Politique : pour les arcanes c’est Arcadie

Nous avons tendance à voir et juger d’un peu loin le monde politique, ou plutôt par le miroir déformant des affaires et des scandales : la corruption du milieu parlementaire, hélas bien présente, fait presque écran au fonctionnement réel des institutions et de ceux qui sont censés nous représenter. S’informer davantage, mieux connaître, comprendre, identifier qui fait quoi et dans quelles conditions demande du temps et des recherches dans de multiples directions. C’est pourquoi le projet Arcadie, initiée par Tris Acatrinei, revêt toute son importance. On peut même considérer qu’il est d’utilité publique et citoyenne. En rendant disponibles et compréhensibles sur un portail unique des informations peu accessibles et dispersées, il donne un bon exemple d’utilisation des données publiques pour le bien commun.

 

Bonjour Tris, peux-tu te présenter brièvement ?
Brièvement, je ne sais pas faire, je ne suis pas comme François Hollande, une experte de la synthèse. Plaisanterie mise à part, je suis juriste de formation mais j’ai commencé à bricoler en informatique, ce qui m’a amenée à rencontrer  notamment Eric Walter et à rejoindre l’Hadopi. Après un passage dans un cabinet de droit de propriété intellectuelle et industrielle, période pendant laquelle, je me suis beaucoup occupée de mon premier « bébé » Hackers Republic, j’ai été embauchée comme assistante parlementaire. J’en suis partie pour monter le Projet Arcadie.

Sérieux, t’as bossé pour la Hadopi ? Mais alors, ça existe ?
Et même que si tu dis le nom de l’institution trois fois, MFM apparaît dans ta douche.

C’est bien comme nom Arcadie, mais pourquoi ce choix ? À cause de l’utopie ?
Officiellement, oui. En réalité, le nom m’a été inspiré par XFiles et Resident Evil.

L’accroche du projet c’est « Pour enfin tout savoir sur les parlementaires français ». C’est alléchant, mais est-ce que ça veut dire qu’on ne sait pas tout sur les parlementaires ? Pourtant il y a des pages Wikipédia, des fiches de l’Assemblée Nationale, les sites web des parlementaires eux-mêmes, des journalistes qui parfois font leur métier et tout… il y a des choses qu’on ignore, donc ?
Il y a toujours des choses qu’on ignore mais en fait, quand j’étais AP (assistante parlementaire), je passais beaucoup de temps à chercher qui étaient les députés, leurs résultats d’élections, leur présence sur le Web, etc. Je ne trouvais rien qui centralise toutes les infos essentielles, notamment les fonctions dans les partis. Or, ce que peu de gens savent, c’est que les élus qui ont des responsabilités au sein de leur parti ne sont pas forcément les plus productifs dans leurs assemblées. Par ailleurs, les fiches sur le site de l’AN et du Sénat sont déclaratives.
Ma valeur ajoutée est la vérification des infos, le croisement : je farfouille partout et je veux que les gens puissent trouver en trois clics les infos qui les intéressent. Par exemple, connaître à l’instant T le nombre de parlementaires LREM, également avocats, toujours en activité.

La page d’accueil du projet Arcadie

Qu’est-ce qui a motivé ce projet au départ ? Tu dis sur ton site que c’était un projet professionnel, et que ça n’a pas abouti. Pas trop aigrie ?
Je me disais que si j’avais un besoin d’infos centralisées, à jour et vérifiées, je ne devais pas être la seule. Au début, je voulais en faire un projet entrepreneurial mais comme je ne suis pas une commerciale, ça ne l’a pas fait. En fait, je suis plus heureuse de ne dépendre que des dons car les gens savent pourquoi ils en font. Le risque de dépendre du mécénat ou de subvention est que tu te muselles pour ne pas déplaire. Et si un jour, ça doit s’arrêter, eh bien, ça s’arrêtera.

Tu pouvais gagner ta vie honorablement en faisant du développement, du droit, du community management, de la sécu, etc. Bref tu as pas mal de cordes à ton arc. Pourquoi avoir choisi un projet comme celui-là et de t’y consacrer à plein temps ?
Pendant un moment, je jonglais entre Arcadie et d’autres activités mais avec l’affaire Fillon, puis l’affaire Le Roux, j’ai été plus exposée médiatiquement et mécaniquement, j’ai eu plus de travail à faire. Pour le moment, je consacre 75 % de mon temps à Arcadie mais on verra dans quelques mois. De ce que j’en vois, ce n’est pas uniquement la plateforme de données qui intéresse les gens mais aussi les livetweets de séance à l’AN, la pédagogie autour de la politique, de la chose parlementaire, les explications, etc. Je pars du principe que si tu veux faire les choses sérieusement, tu dois y consacrer un certain temps donc j’y passe le temps nécessaire.

La question qui pique : est-ce que ce site serait libre d’accès et public si tu avais réussi à le faire financer par une boite ?
Arcadie a été entièrement financé par mes économies 🙂 Aujourd’hui, la plateforme ne vit que de dons et ne reçoit ni mécénat d’entreprises ni subventions publiques. Pour être honnête, 3 jours avant l’affaire Fillon, je disais à ma meilleure amie que si une boîte me mettait une certaine somme d’argent sur la table, j’étais prête à en céder la propriété. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ou alors pour un montant colossal.

Toutes ces informations que tu centralises et rends disponibles avec un moteur de recherche et des filtres que l’on peut croiser, tu les trouves où ?
Sur les sites institutionnels, mais aussi les sites des partis politiques, la presse quotidienne régionale, la presse quotidienne, les blogs mais aussi, parfois, certaines informations me sont remontées en off.

Tu t’appuies donc aussi sur ton réseau de connaissances ?
Ça m’arrive mais je veille à avoir une source sérieuse, officielle ou explicite.

Tu récoltes tout à la main ?
Non, quelle drôle d’idée. J’ai des trackers qui font le boulot à ma place. Je me contente de vérifier que les contenus signalés comme ayant subi une modification correspondent à une réelle modification et pas à un faux-positif. Pour les nouvelles infos, je scrape carrément les sites et je fais le tri.

Les contenus textuels ainsi que les images font l’objet d’une licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. mais ce qui fait fonctionner la plateforme, c’est sous quelle licence ?
Aujourd’hui, comme il s’agissait d’un concept entrepreneurial, il a été protégé auprès de l’INPI. Si certaines personnes veulent réutiliser les données, elles peuvent déjà s’appuyer sur les mêmes sources que moi. Le reste est aussi CC-BY-NC-SA.

Est-ce que tu utilises des outils libres pour la plateforme et le blog ou bien est-ce que tu as dû faire des concessions pour diverses raisons ?
La plateforme fonctionne avec Drupal et il y a deux outils qui ne sont pas très « propres » mais pour lesquels, j’ai dû faire des concessions. Le premier est Google Analytics mais je compte m’en débarrasser très bientôt et le second est PayPal mais lui va rester car cela permet à mon expert-comptable, qui maîtrise bien l’interface, de suivre les dons pour procéder aux déclarations.

Pour nos lecteurs les plus techies, comment tout ça tourne en arrière-plan ?
Mes trackers ne sont pas reliés à la plateforme. Au départ, c’était mon idée mais je me suis dit que si les sites sur lesquels je posais mes trackers changeaient, j’allais avoir un souci. Donc, les données sont ajoutées par des CSV que je génère moi-même, grâce à mes outils de collecte. De la même manière, si pour une raison ou pour une autre, la plateforme rencontre un gros problème technique qui nécessiterait de tout supprimer pour reconstruire, j’irais clairement plus vite.

Pour le design, j’ai tout refait avec Bootstrap et je suis aidée par un très bon développeur de chez Makina Corpus, que je sollicite parfois quand je « bugue ». Pour l’administration-système, j’ai tout casé chez Gandi, en Simple Hosting – car je n’ai pas assez de connaissances pour prendre un dédié et y installer Apache Solr, pour améliorer la recherche. Cela demanderait aussi d’autres dépenses.

Et maintenant, la grosse question : que penses-tu du rapport des libristes avec la vie politique ?
La question est compliquée car j’ai peur de paraître condescendante dans ma réponse mais j’aurais tendance à dire que le monde libriste fait parfois preuve de naïveté ou de candeur. On s’y figure que la politique est la recherche du Bien pour le plus grand monde, l’intérêt général, etc. C’est le cas mais parfois, pour y arriver, il faut être capable de biaiser, de louvoyer et cela s’accorde mal avec notre tendance jusqu’au-boutiste. Il ne faut pas voir les choses comme étant toutes noires ou toutes blanches. On a beaucoup de nuances de gris.

Beaucoup de connaissances trop approximatives sur les institutions et les rouages de la politique politicienne peut-être ?
Peut-être et surtout, il faut se blinder. Mon apprentissage politique, je l’ai commencé à l’Hadopi, je suis un peu tombée de mon arbre à ce moment-là et quand j’ai fait mes premiers pas à l’Assemblée Nationale, pour un UMP, on était à peine sorti de la guerre Copé-Fillon. Mine de rien, ça forge et j’avais une place d’autant plus privilégiée que je ne prenais pas les coups. Mais je voyais les autres en prendre et en donner. Alors, j’ai observé, j’ai regardé et j’ai appris.

Dans le film d’Henri Verneuil le Président (1961), le vieux président du Conseil, interprété par Jean Gabin, dénonce la corruption des parlementaires.

Parallèlement, tu as sans doute constaté la grande lassitude et même le dégoût de beaucoup pour le fonctionnement du système politique actuel et la recherche d’alternatives plus « citoyennes », qu’en penses-tu ?
Il y aurait tellement à dire sur certaines initiatives qui se disent vertueuses et sur certains qui veulent nous tromper, en nous faisant croire qu’ils œuvrent pour le bien commun, alors que la seule chose qui compte est leur gloriole personnelle. Je n’ai pas cette prétention, je me suis toujours présentée comme une mercenaire, ne représentant que moi-même et c’est déjà assez de boulot.

On voit que tu maîtrises bien ton affaire, mais comment tu fais pour gérer ça toute seule, ça fait beaucoup pour une seule personne, non ?
Je m’organise, je cale ma vie sur l’activité politique et parlementaire. Par exemple, cette année, je partirai en vacances après la session extraordinaire mais avant les sénatoriales. Comme je n’ai pas de contraintes particulières, je m’en sors bien. J’ai parfois des coups de fatigue comme tout le monde, mais dans l’ensemble, je ne me plains pas.

Tu es très proche du milieu politique dans ce qu’il a de plus institutionnel mais aussi dans ce qu’il a de moins ragoûtant : petits arrangements et grosses corruptions, trafic d’influence et abus de pouvoir, est-ce que ta situation n’est pas un peu dangereuse, du moins parfois pénible ?
Au contraire. Il n’y a rien de plus délicieux que de découvrir un « cadavre » sur quelqu’un qui se montre comme étant vertueux.

On imagine que tu subis des pressions régulièrement, non ?
À l’exception d’une personne qui m’emmerde, pour parler vulgairement, assez régulièrement, les autres me fichent la paix. Avant, je n’étais pas assez importante pour leur faire du tort – pensaient-ils – maintenant, tout le monde sait de quoi il retourne. Il ne faut jamais oublier que la personne la plus dangereuse est celle qui n’a rien à perdre. Aux débuts du projet, j’ai été aimable, j’ai souhaité instaurer un dialogue et je me suis fait piétiner. Maintenant que je montre les dents, bizarrement, certaines personnes ont envie de dialoguer.

Hum on devine que certains partis ou certaines personnalités te donnent envie de leur voler dans les plumes si l’on en croit ta récente intervention à Passage En Scène  où tu dénonces la corruption toujours bel et bien présente à quantité de degrés…
Non, je n’ai pas eu de récriminations. Non pas que ça aurait changé quoique ce soit d’ailleurs.

… mais le projet Arcadie se doit d’être factuel et politiquement neutre, non ?
Les données de la plateforme sont neutres. Moi, non. L’expérience m’a aussi montré qu’en étant totalement neutre, les gens ne montraient qu’un intérêt poli sur Twitter. Mais quand tu commences à l’ouvrir, les choses deviennent intéressantes. Il y aura toujours des gens qui seront gênés par ma démarche. C’est leur problème, pas le mien.

Comment tu tiens ce grand écart ? On t’a probablement déjà accusée de partialité, non ?
Régulièrement. On m’a collé tellement d’étiquettes différentes ces derniers mois que je suis la représentation politique des deux assemblées à moi toute seule. La neutralité n’est pas ne pas taper ou ne se moquer de personne mais bien d’emmerder tout le monde, sans parti pris.

Au moment où tu as lancé le projet Arcadie, il a fallu batailler pour faire reconnaître la légitimité/légalité de ta collecte d’informations, il y avait pas mal de réticences dans le milieu parlementaire. Est-ce que maintenant ça va mieux de ce côté ?
Honnêtement, ça va mieux, aussi parce que les nouveaux députés ont une autre mentalité, donc ils discutent avec moi, ils échangent. Côté institutions, j’estime avoir de bons rapports avec la CNCCFP (la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques).
Avec le recul, je me rends compte que j’ai eu une sorte de procès en légitimité de la part de certaines personnes, parce que je n’avais pas un passif militant pur et dur et que je n’avais pas le cursus classique des politiques. Les gens ne savaient pas dans quelle case me ranger.

« Faire parler les élus malgré eux, grâce à l’open data » Tris Acatrinei, conférence sur la petite corruption au quotidien, Passage en Seine, 2017 (cliquer pour voir la conférence)

Est-ce qu’il arrive que des parlementaires ou ceux qui les entourent fassent appel à toi/à Arcadie comme une ressource fiable et informée ?
Dans le cadre du projet de loi moralisation, la députée LREM Aurore Bergé m’a contactée pour qu’on échange sur le sujet. On s’est donc vues et je lui ai parlé de ce que j’avais constaté comme manquements, ce qui pourrait être amélioré, etc. J’ai aussi discuté avec un autre député LREM concernant sa situation professionnelle. De façon générale, je me tiens à disposition de tous les parlementaires qui souhaitent échanger.

Allez je mets les pieds dans le plat : ton projet a une récente concurrence avec une équipe de journalistes qui prétendent faire à peu près la même chose ?
Ce n’est pas le tout de faire une base de données d’informations : encore faut-il la maintenir à jour et ne pas faire d’erreurs. C’est déjà plus compliqué qu’il n’y paraît. Sur la BDD dont tu me parles, j’ai vu des erreurs mais ça montre qu’il y a des points sur lesquels l’information n’a pas été correctement distribuée. Sur le moment, je l’ai mal pris mais le lendemain, ça m’a fait sourire.

Tu as un statut d’auto-entrepreneuse, mais comment tu peux couvrir les frais du site et rémunérer ton travail ? Seulement par des dons ?
J’évite les dépenses inutiles liés au projet donc les dons arrivent à couvrir les frais de fonctionnement, une gestion de bon père de famille comme on dit. Par ailleurs, et je ne m’en suis pas cachée, il m’arrive de collaborer sur des sujets avec des rédactions. Ainsi, la carte de France du népotisme avec Le Lanceur était un travail rémunéré car il fallait vérifier tous les liens familiaux éventuels entre les parlementaires et leurs collaborateurs. J’aimerais faire d’autres travaux du même genre mais Rome ne s’est pas faite en un jour.

Imaginons que subitement tu aies beaucoup plus de moyens à ta disposition, quel serait le développement dont tu rêves pour le projet Arcadie ?
J’en ai une douzaine en tête ! Je dois n’en choisir qu’un ?

On a envie de souhaiter longue vie au projet Arcadie – et pour ça chacun peut y contribuer financièrement et le faire connaître – mais on te laisse (c’est la tradition ici) le dernier mot :
Je me suis fixé un nouvel objectif : les partis politiques. Si l’objectif mensuel se pérennise, je fais une « petite sœur » à Arcadie car il y a un vrai manque sur le sujet. Je commence à avoir le squelette général en tête mais je vais attendre un peu.

 

Pour aller plus loin




Firefox Night-club, entrée libre !

Aujourd’hui c’est un peu spécial copinage, mais pourquoi pas ? Ils ne sont pas si nombreux les navigateurs web à la fois open source, grand public et à la pointe des technologies, respectueux des personnes qui les utilisent et de leurs données, distribués en langue locale à peu près partout dans le monde, pour toutes les plateformes, etc.

Il est temps de considérer que c’est une ressource précieuse pour tous (et pas seulement pour la communauté du libre).

– D’accord, mais comment y contribuer lorsqu’on est seulement utilisateur ou utilisatrice?

Pascal Chevrel qui répond aujourd’hui à nos questions nous présente une version de Firefox trop peu connue mais qui mérite toute notre attention et même notre implication : Firefox Nightly

Bonjour Pascal ! Commençons par le début : peux-tu te présenter ?
Bonjour, Parisien, 45 ans, je suis impliqué dans le projet Mozilla depuis pratiquement sa création et je travaille à plein temps pour Mozilla depuis 11 ans. De formation plutôt économique et linguistique, j’ai longtemps travaillé sur l’internationalisation des sites web de Mozilla, l’animation de communautés de traducteurs et le développement d’outils de suivi et d’assurance qualité de nos traductions. Depuis un an, j’ai quitté mes précédentes fonctions pour rejoindre l’équipe Release Management qui est chargée d’organiser et de planifier les livraisons de Firefox. Dans ce nouveau contexte, au sein du département Product Integrity, je suis maintenant responsable du canal Nightly de Firefox.

L’équipe de Release Management chez Mozilla. Tiens, il n’y a pas que des mecs ;-)

 

Alors, je doute que beaucoup des personnes qui nous lisent sachent ce qu’est exactement Nightly, tu peux nous en dire plus ?
Nightly est la version alpha de Firefox, chaque jour nous compilons Firefox avec les modifications apportées par les développeurs la veille à notre code source et nous proposons cette version de Firefox au téléchargement afin de recevoir des retours sur l’état de qualité du logiciel.

Quel est l’intérêt pour moi, péquin moyen, d’utiliser Nightly ?
Pour un internaute lambda, pas forcément à l’aise avec l’informatique, il n’y a effectivement aucun intérêt à utiliser Nightly. Les utilisateurs « ordinaires » sont encouragés à utiliser le canal Release qui est la version finale grand public et pas une version alpha ou bêta de Firefox.

Pour un utilisateur averti, utiliser Nightly signifie avoir accès à une version de Firefox qui plusieurs mois de développement d’avance sur la version finale et donc de pouvoir utiliser des fonctionnalités auxquelles n’ont pas encore accès les utilisateurs de Firefox. Depuis plusieurs mois, nous faisons un gros travail de modernisation et de nettoyage du code source de Firefox afin d’améliorer ses performances, les utilisateurs de Nightly ont donc accès à un navigateur beaucoup plus performant que la version grand public.

Pour un utilisateur averti et sensible aux valeurs véhiculées par Mozilla et par le logiciel libre, c’est aussi le meilleur moyen de participer à un projet de logiciel libre lorsque l’on a pas de temps à investir dans des activités de bénévolat. Le simple fait d’utiliser Nightly est une aide plus que précieuse au développement de Firefox car Nightly envoie par défaut des données de télémétrie et les rapports de plantage à nos développeurs qui peuvent ainsi repérer immédiatement toute nouvelle régression.

Attends ! Ça veut dire que vous préparez toutes les nuits une nouvelle version de Firefox ?! Elle doit être pleine de bogues ! Ça marche vraiment ton machin ?
Toutes les nuits en effet (d’où son nom de Nightly), nous compilons Firefox avec le code de la veille, dans toutes les langues, pour tous les systèmes d’exploitations que nous supportons, en 32 comme en 64 bits. Toutes ces versions (builds) doivent passer notre batterie de tests automatisés qui valident un niveau de qualité minimal. Évidemment, c’est une version alpha, donc moins stable, elle peut planter plus facilement qu’une version destinée au grand public…

Ceci dit c’est très utilisable, j’utilise des nightlies depuis 2002 et les véritables problèmes sont rares. Lorsqu’un vrai problème passe entre nos filets, en général la télémétrie nous en informe en quelques heures et nous livrons une deuxième nightly dans la journée pour le régler ou fournir une solution d’atténuation de l’impact causé par le bug (retour arrière sur le patch fautif, désactivation temporaire d’une nouvelle fonctionnalité si le retour arrière n’est pas possible).

Et si j’installe Nightly, ça veut dire que ça me remplace mon Firefox habituel ? Et mes favoris et mots de passe enregistrés ?

Déjà, on dit marque-page, « favori » c’est de la terminologie Microsoft, je peux avoir dans mes marque-pages le site des impôts, ça ne veut pas dire que ce soit un des mes sites favoris 😉

On peut tout à fait installer Nightly à côté d’un Firefox classique, la chose importante est de ne pas leur faire partager le même profil de données. Le plus simple est d’installer Nightly dans un nouveau profil et de synchroniser les données (marque-pages, historiques, mots de passe…) entre les deux versions via Firefox Sync, notre service de synchronisation de données.

Histoire de bien comprendre : je dois télécharger Nightly tous les matins pour profiter des dernières mises à jour ?

Non, Nightly se met à jour en arrière-plan tout seul, lorsque la nouvelle version est disponible et peut être installée, une petite flèche verte apparaît sur l’icône de menu et il suffit de cliquer dans ce menu sur un bouton qui appliquera la mise à jour, ce qui se traduit concrètement par la fenêtre qui se ferme et se rouvre en quelques secondes.

Allez, fais-nous rêver : c’est quoi les nouvelles fonctionnalités attendues ?
En novembre, nous allons sortir une mise à jour majeure de Firefox, la plus grosse mise à jour du logiciel depuis 2011. Nous travaillons à une modernisation importante du moteur de rendu des pages (Gecko) en intégrant des parties mûres de notre autre moteur de rendu en R&D, Servo. Ce moteur est écrit dans un nouveau langage informatique très performant, Rust, les gains attendus en termes de performances sont importants. Ce projet de modernisation des fondations s’appelle Quantum. Il s’agit d’un projet proprement titanesque sur lequel plusieurs équipes de développeurs travaillent à plein temps depuis plusieurs mois, la version de novembre intégrera les premiers fruits de ce travail.

Nous travaillons aussi à une modernisation de l’interface actuelle de Firefox avec notre équipe d’ergonomes et de designers afin d’améliorer aussi l’interaction avec l’utilisateur, ce projet s’appelle Photon. Tu peux voir à quoi ressemblera Firefox d’ici quelques mois en parcourant ce diaporama illustré d’aperçus de la future interface.

La mascotte du projet Photon/Quantum

Tous les travaux en cours sur Quantum et Photon ne sont disponibles que sur Nightly, les amateurs de performances et de design peuvent donc avoir accès en avant première à ces avancées.

En termes de fonctionnalités spécifiques à Nightly, la gestion d’identité multiples dans une même session (qui permet d’avoir des onglets « boulot » et des onglets « perso » par exemple) semble être la nouveauté la plus appréciée de nos utilisateurs sur ce canal.

Bon si c’est pour avoir une version toute en anglais, merci bien !
Nous proposons Nightly dans toutes nos langues, il est donc disponible au téléchargement en français. Évidemment, pour les nouvelles fonctionnalités, il faut parfois attendre quelques jours pour voir celles-ci en français dans l’interface, il arrive donc parfois que certaines phrases ou items de menu soient en anglais. Mais c’est rare, les traducteurs veillent au grain.

Cliquez sur l’image pour avoir le grand poster (attention gros fichier de 4,2 Mo)

 

Excellent ! Nightly, j’en veux © Je fais comment ?
Mozilla fournit des binaires pour Windows, Mac et Linux à cette adresse : https://nightly.mozilla.org. La seule difficulté à l’installation par rapport à un Firefox pour le grand public est qu’il faut créer un profil de données séparé si l’on veut installer Nightly à côté d’un Firefox déjà installé et pas le remplacer. Nous travaillons sur notre installeur pour qu’à l’avenir, ce profil séparé soit créé automatiquement sans intervention de l’utilisateur mais ce ne sera probablement pas effectif avant 2018.

Notre wiki contient des informations détaillées (mais en anglais) sur l’installation de Nightly selon son système d’exploitation, dont un screencast pour Windows.

Mais au fait, ça fait quand même beaucoup, beaucoup d’énergie dépensée par Mozilla pour une version de Firefox plutôt méconnue. C’est quoi votre intérêt ?

Pour développer Firefox qui est un projet de grande envergure (des centaines de développeurs, une base de code très importante, près de 100 langues et 4 systèmes d’exploitation pris en charge…), il faut le compiler tous les jours et avoir une infrastructure d’intégration continue en place, il était donc logique de proposer ces versions (que nous utilisons déjà en interne) à nos utilisateurs afin de pouvoir bénéficier d’un bêta test externe qio réponde à des questions comme : est-ce que le site de ma banque en Belgique fonctionne avec ? Est-ce que la traduction est bonne ? Est-ce qu’il est stable sur ma configuration ?…

Cela représente donc un investissement mais avoir une version dédiée au bêta-test communautaire est fait partie (ou devrait faire partie) de tout projet de logiciel libre communautaire.

Au fait, beaucoup de gens l’utilisent ?
Trop peu de gens utilisent Nightly, essentiellement les employés Mozilla et notre communauté de bénévoles les plus impliqués dans le projet Mozilla, quelques dizaines de milliers de personnes dans le monde. Cela peut sembler beaucoup dans l’absolu mais c’est en réalité assez faible car le Web est immense, les configurations matérielles sur lesquelles tournent Firefox sont des plus diverses dans le monde et nous n’avons pas aujourd’hui assez de retours d’utilisation (que ce soit la télémétrie ou des rapports de bugs plus formels) afin de prendre les meilleures décisions de développement.

Nous recherchons donc des utilisateurs mais bien sûr nous sommes très clairs sur le fait que Nightly est destiné à un public plus à l’aise avec l’informatique que la moyenne et prêt à accepter des changements de comportement ou d’interface du logiciel au jour le jour avec en contrepartie l’accès en avant-première à des fonctionnalités innovantes.

Si vous voulez aider Mozilla, que vous êtes à l’aise avec l’informatique, utiliser Nightly à la place ou à côté de votre navigateur actuel (qui n’a pas à être Firefox) est probablement le moyen le plus simple de participer au projet.

Donc, même si je n’y connais rien de rien en logiciel libre, en code, et tous les autres trucs techniques, rien qu’en utilisant Nightly, je fais avancer le schmilblick ?
Si vous êtes à l’aise avec l’informatique (en gros, si vous savez installer et désinstaller un logiciel sans faire appel à la cousine en école d’ingénieur), simplement utiliser Nightly aide énormément Mozilla et les développeurs de Firefox.
Nous avons aujourd’hui une qualité de Nightly qui est suffisante pour de très nombreux utilisateurs sans connaissances techniques particulières.

Si je vois des trucs qui clochent, je le signale où et comment ? Parce que moi le bugzilla, comment dire
Pour les francophones, le plus simple est d’expliquer ce qui cloche dans nos forums de mozfr à cette adresse : https://forums.mozfr.org/viewforum.php?f=24
S’il s’avère que c’est effectivement un problème dont nous n’avons pas connaissance, nos modérateurs les plus anglophiles se chargeront d’ouvrir un ticket sur Bugzilla et d’agir comme intermédiaires avec les développeurs. Je passe sur le forum moi-même deux fois par semaine.

Et si je suis un développeur, et que les mots « code source », « mercurial », « bugzilla » ou « RTFM » me parlent, je peux aider quand même ?

Si vous êtes développeur non seulement vous pourrez rapporter des bugs directement dans Bugzilla mais on peut aussi vous aider à écrire le patch pour résoudre ce bug ! Il y a d’ailleurs une vingtaine de développeurs Firefox qui sont francophones si l’anglais vous fait un peu peur.

Les développeurs mais aussi les utilisateurs les plus techniques peuvent ouvrir des bugs et faire une recherche du patch qui a causé une régression grâce à l’outil mozregression

Tiens une question qu’on nous pose souvent, qui peut paraître hors sujet, mais en fait pas du tout : qu’est-ce que je peux dire à mon cousin qui utilise Google Chrome, afin qu’il envisage de passer à Firefox ?

Il n’y a pas de réponse unique à cette question car pour cela il faudrait savoir pourquoi il utilise Chrome. Si ton cousin est sensible au respect de sa vie privée, utiliser Firefox va probablement de soi. Si ce qui importe pour lui ce sont les performances, alors Nightly est certainement dans la course avec Chrome, voire plus performant sur certaines activités, ce n’a pas toujours été le cas donc c’est important à souligner. S’il est un utilisateur compulsif d’onglets, la gestion des onglets de Nightly est certainement plus riche et performante que celle de Chrome ; avoir une session avec plusieurs centaines d’onglets ouverts sur une machine récente ne pose aucun problème sous Nightly.

Je pense que de nombreux utilisateurs qui sont passés de Firefox à Chrome il y a quelques années seraient très surpris des avancées (performances, ergonomies, fonctionnalités) que nous avons intégrées dans Firefox. C’est encore plus vrai pour Nightly et je reçois quasiment quotidiennement du feedback d’utilisateurs Chrome passés avec bonheur à Nightly, C’est très encourageant pour notre grosse livraison 57 en novembre évidemment. Le magazine en ligne américain CNET a publié en juin un article intitulé « New speed boost means maybe it’s time to try Firefox again » plus qu’élogieux et ils n’ont testé que la version grand public 54. Nightly qui est en 56 est déjà bien plus performant.

Merci Pascal ! Un dernier mot ? Ou une question que tu aurais aimé qu’on te pose ?

Un grand merci à toi pour l’intérêt que tu portes à Firefox, Mozilla et mon travail sur Firefox Nightly ! Merci aussi pour le travail de vulgarisation que fait Framasoft en ce qui concerne le logiciel et la culture libre. Firefox est l’outil qui permet à Mozilla d’avoir un impact sur le Web. Étant donné le travail que fait Framasoft sur la décentralisation et de dégooglisation du web, les lecteurs de cet article seront peut être intéressés par cette récente annonce de Mozilla dans laquelle nous annonçons un budget de 2 millions de dollars dédié à financer les projets de décentralisation du Web.

… et le slogan du blog de Nightly pour le mot de la fin :
Améliorons ensemble la qualité, version après version (Let’s improve quality, build after build!)

 




Pour un covoiturage libre sans blabla car c’est un bien commun !

Le partage de véhicule pour faire ensemble un trajet est une pratique déjà ancienne : les moins jeunes se souviennent des globe-trotters le pouce levé,des trajets entre copains serrés à l’arrière de la 4L et… bref vous voyez le tableau, inutile de raviver le cliché des hippies dans le Combi VW.

Crise écologique et crise économique ont contribué à remettre au goût du jour ces pratiques conviviales : le pouce levé de rezopouce, parti du Sud-Ouest, gagne du terrain un peu partout en France, certaines municipalités comme dans les Yvelines prennent des initiatives pour stimuler et organiser le covoiturage. Il en va de même avec des associations comme Voisine Covoiturage en Lozère, qui dans un monde rural menacé d’isolement reçoit le soutien des collectivités locales.

Oui mais voilà : l’engouement pour le covoiturage est aussi un marché économique dominé par un acteur majeur qui s’est taillé un nom et un presque-monopole au point que pour beaucoup c’est le mot blablacar qui remplace le mot covoiturage dans les recherches sur Internet. On peut saluer le succès de l’entreprise comme le font depuis plusieurs années la plupart des médias. On peut aussi s’interroger sur cette confiscation et monétisation d’une pratique solidaire gratuite : le modèle économique de Blablacar repose sur la captation d’un bien commun.

Les solutions alternatives existent pourtant, comme La Roue verte, qui peut proposer des services gratuits et éthiques aux particuliers en se rémunérant par des prestations aux entreprises.

Aujourd’hui c’est une association indépendante et sans but lucratif que nous souhaitons mettre en valeur : Covoiturage-libre a des engagements et des valeurs qui résonnent agréablement aux oreilles libristes. Nous espérons qu’après avoir lu cette interview nombre d’entre vous deviendront avec ce beau projet des covoitureurs et covoitureuses libres !

Cliquez sur l’image pour découvrir leur site.

 

Bonjour François, peux-tu te présenter et nous décrire l’association dont tu fais partie ?

Bonjour ! Je m’appelle François Vincent et je m’occupe pour ma part plus spécifiquement du développement de Covoiturage-libre.fr, qui est un site de covoiturage libre et gratuit.

Nous avons un certain nombre de personnes qui travaillent bénévolement pour le site, notamment son développement (le code source est accessible par tous sous licence GNU GPL v3), sa communication sur les réseaux sociaux ou la participation à des rencontres des logiciels libres ou de manifestations spécifiques, et les réponses aux demandes effectuées via la hotline par les utilisateurs. Chacun est libre de nous rejoindre, il sera bien accueilli, notamment par moi-même !

Comment sont nés votre site et votre association ?

Notre site a une histoire déjà assez longue. Une première version a été mise en ligne quelques jours seulement après le passage au payant de la part de Blablacar (ce devait être en 2011). Le site et l’association sont nés du rejet de l’appropriation du covoiturage par Blablacar, et d’une volonté ferme de promouvoir un covoiturage social, c’est à dire non contrôlé par une entreprise, mais profitant et appartenant à tous.

Un coup d’œil sous le capot ?

La première version a été développée en solo par Nicolas Raynaud. Le site à cette époque avait été écrit en PHP. C’est peu après qu’a été créée l’association pour soutenir la plateforme. Une nouvelle version du site a plus tard été écrite en Ruby on Rails, car la première version était difficile à maintenir et ne permettait pas vraiment un travail collaboratif. Cette nouvelle mouture du site est assez récente, date de moins d’un an, c’est maintenant sur celle-ci que nous travaillons, les améliorations étant poussées… lorsqu’elles sont prêtes à l’être.

Qu’est-ce qui vous différencie de sites mieux connus comme Blablacar ?

Notre philosophie du covoiturage est qu’il s’agit d’un bien commun et qu’il doit le rester !

L’un de nos engagements est de rester indépendants, de rester sous le contrôle de la communauté. Toute personne voulant participer est la bienvenue pour s’exprimer, et son avis sera pris en compte. Nous ne serons jamais rachetés par quelque entité, visant le profit, que ce soit. Nous prônons un covoiturage sans frais, qui n’ira pas enrichir une société levant des millions d’euros. Nous nous construisons en partie CONTRE cette vision du covoiturage.

Pour résumer, notre différence principale avec des sites comme Blablacar est notre conception même du covoiturage, et c’est sur cette dernière que nous nous appuyons pour avancer.

Votre plateforme est un « bien commun », qu’entendez-vous par là ?

Nous entendons par là quelque chose de simple et qui nous parait à la fois fondamental et naturel pour le covoiturage : la plateforme nous appartient à tous, elle appartient à la communauté que nous formons, nous les conducteurs et les passagers qui utilisons le covoiturage, tous ensemble nous la faisons vivre. Elle appartient à ceux qui l’ont développée et qui en font la promotion, à nous qui travaillons sur le projet, mais aussi, ET SURTOUT, à celles et ceux qui l’utilisent, c’est-à-dire monsieur Dupuis-Morizeau par exemple qui utilise notre plateforme en tant que passager pour aller de Paris à Rouen et retrouver sa famille. D’ailleurs, il peut nous rejoindre pour participer à la réflexion sur la plateforme, proposer des améliorations, signaler des bugs…

Comment ça marche alors ? il faut que les personnes qui se sont contactées aient une relation de confiance ? Parce qu’on communique un mail ou un téléphone…

En effet, les personnes covoiturant ensemble doivent établir un lien social, un lien de confiance entre elles, c’est l’une de nos raisons d’exister qui fait partie de nos 5 engagements.

Copie d’écran du site Covoiturage-libre

Tous ceux qui ont déjà fait du covoiturage savent que c’est un moyen de rencontrer des personnes que nous n’aurions jamais rencontrées autrement, ayant une autre vie, d’autres passions, où qui au contraire travaillent, par exemple, dans le même domaine, ce qui peut alors déboucher sur des conversations très poussées ! La parole est un moyen de se faire confiance, et nous pensons que les gens voulant se déplacer ensemble sont de bonne volonté. Elles échangent donc par mail ou SMS sur les modalités du trajet.

Il y a des possibilités de dérives que nous combattrons de toutes nos forces, mais celles-ci existent sur toutes les plateformes de covoiturage, et même dans d’autres situations de la vie de tous les jours. Elles sont quasi inexistantes par rapport à la masse de covoiturages effectués chaque jour.

Donc Covoiturage-libre ne ponctionne aucune commission, c’est chouette, mais je dois me mettre d’accord sur un tarif avec un conducteur ou un passager (suivant les cas) ?

Eh bien oui, la prise de contact entre conducteur et passager pour fixer les modalités du covoiturage en amont de sa réalisation est une étape indispensable pour avoir un covoiturage qui se déroule bien. Ce premier contact permet de fixer les modalités du voyage, comme l’endroit où l’on se retrouve, le lieu de dépose, et en effet, la somme d’argent que le passager donnera au conducteur. Mais on espère bien que vous discuterez d’autres choses bien plus intéressantes pendant et même après le trajet !

Comment je peux savoir par exemple combien demander (dans quelle fourchette raisonnable) pour partager les frais pour un trajet entre Tours et Lyon ?

Pour l’instant, la plateforme ne propose pas de suggestion de tarif. Les prix que le conducteur propose pour le trajet global ainsi que pour les étapes sont à sa discrétion. On peut cependant utiliser plusieurs ressources pour s’aider dans le choix des frais que l’on demande, comme regarder sur d’autres sites les tarifs pratiqués ; ou bien appliquer un calcul simple qui consiste à prendre le prix global du trajet et le diviser par le nombre de personnes dans la voiture, conducteur compris. à noter que l’une des nombreuses fonctionnalités que nous prévoyons de mettre en place est justement la mise en place d’un prix conseillé, dépendant de la distance et également des péages. Nous rappelons également sur le site que le covoiturage ne doit pas être rentable, et qu’il s’agit d’abord et avant tout d’entraide.

Qu’est-ce qui me garantit la confidentialité de mes données si je m’inscris pour passer une annonce ?

Comme tout projet sous licence libre et open-source, vous avez accès vous même au code source du site sur le dépôt github, n’hésitez pas à le parcourir.

Nous sommes des gens comme vous, qui aimons garder nos données personnelles… personnelles. Le développement du site se fait avec cette idée de respecter au maximum les données des utilisateurs.

Et qu’est-ce qui me garantit qu’on ne va pas me demander une somme excessive ?

Soyons franc, rien ne vous le garantit. Vous discutez du prix avec le conducteur avant le voyage, et vous payez de la main à la main pendant le trajet. Encore une fois, nous rappelons sur le site que le covoiturage ne doit pas être rentable, ce qui limite normalement les sommes si les usagers sont honnêtes. Un passager peut également tout simplement refuser un covoiturage si le prix est trop élevé. Nous sommes persuadés que les gens peuvent discuter entre eux et se mettre d’accord sans problème.

Nous ne prévoyons par ailleurs pas de déployer une solution de paiement en ligne avant le trajet comme d’autres sites (qui serait toujours sans frais soit dit au passage) pour plusieurs raisons : la première, c’est que cela ne fait pas partie de notre représentation du covoiturage, où les gens se mettent d’accord entre eux et discutent en amont du voyage, et n’ont donc pas besoin de ce système. La deuxième raison est que cette solution nous demanderait la mise en place d’un système très sécurisé (qui amènerait de plus à une ambiance que nous trouvons anxiogène, phénomène que l’on peut déjà observer sur un autre site bien connu qui prône une « sécurité » omniprésente justifiant tout et n’importe quoi…), et que nous devrions alors collecter des données bancaires que nous ne voulons surtout pas posséder. Ce sont vos données personnelles, nous ne voulons surtout pas y avoir accès !

Déjà plus de 730 000 covoiturages, beau succès ! Ça vous fait autant d’adhérents à l’association ? Pour profiter des services proposés sur le site, il faut être adhérent à l’association ?

Eh bien non, le nombre de bénévoles donnant du temps pour la plateforme est assez faible. Pour déposer une annonce sur le site, contacter une personne proposant un covoiturage, aucune adhésion à l’association n’est nécessaire, les gens restent libres au maximum de faire ce qu’ils veulent, et cela ne nous a même pas traversé l’esprit de forcer les gens à adhérer (même gratuitement) ! Ils sont cependant tous les bienvenus s’ils veulent participer à la plateforme et/ou l’association !

Pas besoin d’être adhérent donc, mais nous pensons dans le futur mettre en place des comptes sur notre site. Leur seul objectif sera de gérer plus facilement les annonces que l’on propose en tant que conducteurs ou celles qui nous intéressent en tant que passagers. La gestion des annonces pour les conducteurs se fait actuellement par mail, ce qui n’est pas optimal pour gérer une annonce appelée à potentiellement évoluer dans le temps, nous souhaitons améliorer ceci !

Que se passe-t-il si un requin aux intentions lucratives clone votre site et prend une commission de 5 % ?

Il sera liquidé par un mercenaire GNU dans les 12 heures suivant la mise en ligne de son site.

Non plus sérieusement, il peut essayer… Puisqu’il n’aura pas accès à notre base de données, son site sera vide d’annonces. Notre plateforme est la deuxième de France, nous avons une petite-(pas-si-petite)-mais-grandissante communauté d’utilisateurs qui postent leurs annonces et consultent notre site, ils ne migreront pas vers ce faux site. Nous en voulons pour preuve le nombre d’annonces postées jusqu’ici que vous citez plus haut !

Avez-vous fait l’objet de démarchage pour faire de votre service une opération commerciale ? Des startups sur le même créneau ?

La loi du marché étant ce qu’elle est, et notre position de deuxième plateforme française de covoiturage étant établie, certains organismes/entreprises/start-up/que sais-je encore ont voulu nous racheter « nos utilisateurs » (oui je cite les gens qui viennent vers nous). Ce à quoi nous leurs répondons gentiment et poliment que ce n’est pas notre conception de la chose, que l’argent ne nous intéresse pas, que pour récupérer nos utilisateurs il faudra d’abord marcher sur nos cadavres et accessoirement celui du site, ce genre de choses…

Il y a bien sûr d’autres entreprises qui souhaitent concurrencer Blablacar, nous leur tendons la main si elles veulent intégrer notre association et adhérer à nos valeurs qui prônent le non-profit. Notre plateforme a cet avantage par rapport à toutes les autres d’être une association avec des gens motivés par des convictions, et travaillant sur ce projet sur leur temps libre. Sans vouloir nous vanter, avec le soutien de quelques donateurs, nous sommes virtuellement immortels et indestructibles 😉 le temps joue pour nous…

Quelle continuité souhaitez-vous donner à votre service communautaire ? L’élargir à d’autres pays ? Qu’est-ce qui serait le plus efficace pour vous faire mieux connaître et pour que chacun adopte votre démarche ?

Nous sommes totalement ouverts à la propagation de notre modèle et de notre plateforme à d’autres pays. Nous aurons cependant besoin de partager une base de données commune à tous, cette dernière étant interrogée par une instance nationale pour chaque pays. Nous avons d’ailleurs déjà des contacts de gens intéressés dans d’autres pays. Notre rêve ultime serait une grande organisation mondiale, libre, avec une équipe par pays. L’impact écologique et économique pour tous pourrait être considérable!

Si je veux participer à vote site, à ce commun, à votre projet, à votre asso… je fais comment ? Vous avez besoin de quelles compétences ?

Vous pouvez consultez les propositions de la page https://covoiturage-libre.fr/missions-benevoles

Certaines façons de participer sont tout à fait simples :

  • Évidemment, la première chose à faire, publier vos trajets sur notre plateforme, en parler autour de vous, et chercher les trajets que vous souhaitez réaliser sur le site.
  • Ensuite, dans un premier temps si vous voulez prendre contact avec nous, vous pouvez rejoindre les groupes facebook (oui je sais c’est mal, chacun ses faiblesses, et puis on va là où les gens sont) « Covoiturage-libre – groupe de test » et également « Covoiturage-libre.fr – Communication »
  • Certains d’entre vous s’y connaissent en programmation (c’est un euphémisme), nous avons besoin de gens capable de programmer en Ruby on Rails. À notre ère connectée nous souhaitons également développer une appli Android qui sera elle aussi diffusée sous licence libre, probablement GNU GPL, et sera ajoutée à F-Droid assez rapidement (nous avons déjà une appli, qui n’est que du web encapsulé, le code est disponible sur github, et l’appli en elle même est disponible sur Google Play). Et éventuellement une appli iOS, si certains d’entre vous sont motivés pour ça !
  • Chose anodine, installer le moteur de recherche Lilo. Chaque recherche effectuée vous donne une goutte, donnez ensuite ces gouttes à notre projet sur la page dédiée et vous nous ferez des micro-dons à chaque fois que vous nous les donnerez, on vous remercie déjà !
  • Nous recherchons également des graphistes, des gens qui voudraient faire de la com pour nous, des gens pour nous représenter à des forums…

Le mot de la fin ?

Les bases de la plateforme pour un retour à un vrai covoiturage qui ne profite pas à une entreprise sont déjà là. Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, il ne tient plus qu’à vous de nous rejoindre et d’y participer !

Dé BlaBlaCarisez le covoiturage avec Covoiturage-Libre !

Liens utiles




Workshop CHATONS aux RMLL le 7 juillet

Nous vous avons déjà parlé des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, qui auront lieu cette année à St-Étienne, du 1er au 7 juillet (très bientôt, donc !). Si vous n’avez pas encore lu l’interview d’une partie de l’organisation, foncez-y, ça donne envie de venir 🙂

Framasoft sera évidemment présente lors des RMLL (sans doute en petit comité, car en ce début d’été, nos membres seront un peu dispersés sur différents événements ou … en congés !). N’hésitez donc pas à venir à notre rencontre, ou à assister à l’une de nos conférences 🙂

Mais l’objet de ce billet, est surtout de vous annoncer que l’organisation des RMLL a proposé de réserver la journée du vendredi 7 à … une réunion de chatons !

Le collectif en action

 

 

Vous le savez peut-être, le Collectif des Hébergeurs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (C.H.A.T.O.N.S.) est un collectif de particuliers et de structures qui proposent à leurs communautés des services en ligne Libres, Éthiques, Décentralisés et Solidaires.

Framasoft a impulsé en octobre dernier ce collectif, et est l’un de ses 30 membres actuels.

Le collectif est toujours en phase de structuration et, tel un logiciel libre, est en développement permanent : on y ajoute des fonctionnalités, on explore des possibles, on corrige des bugs, on essaie de faire communauté, etc.

Les moments de rencontre, que ça soit entre membres du collectif, ou pour échanger avec des personnes connaissant peu ou pas le projet CHATONS, sont donc primordiaux.

L’opportunité offerte par les RMLL de nous proposer un temps long (1 journée complète) est donc à saisir !

Cette journée permettra, le matin, de rappeler (très rapidement) les objectifs, de présenter le fonctionnement actuel, et de travailler ensemble la « roadmap ». L’après-midi sera, lui, consacré à des ateliers thématiques (probablement : « juridique », « technique », « communication » et « organisation/économie ») en mode barcamp (= les personnes présentes choisiront elles-mêmes les thèmes de travail).

Bref, vous pourrez poser toutes les questions que vous avez toujours voulu savoir sur CHATONS, mais surtout nous proposer des patches sur la façon dont nous pourrions améliorer le fonctionnement du collectif.

Merci encore aux organisateur⋅ice⋅s des Rencontres de nous offrir ce temps de partages, d’échanges, de réflexion et de production !

Un panier de CHATONS, parce qu’on sait que vous aimez ça !

 

Et, en cadeau, trois petites vidéos (qui s’ouvriront au clic dans un nouvel onglet sur Vimeo) réalisée par Rézonnance, qui, nous l’espérons, vous donneront envie de venir aux RMLL :

Interview PY GOSSET – RMLL2017

Interview Simon CHANSON – RMLL2017

Interview François Aubriot – RMLL2017

 




Framapic : un nouvel outil pour créer une galerie photo !

Framapic, notre outil d’hébergement d’images, est basé sur Lutim, un logiciel développé par Luc, notre administrateur-système, souvent sur son temps libre.

Inutile de vous dire que nous aussi, on se demande quand il prend le temps de dormir, quand on voit les évolutions qu’il apporte à son code !

Une galerie photo à portée de clic !

La dernière nouveauté en date est de taille : on peut désormais créer une galerie d’images depuis la liste des fichiers envoyés. Un lien vers une galerie était déjà créé lors de l’envoi de plusieurs images, mais on devait envoyer toutes les images de sa galerie en une seule fois.

Or Framapic (à l’aide du localstorage) peut se souvenir des images que vous avez versées sur nos serveurs. Il ne manquait plus qu’un outil permettant de piocher dans vos images pour choisir ce que vous désirez mettre dans votre galerie… Vous en avez rêvé ? (nous aussi ^^!)

Eh bien Luc l’a fait ! Vous pouvez maintenant en créer une n’importe quand à partir de votre bibliothèque et partager cette galerie photo en un seul lien !

La preuve en images

Pouhiou veut rassembler les images des deux derniers Framabooks (La Nef des Loups, et Grise Bouille Tome 2) et de leurs auteurs dans une galerie. Il sait qu’il a déjà envoyé la couverture de Grise Bouille et la photo de son auteur, Gee, sur Framapic. Il commence donc par ajouter les fichiers de La Nef des loups : la couverture du livre et la photo de Yann Kervran, son auteur.

Roh ! Tout plein de liens pour faire tout plein de les choses !

Alors certes, Pouhiou voit qu’il a un lien vers la galerie de ces deux images (cf. l’encadré rouge), mais les autres photos se trouvent déjà dans Framapic… Et puis Pouhiou est une tête de linotte, il oublie de copier ce lien et ferme cet onglet pour aller voir une vidéo de tricot.

Quelques heures plus tard (oui : le tricot, c’est long), Pouhiou revient sur Framapic et décide de construire sa galerie. Pour cela, il clique sur « Mes images ».

C’est relativement facile à trouver, se dit-il.

Là, il se trouve devant un tableau récapitulant les images qu’il a déjà ajoutées à Framapic. Il lui suffit de cocher les quatre qui l’intéressent et de copier le lien de la galerie, en haut (d’ailleurs, le petit bouton à droite du lien de la galerie copie automatiquement ce long lien dans son presse-papier… pratique !)

Image élue gif de l’année.

Une fois le lien copié, il lui suffit de le coller dans la barre d’adresse de son navigateur pour le voir, ou dans un email, par exemple, s’il veut le partager. Et le résultat est là !

D’ailleurs, ce sont des supers livres pour cet été. À découvrir sur Framabook.

Voilà, désormais, créer une galerie d’images qui respecte les données de chacun·e, c’est simple comme quelques clics ! Merci, Luc !

Pour aller plus loin :




Framavox : faites encore mieux entendre votre voix !

Il y a quelques mois, nous vous présentions Framavox, un outil de prise de décisions en groupe, de manière horizontale. Aujourd’hui, découvrons ensemble les nouvelles fonctionnalités de ce service.

Loomio, l’outil que les GAFAM n’ont même pas :p !

Le principe est simple : vous vous créez un compte, une équipe, vous y invitez vos collaborateurs et collaboratrices (et/ou vous les rejoignez dans une équipe déjà créée : on peut appartenir à plusieurs équipes !) et vous discutez de vos projets. À n’importe quel moment, chacun·e peut proposer un vote (avec une date de fin de vote) pour savoir où l’équipe en est. Notons que le logiciel Loomio, qui propulse Framavox, est aussi beau que pratique : on dirait un mur Facebook, mais en plus clair, aéré, dépouillé.

Loomio est développé par une entreprise sociale (sobrement nommée « Loomio »), des personnes qui ne cessent de nous émerveiller par leur réactivité, leur inventivité, et l’intelligence qu’ils/elles mettent dans leur logiciel libre (d’ailleurs, si vous voulez les soutenir, quittez vite Framavox pour prendre un hébergement chez eux !)

« Loomio permet de gagner du temps » : on confirme !

Récemment, cette joyeuse équipe a apporté une mise à jour majeure du logiciel Loomio. Non seulement cette mise à jour apporte encore plus d’ergonomie, mais surtout elle vous donne désormais le choix entre 5 différents types de votes (contre un auparavant).

Nous nous sommes empressé·e·s de mettre à jour le Loomio de Framavox pour que vous puissiez profiter au plus vite de cet outil qui sert déjà de nombreuses communautés militantes, associatives, etc. Notez cependant que des traductions en français (dans le logiciel et la documentation) ne sont pas encore finalisées… mais on y travaille !

En attendant, laissez-nous vous présenter les nouveautés de Framavox en ressuscitant le G.A.G., le « Groupe d’Action pour le Gras », qui nous avait déjà servi d’exemple factice lors de la présentation de Framavox.

Le G.A.G. organise son festival « Le Gras, c’est la vie ! »

Sandrine est ravie : depuis que le G.A.G. s’est mis à Framavox, on peut recentrer les discussions, ne plus perdre de temps dans d’interminables réunions et prendre des décisions horizontales et équitables en tenant compte des voix de chacun·e.

Lors de leur dernière rencontre, le G.A.G. a décidé d’organiser un festival à haute teneur en lipides et délices grassieux. Sandrine se dit que c’est l’occasion rêvée de tester les nouvelles fonctionnalités de Framavox. Elle se rend donc sur Framavox.org et se connecte avec son email et son mot de passe, puis elle clique dans la colonne de gauche pour se rendre sur la page des discussions du G.A.G.

La page du G.A.G. sur le Framavox de Sandrine

 

Déjà, l’interface est plus claire, épurée et ça, ça plaît à Sandrine qui n’aime pas être perdue dans un déluge d’informations. Par exemple, elle note que…

  1. …il y a un bouton « hamburger », ou « menu » et si elle le clique ça…
  2. …affiche ou ça masque la colonne de gauche, qui est claire et éloquente. Elle la masque, puis voit que…
  3. …elle a trois notifications, sur des discussions précédentes.

Pressée de commencer l’organisation de ce nouveau festival, Sandrine va cliquer sur le bouton « New decision » (tiens, la traduction n’a pas encore été faite, se dit-elle, c’est donc que ça a dû changer…). Et là, au lieu de voir l’unique type de vote auquel elle avait droit, elle se retrouve face à 5 possibilités.

Les 5 types de décisions disponibles

 

 

La proposition

Sandrine commence par faire une proposition pour vérifier que le G.A.G. est d’accord pour organiser ce festival. La proposition, elle connaît, c’était le vote qui existait déjà dans Framavox, qui permet d’exprimer un « Oui – Je m’abstiens – Non – Je Bloque le vote ». Ça tombe bien, c’est justement de cela dont elle avait besoin pour débuter ! Elle remplit donc le formulaire :

Elle utilise même les astuces de mise en page !

Puis elle va voir le résultat de son formulaire, afin d’aller donner son opinion.

Voilà ce que verront les participant·e·s à cette proposition.

La vérification

Le projet a été accepté et Sandrine a besoin de savoir qui dans le groupe peut donner du temps sur l’organisation de ce festival, afin de préparer le comité qui travaillera dessus. Elle décide d’utiliser l’outil de vérification de Framavox.

C’est tout simple à remplir !

Le résultat l’étonne : c’est simple, mais efficace ! Elle se dit qu’elle pourra l’utiliser dans de nombreux cas…

Le sondage

Quelques jours plus tard, il y a une décision importante à prendre. La mairie leur laisse le choix dans le lieu que le G.A.G. peut investir sur leur festival. La MJC, la salle des fêtes, la place du marché… Chaque choix a ses avantages et ses inconvénients et le G.A.G. les a déjà pesés dans une discussion Framavox. Sandrine se dit qu’il est l’heure de trancher (dans l’gras !), et décide de lancer un sondage.

Elle rajoute même une blague, pour faire bisquer Gégé.

Là encore, elle apprécie de pouvoir simplement proposer un choix multiple, avec autant de cases qu’elle le voudrait. Il n’y a plus qu’à aller faire entendre sa voix :

Le vote à points

Ça y est, le festival commence à se concrétiser, les sponsors et subventions sont là, le G.A.G. a donc un budget. C’est bien joli, mais suivant les priorités, on peut choisir de le répartir de multiples manières… Sandrine se dit que c’est l’occasion rêvée de tester le vote à points de Framavox : elle attribue 10 points à chaque membres, en leur expliquant que chacun de ces points représenterait 10 % du budget… Ainsi, en faisant la moyenne, elle saura où vont les priorités du G.A.G.

Il suffit d’expliquer à quoi peuvent correspondre les points.

Bien ! Elle a hâte de voir ce que vont donner les résultats, mais avant cela, il lui faut aller attribuer ses 10 points à elle !

Le sondage réunions

Le festival approche à grand pas ! Le comité d’organisation doit donc vite se réunir pour faire le point et mettre en place les derniers préparatifs… Lourde tâche que de trouver une date de réunion qui convienne -_-… D’habitude, pour cela, Sandrine utilisait Framadate, mais dans un groupe déjà établi sur Framavox, ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique. Elle est donc heureuse d’avoir accès à l’outil de sondage réunions :

Easy, quand on connaît déjà Framadate !

C’est sommaire et ça fera parfaitement l’affaire. Sandrine n’oublie pas d’aller voir le résultat pour donner ses disponibilités.

La morale de cette histoire : pour un groupe déjà établi, Framavox (grâce à la puissance du logiciel Loomio) est devenu un outil complet : il est parfait pour cadrer chacune des discussions dans leur propre fil et proposer des votes adaptés en fonction de chaque type de décision que le groupe a à prendre. Et surtout, c’est là un outil qui permet à tou·te·s de faire entendre leur voix, donc d’éviter les jeux de hiérarchie et d’ego qui minent souvent un joyeux groupe comme le G.A.G.

Et si un groupe (factice ^^) dont la devise est « Le Gras, c’est la vie » n’a pas réussi à vous convaincre, ben il ne vous reste plus qu’à… tester par vous-même !

Pour aller plus loin :




Les Rencontres mondiales du logiciel libre se mettent au vert

logo rmll 2017

Les Rencontres mondiales du logiciel libre sont organisées, chaque année dans une ville différente, par le groupe d’utilisateurs de logiciels libres local.

C’est un grand pouvoir et une grande responsabilité pour le GULL qui s’y colle. Il s’agit de proposer une formule qui fera le bonheur des geeks purs et durs comme des quidams souhaitant sentir le vent de la liberté.

Cette fois-ci, ce sont les copains d’Alolise, le chaton stéphanois, qui assument cette lourde tâche. Plongée dans le chaudron.

Salut les amis !  Vous pouvez nous présenter Alolise ?

C’est une chouette association. 🙂

Alolise existe depuis plus de 12 ans ! Les débuts étaient très « underground« , puis petit à petit sous l’impulsion des différents présidents et du petit noyau d’irréductibles, Alolise a su se créer une identité et commence à être connue.

Notre avenir (hors RMLL) est orienté vers la communication autour des CHATONS (Collectif d’Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires), car nous offrons une véritable AMAP Numérique sur Saint-Étienne et sa région, et aussi vers la poursuite du combat EDUNATHON contre les accords Microsoft – Éducation Nation, en proposant en partenariat avec la mairie des ordinateurs libres comme alternative auprès des écoles de la métropole.

On a aussi un gros projet de formation, mais chut … plus tard.

Vous organisez les Rencontres mondiales du logiciel libre à Saint-Étienne du premier au 7 juillet prochains. Ça va, la pression ?

Ça va. C’est une pression motivante. L’événement est pour bientôt, on a la tête dans le guidon mais on tient la barre et on avance en équipe.

Il faut savoir que pour certains d’entre nous c’est un combat pied à pied de plus de 18 mois…
Il nous tarde de retrouver une vie normale et de nous tenir éloignés de toute réunion pendant une période de convalescence d’au moins 6 mois…

On savait qu’on ne savait pas à l’époque exactement dans quoi on s’engageait (oui oui cette phrase a un sens )… On savait que ce serait dur, mais on ne voyait pas vraiment quels seraient les embûches et les barrières… Aujourd’hui c’est bon, on a bien fait le tour 😀 on sait assez précisément ce que ça représente en terme de blocages, de renonciations, de travail, de présence, de sacrifices familiaux ou amicaux… et ne parlons pas des carences de sommeil ou des montées de stress…

Le groupe qui n’a vraiment rien lâché tient dans les doigts d’une main, c’est les pitbulls, les teigneux ceux qui veulent que ça ait lieu coûte que coûte ! Ils me font monter les larmes aux yeux car on sait chacun ce qu’on a eu à traverser… Après le cercle s’étend avec la montée de l’intensité du dilettantisme. 🙂

Mais c’est un phénomène normal, je remercie chacun de ceux qui nous a consacré du temps même si c’est un quart d’heure, parfois c’est ce petit morceau de temps qui a fait la différence…

Voir en plein écran

Dites, ces RMLL, comme on dit, c’est quoi finalement ? Si je suis nouveau (ou nouvelle) dans le milieu libriste, en quoi est-ce que ça m’intéresse ?

Les RMLL c’est un cycle de conférences, débats, ateliers, spectacles et concerts réunissant débutants passionnés et professionnels du Libre. Cette année on souhaite en outre faire venir le grand public, les gens qui n’ont même jamais entendu cette association de mots : Logiciel Libre.

Les conférenciers viennent du monde entier, c’est l’objectif principal de ces « rencontres », faire se rencontrer les gens, discuter, apprendre, partager et en sortir avec de nouvelles idées et motivations pour le logiciel libre.

Cette année on veut faire se rencontrer : le monde professionnel (la couleur fuchsia du logo), le grand public, le politique (la couleur jaune), et la communauté libriste, les enseignants, les chercheurs (la couleur verte).

Si tu viens d’arriver dans le milieu libriste c’est un immense festival autour de la question d’une philosophie née dans le numérique avec une approche éthique et participative. Si tu viens d’arriver dans le milieu libriste peut-être que tu sais déjà que ce n’est pas un fantasme, mais que ça fait une quarantaine d’années que ce monde existe et que les RMLL, elles, sont présentes en France depuis 17 ans.

Enfin c’est un moment, une semaine plutôt, assez conviviale, où l’on peut apprendre beaucoup, beaucoup de chose et s’ouvrir à beaucoup, beaucoup de domaines (par exemple l’écologie dans le numérique, ou le théâtre libre, ou alors l’internet des objets, ou même la production artistique en creative commons, ou la sécurité informatique, de l’urbanisme, de la spéléologie, du management, enfin bon, va voir le programme ou viens échanger sur les réseaux sociaux ou par mail.

De plus cette année nous avons vraiment tenu à réunir 3 publics : le grand public, le monde professionnel et la communauté libriste,

Mais du coup, ces rencontres sont réservées à un public qui connaît déjà le logiciel libre ou bien…? (demande-t-on d’une voix innocente :p)

Tant d’innocence dans cette voix 🙂

Oui et non. Non ce n’est pas réservé à un public initié parce que le premier week-end est axé découverte et initiation. De grandes figures du libre viendront en parler et un bon nombre d’interventions (la majorité en fait) sont prévues pour un public qui ne connaît pas ce milieu (ou débute). Puis pendant la semaine les activités alterneront entre « pour les pros » et « découverte, pour débuter ». De toute façon, si un moment vous êtes perdus, sachez que le monde du Libre se construit autour du partage, vous pourrez demander autour de vous. Et si vous passez sur le Framablog, vous le savez certainement déjà.

Enfin les soirées sont bien évidemment grand public, c’est des concerts et du théâtre. D’ailleurs on vous invite à venir en famille ou avec vos proches.

Ceux qui connaissent le Logiciel Libre ne seront pas en reste. Il y a un bon nombre d’interventions pour eux, certaines sont même très très techniques. De plus il y a le 4 et 5 juillet le salon pro à la Manufacture. Ce sont les entreprises du libre de la région qui se réunissent pour des rencontres professionnelles. Et pour ajouter un peu de poids dans la balance, il se trouve que le 5 juillet se déroule à la Cité du Design (donc juste en face) la 27eme journée de l’ANSSI (où la c’est les pros de la sécurité informatique qui se réunissent).

La programmation est riche, avec beaucoup d’intervenants et de conférences. Elles seront rediffusées pour celles et ceux qui ne pourront pas venir (ou qui ne pourront pas se couper en trois) ?

Normalement oui, diffusées en direct et accessible ensuite sans problème. On devrait avoir quelques conférences traduites en langue des signes aussi.
Donc pas de panique là dessus. De plus ceux qui nous ont soutenu lors du financement participatif auront droit à une clef usb élaborée par nos soins.

Vous réussissez un coup de maître en invitant Cédric Villani qui est au top de sa popularité. 😉 Comment avez-vous fait ?

C’est pas encore fait en réalité. Cédric est très motivé pour venir, mais à ce stade il ne sait pas encore si son emploi du temps pourra lui permettre de le faire.
Sinon pour le faire venir, un peu d’audace et un grand sourire, le duo gagnant qui ouvre les portes.

Les RMLL ont traditionnellement du mal à attirer le grand public. Vous avez l’air bien décidés à y parvenir. Vous parlez d’un parcours ludique. Vous pouvez en dire plus ou c’est secret ?

Eh bien depuis début juin les stéphanois voient leurs bars et lieux de sortie envahis par des outils Libres. Une bonne entrée en matière pour le week-end du 1-2 juillet où tout le monde pourra suivre un parcours dans la ville de Saint-Étienne. Les grandes places de la ville seront alors investies pour inviter le public à découvrir le Libre, en apprendre plus et échanger sur le sujet.

L’organisation des RMLL demande beaucoup de temps, d’énergie, de disponibilité de la part des associations comme Alolise, mais demande aussi des moyens techniques, de l’espace et des moyens financiers. Avez-vous eu du mal à mobiliser et faire contribuer des partenaires institutionnels (municipalité, département, région…), des entreprises et des associations ?

Tu as raison, c’est un projet qui mobilise énormément de ressources, que ce soit technique, organisationnelles, financières et même sociales ou psychologiques. C’est un peu une course d’endurance, mais sur 18 mois. Certains partenaires ont été très volontaires dès le début du projet (notamment la mairie  et les autres associations libristes), du côté institutionnel c’est plus long à bouger (ce qui est normal d’ailleurs) mais au final on nous suit et on nous soutien. Par exemple la ville de Saint-Étienne nous aide beaucoup par son soutien, son aide, ses conseils, on sent de l’investissement et ça fait plaisir.
De manière générale oui on a eu des difficultés (qu’on aurait aimé ne pas avoir) mais tout rentre dans l’ordre, et c’est un peu le parcours de projets tels que celui-ci de rencontrer des obstacles. On fait front en équipe et on avance.

Combien de réunions avez-vous déjà organisées pour mettre en place cet événement, sous quelle forme ? Combien de bénévoles vont se lancer dans cette aventure?

Euh, beaucoup.
L’équipe se réunit tous les mercredis soirs depuis maintenant plusieurs mois. De plus on échange pas mal sur des réseaux tel que Mattermost. Donc réunion in vivo dès qu’on peut se retrouver sur Saint-Étienne, sinon vocale le mercredi pour ceux qui sont loin de la métropole (de Saint-Etienne 🙂 ) et compte-rendu écrit pour ceux qui ne pouvaient pas être là. Enfin, on est toute la journée à discuter ensemble par clavier interposé. C’est un peu une colocation mais sans la vaisselle.
Pour ce qui est des bénévoles, nous aurions besoin idéalement d’environ 80 personnes pour vivre une semaine sereine. Pour l’instant nous en sommes encore assez loin…

Quels sont les moments, animations, conférences que vous attendez avec impatience ? (oui, on le sait, c’est dur de choisir…)

C’est dur de choisir 🙂
Pour ma part je n’ai jamais vu Richard Stallman en vrai, donc je suis assez impatient de le voir (et aussi très angoissé de le rencontrer). Puis il y a une conférence sur la modélisation pour la spéléo (Therion, c’est long). J’adore ça, et l’intervenant, J-P Cassou, est une sacrée personnalité dans le milieu (son parcours est aussi impressionnant). Il y a aussi une intervention sur la méthode AGILE, je ne suis pas un grand fan des méthodes de management, mais justement ça me rend curieux. Si je n’aime pas, peut-être que je ne comprends pas bien ? non 🙂 ?

Les soirées : c’est une première d’avoir des soirées prévues DANS la programmation.
Les RPLL : c’est une première d’avoir « institutionnalisé » un salon pro pendant les RMLL, on sera très attentif à la réaction des gens et à leurs retours.
L’atelier CHATONS le vendredi : c’est une occasion unique de réunir un maximum de GULL ayant fait le choix de devenir chatons et de passer une journée de workshop pour faire décoller ce mouvement.

Avez-vous besoin d’aide dans les jours qui viennent ? Pour faire quoi, comment, par qui et à quel moment ?

OUI ! On a besoin de bénévoles pendant l’événement, ça c’est sûr. Les lieux sont assez grands et il nous faut du monde pour accueillir le public. Nous avons ouvert un framaform pour ça.
On a aussi besoin de vous tous, visiteurs, avec la meilleure énergie sur les lieux à partir du 1er juillet. N’hésitez pas à en parler autour de vous, à en discuter entre vous que ce soit en bien ou en mal d’ailleurs, c’est comme ça qu’on avance.
Enfin nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux, (@rmll2017 sur Twitter, Mastodon et Diaspora*). On passe aussi à la radio sur les prochaines semaines, le 22 sur Radio Loire à 11h et sur Radio Dio le 14 à partir de 19h. La semaine du 19 nous aurons plusieurs vidéos à partager aussi.

Enfin, comme toujours sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !

42 !  Et vous pouvez pas encore savoir combien ce chiffre sera important  pendant les RMLL2017 !
Plus sérieusement : un immense merci à tout ceux qui nous ont soutenu pour le crowdfunding, un immense bravo à l’équipe de 70 personnes qui fourmille dans l’organisation (attention c’est pas encore fini 🙂 ), à tout ceux qui nous relaient sur les réseaux, et courage à ceux qui nous supportent au quotidien (c’est bientôt terminé promis).
On se décarcasse pour faire de chouettes RMLL et on espère très sincèrement être à la hauteur.

Le thème des RMLL cette année : LIBRE ET CHANGE

Logo des RMLL

Site officiel : https://2017.rmll.info/




L’écosystème des contenus piratés

Catalogué illégal, le piratage de films et de séries fait pourtant partie du quotidien de beaucoup d’internautes, et il n’y a plus grand-monde pour faire semblant de s’en offusquer.

Des études ont même prouvé que les plus gros consommateurs de contenus piratés sont aussi par ailleurs les plus gros acheteurs de produits culturels légaux (voir ici et ). Il semblerait finalement que l’écosystème culturel illégal ne soit pas tant un concurrent, mais qu’il fonctionne plutôt en synergie avec le reste de l’offre.

Dans ce contexte, le site Torrent Freak, spécialisé dans l’actualité du peer to peer (pair à pair), publie un article qui s’interroge sur les enjeux du choix entre torrent et streaming.
Ces deux usages sont en effet bien distincts – d’un côté la logique pair à pair décentralisée du torrent, qui permet aux utilisateurs de stocker le fichier sur leur ordinateur et de le repartager ; de l’autre, les plates-formes de streaming centralisées, invitant à une consommation éphémère et unilatérale du contenu.
L’article qui suit nous invite à réfléchir à nos usages, et à leur incidence sur l’écosystème des contenus disponibles en ligne. Au fond, torrent et streaming incarnent deux visions d’internet sur le plan technique… et donc aussi sur le plan politique.

Image par nrkbeta – CC BY-SA 2.0

 

Article original sur le site de Torrentfreak : To Torrent or To Stream ? That is the Big Piracy Question

Traduction : santé !, jaaf, dominix, goofy, ilya, Opsylac, audionuma, xi, monnomnonnon + 3 anonymes

Torrent ou streaming ? Telle est la grande question du piratage

Dans un monde où les films et les séries sont si facilement accessibles via les plates-formes de streaming, pourquoi qui que ce soit irait encore se compliquer la vie à utiliser un site de torrent ? Question intéressante, qui soulève des enjeux non seulement pour l’avenir de la consommation pirate, mais aussi pour la santé de l’écosystème sous-jacent qui fournit les contenus.

Il y a peut-être six ans, tout au plus, on ne se demandait même pas où la plupart les pirates du web allaient se procurer leur dose de vidéos. Depuis de nombreuses années déjà, BitTorrent était le protocole incontournable.

Encore largement populaire aujourd’hui avec ses millions d’utilisateurs quotidiens, la consommation de torrent a pourtant ralenti ces dernières années avec la montée en puissance des plates-formes de streaming. Ces sites, avec leurs catalogues au design étudié et leurs interfaces façon YouTube, offrent un accès facile à un large éventail de films et de séries, presque aussi rapidement que leurs équivalents torrent.

Alors pourquoi, alors que ces services de streaming sont si faciles à utiliser, qui que ce soit irait s’embarrasser à télécharger des torrents relativement encombrants ? La réponse n’est pas immédiatement évidente, mais pour les personnes qui connaissent de près les deux options, c’est un enjeu assez sérieux.

Premièrement, se pose la question importante de la « propriété » du contenu.

Alors même que les gens ont accès à tous les derniers films sur streamingmovies123 ou sur whatever.com, les utilisateurs ne « possèdent » jamais ces streams. Ces derniers sont complètement éphémères, et dès qu’on appuie sur le bouton stop, l’instance du film ou de la série disparaît pour toujours. Bien sûr, on télécharge le fichier pour le visionner [dans les fichiers temporaires, NdT], mais il se volatilise ensuite presque instantanément.

Pour la même consommation de bande passante, l’utilisateur ou utilisatrice peut aller sur un site de torrents et obtenir exactement le même contenu. Cependant, il existe alors deux différences majeures. Premièrement, il ou elle peut aider à fournir ce contenu à d’autres, et deuxièmement, on peut conserver ce contenu aussi longtemps que souhaité.

Le stockage local du contenu est important pour beaucoup de pirates. Non seulement ce contenu peut ainsi être visionné sur n’importe quel appareil, mais il peut aussi être consulté hors ligne. Bien sûr, cela prend un peu de place sur le disque dur, mais au moins cela ne nécessite pas que streamingmovies123 reste en ligne pour en profiter. Le contenu peut être visionné à nouveau plus tard, restant potentiellement disponible pour toujours, en tout cas bien longtemps après que le site de streaming aura disparu, ce qui arrive bien souvent.

Mais alors que garder le contrôle sur le contenu est rarement un inconvénient pour le consommateur, la question des avantages du partage (téléversement) via BitTorrent est une affaire de point de vue.

Les utilisateurs des sites de streaming vont avancer, à juste titre, que sans téléversement, ils sont plus en sécurité que leurs homologues utilisateurs de torrents. Les utilisateurs de torrents, de leur côté, répondront que leur participation au téléversement aide à fournir du contenu aux autres. Les adeptes de torrents apportent en effet un bénéfice net à l’écosystème du piratage, tandis que les consommateurs de streaming ne sont (selon la terminologie des torrents) que des profiteurs (NdT : en anglais leechers, littéralement des sangsues…).

Il existe toute une nouvelle génération de consommateurs de streaming aujourd’hui qui n’a absolument aucune notion du concept de partage. Ils ne comprennent pas d’où vient le contenu, et ne s’en soucient pas. Ce manque « d’éducation pirate » pourrait s’avérer à terme préjudiciable pour la disponibilité du contenu.

Tant que nous sommes sur ce sujet, se pose une question importante : comment et pourquoi le contenu piraté circule-t-il à travers l’écosystème du Web ?

Il existe des routes établies de longue date qui permettent au contenu en provenance de ce qu’on appelle les « top sites » de glisser rapidement vers les sites torrent. Par ailleurs, les sites de torrent fournissent aux contributeurs P2P (pair à pair) indépendants des plates-formes de diffusion de leur offre au public. Sur ce plan, les sites torrent contribuent beaucoup plus à l’écosystème global du piratage que la plupart des sites de streaming.

Se pose également la question pas moins cruciale de l’origine des contenus des sites de streaming. Bien sûr, beaucoup des personnes impliquées dans ce domaine du piratage ont un accès direct ou indirect aux « top sites », mais beaucoup aussi se contentent de récupérer leurs contenus sur des sites torrent publics ou privés, comme pourrait le faire un utilisateur lambda. Il n’est pas difficile de comprendre qui dépend de qui ici.

Cela nous amène à la question de savoir comment ces deux sortes de piratage sont perçues par les intérêts hollywoodiens. Pas besoin d’être Einstein pour déduire que le torrent et le streaming sont tous deux l’ennemi, mais comme les plates-formes de streaming ressemblent davantage aux offres légales comme celles de Netflix et Amazon, elles sont généralement présentées comme étant la plus grande menace.

En effet, la montée des installations Kodi modifiées (et la réponse agressive qu’elles ont reçue) conforte cette idée, le piratage glissant de l’environnement relativement geek des torrents vers des interfaces faciles à utiliser, plus accessibles au grand public.

Ainsi, la question de savoir ce qui est mieux – le torrent ou le streaming – repose largement sur la préférence du consommateur. Cependant, pour ceux qui s’intéressent à l’écosystème du piratage, l’enjeu est de savoir si le streaming peut s’améliorer, ou même survivre, sans le torrent, et si soutenir uniquement le premier ne mènerait pas vers une voie sans issue.