Dégooglisons Internet fête ses 10 ans : mises à jour et nouveaux services

Pétitions, Tableau blanc, Tricount-like, etc… De nouveaux services Framasoft sont en préparation, et des services existants sont en rénovation. On vous dit tout, et notamment pourquoi nous avons besoin de vous.

Cet article étant particulièrement long, on vous en propose ici un court résumé.

 

Carte Dégooglisons Internet 2016
Carte Dégooglisons Internet 2016

Il y a dix ans, nous annoncions notre campagne Dégooglisons Internet, qui fut un succès relativement retentissant : en couplant le plaidoyer (c’est à dire le fait de dénoncer la « triple domination » des GAFAM et leur toxicité) avec la mise en place de solutions concrètes, cette campagne de Framasoft a marqué les esprits, et nous pensons même en toute humilité qu’elle a été parfois un socle pour apporter une réponse structurée à l’envahissement des Big Tech dans nos vies.

Dans la foulée (en 2016), nous impulsions le collectif CHATONS, qui compte aujourd’hui plus de 80 structures.

Puis, quelques années plus tard, nous fermions une partie des services Dégooglisons. Les raisons étaient nombreuses (au moins 10 !) mais il y avait l’envie d’arrêter la course à l’échalote de la sortie de services, puisque nous en avions publié quasiment un par mois pendant trois ans. Notre épuisement (surtout post COVID) était alors à la hauteur de la pression du public.

Des CHATONS autonomisés pour des GAFAM atomisés ?

En parallèle le collectif CHATONS continuait sa montée en puissance. Coordonné par Framasoft, qui finançait son animation, nous estimons que fin 2023, l’association Framasoft a investi environ 100 000€ (essentiellement en temps de travail salarié) dans la mise en place de ce collectif.

Alors, certes, comme tout projet collectif, celui-ci comporte des faiblesses et des failles. Mais cette association de fait est réellement un succès à de nombreux points de vue :

  • la marque « CHATONS » est connue et reconnue par de très nombreux utilisateur⋅ices, qui peinaient à retenir les identités de nombreuses structures locales ;
  • le fait d’avoir un projet structurant a encouragé de nombreuses personnes à créer leur propre organisation. Ces personnes se sont senties légitimes à créer ou rejoindre des associations locales. Avoir réussi à faciliter ce « faire ensemble » est une véritable fierté pour nous ;
  • l’entraide entre CHATONS est une réalité, comme l’atteste le forum du collectif.

Le collectif est maintenant autonome et auto-géré depuis plusieurs mois, Framasoft étant depuis redevenu un « simple membre ».

Ne pas regarder le train du numérique passer

Cependant, en 10 ans, le numérique a bien évolué, et les GAFAM, les NATU, et autres BATX ne sont pas gentiment restées à attendre de se faire démanteler par des CHATONS ou la commission européenne.

Le cloud s’est généralisé, l’usage du mobile s’est imposé que ce soit pour payer son parcmètre ou ses impôts, l’intelligence artificielle participe certes d’une certaine hype, mais elle bouscule et percute aujourd’hui déjà de nombreux usages (et ce n’est qu’un début).

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Bref, le numérique est toujours plus présent, et pour le dire clairement, nous, militant⋅es du libre, des communs culturels et d’un numérique émancipateur n’avons gagné quasiment aucune bataille dans la lutte contre un adversaire gigantesque et tentaculaire. Cependant, le simple fait de critiquer, de se réunir, de manifester, de s’opposer, de proposer… est déjà une victoire en soi !

Il convient donc, aujourd’hui de « mettre à jour notre logiciel ». L’expression peut évidemment être entendue dans les deux sens. Mettre à jour notre façon d’agir, mettre à jour l’objet de nos luttes, relever la tête du guidon numérique libriste pour regarder comment le TGV du numérique capitaliste a évolué cette dernière décennie.

Cela s’est traduit par des prises de conscience pour Framasoft ces dernières années :

  • le libre est un moyen nécessaire (mais non suffisant) pour aller vers une société libre, mais il n’est pas une fin en soi. Savoir que du logiciel libre équipe des drones larguant des bombes en Palestine ou en Ukraine ne nous réjouit pas (litote) ;
  • la centralisation est une source de puissance pour les BigTech, la décentralisation est donc l’équivalent d’un caillou dans leur chaussure. Et dans ce cadre, la fédération (par exemple via ActivityPub) est une réponse pertinente, a minima pour explorer les interstices dans lesquels ces entreprises n’arrivent pas encore à se glisser ;
  • il y a une forme de « paradoxe de la tolérance » dans le libre : d’un côté une espèce de « pureté militante » à vouloir du 100% libre sans reconnaître que le libre est un chemin sur lequel chaque individu ou communauté se situe à une étape qui lui est propre ; et à l’inverse, une réelle difficulté du monde libre à reconnaître que l’autorisation explicite de réutiliser le travail produit par les communautés profite aussi largement aux géants du numériques qui, eux, n’ont ensuite aucun scrupule à mettre des bâtons dans les roues des projets de ces mêmes communautés ;
  • nous comprenons et adhérons à l’adage « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. ». Nous croyons fortement dans l’intérêt des processus collectifs. Mais… en vingt ans d’existence, force nous a été de constater que « Ensemble, on va moins vite. » (sauf à être très bien organisé, ce qui n’est que rarement le cas des communautés libristes). Il y a souvent une énergie folle dépensée dans la structuration de nos luttes, souvent due à un impensé : l’animation/coordination est un métier, qui réclame des compétences souvent ignorées ou peu valorisées. Or comme on l’a vu, le numérique « avance » vite. ChatGPT 4 est sorti depuis ~18 mois, et quelle a été, à quelques exceptions près, la réaction du monde libriste ? Un silence plutôt assourdissant au mieux, des moqueries en mode « ça ne marchera jamais » au pire.

Ce sont ces raisons qui nous ont poussé⋅es ces dernières années à développer avec nos petits bras associatifs un logiciel comme PeerTube, ou à proposer des projets comme Emancip’Asso ou Framaspace, qui nous permettent de mettre nos compétences aux services de communautés la plupart du temps non-libristes, mais qui partagent nos valeurs.

Ainsi, dans le contexte social et politique actuel, il nous paraît essentiel de renforcer notre offre de services en ligne à dispositions des collectifs et militant⋅es.

Mais « mettre à jour notre logiciel » peut aussi être entendu d’un point de vue beaucoup plus littéral : il s’agit en effet de mettre à jour les logiciels qui motorisent notre campagne « Dégooglisons Internet », voire d’en proposer de nouveaux au public.

Mème "Mettre à jour son logiciel"
Mettre à jour son logiciel (intellectuel) ou mettre à jour son logiciel (sur son serveur) ?

Framasoft ouvre et va rouvrir de nouveaux services

« Hein ? Quoi ? Mais vous n’aviez pas dit que vous vouliez « déframasoftiser internet » ? »

Si si, on l’a dit. Et on l’a fait.

Mais 4 à 5 ans ont passé depuis. Et il faut bien se rendre à l’évidence, la situation est moins propice au libre aujourd’hui qu’à l’époque. Pour les raisons évoquées ci-dessus, et bien d’autres encore.

L’an passé, dans notre campagne « Dorlotons Dégooglisons », nous avions notamment proposé la mise en place du service Framagroupes. Un immense merci aux personnes qui ont permis le financement de ce service 🙏

L’année précédente, c’était l’ouverture de Framaspace, espace cloud destiné aux petites associations et collectifs militants. Nous hébergeons à ce jour plus de 1 130 Framaspaces, soit autant d’instances du logiciel Nextcloud, le tout gratuitement.

Cette année encore, Framasoft souhaite proposer de nouveaux services. Toujours gratuitement (enfin, pas tout à fait, puisque ce sont vos dons qui financent), toujours respectueux de votre vie privée, toujours sur la base de logiciels libres, toujours sans aucune exploitation commerciale de vos données. Car les usages numériques évoluent, et nous devons évoluer avec eux. Ou plutôt nous devons évoluer avec vous, car ce sont avant tout le cheminement de vos pratiques qui guide nos actions.

Mème "Reframasoftiser Internet ?"
Nous sommes bien conscient⋅es que ça peut donner cette impression.

En conséquence, cette seconde campagne « Dorlotons Dégooglisons » nous permet de faire le point sur ce que nous avons fait depuis un an, mais aussi ce sur quoi nous travaillons en ce moment, ainsi que ce que nous envisageons pour les mois à venir.

 

Passez à l’action ! Framasoft souhaite ouvrir de nouveaux services libres, éthiques, décentralisés et solidaires. Pour cela, nous nous sommes fixés un objectif de collecte de 60 000€ pour nous permettre de financer les machines, mais surtout le temps de travail pour leur mise en place. Si vous le pouvez : soutenez-nous !

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Ce que nous avons fait ces 12 derniers mois

Nous avons publié le service Framagroupes. Pour information, aujourd’hui, ce service expédie plus de 50 000 mails par jour (!) et accueille déjà 7 900 listes de discussions, ce qui, avec les 59 000 listes de Framalistes, fait probablement de Framasoft l’organisation à but non lucratif hébergeant le plus gros serveurs de listes au… monde (si on compare par exemple à RiseUp (15,225 listes 389,871 utilisateur⋅ices) ou Renater/Universalistes (1 600 listes).

À cause d’utilisations (très) malveillantes de Framatalk, nous avons développé un logiciel (libre, bien entendu) qui permet d’imposer l’authentification des personnes qui souhaitent ouvrir un salon de visioconférence. Si on peut entendre que cela représente une contrainte pour vous, au vu des usages (on le répète, très) malveillants qui étaient faits de ce service, nous n’avions tout simplement pas le choix.

Nous avons migré plus de 1 000 instances Framaspace en version 28. Nous avons fait développer un logiciel de supervision spécifique, Argos Panoptès, pour gérer autant d’instances.

Notre infrastructure email, malgré plus de 8 millions de mails envoyés par mois (oui oui, 271 000 mails en moyenne par jour !) continue d’être régulièrement boudée par certains acteurs (oui, c’est vous qu’on regarde Orange, La Poste et SFR !). À tel point qu’après une lutte de plusieurs mois qui nous aura demandé autant d’énergie que de paracétamol, nous avons dû nous résoudre, à contrecœur, à utiliser les services d’un prestataire externe, pour les envois de nos newsletters (431 129 abonné⋅es en double opt-in).

Du côté de Framaforms, nous avons amélioré la gestion du spam, cette chienlit qui n’en finit pas de revenir dégrader un service pourtant parmi les plus utilisés de Framasoft.

C’est vrai, ça, hein : et personne ne le prendrait au sérieux !

Pour faciliter les recherches de vidéos sur l’ensemble du réseau PeerTube (notre alternative à YouTube), nous avons changé le logiciel qui motorise Sepiasearch, notre moteur de recherche du « vidiverse». Ce dernier utilise maintenant la brique logicielle Meilisearch, et non plus Elasticsearch, dont la licence a pris un chemin bien moins libre.

Framacarte a aussi fait l’objet d’une mise à jour majeure, qui fait suite au travail de la communauté uMap, avec laquelle nous restons très en lien.

Concernant MyPads, le plugin qui permet de gérer et d’organiser vos Framapad, les changements ont été subtils, mais nombreux. Ainsi, grâce au travail de Pierre, stagiaire à Framasoft pour (seulement) 6 semaines, de nombreuses petites améliorations ont été faites.

Parmi les améliorations d’ores et déjà disponibles :

  • ajout d’un logo pour revenir à l’accueil (oui, c’est bête, mais il n’y en avait pas et beaucoup d’utilisateur⋅ices peinaient à retourner sur la page d’accueil)
  • meilleure identification des dossiers restreints ou publics
  • les dossiers archivés sont maintenant repliés par défaut pour une meilleure lisibilité
  • les propriétés du dossiers sont maintenant repliées par défaut pour une meilleure lisibilité
  • la recherche, en page d’accueil, permet maintenant de rechercher sur les noms de pads (en plus des dossiers)
  • possibilité de trier les dossiers ou les pads par noms ou par dates de création
  • améliorations CSS diverses

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Enfin, Mobilizon, notre logiciel libre et fédéré alternatif aux groupes et pages Facebook, a été transmis à la communauté (aujourd’hui coordonnée par la communauté Kaihuri/Keskonfai). Nous annoncions en effet il y a quelques mois que nous estimions notre engagement initial concernant Mobilizon rempli. Nous souhaitions pouvoir rediriger une partie de notre capacité de développement logiciel vers les projets les plus prioritaires (contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent,  en dehors de PeerTube, nous ne disposons « que » d’un mi-temps de développeur salarié).

 

Passez à l’action ! Framasoft accueille plus de 2 millions de personnes par mois, et améliore et maintient de très nombreux services tout au long de l’année. Cela implique énormément de travail humain (développement, support, administration système, etc), ainsi qu’une infrastructure technique conséquente. Si vous le pouvez : soutenez-nous !

Soutenir Framasoft

 

Ce sur quoi nous travaillons en ce moment

Framapétitions, un service de… pétitions

Il existe de nombreuses plateformes de pétitions, mais ces dernières ne sont que rarement basées sur du code libre. Par ailleurs, ces plateformes sont aussi largement soupçonnées d’utiliser vos données personnelles (nom, email, cause soutenue) à d’autres fins que d’ajouter votre signature à une pétition.

Framapétitions est donc un service en test (on répète : il n’est PAS finalisé) qui permet de créer ou signer des pétitions citoyennes. Le service peut d’ores et déjà être utilisé, mais reconnaissons-le, il mérite encore d’être amélioré. Ça tombe bien, nous allons travailler dessus dans les mois qui viennent.

 

Dans les coulisses

Un projet de plateforme de pétitions qui n’exploiterait pas vos données était donc dans nos cartons depuis plus de 10 ans. Mais… faute de temps et d’énergies, nous repoussions sans cesse le sujet. Une autre raison était plus politique : à quoi servent vraiment les pétitions ? Parfois uniquement à se donner bonne conscience en se disant « J’ai agi », nous dédouanant alors d’un passage à l’action plus directe. Cependant, vos demandes régulières à ce que nous avancions sur le sujet nous ont motivés à remettre ce projet au goût du jour.

Voilà plusieurs années que nous soutenons un projet libre nommé « Pytition« . Fonctionnel, mais nécessitant encore pas mal de travail sur les aspects visuels. Nous soutenir financièrement, c’est nous permettre d’allouer du temps de travail pour améliorer Pytition, en lien avec le développeur originel et permettre, à moyen terme, d’ouvrir une plateforme de pétitions réellement libre, ouverte, et avec une garantie de non-exploitation commerciale de vos données.

 

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Tester Framapétitions (sans garantie ni support !)

 

Framalab, pour expérimenter des logiciels avant qu’ils ne deviennent (potentiellement) des services

Mettre en place un logiciel utilisable en ligne est assez simple, surtout quand, comme nous, vous disposez d’un administrateur système très compétent. Cependant, entre installer un service en ligne et être capable d’y accueillir plusieurs centaines de milliers de personnes par mois, il y a tout un monde. Il faut tester les fonctionnalités du logiciel, évaluer sa maintenance, savoir jauger le temps et l’énergie qu’il nous prendra en support et en modération, créer une page d’accueil, parfois corriger quelques bugs gênants, constituer une Foire Aux Questions, communiquer dessus, etc.

Afin de faciliter ce processus, nous avons décidé de rendre public le site Framalab. Sur ce site vous trouverez quelques unes de nos applications en test.

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Notez bien que les applications qui suivent sont en test. Elles peuvent disparaître à tout moment, ce qui signifie que vous pouvez perdre vos données du jour au lendemain. Par ailleurs, elles ne feront l’objet d’aucun support de notre équipe salariée : si vous avez des questions ou rencontrez des difficultés, vous pouvez les remonter sur notre forum, où l’entraide sera communautaire (comprendre : peut-être que quelqu’un vous répondra, peut-être pas).

 

Visiter Framalab (sans garantie ni support !)

Des alternatives à Tricount

Tricount est une application (non libre) de gestion des dépenses de groupes (familles, ami⋅es, colocataires, etc).

Elle compte plus de 5 millions d’utilisateur⋅ices dans le monde.

L’application fonctionnait auparavant très bien sur le web, qui s’affichait dans une version mobile tout à fait correcte. Mais depuis peu la version web n’est plus disponible, et vous êtes obligé⋅es de télécharger et installer une application web sur votre smartphone. Nos ami⋅es d’ Exodus Privacy détectent, sur cette application, pas moins de 12 pisteurs et 16 permissions. D’où l’idée de vous proposer des alternatives libres, garanties sans pisteurs.

I Hate Money

Un « petit » projet libre comme on les aime : il fait une chose, mais la fait bien, et sans fioriture. Par exemple pour un voyage entre ami⋅es, une première personne créée un projet (pas besoin de créer un compte : il suffit de choisir un nom, de définir un code d’accès, et de laisser un email). Les autres personnes pourront alors s’y connecter, et ajouter chacune leurs dépenses. Au final, un clic sur « remboursement » permettra de savoir très facilement « Qui doit combien à qui ? ». Simple, rapide, efficace, on vous dit !

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Dans les coulisses

Cette application, née en 2011, n’a peut-être pas le « look and feel » le plus moderne. Cependant, nous l’avons testé en conditions réelles, et… elle fonctionne très très bien et nous l’avons trouvée simple et efficace sur mobile. Elle a principalement été développée par Alexis Métaireau (oui, le même qui a développé pour nous Argos Panoptes, que nous évoquions plus haut dans la partie « Framaspace »).

 

 

Tester I Hate Money (sans garantie ni support !)

Spliit

Encore une fois, un petit projet très simple, mais avec un look résolument moderne : pas besoin de s’authentifier, quelqu’un créé un groupe, puis ensuite ajoute des participant·es, et enfin leur partage l’URL. Tout le monde peut rentrer des dépenses simplement, et l’application calcule ensuite automatiquement qui doit quoi à qui. Il est possible d’utiliser des modes de partage plus avancés : par nombre de portions ou encore par pourcentage. Seul hic, le projet est à l’heure actuelle uniquement anglophone, donc il vous faudra comprendre a minima la langue de Shakespeare pour pouvoir l’utiliser. Sans pour autant le garantir, si cela devait devenir un service Framasoft, peut-être que notre communauté pourrait aider à le rendre traductible puis à le traduire pour un public francophone !

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Dans les coulisses

Et pourquoi pas Cospend ?

Vous connaissez peut-être Cospend, l’application Nextcloud qui propose des fonctionnalités similaires. Nous avons choisi de ne pas expérimenter avec cette dernière, pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’elle nécessite une instance de Nextcloud (bravo Sherlock !), et que cela signifierait de mettre en place une instance de Nextcloud uniquement dédiée à ce service. La deuxième, c’est qu’il faudrait également rajouter des modifications au logiciel, pour que les utilisateur·ices de l’instance ne puissent pas ajouter n’importe qui d’autre utilisant le service à un groupe de dépense. La troisième, c’est que la version Web mobile nous a semblé peu utilisable (avec des écrans qui se recouvrent les uns les autres), et bien qu’une application mobile Android MoneyBuster propose en théorie de se lier à un Cospend, en pratique il n’est plus possible de rejoindre un groupe de dépense Cospend avec cette dernière, et ce depuis quelques mois, sans visiblement de résolution apparente de ce bug critique). Alors on sait ce que c’est qu’être bénévole sur un logiciel libre, donc on ne jettera la pierre à personne, et au contraire on encouragera le développement, depuis les gradins. Mais en l’état actuel, cela nous semble plutôt une alternative dont l’évolution est à surveiller, ou viable à utiliser sur des instances Nextcloud (coucou les Framaspaces !), plutôt qu’un service que nous voudrions proposer à grande échelle. Affaire à suivre…

 

 

Tester Spliit (sans garantie ni support !)

Tableaux blancs et diagrammes en ligne

Draw.io

Draw.io permet de créer des diagrammes professionnels. Ce service est plutôt adapté si vous souhaitez réaliser un organigramme ou un diagramme UML.

Interface de Draw.io

 

Dans les coulisses

La version de Draw.io que nous proposons actuellement est une version offline dans le sens où elle ne permet que l’enregistrement local, et ne permet pas la modification collaborative.

Il faut donc considérer notre version de draw.io comme un logiciel « à l’ancienne » où vous allez créer votre diagramme (dans votre navigateur), puis l’enregistrer. Il est cependant possible de partager votre diagramme publiquement (en lecture seule) en utilisant la commande « Fichier → Publier → Lien ».

Nous avons tout de même ajouté la possibilité d’enregistrer vos données sur Framagit (il faudra vous y créer un compte).

Les fonctions collaboratives en temps réel imposent, elles, de passer par les serveurs de la société Jgraph qui édite le logiciel, elles ne sont donc pour le moment pas supportées.

Nous choisissons cependant de tester draw.io car nous le trouvons très intéressant de par ses fonctionnalités avancées. Peut-être le proposerons nous, à terme, comme plugin au sein de Framaspace.

 

 

 

Tester Draw.io (sans garantie ni support !)

Excalidraw

Là où Draw.io permet d’organiser des diagrammes, voyez plutôt Excalidraw comme un outil de « tableau blanc » (qui permet, aussi, de réaliser des diagrammes simples).

Cette simplicité rend Excalidraw, selon nous, plus accessible au grand public.

 

Dans les coulisses

Contrairement à Draw.io, notre version d’Excalidraw permet de travailler de façon collaborative. Nous expérimentons cette fonctionnalité, mais nous pourrions la retirer si nous ne la trouvons pas suffisamment stable et sécurisée. Cependant, Excalidraw utilisant à ce jour la plateforme Firebase de Google pour enregistrer les images en ligne, nous avons pour l’instant désactivé la possibilité d’ajouter des images dans notre version d’Excalidraw.

Notez que nous avons aussi évalué le logiciel tldraw, qui nous a paru une initiative intéressante, mais sa licence n’est pas libre car interdisant les usages commerciaux (ce qui n’aurait pas été le cas de Framasoft, mais ne répond pas pour autant aux exigences d’une licence libre).

Excalidraw, un tableau blanc pour mettre en forme vos idées collaborativement

 

Tester Excalidraw (sans garantie ni support !)

Des outils pour manipuler vos PDF en ligne

Ahhhh, les PDF ! Un format ouvert certes, pratique pour l’impression, mais clairement pas adapté à la modification. Si vous devez réorganiser des pages, en supprimer, en ajouter, les faire pivoter, ou les signer, c’est assez rapidement la croix et la bannière. Par ailleurs, il faut parfois pouvoir réduire leur poids avant de l’envoyer par email. Ça tombe bien, les deux outils que nous proposons sont là pour ça !

Signature PDF

Créé par la société coopérative « La 24eme », ce logiciel permet, au travers de quelques entrées simples, de manipuler vos PDF :

  • « Signer » : permet de signer, parapher, tamponner un pdf, mais aussi de partager le PDF signé, pour qu’il puisse être signé par d’autres personnes ;
  • « Organiser » : permet de tourner les pages d’un PDF (rotation), de déplacer des pages, d’en supprimer, d’en ajouter (depuis un autre PDF, par exemple pour faire un seul PDF à partir de plusieurs fichiers), etc.
  • « Métadonnées » : permet d’afficher les métadonnées d’un fichier PDF (par exemple la date de création ou le logiciel utilisé pour sa création), mais aussi d’éditer ces métadonnées ou d’en supprimer ;
  • « Compresser » : pour réduire la taille d’un PDF. Si le PDF original a déjà été compressé, cela n’aura aucun effet évidemment. Mais nos tests ont démontré qu’un PDF constitué de pages scannées de 38Mo au départ n’en faisait plus que 6 au final, ce qui est un gain conséquent.

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Tester Signature PDF (sans garantie ni support !)

Stirling PDF

Là, on sort la grosse artillerie. Stirling PDF propose pas moins de 71 outils différents !

Depuis des outils « simples » (fusion, rotation, etc) à ceux bien plus complexes (extraire les tableaux d’un PDF pour un faire un fichier .csv exploitable par un tableur, ajuster les couleurs, transformer une URL de page web en PDF, etc), en passant par des fonctions bien utiles (protéger par mot de passe, numéroter automatiquement les pages, etc.). Il existe même un outil « pipeline » qui permet d’enchaîner différentes actions (par exemple : rotation 90°, puis suppression des pages 1 et 14, puis ajout de numéros de pages, puis compression).

Écran d'accueil Stirling PDF
Écran d’accueil Stirling PDF

 

Tester Stirling PDF (sans garantie ni support !)

Liberaforms, un successeur pour Framaforms ?

Framaforms est basé sur le logiciel Yakforms, logiciel qui arrive en fin de vie. Pour différentes raisons (cf. « coulisses »), nous avons dû faire le choix de lui trouver un successeur, qui permettra de continuer à fournir un service proche de celui que vous utilisez actuellement.

Après moult essais-recherches (et quelques déceptions), notre choix s’est arrêté sur Liberaforms, un logiciel libre de formulaires créé et développé par une petite équipe espagnole.

Le « périmètre fonctionnel », c’est à dire l’ensemble de ce que vous pouvez faire avec ce logiciel, est sensiblement le même que celui que propose Yakforms, en dehors de certaines fonctions avancées (gestion de conditions, ou emails de validation, par exemple). Nous vous proposons de le tester sur notre plateforme https://beta.framaforms.org pendant plusieurs mois. Au terme de cette phase de tests, pendant laquelle nous pensons (si vous nous en donnez les moyens) améliorer quelque peu l’interface, nous pourrons alors commencer une bascule entre Yakforms et Liberaforms qui, rassurez-vous, s’étalera elle aussi sur plusieurs mois (vous ne perdrez donc pas vos formulaires en cours).

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Dans les coulisses

L’histoire de Framaforms/Yakforms s’étale sur près de 10 ans et est racontée sur le Framablog. Yakforms est donc basé sur Drupal 7, publié en 2011, qui aura donc eu une durée de vie de 14 ans, ce qui en fait une longévité relativement exceptionnelle pour une application web. La « fin de vie » de Drupal 7, plusieurs fois repoussée, s’achève finalement le 5 janvier 2025. À compter de cette date, il n’y aura donc plus de mise à jour de sécurité : si une faille était découverte, elle ne serait plus couverte (annoncée, réparée, suivie, etc) par la communauté, et donc Yakforms serait touché par ricochet.

Notre première idée a donc été, évidemment, de migrer Yakforms vers Drupal 8, 9, ou même maintenant Drupal 10. Cependant, c’était plus facile à dire qu’à faire, car Yakforms est composé de nombreux modules compatibles avec Drupal 7 mais pas avec les versions suivantes. C’est notamment le cas du module « form_builder » qui n’a jamais été porté dans les versions suivantes.

Il y a eu différentes tentatives de migration de Yakforms, la dernière en date par le Centre d’Expressions Musicales, au Havre, qui utilise massivement Framaforms (et bien d’autres logiciels libres, d’ailleurs). Mais le sujet étant complexe, le projet n’a pas abouti.

Début 2024, nous nous sommes donc lancés à la recherche de logiciels libres de formulaires alternatifs. Bonne nouvelle : le paysage avait bien évolué depuis la sortie de Framaforms en 2016, et de nombreuses alternatives existent aujourd’hui. Voici quelques unes des solutions testées :

  • https://www.limesurvey.org/fr : la référence en matière de logiciel libre d’enquête. Cependant, « enquête » « formulaire » ! LimeSurvey est un logiciel idéal si vous voulez réaliser une enquête de plusieurs dizaines ou centaines de questions, avec des embranchements, etc. Mais notre objectif avec Framaforms est de proposer une alternative à Google Forms, à savoir un logiciel simple à prendre en main, qui permet de publier son premier formulaire en 5mn chrono. Ce qui est très, très loin d’être le cas de LimeSurvey ;
  • https://apps.nextcloud.com/apps/forms : une app pour Nextcloud (logiciel que l’on connaît bien à Framasoft) pour créer des formulaires. Ce choix est arrivé en second dans notre évaluation. D’autant que nos ami⋅es du chaton La Contre-Voie ont apporté un développement spécifique permettant un accès simplifié. Mais nous avons estimé que le code de Nextcloud Forms n’était pas encore suffisamment stable pour nos besoins, ni capable d’accueillir des dizaines de milliers de visiteurs quotidien ;
  • https://cryptpad.fr/form/ : issu de l’excellente suite bureautique chiffrée Cryptpad. L’interface n’est pas très jolie, mais plutôt fonctionnelle. Cependant, le côté 100% chiffré du logiciel était, paradoxalement, rédhibitoire pour nous : nous gérons plusieurs centaines de milliers de formulaires par an, et un chiffrement de bout en bout aurait largement limité notre capacité de support, et donc multiplié les personnes qui se seraient plaintes auprès de nous ;
  • https://surveyjs.io/ dispose d’un excellent concepteur de formulaire, mais la partie enregistrement et analyse n’est pas libre, ce qui ne présage habituellement rien de bon quant à l’ouverture du logiciel dans les années à venir ;
  • https://formbricks.com/ : ce logiciel nous a semblé tout à fait correct. Par contre, il est pensé pour faire de « l’enquête pas à pas » et non des formulaires. Par ailleurs, il nous aurait fallu adapter de nombreuses fonctionnalités (souvent marquées comme « pro » ;
  • https://getinput.co : comme SurveyJS, il s’agit plus d’une alternative à Typeform qu’à GoogleForms, avec « une question = un écran ». Le travail de traduction aurait été conséquent, mais nous l’avons éliminé aussi parce que bien que le code soit libre, l’entreprise qui édite ce logiciel semble avoir une politique commerciale relativement agressive et n’aurait probablement pas bien accepté de voir Framasoft proposer son logiciel gratuitement, devenant un concurrent de poids qui aurait « récupéré » leur travail ;
  • https://ec.europa.eu/eusurvey/ : Développé par l’Union Européenne depuis 2016. Le rythme de développement est relativement lent. Ça aurait pu être un candidat intéressant, mais le code nous a semblé une véritable usine à gaz, puisque conçu pour gérer des formulaires au sein d’institutions publiques de grandes tailles, avec l’obligation de gérer plusieurs langues, etc ;
  • https://ohmyform.com/ : là encore, plutôt une alternative à Typeform qu’à Google Forms. Notez qu’en l’absence de plateforme pour tester ce logiciel, il vous faudra donc l’installer. Par ailleurs, le développement, bien que toujours en cours, semble relativement ralenti ;
  • https://tripetto.app/ a clairement le concepteur de formulaire le plus avancé. Malheureusement le logiciel est uniquement en anglais (et non facilement traduisible). Mais surtout, si le « builder » (l’interface de création de formulaire) est libre, d’autres parties essentielles du logiciel ne le sont pas, ce qui était évidemment rédhibitoire pour nous ;
  • Nous avons aussi évalué plusieurs outils « no-code » (comme NocoDB ou Baserow) qui sont aussi très pertinents pour créer des formulaires. Cependant, nous avons estimé que nous n’étions pas sur des outils simples à prendre en main alors que c’était un critère essentiel pour nous. Nous n’excluons pas de proposer ces outils à termes, mais cela nous paraissait prématuré pour le moment.
  • https://gitlab.com/liberaforms/liberaforms – ce n’est ni la plus belle, ni la plus moderne des alternatives testées. Cependant, elle fait correctement le travail, et semble bien pouvoir passer à l’échelle en gérant plusieurs dizaines ou centaines de milliers de formulaires. Par conséquent, nous avons contacté les développeurs de Liberaforms, qui semblaient enchantés que Framasoft propose leur logiciel à l’évaluation (merci à eux !).

Le logiciel n’était pas traduit en français, alors… nous l’avons fait ! Un grand merci à Framalang, spf et Booteille pour leur aide !

Dans les mois qui viennent, grâce à vos dons, nous nous appliquerons donc à finaliser la traduction, à améliorer l’interface (notre code sera bien évidemment reversé auprès de la communauté Liberaforms), et évaluerons vos retours pour déterminer si, oui ou non, Liberaforms remplacera à terme Yakforms comme moteur de Framaforms.

 

Tester Liberaforms (sans garantie ni support !)

 

Framaspace, de l’accompagnement pour une plus grande autonomisation

Framaspace accueille plus de 1 100 associations et collectifs. Nous envisageons de doubler ce chiffre, au moins, d’ici la fin de l’année. Ce qui positionne Framasoft comme un des plus gros hébergeurs Nextcloud (le logiciel qui motorise Framaspace) de France, hors opérateurs type OVH.

Mais il nous reste un problème majeur auquel il faut répondre : comment accompagner les personnes qui découvrent Nextcloud ? En effet, comme nos enquêtes le démontraient, et comme nous l’indiquions dans notre conférence de lancement, Nextcloud reste relativement peu connu, et pas aussi simple à prendre en main qu’un Google Drive, par exemple. Il nous faut donc trouver des façons qui permettent à une personne qui n’a jamais utilisé le logiciel de s’y retrouver : qu’elle puisse importer ses fichiers ou calendriers, qu’elle sache comment partager publiquement un fichier, qu’elle comprenne comment utiliser le tableur ou le traitement de texte intégré, etc.

Nos actions en cours sont nombreuses sur le sujets : nous soutenons par exemple l’initiative d’ateliers Nextcloud (en juin 2024) organisé par L‘Établi Numérique et La Dérivation. Nous avons aussi un stagiaire, Val, qui travaille sur deux sujets : faciliter la migration depuis un espace cloud externe (Google Drive, Dropbox, ou même un autre Nextcloud) vers Framaspace ; proposer un tutoriel aux nouvelles et nouveaux arrivants sur Framaspace, en utilisant la bibliothèque IntroJS.



Vidéo de démonstration de l’application IntroJs, développée par Val, pour faciliter la prise en main de Framaspace.

Là encore, vos dons nous permettent de faire, et surtout de faire sans trop attendre.

Proposer la candidature de votre asso/collectif

 

Passez à l’action ! Pour pouvoir répondre à vos besoins et vos envies en termes de services libres émancipateurs, nous nous sommes fixés un objectif de collecte de 60 000€ qui nous permettront de mettre l’énergie nécessaire à la mise en place de ces services. Si vous le pouvez : soutenez-nous !

Soutenir Framasoft

 

Et ensuite ?

Mais Framasoft ne s’arrête pas là !

D’autres projets sont en cours, mais sont, eux, plus incertains.

Leur mise en place dépendra évidemment du succès de cette collecte (oui, on manque peut-être un peu de subtilité 😉), mais aussi des résultats des études de faisabilité technique qui sont en cours.

Nous pouvons cependant les évoquer ici, en insistant sur le fait qu’en parler maintenant n’est pas pour autant un engagement de mise en place de notre part.

Aktivisda : décliner des visuels rapidement

Un des besoins récurrents repérés parmi les associations que Framasoft côtoie est celui de pouvoir rapidement créer ou décliner des visuels. Par exemple, pour une chorale qui ferait 5 représentations en fin d’année, il s’agit surtout, sur la base d’un affiche commune, de changer les dates, les heures, et les lieux. C’est un besoin simple, qui doit prendre quelques minutes maximum, afin de consacrer l’essentiel du temps et de l’énergie à imprimer et diffuser les affiches.

C’est aussi le même besoin qui revient avec les réseaux sociaux, où le besoin est d’avoir un visuel commun identifiable (par exemple avec le logo de l’association), puis de pouvoir ajouter un texte dessus pour inviter à une action ou un événement.

Par ailleurs, mettre à disposition ce type d’outil permettant en quelques clics de partager un visuel (une affiche, par exemple), de l’imprimer, ou de créer un code QR personnalisé, nous semble utile dans le contexte social et politique actuel.

Ce sont justement à ces besoins que répond le logiciel Aktivisda.

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Pour l’instant, aucune version « diffusée par Framasoft » n’est disponible, mais nous travaillons avec le développeur originel, ainsi que la société qui l’emploie (Telescoop) afin de faciliter son déploiement pour de multiples organisations, ainsi que l’ajout de nouveaux visuels (il faut actuellement passer par Framagit, ce qui peut être fastidieux).

Nous espérons donc, d’ici la fin de l’année, revenir avec de bonnes nouvelles du côté de Aktivisda 🙂

 

Dans les coulisses

S’il y a un logiciel dont l’usage s’est massifié dans le paysage associatif ces dernières années, c’est bien Canva. Ce logiciel (non libre, et qui ne se prive pas de nourrir des entreprises tierces d’intelligence artificielle avec vos données) permet de créer rapidement des designs ou des présentations.

Le logiciel libre le plus proche est probablement l’excellent Polotno Studio. Malheureusement, il n’est que très partiellement libre.

C’est un peu par hasard, lors des JDLL 2023 que nous avons découvert Aktivisda. En décembre 2023, nous rencontrions alors son développeur, Marc-Antoine, avec qui nous avons discuté de ses projets pour Aktivida, mais aussi de nos envies et de nos besoins d’un logiciel plus simple à déployer. Les échanges se sont poursuivis ponctuellement, mais régulièrement, avec l’objectif de rendre le logiciel multi-tenant, c’est à dire facilement utilisable par de multiples individus ou organisations. Marc-Antoine et ses collègues sont actuellement en train d’explorer le sujet (de façon bénévole, précisons-le), et nous y verrons donc plus clair d’ici quelques semaines.

Framaspace : gestion des adhérent⋅es, de la comptabilité, nouvelles applications

Comme évoqué plus haut, l’année 2024 sera largement dédiée à améliorer la prise en main et l’accompagnement des utilisateur⋅ices qui découvrent Framaspace.

Cependant, cela ne signifie pas que nous n’allons pas avoir de missions plus techniques. Ainsi, nous comptons passer tous les espaces en version 29 (vous pouvez en lire une description en français chez nos ami⋅es d’Arawa. En parallèle, nous allons évaluer l’ajout de quelques applications, comme par exemple Tables qui permet de construire et partager une petite base de données, ou Impersonate pour permettre à l’admin d’un espace de dépanner un utilisateur. Suivant vos retours sur Excalidraw (évoqué plus haut), nous pourrons aussi le proposer comme application complémentaire.

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Cependant, le plus gros du travail, qui commencera au second semestre 2024, sera de voir jusqu’où nous pouvons aller dans l’intégration de Paheko dans Framaspace. Paheko est un logiciel libre de gestion d’associations complet et qui bénéficie aujourd’hui d’une belle réputation. De plus son développeur est français, et impliqué dans différentes communautés libristes depuis longtemps. Lors du dernier camp CHATONS, nous avons commencé à discuter de la possibilité d’intégrer des parties de Paheko à Framaspace. Notamment, nous savons que pouvoir gérer les adhérent⋅es (dates d’entrée et sortie de l’association, gestion des cotisations, etc.), mais aussi la comptabilité (suivant le Plan Comptable Associatif) seraient de gros avantages pour Framaspace. Pour l’instant, nous sommes toujours dans une démarche exploratoire, mais l’idée nous paraît suffisamment importante pour que nous y consacrions du temps et de l’énergie.

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Empreinte carbone associative

Nous ne sommes pas climato-sceptiques. Nous considérons que le réchauffement climatique est la mère de toutes les batailles. Nous pensons que la réponse au dérèglement climatique est avant tout politique, et nous sommes irrité⋅es de voir à quel point les politiques publiques sont avant tout orientées, parfois de façon très culpabilisantes, sur les gestes individuels. Cependant, pour pouvoir correctement faire face à un problème et y répondre de façon pertinente, il peut être utile de bien comprendre les enjeux, mais aussi les leviers sur lesquels agir. C’est dans cette optique que Framasoft, en partenariat avec le groupement de recherche Labos 1point5 souhaite proposer, à moyen terme, une application en ligne permettant d’évaluer l’empreinte carbone de son association (ainsi qu’un simulateur permettant de voir l’impact de chaque levier activable).

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Dans les coulisses

Il n’y a pas, et il n’y aura jamais de numérique « vert ». Le numérique est intrinsèquement écocidaire. Cependant, nous vivons dans un monde où le numérique existe, et a aussi des apports (pour calculer, pour communiquer, pour être en lien, pour faire ensemble, etc.). Et ni vous, ni nous, ni personne, ne peut faire disparaître le numérique d’un claquement de doigts. C’est ce qu’on appelle une problématique complexe, face à laquelle aucune solution n’est triviale. Les solutions aux problèmes complexes reposent souvent sur des décisions politiques à grande échelle. Et le plus souvent, ces décisions font face à une grande réactance au début, ce qui est assez naturel.

Concernant le réchauffement climatique, nous ne croyons pas aux « petits pas », et nous condamnons les politiques publiques qui pointent beaucoup plus facilement les gestes individuels (le fameux « pipi sous la douche ») plutôt que les actions à grande échelle.

Cependant, pour bien comprendre un problème complexe, il faut pouvoir prendre conscience des « sous-problèmes » qui le composent. Et là, ça tombe bien, Framasoft peut avoir un (petit) rôle à jouer.

Ainsi, nous avons été contacté·es il y a quelques mois par le Groupement de Recherche Labos 1point5 qui propose, pour les labos de recherche (Universités, CNRS, etc.) des outils pour évaluer et comprendre l’empreinte carbone liée au laboratoire. Ils et elles nous ont annoncé travailler sur un outil équivalent, mais destiné aux associations et nous ont demandé si nous serions d’accord pour « porter » ces outils auprès du monde associatif.

Pour être franc⋅hes, nous avons d’abord hésité, car ce genre d’outils fait souvent l’objet de gros biais de calcul, et « oublie » le scope 3 (et même parfois le scope 1). Mais nous avons testé l’outil, et l’avons trouvé très complet. Par ailleurs, le fait que ces outils soient produits par des chercheuses et chercheurs pointu⋅es sur ce sujet permet de sortir des nombreuses démarches marketing de « greenwashing » que l’on peut observer ces derniers temps.

Nous avons donc entamé un dialogue qui nous semble fort constructif. Pour l’instant, nous laissons l’équipe de recherche avancer sur le sujet, et nous vous tiendrons informé⋅es des avancées d’ici quelques mois.

D’ici là, si votre association est intéressée à tester lesdites avancées ou à participer aux échanges avec les chercheuses et chercheurs, vous pouvez vous inscrire au panel d’associations testeuses.

 

 

Proposer votre association comme beta-testeuse

D’autres ajouts sur Framalab ?

Ah… Framadate sur mobile… Si on avait touché 1€ à chaque fois que l’on avait reçu une plainte concernant l’usage de Framadate sur smartphone, nous n’aurions probablement pas besoin de faire de collecte 😅.

Cependant, le code de Framadate est tellement daté (certaines parties du code datent de 2008) qu’il paraît aujourd’hui bien plus simple de repartir de zéro.

Ça tombe bien, des logiciels alternatifs comme https://rallly.co/fr ou https://crab.fit/ s’y sont lancés. Mais aussi, plus localement, la DINUM en 2021 ou, encore plus proche, la communauté CHATONS.

Bref, ça ne sera pas pour tout de suite, et surtout, on ne sait pas encore quelle sera la voie (longue, mais libre) suivie par Framasoft, mais les choses avancent 🙂

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D’autres logiciels sont évidemment envisagés, comme Hedgedoc, par exemple. N’hésitez pas à signaler vos envies et besoins sur notre forum.

Nous étudions aussi de près la possibilité de mettre à votre disposition des outils « No Code » comme Baserow ou NoCoDB, car ils nous semblent répondre à des besoins courants. Cependant d’un point de vue technique, ce n’est pas simple (ces logiciels sont gourmands et coûtent donc cher à héberger), et il s’agit de logiciels un peu complexes à prendre en main, donc il faudrait aussi travailler à leur accompagnement.

Pour tout cela, nous avons (encore) besoin de votre aide

Félicitations si vous nous avez lu jusqu’ici, car nous avions beaucoup à dire !

Vous l’aurez compris, de nombreux chantiers sont en cours, et il nous faudra des semaines, voire des mois, pour les faire avancer.

Cependant, comme toujours, nous ne pourrons nous atteler à ces projets que si vous nous donnez les moyens de le faire.

Pour cette campagne, le montant de 60 000 € demandé est le minimum vital pour nous permettre de maintenir l’existant comme nous l’avons fait ces 12 derniers mois, et de mettre en place les projets déjà engagés en 2024, si nous atteignons cette somme, nous pourrons alors plus facilement mettre en place les projets exploratoires évoqués plus haut.

Nous pensons sincèrement que nous avons la possibilité de faire bouger les lignes, comme nous l’avons fait avec Framadate, Framalistes, Framapad, ou maintenant Framaspace. Le contexte politique et social actuel nous presse à « outiller la société de contribution », c’est à dire à équiper numériquement celles et ceux qui souhaitent changer le monde vers plus de collectif, plus de diversité, plus de communs. Notre boussole reste notre volonté de vous proposer des outils libres et éthiques, un peu comme si nous fournissions des planches, des marteaux et des clous numériques pour que vous puissiez concrétiser les projets qui vous ressemblent, et non ceux qui sont téléguidés par les géants du numérique.

Nous pensons avoir prouvé lors de ces dix dernières années de « dégooglisation » que votre confiance n’était pas mal placée, et que chaque euro perçu avait été bien dépensé.

Aujourd’hui, au regard de nos ambitions à vous proposer de nouveaux services (mais aussi à maintenir ceux qui sont en place !), nous faisons donc de nouveau appel à votre générosité, en vous rappelant que l’association Framasoft ne vit que de vos dons, et en vous invitant donc, si vous en avez l’envie et les moyens, à nous soutenir pour cette nouvelle campagne. Merci 🙏

Soutenir la campagne « Dorlotons Dégooglisons #2 »




Zoom et les politiques de confidentialité

Cet article a été publié à l’origine par THE MARKUP, il est traduit et republié avec l’accord de l’auteur selon les termes de la licence CC BY-NC-ND 4.0

 

Publication originale sur le site themarkup.org

 

Traduction Framalang : goofy, MO, Henri-Paul, Wisi_eu

 

Voilà ce qui arrive quand on se met à lire vraiment les politiques de confidentialité

Une récente polémique sur la capacité de Zoom à entraîner des intelligences artificielles avec les conversations des utilisateurs montre l’importance de lire les petits caractères

par Aaron Sankin

 

Photo de l'extérieur du siège de Zoom le 07 février 2023 à San José, Californie. Les côtés droit et gauche de la photo sont masqués par deux zones sombres qui ne sont pas mises au point.
Justin Sullivan/Getty Images

 

photo de l'auteurBonjour, je m’appelle Aaron Sankin, je suis journaliste d’investigation à The Markup. J’écris ici pour vous expliquer que si vous faites quelque chose de très pénible (lire les documents dans lesquels les entreprises expliquent ce qu’elles peuvent faire avec vos données), vous pourrez ensuite faire quelque chose d’un peu drôle (piquer votre crise en ligne).

Au cours du dernier quart de siècle, les politiques de protection de la vie privée – ce langage juridique long et dense que l’on parcourt rapidement avant de cliquer sans réfléchir sur « J’accepte » – sont devenues à la fois plus longues et plus touffues. Une étude publiée l’année dernière a montré que non seulement la longueur moyenne des politiques de confidentialité a quadruplé entre 1996 et 2021, mais qu’elles sont également devenues beaucoup plus difficiles à comprendre.

Voici ce qu’a écrit Isabel Wagner, professeur associé à l’université De Montfort, qui a utilisé l’apprentissage automatique afin d’analyser environ 50 000 politiques de confidentialité de sites web pour mener son étude :

« En analysant le contenu des politiques de confidentialité, nous identifions plusieurs tendances préoccupantes, notamment l’utilisation croissante de données de localisation, l’exploitation croissante de données collectées implicitement, l’absence de choix véritablement éclairé, l’absence de notification efficace des modifications de la politique de confidentialité, l’augmentation du partage des données avec des parties tierces opaques et le manque d’informations spécifiques sur les mesures de sécurité et de confidentialité »

Si l’apprentissage automatique peut être un outil efficace pour comprendre l’univers des politiques de confidentialité, sa présence à l’intérieur d’une politique de confidentialité peut déclencher un ouragan. Un cas concret : Zoom.

En début de semaine dernière, Zoom, le service populaire de visioconférence devenu omniprésent lorsque les confinements ont transformé de nombreuses réunions en présentiel en réunions dans de mini-fenêtres sur des mini-écrans d’ordinateurs portables, a récemment fait l’objet de vives critiques de la part des utilisateurs et des défenseurs de la vie privée, lorsqu’un article du site d’actualités technologiques Stack Diary a mis en évidence une section des conditions de service de l’entreprise indiquant qu’elle pouvait utiliser les données collectées auprès de ses utilisateurs pour entraîner l’intelligence artificielle.

version anglaise début août, capturée par la Wayback Machine d’Internet Archive

le texte précise bien l'usage consenti par l'utilisateur de ses données pour l'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle
version française fin juillet, capturée par la Wayback Machine d’Internet Archive

 

Le contrat d’utilisation stipulait que les utilisateurs de Zoom donnaient à l’entreprise « une licence perpétuelle, non exclusive, libre de redevances, susceptible d’être cédée en sous-licence et transférable » pour utiliser le « Contenu client » à des fins diverses, notamment « de marketing, d’analyse des données, d’assurance qualité, d’apprentissage automatique, d’intelligence artificielle, etc.». Cette section ne précisait pas que les utilisateurs devaient d’abord donner leur consentement explicite pour que l’entreprise puisse le faire.

Une entreprise qui utilise secrètement les données d’une personne pour entraîner un modèle d’intelligence artificielle est particulièrement controversée par les temps qui courent. L’utilisation de l’IA pour remplacer les acteurs et les scénaristes en chair et en os est l’un des principaux points d’achoppement des grèves en cours qui ont paralysé Hollywood. OpenAI, la société à l’origine de ChatGPT, a fait l’objet d’une vague de poursuites judiciaires l’accusant d’avoir entraîné ses systèmes sur le travail d’écrivains sans leur consentement. Des entreprises comme Stack Overflow, Reddit et X (le nom qu’Elon Musk a décidé de donner à Twitter) ont également pris des mesures énergiques pour empêcher les entreprises d’IA d’utiliser leurs contenus pour entraîner des modèles sans obtenir elles-mêmes une part de l’activité.

La réaction en ligne contre Zoom a été féroce et immédiate, certaines organisations, comme le média Bellingcat, proclamant leur intention de ne plus utiliser Zoom pour les vidéoconférences. Meredith Whittaker, présidente de l’application de messagerie Signal spécialisée dans la protection de la vie privée, a profité de l’occasion pour faire de la publicité :

« HUM : Les appels vidéo de @signalapp fonctionnent très bien, même avec une faible bande passante, et ne collectent AUCUNE DONNÉE SUR VOUS NI SUR LA PERSONNE À QUI VOUS PARLEZ ! Une autre façon tangible et importante pour Signal de s’engager réellement en faveur de la vie privée est d’interrompre le pipeline vorace de surveillance des IA. »

Zoom, sans surprise, a éprouvé le besoin de réagir.

Dans les heures qui ont suivi la diffusion de l’histoire, le lundi même, Smita Hashim, responsable des produits chez Zoom, a publié un billet de blog visant à apaiser des personnes qui craignent de voir  leurs propos et comportements être intégrés dans des modèles d’entraînement d’IA, alors qu’elles souhaitent virtuellement un joyeux anniversaire à leur grand-mère, à des milliers de kilomètres de distance.

« Dans le cadre de notre engagement en faveur de la transparence et du contrôle par l’utilisateur, nous clarifions notre approche de deux aspects essentiels de nos services : les fonctions d’intelligence artificielle de Zoom et le partage de contenu avec les clients à des fins d’amélioration du produit », a écrit Mme Hashim. « Notre objectif est de permettre aux propriétaires de comptes Zoom et aux administrateurs de contrôler ces fonctions et leurs décisions, et nous sommes là pour faire la lumière sur la façon dont nous le faisons et comment cela affecte certains groupes de clients ».

Mme Hashim écrit que Zoom a mis à jour ses conditions d’utilisation pour donner plus de contexte sur les politiques d’utilisation des données par l’entreprise. Alors que le paragraphe sur Zoom ayant « une licence perpétuelle, non exclusive, libre de redevances, pouvant faire l’objet d’une sous-licence et transférable » pour utiliser les données des clients pour « l’apprentissage automatique, l’intelligence artificielle, la formation, les tests » est resté intact [N de T. cependant cette mention semble avoir disparu dans la version du 11 août 2023], une nouvelle phrase a été ajoutée juste en dessous :

« Zoom n’utilise aucun Contenu client audio, vidéo, chat, partage d’écran, pièces jointes ou autres communications comme le Contenu client (tels que les résultats des sondages, les tableaux blancs et les réactions) pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle de Zoom ou de tiers. »

Comment utilisons-nous vos données à caractère personnel ?Les employés de Zoom n’accèdent pas au Contenu client des réunions, des webinaires, des messageries ou des e-mails (en particulier, l’audio, la vidéo, les fichiers, les tableaux blancs en réunion et les contenus des messageries ou des e-mails), ni au contenu généré ou partagé dans le cadre d’autres fonctions de collaboration (comme les tableaux blancs hors réunion), et ne les utilisent pas, à moins que le titulaire du compte hébergeant le produit ou Service Zoom où le Contenu client a été généré ne le demande ou que cela ne soit nécessaire pour des raisons juridiques, de sûreté ou de sécurité. Zoom n’utilise aucun Contenu client audio, vidéo, chat, partage d’écran, pièces jointes ou autres communications comme le Contenu client (tels que les résultats des sondages, les tableaux blancs et les réactions) pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle de Zoom ou de tiers.
copie d’écran du 16/08/2023, page https://explore.zoom.us/fr/privacy/

 

Dans son billet de blog, Mme Hashim insiste sur le fait que Zoom n’utilise le contenu des utilisateurs que pour former l’IA à des produits spécifiques, comme un outil qui génère automatiquement des résumés de réunions, et seulement après que les utilisateurs auront explicitement choisi d’utiliser ces produits. « Un exemple de service d’apprentissage automatique pour lequel nous avons besoin d’une licence et de droits d’utilisation est notre analyse automatisée des invitations et des rappels de webinaires pour s’assurer que nous ne sommes pas utilisés involontairement pour spammer ou frauder les participants », écrit-elle. « Le client est propriétaire de l’invitation au webinaire et nous sommes autorisés à fournir le service à partir de ce contenu. En ce qui concerne l’IA, nous n’utilisons pas de contenus audios, de vidéos ou de chats pour entraîner nos modèles sans le consentement du client. »

La politique de confidentialité de Zoom – document distinct de ses conditions de service – ne mentionne l’intelligence artificielle ou l’apprentissage automatique que dans le contexte de la fourniture de « fonctions et produits intelligents (sic), tels que Zoom IQ ou d’autres outils pour recommander le chat, le courrier électronique ou d’autres contenus ».

Pour avoir une idée de ce que tout cela signifie, j’ai échangé avec Jesse Woo, un ingénieur spécialisé en données de The Markup qui, en tant qu’avocat spécialisé dans la protection de la vie privée, a participé à la rédaction de politiques institutionnelles d’utilisation des données.

M. Woo explique que, bien qu’il comprenne pourquoi la formulation des conditions d’utilisation de Zoom touche un point sensible, la mention suivant laquelle les utilisateurs autorisent l’entreprise à copier et à utiliser leur contenu est en fait assez standard dans ce type d’accord d’utilisation. Le problème est que la politique de Zoom a été rédigée de manière à ce que chacun des droits cédés à l’entreprise soit spécifiquement énuméré, ce qui peut sembler beaucoup. Mais c’est aussi ce qui se passe lorsque vous utilisez des produits ou des services en 2023, désolé, bienvenue dans le futur !

Pour illustrer la différence, M. Woo prend l’exemple de la politique de confidentialité du service de vidéoconférence concurrent Webex, qui stipule ce qui suit : « Nous ne surveillerons pas le contenu, sauf : (i) si cela est nécessaire pour fournir, soutenir ou améliorer la fourniture des services, (ii) pour enquêter sur des fraudes potentielles ou présumées, (iii) si vous nous l’avez demandé ou autorisé, ou (iv) si la loi l’exige ou pour exercer ou protéger nos droits légaux ».

Cette formulation semble beaucoup moins effrayante, même si, comme l’a noté M. Woo, l’entraînement de modèles d’IA pourrait probablement être mentionné par une entreprise sous couvert de mesures pour « soutenir ou améliorer la fourniture de services ».

L’idée que les gens puissent paniquer si les données qu’ils fournissent à une entreprise dans un but évident et simple (comme opérer un appel de vidéoconférence) sont ensuite utilisées à d’autres fins (comme entraîner un algorithme) n’est pas nouvelle. Un rapport publié par le Forum sur le futur de la vie privée (Future of Privacy Forum), en 2018, avertissait que « le besoin de grandes quantités de données pendant le développement en tant que « données d’entraînement » crée des problèmes de consentement pour les personnes qui pourraient avoir accepté de fournir des données personnelles dans un contexte commercial ou de recherche particulier, sans comprendre ou s’attendre à ce qu’elles soient ensuite utilisées pour la conception et le développement de nouveaux algorithmes. »

Pour Woo, l’essentiel est que, selon les termes des conditions de service initiales, Zoom aurait pu utiliser toutes les données des utilisateurs qu’elle souhaitait pour entraîner l’IA sans demander leur consentement et sans courir de risque juridique dans ce processus.

Ils sont actuellement liés par les restrictions qu’ils viennent d’inclure dans leurs conditions d’utilisation, mais rien ne les empêche de les modifier ultérieurement.
Jesse Woo, ingénieur en données chez The Markup

« Tout le risque qu’ils ont pris dans ce fiasco est en termes de réputation, et le seul recours des utilisateurs est de choisir un autre service de vidéoconférence », explique M. Woo. « S’ils avaient été intelligents, ils auraient utilisé un langage plus circonspect, mais toujours précis, tout en proposant l’option du refus, ce qui est une sorte d’illusion de choix pour la plupart des gens qui n’exercent pas leur droit de refus. »

Changements futurs mis à part, il y a quelque chose de remarquable dans le fait qu’un tollé public réussisse à obtenir d’une entreprise qu’elle déclare officiellement qu’elle ne fera pas quelque chose d’effrayant. L’ensemble de ces informations sert d’avertissement à d’autres sur le fait que l’entraînement de systèmes d’IA sur des données clients sans leur consentement pourrait susciter la colère de bon nombre de ces clients.

Les conditions d’utilisation de Zoom mentionnent la politique de l’entreprise en matière d’intelligence artificielle depuis le mois de mars, mais cette politique n’a attiré l’attention du grand public que la semaine dernière. Ce décalage suggère que les gens ne lisent peut-être pas les données juridiques, de plus en plus longues et de plus en plus denses, dans lesquelles les entreprises expliquent en détail ce qu’elles font avec vos données.

Heureusement, Woo et Jon Keegan, journalistes d’investigation sur les données pour The Markup, ont récemment publié un guide pratique (en anglais) indiquant comment lire une politique de confidentialité et en  identifier rapidement les parties importantes, effrayantes ou révoltantes.

Bonne lecture !


Sur le même thème, on peut s’intéresser à :

 




Le X de Musk n’est pas une inconnue…

L’actualité récente nous invite à republier avec son accord l’article de Kazhnuz sur son blog (il est sous licence CC BY-SA 4.0) qui souligne un point assez peu observé de la stratégie d’Elon Musk : elle n’est guère innovante et ne vise qu’à ajouter un X aux GAFAM pour capter une base utilisateur à des fins mercantiles…


Twitter vers X, la marketplacisation1 d’Internet

Photo Blue bird seen at Lake Merritt Oakland par Michael Slaten.

par Kazhnuz

L’annonce a été faite le 23 juillet, Twitter va être remplacé par X, le « rêve » de Musk de créer l’app-à-tout-faire à la WeChat en Chine. Le logo va être changé, et la marque Twitter va être abandonnée au profit de celle de X, et le domaine x.com redirige déjà vers Twitter. Le nom a déjà été utilisé jadis par Musk pour sa banque en ligne (qui après moult péripéties deviendra Paypal, justement parce que le nom est nul et pose des tonnes de soucis – ressembler à un nom de site X justement), et cette fois comme y’a personne pour lui dire « stop mec ton idée pue », il le fait.

Cependant, je pense qu’il y a quelques trucs intéressants à dire sur la situation, parce qu’au final, plus qu’une « lubie de Musk », il y a dedans quelque chose qui informe de la transformation faite de twitter, et de la façon dont Musk fait juste partie d’un mouvement fortement présent dans la Silicon Valley.

Encore un

Je pense qu’il ne faut pas voir ce changement de nom comme quelque chose de si surprenant, imprévisible, parce que c’est jouer le jeu de Musk de croire qu’il est l’électron libre qu’il prétend être. Parce que même s’il va plus loin en changeant carrément la marque du produit, Musk ne fait (encore une fois) que copier-coller un comportement déjà présent dans le milieu de la tech.

Parce qu’au final, Twitter appartenant et devenant X Corp, c’est comme Facebook qui devient Meta Plateform, ou Google qui devient Alphabet Inc. Un changement en grande partie pour tenter de forger la « hype », l’idée que le site fait partie de quelque chose de plus grand, du futur, de ce qui va former l’Internet – non la vie – de demain. Bon je pense que ça se voit que je suis un peu sarcastique de tout ça, mais y’a cette idée derrière les grandes entreprises de la tech. Elles ne sont plus dans l’idée de tourner autour de quelques produits, elles se présentent comme le « futur ». X Corp n’est qu’une tentative de créer un autre GAFAM, et fait partie des mêmes mouvements, des mêmes visions, du même aspect « techbro ».

C’est pour ça que le nom « rigolo » est moins mis en avant par rapport au nom plus « générique-mais-cool-regardez ». Meta, pour ceux qui vont au-delà et le métavers. X pour la variable inconnue. Alphabet pour aller de A à Z. Tout cela est de l’esbroufe, parce que plus que vendre un produit, ils vendent de la hype aux investisseurs.

Et le fait que Musk a voulu réutiliser ce nom dans le passé ne change pas grand-chose à tout ça. Le but, l’ego est le même. Donner l’impression qu’on est face à une grosse mégacorporation du futur. Et ce manque d’originalité n’est pas que dans le changement de nom, mais aussi au final dans son plan derrière tout ça : transformer Twitter en une marketplace.

X, une autre marketplace

Le passage de Twitter à X.com, montre le même cœur que les metaverse et crypto… et au final une grande partie des transformations qui se sont produites : tout transformer en marketplace, enrobé dans une esthétique de technofuturisme. Cela se voit encore plus dans le message de Linda Yaccarino, la CEO de Twitter :

X est l’état futur de l’interactivité illimitée – centrée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/les banques – créant une place de marché globale pour les idées, les biens, les services et les opportunités. Propulsé par l’IA, X va nous connecter d’une manière que nous commençons juste à imaginer.

— Linda Yaccarino, twitter

On peut remarquer deux choses dans ce message :

Le premier est qu’il n’y a rien d’original dedans. Nous y retrouvons exactement la même chose que l’on retrouvait à l’époque des crypto et des NFT : le truc qui fait tout mais surtout des trucs qui existent déjà, et basé sur la technologie du turfu. Y’a déjà 500 plateformes pour faire payer pour des services, que ce soit en crowdfunding, au format « patreon », via des commissions, etc. Des ventes de biens sur internet, y’a aussi des tonnes de moyens, etc. Tout ce qui est rajouté c’est « on va faire tous ces trucs qui existent déjà, et on a dit « IA » dedans donc c’est le futur ça va tout révolutionner tavu ». C’est le modus operandi classique, et il n’y a rien d’original dans ce que propose Twitter. D’ailleurs, le rôle que peut avoir l’IA dedans est très vague : est-ce que c’est pour modifier les algorithmes ? (cela ne sert pas à grand-chose, on les hait tous déjà). Est-ce que c’est pour pouvoir générer des produits par IA pour les vendre ? Le produit que veut proposer X Corp n’a pas besoin d’IA pour fonctionner, elle est là juste pour dire « c’est le futur », et hyper les investisseurs.

Le second est que cela transforme l’idée de base de Twitter (l’endroit où les gens parlent) en avant tout une « place de marché », comme indiqué plus haut. Twitter était le lieu de la discussion, du partage de l’idée à la con qu’on a eue sous la douche. D’où le format du microblogging. Là aussi, même cet aspect devient quelque chose de commercialisable, ce qui rappelle encore une fois le mouvement qu’il y avait eu autour de la crypto et des NFT : tout doit pouvoir devenir commercialisable, tout doit pouvoir devenir un produit. C’est aussi ce mouvement qui fait qu’on a de plus en plus de « jeux-services », qui servent avant tout à vendre des produits dématérialisés n’ayant de valeur qu’à l’intérieur du jeu (et encore). Beaucoup de jeux ne peuvent plus juste « être un jeu », ils doivent être une « marketplace ».

Conclusion

La transformation de twitter en X n’est donc pas une surprise – en plus du fait que c’était annoncé depuis longtemps. Il ne s’agit que d’un phénomène qui arrive tout le temps sur Internet. Une volonté de transformer un site populaire en une « place de marché du futur » pour hyper des investisseurs. Encore une fois.

Et au final, on sait bien ce qu’a acheté Musk quand il a acheté Twitter. Il n’a pas acheté un produit. Il a acheté une userbase (une base d’utilisateurs et utilisatrices) pour l’injecter directement dans le nouveau produit qu’il voulait faire. C’est assez ironique de voir que Twitter a fini de la même manière que certains comptes populaires : revendu pour être renommé et envoyer sa pub à des tonnes d’utilisateurs.

l'oiseau bleu de twitter sur le dos et à terre, mort avec un X qui lui ferme l'œil.




Google et son robot pipoteur(*), selon Doctorow

Source de commentaires alarmants ou sarcastiques, les robots conversationnels qui reposent sur l’apprentissage automatique ne provoquent pas seulement l’intérêt du grand public, mais font l’objet d’une course de vitesse chez les GAFAM.

Tout récemment, peut-être pour ne pas être à la traîne derrière Microsoft qui veut adjoindre un chatbot à son moteur de recherche Bing, voilà que Google annonce sa ferme résolution d’en faire autant. Dans l’article traduit pour vous par framalang, Cory Doctorow met en perspective cette décision qui lui semble absurde en rappelant les échecs de Google qui a rarement réussi à créer quoi que ce soit…

(*) Merci à Clochix dont nous adoptons dans notre titre la suggestion.

Article original : Google’s chatbot panic

Traduction Framalang : Fabrice, goofy, jums, Henri-Paul, Sysy, wisi_eu,

L’assistant conversationnel de Google en panique

par Cory Doctorow

 

Photo Jonathan Worth CC-BY-SA

 

 

Il n’y a rien d’étonnant à ce que Microsoft décide que l’avenir de la recherche en ligne ne soit plus fondé sur les liens dans une page web, mais de là à la remplacer par des longs paragraphes fleuris écrits dans un chatbot qui se trouve être souvent mensonger… — et en plus Google est d’accord avec ce concept.

Microsoft n’a rien à perdre. Il a dépensé des milliards pour Bing, un moteur de recherche que personne n’utilise volontairement. Alors, sait-on jamais, essayer quelque chose d’aussi stupide pourrait marcher. Mais pourquoi Google, qui monopolise plus de 90 % des parts des moteurs de recherche dans le monde, saute-t-il dans le même bateau que Microsoft ?

le long d'un mur de brique rouge sur lequel est suspendu un personnage ovoïde au visage très inquiet (Humpty-Dumpty le gros œuf), deux silhouettes jumelles (Tweedle-dee et Tweedle-dum les personnages de De l'autre côté du_miroir de Lewis Carroll) représentent avec leur logo sur le ventre Bing et google, chacun d'eaux a une tête qui évoque le robot Hal de 2001, à savoir une lueur rouge sur fond noir qui fait penser à un œil.

Il y a un délicieux fil à dérouler sur Mastodon, écrit par Dan Hon, qui compare les interfaces de recherche merdiques de Bing et Google à Tweedledee et Tweedledum :

https://mamot.fr/@danhon@dan.mastohon.com/109832788458972865

Devant la maison, Alice tomba sur deux étranges personnages, tous deux étaient des moteurs de recherche.
— moi, c’est Google-E, se présenta celui qui était entièrement recouvert de publicités
— et moi, c’est Bingle-Dum, fit l’autre, le plus petit des deux, et il fit la grimace comme s’il avait moins de visiteurs et moins d’occasions de mener des conversations que l’autre.
— je vous connais, répondit Alice, vous allez me soumettre une énigme ? Peut-être que l’un de vous dit la vérité et que l’autre ment ?
— Oh non, fit Bingle-Dum
— Nous mentons tous les deux, ajouta Google-E

Mais voilà le meilleur :

— Cette situation est vraiment intolérable, si vous mentez tous les deux.

— mais nous mentons de façon très convaincante, précisa Bingle-Dum

— D’accord, merci bien. Dans ce cas, comment puis-je vous faire jamais confiance ni / confiance à l’un ni/ou à l’autre ? Dans ce cas, comment puis-je faire confiance à l’un d’entre vous ?

Google-E et Bingle-Dum se tournèrent l’un vers l’autre et haussèrent les épaules.

La recherche par chatbot est une très mauvaise idée, surtout à un moment où le Web est prompt à se remplir de vastes montagnes de conneries générées via l’intelligence artificielle, comme des jacassements statiques de perroquets aléatoires :

La stratégie du chatbot de Google ne devrait pas consister à ajouter plus de délires à Internet, mais plutôt à essayer de trouver comment exclure (ou, au moins, vérifier) les absurdités des spammeurs et des escrocs du référencement.

Et pourtant, Google est à fond dans les chatbots, son PDG a ordonné à tout le monde de déployer des assistants conversationnels dans chaque recoin de l’univers Google. Pourquoi diable est-ce que l’entreprise court après Microsoft pour savoir qui sera le premier à décevoir des espérances démesurées ?

J’ai publié une théorie dans The Atlantic, sous le titre « Comment Google a épuisé toutes ses idées », dans lequel j’étudie la théorie de la compétition pour expliquer l’insécurité croissante de Google, un complexe d’anxiété qui touche l’entreprise quasiment depuis sa création:

L’idée de base : il y a 25 ans, les fondateurs de Google ont eu une idée extraordinaire — un meilleur moyen de faire des recherches. Les marchés financiers ont inondé l’entreprise en liquidités, et elle a engagé les meilleurs, les personnes les plus brillantes et les plus créatives qu’elle pouvait trouver, mais cela a créé une culture d’entreprise qui était incapable de capitaliser sur leurs idées.

Tous les produits que Google a créés en interne, à part son clone de Hotmail, sont morts. Certains de ces produits étaient bons, certains horribles, mais cela n’avait aucune importance. Google, une entreprise qui promouvait la culture du baby-foot et la fantaisie de l’usine Willy Wonka [NdT: dans Charlie et la chocolaterie, de Roald Dahl], était totalement incapable d’innover.

Toutes les réussites de Google, hormis son moteur de recherche et gmail, viennent d’une acquisition : mobile, technologie publicitaire, vidéos, infogérance de serveurs, docs, agenda, cartes, tout ce que vous voulez. L’entreprise souhaite plus que tout être une société qui « fabrique des choses », mais en réalité elle « achète des choses ». Bien sûr, ils sont très bons pour rendre ces produits opérationnels et à les faire « passer à l’échelle », mais ce sont les enjeux de n’importe quel monopole :

La dissonance cognitive d’un « génie créatif » autoproclamé, dont le véritable génie est de dépenser l’argent des autres pour acheter les produits des autres, et de s’en attribuer le mérite, pousse les gens à faire des choses vraiment stupides (comme tout utilisateur de Twitter peut en témoigner).
Google a longtemps montré cette pathologie. Au milieu des années 2000 – après que Google a chassé Yahoo en Chine et qu’il a commencé à censurer ses résultats de recherche, puis collaboré à la surveillance d’État — nous avions l’habitude de dire que le moyen d’amener Google à faire quelque chose de stupide et d’autodestructeur était d’amener Yahoo à le faire en premier lieu.

C’était toute une époque. Yahoo était désespéré et échouait, devenant un cimetière d’acquisitions prometteuses qui étaient dépecées et qu’on laissait se vider de leur sang, laissées à l’abandon sur l’Internet public, alors que les princes duellistes de la haute direction de Yahoo se donnaient des coups de poignard dans le dos comme dans un jeu de rôle genre les Médicis, pour savoir lequel saboterait le mieux l’autre. Aller en Chine fut un acte de désespoir après l’humiliation pour l’entreprise que fut le moteur de recherche largement supérieur de Google. Regarder Google copier les manœuvres idiotes de Yahoo était stupéfiant.

C’était déconcertant, à l’époque. Mais à mesure que le temps passait, Google copiait servilement d’autres rivaux et révélait ainsi une certaine pathologie d’insécurité. L’entreprise échouait de manière récurrente à créer son réseau « social », et comme Facebook prenait toujours plus de parts de marché dans la publicité, Google faisait tout pour le concurrencer. L’entreprise fit de l’intégration de Google Plus un « indictateur2 de performance » dans chaque division, et le résultat était une agrégation étrange de fonctionnalités « sociales » défaillantes dans chaque produit Google — produits sur lesquels des milliards d’utilisateurs se reposaient pour des opérations sensibles, qui devenaient tout à coup polluées avec des boutons sociaux qui n’avaient aucun sens.

La débâcle de G+ fut à peine croyable : certaines fonctionnalités et leur intégration étaient excellentes, et donc logiquement utilisées, mais elles subissaient l’ombrage des incohérences insistantes de la hiérarchie de Google pour en faire une entreprise orientée réseaux sociaux. Quand G+ est mort, il a totalement implosé, et les parties utiles de G+ sur lesquelles les gens se reposaient ont disparu avec les parties aberrantes.

Pour toutes celles et ceux qui ont vécu la tragi-comédie de G+, le virage de Google vers Bard, l’interface chatbot pour les résultats du moteur de recherche, semble tristement familier. C’est vraiment le moment « Mourir en héros ou vivre assez longtemps pour devenir un méchant ». Microsoft, le monopole qui n’a pas pu tuer la jeune pousse Google à cause de son expérience traumatisante des lois antitrust, est passé d’une entreprise qui créait et développait des produits à une entreprise d’acquisitions et d’opérations, et Google est juste derrière elle.

Pour la seule année dernière, Google a viré 12 000 personnes pour satisfaire un « investisseur activiste » privé. La même année, l’entreprise a racheté 70 milliards de dollars en actions, ce qui lui permet de dégager suffisamment de capitaux pour payer les salaires de ses 12 000 « Googleurs » pendant les 27 prochaines années. Google est une société financière avec une activité secondaire dans la publicité en ligne. C’est une nécessité : lorsque votre seul moyen de croissance passe par l’accès aux marchés financiers pour financer des acquisitions anticoncurrentielles, vous ne pouvez pas vous permettre d’énerver les dieux de l’argent, même si vous avez une structure à « double pouvoir » qui permet aux fondateurs de l’emporter au vote contre tous les autres actionnaires :

https://abc.xyz/investor/founders-letters/2004-ipo-letter/

ChatGPT et ses clones cochent toutes les cases d’une mode technologique, et sont les dignes héritiers de la dernière saison du Web3 et des pics des cryptomonnaies. Une des critiques les plus claires et les plus inspirantes des chatbots vient de l’écrivain de science-fiction Ted Chiang, dont la critique déjà culte est intitulée « ChatGPT est un une image JPEG floue du Web » :

https://www.newyorker.com/tech/annals-of-technology/chatgpt-is-a-blurry-jpeg-of-the-web

Chiang souligne une différence essentielle entre les résultats de ChatGPT et ceux des humains : le premier jet d’un auteur humain est souvent une idée originale, mal exprimée, alors que le mieux que ChatGPT puisse espérer est une idée non originale, exprimée avec compétence. ChatGPT est parfaitement positionné pour améliorer la soupe de référencement que des légions de travailleurs mal payés produisent dans le but de grimper dans les résultats de recherche de Google.

En mentionnant l’article de Chiang dans l’épisode du podcast « This Machine Kills », Jathan Sadowski perce de manière experte la bulle de la hype ChatGPT4, qui soutient que la prochaine version du chatbot sera si étonnante que toute critique de la technologie actuelle en deviendra obsolète.

Sadowski note que les ingénieurs d’OpenAI font tout leur possible pour s’assurer que la prochaine version ne sera pas entraînée sur les résultats de ChatGPT3. Cela en dit long : si un grand modèle de langage peut produire du matériel aussi bon qu’un texte produit par un humain, alors pourquoi les résultats issus de ChatGPT3 ne peuvent-ils pas être utilisés pour créer ChatGPT4 ?

Sadowski utilise une expression géniale pour décrire le problème :  « une IA des Habsbourg ». De même que la consanguinité royale a produit une génération de prétendus surhommes incapables de se reproduire, l’alimentation d’un nouveau modèle par le flux de sortie du modèle précédent produira une spirale infernale toujours pire d’absurdités qui finira par disparaître dans son propre trou du cul.

 

Crédit image (modifiée) : Cryteria, CC BY 3.0




De la pub ? Où ça ?

Nous, les geeks, nous bloquons les pubs et nous n’y pensons plus.

Le choc est d’autant plus grand quand nous devons utiliser l’ordinateur de quelqu’un d’autre.

« Mais comment faites-vous pour supporter une telle nuisance ? » avons-nous envie de hurler.
Eh bien, c’est simple : quand on ne sait pas s’en protéger, on vit avec le vacarme.
Et la majorité des gens que nous côtoyons doivent subir cet incessant bruit de fond publicitaire.

Cet article a pour ambition de recenser les méthodes pour s’éviter l’agression publicitaire sur Internet.
Partagez-le, commentez-le, augmentez-le ! C’est libre.

 

Sur mobile

Un bon conseil au passage : arrêtez d’appeler «téléphone» le parallélépipède que vous promenez partout et qui est plus puissant qu’un PC d’il y a cinq ans. Vous vous rendrez compte que la plupart du temps il vous sert à plein d’autres choses qu’à téléphoner. C’est un ordinateur à part entière, qui sait à tout moment où vous êtes et ce que vous faites. C’est un bon copain très serviable mais c’est aussi un super espion.

L’appeler «ordiphone» ou «smartphone» si vous aimez les anglicismes, c’est déjà prendre conscience de ses capacités.

Sur Android

Fuyez les applications

Utilisez le navigateur et pas les applications (Fennec sur F-droid ou Firefox sur le Play Store/Apple Store).

Pourquoi ?

Le navigateur peut filtrer correctement les cookies, recevoir des réglages de confidentialité plus fins, embarquer des extensions protectrices.

Les applications, elles, sont là pour capter un maximum de données et vous garder en ligne autant que possible. Même si elles ont des réglages de confidentialité, vous ne serez jamais en mesure de vérifier que ces réglages fonctionnent, puisque le code des applications est fermé.

Le navigateur Firefox (ou Fennec, donc) est un logiciel libre dont le code peut être validé par des experts.

Privilégiez les versions web mobiles lorsque c’est possible, et épinglez le site : ça ressemble à une appli mais ça prend moins de place !

Extensions et réglages

  • Installer uBlock Origin dans votre navigateur, c’est le service minimum pour être un peu tranquille.
  • Choisir «standard» voire « stricte » comme «Protection renforcée» dans les paramètres du navigateur.

Si vous voulez des applis quand même (après tout, c’est ça aussi, la liberté)

Renseignez-vous sur leur propension à vous espionner grâce aux travaux de l’excellente association française Exodus Privacy dont on ne dira jamais assez de bien.

 

Installez un autre magasin d’application pour y trouver des apps moins invasives.

Allez chercher l’apk de F-droid, le «magasin d’applications» soutenu par la Free Software Foundation (https://f-droid.org/fr/) et dites à votre Android qu’il peut lui faire confiance.

Attention, toutefois : certaines applis ne sont pas mûres, n’installez pas n’importe quoi.

 

Youtube sans pub

  • NewPipe sur F-droid

 Twitter sans Twitter

  • Fritter

Twitch sans Twitch

  • Twire

Reddit sans…

  • RedReader

 

Et pensez aux réseaux sociaux alternatifs comme Mastodon.

S’éviter les appels de télémarketing

L’application Yet Another Call Blocker consulte une liste noire collaborative à chaque appel avant de le laisser passer. C’est un casse-pied qui veut vous parler de votre CPF ? Votre téléphone ne sonne même pas, l’indésirable est détecté et viré sans vous déranger. S’il ne l’est pas vous le signalez et tout le monde est désormais protégé.

Copie d'écran de la page de présentation de l'application <em>Yen Another Call Blocker</em>

 

Filtrer le trafic Internet

Utilisez des DNS publics qui incluent un filtrage, ou des solutions locales.

C’est quoi un DNS ?

Les «serveurs de noms de domaine» transforment un domaine (une adresse à peu près intelligible pour nous comme framasoft.org) en adresse utilisable par une machine sur Internet («2a01:4f8:141:3421::212»). Partie mise à jour grâce au commentaire de Stéphane Bortzmeyer.

 

Pourquoi ça marche ?

Si vous donnez une fausse adresse à la machine, la pub n’arrive plus ! Un peu comme si vous mettiez une fausse boite aux lettres reliée directement à votre poubelle à la disposition des personnes qui distribuent des prospectus dans votre quartier.

Vous libérez même de la bande passante sur votre réseau et du temps de calcul à l’affichage des sites puisque votre appareil ne télécharge même pas les contenus publicitaires, qui pèsent généralement lourd dans une page web (images, vidéo).

  • dns.adguard.com
  • adblock.doh.mullvad.net
  • Blocklists locales via intégration VPN
  • Blokada (à la portée de tout le monde !)
  • TrackerControl (sur F-droid, assez didactique)
  • personalDNSFilter

Copie d’écran du réglage «DNS privé» sur Android. Un nom d »hôte personnalisé est saisi (ici dns.adguard.com).

 

Gérer les permissions aux applications

Les Android récents permettent par exemple d’autoriser une permission ponctuellement.

 

Si vous avez encore un compte Google

Réglez-le pour limiter la surveillance. Le mieux, c’est encore de ne pas en avoir.

On a l’impression que c’est obligatoire quand on configure un nouvel ordiphone (tout est fait pour vous donner cette impression, c’est ce qu’on appelle une interface déloyale, en anglais dark pattern), mais on peut passer cette étape ! Il suffit de cliquer sur «ignorer».

Configurer le compte Google pour désactiver le ciblage publicitaire : https://web.archive.org/web/20210224202916/https://sautenuage.com/de-vie-privee-sur-android-sans-rien-installer/

Dégoogliser son ordiphone

Vous pouvez parfaitement utiliser un Android sans la surcouche propriétaire de Google ou du fabricant, en installant par exemple Lineage OS ou /e/ OS de Murena.

Attention, «flasher» son engin est une opération délicate, vous risquez de le «briquer», c’est-à-dire de le transformer en presse-papier un peu cher.

Ne le faites pas si vous n’êtes pas à l’aise.

 

Cerise sur le gâteau : débarrassé de la surcouche Google, votre ordiphone sera plus véloce, moins poussif, et tiendra mieux la batterie ! Une bonne façon de faire durer le matériel (le mien va fêter ses huit ans !).

 

Autre solution pour un matériel qui dure : l’acheter en reconditionné sur https://murena.com/fr/

Il aura été configuré par des pros. Murena s’engage sur la protection de votre vie privée.

 

Sur iOS

Apple se targue de protéger vos données. Mais il y a au moins une entreprise qui y accède : Apple !

Et puis la firme a beau… frimer (on ne s’interdit pas les jeux de mots faciles, chez Framasoft), elle est quand même soumises aux lois liberticides américaines.

 

Gérer qui a accès aux permissions spécifiques

  • Consulter la section « Confidentialité de l’app » des fiches AppStore

 

Sur un ordinateur

Utiliser un navigateur bienveillant, la base : Firefox et rien d’autre

Avec Firefox, dans les Préférences, aller à l’onglet « vie privée et sécurité » : plusieurs trucs sont à régler pour se garantir un peu de tranquillité.

accès en trois clics aux paramètres de Firefox (capture d'écran) Édition > Paramètres > Vie privée et sécurité

Firefox : paramètres contre le pistage
Firefox prévoit trois réglages de protection de la vie privée : standard, stricte, ou personnalisée. La protection standard est suffisante pour la plupart des usages, mais vous pouvez pousser la vôtre en mode « strict ». Ne vous ennuyez pas avec le réglage personnalisé si vous n’y comprenez rien.

 

Vous pouvez paramétrer Firefox pour qu’il envoie un signal « ne pas me pister » (Do Not Track en anglais, vous le verrez abrégé en DNT parfois) et pour supprimer les cookies à intervalle régulier, sachant que vous pouvez instaurer des exceptions sur les sites auxquels vous faites confiance.

 

Firefox vous demande votre accord pour collecter des données anonymisées sur votre usage du logiciel. Vous pouvez refuser. En revanche sur la partie Sécurité, cochez tout.

 

 

copie d'écran des paramètres de chiffrement de Firefox
Le protocole HTTPS permet de chiffrer les relations entre le navigateur et le serveur, ce qui signifie qu’une personne qui intercepte le flux ne peut pas le lire (c’est le fameux petit cadenas dont vous entendez souvent parler). Mais ce n’est pas parce que la liaison est chiffrée que le site est un site de confiance. En gros ça garantit que l’enveloppe est fermée, pas que l’enveloppe ne contient pas des saloperies.

 

Les extensions que vous pouvez installer :

  • uBlock Origin
  • Privacy Badger
  • SponsorBlock
  • Privacy Redirect
  • Cookie Autodelete
  • Umatrix
  • Decentraleyes

Ne le faites pas sans comprendre ! Lisez la documentation.

 

Youtube sans pub

  • Invidious
  • Piped (plus récent, efficace)
  • FreeTube

Twitter sans Twitter

  • Nitter

 

DNS de filtrage, fichier hosts customisé

Comment ça marche ?

Les publicités ne sont généralement pas hébergées sur le serveur du site que vous consultez. Elles sont sur un autre site et téléchargées à la volée. En filtrant via le DNS, on dit à l’ordi d’aller chercher les pubs dans un «trou noir informatique». Le fichier «hosts» de votre système peut lister des adresses de sites et les rediriger vers un espace inexistant de votre ordinateur. En gros on truque l’annuaire ; votre navigateur ne trouve pas les publicités, il ne les affiche pas. Simple et efficace. Ce qui est drôle, c’est que le concepteur du site ne sait pas que vous naviguez sans voir ses pubs. 🙂

 

pi-hole

À installer sur  un nano-ordinateur RaspberryPi dont l’un des spécialistes est français, cocorico, ou un ordinateur recyclé,  pi-hole bloque la publicité et les pisteurs sur tout le réseau. Tout ce qui se connecte à votre box est débarrassé de la publicité et des mouchards !

 

Attention toutefois, en faisant ça vous contrevenez pour votre PC à un des principes d’Internet : la neutralité des tuyaux. Vous ne verrez plus rien en provenance du site tiers dont le trafic est bloqué. En général, ce sont des régies publicitaires, donc on peut choisir de s’en moquer, mais il faut le savoir.

Au pire vous verrez un espace blanc marqué « publicité », au mieux la page se réorganisera et seul le contenu issu du site d’origine apparaîtra.

Mode Expert : changez de système d’exploitation

Une méthode radicale (mais qui n’exclut pas la plupart des autres mentionnées ci-dessus) : passez à un système libre, qui ne trichera pas avec vous pour vous imposer des pubs sous prétexte de vous tenir au courant de l’actualité (oui, Windows, on te voit !).

Les différentes distributions GNU/Linux qui existent sont désormais faciles à installer et à utiliser.

La plupart des geeks installent désormais une Ubuntu ou une Linux Mint sur les ordinateurs familiaux au lieu de réparer le Windows qui plante sans cesse et qui s’encrasse avec le temps. Le changement n’est pas si difficile pour les «clients», qui souvent n’utilisent leur ordinateur que pour aller sur Internet gérer leur courrier et leurs réseaux sociaux (et croyez-nous c’est l’expérience qui parle !). Vérifiez quand même que Papy ou Tantine n’a pas une appli fétiche qui ne tourne que sous Windows et installez un double-démarrage par sécurité.

Au pire si quelqu’un fait une bêtise ça se dépanne à distance dans la majorité des cas (avec par exemple le logiciel AnyDesk qui n’est pas libre mais dont le fonctionnement est compréhensible par le moins dégourdi des cousins).

Mise à jour : on nous signale dans les commentaires une alternative libre et légère à AnyDesk : DWAgent via https://dwservice.net

Si vous ne comprenez pas certains mots du paragraphe ci-dessus, ne vous lancez pas, ou faites-vous aider par une personne compétente.

Difficile de vous conseiller une «distro» plutôt qu’une autre sans déclencher une guerre de chapelles dans les commentaires (on recherche ici la simplicité et l’accessibilité), mais pour détailler les deux citées plus haut :

  • Ubuntu est de plus en plus gangrenée par des choix discutables, mais elle dispose d’une solide base documentaire en français, est stable et conçue pour plaire au plus grand nombre. Debian, sur laquelle Ubuntu est basée, est plus stricte dans ses choix, pas forcément adaptée aux personnes qui débutent.
  • Linux Mint est jolie et fonctionne bien.

Si vous le faites pour «libérer» une relation, installez-lui une distribution que vous connaissez bien, pour pouvoir la guider en cas de besoin.

 

Oui mais la pub

Vous tomberez parfois sur des encarts qui vous culpabiliseront : «notre site ne vit que de la publicité, c’est le prix à payer si vous voulez avoir du contenu de qualité, nos enfants ont faim à cause de vous, vous mettez en danger nos emplois», etc.

Alors, deux-trois trucs à ce sujet :

  • La dérive (c’en est une) devient proprement insupportable, par exemple dans Youtube. Créateurs, créatrices de contenus, si la pub vous fait vivre, travaillez avec des gens sérieux qui proposent des contenus en lien avec votre site et qui n’espionnent pas les internautes. Bref, c’est pas nous qu’on a commencé, nous ne faisons que nous défendre.
  • D’autres modèles économiques existent, mais les pratiques des sites depuis des années ont instauré un fonctionnement «apparemment gratuit» des contenus avec des pubs insidieuses et imposées. Un média qui vit de la publicité peut-il sortir un scoop à charge contre son principal annonceur ? Figurez-vous qu’avant Internet les gens achetaient le journal (incroyable), voire avaient des abonnements. Maintenant qu’on se rebiffe ça couine. Fallait peut-être y penser avant ?
  • Du contenu de qualité, vraiment ? Vous voulez qu’on en parle, mesdames et messieurs les pros du putaclic ? Ce qu’on voit de plus en plus, ce sont des internautes qui doivent choisir entre accepter les cookies ou renoncer à un site, et qui finalement se disent que le contenu ne leur est pas si indispensable que ça.

 

Copie d'écran d'un article annonçant le décès de la chienne de Paul Pogba. Le fait qu'il s'agit de son Yorkshire n'est révélé qu'en toute fin du texte qui joue sur l'ambiguïté en parlant de "princesse".
Source : https://news.ohmymag.com Avouez que ça vous a démangé de cliquer !

 

 

Pour aller plus loin

  • SebSauvage est un gars bien

Seb est un passionné qui compile depuis des années des astuces sur son site. Abonnez-vous ! (y’a pas de pub)

https://sebsauvage.net/wiki/doku.php?id=dns-blocklist

https://sebsauvage.net/wiki/doku.php?id=dnsfilter

  • Le site Bloque la Pub porte bien son nom.

https://bloquelapub.net/

  • Articles précédents sur la publicité dans le Framablog

Ne plus supporter la pub sur le Web

Non, je ne veux pas télécharger votre &@µ$# d’application !

Résistons à la pub sur Internet #bloquelapubnet




Publicité ciblée en ligne : rien ne changera tant que…

AdContrarian (en français, à peu près « Poil à gratter de la pub ») est le titre du blog de Bob Hoffman et ce choix  dit assez combien ce journaliste notoire aux U.S.A s’évertue à « mettre mal à l’aise les marketeux » qu’il connaît bien et ne se lasse pas de les fustiger sans prendre de gants…

Dans sa newsletter de février que les bénévoles de Framalang ont traduit pour vous, il fait preuve d’un certain pessimisme par rapport au RGPD et à sa transposition dans les réglements étatsuniens, tant les acteurs de la publicité ciblée, Google et autres, ont peu de difficultés à contourner les lois ou à payer, même si le ciblage publicitaire est déclaré illégal…

Source : Special Edition : It’s all illegal

Traduction Framalang : Aliénor, Claire, goofy, Guestr, jums, Susy

On tient un scoop : tout est illégal !

par Bob Hoffman

L’intégralité de la publicité en ligne en Europe repose sur un pistage illégal.

Tel a été le verdict, en février dernier, du bras armé chargé du respect du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données).
Mardi 2 février 2022, les autorités chargées de la protection des données de l’Union européenne ont statué sur l’illégalité des « fenêtres popup qui sollicitent le consentement », ces affreuses notifications qui vous demandent dans un charabia incompréhensible d’accepter des cookies à chaque fois que vous arrivez sur un site web. Déroulons toute l’histoire depuis le début.

Il y a presque cinq ans, l’Union européenne a voté pour l’application du RGPD dont l’objectif était de protéger la vie privée des citoyens contre les abus de l’industrie de la collecte de données en ligne. Ce RGPD fixe certaines normes pour la collecte et l’utilisation des données, y compris pour les activités des agences publicitaires en ligne.

Pour se conformer au RGPD, les publicitaires ont demandé à leur regroupement industriel, la malhonnête et peu recommandable Interactive Advertising Bureau (ou IAB) Europe, d’imaginer un classique du genre, le « Cadre de transparence et de consentement » (TCF), qui selon eux permettait aux annonceurs de ne pas se conformer au RGPD. Le TCF est une justification bidon de ces stupides fenêtres de consentement.

Cette semaine, l’autorité de protection des données a jugé que le TCF c’est des grosses conneries et que c’est illégal. Ils ont jugé que le TCF :
• ne conserve pas les données personnelles de façon sécurisée, comme l’exige le RGPD ;
• ne recueille pas correctement le consentement des personnes ;
• n’a pas défini un « intérêt légitime » légalement valide pour la collecte de ces informations ;
• échoue à être transparent sur ce qui est fait de ces données personnelles ;
• échoue à veiller à ce que ces données soient traitées en accord avec les lignes directrices du RGPD ;
• échoue à respecter les critères du RGPD de « protection des données dès la conception ».

À part ça, c’est absolument super.

Chapeau à l’ICCL (Conseil irlandais pour les libertés civiles) pour avoir porté cette grosse affaire devant les instances européennes. Et un prix Nobel de quelque chose pour Johnny Ryan qui veille sans relâche sur les droits à la vie privée au nom de nous tous. On peut voir Johnny Ryan parler aux infos de ce jugement.

Question suivante : qu’est-ce que ça va changer pour le secteur de la publicité ciblée ? Comme nous le savons, ce secteur fait régulièrement un doigt d’honneur aux régulateurs et fait absolument tout ce qui lui chante. Les régulateurs pensent qu’ils gèrent les choses, mais leur incompétence pathétique et leur couardise ont permis au secteur de la publicité ciblée d’en faire voir de toutes les couleurs aux régulateurs et au public, depuis l’instauration du RGPD. Une conséquence de ce jugement est que Google et tous les autres acteurs du secteur de la publicité ciblée en ligne sont sommés de brûler toutes les données qu’ils ont collectées illégalement. Google se conformera à ça quand les réfrigérateurs auront des ailes.

L’IAB Europe a maintenant six mois pour corriger l’illégalité flagrante de leur TCF absurde. Que vont-ils faire ? À mon avis, ils vont pondre une autre magnifique bouse qui va prendre des années à contester, pendant que les publicitaires continueront d’entuber joyeusement le public. Comme d’habitude, j’espère avoir tort.

Le secteur de la publicité ciblée, en particulier Google et Amazon, amasse beaucoup trop d’argent pour en avoir quoi que ce soit à faire des amendes de pacotille que les régulateurs leur distribuent pour leurs activités criminelles. Pour eux, ce sont juste des frais de fonctionnement. Facebook n’essaie même pas de se soumettre au TCF, ils n’ont de comptes à rendre à personne.

Rien ne changera tant que personne n’aura été envoyé en prison.

Perspective locale

L’ironie dans tout ça, c’est que juste au moment où l’IAB étatsunienne est sur le point de spammer le monde entier avec sa version du TCF, les régulateurs de l’UE l’ont détruite.

Un peu de contexte…

Ici, aux États-Unis, il n’y a pas de loi contre quoi que ce soit. L’entité la plus proche que nous possédons pour réguler ce secteur corrompu de la publicité ciblée en ligne est appelée Loi de protection du consommateur en Californie (ou CCPA en anglais, California Consumer Protection Act). Elle est largement inspirée par le RGPD et aussi loin que remontent les mémoires, elle n’a jamais protégé qui que ce soit de quoi que ce soit (elle sera remplacée l’année prochaine par une autre bouillie de lettres appelée CPRA).
L’IAB étatsunienne a repris la formule illégale du TCF de leur branche Europe et l’a maladroitement transposée à la CCPA. Ils ont aussi convaincu les clowns, les escrocs et les collaborateurs de l’ANA, de la 4As (respectivement « Association of National Advertisers » et « American Association of Advertising Agencies » [des associations américaines de publicitaires, NdT]) et de grandes marques d’implémenter le TCF maintenant discrédité sous un nouveau nom foireux, « Global Privacy Platform » (Plateforme globale de la vie privée). Ouais, c’est ça.

Vue d’ensemble : L’arrogance des secteurs de la tech et du marketing aux États-Unis est tellement énorme que les actions des régulateurs n’ont quasi aucun poids. Quel sera l’effet le plus probable du jugement de cette semaine sur l’abus des données aux États-Unis ? En comptant à rebours, qu’est-ce qui vient après zéro ?
Ai-je déjà mentionné que rien ne changera tant que personne ne sera envoyé en prison ?

Comédie-ballet

La danse des régulateurs et du secteur de la publicité ciblée n’est rien d’autre qu’une performance artistique : les régulateurs portent plainte, les escrocs paient une petite amende, et tout le monde retourne à ses petites affaires.

Tout individu doté d’un cerveau fonctionnel peut comprendre qu’un secteur de la publicité ciblée basé sur du pistage est un racket criminel aux proportions gigantesques. C’est une vaste escroquerie planétaire, un crime organisé à l’échelle mondiale auquel participent quasi toutes les grandes entreprises, les organisations commerciales les plus réputées et l’ensemble des secteurs de la publicité, du marketing et des médias en ligne. Même l’IAB a reconnu avoir indiqué à la Commission européenne que les achats automatiques basés sur des enchères en temps réel sont « incompatibles avec le consentement prévu par le RGPD ».
Mais trop de personnes se font trop d’argent.
Rien ne changera tant que personne… ooooh, laissez tomber.

Si vous souhaitez vous abonner à la newsletter de Bob Hoffman (en anglais) ou simplement consulter les numéros précédents c’est par ici https://www.bobhoffmanswebsite.com/newsletters




Détestons Facebook, mais pour de bonnes raisons…

Même si Facebook Meta s’est efforcé de démentir rapidement, la nouvelle a eu le temps de recueillir un beau succès : ne serait-ce qu’envisager de priver l’Europe de Facebook et Instagram a semblé une si plaisante perspective que beaucoup sur les rézosocios ont crié « chiche ! » ou » bon débarras » en assortissant les messages ironiques d’une quantité de mèmes.
C’est l’occasion pour Aral Balkan, qui se réjouit d’un tel rejet implicite de facebook, d’examiner les bonnes raisons de renoncer non seulement à Facebook, mais aussi à toutes sortes de services qui nous asservissent. Tous jouent la même partition, celle du capitalisme de surveillance prédateur de nos données.
Dans ce bref article traduit par Framalang, il invite aussi à adopter des solutions alternatives plus respectueuses de l’humain et de la démocratie.

Article original : Everyone Hates Facebook (but this is more than just about Facebook)
Traduction Framalang : Bromind, Claire, Fabrice, goofy, Julien, mo, Sysy

Tout le monde déteste Facebook (mais le problème n’est pas seulement Facebook)

par Aral Balkan

— Mark Zuckerberg et son équipe envisagent de fermer Facebook et Instagram en Europe si Meta ne peut pas traiter les données des Européens sur des serveurs américains.

(source)

« C’est alors que mon fil Twitter a pris feu avec une rare unanimité, la gauche et la droite, les riches et les pauvres, les bien portants et les malades, tous d’accord et acquiesçant pour répondre oui, mais oui, allez-y, faites-le. »

Adam Dalliance, sur Twitter

Bon, c’est désormais officiel, tout le monde déteste Facebook.
Mais les raisons de cette détestation ont leur importance. Il en va de même pour ce que nous voulons en faire.



D’autres bonnes raisons de détester Facebook et les éleveurs d’humains, dans ma conférence : The Camera Panopticon

De bonnes raisons pour détester Facebook :

De mauvaises raisons pour détester Facebook :

  • Parce qu’il ne censure pas ce que votre gouvernement souhaite qu’il censure ;
  • Parce qu’il a censuré votre néonazi préféré ;
  • Parce que vous souhaitez créer le prochain Facebook en étant aussi malveillant qu’eux, mais qu’ils sont en travers de votre chemin (on parle bien de vous, les investisseurs en capital risque et les startups, on vous a vus).

Nous sommes donc toutes et tous d’accord pour dire que Facebook est un problème.
Certains pour de bonnes raisons, d’autres pour de mauvaises raisons…
Mais il ne s’agit pas que de Facebook : cela concerne toute société qui utilise le même modèle économique que Facebook.
Ce modèle économique que j’appelle « un élevage d’humains ».
Il s’agit donc également de Google. Et de Snapchat. Et de TikTok. Et aussi de… et de… ad nauseam. Car tel est le modèle économique utilisé aujourd’hui par les technologies grand public.

Nous avons donc un plus gros problème, systémique, sur les bras (youpi !). Et tout le monde semble avoir une idée ou une autre sur la façon dont nous devrions agir différemment à l’avenir.

D’autres mauvaises raisons encore

  • Recréer Facebook, mais en Europe ;
  • Recréer Facebook, mais avec ce pu*in de web3 ;
  • Obliger Facebook à partager ses données avec d’autres éleveurs d’humains afin que davantage d’éleveurs d’humains puissent partager vos données (essayez de répéter ça cinq fois, pour voir)

Eh oui, c’est exactement l’actuelle stratégie de canard sans tête de la Commission européenne, vu que ses membres sont incapables de voir au-delà des marchés et de l’antitrust.

D’autres bonnes raisons encore


Regardez mon intervention au Parlement européen dans laquelle je résume le problème et propose une solution.

  • Soutenir les actuelles alternatives fédérées non commerciales (le « fediverse »), dans lesquelles existent déjà des alternatives viables à Twitter, YouTube et Instagram  ;
  • Soutenir les actuelles alternatives individuelles et non commerciales pour les personnes, comme Owncast pour la diffusion de vidéos en ligne ;
  • Soutenir la recherche et le développement du Small web — un Web non commercial, à échelle humaine, fait d’espaces d’espaces détenus et contrôlés par des individus, et non par des entreprises.

Regardez les enregistrements de Small is Beautiful, l’émission mensuelle de la Small Technology Foundation, pour en savoir plus à propos de mes travaux sur le Small Web.
Détester Facebook, c’est très bien, mais surtout n’oublions pas qu’il n’est pas seulement question de Facebook. Il s’agit plus largement d’élevage d’humains.

Si Facebook disparaît demain mais qu’un autre Facebook le remplace, nous n’aurons rien gagné au change.
Alors, je vous en prie, assurons-nous de bien comprendre les différences entre les diverses alternatives et choisissons celles qui aboutiront à un progrès significatif dans la protection de l’identité individuelle et de la démocratie.
(Un indice ? Regardez l’intention qui est derrière l’organisation. Est-ce que son but, c’est de gagner des milliards de dollars ou de protéger les droits humains et la démocratie ? Et oui, peu importe ce que les capitalistes vous diront, les deux buts sont diamétralement opposés et mutuellement exclusifs.)


Si vous avez aimé cet article, vous pouvez soutenir la fondation de son auteur, Small Technology, qui est petite, indépendante, et à but non-lucratif.

Le but de cette fondation de 2 personnes est de protéger les personnes et la démocratie à l’ère numérique.




Apple veut protéger les enfants mais met en danger le chiffrement

Apple vient de subir un tir de barrage nourri de la part des défenseurs de la vie privée alors que ce géant du numérique semble animé des intentions les plus louables…

Qui oserait contester un dispositif destiné à éradiquer les contenus incitant à des abus sexuels sur les enfants ? Après tout, les autres géants du numérique, Google et Microsoft entre autres, ont déjà des outils de détection pour ces contenus (voir ici et )… Alors comment se fait-il que la lettre ouverte que nous traduisons ici ait réuni en quelques heures autant de signatures d’organisations comme d’individus, dont Edward Snowden ?

Deux raisons au moins.

D’abord, Apple a construit sa réputation de protecteur intransigeant de la vie privée au point d’en faire un cheval de bataille de sa communication : « Ce qui se passe dans votre iPhone reste sur votre iPhone ». Souvenons-nous aussi qu’en février 2016 Apple a fermement résisté aux pressions du FBI et de la NSA qui exigeaient que l’entreprise fournisse un logiciel de déchiffrement des échanges chiffrés (un bon résumé par ici). La surprise et la déception sont donc grandes à l’égard d’un géant qui il y a quelques années à peine co-signait une lettre contre la loi anti-chiffrement que des sénateurs états-uniens voulaient faire passer.

Mais surtout, et c’est sans doute plus grave, Apple risque selon les experts de mettre en péril le chiffrement de bout en bout. Alors oui, on entend déjà les libristes ricaner doucement que c’est bien fait pour les zélateurs inconditionnels d’Apple et qu’ils n’ont qu’à renoncer à leur dispendieuse assuétude… mais peu nous importe ici. Le dispositif envisagé par Apple aura forcément des répercussions sur l’ensemble de l’industrie numérique qui ne mettra que quelques mois pour lui emboîter le pas, et en fin de compte, toute personne qui souhaite protéger sa vie privée sera potentiellement exposée aux risques que mentionnent les personnalités citées dans cette lettre ouverte…

 

Lettre ouverte contre la technologie de l’analyse du contenu d’Apple qui porte atteinte à la vie privée

Source : https://appleprivacyletter.com/

Des experts en sécurité et en protection de la vie privée, des spécialistes en cryptographie, des chercheurs, des professeurs, des experts juridiques et des utilisateurs d’Apple dénoncent le projet lancé par Apple qui va saper la vie privée des utilisateurs et le chiffrement de bout en bout.

Cher Apple,

Le 5 août 2021, Apple a annoncé de nouvelles mesures technologiques censées s’appliquer à la quasi-totalité de ses appareils sous le prétexte affiché de « Protections étendues pour les enfants ».

Bien que l’exploitation des enfants soit un problème sérieux, et que les efforts pour la combattre relèvent incontestablement d’intentions louables, la proposition d’Apple introduit une porte dérobée qui menace de saper les protections fondamentales de la vie privée pour tous les utilisateurs de produits Apple.

La technologie que se propose d’employer Apple fonctionne par la surveillance permanente des photos enregistrées ou partagées sur l’iPhone, l’iPad ou le Mac. Un système détecte si un certain nombre de photos répréhensibles sont repérées dans le stockage iCloud et alerte les autorités. Un autre système avertit les parents d’un enfant si iMessage est utilisé pour envoyer ou recevoir des photos qu’un algorithme d’apprentissage automatique considère comme contenant de la nudité.

Comme les deux vérifications sont effectuées sur l’appareil de l’utilisatrice, elles ont le potentiel de contourner tout chiffrement de bout en bout qui permettrait de protéger la vie privée de chaque utilisateur.

Dès l’annonce d’Apple, des experts du monde entier ont tiré la sonnette d’alarme car les dispositifs proposés par Apple pourraient transformer chaque iPhone en un appareil qui analyse en permanence toutes les photos et tous les messages qui y passent pour signaler tout contenu répréhensible aux forces de l’ordre, ce qui crée ainsi un précédent où nos appareils personnels deviennent un nouvel outil radical de surveillance invasive, avec très peu de garde-fous pour empêcher d’éventuels abus et une expansion déraisonnable du champ de la surveillance.

L’Electronic Frontier Foundation a déclaré « Apple ouvre la porte à des abus plus importants » :

« Il est impossible de construire un système d’analyse côté client qui ne puisse être utilisé que pour les images sexuellement explicites envoyées ou reçues par des enfants. En conséquence, même un effort bien intentionné pour construire un tel système va rompre les promesses fondamentales du chiffrement de la messagerie elle-même et ouvrira la porte à des abus plus importants […] Ce n’est pas une pente glissante ; c’est un système entièrement construit qui n’attend qu’une pression extérieure pour apporter le plus petit changement. »

Le Center for Democracy and Technology a déclaré qu’il était « profondément préoccupé par les changements projetés par Apple qui créent en réalité de nouveaux risques pour les enfants et tous les utilisateurs et utilisatrices, et qui représentent un tournant important par rapport aux protocoles de confidentialité et de sécurité établis de longue date » :

« Apple remplace son système de messagerie chiffrée de bout en bout, conforme aux normes de l’industrie, par une infrastructure de surveillance et de censure, qui sera vulnérable aux abus et à la dérive, non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier », déclare Greg Nojeim, codirecteur du projet Sécurité et surveillance de la CDT. « Apple devrait abandonner ces changements et rétablir la confiance de ses utilisateurs dans la sécurité et l’intégrité de leurs données sur les appareils et services Apple. »

Le Dr. Carmela Troncoso, experte en recherche sur la sécurité et la vie privée et professeur à l’EPFL à Lausanne, en Suisse, a déclaré que « le nouveau système de détection d’Apple pour les contenus d’abus sexuel sur les enfants est promu sous le prétexte de la protection de l’enfance et de la vie privée, mais il s’agit d’une étape décisive vers une surveillance systématique et un contrôle généralisé ».

Matthew D. Green, un autre grand spécialiste de la recherche sur la sécurité et la vie privée et professeur à l’université Johns Hopkins de Baltimore, dans le Maryland, a déclaré :

« Hier encore, nous nous dirigions peu à peu vers un avenir où de moins en moins d’informations devaient être contrôlées et examinées par quelqu’un d’autre que nous-mêmes. Pour la première fois depuis les années 1990, nous récupérions notre vie privée. Mais aujourd’hui, nous allons dans une autre direction […] La pression va venir du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Inde, de la Chine. Je suis terrifié à l’idée de ce à quoi cela va ressembler. Pourquoi Apple voudrait-elle dire au monde entier : « Hé, nous avons cet outil » ?

Sarah Jamie Lewis, directrice exécutive de l’Open Privacy Research Society, a lancé cet avertissement :

« Si Apple réussit à introduire cet outil, combien de temps pensez-vous qu’il faudra avant que l’on attende la même chose des autres fournisseurs ? Avant que les applications qui ne le font pas ne soient interdites par des murs de protection ? Avant que cela ne soit inscrit dans la loi ? Combien de temps pensez-vous qu’il faudra avant que la base des données concernées soit étendue pour inclure les contenus « terroristes » ? « les contenus « préjudiciables mais légaux » ? « la censure spécifique d’un État ? »

Le Dr Nadim Kobeissi, chercheur sur les questions de sécurité et de confidentialité, a averti :

« Apple vend des iPhones sans FaceTime en Arabie saoudite, car la réglementation locale interdit les appels téléphoniques chiffrés. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres où Apple s’est plié aux pressions locales. Que se passera-t-il lorsque la réglementation locale en Arabie Saoudite exigera que les messages soient scannés non pas pour des abus sexuels sur des enfants, mais pour homosexualité ou pour offenses à la monarchie ? »

La déclaration de l’Electronic Frontier Foundation sur la question va dans le même sens que les inquiétudes exposées ci-dessus et donne des exemples supplémentaires sur la façon dont la technologie proposée par Apple pourrait conduire à des abus généralisés :

« Prenez l’exemple de l’Inde, où des règlements récemment adoptés prévoient des obligations dangereuses pour les plateformes d’identifier l’origine des messages et d’analyser préalablement les contenus. En Éthiopie, de nouvelles lois exigeant le retrait des contenus de « désinformation » sous 24 heures peuvent s’appliquer aux services de messagerie. Et de nombreux autres pays – souvent ceux dont le gouvernement est autoritaire – ont adopté des lois comparables. Les changements projetés par Apple permettraient de procéder à ces filtrages, retraits et signalements dans sa messagerie chiffrée de bout en bout. Les cas d’abus sont faciles à imaginer : les gouvernements qui interdisent l’homosexualité pourraient exiger que l’algorithme de classement soit formé pour restreindre le contenu LGBTQ+ apparent, ou bien un régime autoritaire pourrait exiger que le qu’il soit capable de repérer les images satiriques populaires ou les tracts contestataires. »

En outre, l’Electronic Frontier Foundation souligne qu’elle a déjà constaté cette dérive de mission :

« L’une des technologies conçues à l’origine pour scanner et hacher les images d’abus sexuels sur les enfants a été réutilisée pour créer une base de données de contenus « terroristes » à laquelle les entreprises peuvent contribuer et accéder dans l’objectif d’interdire ces contenus. Cette base de données, gérée par le Global Internet Forum to Counter Terrorism (GIFCT), ne fait l’objet d’aucune surveillance externe, malgré les appels lancés par la société civile. »

Des défauts de conception fondamentaux de l’approche proposée par Apple ont été soulignés par des experts, ils affirment que « Apple peut de façon routinière utiliser différents ensembles de données d’empreintes numériques pour chaque utilisatrice. Pour un utilisateur, il pourrait s’agir d’abus d’enfants, pour un autre, d’une catégorie beaucoup plus large », ce qui permet un pistage sélectif du contenu pour des utilisateurs ciblés.

Le type de technologie qu’Apple propose pour ses mesures de protection des enfants dépend d’une infrastructure extensible qui ne peut pas être contrôlée ou limitée techniquement. Les experts ont averti à plusieurs reprises que le problème n’est pas seulement la protection de la vie privée, mais aussi le manque de responsabilité de l’entreprise, les obstacles techniques au développement, le manque d’analyse ou même de prise en considération du potentiel d’erreurs et de faux positifs.

Kendra Albert, juriste à la Harvard Law School’s Cyberlaw Clinic, a averti que « ces mesures de « protection de l’enfance » vont faire que les enfants homosexuels seront mis à la porte de leur maison, battus ou pire encore », […] Je sais juste (je le dis maintenant) que ces algorithmes d’apprentissage automatique vont signaler les photos de transition. Bonne chance pour envoyer une photo de vous à vos amis si vous avez des « tétons d’aspect féminin » ».

Ce que nous demandons

Nous, les soussignés, demandons :

  1. L’arrêt immédiat du déploiement par Apple de sa technologie de surveillance du contenu proposée.
  2. Une déclaration d’Apple réaffirmant son engagement en faveur du chiffrement de bout en bout et de la protection de la vie privée des utilisateurs.

La voie que choisit aujourd’hui Apple menace de saper des décennies de travail effectué par des spécialistes en technologies numériques, par des universitaires et des militants en faveur de mesures strictes de préservation de la vie privée, pour qu’elles deviennent la norme pour une majorité d’appareils électroniques grand public et de cas d’usage. Nous demandons à Apple de reconsidérer son déploiement technologique, de peur qu’il ne nuise à cet important travail.

–> Signer la lettre sur GitHub

–> Liste des signataires à ce jour