Framabee, le (méta-)moteur qui va vous butiner le web !

Comme nous le disions dans un article précurseur de notre projet de Degooglisation d’Internet : « nous n’avons pas peur, nous ne sommes pas résignés, et nous avons nous aussi une vision à long terme pour changer le monde. »

Libérer votre porte d’entrée au Web.

Parmi les plus importants outils qu’il faut libérer au plus vite : les moteurs de recherche. La dépendance du Web envers Google, fait de ce dernier un acteur monopolistique tout-puissant dont le moindre frémissement des algorithmes fait pâlir d’effroi les webmestres les plus endurcis, et peut faire perdre beaucoup d’argent à plus d’un acteur économique. L’autre aspect du moteur de la Firme réside dans la gigantesque base de données qu’elle contribue à alimenter, avec le consentement plus ou moins conscient des internautes eux-mêmes, en enregistrant nos recherches… c’est à dire aussi nos envies, nos souhaits, nos rêves.

Devrions-nous pour autant réinventer la roue ? Nul besoin de dénigrer le moteur de Google qui, qu’on le veuille ou non, constitue un outil formidablement efficace pour effectuer des recherches sur Internet. Si de surcroît on combine ces recherches avec celles d’autres moteurs, moins puissants mais plus spécialisés, le résultat s’avère apporter une plus-value objective.

Il n’est plus guère nécessaire aujourd’hui de vous rappeler quelle importance a la sécurité des données. Tel est pourtant bien le cœur du problème et d’autres que nous l’ont compris depuis longtemps. Ils proposent des solutions très confortables, certaines encore à l’état de projet. Ils mutualisent les puissances des moteurs de recherches dont celui de Google (on les appelle des métamoteurs) tout en garantissant la sécurité de nos identités, ou bien encore en passant par d’autres protocoles comme le P2P :

Et Framasoft envoie : Framabee !

Framabee logoLe modèle de Dégooglisation d’Internet que nous proposons depuis octobre 2014 ne pouvait pas faire l’économie d’un moteur de recherche digne de ce nom. Nous avons donc choisi de lancer un métamoteur de recherche à la « sauce » Framasoft. Or, comme vous le savez, nos intentions ne se limitent pas à mettre en place des services.

Nous offrons un métamoteur de recherche aux visiteurs, au même titre que les autres services que nous proposons ou allons proposer, grâce à vos dons, dans le panier de services de notre projet Dégooglisons Internet. À terme, l’ensemble vise à faire la démonstration des alternatives aux services privateurs, de manière libre, éthique, décentralisée et solidaire.

Libre

Nous avons choisi d’utiliser Searx parce qu’avant tout, il s’agit d’un logiciel libre. Ensuite, pour son développement actif et, bien entendu, parce que les résultats retournés sont tout aussi pertinents, voire plus que ceux des moteurs de recherche classiques (bien entendu, puisqu’il vous propose un mix de tous les résultats).

Seeks est un vrai moteur de recherche qui va indexer le web et les différents nœuds communiquent en peer-to-peer. C’est quand même mieux, non ? Eh bien, il a fallu faire un choix, et si nous pouvons installer et customiser Searx (qui est écrit en Python), modifier Seeks qui, lui, est en C++… disons que la tâche est plus ardue. Framasoft n’est pas une association de développeurs (loin s’en faut) et nos bénévoles sont déjà bien surchargés, sans leur demander d’apprendre un nouveau langage. 😛

De plus Seeks n’a plus l’air en développement actif (le dernier commit date de plus de 6 mois), alors que son site indique qu’il s’agit d’une early release, c’est à dire un logiciel pas forcément tout à fait au point.

Éthique

Comme nous l’annonçons dans notre charte : nous ne vous suivons pas, nous ne vous traquons pas, et nous n’avons que faire de vos données personnelles, si ce n’est de vous aider à les protéger !

Décentralisé

Chacun est libre d’installer sa propre instance de Searx sur son propre serveur : vous ne dépendez nullement de Framasoft pour utiliser Searx. Vous pouvez même choisir votre instance préférée parmi toutes celles déjà ouvertes au public. 🙂

Solidaire

Nous voulons aussi montrer qu’il est possible d’installer un métamoteur sur son propre serveur, pour le compte de votre asso, de vos voisins, de votre famille… La facilité (relative) de son installation vous sera très prochainement expliquée sur Framacloud.

Les capacités de Searx :

  • différentes catégories de recherche ;
  • export des recherches : en json, pour en faire ce que vous voulez, en csv, pour l’utiliser dans un tableur et même sous forme de flux RSS pour surveiller les résultats de votre recherche ;
  • configuration : choisir un autre thème, utiliser une autre catégorie de recherche par défaut, (dés)activer des moteurs de recherche… Searx est configurable à loisir ! (les préférences sont enregistrées dans un cookie) ;
  • réponses rapides : par l’usage de l’API de Duckduckgo, vous aurez des encarts, des réponses rapides de ce moteur ;
  • intégration à votre navigateur : utilisez Searx directement depuis la barre de recherche de votre navigateur préféré.

framabee ajout

Et Searx n’est pas Google…

Jouons-la franc-jeu : tester Framabee, ce n’est pas nécessairement l’adopter !

En effet, vous pourriez trouver que les résultats de Framabee sont moins pertinents que ceux de Google (mais plus que ceux de Bing!, quand même 😛 ). Cela est dû à un phénomène très simple : la « bulle de filtre ». Ainsi, comme Google sait beaucoup sur vous (votre géolocalisation, votre âge, votre sexe, vos précédentes recherches, qui sont vos amis, etc), il peut vous proposer des résultats adaptés à votre profil. L’expert en sécurité informatique Bruce Schneier vient d’ailleurs de publier un ouvrage fort intéressant intitulé « Data and Goliath » qui traite largement de ce sujet. Vous pouvez aussi en apprendre plus sur le sujet en regardant la conférence TED donnée par Eli Pariser.

Autrement dit : Google vous enferme dans une « bulle » et traite vos recherches en fonction de ce qu’il pense que vous cherchez. Cela pose d’énormes problèmes culturels et éthiques.

  • Comment découvrir de nouvelles choses si mon moteur m’enferme dans des territoires connus ?
  • Un logiciel peut-il décider ce qui est bon pour un être humain, d’autant plus si on n’a pas la « recette » de ce logiciel ?
  • Comment s’assurer que le filtre de Google n’agit pas comme une forme de censure ?
  • Qui décide de ce qui doit apparaître ou pas dans les résultats, et comment s’assurer que quelqu’un n’a pas payé Google pour « remonter » un résultat ?
  • etc.

Or, Framabee ne conserve — volontairement, c’est une fonctionnalité, pas un bug ! — aucun historique de vos recherches. Par conséquent, vous n’êtes dans aucune « bulle », sauf éventuellement celle de la langue des résultats, et encore cela peut se désactiver. Mais la contrepartie de cette liberté, c’est que vous pouvez perdre en confort (c’est à dire des résultats adaptés à ce que la machine pense que vous cherchez).

Par ailleurs, Framabee ne résout pas le problème de l’index des moteurs de recherche. Comme nous l’avons dit plus haut, Framabee est un méta-moteur, c’est-à-dire qu’il interroge (de façon anonyme) différents moteurs, et récupère puis vous affiche les résultats qui lui sont transmis. Cela pose donc la question de la taille des bases de données (ou « index ») des moteurs. Le site worldwidewebsize.com estime la « taille » du web indexé par Google (et donc du web visible par le moteur googlebot) à 45 milliards de pages web. Avoir un moteur capable d’indexer autant de pages, et une infrastructure en mesure d’exploiter cette base de données colossale de façon efficace coûte une fortune (plusieurs dizaines de millions d’euros au bas mot). Il est donc totalement impossible à Framasoft, association loi 1901, de proposer un moteur « 100% indépendant ». Wikipédia nous apprend d’ailleurs qu’il ne reste que très peu de « vrais » moteurs de recherche.

La solution à ce problème viendra — espérons-le — peut-être de logiciels libres en pair-à-pair comme Yacy. Mais les ressources de Yacy (communauté de quelques bénévoles) sont sans commune mesure avec celles de Google (55 000 employés et 66 milliards de dollars de chiffres d’affaires).

Mais Google est mon ami… non ? (non).

Ah ! Ces amis qui sous prétexte de t’aider à retrouver tes clés s’incrustent chez toi, fouillent dans ta garde-robe, tapent dans ton frigo et en profitent pour dépiauter ton courrier…

Framabee permet de virer du moteur de Google toutes les cochoncetés qui y ont été mises… par Google ! Et ce, tout en invitant d’autres moteurs de recherche à affiner les résultats. Pour reprendre l’analogie, c’est dire à notre pique-assiette : « tu ne rentreras chez moi qu’à mes conditions, avec respect… et accompagné d’autres potes. »

Framabee (ou votre propre instance de Searx en suivant notre tutoriel d’installation) est un outil de plus pour vous aider à reprendre les clés… de vos Internets. À vous de l’utiliser (et de le faire connaître). Rendez-vous dès maintenant sur :

  • Framabee.org, l’abeille qui vous butine le web ;
  • Trouvons.org, la version sérieuse pour le boulot ;
  • et si vous avez un doute, vous n’avez qu’à demander à Tonton Roger 😉

Enfin, si vous souhaitez (comme nous : promis ça marche très bien !) utiliser Framabee comme moteur de recherche, il vous suffit, lorsque vous êtes sur la page d’accueil du moteur, de cliquer sur l’icône de préférences et de choisir « Ajouter Searx à votre moteur de recherche », puis de l’ajouter comme moteur par défaut.

Vous pouvez aussi suivre les instructions de l’animation ci-dessous.

PS : toute la FramaTeam tient à remercier Asciimoo et toute l’équipe de contribution de Searx pour leur boulot, Framasky pour avoir mené à bien le projet… Et surtout nos donateurs et donatrices qui, par leur soutien, nous donnent les moyens de continuer à Dégoogliser Internet. Voici une nouvelle étape de franchie grâce à vos dons.

framabee




MyPads point de la semaine 18

Nouvelle semaine, nouveau point hebdomadaire. Avec quelques jours de retard puisque celui-ci aurait du paraitre jeudi dernier.

img-mypads-ulule2Les tâches réalisées

La semaine dernière, nous avons abondamment parlé d’une anomalie gênante autour d’Etherpad, de yajsml et de MyPads. Une solution de contournement a été trouvée mais devra être confirmée : pour réinstaller le plugin, il semblerait qu’après l’avoir désinstallé, la suppression forcée du cache NPM (se situant en général dans un répertoire caché, /home/user/.npm) permette de ne plus éprouver le problème. Nous verrons une fois MyPads publié sur NPM, et non installé en local, si ce contournement deviendra inutile et mettrons en œuvre ce qu’il faudra pour améliorer la situation si ce n’est pas le cas.

En dehors de cela, cette semaine a été consacrée essentiellement au module de gestion des groupes avec l’affichage de la liste des groupes, leur création. À propos de la notion, centrale, de groupe dans MyPads :

  • chaque utilisateur, authentifié, peut créer un nombre illimité de groupes;
  • ceux-ci contiennent chacun un nombre illimité de pads;
  • chaque groupe dispose d’un identifiant unique en base de données et d’un label;
  • au niveau du groupe, il est demandé de définir une visibilité pour les pads qui seront contenus
    • restreinte : uniquement pour les personnes explicitement invitées, lesquelles devront posséder ou créer un compte sur l’instance MyPads;
    • privée : accès restreint à l’utilisation d’un mot de passe et dans ce cas, un compte n’est pas nécessaire;
    • publique : les pads contenus sont accessibles par leur adresse Web, comme c’est le cas aujourd’hui sans MyPads.
  • cette visibilité est appliquée par défaut mais pourra être écrasée individuellement pour chaque pad contenu;
  • un groupe pourra être mis en lecture seule, pour consultation uniquement;
  • chaque groupe pourra voir son administration partagée avec d’autres utilisateurs, qui pourront alors en modifier les propriétés et y créer des pads;
  • en plus de ce qui était prévu initialement
    • chaque utilisateur pourra mettre en favori un ou plusieurs groupes auxquels il participe;
    • il sera possible d’associer des étiquettes (tags) pour chaque groupe.

Semaine 19

Le travail sur les groupes va être poursuivi. En théorie, nous devrions obtenir en fin de semaine :

  • la suppression des groupes;
  • les étiquettes, favoris;
  • les filtres et la recherche dans la liste de groupes;
  • les tests fonctionnels qui vont avec le module groupes.

Lorsque la gestion des groupes sera terminée, celle des pads arrivera rapidement, puisque cette dernière sera similaire à celle des groupes, et même simplifiée par rapport à elle.
Rendez-vous en fin de semaine pour le prochain point.

MyPads, week 18

New week, new point with a delay of couple of days : this news should have been published last Thursday

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Tasks done

Last time, we’ve copiously talked about an annoying bug around Etherpad, yajsml and MyPads. A workaround has been found but must be confirmed : to install the plugin again, it seems that, after uninstalling it, a forced removal of NPM cache (which resides into a hidden directory, like  /home/user/.npm) helps to not suffer from the problem. We’ll check after MyPads publication under NPM public repository if this workaround becomes useless. We’ll work to improve the situation otherwise.

Apart from this bug, the week has been mostly dedicated to group management module : list display, creation. About the groups main concept in MyPads :

  • every user, authenticated, can create an unlimited number of groups;
  • those one can contain one or more pads;
  • each group has a database unique identifier and a name;
  • for each group, you’ll have to define a visibility level for linked pads
    • restricted : only invited users can view and edit pads, people who need a MyPads account;
    • private : the access is protected by a password, in this case, the account isn’t mandatory;
    • public : pads are accessible through their Web address, like in classical Etherpad.
  • this visibility property is applied by default to all attached pads but can be overwritten for each pad;
  • a group can be set up on read-only mode;
  • each group can be shared with other users, then they will be able to edit its properties and create new pads into it;
  • bonus elements
    • each user can bookmark one or more groups;
    • tags can be assigned to each group.

Week 19

Work in groups management will continue. In theory, we should get, at the end of the week :

  • group removal;
  • tags and bookmarks implementation;
  • research and filters from the group list;
  • functional testing of the groups module.

When the groups management will be finished, pads management will be out quickly, because it will be similar, and even simplified.
See you at the end of this week for the next point.




MyPads point de la semaine 17

Comme annoncé la semaine dernière, c’est désormais un point hebdomadaire qui émaillera le travail autour de MyPads. Cette semaine n’aura pas été de tout repos et les avancées visibles sont malheureusement peu nombreuses. Explications.


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Les travaux

La mise en place des tests fonctionnels client, simulant une navigation réelle, a occupé les premiers jours de développement. Ensuite MyPads a subi quelques modifications pour fonctionner avec la version 4 d’Express, le cadre de développement sur lequel repose Etherpad et donc MyPads. Cette migration a été initiée par le tout premier contributeur externe au plugin, et a été rendue nécessaire par la migration d’Etherpad une semaine plus tôt.

Cette migration a été l’occasion de tester à nouveau la compatibilité de MyPads avec Eherpad. Cela peut sembler étonnant, mais MyPads est développé de manière autonome vis à vis d’Etherpad et est régulièrement testé en tant que plugin Etherpad, pour les raisons suivantes :

  • accélérer le développement et éviter de devoir relancer Etherpad voire réinstaller le plugin à chaque modification;
  • permettre les tests unitaires et fonctionnels serveur, très difficile sinon à partir d’un plugin Etherpad, isoler une base de tests du reste de l’instance;
  • conserver une forme d’indépendance vis à vis du cœur d’Etherpad : afin de ne pas nécessiter des modifications d’Etherpad lui-même et de limiter les régressions en cas de changements internes de ce dernier.

Malheureusement le fonctionnement de MyPads s’est révélé erratique : parfois correct, parfois non. Pour les techniciens, seules les méthodes GET et HEAD sont autorisées et toute autre méthode HTTP est refusée. Le problème, nouveau, est intimement lié au logiciel intermédiaire (middleware) yajsml, lequel est employé par Etherpad afin d’optimiser les requêtes des fichiers dits statiques (scripts, images, styles etc). En théorie, les requêtes prises en charge par MyPads ne devraient pas être impactées par ce logiciel intermédiaire, mais pour une raison mal comprise, elles le sont parfois.

Le problème, c’est que MyPads fonctionne autour d’une interface de programmation standard, une API HTTP REST, sur laquelle se connecte le client Web, et qui permettra à d’autres clients ou à des outils tiers de voir le jour. La résolution du soucis n’est pas aisée : l’anomalie intervient de manière aléatoire. Peu de plugins sont touchés car la plupart ne définissent pas leurs propres routes HTTP. Même si yajsml est modifié pour résoudre le soucis, il faudra que la fondation Etherpad accepte le patch et l’intègre avant de pouvoir retrouver une fonctionnement correct de MyPads. Or, il semble que yajsml sera bientôt remplacé par une technologie plus standard.

D’autres résolutions ont été envisagées, du fait de la situation de yajsml, et entre autres :

  1. Substituer, comme certains plugins le font,  l’API HTTP REST par une API basée sur socket.io, la technologie employée par Etherpad pour la collaboration en temps réel et qui repose en premier lieu sur le standard WebSocket. Cette voie a été expérimentée cette semaine mais représente une charge considérable de travail et la réécriture de nombreux modules. De plus, il ne s’agit pas d’un remplacement propre : MyPads y perd une méthode de communication plus standard ainsi que son système d’authentification, lequel avait été choisi pour permettre à terme une connexion depuis des comptes externes ou encore un annuaire LDAP, OpenID etc
  2. Faire de MyPads une application indépendante, de fait non plus un plugin, qui gèrerait les accès des utilisateurs aux pads en fonction des groupes définis. Le problème de cette solution est de complexifier l’installation de MyPads et de risquer des incompatibilités avec certains autres plugins. Aussi, nous sortirions de fait du cadre du cahier des charges initial.

Il a été décidé que la dernière piste ne serait à employer qu’en cas de dernier recours et c’est la migration vers socket.io qui a été d’abord privilégiée. Néanmoins, à la vue du travail nécessaire et surtout des pertes fonctionnelles que cela risque d’amener, cette solution ne sera pas poursuivie.

La semaine prochaine

Le travail va reprendre sur la version HTTP REST standard qui a été développée jusqu’ici. Il est prévu :

  • qu’étant donné que la suppression du yajsml n’arrivera qu’à un terme inconnu, il faudra dépister l’anomalie et la résoudre, ou au moins proposer un contournement simple;
  • de poursuivre le développement, moins actif que prévu cette semaine, avec notamment
    • le passage d’une authentification en propre classique vers JSON Web Token, dont le travail a commencé cette semaine avec le test de socket.io, de manière à renforcer la sécurité des échanges de données chiffrées entre serveur et client;
    • les groupes et pads, évidemment.

Rendez-vous jeudi prochain pour le point de la semaine 18.

MyPads week 17

As announced last week, we now give some news about MyPads development weekly. Last couple of days haven’t been picnic and few enhancements are visible. Explanations below.

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Work

Frontend functional testing setup, aiming to simulate real navigation, has filled the first days. Then MyPads has been updated to work with Express version 4. Express is the framework which powers Etherpad and so MyPads. This migration has been introduced by the very first MyPads external contributor, and was necessary because of the Etherpad migration a week earlier.

These modifications were a good moment to test MyPads’compatibility towards Eherpad. That can be surprising but MyPads has been programmed independently from Etherpad and is regularly tested as an Etherpad plugin, here’s why :

  • speeding up the development and avoiding Etherpad reboot or plugin re-installation at each update;
  • allowing unit and functional server testing, quite hard from an Etherpad plugin, and isolate a test database from the whole node;
  • retaining a distance regarding Etherpad core in order to avoid need of Etherpad updates and limit regressions in case of internal modifications of it.

Sadly MyPads behavior becomes erratic : sometimes correct, sometimes buggy. For technicians : only GET and HEAD HTTP verbs were allowed and all other method has been forbidden. This problem seems to be linked to the yajsml middleware, used by Etherpad in order to optimize static files requests (scripts, images, styles etc). In theory, MyPads handled routes should not be impacted by this middleware, but for an misunderstood reason, they sometimes are.

Problem is that MyPads is based on a standard home-defined HTTP REST API, which the Web client connects to. This interface may allow other clients and third party tools to be created more easily. Debugging the problem is not an easy task, due to the randomness of the behavior. Few plugins should be concerned because most of them don’t define their own routes. Even if yajsml is updated to fix the issue, the Etherpad developers will have to accept the patch and merge it before we have MyPads working correctly. Now it seems that yajsml will be soon replaced by a more standard technology.

Others resolutions have been considered, regarding to yajsml situation :

  1. Replace, as others plugins do, the HTTP REST API by a socket.io one. socket.io is the technology used by Etherpad for realtime collaboration, that use as a first class citizen the WebSocket protocol. This approach has been tried this week but requires a considerable amount of work and many modules rewriting. Moreover, it’s not a proper replacement : MyPads loses its more standard communication method but in addition its authentication system, which have been chosen to allow, later, connection through external accounts,  LDAP directory, OpenID etc
  2. Move MyPads from a plugin to a standalone application, which handle user access according to created groups and pads. Problem with this solution : harden the MyPads installation, risks of incompatibilities with some other plugins. Also, making a standalone app won’t conform to the initial specifications.

We have decided to follow the last proposition only as a last resort. The migration to socket.io has been preferred but, with the light of required work and moreover functional looses, it won’t continue.

Next week

Work will be resumed on the HTTP REST version, the one developed until now. We expect :

  • because yajsml removal won’t happen before an unknown time, it will be important to find and fix the bug, or at least to provide a simple workaround;
  • move forward, with
    • migration from a classical authentication to JSON Web Token, which has been partially done this week as part of socket.io test, in order to harden encrypted data exchanges between client and server;
    • groups and pads, obviously.

See you next Thursday for week 18 point.




MyPads : développement, point numéro 3

Cela fait déjà plusieurs semaines que le dernier point concernant MyPads a été écrit. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, MyPads est le plugin Etherpad, et donc Framapad, qui va apporter la gestion des groupes et pads privés pour chaque utilisateur enregistré.

img-mypads-ulule2L’avancement

Ces dernières semaines ont été moins actives que les précédentes. Malgré cela, c’est toujours l’interface client qui a été travaillée avec la réalisation de :

  • la page de connexion et l’authentification associée ;
  • la page de souscription de compte ;
  • la gestion du profil utilisateur.

À court terme

Le développement reprendra une activité soutenue dès cette semaine. Les premiers éléments des modules de gestion de groupes et pads seront posés et avant la fin du mois une première version de tests sera proposée pour les personnes intéressées. L’objectif poursuivi est l’obtention d’une version stable dans la première quinzaine du mois de mai. À partir de maintenant, un point hebdomadaire sera réalisé.

MyPads : third feedback

Three weeks ago we’ve made a second point about MyPads development. For those who don’t know yet, MyPads is an Etherpad plugin, and so Framapad, which will bring private groups and pads management for registered users.

img-mypads-ulule2Progress

Last weeks have been less active than previous ones. Nevertheless, the Web client interface has seen some work with :

  • login page and authentication;
  • account subscription;
  • user profile management.

Short term

The development will go back to regular activity this week. Groups and pads first pieces will be set up and, before the end of April, a first preliminary test version will be available for interested people. We plan to get a stable version within the first two weeks of May. As of now, weekly news will be sent.




Framapad : le renouveau

Depuis le lancement de Framapad en 2011, son succès ne s’est pas démenti. Pour preuve, nos serveurs s’écroulent ! C’est pourquoi, depuis maintenant près de 2 ans, nous multiplions les instances d’Etherpad afin de garder un service réactif.

Les soucis à répétition sur notre infrastructure qui ont eu lieu pendant les deux premiers mois de 2015 ont monopolisé notre attention. Du coup, la dernière instance de Framapad, lite5, s’est retrouvée à héberger près de 90 000 pads ! Depuis son lancement à la mi-octobre, cela fait quand même 18 000 pads par mois, soit 600 nouveaux pads par jour, ou 25 pads par heure !

La nouvelle instance, lite6.framapad.org, mise en place il y a peu n’est pas hébergée sur le même serveur que les autres, ce qui devrait permettre de proposer des framapads plus réactifs et moins soumis aux plantages.

Évolution du nombre de pads sur lite6, en semaines :

Nombre de pads créés (lite6)
Évolution du nombre de pads créés, par semaine.

Les problèmes… et leur réponse !

Les pads vides

Un souci que nous rencontrons est la création de pads vides, jamais utilisés. Il s’agit le plus souvent d’une erreur de frappe dans l’adresse du pad lorsque l’on souhaite s’y rendre. Si ces pads ne prennent pas vraiment de place dans la base données, ils la polluent cependant : l’index de celle-ci grossit… pour rien !

C’est pourquoi Luc, notre gentil adminSys/codeur/râleur a codé un plugin Etherpad qui supprime automatiquement les pads vides.

Les pads qui ne servent plus

La base de données enfle toujours plus, alors que de nombreux pads ne sont plus utilisés. Nous recevons aussi de temps en temps des demandes de suppression de pads pour diverses raisons. Notre réponse ? Des pads temporaires !

Le plugin Etherpad Delete after delay, toujours codé par Luc nous permet maintenant de proposer des pads qui s’autodétruiront 24 heures, 7 jours, 31 jours ou 365 jours après la date de la dernière édition (pas la date de création, attention !).

Pour accéder aux framapads temporaires, vous pouvez vous rendre sur :

Ces différentes instances sont également proposées sur https://framapad.org.

creer un pad

Quand à l’instance https://beta.framapad.org elle porte bien son nom, puisqu’elle nous permet de tester certains plugins (commentaires, tableaux…) qui seront ajoutés sur les instances suivant leur intérêt et leur stabilité.

Les vieilles instances

Lite, lite2, lite3, lite4 et lite5 fonctionnent toujours, mais nous ne permettons plus la création de nouveaux pads dessus, étant donné l’instabilité régulière de ces instances (la chanson de JcFrog a bien failli achever le serveur, en lui amenant plein de nouveaux utilisateurs).

Afin de soulager notre infrastructure, nous passerons prochainement ces instances en mode lecture seule : vous pourrez toujours accéder (et télécharger) au contenu des pads, mais ceux-ci ne seront plus éditables. Ce passage en « read-only » sera effectué grâce au logiciel Padro créé par le bouillant Luc (encore lui !) pour répondre à nos besoins. Il faut dire que comme c’est lui qui s’occupe principalement des serveurs, il fait tout pour avoir le moins de problèmes possible !

Vous pourrez également, lorsque la prochaine version d’Etherpad sera sortie, accéder aux révisions sauvegardées de vos pads via Padro.

EDIT : la nouvelle version d’Etherpad est sortie (la 1.5.2) entre la rédaction et la publication de ce billet. Ce n’est donc plus qu’une question de disponibilité de Luc.

Et MyPads ?

Comme indiqué dans l’article publié récemment le développement du plugin de pads « privés » MyPads se poursuit.

Vous devriez pouvoir d’ici quelques jours tester une version alpha du plugin, et nous visons toujours une sortie officielle et un déploiement sur Framapad d’ici quelques semaines.

 

Mais alors, Framasoft fait du code ?

Non, toujours pas. L’inoxydable Luc a codé les plugins et Padro pour répondre à nos besoins et résoudre les problèmes que nous rencontrons, comme tout adminSys en telle situation 🙂

Et MyPads fait suite à notre campagne de financement participatif : Framasoft a pu passer un contrat pour faire développer MyPads grâce à ce financement, mais ce n’est pas Framasoft qui produit le code.




MyPads : second point sur le développement

Deux semaines se sont écoulées depuis le premier point sur MyPads, qui est pour rappel le plugin Etherpad, et donc Framapad, qui apportera la gestion des groupes et pads privés par utilisateur.

MyPads

L’avancement

Comme prévu, les dernières tâches ont été consacrées au début du développement de l’interface Web de MyPads, et plus précisément :

  • la mise en place de l’environnement de développement : browserify, watchify… ;
  • l’emploi d’un serveur HTTP de test autonome afin de fluidifier le travail de test et de relance ;
  • la mise en page générale et sa feuille de style associée, avec prise en compte de différentes tailles d’écrans (responsive) ;
  • la création de modules transversaux : système de notifications, infobulles, validation des saisies….

Pour ceux que cela intéresse, le code client repose entre autres sur Mithril.JS, Lodash, JSS.

La suite

D’ici quelques jours seront avancés les modules pour :

  • l’authentification et la souscription de compte en propre ;
  • la page de profil utilisateur ;
  • les tests fonctionnels pour ces modules.

Une fois cela réalisé, une version alpha sera proposée, qui emploiera la toute dernière version du code et sera remise à plat chaque jour. Elle sera disponible en anglais et en français.

Suivront bien entendu le module d’administration et ceux qui seront les plus utiles pour MyPads, à savoir la gestion des groupes et des pads. Notez que vous pouvez toujours suivre les avancées sur notre instance Gitlab, ou sur son miroir Github.

MyPads : second feedback

Two weeks have passed since our first point about MyPads development, the Etherpad plugin, and so Framapad plugin, which will bring groups and private pads managements per user.

MyPads

Progress

As intended, recent tasks have been dedicated to the MyPads Web user interface development, and more precisely:

  • setup of the front-end development environment : browserify, watchify
  • usage of a mockup HTTP server in order to make the workflow better
  • global layout and its stylesheet, responsive design included
  • development of common modules : notification system, tooltips, data validation….

For those who are interested about technical details, front-end code is based, among others, on Mithril.JS, Lodash, JSS.

Next steps

In the coming days you will see progress on modules:

  • authentication and subscription
  • user profile
  • setup of functional unit testing for these modules.

Once done, an alpha version will be setup online. It will use the latest commit and will be daily updated. It will be available both in English and French.

Of course, the administration and the most important modules of MyPads will come soon after that: groups and pads management. Note that you can follow MyPads progress on our Gitlab instance, or our Github mirror.




Huit.re, Framapic, Framabin : Framasoft met les bouchées triples.

Après un mois de janvier si mouvementé qu’il nous a donné du travail jusqu’en février, nous avons pu reprendre le cap fixé par notre (modeste) Plan de Libération du Monde : Dégoogliser Internet.

À notre sens, il faut reconquérir les Internets service après service, afin de proposer au plus grand nombre des applications Libres, Ethiques, Décentralisées et Solidaires. C’est ce que nous avons fait vendredi en ouvrant notre GitLab alors que Google code ferme ses portes. C’est ce que nous poursuivons aujourd’hui en vous proposant trois services simples, efficaces, mais qui (nous l’espérons) faciliteront la vie d’un grand nombre d’internautes dans le plus grand respect de leurs libertés.

Huit.re, la perle des raccourcisseurs d’URL

huitreEnfin un service qui ne s’appelle pas frama-machin !! (bon, OK, on y accède aussi sur frama.link :p ). Huit.re vous permettra de raccourcir vos URLs en huit petits caractères… et sera donc le mollusque qui cache la forêt de caractères qui forme souvent une troooop loooooongue adreeeeessse weeeeb.

À l’instar de bit.ly ou de goo.gl, vous pourrez l’utiliser pour gazouiller sans craindre de perdre trop des précieux 140 caractères auxquels vous avez droit. Vous pourrez enfin transmettre une adresse web par sms ou téléphone sans y passer trois heures…

Mais à la différence de ces géants du web centralisé, huit.re est basé sur LSTU (Let’s Shorten That URL), un logiciel libre que les barbu-e-s de tout poil peuvent s’empresser d’étudier, améliorer, bidouiller… Donc non seulement on sait ce qui se trouve derrière, mais en plus il est placé sur les serveurs de Framasoft. Et l’on vous rappelle qu’on s’est engagés sur une Charte respectueuse de vos libertés et vos données, ainsi que sur des conditions générales d’utilisations claires et précises.

Bref : on a enfin de quoi faire taire Pouhiou quand il clame à qui veut l’entendre que : « Les huîtres, c’est le mal » ! [1]

Framapic, le lutin qui héberge vos images les yeux fermés

Basé sur le logiciel libre LUTIm (Let’s Upload This Image), un projet perso du bouillant framasoftien Luc Didry, Framapic est un moyen simple et sécurisé de partager et publier vos images en ligne. Attention, il ne s’agit pas d’un gestionnaire de collection de photos à la Picasa… Simplement d’un hébergement d’images comme Imgur ou hostingpic, qui supporte tous les formats (même le GIF !)

gif jif gege

Sauf qu’en plus d’être un logiciel libre, LUTIm est un logiciel qui offre bien des avantages :

  • Possibilité d’autodestruction de l’image après la première vue (avec le petit lien « corbeille ») ;
  • Possibilité d’effacer l’image de nos serveurs au bout d’un jour, une semaine, un mois, un an… (au choix) ;
  • Intégration facilitée (et jolie) à Twitter, Facebook, etc. pour vos images (et même vos GIFs !) ;
  • Téléchargement facilité (par une URL spécifique) ;
  • Code ouvert et disponible sur notre GitLab pour tous ceux qui veulent y contribuer voire se l’installer sur leur serveur. ;
  • Chiffrement des images sur nos serveurs.

Et le chiffrement, ça change tout. Cela signifie que nous n’avons pas la possibilité de voir vos images (pas sans la clé que vous détenez dans votre URL, et pour la récupérer il faudrait qu’on active les journaux (logs) du reverse proxy qui est devant Framapic, et ça c’est pas dans notre charte…)

Cela signifie que vos images vous appartiennent, et qu’on n’a pas à mettre nos nez dedans. Attention ! Notez bien les URL des images envoyées sur Framapic : sans elles et la clé de chiffrement qui y est, vous ne pourrez plus y accéder.

Framabin, pour partager vos secrets en mode mission impossible

Nous avons pimpé le très célèbre (et très libre) Zérobin de SebSauvage afin de le rendre assez beau pour que votre grand-père vous partage en toute sérénité le secret si bien gardé de son coin à champignons.

framabin papy

Framabin est un rêve de gosse nourri aux Missions Impossibles, Alias et autres James Bond : partagez un message qui s’autodétruira dès le premier accès. Ou au bout de 5, 10 minutes. Ou d’un jour, une semaine, un mois, un an…

Bien entendu, le message est chiffré, ce qui fait que nous ne pouvons pas (à aucun moment) consulter le code de la carte bleue de votre maman quand elle le partagera avec vous sur Framabin pour que vous lui achetiez un superbe T-Shirt sur EnVenteLibre

Et le top, c’est que vous pouvez carrément utiliser Framabin comme un lieu de conversations secrètes, où chaque personne possédant le lien peut commenter ce qu’a écrit l’autre. Cela sert bien entendu pour ce bout de code qui va révolutionner les Interwebs (même qu’il y a de la coloration syntaxique), mais aussi pour bien comprendre et discuter le secret du tajine aux olives que votre cousin garde jalousement.

Libérez vous ! (même de Framasoft :p )

Tous ces services sont là pour vous (et aussi pour les Dupuis-Morizeau notre fameuse famille-témoin résidant en Normandie). Mais ils sont aussi et surtout là pour démontrer que lorsqu’on veut faire un Web et des applications respectueuses de… de nous, en fait : ben c’est possible. Le chiffrement, le logiciel libre et la confiance en l’hébergeur du service sont des piliers indispensables à ce respect.

Mais plus que tout, nous ne voulons pas devenir le « Google du libre ». C’est bien pour cela que vous retrouverez, sur notre blog Framacloud, tous les tutoriels nécessaires pour « cultiver votre jardin », c’est-à-dire pour installer vous-même ces applications sur votre propre serveur (ou celui de votre famille, votre asso, votre collectivité, votre entreprise…)

C’est en se rendant indépendants, en s’apportant nos expériences les uns aux autres et en disséminant du Libre un peu partout que nous arriverons ensemble à vraiment Dégoogliser Internet.

À vous de partager, désormais.

[1] cf. #Smartarded, p. 172.




Un poids lourd du Libre sur un nuage douillet

Cozycloud, le petit nuage qui monte qui monte… avec Tristan Nitot !

On croyait en avoir fini avec Tristan Nitot, qui après d’émouvants au revoir à Mozilla et à la communauté du libre, allait prendre une retraite bien méritée. On l’imaginait déjà chevauchant telle Brigitte Bardot son terrible engin, parcourant le monde sur sa moto et ne revenant à intervalle régulier à la surface de son blog que pour nous livrer sa vision de l’état actuel du flicage et des moyens de s’en affranchir.

Eh bien c’est raté, le revoici sous les feux de l’actualité high-tech, mais toujours sous la bannière du libre et des valeurs qu’il a toujours défendues. Pour en savoir plus sur Cozycloud, le rôle que va y jouer maintenant Tristan, nous avons soumis deux individus à nos questions et ils ont eu la bonté d’y répondre en nous donnant la primeur. Voici donc les interviews successives de Frank Rousseau et de Tristan Nitot, en exclusivité pour le Framablog.

 

Bonjour Frank Rousseau, merci de bien vouloir nous parler de Cozy dont tu es le fondateur et le directeur technique, avec un parcours de libriste intéressant. Cozycloud, c’est quoi exactement ?

Cozy est une plateforme qui permet de démocratiser le serveur personnel. Pour faire simple Cozy permet d’avoir des services de gestion de calendriers, de contacts, de fichiers et de mails sur une machine qu’on garde à la maison ou en ligne. Il se synchronise aussi avec notre téléphone et nos ordinateurs. C’est ce qu’on appelle un cloud personnel.
Pour être plus précis, avec Cozy on peut déployer des services web sur une machine à soi aussi facilement que sur un smartphone. L’objectif est de permettre aux utilisateurs de services web de reprendre la main sur le stockage et le traitement de leurs données. Ainsi non seulement leur vie privée est respectée, mais en plus ils peuvent mieux exploiter les données en les faisant travailler de concert.
Exemple : avec Cozy, quand je rentre un contact dans mon téléphone, toutes mes applications sont informées. Je n’ai donc pas à saisir à nouveau le contact dans mon appli de partage de photos ou mon client mail). En faisant sauter plein de petites frictions comme celle là, Cozy vise à rendre notre vie numérique beaucoup plus simple… vous allez pouvoir arrêter de taper sur vos appareils !

Si je vous confie mes données en ligne, qu’est-ce qui me garantit que vous n’allez pas être obligés d’en donner l’accès à des services secrets (crainte et méfiance…) comme c’est le cas avec les entreprises américaines ?

Pour les services secrets c’est compliqué, car ça tombe sous le coup de la loi. L’idée est de dire que vos données sont stockées sur un espace vous appartenant. Quiconque s’y introduit sans votre permission est donc en infraction. Si une loi comme la loi de Programmation Militaire autorise les services secrets à entrer par effraction, ils sont donc dans la légalité et ce sera difficile pour votre hébergeur d’en refuser l’accès. Eh oui le problème n’est pas que technique…
Mais bon si vraiment ça vous embête, pour y remédier vous avez trois solutions :

  • soit vous chiffrez toutes vos données en conservant la clé de chiffrement de votre côté (fonctionnalité non présente pour l’instant dans Cozy). Mais dans ce cas l’usage de votre nuage personnel devient difficile : vous ne pouvez pas vous permettre de perdre votre clé et l’indexation d’information est difficile ;
  • soit vous déménagez votre nuage vers un hébergeur en qui vous avez davantage confiance ou dans un pays avec une juridiction compatible avec vos exigences ;
  • soit vous vous hébergez chez vous avec les contraintes associées : gestion du matériel, des sauvegardes, des mises à jour et de l’installation.

…et en ce qui concerne la commercialisation des données, ça fait partie des projets (crainte et méfiance, bis) ?

Ça n’en fait pas du tout partie ! C’est l’inverse de tout ce vers quoi va le projet. Au-delà des valeurs éthiques qui sont les nôtres, notre proposition de valeur est liée au fait que nous n’avons pas un modèle économique basé sur la commercialisation de données. Y intégrer cette notion, en plus de dénaturer notre action, rendrait la société économiquement non viable.
Pour gagner des sous, nous proposons à des partenaires de mettre en place la plateforme sur un matériel qu’ils distribuent : sous forme de serveurs en ligne ou de petites boîtes. Ça peut être un hébergeur, un fournisseur d’accès, un vendeur de NAS ou même une institution de confiance comme une banque (comme on y met son argent, cela en rassure certains d’y mettre leurs données).

Enfin, de nombreuses entreprises se rendent compte qu’elles perdent la relation avec le client. Développer une application sur Cozy (en nous faisant une commande idéalement…) qui se charge de faire le lien entre le consommateur et le fournisseur leur permettra de proposer des services semblables à ceux des entreprises prestataires de cloud sans y engloutir des sommes folles. Ces applications seront un genre de relais qui permettra aux fournisseurs de proposer des services qui interagissent avec le reste des applications. Bien entendu elles n’enverront pas de données sans accord de l’utilisateur. Nous fournirons des outils à la communauté pour les auditer et signaler les applications malveillantes. L’utilisateur s’adressera directement à son fournisseur via cette application et n’utilisera plus un service tiers pour cela.

Le projet semble pas très loin d’aboutir à une sortie publique, pourquoi a-t-il besoin maintenant d’un Chief Product Officer ? Il manque un chef ? Vous êtes sûr que la bande de crypto-anarchistes qui travaille dans l’équipe va supporter un chef ?

Une nouvelle release approche à grand pas. Mais le produit ne s’arrêtera pas là. Le socle est posé : mails, contacts, agenda, synchro de fichiers… mais beaucoup reste à faire ! À court terme il y aura des outils pour migrer d’un clic ses données depuis un service existant, des outils pour les photos et leur partage,  les données bancaires… L’internet des objets est un champ important où une approche de type cloud personnel apportera beaucoup : en effet la promesse d’objets communicants est énorme, si les objets… communiquent entre eux ! Il est plus que probable par exemple qu’un iPhone communique mal avec un frigo Samsung… Bref, le champ des possibles est gigantesque, et il va falloir prioriser. C’est un des rôles importants de Tristan, interagir avec la communauté pour aller le plus vite vers les usages clés.
Pour ce qui est du « chef » : Tristan est un poilu, pas de doute. Mais on reste avec une organisation  horizontale. Avoir un chef est dé-responsabilisant, or on a besoin que chacun apporte son regard, pas qu’il l’aligne sur celui du « chef ».

Donc il va servir à quoi Tristan Nitot ? On connaît sa carte de visite dans le monde du Libre et bien au-delà, nul doute que c’est une personnalité qui saura propulser l’ensemble du projet, mais quelles seront ses missions au juste ? Que va vous apporter son implication dans Cozycloud ?

Son rôle sera de faire vivre le produit et la communauté. D’une part il fera connaître Cozy et évangélisera son usage en animant les différents canaux de communications (réseaux sociaux, newsletter et blog). D’autre part il récoltera les avis et remarques des gens qui utilisent ou s’intéressent à la plateforme. Les deux actions se nourrissent l’une de l’autre. Plus le projet répond aux attentes plus il est facile de le faire connaître. Plus il est connu, plus les retours seront nombreux et permettront à l’équipe de développement d’améliorer le produit. C’est un cercle vertueux.
Sa valeur ajoutée réside dans sa capacité à rendre clair un message compliqué et à pouvoir synthétiser les avis d’un grand nombre de personnes. C’est ce qu’il a fait avec Mozilla et Firefox avec succès. C’est important qu’il ait cette expérience sur un projet libre car son objectif sera aussi de fédérer un maximum de contributeurs. Cozy Cloud est aussi une entreprise qui travaille avec des partenaires institutionnels et économiques. Tristan sait s’adresser aussi à ces gens-là. Ce qui pour nous est important car notre objectif est de monter un écosystème autour de Cozy.

Les entreprises distribueront en masse des Cozy sous diverses formes, les utilisateurs utiliseront Cozy et les développeurs y ajouteront les applications destinés à des usages généraux ou de niche.

Enfin, il arrive avec une notoriété incroyable. Cela va permettre de crédibiliser le projet et de lui donner un pôle de référence vers lequel tous ceux qui croient en un web distribué pourront se tourner !

La solution Cozycloud, est-ce qu’elle est pour tout le monde ? est-ce qu’elle est ou sera bientôt accessible aux Dupuis-Morizeau, notre sympathique famille recomposée de Rouen ? Ou bien visez-vous plutôt les grandes entreprises ? Quelle est votre cible ?

L’objectif est de démocratiser le serveur personnel, donc oui notre rêve c’est de le rendre accessible à tout le monde. Nous fonctionnons de manière itérative en nous adaptant à la situation. Il est possible que la famille Dupuis-Morizeau ait d’abord accès à une version simplifiée avec une liste d’applications bien définie. Mais pour le moment nous ciblons une population technophile qui comprend les enjeux derrière Cozy. Ils seront plus tolérants aux premiers bugs et patients de voir arriver les nouveautés en connaissant le potentiel du projet.
D’autant plus, comme dit brièvement plus haut, qu’on peut développer sa propre application sur Cozy. Toutes les applications sont écrites en JavaScript et se basent sur Node.js. Beaucoup de contraintes liées aux développements web sont retirées (gestion utilisateur, déploiement, etc.). C’est une super opportunité pour répondre à un besoin personnel ou tout simplement apprendre le développement web. Enfin il est facile de partager son application, pour ça il suffit de fournir un simple lien git.
Notez que les applications maintenues par Cozy sont écrites en coffeescript mais l’usage de ce langage n’est pas obligatoire. Les développeurs peuvent accéder à toute la documentation qui leur est dédiée.

Dis donc, Tristan, on croyait avoir fêté ton départ en retraite 😛 mais non te revoilà, on ne peut plus se passer de toi finalement. On se doute que tu as été « approché » par plusieurs entreprises, tu as eu des propositions alléchantes ? Certaines que tu as peut-être refusées parce qu’elles ne correspondaient pas à tes convictions ou valeurs, ou parce qu’elles ne te garantissaient pas de pause-salle de gym ?

Ahah, non, ça n’est pas la salle de gym de Cozy Cloud qui m’a convaincu, surtout que nous sommes en télétravail, donc j’occupe le même petit bureau dans mon salon que j’avais quand j’ai fondé Mozilla Europe en 2003. J’ai été approché par trois entreprises, et deux des trois postes étaient vraiment très intéressants. J’ai longuement hésité, mais la mission de Cozy, le fait qu’ils produisent du logiciel libre, et que l’équipe soit passionnée et très compétente ont fait que c’est eux que j’ai choisis.

Donc on peut dire que Cozycloud ça te convient ? qu’est-ce qui t’intéresse dans cette nouvelle aventure ?

Oui, Cozy me correspond parfaitement, c’est vraiment une chance ! Déjà, ils font du logiciel libre, et pour moi c’est très important. Ensuite, ils s’attaquent à un problème très important, qui est le contrôle de nos données à l’heure du Cloud. Dans mon travail, j’ai besoin que la mission de l’organisation soit forte et au service du bien commun. C’était le cas avec Mozilla, c’est encore le cas avec Cozy.

Mmmh le petit nuage de cozycloud est bien sympathique, on lui souhaite de monter bien haut et de prendre du volume, mais euh bon il y a déjà de gros cumulo-nimbus dans la place, est-ce que ce n’est pas un peu le vieux combat David contre Goliath (rappel : à la fin c’est David qui gagne), est-ce que pour toi c’est un nouveau défi du genre le petit Firefox qui défiait le géant IE il y a dix ans ?

Oui, c’est exactement ça ! David est tout petit face à Goliath, mais il sait qu’il doit gagner. En 2003, quand on montait Mozilla Europe et qu’on préparait Firefox, on savait bien qu’il fallait casser le monopole d’Internet Explorer, car le navigateur de Microsoft n’était plus développé activement. Comment une fondation avec une dizaine d’employés en Californie et une poignée de bénévoles pouvait prétendre défier Microsoft et ses 95% de parts de marché ? Je crois qu’il fallait une sacré dose d’inconscience à l’époque. Mon entourage me soutenait, mais je voyais bien qu’ils s’inquiétaient pour ma santé mentale ! Et puis ça a marché, et le marché des navigateurs est en bien meilleure santé aujourd’hui. Ça semblait impossible, mais on l’a fait.

En 2015, le problème d’Internet selon moi, c’est le pillage des données personnelles par les grands services. Bien souvent, les services sont gratuits (voir ce chapitre de mon livre en cours sur le piège de la gratuité) mais le vrai client, ça n’est pas l’utilisateur, c’est l’annonceur publicitaire qui achète de la publicité ciblée. Si le service est gratuit, alors c’est toi le produit : nous sommes comme des cochons dans une porcherie. On se félicite que tout soit gratuit, mais en fait nous allons terminer débités en saucissons numériques.
Au-delà de ça, le problème est que ça rend économiquement possible la surveillance de masse, dont on sait depuis les révélations Snowden à quel point elles sont étendues.
Il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain et arrêter tous les services Cloud et nous débarrasser de nos ordinateurs, tablettes et autres smartphones. En revanche, il va falloir réinventer un nouveau paradigme du Cloud : un cloud sous le contrôle des utilisateurs et pas d’une poignée de multinationales dont le business model consiste à tout savoir sur nous. C’est ce que veut faire Cozy Cloud, et c’est pour cela que je les rejoins.

Tristan, pourtant à te lire dans tes dernières ruminations tu aurais tendance à nous dire de prendre beaucoup de précautions avec tout ce qui est infonuagique (ce terme parfois est employé pour parler du cloud).
Si je confie mes données à Cozy, je retrouve les mêmes problèmes et les mêmes risques qu’avec d’autres « nuages ». Je ne peux pas alimenter mon nuage bien au chaud chez moi, sur mon petit serveur ?

Si, justement : l’approche de Cozy Cloud consiste à avoir son propre serveur et d’y faire tourner du logiciel libre, condition nécessaire pour avoir la maitrise de son informatique et donc de ses données. J’explique ça dans les 7 principes pour reprendre le contrôle. Après, tout le monde n’a pas forcément envie d’administrer un Raspberry Pi 2 chez soi, et l’approche d’IndieHosters (qui propose d’héberger le logiciel Cozy) est tout à fait honorable et plus simple, comme on pourrait envisager d’être hébergé chez un grand hébergeur qui commercialiserait une offre Cozy. Il en faut pour tous les goûts !

À mon avis, l’intérêt de Cozy Cloud par rapport aux autres offres, c’est qu’il s’agit d’une plateforme : tu as au départ des fonctionnalités de base (email, agenda, synchro de fichiers et de carnet d’adresses, partage de photos), et puis tu peux rajouter des applications depuis un magasin d’applications. Évidemment, il est possible de créer ses propres applications en JavaScript et HTML. C’est un système extensible. Par ailleurs, Cozy intègre CouchDB qui assure la synchronisation entre les différents appareils. Du coup, pour le développeur, c’est très simple de gérer ça.

Merci Tristan, je te laisse le mot de la fin, ou plutôt celui du début d’une nouvelle période dans ta vie professionnelle…
Ça n’a pas été facile de quitter Mozilla, qui est une organisation qui veut avoir une action positive sur le monde. Mais avec Cozy Cloud, j’ai l’impression de retrouver le Mozilla des débuts : une équipe super sympa, très motivée, très compétente, avec une féroce envie de changer le monde pour le rendre meilleur, en faisant un petit logiciel libre qui pourrait bien révolutionner le monde du Cloud ! C’est ça qui me donne envie de me lever tôt le matin avec le sourire !

logo de cozy, nuage qui sourit

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Quelques liens pour aller plus loin