car la commission européenne s’inquiète de ce monopole.

Dans les faits, les enfants ne se rendent pas compte de la différence. Ils viennent dans cette salle informatique pour acquérir des connaissances en français ou encore en mathématiques, avec une certaine autonomie, tout en s’initiant aux nouvelles technologies dans le cadre du B2i. Quant aux professeurs, ils ont tous reçu une formation dispensée par Thierry Heuguebart, conseiller pédagogique TIC (technologies de l’information et de la communication) dans la circonscription d’Hazebrouck.

Le directeur, Stéphane Olivier, confirme : « Le changement de logiciel s’est fait sans problème ». L’expérience semble donc concluante. La municipalité devrait poursuivre dans cette voie, tout comme l’Éducation nationale. Autre avantage non négligeable de l’expérience : le responsable informatique de la mairie, Grégory Houte, n’est plus dérangé fréquemment à cause de problèmes techniques. Quand un ordinateur ne répond plus, le serveur le réinitialise et l’enfant peut reprendre son travail.

Notes

[1] Crédit photo : Tinou Bao (Creative Commons By)